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Couverture de la série Murena
Murena

Je n’ai pas toujours été convaincu par les productions de Dufaux – loin s’en faut ! –, mais là, je dois dire que c’est plutôt une réussite. L’histoire romaine a déjà donné de l’inspiration à de nombreux scénaristes, qui se concentrent généralement sur le tournant entre la République et l’Empire. Si l’on met de côté Astérix, qui ne prétend pas à la crédibilité historique (en faisant par exemple de Jules César un empereur), la plupart des séries ont cherché à maintenir un verni historique pour enjoliver les libertés prises par les scénaristes avec la réalité. Bien souvent c’est bancal et la mayonnaise n’a pas pris. Ici, bien au contraire, je trouve que le travail de Dufaux est équilibré. Il a cherché à « respecter » une trame historique, jusque dans certains détails (expressions, mœurs, personnages, événements), ce que confirme la courte bibliographie (allant du relativement érudit à la grande vulgarisation) qui clôt chacun des albums. C’est plutôt bien fait, mais en plus, cela ne nuit pas à la fluidité d’une intrigue vraiment bien fichue, centrée autour de Néron (il faut dire que les premiers empereurs romains, leur entourage et leurs mœurs offrent aux scénaristes un terrain de jeu fourmillant de possibilités). La grande et les petites histoires sont ici habillement mêlées, avec le personnage de Lucius Murena comme fil rouge et catalyseur d’intrigues entremêlées. Du classique, mais bien fichu donc, une aventure que je vous recommande. Peut-être une légère baisse de régime dans le neuvième tome, mais je fais confiance à Dufaux pour relancer l’aventure après l’incendie de Rome et les persécutions contre les chrétiens. Si la lecture est aussi plaisante, captivante, c’est aussi que le dessin de Delaby est vraiment très bon. Très réaliste, il réussit tous ses personnages, leurs expressions, voire leur évolution (Murena par exemple). Et il croque de belles femmes, Dufaux agrémentant les albums de quelques scènes érotiques – justifiées et non pas simples prétextes – qui font d’Eros un bon complément de Thanatos, très présent dans cette série. Une série très recommandable donc, en tout cas une belle réussite du genre historique. J’espère que la suite se haussera au niveau des deux premiers cycles (même si je m’interroge sur le temps qui passe depuis le premier album du troisième cycle ?).

22/02/2017 (modifier)
Couverture de la série Le Désespoir du Singe
Le Désespoir du Singe

Voilà une série qui procure de chouettes moments de lecture, et que je ne peux que vous recommander. D’abord parce que le dessin d’Alfred, très moderne, et bien accompagné par une colorisation elle aussi réussie, est tout à fait raccord avec cette histoire d’aventures (politiques et/ou amoureuses). Ensuite parce que cette histoire justement, est rapidement captivante – même si la trame n’est pas toujours originale. On y retrouve (surtout dans les deux derniers tomes) un peu du roman de Pasternak « Le docteur Jivago » (les passages enneigés, l’histoire d’amour au milieu d’une révolution, et cet officier implacable circulant en train spécial et, plus généralement, ce beau et triste lyrisme). L’histoire nous décrit une dictature aux prises avec une menace révolutionnaire. Rien n’est précisément situé, que ce soit au niveau chronologique (le XXème siècle ?) ou géographique : des noms à consonance magyare nous rattachent à l’Europe de l’est ou du centre ? Enfin, l’histoire de cette mer intérieure, asséchée par une dictature imbécile la sacrifiant aux productions agricoles n’est pas sans rappeler la mort de la mer d’Aral : là aussi on en revient à l’URSS ? Une belle série d’aventure, des histoires d’amour (qui, comme on le sait, finissent mal, en général) : une belle réussite en tout cas !

22/02/2017 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série John Bost - Un précurseur
John Bost - Un précurseur

Cet album permet de découvrir toute une période de l’Histoire française, et en particulier la fondation des asiles de Laforce. « Pionnier de l’action sociale, John Bost créa au XIXe siècle l’un des premiers centres d’accueil des défavorisés de tous âges, qu’ils soient orphelins, simples d’esprits, épileptiques… » On découvre au travers de cette biographie détaillée la vie du personnage, la création des asiles, mais aussi le contexte politico-religieux compliqué de l’époque. Le contenu est vraiment intéressant, l’auteur s’est clairement documenté. La mise en image de Bruno Loth, auteur de plusieurs ouvrages chez le même éditeur, est parfaitement adaptée au récit, et la narration reste fluide malgré un propos un peu académique et des textes assez présents. Un album à réserver aux amateurs d’Histoire française, qui m’a beaucoup intéressé.

21/02/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série La Tristesse de l'éléphant
La Tristesse de l'éléphant

C’est le genre de bd que je n’aurais pas forcément lu car ce n’est pas trop mon style au premier abord. C’est là que ce site est toujours aussi intéressant car il nous fait découvrir des titres divers loin de la zone de confort. Bien m’en a pris car cette oeuvre est une véritable pépite. J’ai adoré cette lecture forte émouvante. Pourtant, c’est une histoire triste comme son titre l’indique. On est tout de suite touché par ce qui arrive à ce garçon orphelin prénommé Louis. On a presque tous vécu cela quand on est trop petit ou trop gros ou encore trop intelligent. La norme et la cruauté sont sans égale. Il n’y a point de compassion ou de solidarité. C’est ainsi en ce monde. Cependant, l’amour ne s’arrête pas au physique et c’est là que cela devient intéressant. Pour autant, quand on connait le bonheur, il peut être de courte durée. On peut être également toujours rattrapé par la méchanceté des autres. Au niveau du dessin, j’ai été séduit par la douceur du trait qui va à merveille avec ce type de récit. L’univers du cirque est bien retranscrit. J’ai bien aimé également les quelques touches de couleurs. Et dire que c’est la première œuvre de ces deux nouveaux auteurs ! Bravo car c’est magnifique ! Pour tout dire, ce n’est point une lecture dite revitalisante. Cependant, c’est aussi cela la vie et non un long fleuve tranquille.

21/02/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Fables - 1001 Nuits de Neige
Fables - 1001 Nuits de Neige

D'abord la couverture franchement magnifique de cet album dérivé de la série Fables. La série mère est une sorte de tuerie qui s'amuse de manière iconoclaste à casser les codes de ce que les contes de notre enfance nous ont appris. Les différentes histoires qui nous sont contées ici reprennent la classique trame des "1001 nuits" ou Blanche neige reprend allègrement le flambeau de la belle Shéhérazade. Sans doute moins jubilatoire que le Fables originel ces histoires se tiennent plutôt bien et il est fort plaisant de retrouver certains des personnages aperçus dans la série d'origine. Forcément plusieurs dessinateurs prêtent leurs concours à ces récits et en fonction des goûts et des couleurs de chacun des lecteurs certains trouverons plus grâce à leurs yeux que d'autres. Personnellement j'ai bien aimé ces différents apports avec une mention spéciale au dessin de James Jean également auteur de la couverture dont je parlais plus haut. Dernier point, il me semble qu'avant de lire cet opus, la lecture de la série d'origine permet une meilleure compréhension des choses.

20/02/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Little Joséphine
Little Joséphine

Le dévouement de cette infirmière à domicile pour sa patiente Joséphine m’a beaucoup touché. Je me disais que si toutes les infirmières travaillaient comme cela, le monde irait certainement beaucoup mieux. Je ne souhaite à personne d’être dans un hôpital car avec ce que j’ai déjà vu, cela donne envie de fuir. Ce n’est pourtant pas un métier très facile avec toujours peu de moyens et surtout de reconnaissance. La récente lettre d’une infirmière en colère contre un homme politique se disant très vertueux a d’ailleurs fait le buzz sur internet. C’est clair que des personnes qui ne travaillent pas vraiment peuvent toucher des sommes faramineuses tout en nous faisant la leçon. A côté de cela, on a la petite infirmière à moins de 1750€ et qui donne ses heures sans compter. Triste pays. J’ai également eu beaucoup de compassion pour cette vieille femme qui avait une identité, une vie, une profession et qui se perd dans une terrible maladie qui enlève nos plus chers souvenirs. C’est également grave de voir que les cas se comptent par centaines de milliers (presque le million). On arrive grâce au dessin et à la mise en page à s’identifier à ce qu’elle peut ressentir. C’est triste et sombre à la fois. L’épisode avec la tutrice est d’ailleurs assez symptomatique. Cette œuvre se situe alors avec ces deux points de vue : celle d’une infirmière engagée qui essayent d’aider et celle de cette octogénaire atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le message passe bien. Cette œuvre est traitée de telle manière à ce qu’on puisse véritablement ressentir ce qui ne va pas. J’ai bien aimé également la démarche que d’avoir le même langage que la patiente. C’est une approche toujours très intéressante. La fin est intense, poignante et bouleversante. On en ressort totalement vidé. Cependant, Little Joséphine est une lecture à faire car j’ai été touché par sa sensibilité ainsi que par sa justesse.

20/02/2017 (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Neska du clan du lierre
Neska du clan du lierre

Voilà longtemps que je n'avais pas eu un tel coup de coeur pour une série ! Au point d'avoir embarqué les deux tomes sur un rayonnage de ma librairie préférée après en avoir seulement feuilleté quelques pages et sans en avoir jamais entendu parler auparavant. Tout est réussi dans cette série dont je ne connaissais même pas l'auteur. Mais Louise Joor a les qualités des plus grands. Son histoire est remarquablement écrite et prenante, construite avec rigueur et intelligence, sans temps morts. On devine une vaste histoire et de grands mystères derrière le récit à hauteur de personnages qui occupe chaque album. Louise Joor a d'ailleurs reussi à créer un monde très original, où les deux-pattes, des humains d'1 cm de haut voisinent avec les insectes et les escargots. Huit clans se partagent ce monde et ne se rencontrent qu'au marché des coccinelles, lieu d'echanges, de rencontres, de retrouvailles autour des spectacles qui rappellent les traditions partagées mais aussi lieu de jalousies, de trahisons, de négociations secrètes... Ce marché des coccinelles est la grande réussite du premier tome. Mais d'où viennent les deux-pattes ? Les légendes sur leurs origines, racontées par le clan du papillon, ont-elles un fond de vérité ? Pourquoi les vieux récits parlent-ils des Immenses, ces humains d'une taille gigantesque par rapport aux deux-pattes ? Pourquoi tout le monde croit-il sûils ont disparu ? Et pourquoi alors Neska en a-t-elle vu un, qui a enlevé sa maman ? Le personnage de Neska, adolescente enthousiaste et courageuse mais qui se cherche encore, est une très jolie héroïne, attachante surtout pour les lecteurs préado, qui s'identifient immédiatement. Les autres personnages, les parents de Neska, sa sœur, les autres clans... sont tout aussi bien campés et sympathiques. Tout cet univers est servi par un dessin ligne claire soigné et précis, qui fait une large part à des décors de qualité, une gageure pour une histoire à hauteur de brin d'herbe ! La colorisation est claire et lisible, les dialogues naturels et limpides. Tous ces atouts réunis font de Neska du clan du lierre une lecture idéale pour des lecteurs de 8 à 16 ans environ.

20/02/2017 (modifier)
Couverture de la série Don Quichotte (Rob Davis)
Don Quichotte (Rob Davis)

Je n’ai jamais lu l’œuvre de Cervantès, mais j’en connais – comme presque tout le monde – les grandes lignes. Mais il me semble que même si – ce qui semble être le cas d’après la préface – Davis n’a pas trahi cette œuvre, il n’est pas nécessaire de bien la connaître pour apprécier ce diptyque. En effet, Rob Davis en a fait une histoire truculente, pleine de poésie, de folie douce, avec un personnage insensible au regard des autres, qui va au-delà de ses rêves, que des lectures ont alimentés. Les passages loufoques alternent avec des moments plus intimistes, lorsque Don Quichotte et Sancho élaborent des plans sur la comète. La narration est excellente – avec des commentaires en voix off ironiques. Quelques passages (vers la fin du premier tome) flirtent avec le théâtre de boulevard à la Guitry. Dans le second tome, une mise en abîme voit les personnages commenter le premier tome, ceci ajoutant à l’effet comique de ces aventures picaresques. Le dessin est très bon, parfaitement raccord avec le ton brinqueballant de l’intrigue et avec les personnages ubuesques (Ubu me semble très proche de Quichotte finalement). Et la colorisation est elle aussi originale et très sympa. La maquette des éditions Warum est très belle (je déplore quand même une dizaine de coquilles – essentiellement dans le second tome). Bref, une courte série que je vous encourage vraiment à découvrir !

19/02/2017 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Je veux réussir.com
Je veux réussir.com

C'est une lecture idéale lorsque l'on souhaite entreprendre et créer sa propre boîte. Il y aura les moments d'euphorie lors de la signature des premiers contrats mais également la douche froide quand viendront les premières difficultés. Avec l'émergence d'internet, beaucoup de jeunes ont crée leurs propres starts-up qui ont malheureusement explosé à l'aube des années 2000. Ce fut la fameuse bulle d'internet qui a explosé avec la chute du NASDAQ. La construction de cette bd est une marche en arrière en partant de l'échec et de la ruine d'une entreprise (Teknoland) ayant embauché jusqu'à 600 personnes au meilleur moment de sa courte croissance. C'est jamais très agréable de se retrouver totalement ruiné et à la merci de banquiers prêts à vous envoyer par la case prison si vous ne remboursez pas. A chaque chapitre supplémentaire, on aura droit à une pièce de ce puzzle qu'il faut reconstituer. C'est traité avec une certaine intelligence et facilement compréhensible pour le non initié. A noter cependant quelques erreurs au niveau de la datation en arrière car la traduction s'est un peu mêlé les pinceaux. En outre, les auteurs sont espagnols ce qui donne un regard intéressant. En effet, le scénariste est un célèbre entrepreneur qui a enfin connu la gloire avec une autre entreprise quelques années plus tard. Il nous conte ici son expérience personnelle qui peut servir à d'autres car c'est un peu la même galère pour beaucoup d'entrepreneurs. C'est bien de lire une oeuvre autobiographique de gens qui essayent de se battre pour créer de l'activité et de l'emploi sans attendre des aides ou de la compassion sociale. C'est clair que ce n'est pas un parcours très facile et qu'il y aura des déconvenues mais c'est cet esprit gagneur que j'aime par dessus tout. La fortune ne sourit pas toujours aux audacieux mais il faut essayer et qui sait ? Il y a toujours une note d'espoir.

19/02/2017 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Anniversaire de Kim Jong-Il
L'Anniversaire de Kim Jong-Il

Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre, cette bande dessinée n’est pas vraiment consacrée au dictateur nord-coréen, se contentant de le placer en filigrane, telle une ombre sinistre planant sur chaque citoyen. Le scénariste Aurélien Ducoudray s’est plutôt attaché à décrire la vie d’un enfant ordinaire, en se basant sur les témoignages écrits de rescapés des abominables camps de redressement nord-coréens, qui n’ont rien à envier aux camps nazis de la Seconde guerre mondiale. Très fluide, l’histoire commence presque comme un ouvrage de propagande où seule l’ironie sous-jacente empêche de croire totalement aux bienfaits du régime, pour basculer progressivement vers l’effroi et finir dans l’horreur. Le dessin de Mélanie Allag, qui a beaucoup travaillé dans l’illustration jeunesse, est en parfaite adéquation avec l’esprit du livre. Le récit à la première personne se lit non seulement avec les mots du jeune Jun Sang mais également à travers ses yeux. Au début, le garçonnet vénère sans conditions le dictateur par le biais du héros national, une sorte de Captain America nord-coréen, jusqu'à que les premières failles apparaissent dans cette réalité artificielle, trop « belle » pour être vraie. Suivant le fil scénaristique et le regard de Jun Sang, les couleurs, vives et fraîches au début, perdent peu à peu leur éclat pour finalement virer au noir et blanc. De même, les visages se creusent lentement sous l’effet de la malnutrition et de la pénurie alimentaire, après que les parents du garçon aient perdu leur emploi dans les usines locales. Le style graphique, en apparence enfantin, vient apporter au récit une touche de légèreté et candeur, qui par un effet de contraste saisissant, fait ressortir toute la cruauté du régime de Kim Jong-il. « L’Anniversaire de Kim Jong-il » est une des très bonnes surprises éditoriales de l’année 2016, rappelant l’ouvrage de Guy Delisle, Pyongyang, différent dans son traitement mais tout aussi édifiant à travers les faits relatés sur ce pays figé dans une époque révolue. Une situation qui ne semble pas à la veille de changer, au vu de l’attitude du terrifiant « Kim Jong Junior » - dont le visage s’apparente à celui d’un gros bébé capricieux grandi trop vite -, et des actualités qui nous proviennent régulièrement de ce coin de l’Asie. A noter la réussite de la couverture, représentant le portrait-puzzle du dictateur composé de panneaux soutenus par des enfants, un dictateur dont le sourire est brisé par le jeune Jun Sang, curieux de voir ce qu’il y a derrière son « panneau-prison »…

18/02/2017 (modifier)