Salut,
J'ai été très surpris de voir tant de mauvaises critiques à propos de ce manga qui, à mon sens, rempli parfaitement son cahier des charges.
Tout d'abord je trouve que le sujet traité, à savoir la conquête spatiale, est fait de façon très réaliste tant dans ses dessins de très bonne qualité, que dans l'approche physique ou sociale.
Ensuite, j'aime beaucoup la trame narrative et l’évolution en parallèle des deux protagonistes qui, bien que pouvant paraitre clichés par certains traits de caractère exacerbés, sont bien représentatifs des puissances politiques qu'ils symbolisent.
Là ou je rejoins les précédentes critiques, c'est sur le fait que le manga manque un peu de finesse parfois et montre une vulgarité souvent gratuite ; mais pour ceux qui ont lu d'autres œuvres de Ohtagaki Yasuo, je pense que vous reconnaitrez son style, on aime ou pas, personnellement, je n'ai rien contre une scène un peu beauf de temps en temps.
En conclusion, je pense que ce manga tient un vrai propos sur la géopolitique mondiale autour de la thématique de la conquête spatiale mais que malheureusement il n'a pas eu la chance de le développer jusqu'au bout vu que la publication s'est stoppée au 11eme tome.
En tout cas, si vous aimez les mangas avec des dessins de qualité avec une histoire un peu sérieuse, du sexe et des vaisseaux spatiaux, foncez.
PANINI, publiez la suite svp qu'on puisse connaitre la fin de l'histoire
Mon avis datait de 2006 et avait besoin d'être mis à jour car la série Les Nombrils est devenue quelque chose de bien plus mature, profond et intéressant que les simples albums de gags qu'elle était initialement.
Cette BD a été créée en 2004. Ses auteurs sont québécois, compagnons dans la vie, et elle est parue dans le Journal de Spirou dans la mouvance de la rubrique "33, rue Carambole", je pense. C'était une BD qui se voulait moderne, destinée plutôt aux filles mais que les garçons ne rechigneront pas à lire. De même que les adultes car je la lis avec plaisir.
Les gags tournent autour de 3 héroïnes. Quand on les découvre, Vicky et Jenny sont deux petites con... heu... chipies superficielles, mignonnes mais sans cervelle, qui ne pensent qu'à draguer et à se faire belles. Et il a fallu qu'elles aient pour... amie, Karine, trop grande, trop naïve, trop maigre et pas féminine pour un sou, qui leur sert bien trop souvent de souffre-douleur. Autant les personnages des deux premières sont irritants au possible, autant celui de la pauvre Karine est attachant comme tout à mes yeux. Quand les gags ne tournent pas autour des plans drague des filles, ils tournent le plus souvent autour de la façon dont Karine va une fois de plus s'en prendre plein la face, la pauvre. C'est un zeste d'humour noir qui me fait facilement rire ou sourire. Quant au dessin, il est bon, dynamique, frais et moderne.
Si cela s'était arrêté là, cela aurait donné une série d'humour sympathique mais pas inoubliable. Mais les auteurs ont décidé de faire évoluer l'esprit de leur série et de ses personnages au fil des tomes. Les différentes péripéties quotidiennes que vivent les héroïnes vont transformer leurs vies et leurs caractères. Les successions de gags vont peu à peu former de vraies histoires, avec parfois même un réel suspens voire du danger. Et surtout les héroïnes vont changer au fur et à mesure, avec avant tout la souffre-douleur Karine qui va fortement gagner en maturité, mais les deux autres aussi vont gagner en profondeur et devenir à la fois plus attachantes et surtout plus intéressantes.
Les Nombrils est devenue avec le temps une excellente série pour adolescents mais aussi pour un public plus adulte, avec des personnages finalement bien plus complexes qu'ils ne le laissaient paraitre au premier abord. Par le biais de l'humour et des aventures qui se forment, elle va permettre à ses auteurs d'aborder des thèmes finalement sérieux et surtout très intéressants et humains. Je la conseille sans hésiter !
3.5
Tiens je réécris mon avis vu que la série a bien changé depuis.
Je me souviens d'avoir découvert la série dans le magazine québécois Safarir et que j'étais bien content de voir la série traverser l'océan Atlantique. D'ailleurs je pense que c'est vers cette époque qu'on a vu plus de québécois édité chez des éditeurs français ou belges comme Jacques Lamontagne que je lisais aussi dans Safarir, mais passons. J'avais tout de suite bien aimé le dessin, mais le scénario me laissait perplexe parce que si l'humour vache fonctionnait bien, il y avait un coté énervant à voir cette pauvre Karine être le souffre douleur de ses deux soi-disant amies.
Puis la série a évolué au fil des tomes et est devenue plus qu'une suite de gags. Il y a de vraies histoires qui se construisent et on a même droit à du thriller dans le tome 6. Les auteurs font évoluer les personnages et si je comprends que certains lecteurs n'aiment pas ça, mais moi je trouve ça original de voir des personnages d'une série humoristique évoluer au lieu de rester prisonniers d'un rôle et de faire les mêmes choses à chaque album. Les auteurs abordent plusieurs problèmes sans tomber dans le moralisant et il y a toujours des surprises.
En fait, le seul reproche que je peux faire est que pour une série humoristique, cela ne me fait pas trop rire ! Je souris souvent, mais je ne ris pas au éclats, mais cela ne me dérange pas parce que j'adore cet univers, les personnages et j'ai hâte de voir ce qui va leur arriver !
Porté par le succès incontestable de La Quête de l'Oiseau du Temps, Régis Loisel a eu le temps de prendre confiance au point de se lancer seul aux commandes pour une interprétation assez libre et plutôt originale du classique Peter Pan de J.M Barrie.
Autant prévenir tout de suite les quelques quidams restés enfermés dans leur grotte depuis plus de 30 ans : cette version de Peter Pan n'est pas pour les petits et s'éloigne autant que possible du dessin animé produit par Disney.
En effet, on est plus proche dès le premier tome d'un livre de Charles Dickens tant l'univers dépeint dans la ville de Londres transpire la violence et le rejet. Peter n'est pas encore Pan et va le devenir au fur et à mesure d'une progression cruelle mais finalement assez logique jusqu'à un final que j'avais pour ma part plutôt rejeté à ma première lecture, horrifié par certains évènements inattendus et choquants. Loisel boucle la boucle de façon aussi sombre qu'il avait débuté son récit mais cette conclusion m'avait particulièrement refroidi comme si l'auteur lui-même avait décidé d'en finir de façon assez radicale.
Loisel a encore affiné son style et métamorphose certains personnages iconiques comme la fée Clochette, qui devient ici un objet de sexualisation et de déviance explicite.
On ne s'ennuie définitivement pas dans cet univers qui redistribue les cartes et désoriente même les habitués du texte de Barrie ou des dessins de Disney. Il faut juste en accepter les règles perverties et très sombres. Pour tant d'audace et d'originalité, cette version de Peter Pan mérite amplement son statut culte mais n'est absolument pas à laisser entre les mains de nos chères têtes blondes.
Une œuvre définitivement atypique et qui ose aller bien plus loin que le conte pour enfants. On y croise même Jack l'éventreur et c'est tout sauf un hasard. ^^
Enfin je suis à jour dans ma lecture de ce manga dont j'avais tant entendu parlé.
C'est le genre de manga où il est difficile d'arrêter sa lecture. Le genre de manga dont on rêve encore la nuit. Le genre de manga dont on parle à la pause clope/café/ jus de fruit/mariokart/ce que vous voulez. Le genre de manga dont on est profondément dégouté de certaines scènes. Le genre de manga dont les dessins nous scotchent, tellement ils sont travaillés. Le genre de manga dont certaines scènes sont tellement épiques et mémorables que je m'en souviendrais toute ma vie. Le genre de manga où le héros donne une véritable définition au mot "badass". Le genre de manga qui te fait ressentir une immense palette d'émotions dont les deux premières qui me viennent en tête sont la haine et la tristesse. Le genre de manga qui arrive à nous faire vraiment rire, tout en restant adulte et mature.
Bref, c'est le genre de manga qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie. Même ma femme l'a lu et adoré, alors qu'elle ne lit jamais de manga.
Si je ne met "que" 4 étoiles, c'est à cause du fait que la série tire à rallonge, elle surfe un peu trop sur son succès et donc la série perd en intérêt. Il est grand temps que l'auteur mette un terme à son histoire. Mais noter bien que les tomes 4 à 14 font partie des meilleurs mangas que je n'ai jamais lu. Je crois que je relirai cet arc au moins une fois par an.
4 étoiles
MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
màj du 20/05/21:
Il faut qu'à peine 5 jours après la rédaction de mon avis, l'annonce du décès de Miura retentisse. Le hasard...
Fort heureusement pour moi, ma première lecture de ce manga remonte à mes 16 ans. Je n'avais pas la maturité de lire une telle oeuvre. J'ai donc abandonné. Des années plus tard, grâce à mon frère, je recommence tout à zéro. Et ce fut une révélation.
Berserk est le premier manga que je partage avec mon frère. Le premier d'une très longue série. Miura, par son oeuvre et son talent, a réussi à créer un nouveau lien avec mon frère. Depuis, à chaque fois que je passe du temps avec mon frère, nous passons des heures à discuter manga, au détriment de nos compagnes. Berserk a donc une grande importance à mes yeux.
La disparition de Miura m'impacte beaucoup plus que ce que je pouvais imaginer. Je réalise que je ne connaitrai jamais la fin véritable de Berserk. Tout cela me fait prendre conscience que j'appréciais nettement plus la série que ce que je disais. Elle m'a réellement impacté.
C'est pourquoi, je décide de changer ma note, seulement 5 jours plus tard. Je n'hésite plus, c'est une série culte.
5 étoiles
Aujourd'hui, Maupertuis ne rit pas, il pleure
Qu'est-ce qui fait qu'une lecture est remarquable ?
Un certain nombre de critères, sans doute. En l'occurrence, quand une lecture a marqué son lecteur et qu'il y pense toujours après quelques temps, quand il se dit que, quand même, il y a dans cette histoire de la richesse, de la matière et ce même si elle n'est pas forcément facile d'accès, quand, ayant lu ce livre il se dit que oui, il va vouloir le relire, et quand l'ayant emprunté il se dit que oui, il va l'acheter, alors sans doute peut-on considérer que cette lecture a été remarquable.
Pourtant je ne savais pas à quoi m'attendre. Les ambiances colorées assez monochromatiques par chapitre m'ont tout de suite plu. Le dessin aussi, fin, précis, soigné, avec des personnages ayant de vraies gueules. Même si j'ai plus loin été un peu déçu quand pour les têtes des personnages il devenait plus doux et moins réaliste, j'ai été époustouflé par les scène marines de toute beauté, avec ce bateau aux prises avec les vagues rageuses.
Mais ce qui est le plus marquant pour moi, c'est bien sûr le personnage de Loup Larsen. Terrifiant, détestable, insaisissable. Capitaine despote s'arrogeant le droit de vie, de mort et de souffrance sur son équipage, embarquer sur son navire revient à entrer dans un enfer sur mer. Personnage d'une brutalité sans nom, représenté comme une bête sauvage ou un démon ou encore un titan, manipulateur, il s'avérera pourtant cultivé, presqu'autant que Humphrey Van Weyden.
Et ce point est très intéressant, car d'abord perçu comme une brute par nature, Loup Larsen se révèle une brute par choix. Désabusé, nihiliste. On aura donc non seulement une dichotomie sur la civilisation et la domination par la force - la loi de la nature - mais aussi et peut-être surtout sur la moralité ou son absence, l'amoralité.
Humphrey et le capitaine semblent d'abord être aussi éloignés l'un de l'autre qu'il est possible de l'être. Pourtant ils seront étroitement liés, et Humphrey sera fortement influencé par le capitaine. Personnage poli, civilisé et pour tout dire intellectuel bourgeois imbu de lui-même, il ne sortira de cette histoire qu'en portant la marque indélébile de ce capitaine.
Vous ferez peut-être quelque chose de votre vie finalement ! Déjà vous commencez à marcher par vous-même, lui dit d'ailleurs ce dernier.
En refermant ce livre aux ambiances fortes, au discours brutal et implacable, aux idées sombres et violentes, j'ai vraiment eu le sentiment d'une lecture riche et marquante. C'est donc avec grand plaisir que je l'ai choisi pour mon 1000ème avis.
Voilà une histoire sans réelle prétention, mais qui procure une lecture agréable. Un album que j’ai vraiment apprécié, ne concédant que deux petits bémols : je m’attendais (situation, titre m’ayant sans doute aiguillé vers cette piste ?) à davantage de « bons mots » à la Audiard, et surtout j’ai trouvé que les révélations finales, pour surprenantes et amusantes qu’elles soient, ôtent un peu du charme de l’album par un certain manque de crédibilité.
Bon, mais ceci étant dit, je n’ai pas boudé mon plaisir. On se laisse embarquer par cette intrigue comme notre cambrioleur d’opérette se fait coincer et enfermer par son « con » (c’est-à-dire le proprio qu’il souhaitait délester de ses biftons). Le retournement de situation est assez drôle, et les réflexions de notre séquestré (« aux idées de gauche »), sont souvent amusantes (je nuance donc là ma remarque concernant le manque relatif de « bons mots »).
La fin de l’album est par contre amusante, notre héros loser illustrant alors ironiquement le titre, devenant le con qu’il conspuait, et choisissant de revenir dans sa cage…
Quant au dessin, il est lui aussi simple, sombre et dynamique, avec un trait semi réaliste, en tout cas tout à fait à mon goût et efficace.
Note réelle 3,5/5.
La fleur de l’ombre.
Entre les gargouilles et les chimères, Baudelaire est happé par le vide, les ailes brisées. A son réveil, hébété, il fixe un chat juché sur une horloge. Jeanne Duval repose nue à son côté. Il lui déclame les vers qu’elle lui a inspirés la nuit puis le grand miroir de la chambre réfléchit leurs ébats amoureux. Le prologue admirablement posé, Yslaire va ensuite dérouler la vie du poète maudit en commençant par son enterrement au cimetière Montparnasse, le 31 août 1867. Jeanne est en arrière-plan, dans les replis de l’histoire mais par le prisme de son regard et de ses souvenirs, elle va exposer la vie de Charles Baudelaire : l’enfance, le voyage vers les Indes, la bohème parisienne, leur relation tumultueuse, les attaques syphilitiques, l’envol du poète. Le récit est puissant, prenant, intelligent. Le graphisme est superbe par le trait réaliste et charbonneux, précis et inspiré ; les couleurs splendides délivrent des ambiances exceptionnelles ; les mises en page étourdissent quand des doubles-pages composent des tableaux magistraux. Le lecteur apprend à aimer Jeanne, comprenant la solitude du plus grand poète de la langue française, dédaigné de son temps mais « abordant heureusement aux époques lointaines ». L’épilogue noue l’ensemble avec une rare maestria puisque le « repentir même, ô la dernière auberge ! » s’efface pour faire émerger de l’ombre du tableau de Courbet la muse consolatrice au-dessus du portrait de Baudelaire.
Paru initialement en trois cahiers chargés d’esquisses et de travaux préparatoires, le chef-d’œuvre de Bernard Hislaire composé en 150 pages donne à voir le spleen et l’idéal emmêlés comme le serpent sur le caducée.
Je ne connaissais de Jean-Paul Eid que ses – excellents – délires drôles et plus ou moins oubapiens autour de Jérôme Bigras. Je découvre ici un autre aspect de son œuvre, plus traditionnel – il est vrai qu’il n’officie ici qu’aux dessins (dessin que j’ai trouvé efficace et dynamique).
En plus du dessin, c’est tout l’aspect graphique (reconstitutions de docs divers, pochettes de disques, cartes postales, etc.) que j’ai trouvé bien fait.
Quant à l’histoire concoctée par Paiement, elle mêle habilement grande et petite histoire, et sa construction est agréable à suivre (l’héroïne, Rose, s’envoyant à elle-même des cartes postales – d’où le titre – pour garder des souvenirs des grands moments de sa vie).
En effet, nous suivons deux histoires, l’une commençant dans les années 1950, autour de Rose, de ses rêves de scènes de jazz, qui quitte brusquement sa mère pour former avec deux amis un trio qui va traverser l’Amérique et Cuba, l’autre au début des années 2000, autour d’un homme qui découvre par hasard un pan de son passé et qui souhaite remonter aux sources familiales.
Lorsque les deux trajectoires se rejoignent, les révélations – qui vont crescendo sur la fin – rendent poignante cette histoire.
C’est en tout cas une chouette lecture.
Note réelle 3,5/5.
Les éditions Ici Même ont eu la bonne idée de publier une intégrale de cette série (sortie initialement en 2013) en deux tomes de Koren Shamdi, auteur que j'avais découvert avec son autre excellent album Le Voyageur. On y retrouve son goût pour les colorisations pastels et son intérêt pour les histoires sombres qui semblent caractériser ses œuvres.
"Abaddon"... Rien que le titre interpelle... Le nom Abaddon signifie en hébreu « destruction » ou « abîme ». Ce nom est aussi utilisé pour désigner l'ange exterminateur de l'abîme dans l'Apocalypse de saint Jean. Tout un programme ! Sauf qu'ici, si tout commence plutôt bien pour Ter, notre protagoniste, la suite tourne vite au cauchemar !
Ter vient pour visiter un appartement en collocation ; le courant passe plutôt rapidement avec les quatre autres locataires et s'installe dans la foulée. Il y a Shel la rondouillarde sympathique et son chat, Bet la pulpeuse qui lui fait la visite, Vic l'armoire à glace et enfin l'étrange Nor, amoureux de Bet... Mais cet appartement aux premiers abords idyllique va rapidement se révéler plus anxiogène que prévu. "L'enfer c'est les autres" disait Sarthe, et les relations entre les colocataires dégénèrent rapidement, surtout que Ter réalise qu'il est en fait enfermé dans cet appartement avec ces étranges personnages... Ses tentatives pour s'évader se vouent les unes après les autres à l'échec et même s'il parvient à sortir de ce dernier c'est pour mieux réaliser dans quel labyrinthe clos il évolue...
Koren Shamdi, nous propose avec cet album un récit étrange et anxiogène qui flirte avec la folie. On ne sait jamais trop si c'est dans la réalité ou dans un cauchemar que Ter évolue ou si c'est sa folie qui le guide. En tout cas l'abîme est profonde... Le lecteur se laisse embarquer dans cette chute sans fin, tâtonnant et s'interrogeant tout autant que lui. Déjà que sa mémoire lui joue des tours, ce n'est pas nous qui allons l'aider... L'angoisse est palpable,
Koren Shamdi jouant à merveille avec une palette de couleurs accentuées dans les verts et les rouges renforçant cette impression. Et tel Sisyphe aux enfers, notre Ter n'est pas au bout de ses peines...
Voilà donc un album prenant et surprenant qui au delà du bel objet que propose son format à l'italienne et du cachet de son graphisme singulier, nous entraîne dans les méandres d'un huis clos infernal et machiavélique.
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Moonlight mile
Salut, J'ai été très surpris de voir tant de mauvaises critiques à propos de ce manga qui, à mon sens, rempli parfaitement son cahier des charges. Tout d'abord je trouve que le sujet traité, à savoir la conquête spatiale, est fait de façon très réaliste tant dans ses dessins de très bonne qualité, que dans l'approche physique ou sociale. Ensuite, j'aime beaucoup la trame narrative et l’évolution en parallèle des deux protagonistes qui, bien que pouvant paraitre clichés par certains traits de caractère exacerbés, sont bien représentatifs des puissances politiques qu'ils symbolisent. Là ou je rejoins les précédentes critiques, c'est sur le fait que le manga manque un peu de finesse parfois et montre une vulgarité souvent gratuite ; mais pour ceux qui ont lu d'autres œuvres de Ohtagaki Yasuo, je pense que vous reconnaitrez son style, on aime ou pas, personnellement, je n'ai rien contre une scène un peu beauf de temps en temps. En conclusion, je pense que ce manga tient un vrai propos sur la géopolitique mondiale autour de la thématique de la conquête spatiale mais que malheureusement il n'a pas eu la chance de le développer jusqu'au bout vu que la publication s'est stoppée au 11eme tome. En tout cas, si vous aimez les mangas avec des dessins de qualité avec une histoire un peu sérieuse, du sexe et des vaisseaux spatiaux, foncez. PANINI, publiez la suite svp qu'on puisse connaitre la fin de l'histoire
Les Nombrils
Mon avis datait de 2006 et avait besoin d'être mis à jour car la série Les Nombrils est devenue quelque chose de bien plus mature, profond et intéressant que les simples albums de gags qu'elle était initialement. Cette BD a été créée en 2004. Ses auteurs sont québécois, compagnons dans la vie, et elle est parue dans le Journal de Spirou dans la mouvance de la rubrique "33, rue Carambole", je pense. C'était une BD qui se voulait moderne, destinée plutôt aux filles mais que les garçons ne rechigneront pas à lire. De même que les adultes car je la lis avec plaisir. Les gags tournent autour de 3 héroïnes. Quand on les découvre, Vicky et Jenny sont deux petites con... heu... chipies superficielles, mignonnes mais sans cervelle, qui ne pensent qu'à draguer et à se faire belles. Et il a fallu qu'elles aient pour... amie, Karine, trop grande, trop naïve, trop maigre et pas féminine pour un sou, qui leur sert bien trop souvent de souffre-douleur. Autant les personnages des deux premières sont irritants au possible, autant celui de la pauvre Karine est attachant comme tout à mes yeux. Quand les gags ne tournent pas autour des plans drague des filles, ils tournent le plus souvent autour de la façon dont Karine va une fois de plus s'en prendre plein la face, la pauvre. C'est un zeste d'humour noir qui me fait facilement rire ou sourire. Quant au dessin, il est bon, dynamique, frais et moderne. Si cela s'était arrêté là, cela aurait donné une série d'humour sympathique mais pas inoubliable. Mais les auteurs ont décidé de faire évoluer l'esprit de leur série et de ses personnages au fil des tomes. Les différentes péripéties quotidiennes que vivent les héroïnes vont transformer leurs vies et leurs caractères. Les successions de gags vont peu à peu former de vraies histoires, avec parfois même un réel suspens voire du danger. Et surtout les héroïnes vont changer au fur et à mesure, avec avant tout la souffre-douleur Karine qui va fortement gagner en maturité, mais les deux autres aussi vont gagner en profondeur et devenir à la fois plus attachantes et surtout plus intéressantes. Les Nombrils est devenue avec le temps une excellente série pour adolescents mais aussi pour un public plus adulte, avec des personnages finalement bien plus complexes qu'ils ne le laissaient paraitre au premier abord. Par le biais de l'humour et des aventures qui se forment, elle va permettre à ses auteurs d'aborder des thèmes finalement sérieux et surtout très intéressants et humains. Je la conseille sans hésiter !
Les Nombrils
3.5 Tiens je réécris mon avis vu que la série a bien changé depuis. Je me souviens d'avoir découvert la série dans le magazine québécois Safarir et que j'étais bien content de voir la série traverser l'océan Atlantique. D'ailleurs je pense que c'est vers cette époque qu'on a vu plus de québécois édité chez des éditeurs français ou belges comme Jacques Lamontagne que je lisais aussi dans Safarir, mais passons. J'avais tout de suite bien aimé le dessin, mais le scénario me laissait perplexe parce que si l'humour vache fonctionnait bien, il y avait un coté énervant à voir cette pauvre Karine être le souffre douleur de ses deux soi-disant amies. Puis la série a évolué au fil des tomes et est devenue plus qu'une suite de gags. Il y a de vraies histoires qui se construisent et on a même droit à du thriller dans le tome 6. Les auteurs font évoluer les personnages et si je comprends que certains lecteurs n'aiment pas ça, mais moi je trouve ça original de voir des personnages d'une série humoristique évoluer au lieu de rester prisonniers d'un rôle et de faire les mêmes choses à chaque album. Les auteurs abordent plusieurs problèmes sans tomber dans le moralisant et il y a toujours des surprises. En fait, le seul reproche que je peux faire est que pour une série humoristique, cela ne me fait pas trop rire ! Je souris souvent, mais je ne ris pas au éclats, mais cela ne me dérange pas parce que j'adore cet univers, les personnages et j'ai hâte de voir ce qui va leur arriver !
Peter Pan
Porté par le succès incontestable de La Quête de l'Oiseau du Temps, Régis Loisel a eu le temps de prendre confiance au point de se lancer seul aux commandes pour une interprétation assez libre et plutôt originale du classique Peter Pan de J.M Barrie. Autant prévenir tout de suite les quelques quidams restés enfermés dans leur grotte depuis plus de 30 ans : cette version de Peter Pan n'est pas pour les petits et s'éloigne autant que possible du dessin animé produit par Disney. En effet, on est plus proche dès le premier tome d'un livre de Charles Dickens tant l'univers dépeint dans la ville de Londres transpire la violence et le rejet. Peter n'est pas encore Pan et va le devenir au fur et à mesure d'une progression cruelle mais finalement assez logique jusqu'à un final que j'avais pour ma part plutôt rejeté à ma première lecture, horrifié par certains évènements inattendus et choquants. Loisel boucle la boucle de façon aussi sombre qu'il avait débuté son récit mais cette conclusion m'avait particulièrement refroidi comme si l'auteur lui-même avait décidé d'en finir de façon assez radicale. Loisel a encore affiné son style et métamorphose certains personnages iconiques comme la fée Clochette, qui devient ici un objet de sexualisation et de déviance explicite. On ne s'ennuie définitivement pas dans cet univers qui redistribue les cartes et désoriente même les habitués du texte de Barrie ou des dessins de Disney. Il faut juste en accepter les règles perverties et très sombres. Pour tant d'audace et d'originalité, cette version de Peter Pan mérite amplement son statut culte mais n'est absolument pas à laisser entre les mains de nos chères têtes blondes. Une œuvre définitivement atypique et qui ose aller bien plus loin que le conte pour enfants. On y croise même Jack l'éventreur et c'est tout sauf un hasard. ^^
Berserk
Enfin je suis à jour dans ma lecture de ce manga dont j'avais tant entendu parlé. C'est le genre de manga où il est difficile d'arrêter sa lecture. Le genre de manga dont on rêve encore la nuit. Le genre de manga dont on parle à la pause clope/café/ jus de fruit/mariokart/ce que vous voulez. Le genre de manga dont on est profondément dégouté de certaines scènes. Le genre de manga dont les dessins nous scotchent, tellement ils sont travaillés. Le genre de manga dont certaines scènes sont tellement épiques et mémorables que je m'en souviendrais toute ma vie. Le genre de manga où le héros donne une véritable définition au mot "badass". Le genre de manga qui te fait ressentir une immense palette d'émotions dont les deux premières qui me viennent en tête sont la haine et la tristesse. Le genre de manga qui arrive à nous faire vraiment rire, tout en restant adulte et mature. Bref, c'est le genre de manga qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie. Même ma femme l'a lu et adoré, alors qu'elle ne lit jamais de manga. Si je ne met "que" 4 étoiles, c'est à cause du fait que la série tire à rallonge, elle surfe un peu trop sur son succès et donc la série perd en intérêt. Il est grand temps que l'auteur mette un terme à son histoire. Mais noter bien que les tomes 4 à 14 font partie des meilleurs mangas que je n'ai jamais lu. Je crois que je relirai cet arc au moins une fois par an. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT ! màj du 20/05/21: Il faut qu'à peine 5 jours après la rédaction de mon avis, l'annonce du décès de Miura retentisse. Le hasard... Fort heureusement pour moi, ma première lecture de ce manga remonte à mes 16 ans. Je n'avais pas la maturité de lire une telle oeuvre. J'ai donc abandonné. Des années plus tard, grâce à mon frère, je recommence tout à zéro. Et ce fut une révélation. Berserk est le premier manga que je partage avec mon frère. Le premier d'une très longue série. Miura, par son oeuvre et son talent, a réussi à créer un nouveau lien avec mon frère. Depuis, à chaque fois que je passe du temps avec mon frère, nous passons des heures à discuter manga, au détriment de nos compagnes. Berserk a donc une grande importance à mes yeux. La disparition de Miura m'impacte beaucoup plus que ce que je pouvais imaginer. Je réalise que je ne connaitrai jamais la fin véritable de Berserk. Tout cela me fait prendre conscience que j'appréciais nettement plus la série que ce que je disais. Elle m'a réellement impacté. C'est pourquoi, je décide de changer ma note, seulement 5 jours plus tard. Je n'hésite plus, c'est une série culte. 5 étoiles Aujourd'hui, Maupertuis ne rit pas, il pleure
Le Loup des Mers
Qu'est-ce qui fait qu'une lecture est remarquable ? Un certain nombre de critères, sans doute. En l'occurrence, quand une lecture a marqué son lecteur et qu'il y pense toujours après quelques temps, quand il se dit que, quand même, il y a dans cette histoire de la richesse, de la matière et ce même si elle n'est pas forcément facile d'accès, quand, ayant lu ce livre il se dit que oui, il va vouloir le relire, et quand l'ayant emprunté il se dit que oui, il va l'acheter, alors sans doute peut-on considérer que cette lecture a été remarquable. Pourtant je ne savais pas à quoi m'attendre. Les ambiances colorées assez monochromatiques par chapitre m'ont tout de suite plu. Le dessin aussi, fin, précis, soigné, avec des personnages ayant de vraies gueules. Même si j'ai plus loin été un peu déçu quand pour les têtes des personnages il devenait plus doux et moins réaliste, j'ai été époustouflé par les scène marines de toute beauté, avec ce bateau aux prises avec les vagues rageuses. Mais ce qui est le plus marquant pour moi, c'est bien sûr le personnage de Loup Larsen. Terrifiant, détestable, insaisissable. Capitaine despote s'arrogeant le droit de vie, de mort et de souffrance sur son équipage, embarquer sur son navire revient à entrer dans un enfer sur mer. Personnage d'une brutalité sans nom, représenté comme une bête sauvage ou un démon ou encore un titan, manipulateur, il s'avérera pourtant cultivé, presqu'autant que Humphrey Van Weyden. Et ce point est très intéressant, car d'abord perçu comme une brute par nature, Loup Larsen se révèle une brute par choix. Désabusé, nihiliste. On aura donc non seulement une dichotomie sur la civilisation et la domination par la force - la loi de la nature - mais aussi et peut-être surtout sur la moralité ou son absence, l'amoralité. Humphrey et le capitaine semblent d'abord être aussi éloignés l'un de l'autre qu'il est possible de l'être. Pourtant ils seront étroitement liés, et Humphrey sera fortement influencé par le capitaine. Personnage poli, civilisé et pour tout dire intellectuel bourgeois imbu de lui-même, il ne sortira de cette histoire qu'en portant la marque indélébile de ce capitaine. Vous ferez peut-être quelque chose de votre vie finalement ! Déjà vous commencez à marcher par vous-même, lui dit d'ailleurs ce dernier. En refermant ce livre aux ambiances fortes, au discours brutal et implacable, aux idées sombres et violentes, j'ai vraiment eu le sentiment d'une lecture riche et marquante. C'est donc avec grand plaisir que je l'ai choisi pour mon 1000ème avis.
La Cage aux cons
Voilà une histoire sans réelle prétention, mais qui procure une lecture agréable. Un album que j’ai vraiment apprécié, ne concédant que deux petits bémols : je m’attendais (situation, titre m’ayant sans doute aiguillé vers cette piste ?) à davantage de « bons mots » à la Audiard, et surtout j’ai trouvé que les révélations finales, pour surprenantes et amusantes qu’elles soient, ôtent un peu du charme de l’album par un certain manque de crédibilité. Bon, mais ceci étant dit, je n’ai pas boudé mon plaisir. On se laisse embarquer par cette intrigue comme notre cambrioleur d’opérette se fait coincer et enfermer par son « con » (c’est-à-dire le proprio qu’il souhaitait délester de ses biftons). Le retournement de situation est assez drôle, et les réflexions de notre séquestré (« aux idées de gauche »), sont souvent amusantes (je nuance donc là ma remarque concernant le manque relatif de « bons mots »). La fin de l’album est par contre amusante, notre héros loser illustrant alors ironiquement le titre, devenant le con qu’il conspuait, et choisissant de revenir dans sa cage… Quant au dessin, il est lui aussi simple, sombre et dynamique, avec un trait semi réaliste, en tout cas tout à fait à mon goût et efficace. Note réelle 3,5/5.
Mademoiselle Baudelaire
La fleur de l’ombre. Entre les gargouilles et les chimères, Baudelaire est happé par le vide, les ailes brisées. A son réveil, hébété, il fixe un chat juché sur une horloge. Jeanne Duval repose nue à son côté. Il lui déclame les vers qu’elle lui a inspirés la nuit puis le grand miroir de la chambre réfléchit leurs ébats amoureux. Le prologue admirablement posé, Yslaire va ensuite dérouler la vie du poète maudit en commençant par son enterrement au cimetière Montparnasse, le 31 août 1867. Jeanne est en arrière-plan, dans les replis de l’histoire mais par le prisme de son regard et de ses souvenirs, elle va exposer la vie de Charles Baudelaire : l’enfance, le voyage vers les Indes, la bohème parisienne, leur relation tumultueuse, les attaques syphilitiques, l’envol du poète. Le récit est puissant, prenant, intelligent. Le graphisme est superbe par le trait réaliste et charbonneux, précis et inspiré ; les couleurs splendides délivrent des ambiances exceptionnelles ; les mises en page étourdissent quand des doubles-pages composent des tableaux magistraux. Le lecteur apprend à aimer Jeanne, comprenant la solitude du plus grand poète de la langue française, dédaigné de son temps mais « abordant heureusement aux époques lointaines ». L’épilogue noue l’ensemble avec une rare maestria puisque le « repentir même, ô la dernière auberge ! » s’efface pour faire émerger de l’ombre du tableau de Courbet la muse consolatrice au-dessus du portrait de Baudelaire. Paru initialement en trois cahiers chargés d’esquisses et de travaux préparatoires, le chef-d’œuvre de Bernard Hislaire composé en 150 pages donne à voir le spleen et l’idéal emmêlés comme le serpent sur le caducée.
La Femme aux cartes postales
Je ne connaissais de Jean-Paul Eid que ses – excellents – délires drôles et plus ou moins oubapiens autour de Jérôme Bigras. Je découvre ici un autre aspect de son œuvre, plus traditionnel – il est vrai qu’il n’officie ici qu’aux dessins (dessin que j’ai trouvé efficace et dynamique). En plus du dessin, c’est tout l’aspect graphique (reconstitutions de docs divers, pochettes de disques, cartes postales, etc.) que j’ai trouvé bien fait. Quant à l’histoire concoctée par Paiement, elle mêle habilement grande et petite histoire, et sa construction est agréable à suivre (l’héroïne, Rose, s’envoyant à elle-même des cartes postales – d’où le titre – pour garder des souvenirs des grands moments de sa vie). En effet, nous suivons deux histoires, l’une commençant dans les années 1950, autour de Rose, de ses rêves de scènes de jazz, qui quitte brusquement sa mère pour former avec deux amis un trio qui va traverser l’Amérique et Cuba, l’autre au début des années 2000, autour d’un homme qui découvre par hasard un pan de son passé et qui souhaite remonter aux sources familiales. Lorsque les deux trajectoires se rejoignent, les révélations – qui vont crescendo sur la fin – rendent poignante cette histoire. C’est en tout cas une chouette lecture. Note réelle 3,5/5.
Abaddon
Les éditions Ici Même ont eu la bonne idée de publier une intégrale de cette série (sortie initialement en 2013) en deux tomes de Koren Shamdi, auteur que j'avais découvert avec son autre excellent album Le Voyageur. On y retrouve son goût pour les colorisations pastels et son intérêt pour les histoires sombres qui semblent caractériser ses œuvres. "Abaddon"... Rien que le titre interpelle... Le nom Abaddon signifie en hébreu « destruction » ou « abîme ». Ce nom est aussi utilisé pour désigner l'ange exterminateur de l'abîme dans l'Apocalypse de saint Jean. Tout un programme ! Sauf qu'ici, si tout commence plutôt bien pour Ter, notre protagoniste, la suite tourne vite au cauchemar ! Ter vient pour visiter un appartement en collocation ; le courant passe plutôt rapidement avec les quatre autres locataires et s'installe dans la foulée. Il y a Shel la rondouillarde sympathique et son chat, Bet la pulpeuse qui lui fait la visite, Vic l'armoire à glace et enfin l'étrange Nor, amoureux de Bet... Mais cet appartement aux premiers abords idyllique va rapidement se révéler plus anxiogène que prévu. "L'enfer c'est les autres" disait Sarthe, et les relations entre les colocataires dégénèrent rapidement, surtout que Ter réalise qu'il est en fait enfermé dans cet appartement avec ces étranges personnages... Ses tentatives pour s'évader se vouent les unes après les autres à l'échec et même s'il parvient à sortir de ce dernier c'est pour mieux réaliser dans quel labyrinthe clos il évolue... Koren Shamdi, nous propose avec cet album un récit étrange et anxiogène qui flirte avec la folie. On ne sait jamais trop si c'est dans la réalité ou dans un cauchemar que Ter évolue ou si c'est sa folie qui le guide. En tout cas l'abîme est profonde... Le lecteur se laisse embarquer dans cette chute sans fin, tâtonnant et s'interrogeant tout autant que lui. Déjà que sa mémoire lui joue des tours, ce n'est pas nous qui allons l'aider... L'angoisse est palpable, Koren Shamdi jouant à merveille avec une palette de couleurs accentuées dans les verts et les rouges renforçant cette impression. Et tel Sisyphe aux enfers, notre Ter n'est pas au bout de ses peines... Voilà donc un album prenant et surprenant qui au delà du bel objet que propose son format à l'italienne et du cachet de son graphisme singulier, nous entraîne dans les méandres d'un huis clos infernal et machiavélique.