Même si j’ai déjà avisé la quasi-totalité de leurs autres productions, c’est par le premier tome de cette série que j’avais découvert le travail de ce duo très complémentaire, qui codirige les éditions Flblb, chez qui ils ont produit quelques belles pépites.
D’emblée, j’ai été captivé par leur travail, et je relis encore avec un très grand plaisir cette série, même si la surprise ne joue plus. Ma seule surprise en l'avisant est de voir le peu d'avis postés sur cette série, plus de dix ans après ses débuts !
Le principe – repris dans la plupart de leurs autres séries – est de mettre en perspective, en appui, le texte très corrosif et ironique de Grégory Jarry, avec le dessin minimaliste d’Otto T. Et cela fonctionne !
Sous couvert de nous conter, de manière badine, avec force second degré et tirades ironiques la colonisation, Grégory Jarry (qui s’est visiblement documenté) réalise un implacable réquisitoire contre cette même colonisation (ses justifications, ses méthodes, ses suites actuelles…), bien sûr, mais aussi contre son image, la propagande qui l’a idéalisée ou aseptisée : il joue des images d’Epinal, avec un ton faussement bonhomme, un narrateur (aux traits successifs de de Gaulle, de Mitterrand [et épisodiquement de leurs successeurs], tous les deux franchement décontractés et très cyniques) semblant nous faire des clins d’œil au milieu de sa présentation.
Un texte engagé donc, mais absolument pas rébarbatif. D’abord parce que l’ironie domine, Jarry glissant pas mal d’anecdotes absurdes, du n’importe quoi assumé, au milieu de faits réels. Mais ensuite et surtout grâce aux dessins d’Otto T.
Des personnages minimalistes donc, très souvent agités, nerveux, qui jouent des scénettes rigolotes, qui prennent tout leur sens en les confrontant au texte de Jarry (l’inverse est aussi vrai). Un travail en symbiose donc, très réussi, qui offre un bon moment de détente sérieuse, ou de déconne instructive, comme on veut.
C’est en tout cas une série que je vous recommande très chaudement (allez voir ensuite les autres séries du duo !). Un travail déjà récompensé, qui a donné lieu à des expositions (à Angoulême je crois) et qui mérite vraiment le détour !
Une intégrale a plus récemment paru, mais je ne sais pas si ce format à l’italienne est adapté à un unique album d’une telle épaisseur.
Fabien Toulmé, l'auteur de l'excellent Ce n'est pas toi que j'attendais remet le couvert avec un nouveau récit émouvant. Il est ici question de Baudouin un trentenaire enfermé dans la routine de son quotidien. Comme tellement de gens en fin de compte, il est prisonnier d'un boulot auquel il consacre beaucoup trop de temps, alors que celui-ci ne lui permet absolument pas de s'épanouir. Métro, boulot, dodo, factures. Il est proche de son frère, un baroudeur qui n'a de cesse de le pousser à prendre sa vie en main et de la vivre pleinement. Lorsqu'il découvre qu'il est atteint d'une maladie incurable, il va tout plaquer pour vivre ses rêves avant qu'il ne soit trop tard.
Le personnage est bien trouvé, on s'identifie tellement facilement à lui. La relation avec son frère est elle aussi un élément important qui amène des sourires et une petite dose d'humour. Cela contrebalance bien avec les moments plus émouvants du récit. Tellement de gens vont se reconnaître dans la routine de Baudouin. Combien de personnes ne se plaisent pas dans leur job et se demandent régulièrement si le moment n'est pas venu de changer totalement de voie.
Inévitablement cet album nous amène à nous poser des questions sur notre propre vie. Ce récit véhicule plein d'émotions, permet de s'interroger, de se remettre en question et douter un peu. Mais ce n'est pas un livre de philo, c'est beaucoup mieux. Tout ça s'accompagne d'une histoire qu'on suit avec grand intérêt et on ne voit pas passer les 270 pages.
Et même si on s'attend à ce que l'histoire se conclue par une pirouette de ce genre, la fin fait quand même son petit effet. Un album qui vous touche, qui vous fait réfléchir sur la routine du quotidien, sur le sens de la vie, sur le bonheur, sur beaucoup de choses en fait. Une réussite sur toute la ligne.
Après avoir découvert Kanopé de la même auteure, c'est avec curiosité que j'attendais la sortie de ce nouvel album. On change un peu de registre, tout en gardant en fil rouge ce goût pour la nature et les animaux.
Ici point de monde post-apocalyptique où l'Amazonie est devenue sanctuaire, mais plutôt une histoire de fantasy où des créatures minuscules, regroupées en clans, essayent de vivre en harmonie avec la nature et les animaux qui les entourent et leur permettent de survivre. L'enlèvement de la mère de Neska, seule détentrice restante du secret permettant au clan de s'allouer les faveurs des escargots qui ont façonné le mode de vie de son clan va mettre celui-ci en grand péril... Avec son père et sa sœur, ils partent donc au Marché des Coccinelles pour essayer de trouver de l'aide ou une solution...
Avec le premier tome de cette série, Louise Joor pose tranquillement les jalons d'une série qui semble bien foutue. C'est tout à la fois frais et riche en rebondissements, servi sur un univers fourmillant mais bien pensé qui n'appelle qu'une chose : partir à sa découverte. Et c'est ce qui nous est proposé en suivant les pieds espiègles et innocents de la jeune Neska.
Le dessin sied quant à lui parfaitement à cette série jeunesse ; tout en ligne claire, rehaussé de couleurs très "nature", tout concorde à cette petite harmonie naturelle que cherche à faire transpirer l'auteure, tant dans son récit que graphiquement. Et cela fonctionne plus que bien ! J'ai vraiment été séduit par ce premier tome, et j'avoue attendre la suite avec une certaine impatience.
*** Tome 2 ***
C'est avec plaisir que j'ai replongé dans ce petit univers singulier que nous a concocté Louise Joor. Car, même pour l'adulte que je suis, j'ai apprécié la subtilité et la sensibilité qui transparaissent dans ces deux tomes.
Ce deuxième opus nous plonge dans une histoire initiatique où Neska et certains des personnages que nous avons déjà croisés dans le premier vont devoir s'affronter pour désigner la prochaine voix et la personne qui guidera les clans jusqu'au prochain rituel.
Même si tout ça n'est pas d'une fulgurante originalité, c'est l'efficacité et la fluidité du récit allié à cette sensibilité qui font les qualités de cette série.
J'attends donc de voir où tout cela nous mènera, et je maintiens ma note à 4 en attendant la suite/fin de ces aventures.
Je me demande ce qui s'est passé avec cet auteur. Je l'ai découvert avec La Belle Mort que je n'avais pas trop apprécié mais dont j'avais pourtant repéré certaines influences qui me parlaient. Puis, il y a eu Adrastée qui était également assez intéressant par cet univers visuel mais qui souffrait d'un scénario un peu vide. Mais là, c'est tout bonnement extraordinaire. Que d'évolution en si peu de temps. Est-ce que c'est bien le même auteur ? Il semblerait et nous avons là l'un des meilleurs titres de science-fiction de ces dernières années. Bref, il a réussi une belle prouesse.
Je n'ai rien à redire de ce scénario très élaboré avec un beau message véhiculé. L'univers décrit est tout bonnement magnifique. Les questions qui sont posées ainsi que les thématiques sur l'avenir de l'humanité sont passionnantes et traitées de manière fort intelligente. On apprend des concepts assez subtils sur la nécessité du pouvoir et la soumission du peuple via une société de consommation.
Par contre, c'est un peu le graphisme qui pêche mais cela demeure très acceptable. Je n'aime pas réellement les traits géométriques de ces visages humains mais bon, ce n'est qu'une question de goût. Les décors sont quant à eux parfaitement réussis avec par exemple de beaux vaisseaux spatiaux. Des couleurs également splendides.
Un album hors-normes de 220 planches que j'ai grandement apprécié. C'est digne du film 2001, l'odyssée de l'espace. C'est une bd qui aurait grandement mérité d'être dans le prix des lecteurs 2016 mais bon.
Voici un album très difficile à analyser. Il est le fruit de la réflexion de son auteur, Bruno Duhamel, qui a voulu rendre un hommage tout particulier de Cesar Manrique sur l'île de Lanzarote. Il a voulu faire sienne l'histoire de cet artiste qui a intégré son île natale dans son oeuvre, une sorte de prospective à l'envers, tout en intégrant ses propres réflexions sur l'acte de création.
C'est donc un alter ego de Duhamel, de Manrique et d'autres artistes qui est le héros de ce Retour, un homme a l'ego démesuré, qui veut faire corps avec son île, jusqu'à renier sa famille, voire défigurer ladite île. La construction lente d'une folie, aux sens propre et figuré. Et puisque l'album s'ouvre sur sa mort, violente, nous avons en filigrane le processus ayant amené cette mort, intrinsèquement lié à l'ambition démesurée de Cristobal.
Très difficile donc de donner une lecture un tant soit peu éclairée, mais ce n'est pas un jugement négatif, tant l'oeuvre de Duhamel réclame d'attention. A ce titre, une deuxième, voire une troisième lecture peuvent être salvatrices.
Graphiquement l'auteur continue à creuser son sillon, avec cette précision impressionnante dans le trait, qui s'intègre de façon inattendu et lumineuse dans des décors grandioses, semi-désertiques et souvent contemplatifs. Le découpage est diversifié, entre gaufrier aux cases fusionnées, pleines pages (voire doubles pleines pages), tout en restant dans un classicisme réconfortant.
La couleur est utilisée avec beaucoup de tact, dans des ambiances marquant le passé, des monochromes sur les "figurants", c'est un vrai régal pour les yeux.
Une beauté formelle au servie d'une réflexion sur l'acte créateur. Une BD forte, complexe, belle.
Benoît Preteseille, cofondateur et animateur des éditions Warum, publie une œuvre originale, dans une relative discrétion, puisque chez de « petits » éditeurs, même si Cornélius lui a déjà offert plusieurs jolis albums. Ici chez les Suisses d’Atrabile, il poursuit son œuvre sur son sujet fétiche.
En effet, l’essentiel des albums de Preteseille tourne, plus ou moins directement, autour de Dada et surtout du surréalisme. Aussi n’est-il pas étonnant de le voir consacrer un album à celui qui, lui aussi relativement discrètement (même si son influence a été reconnue par les plus grands artistes du XXème siècle), par ses créations – voire leur absence – et sa personnalité, a exercé la plus grande influence sur l’art moderne : Marcel Duchamp.
Pour qui s’intéresse à Dada et au surréalisme, Duchamp est incontournable – Breton a d’ailleurs dit à maintes reprises la dette qu’il avait envers son ami, qui n’a jamais cessé de le surprendre. Figure souterraine de Dada, dynamiseur et dynamiteur de l’art moderne, mais aussi lien entre les artistes européens et les Etats-Unis (où il a séjourné durant les années 1910 et durant la Seconde guerre mondiale, fécondant les deux rives de l’Atlantique), Duchamp est aussi une énigme. Plus que ses ready-made – qui posent encore question au quidam, ou que ses chefs d’œuvre qui n’ont pas encore livré tout leur potentiel éruptif (la Mariée…), c’est aussi quelqu’un qui, très tôt, au fait de sa « gloire », s’est arrêté, s’est mis en retrait, pour se consacrer aux échecs (il était un très bon joueur !), même s’il a continué à organiser aux côtés d’André Breton les expositions internationales du surréalisme.
Voilà donc l’homme auquel Preteseille consacre cette biographie, avec son dessin habituel, une colorisation bicolore et quelque peu terne et une absence du gaufrier classique : ce dernier point fluidifiant finalement la lecture, qui pourrait peut-être paraître sèche l’accumulation de détails sur ce grand monsieur de l’art moderne, aussi modeste et drôle (son « double » « Rrose Sélavy » produisant des jeux de mots poétiques et hilarants que Desnos poursuivra). Le titre est en cela très fidèle à Duchamp, qui ne s’est jamais pris au sérieux, même s’il n’a jamais fait « n’importe quoi », comme certains le pensent faute de pouvoir accepter cette œuvre et cette personnalité hors du commun.
C’est quasiment exhaustif, très clair, et l’on sent bien toute l’empathie – pour ne pas parler d’amour – ressenti par l’auteur à propos de son sujet. Toute la connaissance aussi, car c’est plus que solide (une petite bibliographie en fin de volume permet d’aller plus loin si on le souhaite). A lire avec les entretiens de Cabanne, les textes de Breton ou de Suquet par exemple.
Je découvre cet auteur avec cet album, et j’en ressors enchanté ! J’en ai vraiment pris plein les yeux.
C’est un album avec un relativement grand format, totalement muet, excepté des titres de chapitre, incrustés comme en filigrane dans les paysages. Cela se lit donc rapidement, même si l’on passe beaucoup de temps à admirer les dessins, vraiment superbes et très fournis. Beaucoup de planches ressemblent à des vues au microscope, avec des micro-organismes, mais aussi à des peintures d’artistes naïfs, avec moult détails, un trait foisonnant, un dessin quasi médiumnique que j’ai vraiment beaucoup aimé.
Pour le reste, comme l’indique un peu le titre, et les divers sous titres des chapitres, Thierry Cheyrol se lance dans une vaste épopée lyrique – même si muette et somme toute modeste – de la création. De la planète Terre (mais aussi de son satellite, on part plusieurs fois dans l’espace), dans sa globalité, mais aussi avec l’apparition des divers éléments, le feu avec les volcans, l’eau source de vie, etc.
Cette cosmogonie qui part de la cellule et aboutit à l’univers, qui de la partie mène au tout, est franchement captivante. C’est du beau travail, et, même s’il faut être réceptif à ce genre d’œuvre, son originalité et la réussite de ce projet devrait pousser les plus curieux à franchir le pas : voilà bien une bien belle illustration de ce qu’est la vie sur Terre, à la fois fragile et explosive, massive et singulière, végétale, animal et minérale. Gaia vit, vibre et se métamorphose à l’infini, sous le trait inspiré de Cheyrol.
Chapeau bas monsieur Cheyrol, et merci encore à l’éditeur de permettre à ce genre d’album atypique de voir le jour, et de trouver ses lecteurs.
Je suis content d'avoir enfin pu lire au complet cette série qui m'intéressait depuis longtemps.
L'idée de base (des parasites prennent possession des humains) n'est pas nouvelle dans la fiction de science-fiction et d'horreur, mais ce n'est pas grave parce que le sujet est très bien maitrisé par l'auteur. J'adore le côté psychologique de l'oeuvre.
Les deux points forts du scénario selon moi c'est que l'auteur renouvelle bien la situation et qu'on n'a pas droit à la même chose encore et encore que les personnages agissent de manière cohérente. J'ai aussi ressenti beaucoup de tension durant ma lecture et je voulais absolument savoir ce qui allait arriver dans le chapitre suivant. Le seul défaut au final c'est que la fin n'est pas mauvaise, mais elle a l'air peu extraordinaire si on compare au climax qu'il y avait juste avant.
Fantomas est un très long feuilleton qui a enchanté les lecteurs du début du XXème siècle, et ce sur un large spectre allant du lectorat populaire à celui des avant-gardes (Breton adorait les films de Feuillade, Desnos en a tiré des poèmes, l’a adapté en feuilleton radiophonique, et on peut même penser que son personnage de Corsaire sanglot de « La liberté ou l’amour ! » s’en inspire).
C’est hélas – malgré quelques grimaces réussies de de Funès, uniquement la version nunuche des films de Hunebelle qui s’est imposée dans les mémoires des dernières générations (Jean Marais plombant de son mauvais jeu le personnage de Fandor).
Mais c’est clairement vers la verve, la folie et la liberté des romans d’Allain et Souvestre que lorgne le scénario d’Olivier Bocquet, et c’est tant mieux !
C’est en tout cas une bien belle réussite, avec une intrigue rythmée par la geste du prince du crime, qui se joue de la police et des valeurs de la société, ridiculisées par l’insolence de Fantômas.
Le dessin de Julie Rocheleau est surprenant, original. J’avoue avoir eu besoin d’un temps d’adaptation pour m’y faire, mais je le trouve totalement raccord avec le ton adopté par Bocquet. Et la colorisation est, elle aussi, tout à fait réussie.
La fin ouverte peut laisser envisager une suite. Mais ce triptyque se suffit à lui-même, et je vous en recommande chaudement lecture et achat.
Voilà une découverte faite en médiathèque qui me faisait de l’œil depuis un moment et que je ne suis pas mécontent d'avoir empruntée. C'est en fait pas loin d'être du tout bon. Nous sommes en terrain connu avec un premier tome très introductif mais qui pose bien le cadre de l'histoire avec des personnages charismatiques, très typés.
Des Orcs mais ceux-ci ne sont pas adeptes de la bonne grosse blagounette comme celles que l'on a pu voir ailleurs et que je trouvais un brin lourdingue. Ici le récit est fluide, compréhensif, bref on ne s'ennuie pas une seconde.
L'atout principal de l'histoire est à mon sens le dessin, extrêmement foisonnant, riche mais pas au point de perdre le lecteur, j'avoue avoir passé du temps sur les planches.
Pour ma part je crois que si l'occasion se présentait je ferais l'acquisition de cette série, plutôt bien fichue, divertissante et assez originale dans l'univers déjà riche de la Fantasy.
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Petite histoire des colonies françaises
Même si j’ai déjà avisé la quasi-totalité de leurs autres productions, c’est par le premier tome de cette série que j’avais découvert le travail de ce duo très complémentaire, qui codirige les éditions Flblb, chez qui ils ont produit quelques belles pépites. D’emblée, j’ai été captivé par leur travail, et je relis encore avec un très grand plaisir cette série, même si la surprise ne joue plus. Ma seule surprise en l'avisant est de voir le peu d'avis postés sur cette série, plus de dix ans après ses débuts ! Le principe – repris dans la plupart de leurs autres séries – est de mettre en perspective, en appui, le texte très corrosif et ironique de Grégory Jarry, avec le dessin minimaliste d’Otto T. Et cela fonctionne ! Sous couvert de nous conter, de manière badine, avec force second degré et tirades ironiques la colonisation, Grégory Jarry (qui s’est visiblement documenté) réalise un implacable réquisitoire contre cette même colonisation (ses justifications, ses méthodes, ses suites actuelles…), bien sûr, mais aussi contre son image, la propagande qui l’a idéalisée ou aseptisée : il joue des images d’Epinal, avec un ton faussement bonhomme, un narrateur (aux traits successifs de de Gaulle, de Mitterrand [et épisodiquement de leurs successeurs], tous les deux franchement décontractés et très cyniques) semblant nous faire des clins d’œil au milieu de sa présentation. Un texte engagé donc, mais absolument pas rébarbatif. D’abord parce que l’ironie domine, Jarry glissant pas mal d’anecdotes absurdes, du n’importe quoi assumé, au milieu de faits réels. Mais ensuite et surtout grâce aux dessins d’Otto T. Des personnages minimalistes donc, très souvent agités, nerveux, qui jouent des scénettes rigolotes, qui prennent tout leur sens en les confrontant au texte de Jarry (l’inverse est aussi vrai). Un travail en symbiose donc, très réussi, qui offre un bon moment de détente sérieuse, ou de déconne instructive, comme on veut. C’est en tout cas une série que je vous recommande très chaudement (allez voir ensuite les autres séries du duo !). Un travail déjà récompensé, qui a donné lieu à des expositions (à Angoulême je crois) et qui mérite vraiment le détour ! Une intégrale a plus récemment paru, mais je ne sais pas si ce format à l’italienne est adapté à un unique album d’une telle épaisseur.
Les Deux Vies de Baudouin
Fabien Toulmé, l'auteur de l'excellent Ce n'est pas toi que j'attendais remet le couvert avec un nouveau récit émouvant. Il est ici question de Baudouin un trentenaire enfermé dans la routine de son quotidien. Comme tellement de gens en fin de compte, il est prisonnier d'un boulot auquel il consacre beaucoup trop de temps, alors que celui-ci ne lui permet absolument pas de s'épanouir. Métro, boulot, dodo, factures. Il est proche de son frère, un baroudeur qui n'a de cesse de le pousser à prendre sa vie en main et de la vivre pleinement. Lorsqu'il découvre qu'il est atteint d'une maladie incurable, il va tout plaquer pour vivre ses rêves avant qu'il ne soit trop tard. Le personnage est bien trouvé, on s'identifie tellement facilement à lui. La relation avec son frère est elle aussi un élément important qui amène des sourires et une petite dose d'humour. Cela contrebalance bien avec les moments plus émouvants du récit. Tellement de gens vont se reconnaître dans la routine de Baudouin. Combien de personnes ne se plaisent pas dans leur job et se demandent régulièrement si le moment n'est pas venu de changer totalement de voie. Inévitablement cet album nous amène à nous poser des questions sur notre propre vie. Ce récit véhicule plein d'émotions, permet de s'interroger, de se remettre en question et douter un peu. Mais ce n'est pas un livre de philo, c'est beaucoup mieux. Tout ça s'accompagne d'une histoire qu'on suit avec grand intérêt et on ne voit pas passer les 270 pages. Et même si on s'attend à ce que l'histoire se conclue par une pirouette de ce genre, la fin fait quand même son petit effet. Un album qui vous touche, qui vous fait réfléchir sur la routine du quotidien, sur le sens de la vie, sur le bonheur, sur beaucoup de choses en fait. Une réussite sur toute la ligne.
Neska du clan du lierre
Après avoir découvert Kanopé de la même auteure, c'est avec curiosité que j'attendais la sortie de ce nouvel album. On change un peu de registre, tout en gardant en fil rouge ce goût pour la nature et les animaux. Ici point de monde post-apocalyptique où l'Amazonie est devenue sanctuaire, mais plutôt une histoire de fantasy où des créatures minuscules, regroupées en clans, essayent de vivre en harmonie avec la nature et les animaux qui les entourent et leur permettent de survivre. L'enlèvement de la mère de Neska, seule détentrice restante du secret permettant au clan de s'allouer les faveurs des escargots qui ont façonné le mode de vie de son clan va mettre celui-ci en grand péril... Avec son père et sa sœur, ils partent donc au Marché des Coccinelles pour essayer de trouver de l'aide ou une solution... Avec le premier tome de cette série, Louise Joor pose tranquillement les jalons d'une série qui semble bien foutue. C'est tout à la fois frais et riche en rebondissements, servi sur un univers fourmillant mais bien pensé qui n'appelle qu'une chose : partir à sa découverte. Et c'est ce qui nous est proposé en suivant les pieds espiègles et innocents de la jeune Neska. Le dessin sied quant à lui parfaitement à cette série jeunesse ; tout en ligne claire, rehaussé de couleurs très "nature", tout concorde à cette petite harmonie naturelle que cherche à faire transpirer l'auteure, tant dans son récit que graphiquement. Et cela fonctionne plus que bien ! J'ai vraiment été séduit par ce premier tome, et j'avoue attendre la suite avec une certaine impatience. *** Tome 2 *** C'est avec plaisir que j'ai replongé dans ce petit univers singulier que nous a concocté Louise Joor. Car, même pour l'adulte que je suis, j'ai apprécié la subtilité et la sensibilité qui transparaissent dans ces deux tomes. Ce deuxième opus nous plonge dans une histoire initiatique où Neska et certains des personnages que nous avons déjà croisés dans le premier vont devoir s'affronter pour désigner la prochaine voix et la personne qui guidera les clans jusqu'au prochain rituel. Même si tout ça n'est pas d'une fulgurante originalité, c'est l'efficacité et la fluidité du récit allié à cette sensibilité qui font les qualités de cette série. J'attends donc de voir où tout cela nous mènera, et je maintiens ma note à 4 en attendant la suite/fin de ces aventures.
Shangri-La
Je me demande ce qui s'est passé avec cet auteur. Je l'ai découvert avec La Belle Mort que je n'avais pas trop apprécié mais dont j'avais pourtant repéré certaines influences qui me parlaient. Puis, il y a eu Adrastée qui était également assez intéressant par cet univers visuel mais qui souffrait d'un scénario un peu vide. Mais là, c'est tout bonnement extraordinaire. Que d'évolution en si peu de temps. Est-ce que c'est bien le même auteur ? Il semblerait et nous avons là l'un des meilleurs titres de science-fiction de ces dernières années. Bref, il a réussi une belle prouesse. Je n'ai rien à redire de ce scénario très élaboré avec un beau message véhiculé. L'univers décrit est tout bonnement magnifique. Les questions qui sont posées ainsi que les thématiques sur l'avenir de l'humanité sont passionnantes et traitées de manière fort intelligente. On apprend des concepts assez subtils sur la nécessité du pouvoir et la soumission du peuple via une société de consommation. Par contre, c'est un peu le graphisme qui pêche mais cela demeure très acceptable. Je n'aime pas réellement les traits géométriques de ces visages humains mais bon, ce n'est qu'une question de goût. Les décors sont quant à eux parfaitement réussis avec par exemple de beaux vaisseaux spatiaux. Des couleurs également splendides. Un album hors-normes de 220 planches que j'ai grandement apprécié. C'est digne du film 2001, l'odyssée de l'espace. C'est une bd qui aurait grandement mérité d'être dans le prix des lecteurs 2016 mais bon.
Le Retour
Voici un album très difficile à analyser. Il est le fruit de la réflexion de son auteur, Bruno Duhamel, qui a voulu rendre un hommage tout particulier de Cesar Manrique sur l'île de Lanzarote. Il a voulu faire sienne l'histoire de cet artiste qui a intégré son île natale dans son oeuvre, une sorte de prospective à l'envers, tout en intégrant ses propres réflexions sur l'acte de création. C'est donc un alter ego de Duhamel, de Manrique et d'autres artistes qui est le héros de ce Retour, un homme a l'ego démesuré, qui veut faire corps avec son île, jusqu'à renier sa famille, voire défigurer ladite île. La construction lente d'une folie, aux sens propre et figuré. Et puisque l'album s'ouvre sur sa mort, violente, nous avons en filigrane le processus ayant amené cette mort, intrinsèquement lié à l'ambition démesurée de Cristobal. Très difficile donc de donner une lecture un tant soit peu éclairée, mais ce n'est pas un jugement négatif, tant l'oeuvre de Duhamel réclame d'attention. A ce titre, une deuxième, voire une troisième lecture peuvent être salvatrices. Graphiquement l'auteur continue à creuser son sillon, avec cette précision impressionnante dans le trait, qui s'intègre de façon inattendu et lumineuse dans des décors grandioses, semi-désertiques et souvent contemplatifs. Le découpage est diversifié, entre gaufrier aux cases fusionnées, pleines pages (voire doubles pleines pages), tout en restant dans un classicisme réconfortant. La couleur est utilisée avec beaucoup de tact, dans des ambiances marquant le passé, des monochromes sur les "figurants", c'est un vrai régal pour les yeux. Une beauté formelle au servie d'une réflexion sur l'acte créateur. Une BD forte, complexe, belle.
Duchamp Marcel, quincaillerie
Benoît Preteseille, cofondateur et animateur des éditions Warum, publie une œuvre originale, dans une relative discrétion, puisque chez de « petits » éditeurs, même si Cornélius lui a déjà offert plusieurs jolis albums. Ici chez les Suisses d’Atrabile, il poursuit son œuvre sur son sujet fétiche. En effet, l’essentiel des albums de Preteseille tourne, plus ou moins directement, autour de Dada et surtout du surréalisme. Aussi n’est-il pas étonnant de le voir consacrer un album à celui qui, lui aussi relativement discrètement (même si son influence a été reconnue par les plus grands artistes du XXème siècle), par ses créations – voire leur absence – et sa personnalité, a exercé la plus grande influence sur l’art moderne : Marcel Duchamp. Pour qui s’intéresse à Dada et au surréalisme, Duchamp est incontournable – Breton a d’ailleurs dit à maintes reprises la dette qu’il avait envers son ami, qui n’a jamais cessé de le surprendre. Figure souterraine de Dada, dynamiseur et dynamiteur de l’art moderne, mais aussi lien entre les artistes européens et les Etats-Unis (où il a séjourné durant les années 1910 et durant la Seconde guerre mondiale, fécondant les deux rives de l’Atlantique), Duchamp est aussi une énigme. Plus que ses ready-made – qui posent encore question au quidam, ou que ses chefs d’œuvre qui n’ont pas encore livré tout leur potentiel éruptif (la Mariée…), c’est aussi quelqu’un qui, très tôt, au fait de sa « gloire », s’est arrêté, s’est mis en retrait, pour se consacrer aux échecs (il était un très bon joueur !), même s’il a continué à organiser aux côtés d’André Breton les expositions internationales du surréalisme. Voilà donc l’homme auquel Preteseille consacre cette biographie, avec son dessin habituel, une colorisation bicolore et quelque peu terne et une absence du gaufrier classique : ce dernier point fluidifiant finalement la lecture, qui pourrait peut-être paraître sèche l’accumulation de détails sur ce grand monsieur de l’art moderne, aussi modeste et drôle (son « double » « Rrose Sélavy » produisant des jeux de mots poétiques et hilarants que Desnos poursuivra). Le titre est en cela très fidèle à Duchamp, qui ne s’est jamais pris au sérieux, même s’il n’a jamais fait « n’importe quoi », comme certains le pensent faute de pouvoir accepter cette œuvre et cette personnalité hors du commun. C’est quasiment exhaustif, très clair, et l’on sent bien toute l’empathie – pour ne pas parler d’amour – ressenti par l’auteur à propos de son sujet. Toute la connaissance aussi, car c’est plus que solide (une petite bibliographie en fin de volume permet d’aller plus loin si on le souhaite). A lire avec les entretiens de Cabanne, les textes de Breton ou de Suquet par exemple.
Gaia
Je découvre cet auteur avec cet album, et j’en ressors enchanté ! J’en ai vraiment pris plein les yeux. C’est un album avec un relativement grand format, totalement muet, excepté des titres de chapitre, incrustés comme en filigrane dans les paysages. Cela se lit donc rapidement, même si l’on passe beaucoup de temps à admirer les dessins, vraiment superbes et très fournis. Beaucoup de planches ressemblent à des vues au microscope, avec des micro-organismes, mais aussi à des peintures d’artistes naïfs, avec moult détails, un trait foisonnant, un dessin quasi médiumnique que j’ai vraiment beaucoup aimé. Pour le reste, comme l’indique un peu le titre, et les divers sous titres des chapitres, Thierry Cheyrol se lance dans une vaste épopée lyrique – même si muette et somme toute modeste – de la création. De la planète Terre (mais aussi de son satellite, on part plusieurs fois dans l’espace), dans sa globalité, mais aussi avec l’apparition des divers éléments, le feu avec les volcans, l’eau source de vie, etc. Cette cosmogonie qui part de la cellule et aboutit à l’univers, qui de la partie mène au tout, est franchement captivante. C’est du beau travail, et, même s’il faut être réceptif à ce genre d’œuvre, son originalité et la réussite de ce projet devrait pousser les plus curieux à franchir le pas : voilà bien une bien belle illustration de ce qu’est la vie sur Terre, à la fois fragile et explosive, massive et singulière, végétale, animal et minérale. Gaia vit, vibre et se métamorphose à l’infini, sous le trait inspiré de Cheyrol. Chapeau bas monsieur Cheyrol, et merci encore à l’éditeur de permettre à ce genre d’album atypique de voir le jour, et de trouver ses lecteurs.
Parasite
Je suis content d'avoir enfin pu lire au complet cette série qui m'intéressait depuis longtemps. L'idée de base (des parasites prennent possession des humains) n'est pas nouvelle dans la fiction de science-fiction et d'horreur, mais ce n'est pas grave parce que le sujet est très bien maitrisé par l'auteur. J'adore le côté psychologique de l'oeuvre. Les deux points forts du scénario selon moi c'est que l'auteur renouvelle bien la situation et qu'on n'a pas droit à la même chose encore et encore que les personnages agissent de manière cohérente. J'ai aussi ressenti beaucoup de tension durant ma lecture et je voulais absolument savoir ce qui allait arriver dans le chapitre suivant. Le seul défaut au final c'est que la fin n'est pas mauvaise, mais elle a l'air peu extraordinaire si on compare au climax qu'il y avait juste avant.
La Colère de Fantômas
Fantomas est un très long feuilleton qui a enchanté les lecteurs du début du XXème siècle, et ce sur un large spectre allant du lectorat populaire à celui des avant-gardes (Breton adorait les films de Feuillade, Desnos en a tiré des poèmes, l’a adapté en feuilleton radiophonique, et on peut même penser que son personnage de Corsaire sanglot de « La liberté ou l’amour ! » s’en inspire). C’est hélas – malgré quelques grimaces réussies de de Funès, uniquement la version nunuche des films de Hunebelle qui s’est imposée dans les mémoires des dernières générations (Jean Marais plombant de son mauvais jeu le personnage de Fandor). Mais c’est clairement vers la verve, la folie et la liberté des romans d’Allain et Souvestre que lorgne le scénario d’Olivier Bocquet, et c’est tant mieux ! C’est en tout cas une bien belle réussite, avec une intrigue rythmée par la geste du prince du crime, qui se joue de la police et des valeurs de la société, ridiculisées par l’insolence de Fantômas. Le dessin de Julie Rocheleau est surprenant, original. J’avoue avoir eu besoin d’un temps d’adaptation pour m’y faire, mais je le trouve totalement raccord avec le ton adopté par Bocquet. Et la colorisation est, elle aussi, tout à fait réussie. La fin ouverte peut laisser envisager une suite. Mais ce triptyque se suffit à lui-même, et je vous en recommande chaudement lecture et achat.
Mercenaires
Voilà une découverte faite en médiathèque qui me faisait de l’œil depuis un moment et que je ne suis pas mécontent d'avoir empruntée. C'est en fait pas loin d'être du tout bon. Nous sommes en terrain connu avec un premier tome très introductif mais qui pose bien le cadre de l'histoire avec des personnages charismatiques, très typés. Des Orcs mais ceux-ci ne sont pas adeptes de la bonne grosse blagounette comme celles que l'on a pu voir ailleurs et que je trouvais un brin lourdingue. Ici le récit est fluide, compréhensif, bref on ne s'ennuie pas une seconde. L'atout principal de l'histoire est à mon sens le dessin, extrêmement foisonnant, riche mais pas au point de perdre le lecteur, j'avoue avoir passé du temps sur les planches. Pour ma part je crois que si l'occasion se présentait je ferais l'acquisition de cette série, plutôt bien fichue, divertissante et assez originale dans l'univers déjà riche de la Fantasy.