Cette bande dessinée me faisait de l’œil depuis sa sortie, et la lecture du superbe Tyler Cross m’a encore plus donné envie de découvrir cet opus réalisé par le même duo d’auteurs.
Techniquement, l’album est une réussite : Fabien Nury mène à merveille la narration ; quant à Brüno, personnellement j’aime beaucoup son dessin qu’on reconnait entre mille, ainsi que sa mise en scène. Cerise sur le gâteau, les couleurs de Laurence Croix sont superbes. Cela peut sembler étrange, mais j’ai trouvé que son graphisme peu réaliste renforçait la dureté de certaines scènes.
L’histoire est très intéressante, et le thème de l’esclavage m’a beaucoup touchée ; j’ai apprécié que les personnages ne soient pas trop caricaturaux, en particulier le maître d’Atar Gull. Mon seul regret est d’être restée un peu sur ma faim : j’ai trouvé la deuxième partie trop courte par rapport à la première, j’aurais aimé que le récit se focalise un peu plus sur le personnage d’Atar Gull. Quelques pages supplémentaires pour mieux recentrer l’histoire sur son personnage principal n’aurait pas été un luxe.
Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup aimé cette bande dessinée que je recommande chaudement.
Que dire sur cet ouvrage qui n’a pas déjà été dit dans les précédentes critiques ?
J’ai découvert l’histoire de Phoolan Devi grâce à Pénélope Bagieu qui en avait fait le portrait dans un des tomes de Culottées. Ici Claire Fauvel nous permet de suivre plus en détails le parcours de cette femme qui n’a décidément jamais eu la vie facile, mais qui a su garder la tête haute en toutes circonstances. L’auteure a décidé de ne pas raconter la dernière partie de sa vie durant laquelle elle était députée d’Inde, c’est un choix que j’ai aimé, l’objectif étant plus de montrer quel a été son chemin pour arriver à une sorte de Robin des Bois moderne. Pour autant elle n’édulcore pas le personnage, montrant la violence dont elle peut faire preuve. Mais quand on est témoin des multiples atrocités qu’elle a elle-même subies depuis son enfance, on peut comprendre ses actes.
Certaines scènes sont à la limite du soutenable, heureusement le trait délicat de Claire Fauvel permet de rendre l’ensemble supportable.
Une lecture marquante sur une personne au destin hors normes.
Yoko Tsuno est, et restera probablement la bande dessinée la plus importante dans ma vie. Je ne sais pas si j’aurais eu un tel amour pour la bande dessinée si je n’avais pas, enfant, ouvert un de ses albums. Yoko Tsuno, c’est ma madeleine de Proust ; chaque album que j’ouvre fait remonter en moi tous les sentiments qu’ils m’inspiraient à l’époque. Je ne suis absolument pas objective quand il s’agit de cette série, mais pour autant je pense pouvoir affirmer qu’elle a de réelles qualités.
En tant que femme, je ne peux qu’apprécier que Roger Leloup ait donné vie à un tel personnage féminin : Yoko est intelligente, maîtrise des technologies et sports en tout genre, elle est jolie mais n’est pas l’archétype de l’héroïne hyper sexualisée. Elle est sûrement trop parfaite, ce qui peut rebuter les lecteurs qui la découvrent adultes, mais ce qui a sans doute contribué à ce que je l’adore étant enfant.
Au-delà de ça, Yoko Tsuno ce sont des histoires très bien dessinées, dans des décors documentés d’un incroyable réalisme (je pourrais me perdre des heures dans les planches des albums se déroulant outre-Rhin, ou dans le château de La Proie et l’ombre), des aventures spatiales passionnantes, et surtout des histoires toujours très humaines. J’aime beaucoup également ses voyages dans le temps, même si j’ai l’impression qu’elles ne sont pas toujours très cohérentes.
Alors on pourra reprocher à Roger Leloup de vouloir mettre trop de choses dans chaque album, rendant certaines histoires difficilement compréhensibles (en toute honnêteté je n’y comprenais pas grand-chose étant enfant…), mais l’avantage c’est qu’on peut relire plusieurs fois chaque histoire pour y découvrir de nouveaux détails. Il faut aussi avouer que la qualité des albums a tendance à diminuer, les derniers albums étant encore plus incompréhensibles, les personnages entourant Yoko devenant trop nombreux, et le dessin révélant de plus en plus d’imperfections.
Voilà, je pourrais parler pendant des heures de Yoko Tsuno, mais ce ne serait pas bien raisonnable sous peine de faire une crise aigüe de nostalgie. Alors je n’ajouterai qu’une chose : merci, merci monsieur Leloup d’avoir donné vie à cette héroïne, vous n’avez pas idée des rêves que vous avez fait germer dans ma tête d’éternelle petite fille, et des émotions à jamais gravées en moi.
C’est la première bande dessinée de Marion Montaigne que je lis ; je dois avouer que je n’ai jamais été très attirée par son travail, n’aimant pas du tout son dessin au premier abord. Mais j’avais très envie de lire cette histoire, d’une part pour en savoir plus sur l’aventure du célèbre astronaute français, d’autre part parce que j’en ai entendu le plus grand bien.
Et bien je ne regrette pas du tout d’être passée au-delà de mon avis sur son dessin ! Au fil de ma lecture j’ai fini par l’apprécier ; c’est un dessin simple qui retranscrit bien les idées de l’auteur, et qui fonctionne très bien avec l’humour du propos. Et surtout suivre Thomas Pesquet durant sa préparation puis sa mission est passionnant ! L’ouvrage est truffé d’anecdotes plus ou moins loufoques, et Marion Montaigne a un formidable talent de narratrice pour les raconter. C’est drôle, instructif, on découvre notamment tout ce qui est attendu d’un astronaute (et c’est hallucinant !). J’ai beaucoup apprécié aussi l’auto-dérision dont fait preuve Thomas Pesquet.
Une lecture rafraichissante et qui fait rêver.
Su-bli-me.
Je rejoins totalement l'avis précédent de Sloane, sur tous les points.
Le graphisme est un mélange d'influences mais terriblement efficace et se fond parfaitement à l'ambiance du scénariste. L'histoire est haletante, oui haletante, jusqu'à la toute fin du troisième tome. Je rapprocherai cette bd de L'Eté Diabolik d'une certaine manière mais dans un tout autre registre.
Franchement génial.
EDIT : 2 ans après ce commentaire, je remonte ma note à "culte". Oui oui.
EDIT : 3 ans après ce commentaire, j'ajoute "coup de coeur". Oui, oui et re oui !
Et voilà que l'on m'offre un Bilal.
J'avais lu ado Le Sommeil du Monstre que j'avais adoré, et depuis, Bilal, je suis pas un immense fan de cet univers un peu triste, en dehors de son style très beau et très graphique.
Enfin, je ne suis pas là pour raconter ma vie, je le sais, mais en fait je ne voulais pas poster un commentaire de 3 mots.
D'autant qu'on a toujours tendance à commenter l'auteur et pas l'oeuvre en elle-même. C'est assez agaçant et je n'échappe pas à cette règle.
Donc :
"Bug tome 1", c'est cool : )
Graphiquement c'est toujours un plaisir (en dehors de cet horrible lettrage).
Ça se lit bien, l'intrigue est bien posée, et ça gagnera à être lu en histoire complète je pense.
Bémol : toutes les nanas sont des sex-symbols et se ressemblent.
Fin du commentaire !
Le scénario de cette série joue habilement des décors d’une sorte de Renaissance italienne (avec la République de Venise comme modèle semble-t-il, des condottieres et autres spadassins, intrigues de cour, ou entre Guelfes ou Gibelins), dans lesquels la fantasy fait quelques incursions discrètes (voir la carte du monde décrit, ou les Ouromands qui attaquent la forteresse de Kaellsbruck tels des Orcs (ils en ont un peu l’aspect, mêlé à de vagues airs de Germains).
Au sein de ce décor donc des intrigues de cour, dont nous ne connaissons pour le moment que les prémices, avec un personnage de sénateur assez habile et manipulateur. Et surtout un tueur, sans état d’âme mais pas sans cervelle, qui essaie de tirer son épingle d’un jeu sacrément dangereux.
J’ai plutôt bien aimé ce tome introductif, bien mené, sans temps mort, qui fait plus que planter le décor. Et le dessin de Frédéric Genêt est vraiment bon, techniquement, mais aussi pour la colorisation, les cadrages.
Bref, du beau travail pour le moment, on attend la suite, avec un peu d’impatience.
*********************************
MAJ après lecture du tome 2:
La série se poursuit dans ce deuxième tome, sans encore livrer toutes ses clés. Le dessin est dans la continuité, globalement bon (quelques bémols toutefois, surtout lors des batailles rangées, où le trait se fait moins précis).
La construction est plus linéaire (alors que le tome précédent multipliait les flash-back pour dynamiser l'intrigue et présenter le décor), mais aussi, ceci n'expliquant qu'en partie cela, l'histoire se révèle ici moins dense.
En effet, il y a moins de rebondissements, et quelques batailles occupent l'essentiel de l'album, alors que notre tueur de héros (qui a obtenu une promotion fragile depuis la fin du tome précédent), se révèle moins à l'aise et présent sur un bateau que sur la terre ferme.
Si cela se laisse lire facilement, et relativement agréablement, j'ai été moins convaincu par cet album, et j'espère que la suite redressera un peu la barre. A voir donc...
Note réelle 3,5/5.
Énormément de poésie dans ce récit adaptation d'un livre jeunesse britannique, tout doucement on se laisse prendre par l'histoire de ce jeune garçon qui découvre un univers merveilleux derrière sa maison alors que tout laissait croire qu'il ne s'y trouvait qu'une banale cour pleine de rebuts. Qui comme ce jeune garçon n'a pas rêvé d'un terrain de jeu plein de démesure, avec ses coins secrets, ses arbres "à cabanes".
Cette histoire se lit vite mais on s'est fait embarquer dans un joli conte par ailleurs fort bien illustré. Il est vrai que le public cible est la jeunesse. Pourtant j'avoue m’être fait prendre, voilà du fantastique léger mais bien amené.
Vous l'aurez compris, voilà un récit qui replonge le lecteur dans un autre temps, celui de l'enfance mais sans pathos et fort intelligemment.
Je suis toujours choqué que dans les relations entre enfants, il y a déjà autant d'inégalités (de richesse). Ainsi, notre petite héroïne d’origine russe Véra est invitée à un anniversaire par une fille gâtée de riches Américains. En retour, elle ne recevra que du mépris et de la méchanceté. Cela nous fait d’emblée de la peine.
Elle va croire que la solution pour passer de bonnes vacances est un camp russe de scouts. On pourrait penser que ce n’est sans doute pas le meilleur moyen de s’adapter à un nouveau pays. Elle connaîtra en effet les mêmes difficultés d’intégration qu’elle finira bien par surmonter d’une manière ou d’une autre.
Il ne se passera pas des choses extraordinaires mise à part l’apparition d’un élan en pleine forêt. Cependant, il s’agit d’un témoignage d’enfant déraciné et solitaire assez touchant. On est tout de suite immergé dans cette ambiance de scoutisme en pleine nature.
La lecture de cette bd s'est avérée plutôt passionnante, dans le sens où on sent que les deux "ignorants" sont chacun passionnés par leur domaine de prédilection. Et quand un passionné parle de sa passion, c'est souvent passionnant. J'ai donc véritablement été plongé dans cette bd. Pourtant, dire que je n'y connais rien en matière de vin est un euphémisme, même si j'en bois. Et dire que je suis un expert dans le domaine de la bd serait une vantardise (d'ailleurs, si je connaissais de nom la plupart des bds conseillées par Davodeau, il y en a beaucoup que je n'ai pas (encore) lues), même si je commence un peu à m'y connaitre, en tout cas beaucoup plus qu'en vin, ça c'est sur. Mais j'ai aimé les passages où l'on parlait du vin et ceux où il était question de la bd.
En ce qui concerne l'aspect vigne du récit, qui est quand même, il me semble, un peu plus présent que l'aspect "bd", le fait que Davodeau ait suivi Richard Leroy sur plus d'un an donne un aperçu complet du processus qui accompagne le vin. C'est chouette car on voit toutes les facettes du métier du vigneron : couper des vignes tout seul en plein hiver, recevoir des commerciaux, acheter des tonneaux, traiter les vignes, superviser les vendanges, presser le raisin, mettre en bouteille, etc. Pour tout dire, ça m'a plutôt donné envie. On sent que le mec a un attachement particulier à sa vigne et met tout son coeur dans ce qu'il fait. Le découpage en petits chapitres est sympa car du coup on ne se perd pas dans trop d'explications. Celles-ci sont souvent claires, assez complètes mais concises.
En ce qui concerne le bio et la biodynamie, ce ne sont pas les passages qui m'ont le plus intéressé, et effectivement, il aurait été opportun d'amener un regard un peu différent, peut-être plus critique sur tout ça (regard apporté ici même par d'autres aviseurs notamment sur les enjeux financiers du bio ). C'est un peu le problème de ce type de docu où le dessinateur est en immersion poussée avec un professionnel, c'est que du coup il n'est pas vraiment critique envers ce dernier (j'avais retrouvé le même problème avec En cuisine avec Alain Passard). Mais en même temps, ça fait naître de la complicité et celle-ci se ressent vraiment à la lecture, ne la rendant que plus agréable. Donc je passe sur ce manque de recul, d'autant plus que Davodeau nous montre quelques passages où le vigneron est moins à l'aise, quand il traite ses vignes ou quand il doit utiliser du souffre. J'ai beaucoup appris sur la façon de faire le vin sans avoir l'impression de lire un manuel. Davodeau réussit à nous faire passer tout ça en montrant un peu de la relation d'amitié qu'il a développée avec Leroy. Les échanges entre eux sont sympas, et on aurait presque envie d'aller couper les vignes avec eux par -5° et se casser les reins à enlever les ronces en plein cagnard.
Côté bd, ça m'a aussi bien plu. C'est marrant de voir ce néophyte qui donne son avis comme ça, sans se soucier du nom de l'auteur et de la renommée de la bd. D'ailleurs, j'ai aussi bien aimé dans l'autre sens, quand notre auteur de bd goûte à l'aveugle les vins et jette celui qui ne lui plait pas sans connaissance du prix. Pour en revenir à notre ignorant de la bd, j'ai parfois été un peu jaloux, lui qui part à la rencontre de plusieurs auteurs à succès, va voir un livre à l'imprimerie et pousse les portes de la maison d'édition de Futuropolis. J'ai pris plaisir à le suivre dans son initiation. Le seul truc qui m'a véritablement gêné, et j'ai vu que je n'étais pas le seul, c'est le côté "star de la bd", celui de beaucoup d'auteurs qui galèrent est (quasiment) passé sous silence, à l'exception d'une réflexion de Davodeau chez son éditeur et de ce que dit Nicoby lors du festival. C'est dommage, et un chapitre sur ça aurait suffi. Là, c'est clairement manquant. Dommage.
En résumé, on a une bonne bd docu. Les explications ne sont pas lourdes mais sont claires et la relation amicale entre les deux hommes est bien montrée. On ne s'ennuie pas à la lecture, qui possède quand même de petits défauts. Mais j'ai passé un bon moment lors de la lecture des "Ignorants". Je conseille la lecture.
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Atar Gull ou le destin d'un esclave modèle
Cette bande dessinée me faisait de l’œil depuis sa sortie, et la lecture du superbe Tyler Cross m’a encore plus donné envie de découvrir cet opus réalisé par le même duo d’auteurs. Techniquement, l’album est une réussite : Fabien Nury mène à merveille la narration ; quant à Brüno, personnellement j’aime beaucoup son dessin qu’on reconnait entre mille, ainsi que sa mise en scène. Cerise sur le gâteau, les couleurs de Laurence Croix sont superbes. Cela peut sembler étrange, mais j’ai trouvé que son graphisme peu réaliste renforçait la dureté de certaines scènes. L’histoire est très intéressante, et le thème de l’esclavage m’a beaucoup touchée ; j’ai apprécié que les personnages ne soient pas trop caricaturaux, en particulier le maître d’Atar Gull. Mon seul regret est d’être restée un peu sur ma faim : j’ai trouvé la deuxième partie trop courte par rapport à la première, j’aurais aimé que le récit se focalise un peu plus sur le personnage d’Atar Gull. Quelques pages supplémentaires pour mieux recentrer l’histoire sur son personnage principal n’aurait pas été un luxe. Quoiqu’il en soit, j’ai beaucoup aimé cette bande dessinée que je recommande chaudement.
Phoolan Devi, reine des bandits
Que dire sur cet ouvrage qui n’a pas déjà été dit dans les précédentes critiques ? J’ai découvert l’histoire de Phoolan Devi grâce à Pénélope Bagieu qui en avait fait le portrait dans un des tomes de Culottées. Ici Claire Fauvel nous permet de suivre plus en détails le parcours de cette femme qui n’a décidément jamais eu la vie facile, mais qui a su garder la tête haute en toutes circonstances. L’auteure a décidé de ne pas raconter la dernière partie de sa vie durant laquelle elle était députée d’Inde, c’est un choix que j’ai aimé, l’objectif étant plus de montrer quel a été son chemin pour arriver à une sorte de Robin des Bois moderne. Pour autant elle n’édulcore pas le personnage, montrant la violence dont elle peut faire preuve. Mais quand on est témoin des multiples atrocités qu’elle a elle-même subies depuis son enfance, on peut comprendre ses actes. Certaines scènes sont à la limite du soutenable, heureusement le trait délicat de Claire Fauvel permet de rendre l’ensemble supportable. Une lecture marquante sur une personne au destin hors normes.
Yoko Tsuno
Yoko Tsuno est, et restera probablement la bande dessinée la plus importante dans ma vie. Je ne sais pas si j’aurais eu un tel amour pour la bande dessinée si je n’avais pas, enfant, ouvert un de ses albums. Yoko Tsuno, c’est ma madeleine de Proust ; chaque album que j’ouvre fait remonter en moi tous les sentiments qu’ils m’inspiraient à l’époque. Je ne suis absolument pas objective quand il s’agit de cette série, mais pour autant je pense pouvoir affirmer qu’elle a de réelles qualités. En tant que femme, je ne peux qu’apprécier que Roger Leloup ait donné vie à un tel personnage féminin : Yoko est intelligente, maîtrise des technologies et sports en tout genre, elle est jolie mais n’est pas l’archétype de l’héroïne hyper sexualisée. Elle est sûrement trop parfaite, ce qui peut rebuter les lecteurs qui la découvrent adultes, mais ce qui a sans doute contribué à ce que je l’adore étant enfant. Au-delà de ça, Yoko Tsuno ce sont des histoires très bien dessinées, dans des décors documentés d’un incroyable réalisme (je pourrais me perdre des heures dans les planches des albums se déroulant outre-Rhin, ou dans le château de La Proie et l’ombre), des aventures spatiales passionnantes, et surtout des histoires toujours très humaines. J’aime beaucoup également ses voyages dans le temps, même si j’ai l’impression qu’elles ne sont pas toujours très cohérentes. Alors on pourra reprocher à Roger Leloup de vouloir mettre trop de choses dans chaque album, rendant certaines histoires difficilement compréhensibles (en toute honnêteté je n’y comprenais pas grand-chose étant enfant…), mais l’avantage c’est qu’on peut relire plusieurs fois chaque histoire pour y découvrir de nouveaux détails. Il faut aussi avouer que la qualité des albums a tendance à diminuer, les derniers albums étant encore plus incompréhensibles, les personnages entourant Yoko devenant trop nombreux, et le dessin révélant de plus en plus d’imperfections. Voilà, je pourrais parler pendant des heures de Yoko Tsuno, mais ce ne serait pas bien raisonnable sous peine de faire une crise aigüe de nostalgie. Alors je n’ajouterai qu’une chose : merci, merci monsieur Leloup d’avoir donné vie à cette héroïne, vous n’avez pas idée des rêves que vous avez fait germer dans ma tête d’éternelle petite fille, et des émotions à jamais gravées en moi.
Dans la combi de Thomas Pesquet
C’est la première bande dessinée de Marion Montaigne que je lis ; je dois avouer que je n’ai jamais été très attirée par son travail, n’aimant pas du tout son dessin au premier abord. Mais j’avais très envie de lire cette histoire, d’une part pour en savoir plus sur l’aventure du célèbre astronaute français, d’autre part parce que j’en ai entendu le plus grand bien. Et bien je ne regrette pas du tout d’être passée au-delà de mon avis sur son dessin ! Au fil de ma lecture j’ai fini par l’apprécier ; c’est un dessin simple qui retranscrit bien les idées de l’auteur, et qui fonctionne très bien avec l’humour du propos. Et surtout suivre Thomas Pesquet durant sa préparation puis sa mission est passionnant ! L’ouvrage est truffé d’anecdotes plus ou moins loufoques, et Marion Montaigne a un formidable talent de narratrice pour les raconter. C’est drôle, instructif, on découvre notamment tout ce qui est attendu d’un astronaute (et c’est hallucinant !). J’ai beaucoup apprécié aussi l’auto-dérision dont fait preuve Thomas Pesquet. Une lecture rafraichissante et qui fait rêver.
La Colère de Fantômas
Su-bli-me. Je rejoins totalement l'avis précédent de Sloane, sur tous les points. Le graphisme est un mélange d'influences mais terriblement efficace et se fond parfaitement à l'ambiance du scénariste. L'histoire est haletante, oui haletante, jusqu'à la toute fin du troisième tome. Je rapprocherai cette bd de L'Eté Diabolik d'une certaine manière mais dans un tout autre registre. Franchement génial. EDIT : 2 ans après ce commentaire, je remonte ma note à "culte". Oui oui. EDIT : 3 ans après ce commentaire, j'ajoute "coup de coeur". Oui, oui et re oui !
Bug
Et voilà que l'on m'offre un Bilal. J'avais lu ado Le Sommeil du Monstre que j'avais adoré, et depuis, Bilal, je suis pas un immense fan de cet univers un peu triste, en dehors de son style très beau et très graphique. Enfin, je ne suis pas là pour raconter ma vie, je le sais, mais en fait je ne voulais pas poster un commentaire de 3 mots. D'autant qu'on a toujours tendance à commenter l'auteur et pas l'oeuvre en elle-même. C'est assez agaçant et je n'échappe pas à cette règle. Donc : "Bug tome 1", c'est cool : ) Graphiquement c'est toujours un plaisir (en dehors de cet horrible lettrage). Ça se lit bien, l'intrigue est bien posée, et ça gagnera à être lu en histoire complète je pense. Bémol : toutes les nanas sont des sex-symbols et se ressemblent. Fin du commentaire !
Gagner la Guerre
Le scénario de cette série joue habilement des décors d’une sorte de Renaissance italienne (avec la République de Venise comme modèle semble-t-il, des condottieres et autres spadassins, intrigues de cour, ou entre Guelfes ou Gibelins), dans lesquels la fantasy fait quelques incursions discrètes (voir la carte du monde décrit, ou les Ouromands qui attaquent la forteresse de Kaellsbruck tels des Orcs (ils en ont un peu l’aspect, mêlé à de vagues airs de Germains). Au sein de ce décor donc des intrigues de cour, dont nous ne connaissons pour le moment que les prémices, avec un personnage de sénateur assez habile et manipulateur. Et surtout un tueur, sans état d’âme mais pas sans cervelle, qui essaie de tirer son épingle d’un jeu sacrément dangereux. J’ai plutôt bien aimé ce tome introductif, bien mené, sans temps mort, qui fait plus que planter le décor. Et le dessin de Frédéric Genêt est vraiment bon, techniquement, mais aussi pour la colorisation, les cadrages. Bref, du beau travail pour le moment, on attend la suite, avec un peu d’impatience. ********************************* MAJ après lecture du tome 2: La série se poursuit dans ce deuxième tome, sans encore livrer toutes ses clés. Le dessin est dans la continuité, globalement bon (quelques bémols toutefois, surtout lors des batailles rangées, où le trait se fait moins précis). La construction est plus linéaire (alors que le tome précédent multipliait les flash-back pour dynamiser l'intrigue et présenter le décor), mais aussi, ceci n'expliquant qu'en partie cela, l'histoire se révèle ici moins dense. En effet, il y a moins de rebondissements, et quelques batailles occupent l'essentiel de l'album, alors que notre tueur de héros (qui a obtenu une promotion fragile depuis la fin du tome précédent), se révèle moins à l'aise et présent sur un bateau que sur la terre ferme. Si cela se laisse lire facilement, et relativement agréablement, j'ai été moins convaincu par cet album, et j'espère que la suite redressera un peu la barre. A voir donc... Note réelle 3,5/5.
Le Jardin de Minuit
Énormément de poésie dans ce récit adaptation d'un livre jeunesse britannique, tout doucement on se laisse prendre par l'histoire de ce jeune garçon qui découvre un univers merveilleux derrière sa maison alors que tout laissait croire qu'il ne s'y trouvait qu'une banale cour pleine de rebuts. Qui comme ce jeune garçon n'a pas rêvé d'un terrain de jeu plein de démesure, avec ses coins secrets, ses arbres "à cabanes". Cette histoire se lit vite mais on s'est fait embarquer dans un joli conte par ailleurs fort bien illustré. Il est vrai que le public cible est la jeunesse. Pourtant j'avoue m’être fait prendre, voilà du fantastique léger mais bien amené. Vous l'aurez compris, voilà un récit qui replonge le lecteur dans un autre temps, celui de l'enfance mais sans pathos et fort intelligemment.
Un été d'enfer !
Je suis toujours choqué que dans les relations entre enfants, il y a déjà autant d'inégalités (de richesse). Ainsi, notre petite héroïne d’origine russe Véra est invitée à un anniversaire par une fille gâtée de riches Américains. En retour, elle ne recevra que du mépris et de la méchanceté. Cela nous fait d’emblée de la peine. Elle va croire que la solution pour passer de bonnes vacances est un camp russe de scouts. On pourrait penser que ce n’est sans doute pas le meilleur moyen de s’adapter à un nouveau pays. Elle connaîtra en effet les mêmes difficultés d’intégration qu’elle finira bien par surmonter d’une manière ou d’une autre. Il ne se passera pas des choses extraordinaires mise à part l’apparition d’un élan en pleine forêt. Cependant, il s’agit d’un témoignage d’enfant déraciné et solitaire assez touchant. On est tout de suite immergé dans cette ambiance de scoutisme en pleine nature.
Les Ignorants
La lecture de cette bd s'est avérée plutôt passionnante, dans le sens où on sent que les deux "ignorants" sont chacun passionnés par leur domaine de prédilection. Et quand un passionné parle de sa passion, c'est souvent passionnant. J'ai donc véritablement été plongé dans cette bd. Pourtant, dire que je n'y connais rien en matière de vin est un euphémisme, même si j'en bois. Et dire que je suis un expert dans le domaine de la bd serait une vantardise (d'ailleurs, si je connaissais de nom la plupart des bds conseillées par Davodeau, il y en a beaucoup que je n'ai pas (encore) lues), même si je commence un peu à m'y connaitre, en tout cas beaucoup plus qu'en vin, ça c'est sur. Mais j'ai aimé les passages où l'on parlait du vin et ceux où il était question de la bd. En ce qui concerne l'aspect vigne du récit, qui est quand même, il me semble, un peu plus présent que l'aspect "bd", le fait que Davodeau ait suivi Richard Leroy sur plus d'un an donne un aperçu complet du processus qui accompagne le vin. C'est chouette car on voit toutes les facettes du métier du vigneron : couper des vignes tout seul en plein hiver, recevoir des commerciaux, acheter des tonneaux, traiter les vignes, superviser les vendanges, presser le raisin, mettre en bouteille, etc. Pour tout dire, ça m'a plutôt donné envie. On sent que le mec a un attachement particulier à sa vigne et met tout son coeur dans ce qu'il fait. Le découpage en petits chapitres est sympa car du coup on ne se perd pas dans trop d'explications. Celles-ci sont souvent claires, assez complètes mais concises. En ce qui concerne le bio et la biodynamie, ce ne sont pas les passages qui m'ont le plus intéressé, et effectivement, il aurait été opportun d'amener un regard un peu différent, peut-être plus critique sur tout ça (regard apporté ici même par d'autres aviseurs notamment sur les enjeux financiers du bio ). C'est un peu le problème de ce type de docu où le dessinateur est en immersion poussée avec un professionnel, c'est que du coup il n'est pas vraiment critique envers ce dernier (j'avais retrouvé le même problème avec En cuisine avec Alain Passard). Mais en même temps, ça fait naître de la complicité et celle-ci se ressent vraiment à la lecture, ne la rendant que plus agréable. Donc je passe sur ce manque de recul, d'autant plus que Davodeau nous montre quelques passages où le vigneron est moins à l'aise, quand il traite ses vignes ou quand il doit utiliser du souffre. J'ai beaucoup appris sur la façon de faire le vin sans avoir l'impression de lire un manuel. Davodeau réussit à nous faire passer tout ça en montrant un peu de la relation d'amitié qu'il a développée avec Leroy. Les échanges entre eux sont sympas, et on aurait presque envie d'aller couper les vignes avec eux par -5° et se casser les reins à enlever les ronces en plein cagnard. Côté bd, ça m'a aussi bien plu. C'est marrant de voir ce néophyte qui donne son avis comme ça, sans se soucier du nom de l'auteur et de la renommée de la bd. D'ailleurs, j'ai aussi bien aimé dans l'autre sens, quand notre auteur de bd goûte à l'aveugle les vins et jette celui qui ne lui plait pas sans connaissance du prix. Pour en revenir à notre ignorant de la bd, j'ai parfois été un peu jaloux, lui qui part à la rencontre de plusieurs auteurs à succès, va voir un livre à l'imprimerie et pousse les portes de la maison d'édition de Futuropolis. J'ai pris plaisir à le suivre dans son initiation. Le seul truc qui m'a véritablement gêné, et j'ai vu que je n'étais pas le seul, c'est le côté "star de la bd", celui de beaucoup d'auteurs qui galèrent est (quasiment) passé sous silence, à l'exception d'une réflexion de Davodeau chez son éditeur et de ce que dit Nicoby lors du festival. C'est dommage, et un chapitre sur ça aurait suffi. Là, c'est clairement manquant. Dommage. En résumé, on a une bonne bd docu. Les explications ne sont pas lourdes mais sont claires et la relation amicale entre les deux hommes est bien montrée. On ne s'ennuie pas à la lecture, qui possède quand même de petits défauts. Mais j'ai passé un bon moment lors de la lecture des "Ignorants". Je conseille la lecture.