Des mêmes auteurs, j'avais lu Julio Popper, le dernier roi de Terre de Feu, intéressant récit inspiré de la vie d'un authentique explorateur-aventurier-utopiste du XIXe siècle. Intéressant, mais un peu frustrant, comme tout biopic dont les auteurs hésitent entre souffle romanesque et respect de la vérité historique.
Pour Le Travailleur de la nuit, Matz s'inspire derechef d'un personnage réel, Alexandre Marius Jacob, anarchiste, cambrioleur, humaniste, survivant du bagne… Il a inspiré à Maurice Leblanc son Arsène Lupin, mais la vie de Jacob est en elle-même un roman.
J'ai trouvé ce personnage très attachant. Victime de la société injuste et corrompue de la Belle Époque, dans laquelle un individu de classe inférieure ne peut que se soumettre et supporter la morgue des puissants, il essaie dès son plus jeune âge de donner un sens à sa vie. Arrivé à l'âge adulte, il choisit la voie de la « reprise individuelle » pour vivre et corriger (un peu) les injustices sociales dont il est témoin.
Intelligent et non dénué d'humour, il fonde la bande des « Travailleurs de la Nuit », qui ne s'attaque qu'aux profiteurs, refuse la violence gratuite, signe ses forfaits de petits mots signés « Attila » et distribue le produit de ses larcins. Gentil, attentionné avec ses femmes, aimant sa mère, respectant les gens du commun, il passe plus de temps au bagne qu'à jouer les Robin-des-Bois, pour finir ses jours avec un grand panache.
Servi par le dessin subtil de Léonard Chemineau, ce nouveau récit d'une vie hors du commun fait mouche. Un témoignage de l'esprit d'une époque et une belle leçon de vie, que l'on partage ou non la vision de la société du héros…
(Avertissement : j'accorde toujours plus d'importance au scénario qu'au dessin)
Un polar sombre, au dessin naïf en noir & blanc, dont les grosses têtes des personnages auraient pu nous faire croire à une caricature de récit et nous faire décrocher du sérieux voulu par ce one-shot. Il n'en est rien, l'attention nécessaire à la lecture de cette histoire n'est nullement altérée par cette originalité graphique, presqu'au contraire puisque l'auteur a ainsi la place pour faire prendre des mimiques parfois troublantes à ses visages. On se plonge donc résolument dans le scénario. Car c'est bien d'un plongeon qu'il s'agit, dans les eaux glauques des psychologies tordues et perverses. Et lorsque Norma, notre héroïne finalement obstinée et courageuse, ressortira la tête de ce bouillon de culture, elle ne sera plus la même.
Une mauvaise rencontre et votre vie bascule !
Tout n'est pas bien qui finit bien !
Cette BD m'a vraiment plu.
15 / 20
Cette courte critique (que j'étofferai plus tard) repose sur la lecture de 15 tomes (les anglophones ont de l'avance sur nous).
En somme, voilà un très bon récit à la 'Walking Dead', mais sans les défauts de celui-ci.
Ici nous avons un fil conducteur et une évolution intéressante sur le long terme, des histoires parallèles qui finissent par converger, des créatures originales et mystérieuses qui se dévoilent petit à petit.
Comme d'habitude chez cet auteur, le personnage principal est un anti-héros réalistiquement dépeint qui se démène pour survivre et sortir de sa condition de looser. Il y a une grande part autobiographique dans l’œuvre de ce mangaka, d'où des personnages à la psychologie et aux réactions particulièrement réalistes.
EDIT : la série s'est terminée depuis peu et la fin... laisse sur sa faim. On aurait aimé en savoir plus sur ces mystérieux zombies, sur leur origine et leur devenir final (mais on a des indices). Je laisse quand même ma note d'origine car « l’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même ».
A lire aussi du même auteur : l'excellent Ressentiment.
FA-BU-LEUX ! C'est certainement une de mes meilleures lectures de voyages dans le temps, à ce rythme là les auteurs peuvent bien publier cent tomes, je suis preneuse ! Non seulement l’histoire est captivante mais elle est aussi complète à tous les niveaux, c’est avant tout de la science fiction évidemment mais on est aussi bien servi en aventure, humour, originalité, histoire ainsi qu’en drame et légèreté, que demander de plus ? Les personnages sont hyper intéressants et attachants surtout Bloch le principal une tuerie à lui tout seul. Je ne trouve à cette série aucun défaut c’en est presque agaçant.
Le dessin est tout aussi parfait, au début j’aurais aimé moins de pages et plus de décors mais au final non c’est très bien comme ça. J’aime tout, le trait, les couleurs agréables et chaudes, les expressions des personnages, encore rien à redire.
C’est rare mais même si la série n’est pas finie je lui accorde d’emblée le 5/5 ET le coup de coeur.
Vivement la suite.
Voilà une série quelque peu surprenante. Je l’ai empruntée en médiathèque, au rayon jeunesse, mais je ne sais pas si le lectorat visé est si jeune que ça.
En effet, si le dessin semble proche de celui du dessin animé « La famille pirate », il s’en écarte un peu, en particulier pour certaines trognes de l’équipage. Mais c’est surtout l’humour utilisé qui n’en fait pas un album jeunesse. En effet, il y a une avalanche de jeux de mots (le premier tome en déborde, mais les autres n’en sont pas non plus avares), plus ou moins subtils, mais qui échappent certainement pour beaucoup à nos chers bambins.
Alors, c’est sûr, au bout d’un moment, la surprise ne joue plus, cela peut être lassant, mais ça se lit quand même agréablement, avec une intrigue squelettique, juste bonne à permettre de placer ces jeux de mots, avec un capitaine énigmatique et loufoque au milieu d’un équipage improbable.
J’ai lu les quatre premiers tomes. Les deux premiers sont très sympas, les deux suivants sont un peu en deçà, sans doute moins créatifs, je ne sais pas (même si certains jeux de mots ou situations font encore mouche).
Série à découvrir.
Je lis le Monde diplomatique depuis près de vingt-cinq ans, et ai lu un bon nombre des publications d’Attac. C’est dire si je suis familier des références utilisées par Squarzoni (Ramonet, Halimi, Chomsky, etc), et si je les apprécie. Et si je suis d’accord avec les constats simples qu’il développe dans ce diptyque – qui l’a fait connaître du grand public.
Si la construction des deux albums peut sembler parfois brouillonne et partir dans tous les sens, les pièces du puzzle se mettent rapidement en place, et l’on suit alors une mise à jour de cette mondialisation néolibérale responsable d’une grande partie des maux qu’elle prétend pourtant combattre – avec l’aide de médias et de politiques complaisants, voire complices.
S’il faudrait réactualiser certains chiffres – les albums datent du début des années 2000, ce ne serait hélas que pour poursuivre les mêmes courbes, pour creuser encore davantage les inégalités, et dénoncer les mêmes scandales – seuls certains noms de protagonistes changent, mais ils portent les mêmes masques. L’analyse reste par contre pertinente.
Cela peut sembler déprimant de se dire que rien n’a changé. Certes, mais on peut aussi voir le verre à moitié plein, en se disant que ces idées, diffusées entre autres par Le Monde diplomatique trouveront peut-être un terreau où se développer. Qu’il ne faudra pas attendre que les catastrophes se multiplient pour que les gens soient suffisamment nombreux pour réagir efficacement.
A lire et à méditer en tout cas.
Une bonne BD à la fois originale, bien construite, au dessin parfois flamboyant qui va très bien à la trame de fond du propos.
Moi j'ai pris un réel plaisir à suivre ce personnage décalé, si étranger à la peur (et plus largement aux émotions), qui traverse des univers historiques différents sans qu'on s'y perde, et qui pose un regard sur le monde à la fois candide, ironique et abrupt, sur une vie qui ne l'est pas moins... On s'attache à ce personnage hors norme qui, l'air de rien, sans trop en avoir l'air, gagne en profondeur pour être davantage acteur de ses propres choix et que la boucle soit bouclée assez finement je trouve.
La Terre sera amenée à disparaître dans 5 milliards d'années avec l'explosion de notre soleil. Bref, c'est un processus irréversible qui nous indique qu'il y aura bien une fin. Les plus pessimistes pensent que la fin du monde sera beaucoup plus proche en raison des guerres, des conséquences sur le climat et de la disparition de nos ressources naturelles.
Pour perpétuer l'espèce humaine, il n'y a qu'une solution : explorer d'autres galaxies et coloniser une planète habitable. L'exoplanète la plus proche de la Terre se situe dans la constellation stellaire Alpha du Centaure. C'est seulement à 4,3 années lumières. La présente bd imagine un vaisseau-monde qui aurait mis 400 ans environ pour l'atteindre. C'est plutôt bien vu car c'est l'hypothèse actuellement la plus vraisemblable à savoir un équipage se renouvelant sur plusieurs générations avant que le voyage ne soit terminé.
Il n'y a rien à faire : j'aime beaucoup les histoires imaginées par Léo et Rodolphe. C'est à chaque fois une embarcation pour la grande aventure avec ce qu'il faut comme mystère. Cette série a un début très prometteur. Je la suivrai avec un grand plaisir car le thème me passionne véritablement.
Mon léger bémol proviendra du dessin de certains visages des protagonistes qui ont l'air d'avoir une peau assez rugueuse liée à des traits un peu intempestifs. Je ne crois pas que cela soit volontaire mais j'aurais préféré un graphisme plus lisse. Ce dessin fait quand même peur au niveau des visages. Les décors sont quant à eux parfaitement maîtrisés ce qui rassure.
Fort heureusement, les défauts inhérents au dessin seront presque corrigés pour le second tome qui nous entraîne sur une planète bien mystérieuse. On reconnait bien la patte scénaristique de Léo une fois passé le voyage intergalactique. Je suis réellement un grand fan pour suivre chacune de ses aventures de science-fiction. J'aime ça et j'en redemande à chaque fois.
Le troisième tome semble être un tome de transition où il ne se passe pas grand chose malgré l'attaque de certaines terrifiantes créatures animales ou végétales. La première victime sera ce pauvre chien. A quand un toutou qui arrive à survivre à ses maîtres dans la plus terrifiante des aventures ? Par ailleurs, il semblerait qu'il y ait un gros retournement de situation qui nous fait comprendre certains des mystères qui commençaient sérieusement à s'accumuler. Décidément, une planète peut en cacher une autre...
Note Dessin: 3.5/5 - Note Scénario: 4/5 - Notre Globale: 3.75/5
La série Urban Games devait tenir à coeur à Luc Brunschwig pour vouloir la reprendre malgré les 12 années passées et l'abandon du dessinateur initial.
La perle rare se nomme donc Roberto Ricci, qui avait fait forte impression dans Les Ames d'Hélios il y a quelques années. Là encore il frappe fort, dans un style, mais surtout des ambiances différentes. Les influences graphiques et narratives sont évidentes, et nul n'est besoin ici de les réitérer. Cependant je suis bluffé par la capacité du dessinateur à passer d'une ambiance intimiste à une scène d'action, par sa mise en scène très inventive ou encore ses couleurs pastel superbes. Il doit également gérer de nombreux paramètres visuels, entre les clins d'oeil, la mise en scène de l'intrigue et les personnages, qui conservent de bout en bout une expressivité aussi optimale que possible. Bref, de la (très) belle ouvrage.
Côté scénario, je ne connais pas la série originale de Brunschwig aux Humanos, mais j'imagine qu'il a dû "épaissir" sa trame, retravailler son récit pour le rendre plus logique, et le résultat est de suite très prenant. Le background, même s'il est proche de récits de SF classiques, me semble tout de même très cohérent. L'intrigue, éclatée sur plusieurs fils narratifs voisins a amené dès le premier tome son lot de situations très intéressantes, amenant à découvrir Monplaisir, l'omniprésence des media, la corruption due au pouvoir.
Les deuxième et troisièmes tomes apportent leur lot d'éléments aussi troublants que surprenants. En effet le récit va prendre une direction franchement inattendue, les personnages secondaires vont voir leur background s'épaissir, leurs postures changer. Et le récit est donc éclaté sur une quinzaine de personnages, dont aucun n'est laissé sur la touche, et tous vont jouer un rôle au fil du récit, qui va s'étaler sur 5 tomes. Le liant de l'histoire semble être Zach, ce colosse au coeur tendre, mais au fur et à mesure j'ai l'impression qu'il s'agit de Monplaisir, cette cité du vice plutôt que du plaisir... Enfin si, il y a une personne qui semble retirer beaucoup de plaisir de tout ça, agissant comme un despote (ce nettoyage des arrière-cours toutes les 5 heures ! Mais quelle idée de fou !) et elle n'a pas encore tout dévoilé de son dessein... Surtout ne suivez pas le lapin blanc.
Le tome 4 est très surprenant, il va revenir sur les "origines" de certains personnages, tandis que Zachary est réduit -momentanément- à l'impuissance... Sans parler d'un évènement qui va remettre en cause l'existence même de Monplaisir...
Plus j'avance dans la série, plus je me rends compte de sa complexité et de sa densité. Les récits, les personnages s'entrecroisent, ne faisant que se frôler parfois. Tous les éléments se mettent en place progressivement pour constituer un puzzle géant, où tout semble trouver une place bien précise. Le tueur de jeunes femmes, la personnalité de Springy Fool, le héros de série qui revit en tant qu'ami imaginaire ou en tant que robot, tout a un sens, RIEN n'est laissé au hasard.
Ebouriffant. Je suis persuadé que dans quelques années on étudiera les BD de Brunschwig, et celle-là en particulier, dans les études de sociologie, car il arrive à interroger notre société actuelle au travers de ses récits d'anticipation...
Les parents d’un enfant malade ou handicapé savent ce qui est décrit précisément dans cette œuvre et ils ressentent un peu la même chose face aux mêmes difficultés. C’est tout un parcours du combattant qui nous est décrit.
Il y a tout d’abord le diagnostic de la maladie qui est souvent faussé par des éléments que l’on ne découvre que par la suite. Il y a la culpabilisation au sein du couple alors qu’on mène une vie saine. Il y a toute cette panoplie de médecins et soi-disant spécialistes qui se contredisent et qui obligent à des solutions contre-productives pour le bien de l’enfant (vas-y pour porter un appareil lorsque l’enfant semble souffrir de le mettre).
Il y a également le peu de soutien de sa famille et de ses amis des beaux jours complètement à côté de la plaque. Il y a également l’incompréhension du monde professionnel et de ses supérieurs qui mettent encore plus de bâtons dans les roues pour se débarrasser d’un soi-disant cas social. Inutile de compter sur les syndicats dans ces cas-là et on constate le peu de solidarité de la part de ses collègues beaucoup trop occupés à gérer leur propre carrière.
Il y a toute la fumisterie de cette loi en faveur du handicap : que de jolies intentions dont les moyens de mise en pratique sont totalement absentes. Il y a la MDPH qui daigne bien répondre après des mois de dépôt d’un dossier absolument important. Il y a surtout l’Ecole et ses enseignants stupides. L’auteur y a d’ailleurs consacré une très grande partie. Celle-ci fait tout pour isoler l’enfant au lieu de l’intégrer. Quelques fois, il y a la mauvaise volonté et d’autres fois l’ignorance ou la bêtise. Malheureusement, on ne peut pas dire que l’éducation nationale soit une réussite en matière d’accueillir un enfant un peu différent et qui demande sans doute un peu plus d’attention pour que cela se passe bien.
L’auteur qui a raconté son expérience personnelle arrivera à bien s’en tirer tout à la fin. Parfois, cela ne se passe pas aussi convenablement et on peut perdre un enfant à cause de l’Ecole et cela prend un sens particulièrement dramatique. En tout cas, cela fait réfléchir sur le fait qu’on se sent moins seul mais cela ne console pas.
Au final, une superbe bd bien dessinée et bien écrite qui résonne comme un cri pour toutes les familles confrontées au handicap et à l'intégration de leurs enfants dans la société.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Travailleur de la nuit
Des mêmes auteurs, j'avais lu Julio Popper, le dernier roi de Terre de Feu, intéressant récit inspiré de la vie d'un authentique explorateur-aventurier-utopiste du XIXe siècle. Intéressant, mais un peu frustrant, comme tout biopic dont les auteurs hésitent entre souffle romanesque et respect de la vérité historique. Pour Le Travailleur de la nuit, Matz s'inspire derechef d'un personnage réel, Alexandre Marius Jacob, anarchiste, cambrioleur, humaniste, survivant du bagne… Il a inspiré à Maurice Leblanc son Arsène Lupin, mais la vie de Jacob est en elle-même un roman. J'ai trouvé ce personnage très attachant. Victime de la société injuste et corrompue de la Belle Époque, dans laquelle un individu de classe inférieure ne peut que se soumettre et supporter la morgue des puissants, il essaie dès son plus jeune âge de donner un sens à sa vie. Arrivé à l'âge adulte, il choisit la voie de la « reprise individuelle » pour vivre et corriger (un peu) les injustices sociales dont il est témoin. Intelligent et non dénué d'humour, il fonde la bande des « Travailleurs de la Nuit », qui ne s'attaque qu'aux profiteurs, refuse la violence gratuite, signe ses forfaits de petits mots signés « Attila » et distribue le produit de ses larcins. Gentil, attentionné avec ses femmes, aimant sa mère, respectant les gens du commun, il passe plus de temps au bagne qu'à jouer les Robin-des-Bois, pour finir ses jours avec un grand panache. Servi par le dessin subtil de Léonard Chemineau, ce nouveau récit d'une vie hors du commun fait mouche. Un témoignage de l'esprit d'une époque et une belle leçon de vie, que l'on partage ou non la vision de la société du héros…
Black out
(Avertissement : j'accorde toujours plus d'importance au scénario qu'au dessin) Un polar sombre, au dessin naïf en noir & blanc, dont les grosses têtes des personnages auraient pu nous faire croire à une caricature de récit et nous faire décrocher du sérieux voulu par ce one-shot. Il n'en est rien, l'attention nécessaire à la lecture de cette histoire n'est nullement altérée par cette originalité graphique, presqu'au contraire puisque l'auteur a ainsi la place pour faire prendre des mimiques parfois troublantes à ses visages. On se plonge donc résolument dans le scénario. Car c'est bien d'un plongeon qu'il s'agit, dans les eaux glauques des psychologies tordues et perverses. Et lorsque Norma, notre héroïne finalement obstinée et courageuse, ressortira la tête de ce bouillon de culture, elle ne sera plus la même. Une mauvaise rencontre et votre vie bascule ! Tout n'est pas bien qui finit bien ! Cette BD m'a vraiment plu. 15 / 20
I am a hero
Cette courte critique (que j'étofferai plus tard) repose sur la lecture de 15 tomes (les anglophones ont de l'avance sur nous). En somme, voilà un très bon récit à la 'Walking Dead', mais sans les défauts de celui-ci. Ici nous avons un fil conducteur et une évolution intéressante sur le long terme, des histoires parallèles qui finissent par converger, des créatures originales et mystérieuses qui se dévoilent petit à petit. Comme d'habitude chez cet auteur, le personnage principal est un anti-héros réalistiquement dépeint qui se démène pour survivre et sortir de sa condition de looser. Il y a une grande part autobiographique dans l’œuvre de ce mangaka, d'où des personnages à la psychologie et aux réactions particulièrement réalistes. EDIT : la série s'est terminée depuis peu et la fin... laisse sur sa faim. On aurait aimé en savoir plus sur ces mystérieux zombies, sur leur origine et leur devenir final (mais on a des indices). Je laisse quand même ma note d'origine car « l’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même ». A lire aussi du même auteur : l'excellent Ressentiment.
Chronosquad
FA-BU-LEUX ! C'est certainement une de mes meilleures lectures de voyages dans le temps, à ce rythme là les auteurs peuvent bien publier cent tomes, je suis preneuse ! Non seulement l’histoire est captivante mais elle est aussi complète à tous les niveaux, c’est avant tout de la science fiction évidemment mais on est aussi bien servi en aventure, humour, originalité, histoire ainsi qu’en drame et légèreté, que demander de plus ? Les personnages sont hyper intéressants et attachants surtout Bloch le principal une tuerie à lui tout seul. Je ne trouve à cette série aucun défaut c’en est presque agaçant. Le dessin est tout aussi parfait, au début j’aurais aimé moins de pages et plus de décors mais au final non c’est très bien comme ça. J’aime tout, le trait, les couleurs agréables et chaudes, les expressions des personnages, encore rien à redire. C’est rare mais même si la série n’est pas finie je lui accorde d’emblée le 5/5 ET le coup de coeur. Vivement la suite.
Ratafia
Voilà une série quelque peu surprenante. Je l’ai empruntée en médiathèque, au rayon jeunesse, mais je ne sais pas si le lectorat visé est si jeune que ça. En effet, si le dessin semble proche de celui du dessin animé « La famille pirate », il s’en écarte un peu, en particulier pour certaines trognes de l’équipage. Mais c’est surtout l’humour utilisé qui n’en fait pas un album jeunesse. En effet, il y a une avalanche de jeux de mots (le premier tome en déborde, mais les autres n’en sont pas non plus avares), plus ou moins subtils, mais qui échappent certainement pour beaucoup à nos chers bambins. Alors, c’est sûr, au bout d’un moment, la surprise ne joue plus, cela peut être lassant, mais ça se lit quand même agréablement, avec une intrigue squelettique, juste bonne à permettre de placer ces jeux de mots, avec un capitaine énigmatique et loufoque au milieu d’un équipage improbable. J’ai lu les quatre premiers tomes. Les deux premiers sont très sympas, les deux suivants sont un peu en deçà, sans doute moins créatifs, je ne sais pas (même si certains jeux de mots ou situations font encore mouche). Série à découvrir.
Garduno, en temps de paix
Je lis le Monde diplomatique depuis près de vingt-cinq ans, et ai lu un bon nombre des publications d’Attac. C’est dire si je suis familier des références utilisées par Squarzoni (Ramonet, Halimi, Chomsky, etc), et si je les apprécie. Et si je suis d’accord avec les constats simples qu’il développe dans ce diptyque – qui l’a fait connaître du grand public. Si la construction des deux albums peut sembler parfois brouillonne et partir dans tous les sens, les pièces du puzzle se mettent rapidement en place, et l’on suit alors une mise à jour de cette mondialisation néolibérale responsable d’une grande partie des maux qu’elle prétend pourtant combattre – avec l’aide de médias et de politiques complaisants, voire complices. S’il faudrait réactualiser certains chiffres – les albums datent du début des années 2000, ce ne serait hélas que pour poursuivre les mêmes courbes, pour creuser encore davantage les inégalités, et dénoncer les mêmes scandales – seuls certains noms de protagonistes changent, mais ils portent les mêmes masques. L’analyse reste par contre pertinente. Cela peut sembler déprimant de se dire que rien n’a changé. Certes, mais on peut aussi voir le verre à moitié plein, en se disant que ces idées, diffusées entre autres par Le Monde diplomatique trouveront peut-être un terreau où se développer. Qu’il ne faudra pas attendre que les catastrophes se multiplient pour que les gens soient suffisamment nombreux pour réagir efficacement. A lire et à méditer en tout cas.
La Drôle de vie de Bibow Bradley
Une bonne BD à la fois originale, bien construite, au dessin parfois flamboyant qui va très bien à la trame de fond du propos. Moi j'ai pris un réel plaisir à suivre ce personnage décalé, si étranger à la peur (et plus largement aux émotions), qui traverse des univers historiques différents sans qu'on s'y perde, et qui pose un regard sur le monde à la fois candide, ironique et abrupt, sur une vie qui ne l'est pas moins... On s'attache à ce personnage hors norme qui, l'air de rien, sans trop en avoir l'air, gagne en profondeur pour être davantage acteur de ses propres choix et que la boucle soit bouclée assez finement je trouve.
Centaurus
La Terre sera amenée à disparaître dans 5 milliards d'années avec l'explosion de notre soleil. Bref, c'est un processus irréversible qui nous indique qu'il y aura bien une fin. Les plus pessimistes pensent que la fin du monde sera beaucoup plus proche en raison des guerres, des conséquences sur le climat et de la disparition de nos ressources naturelles. Pour perpétuer l'espèce humaine, il n'y a qu'une solution : explorer d'autres galaxies et coloniser une planète habitable. L'exoplanète la plus proche de la Terre se situe dans la constellation stellaire Alpha du Centaure. C'est seulement à 4,3 années lumières. La présente bd imagine un vaisseau-monde qui aurait mis 400 ans environ pour l'atteindre. C'est plutôt bien vu car c'est l'hypothèse actuellement la plus vraisemblable à savoir un équipage se renouvelant sur plusieurs générations avant que le voyage ne soit terminé. Il n'y a rien à faire : j'aime beaucoup les histoires imaginées par Léo et Rodolphe. C'est à chaque fois une embarcation pour la grande aventure avec ce qu'il faut comme mystère. Cette série a un début très prometteur. Je la suivrai avec un grand plaisir car le thème me passionne véritablement. Mon léger bémol proviendra du dessin de certains visages des protagonistes qui ont l'air d'avoir une peau assez rugueuse liée à des traits un peu intempestifs. Je ne crois pas que cela soit volontaire mais j'aurais préféré un graphisme plus lisse. Ce dessin fait quand même peur au niveau des visages. Les décors sont quant à eux parfaitement maîtrisés ce qui rassure. Fort heureusement, les défauts inhérents au dessin seront presque corrigés pour le second tome qui nous entraîne sur une planète bien mystérieuse. On reconnait bien la patte scénaristique de Léo une fois passé le voyage intergalactique. Je suis réellement un grand fan pour suivre chacune de ses aventures de science-fiction. J'aime ça et j'en redemande à chaque fois. Le troisième tome semble être un tome de transition où il ne se passe pas grand chose malgré l'attaque de certaines terrifiantes créatures animales ou végétales. La première victime sera ce pauvre chien. A quand un toutou qui arrive à survivre à ses maîtres dans la plus terrifiante des aventures ? Par ailleurs, il semblerait qu'il y ait un gros retournement de situation qui nous fait comprendre certains des mystères qui commençaient sérieusement à s'accumuler. Décidément, une planète peut en cacher une autre... Note Dessin: 3.5/5 - Note Scénario: 4/5 - Notre Globale: 3.75/5
Urban
La série Urban Games devait tenir à coeur à Luc Brunschwig pour vouloir la reprendre malgré les 12 années passées et l'abandon du dessinateur initial. La perle rare se nomme donc Roberto Ricci, qui avait fait forte impression dans Les Ames d'Hélios il y a quelques années. Là encore il frappe fort, dans un style, mais surtout des ambiances différentes. Les influences graphiques et narratives sont évidentes, et nul n'est besoin ici de les réitérer. Cependant je suis bluffé par la capacité du dessinateur à passer d'une ambiance intimiste à une scène d'action, par sa mise en scène très inventive ou encore ses couleurs pastel superbes. Il doit également gérer de nombreux paramètres visuels, entre les clins d'oeil, la mise en scène de l'intrigue et les personnages, qui conservent de bout en bout une expressivité aussi optimale que possible. Bref, de la (très) belle ouvrage. Côté scénario, je ne connais pas la série originale de Brunschwig aux Humanos, mais j'imagine qu'il a dû "épaissir" sa trame, retravailler son récit pour le rendre plus logique, et le résultat est de suite très prenant. Le background, même s'il est proche de récits de SF classiques, me semble tout de même très cohérent. L'intrigue, éclatée sur plusieurs fils narratifs voisins a amené dès le premier tome son lot de situations très intéressantes, amenant à découvrir Monplaisir, l'omniprésence des media, la corruption due au pouvoir. Les deuxième et troisièmes tomes apportent leur lot d'éléments aussi troublants que surprenants. En effet le récit va prendre une direction franchement inattendue, les personnages secondaires vont voir leur background s'épaissir, leurs postures changer. Et le récit est donc éclaté sur une quinzaine de personnages, dont aucun n'est laissé sur la touche, et tous vont jouer un rôle au fil du récit, qui va s'étaler sur 5 tomes. Le liant de l'histoire semble être Zach, ce colosse au coeur tendre, mais au fur et à mesure j'ai l'impression qu'il s'agit de Monplaisir, cette cité du vice plutôt que du plaisir... Enfin si, il y a une personne qui semble retirer beaucoup de plaisir de tout ça, agissant comme un despote (ce nettoyage des arrière-cours toutes les 5 heures ! Mais quelle idée de fou !) et elle n'a pas encore tout dévoilé de son dessein... Surtout ne suivez pas le lapin blanc. Le tome 4 est très surprenant, il va revenir sur les "origines" de certains personnages, tandis que Zachary est réduit -momentanément- à l'impuissance... Sans parler d'un évènement qui va remettre en cause l'existence même de Monplaisir... Plus j'avance dans la série, plus je me rends compte de sa complexité et de sa densité. Les récits, les personnages s'entrecroisent, ne faisant que se frôler parfois. Tous les éléments se mettent en place progressivement pour constituer un puzzle géant, où tout semble trouver une place bien précise. Le tueur de jeunes femmes, la personnalité de Springy Fool, le héros de série qui revit en tant qu'ami imaginaire ou en tant que robot, tout a un sens, RIEN n'est laissé au hasard. Ebouriffant. Je suis persuadé que dans quelques années on étudiera les BD de Brunschwig, et celle-là en particulier, dans les études de sociologie, car il arrive à interroger notre société actuelle au travers de ses récits d'anticipation...
Tombé dans l'oreille d'un sourd
Les parents d’un enfant malade ou handicapé savent ce qui est décrit précisément dans cette œuvre et ils ressentent un peu la même chose face aux mêmes difficultés. C’est tout un parcours du combattant qui nous est décrit. Il y a tout d’abord le diagnostic de la maladie qui est souvent faussé par des éléments que l’on ne découvre que par la suite. Il y a la culpabilisation au sein du couple alors qu’on mène une vie saine. Il y a toute cette panoplie de médecins et soi-disant spécialistes qui se contredisent et qui obligent à des solutions contre-productives pour le bien de l’enfant (vas-y pour porter un appareil lorsque l’enfant semble souffrir de le mettre). Il y a également le peu de soutien de sa famille et de ses amis des beaux jours complètement à côté de la plaque. Il y a également l’incompréhension du monde professionnel et de ses supérieurs qui mettent encore plus de bâtons dans les roues pour se débarrasser d’un soi-disant cas social. Inutile de compter sur les syndicats dans ces cas-là et on constate le peu de solidarité de la part de ses collègues beaucoup trop occupés à gérer leur propre carrière. Il y a toute la fumisterie de cette loi en faveur du handicap : que de jolies intentions dont les moyens de mise en pratique sont totalement absentes. Il y a la MDPH qui daigne bien répondre après des mois de dépôt d’un dossier absolument important. Il y a surtout l’Ecole et ses enseignants stupides. L’auteur y a d’ailleurs consacré une très grande partie. Celle-ci fait tout pour isoler l’enfant au lieu de l’intégrer. Quelques fois, il y a la mauvaise volonté et d’autres fois l’ignorance ou la bêtise. Malheureusement, on ne peut pas dire que l’éducation nationale soit une réussite en matière d’accueillir un enfant un peu différent et qui demande sans doute un peu plus d’attention pour que cela se passe bien. L’auteur qui a raconté son expérience personnelle arrivera à bien s’en tirer tout à la fin. Parfois, cela ne se passe pas aussi convenablement et on peut perdre un enfant à cause de l’Ecole et cela prend un sens particulièrement dramatique. En tout cas, cela fait réfléchir sur le fait qu’on se sent moins seul mais cela ne console pas. Au final, une superbe bd bien dessinée et bien écrite qui résonne comme un cri pour toutes les familles confrontées au handicap et à l'intégration de leurs enfants dans la société.