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Couverture de la série Paul dans le Nord
Paul dans le Nord

Paul dans le Nord traite de l’adolescence avec beaucoup de justesse et de décontraction. Bon, décontraction n’est peut-être pas le mot adéquat mais je n’en trouve pas d’autres pour exprimer mon ressenti. En fait, à la lecture de cet album, j’ai trouvé le ton d’une extrême justesse. L’adolescence nous est montrée sans dramatisation, avec une gentille dérision. Paul, ado fondamentalement gentil cherchant à se rebeller mollement devant son père, se liant d’amitié avec un boulet 'tellement génial', éprouvant ses premiers émois et son corollaire dramatique (un chagrin d’amour déchirant à s’en arracher les veines à coup de stabylo). C’est tellement juste, tendre, parfois drôle, parfois touchant… Et puis, qu’est-ce que Michel Rabagliati a fait comme progrès dans sa mise en page ! Ses albums ne sont plus seulement sympathiques à lire. Ils sont aussi beaux à regarder, avec ici quelques très belles compositions en pleine page. Son trait épuré atteint parfois un esthétisme étonnant qui le lierait presque au style « atome ». Si vous ne connaissez pas ce personnage de Paul, cet album est une excellente entrée en matière. J’avais déjà beaucoup aimé Paul à Québec. Je pense que je préfère encore Paul dans le Nord. Franchement bien, simple, juste… décontracté.

22/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Et si l'amour c'était aimer ?
Et si l'amour c'était aimer ?

Pute borgne, qu’ai-je ri devant ces inepties facétieuses emplies d’une sage folie sauvage aux suaves effluves d’un matin embrumé de café et de macédoine. Bon ! Plus sérieusement, Fabcaro nous sert là encore un grand, un très grand cru. Peut-être même l’album de lui que je préfère. Le décalage entre un dessin figé de visages inexpressifs et les propos absurdes et décalés juste ce qu’il faut est irrésistiblement hilarant. C’est vraiment génialement con, avec des passages d’anthologie (dont une discussion téléphonique, mon dieu, j’en pisse de rire rien que d’y repenser). En fait, je ne sais pas quoi dire sinon : lisez le, lisez le, lisez le. C’est absurde, c’est con mais c’est tellement jouissif. Et si je vous dis que la seconde partie de l’album est un peu moins drôle que la première, cela signifie que je n’ai plus ri qu’une à deux fois par page, contrairement au début de l’album où quasiment chaque case me faisait pouffer. Ceux qui connaissent Fabcaro : pas besoin d’essayer de vous convaincre. Les autres : si l’aspect de l’album peut rebuter (couverture moche, album peu épais, dessin peu avenant), ne vous arrêtez pas à cette impression. Ce n’est pas de l’underground obscur compréhensible que d’initié. L’humour de Fabcaro est accessible à tous… pourvu que l’absurde ne vous effraie pas et que vous n’ayez pas peur de rire comme une baleine en lisant une bande dessinée.

22/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Saga
Saga

8 tomes déjà… Enfin, déjà… Entendons-nous ! Parce qu’en 8 tomes, cette série nous a fameusement fait voyager. Et pas spécialement là où on l’attendait, l’imagination sans limites de Brian K. Vaughan ne cessant de surprendre le lecteur que je suis. Et pour le dire platement, cette saga me botte vachement ! Pourtant, les couvertures ne me tentaient pas plus que ça au début, et je craignais d’encore tomber dans un récit de guerre sidérale avec super-héros zarbi et guerriers magistraux. Mais, voilà : rien de tout ça et en lieu et place, j’ai découvert un univers zarbi peuplé de guerriers magistraux évoluant au cœur d'une guerre sidérale… … Non, c’est pas pareil !! Ce n’est pas pareil parce que l’accent est avant tout mis sur les relations familiales des différents personnages (dont trois groupes se dégagent avec force et charisme avant de se croiser, de se regrouper, de se séparer ou de chercher à s'exterminer). Que ceux-ci s’expriment comme le commun des mortels (quoique je doute que beaucoup de gentes dames parlent de leur plaisir intime en des termes tels que : « j’ai joui comme un camion-benne »). Et qu’il est très agréable de bondir ainsi d’une intrigue à l’autre même si tout s’intègre dans une seule et même histoire. L’intérêt est constamment relancé grâce à un découpage dynamique et nerveux. Ce n’est pas pareil parce que l’univers étrange est vraiment très original et aussi bien imaginé que dessiné. Un personnage à tête d’écran de télévision, ça peut paraître très con, bancal et sans émotion sans un grande maîtrise tant narrative qu’esthétique. Ici, le gars devient vite touchant même si on a envie de lui faire la tête au carré (ce qu’il a déjà, ceci dit en passant). Une femme qui ressemble à un vieux barbu parce qu’elle a la tête à l’envers, décrit comme ça, c’est pas parlant alors qu’un petit dessin bien amené, ça fait son effet ! Ce n’est pas pareil parce que la guerre, on s’en fiche royalement. Il n’y a pas de grande scène de combat, pas de stratégie. La galaxie est immense et si le conflit semble concerner beaucoup de monde, les champs de bataille ne sont que très rarement piétinés. Et puis, du space-opera qui n’hésite pas à s’aventurer dans l’univers du soap-opera, c’est quand même vachement culotté ! Les auteurs ont donc réussi à revisiter un thème ultra-classique (le couple issu de deux races ennemies qui doit s’enfuir pour sauver le fruit de ses entrailles) en dotant ses personnages d’un langage vif et souvent drôle, son univers de créatures improbables et cohérentes et son découpage d’un éternel goût de trop peu qui incite le lecteur à continuer sa lecture. L'humour est bien présent, mais la tension l'est également et, après huit tomes, on en vient à ne plus savoir qui survivra à cette aventure (dans laquelle même les morts risquent leur vie !) Points forts : les dialogues et l’univers. Point faible : une intrigue qui n’avance pas… mais tant que je m’amuse, je m’en tamponne.

15/04/2015 (MAJ le 22/03/2018) (modifier)
Couverture de la série Journal d'un Enfant de Lune
Journal d'un Enfant de Lune

Pour un album au but avant tout didactique, je trouve qu’il est très bien fait. Tout d’abord, il y a un dessin très accessible à un jeune public. Clair et net, il fait bien ressortir les personnages et la colorisation agréablement nuancée estompe la simplicité du trait. Pour un album destiné à un large public, c’est parfait ! Puis vient la manière dont la maladie est abordée. Les auteurs usent d’une idée certes déjà souvent vue par ailleurs mais que plus d’une jeune lectrice trouvera romantique en diable. Ce journal intime retrouvé par hasard est une belle porte d’entrée pour pénétrer le quotidien d’une personne atteinte de Xeroderma Pigmentosum. Et le fait d’utiliser comme personnage porteur une jeune adolescente ne fera qu’accentuer le processus d’identification et de compassion des jeunes lectrices et -dans une moindre mesure- lecteurs. Par-delà l’intrigue sentimentale, le contenu de l’album se veut didactique. J’ai trouvé le résultat très instructif avec ce qu’il fallait de petites anecdotes du quotidien pour dédramatiser la maladie sans pour autant en occulter les aspects les plus durs. Franchement, dans le genre, j’ai trouvé l’album très bien fait. Mais il ne faut pas inverser les priorités : cet album permet avant tout de parler de la maladie des Enfants de Lune. L’intrigue sentimentale n’est qu’un moyen d’y parvenir au travers d’une fiction qui parlera beaucoup aux jeunes lectrices et lecteurs. Et son côté trop propre sur lui (tout le monde il est beau, tout le monde, il est gentil) irritera très certainement l’un ou l’autre d’entre eux.

22/03/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série Tokyo Ghost (Urban Comics)
Tokyo Ghost (Urban Comics)

Hop là braves gens, que voilà de la très bonne BD. Je ne parle même pas du dessin de Sean Murphy qui m'avait particulièrement impressionné sur The Wake. Ce mec est bon, très bon. Certaines planches arrivent même à insuffler une poésie dans un récit par ailleurs parfois un peu bourrin, mais par les dieux que c'est beau. Oui nous sommes dans une société ou l'individu est incapable de penser par lui même, accro ou toutes sortes d'interfaces, câblé, connecté mais à la puissance dix. Il est sûr que le monde imaginé par Rick Remender n'est pas des plus joyeux, encore que l'on peut se poser des questions quand on voit la tournure que prennent les choses avec les réseaux sociaux actuels. Cette technologie va vite, très vite et sans être oiseau de mauvais augure j'ai bien peur que lorsque nous nous réveillerons il sera un poil trop tard. Quoi je parle comme un vieux con ? Soit, j'assume. Je repense à un ancien roman de SF de W. J. Williams qui justement avait pour titre "Câblé", à l'époque c'était de la SF et les gens rigolaient... Pour revenir à nos moutons, (électriques qui rêvent), cette BD n'évite pas un certain manichéisme en opposant les accros du branchement aux "gentils écolos" qui se réfugient dans un monde idyllique. Pour autant le message est puissant et ne fera bien sur réfléchir personne, cause perdue. Pour ma part ce diptyque est juste excellent, peut être un peu exigeant et la note suprême ne lui échappe que de très peu.

21/03/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Britannia
Britannia

Si un comics devait être mis à l'honneur ce serait celui-ci tant il est atypique dans son fond et une partie de sa forme. Cependant il n'en reste pas moins un par son format, son découpage en chapitre court et sa galerie finale de couvertures alternatives ainsi que des planches en noirs et blanc de l'album. Revisitez vos à priori éventuels sur les comics, vous ne serez pas déçus Au summum du règne de Néron en l'an 65, Antonius Axia un vétéran des légions romaines est envoyé dans la province de Britannia aux limites de l'empire pour enquêter sur des évènements étranges. Ses donneurs d'ordres, l'empereur en personne et la grande vestale Rubria. Arrivé dans cette province à peine sortie de l'âge de cavernes, Antonius devra combattre non seulement des créatures issues des mythes et des mystères de l'endroit mais également la garnison romaine située sur place. Ici pas de héros bodybuildés qui à eux seuls viennent à bout d'armées entières. C'est surtout par son sens de la déduction, son sens de l'observation que le héros vient à bout des embûches placées sur sa route. En cela nous sortons des clichés habituels que l'on trouve dans les comics d'outre atlantique. Un background travaillé, une psychologie des personnages fouillée, un découpage dynamique entrecoupé par des flashbacks qui ne ralentissent pas le récit, bref tout pour plaire. Quand en plus le découpage des cases n'est pas celui habituel des comics, à savoir des cases déstructurées qui parfois ralentissent la lecture. Une construction finalement assez classique. Chapeau donc au scénariste Peter Milligan qui amène le fantastique de manière assez subtile sans effet gore outrancier. Le dessin de Juan José Ryp est lui aussi atypique pour un comics. Léché, fouillé, bien sur loin de la ligne claire mais clair, riche de détails avec un véritable travail sur les costumes, les armes et les décors. Notons également une colorisation qui ne pique pas les yeux. Petit plus pour moi, les autochtones du nord de l'Angleterre n'ont pas le visage bleu, passage obligé dans l'iconographie habituelle. Que dire de plus pour vous appâter, si ce n'est que c'est du tout bon, j'attends maintenant avec impatience le tome deux dont un court résumé en fin d'album met l'eau à la bouche. Évidemment coup de cœur!!

21/03/2018 (MAJ le 21/03/2018) (modifier)
Couverture de la série Quartier lointain
Quartier lointain

Comme pour Le Journal de mon père, que j’ai lu il y a peu, Taniguchi nous narre ici le retour vers l’enfance du personnage principal, qui cherche à comprendre certains événements (le départ inexpliqué de son père par exemple). Mais la méthode est ici très différente, puisque le personnage principal, suite à une ellipse mystérieuse, se voit « coincé » dans son jeune alter-ego, l’homme d’une quarantaine d’années redevenant l’adolescent de 14 ans qu’il fut. Englué dans ce passé, il se trouve taraudé entre les possibilités offertes de comprendre le passé – en le modifiant à son avantage (concernant son père par exemple) – et les craintes de bouleverser son avenir, son « vrai présent » en fait, car sa connaissance du futur entraîne immanquablement la modification de ce « passé-devenant-le-futur-donc-son-vrai-présent ». Un thème assez classique, mais traité ici avec finesse et sans aucun attirail fantastique. L’histoire se développe par petites touches, dans un récit parfois intimiste, avec un dessin et des décors faisant la part belle au calme, à l’indicible : à la fois minutieux et simple, ce dessin ne m’a pas du tout rebuté (moi qui ne suis pas vraiment adepte du manga, en particulier des visages expressifs des personnages – mais ici finalement peu d’émotion transpire réellement). Aller dans son passé pour comprendre son présent, mieux connaître son père pour mieux se connaître, les mêmes idées parcourent « Quartier lointain » et « Le journal de mon père », dans ce qui doit être quelque chose d’autobiographique – même si je ne connais pas vraiment la vie de Taniguchi. Le seul petit bémol concernant ce diptyque, c’est la conclusion, que j’ai trouvée un peu rapide et facile – et aussi prévisible. Il faut dire que c’est toujours difficile de « retomber sur ses pattes » avec ces voyages dans le temps. Mais cela reste tout de même une série recommandable. Note réelle 3,5/5.

21/03/2018 (modifier)
Couverture de la série Les Petites contemplations
Les Petites contemplations

C’est étrange, l’effet que le temps peut avoir sur le souvenir que l’on a d’une lecture. Lorsque j’ai lu le premier tome de ces petites contemplations, je n’avais pas été spécialement marqué. Certes, j’avais trouvé l’album sympathique mais sans plus. Et puis… Et puis le temps est passé et, progressivement, le souvenir que j’avais de l’album s’est transformé. D’un récit anecdotique, ce recueil de nouvelles s’est transformé en une sympathique vision de la Chine d’aujourd’hui. J’oubliai progressivement les moments creux pour ne plus me remémorer que quelques passages touchants, parfois drôle, parfois étonnants. Tant et si bien que lorsque le deuxième tome est sorti, je n’ai pas pu longtemps résister. Et ce deuxième tome, je l’ai dévoré avec avidité ! Pourtant, à nouveau, tout n’est pas mémorable. Il y a notamment quelques pages consacrées à des recettes de cuisine pour Chinois célibataire (Chinois parce qu’on ne trouve pas spécialement tous les produits décrits en Europe – célibataire parce qu’il s’agit bien souvent de recettes prévues pour une personne à partir de reste de précédents repas) dont l’intérêt m’est apparu fort discutable. Mais à côté de ces moments creux figurent des passages beaucoup plus touchants. Yao Ren a l’art de saisir les bribes de son quotidien qui, sans rien avoir de spectaculaire, font le plaisir d’un instant : le réconfort simple d’un bon repas pris dans une petite gargote qui ne paie pas de mine, le charme intrigant d’un chat croisé dans la rue, la floraison d’un cactus que l’on croyait mort, une ballade au parc un matin pluvieux… Vous le voyez, il n’y a vraiment rien de spectaculaire à attendre de ces thèmes mais le ton est juste et l’humanité y apparaît dans sa pure simplicité. On retrouve finalement un peu la même démarche que celle de Jiro Tanigushi pour « L'Homme qui marche ». Cela donne un sentiment de zenitude, d’un bonheur qui nous est accessible à condition d’adopter le même regard que l’auteur… et ça fait du bien. Du coup, si vous cherchez du sensationnel, de l’extravagant, de l’aventure, passez votre chemin. Mais si les récits intimistes qui s’attachent aux plaisirs simples de la vie vous attirent, je vous invite franchement à jeter un œil sur cet album.

16/03/2017 (MAJ le 21/03/2018) (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série De rose et de noir
De rose et de noir

Les violences conjugales sont un vaste sujet, qui font l'objet d'un certain nombre d'ouvrages depuis quelques années. Les Editions des Ronds dans l'O en ont d'ailleurs fait l'un de leurs sujets de prédilection, au travers notamment des trois tomes d'En chemin elle rencontre... Thibaut Lambert, après le remarqué Au coin d'une ride, revient donc avec ce récit autour de la jeune Manon, qui essaie de se reconstruire sentimentalement après une relation destructrice, au propre comme au figuré. L'histoire est relativement classique, sans grande surprise, mais Lambert réussit justement à ne pas tomber dans les clichés, à nous montrer une Manon qui hésite, qui est toujours hantée par ses mauvais souvenirs, mais qui arrive, de façon crédible, à les surmonter. Son dessin, semi-réaliste, manque peut-être un peu d'expressivité par moments, mais les dialogues et surtout la mise en scène permettent de comble ce -petit- manque. Bref, un album utile et sensible sur un fléau méconnu et encore soumis à l'omertà.

20/03/2018 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Ce n'est pas toi que j'attendais
Ce n'est pas toi que j'attendais

Très bonne BD. D'autant plus réussie que l'auteur y raconte sa propre expérience, la façon dont il a abordé cette tranche de vie, avec des moments très personnels. Et ce qui m'a plus par-dessus tout, c'est son apparente sincérité, le fait qu'il se pose des questions sur ses capacités à pouvoir gérer l'arrivée d'un enfant "différent". Il est possible que ce questionnement fût plus diffus que raconté dans l'album, mais étant donné que c'est le sujet, cela me semble légitime. Résultat, on se retrouve dans un récit intimiste, qui arrive à garder de la pudeur malgré tout, et explique bien le cheminement de pensée de cette famille qui se retrouve dans un schéma particulier. Cela m'a bien plu, d'autant que le style de Fabien Toulmé, une ligne claire semi-réaliste, est bien adapté à son propos. Bref, un bel album, touchant, mais qui ne verse pas dans le pathos.

20/03/2018 (modifier)