J'ai vraiment bien apprécié ma lecture de cette BD, servie par un dessin pas mauvais du tout et très bien colorisé.
C'est typiquement le genre de lecture sur laquelle je me suis planté complètement en imaginant ce que c'était (je croyais que ça parlerait de la découverte des "barbares" par les anglais et des zoos humains, comme quoi ...), et le scénario fut donc une sacrée surprise pour ma part. D'un autre côté, il est construit comme une surprise qui fait plaisir à découvrir. C'est une histoire à la fois drôle et sérieuse, mais que j'ai lu avec grand plaisir. La relecture est aussi bien plaisante, malgré l'affaiblissement de la surprise finale, et les personnages restent tous intéressants.
Niveau dessin, c'est efficace et bien mené, avec des couleurs qui confèrent l'ambiance qu'il faut à ce récit. C'est surtout cette colorisation qui m'a poussé à mettre un 4/5; même si la note est plus vers les 3.5.
Une BD qui est pas mal du tout, si vous avez l'occasion de la découvrir ne vous en privez pas. Pour ma part je l'ai relu avec plaisir et je recommencerai bien, à l'occasion.
Cette série est une bonne BD historique faisant la lumière sur la condition des Geisha dans le Japon du début du 20e siècle et sur le parcours d'une fille pour atteindre ce statut particulier.
Nous y suivons la jeune héroïne alors qu'elle et sa famille pauvre arrive à Tokyo. Ne s'en sortant pas financièrement, le père prend la décision de vendre sa fille à une Okiya, établissement de Geisha, pour qu'elle y devienne servante et puisse, par l'éducation qui lui y sera apportée, apprendre à devenir une Geisha à son tour.
C'est à la fois instructif et prenant. Le récit est rythmé et bien raconté de telle manière qu'on a davantage le sentiment de suivre l'aventure d'une jeune fille et sa progression plutôt qu'un documentaire ou un récit purement historique. On est placé de son point de vue avec une vision humaine nous permettant de partager ses pensées, doutes et aspirations. Le ton est réaliste et parfois un peu dur, mais l'héroïne est heureusement dotée de quelques talents notamment musicaux qui vont lui permettre de sortir du lot. Et en même temps, le contexte de l'époque et du statut des Geishas est clairement expliqué et mis en scène.
A côté de cela, le dessin est tout à fait plaisant, sobre et soigné, même si colorisation en teintes de gris est un petit peu terne.
Une lecture de qualité.
Cet univers des sagas nordiques toujours aussi fascinant, l'est encore plus grâce au dessin d' Aouamri ; ce dessinateur dont j'avais particulièrement apprécié le trait puissant, épais, foisonnant et précis sur Mortepierre, me séduit complètement ici. Il retrouve donc une série digne de son talent graphique et ayant quelques points communs avec Mortepierre (sorcellerie, maléfices, monstres, univers sombre) et je pense qu'il doit se régaler à dessiner ces gros guerriers musculeux aux visages farouches, ces femmes à la beauté renversante, ces chiens féroces qui aiment la chair humaine et ces armes et décors nordiques.
Car ici, on est en plein dans les sagas islandaises où Dufaux a puisé nombre d'éléments comme il le laisse entendre dans sa préface du tome 2, où en même temps, il s'excuse auprès des lecteurs de n'avoir pas tenu sa promesse de conclure cette aventure en 1 diptyque ; finalement, il y aura 3 tomes, mais bon, avec Dufaux on sait jamais, il a déjà fait le coup sur Barracuda.
En tout cas, l'univers développé ici est très dense et me plaît beaucoup, mais je ne suis pas d'accord avec la présentation en fiche qui compare cette Bd à Thorgal ; celle-ci brasse plusieurs genres et se sert de l'univers viking comme décor de fond, tandis qu'ici, on est en plein dans les sagas nordiques et uniquement là-dedans, où l'on ne trouve aucune science-fiction, mais où intervient le fantastique et la sorcellerie liés à cet univers. Dufaux peut donc laisser libre cours à son goût du fantastique qu'il colle parfois dans des séries qui n'en ont pas besoin, mais ici, il peut en coller tant qu'il veut.
Après un tome 1 un peu embrouillé, ça semble se décanter doucement dans le tome 2, même si je trouve qu'il y a un peu trop de personnages. Le tome 3 est sans doute le moins captivant, c'est surtout l'histoire d'un affrontement oral dans un procès, avec quelques tours de magie noire et un peu de sensualité grâce à de très belles femmes. Cet album est moins épique que les précédents, avec moins de combats sanglants, je ne me suis pas ennuyé, mais l'album est vraiment sans grande surprise, et j'avoue que je m'attendais à une conclusion plus spectaculaire.
Le truc aussi qui est critiquable, c'est la dose d'érotisme malvenu, Dufaux aime ça, moi aussi, mais quand c'est justifié : ici, Valgar veut à tout prix retrouver sa femme et son enfant, mais il se farcit quand même 2 bonnes femmes qui ont certes des charmes évidents, mais je trouve ces épisodes de trop.
Sinon, ce récit brille beaucoup plus par son dessin où Aouamri fait preuve d'une puissance envoûtante qui donne un souffle indéniable à cette Bd, son trait s'est renforcé encore, et au sein de cases très remplies et très détaillées, il représente avec autant de talent la sauvagerie barbare, la sensualité des corps féminins ou la laideur de certaines gueules de brutes, c'est un vrai plaisir d'admirer un tel travail.
Au final, c'est la fin d'un cycle, mais avec Dufaux, c'est jamais fini puisque la dernière image laisse deviner un autre cycle avec une vengeance terrible envers Valgar de Salta.
Note inchangée, les tomes 1 et 2 rattrapant un peu la faiblesse du tome 3.
1709 : c'est le Grand Hiver. le 5 janvier, la température baisse brutalement ; à Versailles, il parait que le vin gèle dans le verre de Louis XIV ; difficile à croire avec le confort des châteaux royaux, mais imaginez ce que ça devait être dans les campagnes et les villages...
Ce grand froid va persister pendant 2 mois, les semailles d'automne sont détruites, les oliviers du Midi perdus, tout transport devient impossible sur les rivières bloquées par les glaces. Aussi, le ravitaillement de régions reculées est-il gravement perturbé, et le prix des aliments augmente considérablement. Succédant à une mauvaise récolte de 1708, le Grand Hiver provoque dans tout le royaume la disette et la misère qui jette sur les routes des milliers de vagabonds et de pillards.
A cette catastrophe naturelle s'ajoute la guerre de Succession d'Espagne qui a commencé en 1700 ; tout vient du choix du roi d'Espagne Charles II mort sans hériter, et qui désigne par testament comme successeur le petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou. Désireux de contrer l'expansion économique de ses voisins, le roi de France après avoir pris une des décisions les plus lourdes de son règne, accepte ce testament, ce qui entraine le mécontentement des Provinces-Unies et de l'Angleterre qui voient d'un mauvais oeil les Bourbons régner sur les trônes de France et d'Espagne.
L'Anglais Marlborough et le général impérial Eugène de Savoie infligent de rudes défaites aux armées de Louis XIV, dont celle de Malplaquet en 1709 sur les troupes du maréchal de Villars qui brisa définitivement la tentative d'hégémonie européenne de Louis XIV. La paix d'Utrecht n'intervient qu'en 1713.
Ce résumé peut vous sembler long, mais il est essentiel pour planter le décor du contexte historique dans lequel la France se trouvait en 1709, et pour comprendre les enjeux de cette Bd qui aborde cette période peu explorée à l'écran et en BD. C'est un beau début d'album autour de ce long règne de Louis XIV, c'est la fin du règne qui fut marquée non seulement par des guerres, des révoltes (comme celle des Camisards, à laquelle il est fait allusion ici), ce Grand Hiver meurtrier, et aussi des tragédies familiales, puisque le roi verra mourir son fils, le Grand Dauphin, l'aîné de ses petits-fils et l'aîné de ses arrière-petits-fils...
Le scénario soulève habilement différents points de cette guerre de Succession d'Espagne et de ces protestants déchus par la révocation de l'Edit de Nantes qui n'ont aucun intérêt à favoriser un roi de France qui leur a tout pris ; les conséquences désastreuses sur les populations rurales de ce grand froid sont également évoquées, avec au milieu de tout ceci une sorte d'agent secret oeuvrant pour la France. Son rôle est déjà bien défini, et on souhaite que sa mission réussisse. Je n'étais pas vraiment partant pour m'intéresser à cette intrigue, mais ce pan de la fin de règne de Louis XIV m'a finalement captivé.
Le dessin de Xavier par rapport à ses précédentes séries, a encore atteint un degré supérieur, sa maîtrise des décors, des costumes, des détails et surtout des visages est beaucoup plus conséquente ; et quand il trouve un bon scénario, c'est un plaisir de le lire (je n'ai pas gardé un bon souvenir de ses 2 dernières collaborations avec Dufaux). Je connais des mauvaises langues qui disent que dessiner des décors neigeux est une solution de facilité car ça évite de détailler, mais ici, l'ensemble de ces pages dément cette affirmation fallacieuse, les paysages glacés étant très bien rendus.
J'attendais une sorte d'apothéose pour la suite, mais cette traversée de la France au coeur de l'hiver glacial de 1709 se poursuit sans trop de surprise, et s'articule autour du héros Loys Rohan et Valescure, le chef d'une bande de camisards violents et cruels. Le récit se réduit à une chasse à l'homme sur fond de menace politique pour le roi, avec une certaine dose de suspense, mais j'ai trouvé ce tome 2 beaucoup moins prenant.
Il y a un peu trop de personnages qui tentent de barrer la route de Loys, et ils se ressemblent tous, si bien qu'il est parfois difficile de faire le tri parmi cette tripotée de types patibulaires.
Le contexte de famine est cependant bien mis en avant, et on ressent bien la sensation de froid grâce au dessin superbe de Xavier qui réussit de très belles pages sous la neige comme à Versailles, où Louis XIV et ses conseillers s'inquiètent de la tournure que prend la coalition contre la France. Le vrai héros, c'est lui, c'est l'hiver qui tue impitoyablement les miséreux. Le sens très sûr et très cinématographique du cadrage est aussi remarquable.
Finalement, c'est une ambiance réussie, des personnages principaux intéressants, mais une intrigue un peu laborieuse. Je conserve quand même ma note, c'est du beau travail.
Cet album de la collection Pilote regroupe une vingtaine d’histoires courtes, pré-publiées surtout dans Pilote donc, mais aussi pour certaines par Fluide Glacial et l’Echo des Savanes.
Solé est un auteur très éclectique, qui a publié un peu de tout, de l’humour à la science-fiction, seul ou aux côtés de copains (généralement connus à Pilote, époque Goscinny, comme Gotlib, Mandryka, etc.).
On retrouve cette grande diversité dans les histoires reprises dans cet album. Certaines sont très marquées par l’esthétique psychédélique années 1970, d’autres vont vers du foutraque, voire un surréalisme poétique, tandis que certaines penchent vers un humour un peu noir, un peu poétique. Le fantastique est aussi présent parfois. A cela s’ajoute une sorte de passion pour les robinets (plusieurs histoires les mettant en avant, parfois humanisés).
Outre l’éclectisme de Solé, ces histoires rappellent son grand talent de dessinateur. Son coup de crayon est vraiment très bon, même s’il est très marqué par l’époque de création (années 1970).
En tout cas, la qualité générale de l’ensemble, sa diversité, tout pousse le lecteur à ne pas croire Solé victime de ce qui fait le sujet et donne son titre à la première histoire de l’album, à savoir « l’angoisse de la page blanche ».
Je m’étonne quand même que cet album ne soit pas déjà répertorié sur le site, alors qu’il a été publié il y a presque 40 ans. Je vous encourage en tout cas à le découvrir.
Note réelle 3,5/5.
Rien ne sera jamais assez pour rappeler un passé peu glorieux dans l’histoire de notre pays. Entre 1942 et 1944, près de 12000 enfants juifs ont été déporté sur les 72000 que comptait notre pays en 1939. Il n’y a pas eu que la rafle du Vel d’Hiv mais beaucoup d’autres plus sournoises et individuelles et ceux depuis 1941. Cette collaboration avec l’ennemi a conduit à l’ignominie et l’infamie la plus totale.
Cette bd raconte le témoignage d’enfants qui ont vécu la disparition de leurs parents et qui ont dû se cacher pour échapper à ce funeste sort qu’est la déportation dans les camps de concentration. On parle des 60000 enfants qui ont survécu à l’horreur mais au prix de beaucoup de sacrifices et de souffrances. Ces mots d’enfant décrivent une page de l’Histoire et tous portent en eux une grande charge émotionnelle qu’il convient de comprendre pour ne pas faire de mauvais choix dans les valeurs.
Il n’est jamais inutile de montrer que les parcs d’enfants parisiens portaient l’écriteau « interdit aux chiens et aux juifs ». Il faut savoir que les dénonciateurs étaient partout dans une sorte d’hystérie collective à balance ton juif. Horrible société et on dit souvent que c’était mieux avant. Je ne partage pas cet avis.
Pour en revenir à la bd, j’ai été particulièrement sensible à ces neufs récits qui démontrent l’horreur de cette période qu’on a peu à peu oublié. A force de stigmatiser une catégorie à cause d’une histoire de religion, on finit par perdre son humanité. Les temps sont difficiles pour tout le monde et ce contexte ne pousse pas à la générosité d’esprit. L’espoir en l’homme doit toutefois perdurer.
J'ai adoré. Le dessin (magnifique) colle parfaitement au scénario. Le temps d'un été, dans un contexte bien spécifique, ce temps qui s'écoule en suspension, cette atmosphère, et ces 2 héros si attachants, humanistes. On manque d'humanistes en ces temps de 2017 et cette lecture m'a fait du bien.
Je suis très preneur de tout ce qui touche à la"celtitude" et la légende arthurienne, aussi je suis circonspect et j'attends les auteur au tournant concernant ce sujet.
Ici belle et bonne surprise. Un scénario d'O. Peru que l'on ne présente plus qui nous concocte une histoire qui nous conte la première rencontre entre Merlin et Viviane. Ce n'est pas niais, pas d'afféteries à la sauce de l'oncle Walt. Une petite pensée pour le couple de korrigans qui savent être drôles sans en faire des caisses. N'oublions pas le trio de chasseurs "bas du front" juste parfait.
Au dessin Bertrand Benoit, un illustre inconnu pour moi mais qui propose un dessin très réussi, ses sous-bois incitent à la déambulation et sa vision du château sous le lac est carrément féerique mais dans le bon sens du terme. On n'est pas chez la reine des neiges quoi ! Un mot de la belle colorisation d'Elodie Jacquemoire tout en nuances automnales très subtiles.
Un album qui augure bien de cette nouvelle série concept, pour ma part j'irai sans hésiter voir la suite.
J'avoue avoir eu du mal au début à m'habituer au style graphique de Jérémie Moreau, un style assez simple mais au fil des pages, son talent s'affirme. Et les scènes nocturnes, toutes en aquarelles, sont superbes (les premières pages du chapitre 4 sont d'une beauté à couper le souffle).
L'auteur nous offre une histoire forte dans une Islande du XVIIIème siècle, dominée par le Danemark, et où une nature hostile rend la vie difficile aux habitants.
A travers les aventures de Grimr, l'auteur relate tout un pan d'une certaine histoire de l'Islande, histoire méconnue par la plupart d'entre-nous (légendes, société ...)
De l'injustice des hommes aux caprices de la nature, rien ne sera épargné au jeune Grimr, dès les premières pages d'ailleurs.
Le scénario est bien construit, le chapitre 1 faisant écho aux planches de fin, et repose finalement sur une touche d'humanité que l'on n'attendait (presque) pas.
Un très bel album.
J'ai ri les filles et les gars. Si on m'avait dit un jour que je me marrerais sur un "Valérian " je ne l'aurais pas cru.
Ce sont les albums de messieurs Christin et Mezière qui ont participé de ma culture de bédéphile et particulièrement dans le domaine de la SF. J'en vois qui se marrent mais il faut bien commencer par quelque chose. Si je me laissais transporter par nos deux héros en des terres inconnues, par contre il est vrai que la grosse marrade, la poilade n'étaient pas l'atout principal de la série mère.
Aussi quelle bonne idée d'avoir donné les clefs de la boutique à W. Lupano. En d'autres occasions, qu'il n'est pas besoin de rappeler ici, il a su nous faire sinon rire du moins sourire plus que de raison.
Si vous avez lu d'autres de mes avis vous comprendrez aisément que pour moi il n'est nul besoin de m’appesantir sur le travail de M.Lauffray, j'attends juste de le voir un de ces jours dessiner une véritable histoire de SF. Les deux premières pages du présent album parlent d'elles mêmes.
J'en redemande.
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Princesse Caraboo
J'ai vraiment bien apprécié ma lecture de cette BD, servie par un dessin pas mauvais du tout et très bien colorisé. C'est typiquement le genre de lecture sur laquelle je me suis planté complètement en imaginant ce que c'était (je croyais que ça parlerait de la découverte des "barbares" par les anglais et des zoos humains, comme quoi ...), et le scénario fut donc une sacrée surprise pour ma part. D'un autre côté, il est construit comme une surprise qui fait plaisir à découvrir. C'est une histoire à la fois drôle et sérieuse, mais que j'ai lu avec grand plaisir. La relecture est aussi bien plaisante, malgré l'affaiblissement de la surprise finale, et les personnages restent tous intéressants. Niveau dessin, c'est efficace et bien mené, avec des couleurs qui confèrent l'ambiance qu'il faut à ce récit. C'est surtout cette colorisation qui m'a poussé à mettre un 4/5; même si la note est plus vers les 3.5. Une BD qui est pas mal du tout, si vous avez l'occasion de la découvrir ne vous en privez pas. Pour ma part je l'ai relu avec plaisir et je recommencerai bien, à l'occasion.
Geisha ou Le jeu du shamisen
Cette série est une bonne BD historique faisant la lumière sur la condition des Geisha dans le Japon du début du 20e siècle et sur le parcours d'une fille pour atteindre ce statut particulier. Nous y suivons la jeune héroïne alors qu'elle et sa famille pauvre arrive à Tokyo. Ne s'en sortant pas financièrement, le père prend la décision de vendre sa fille à une Okiya, établissement de Geisha, pour qu'elle y devienne servante et puisse, par l'éducation qui lui y sera apportée, apprendre à devenir une Geisha à son tour. C'est à la fois instructif et prenant. Le récit est rythmé et bien raconté de telle manière qu'on a davantage le sentiment de suivre l'aventure d'une jeune fille et sa progression plutôt qu'un documentaire ou un récit purement historique. On est placé de son point de vue avec une vision humaine nous permettant de partager ses pensées, doutes et aspirations. Le ton est réaliste et parfois un peu dur, mais l'héroïne est heureusement dotée de quelques talents notamment musicaux qui vont lui permettre de sortir du lot. Et en même temps, le contexte de l'époque et du statut des Geishas est clairement expliqué et mis en scène. A côté de cela, le dessin est tout à fait plaisant, sobre et soigné, même si colorisation en teintes de gris est un petit peu terne. Une lecture de qualité.
Saga Valta
Cet univers des sagas nordiques toujours aussi fascinant, l'est encore plus grâce au dessin d' Aouamri ; ce dessinateur dont j'avais particulièrement apprécié le trait puissant, épais, foisonnant et précis sur Mortepierre, me séduit complètement ici. Il retrouve donc une série digne de son talent graphique et ayant quelques points communs avec Mortepierre (sorcellerie, maléfices, monstres, univers sombre) et je pense qu'il doit se régaler à dessiner ces gros guerriers musculeux aux visages farouches, ces femmes à la beauté renversante, ces chiens féroces qui aiment la chair humaine et ces armes et décors nordiques. Car ici, on est en plein dans les sagas islandaises où Dufaux a puisé nombre d'éléments comme il le laisse entendre dans sa préface du tome 2, où en même temps, il s'excuse auprès des lecteurs de n'avoir pas tenu sa promesse de conclure cette aventure en 1 diptyque ; finalement, il y aura 3 tomes, mais bon, avec Dufaux on sait jamais, il a déjà fait le coup sur Barracuda. En tout cas, l'univers développé ici est très dense et me plaît beaucoup, mais je ne suis pas d'accord avec la présentation en fiche qui compare cette Bd à Thorgal ; celle-ci brasse plusieurs genres et se sert de l'univers viking comme décor de fond, tandis qu'ici, on est en plein dans les sagas nordiques et uniquement là-dedans, où l'on ne trouve aucune science-fiction, mais où intervient le fantastique et la sorcellerie liés à cet univers. Dufaux peut donc laisser libre cours à son goût du fantastique qu'il colle parfois dans des séries qui n'en ont pas besoin, mais ici, il peut en coller tant qu'il veut. Après un tome 1 un peu embrouillé, ça semble se décanter doucement dans le tome 2, même si je trouve qu'il y a un peu trop de personnages. Le tome 3 est sans doute le moins captivant, c'est surtout l'histoire d'un affrontement oral dans un procès, avec quelques tours de magie noire et un peu de sensualité grâce à de très belles femmes. Cet album est moins épique que les précédents, avec moins de combats sanglants, je ne me suis pas ennuyé, mais l'album est vraiment sans grande surprise, et j'avoue que je m'attendais à une conclusion plus spectaculaire. Le truc aussi qui est critiquable, c'est la dose d'érotisme malvenu, Dufaux aime ça, moi aussi, mais quand c'est justifié : ici, Valgar veut à tout prix retrouver sa femme et son enfant, mais il se farcit quand même 2 bonnes femmes qui ont certes des charmes évidents, mais je trouve ces épisodes de trop. Sinon, ce récit brille beaucoup plus par son dessin où Aouamri fait preuve d'une puissance envoûtante qui donne un souffle indéniable à cette Bd, son trait s'est renforcé encore, et au sein de cases très remplies et très détaillées, il représente avec autant de talent la sauvagerie barbare, la sensualité des corps féminins ou la laideur de certaines gueules de brutes, c'est un vrai plaisir d'admirer un tel travail. Au final, c'est la fin d'un cycle, mais avec Dufaux, c'est jamais fini puisque la dernière image laisse deviner un autre cycle avec une vengeance terrible envers Valgar de Salta. Note inchangée, les tomes 1 et 2 rattrapant un peu la faiblesse du tome 3.
Hyver 1709
1709 : c'est le Grand Hiver. le 5 janvier, la température baisse brutalement ; à Versailles, il parait que le vin gèle dans le verre de Louis XIV ; difficile à croire avec le confort des châteaux royaux, mais imaginez ce que ça devait être dans les campagnes et les villages... Ce grand froid va persister pendant 2 mois, les semailles d'automne sont détruites, les oliviers du Midi perdus, tout transport devient impossible sur les rivières bloquées par les glaces. Aussi, le ravitaillement de régions reculées est-il gravement perturbé, et le prix des aliments augmente considérablement. Succédant à une mauvaise récolte de 1708, le Grand Hiver provoque dans tout le royaume la disette et la misère qui jette sur les routes des milliers de vagabonds et de pillards. A cette catastrophe naturelle s'ajoute la guerre de Succession d'Espagne qui a commencé en 1700 ; tout vient du choix du roi d'Espagne Charles II mort sans hériter, et qui désigne par testament comme successeur le petit-fils de Louis XIV, Philippe d'Anjou. Désireux de contrer l'expansion économique de ses voisins, le roi de France après avoir pris une des décisions les plus lourdes de son règne, accepte ce testament, ce qui entraine le mécontentement des Provinces-Unies et de l'Angleterre qui voient d'un mauvais oeil les Bourbons régner sur les trônes de France et d'Espagne. L'Anglais Marlborough et le général impérial Eugène de Savoie infligent de rudes défaites aux armées de Louis XIV, dont celle de Malplaquet en 1709 sur les troupes du maréchal de Villars qui brisa définitivement la tentative d'hégémonie européenne de Louis XIV. La paix d'Utrecht n'intervient qu'en 1713. Ce résumé peut vous sembler long, mais il est essentiel pour planter le décor du contexte historique dans lequel la France se trouvait en 1709, et pour comprendre les enjeux de cette Bd qui aborde cette période peu explorée à l'écran et en BD. C'est un beau début d'album autour de ce long règne de Louis XIV, c'est la fin du règne qui fut marquée non seulement par des guerres, des révoltes (comme celle des Camisards, à laquelle il est fait allusion ici), ce Grand Hiver meurtrier, et aussi des tragédies familiales, puisque le roi verra mourir son fils, le Grand Dauphin, l'aîné de ses petits-fils et l'aîné de ses arrière-petits-fils... Le scénario soulève habilement différents points de cette guerre de Succession d'Espagne et de ces protestants déchus par la révocation de l'Edit de Nantes qui n'ont aucun intérêt à favoriser un roi de France qui leur a tout pris ; les conséquences désastreuses sur les populations rurales de ce grand froid sont également évoquées, avec au milieu de tout ceci une sorte d'agent secret oeuvrant pour la France. Son rôle est déjà bien défini, et on souhaite que sa mission réussisse. Je n'étais pas vraiment partant pour m'intéresser à cette intrigue, mais ce pan de la fin de règne de Louis XIV m'a finalement captivé. Le dessin de Xavier par rapport à ses précédentes séries, a encore atteint un degré supérieur, sa maîtrise des décors, des costumes, des détails et surtout des visages est beaucoup plus conséquente ; et quand il trouve un bon scénario, c'est un plaisir de le lire (je n'ai pas gardé un bon souvenir de ses 2 dernières collaborations avec Dufaux). Je connais des mauvaises langues qui disent que dessiner des décors neigeux est une solution de facilité car ça évite de détailler, mais ici, l'ensemble de ces pages dément cette affirmation fallacieuse, les paysages glacés étant très bien rendus. J'attendais une sorte d'apothéose pour la suite, mais cette traversée de la France au coeur de l'hiver glacial de 1709 se poursuit sans trop de surprise, et s'articule autour du héros Loys Rohan et Valescure, le chef d'une bande de camisards violents et cruels. Le récit se réduit à une chasse à l'homme sur fond de menace politique pour le roi, avec une certaine dose de suspense, mais j'ai trouvé ce tome 2 beaucoup moins prenant. Il y a un peu trop de personnages qui tentent de barrer la route de Loys, et ils se ressemblent tous, si bien qu'il est parfois difficile de faire le tri parmi cette tripotée de types patibulaires. Le contexte de famine est cependant bien mis en avant, et on ressent bien la sensation de froid grâce au dessin superbe de Xavier qui réussit de très belles pages sous la neige comme à Versailles, où Louis XIV et ses conseillers s'inquiètent de la tournure que prend la coalition contre la France. Le vrai héros, c'est lui, c'est l'hiver qui tue impitoyablement les miséreux. Le sens très sûr et très cinématographique du cadrage est aussi remarquable. Finalement, c'est une ambiance réussie, des personnages principaux intéressants, mais une intrigue un peu laborieuse. Je conserve quand même ma note, c'est du beau travail.
Dérapages (Solé)
Cet album de la collection Pilote regroupe une vingtaine d’histoires courtes, pré-publiées surtout dans Pilote donc, mais aussi pour certaines par Fluide Glacial et l’Echo des Savanes. Solé est un auteur très éclectique, qui a publié un peu de tout, de l’humour à la science-fiction, seul ou aux côtés de copains (généralement connus à Pilote, époque Goscinny, comme Gotlib, Mandryka, etc.). On retrouve cette grande diversité dans les histoires reprises dans cet album. Certaines sont très marquées par l’esthétique psychédélique années 1970, d’autres vont vers du foutraque, voire un surréalisme poétique, tandis que certaines penchent vers un humour un peu noir, un peu poétique. Le fantastique est aussi présent parfois. A cela s’ajoute une sorte de passion pour les robinets (plusieurs histoires les mettant en avant, parfois humanisés). Outre l’éclectisme de Solé, ces histoires rappellent son grand talent de dessinateur. Son coup de crayon est vraiment très bon, même s’il est très marqué par l’époque de création (années 1970). En tout cas, la qualité générale de l’ensemble, sa diversité, tout pousse le lecteur à ne pas croire Solé victime de ce qui fait le sujet et donne son titre à la première histoire de l’album, à savoir « l’angoisse de la page blanche ». Je m’étonne quand même que cet album ne soit pas déjà répertorié sur le site, alors qu’il a été publié il y a presque 40 ans. Je vous encourage en tout cas à le découvrir. Note réelle 3,5/5.
Paroles d'étoiles - Mémoires d'enfants cachés 1939-1945
Rien ne sera jamais assez pour rappeler un passé peu glorieux dans l’histoire de notre pays. Entre 1942 et 1944, près de 12000 enfants juifs ont été déporté sur les 72000 que comptait notre pays en 1939. Il n’y a pas eu que la rafle du Vel d’Hiv mais beaucoup d’autres plus sournoises et individuelles et ceux depuis 1941. Cette collaboration avec l’ennemi a conduit à l’ignominie et l’infamie la plus totale. Cette bd raconte le témoignage d’enfants qui ont vécu la disparition de leurs parents et qui ont dû se cacher pour échapper à ce funeste sort qu’est la déportation dans les camps de concentration. On parle des 60000 enfants qui ont survécu à l’horreur mais au prix de beaucoup de sacrifices et de souffrances. Ces mots d’enfant décrivent une page de l’Histoire et tous portent en eux une grande charge émotionnelle qu’il convient de comprendre pour ne pas faire de mauvais choix dans les valeurs. Il n’est jamais inutile de montrer que les parcs d’enfants parisiens portaient l’écriteau « interdit aux chiens et aux juifs ». Il faut savoir que les dénonciateurs étaient partout dans une sorte d’hystérie collective à balance ton juif. Horrible société et on dit souvent que c’était mieux avant. Je ne partage pas cet avis. Pour en revenir à la bd, j’ai été particulièrement sensible à ces neufs récits qui démontrent l’horreur de cette période qu’on a peu à peu oublié. A force de stigmatiser une catégorie à cause d’une histoire de religion, on finit par perdre son humanité. Les temps sont difficiles pour tout le monde et ce contexte ne pousse pas à la générosité d’esprit. L’espoir en l’homme doit toutefois perdurer.
L'Impertinence d'un été
J'ai adoré. Le dessin (magnifique) colle parfaitement au scénario. Le temps d'un été, dans un contexte bien spécifique, ce temps qui s'écoule en suspension, cette atmosphère, et ces 2 héros si attachants, humanistes. On manque d'humanistes en ces temps de 2017 et cette lecture m'a fait du bien.
Brocéliande - Forêt du Petit Peuple
Je suis très preneur de tout ce qui touche à la"celtitude" et la légende arthurienne, aussi je suis circonspect et j'attends les auteur au tournant concernant ce sujet. Ici belle et bonne surprise. Un scénario d'O. Peru que l'on ne présente plus qui nous concocte une histoire qui nous conte la première rencontre entre Merlin et Viviane. Ce n'est pas niais, pas d'afféteries à la sauce de l'oncle Walt. Une petite pensée pour le couple de korrigans qui savent être drôles sans en faire des caisses. N'oublions pas le trio de chasseurs "bas du front" juste parfait. Au dessin Bertrand Benoit, un illustre inconnu pour moi mais qui propose un dessin très réussi, ses sous-bois incitent à la déambulation et sa vision du château sous le lac est carrément féerique mais dans le bon sens du terme. On n'est pas chez la reine des neiges quoi ! Un mot de la belle colorisation d'Elodie Jacquemoire tout en nuances automnales très subtiles. Un album qui augure bien de cette nouvelle série concept, pour ma part j'irai sans hésiter voir la suite.
La Saga de Grimr
J'avoue avoir eu du mal au début à m'habituer au style graphique de Jérémie Moreau, un style assez simple mais au fil des pages, son talent s'affirme. Et les scènes nocturnes, toutes en aquarelles, sont superbes (les premières pages du chapitre 4 sont d'une beauté à couper le souffle). L'auteur nous offre une histoire forte dans une Islande du XVIIIème siècle, dominée par le Danemark, et où une nature hostile rend la vie difficile aux habitants. A travers les aventures de Grimr, l'auteur relate tout un pan d'une certaine histoire de l'Islande, histoire méconnue par la plupart d'entre-nous (légendes, société ...) De l'injustice des hommes aux caprices de la nature, rien ne sera épargné au jeune Grimr, dès les premières pages d'ailleurs. Le scénario est bien construit, le chapitre 1 faisant écho aux planches de fin, et repose finalement sur une touche d'humanité que l'on n'attendait (presque) pas. Un très bel album.
Valérian - Shingouzlooz.Inc
J'ai ri les filles et les gars. Si on m'avait dit un jour que je me marrerais sur un "Valérian " je ne l'aurais pas cru. Ce sont les albums de messieurs Christin et Mezière qui ont participé de ma culture de bédéphile et particulièrement dans le domaine de la SF. J'en vois qui se marrent mais il faut bien commencer par quelque chose. Si je me laissais transporter par nos deux héros en des terres inconnues, par contre il est vrai que la grosse marrade, la poilade n'étaient pas l'atout principal de la série mère. Aussi quelle bonne idée d'avoir donné les clefs de la boutique à W. Lupano. En d'autres occasions, qu'il n'est pas besoin de rappeler ici, il a su nous faire sinon rire du moins sourire plus que de raison. Si vous avez lu d'autres de mes avis vous comprendrez aisément que pour moi il n'est nul besoin de m’appesantir sur le travail de M.Lauffray, j'attends juste de le voir un de ces jours dessiner une véritable histoire de SF. Les deux premières pages du présent album parlent d'elles mêmes. J'en redemande.