C’est con à dire mais en seulement deux tomes je suis devenu accro à cette série qui ne m’est absolument pas destinée.
Mech Academy, c’est un croisement entre Transformers et Goldorak mais avec un scénario bien rythmé et un manichéisme que je qualifierai d’intelligent. On suit les aventures d’un jeune adolescent débrouillard, courageux et au cœur noble… un héros de bd pour jeunes ados, quoi. Entouré de quelques camarades, soutenu par un militaire chevronné, il porte le récit sans monopoliser tout l’espace. Les nobles valeurs qu’il véhicule (esprit d’équipe, honnêteté, fidélité, respect, etc…) en font un personnage charismatique tandis que son impulsivité et sa naïveté viennent contrebalancer un profil qui aurait pu apparaitre comme trop parfait. En clair : on s’identifie rapidement à lui.
Les rôles secondaires sont classiques et proposent une belle mixité tant de sexe et de peau que de morphologie, chose que j’apprécie toujours surtout lorsqu’on veut défendre des valeurs telles que le respect ou l’esprit d’équipe. Chacun à sa manière apporte sa pierre à l’édifice. Aucun personnage n’est inutile et la richesse de cette galerie, couplée au fait que chacun d’eux est bien typé et donc directement identifiable, permet de densifier le récit, lui évitant de devoir ne reposer que sur un ou deux personnages.
Les robots alliés de nos jeunes terriens sont autant de gros nounours rassurants tandis que nos envahisseurs venus de l’espace se montrent déterminés et sans pitié. Tout cela aurait pu être d’un manichéisme primaire si on ne se rendait pas rapidement compte… que l’ennemi le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit. Et c’est en ça que je trouve que cette série fait montre d’intelligence. Certes, cela reste destiné à de jeunes adolescents mais même un vieux con dans mon genre y trouve matière à se divertir.
Le rythme est constamment élevé mais sans être survolté. Ce récit très dynamique n’empêche en rien de voir grandir les personnages, ce qui les rend d’autant plus attachants. Les rebondissements arrivent toujours au bon moment pour relancer une intrigue générale moins basique qu’elle n’en a l’air au premier regard.
Le dessin, enfin, combine les influences comics et manga. Il est en général très lisible, seules quelques scènes de combats perdent à l’occasion en clarté. Comme dit précédemment, chaque personnage est bien typé et rapidement reconnaissable. Ce qui est valable pour leur caractère l’est tout autant pour leur physique : on sait qui est qui et qui fait quoi. Enfin, quelques grandes illustrations permettent de souffler un coup, le temps d’admirer le dessin réalisé, avant de replonger dans le récit.
Je me réjouis de lire la suite de ces aventures !!! Une série à essayer et à conseiller à tous les ados de 10 à 13 ans (même si, je sais, là comme ça, en voyant les couverture, elle fait pas spécialement envie).
Un scénario construit sur base d’une comptine, improvisé au fil des pages mais avec un fil narratif évident, un bout de ficelle sur lequel on tire encore et encore, et qui se déroule, comme faire se doit… mais tout ne se déroulera pas comme prévu (et c’est le moins que l’on puisse dire) !
Un album construit comme un cadavre exquis mais réalisé par un seul et même auteur, avec juste des passages obligés. Le processus de création est donc amusant en soi mais l’histoire aurait très bien pu être inintéressante au possible.
Or, il n’en est rien car l’imagination et l’art du rebondissement imprévu sont ici livrés aux mains expertes d'un auteur qui n’hésite pas à se mettre en danger (ceux qui aiment les cadavres exquis savent qu’il y a une frontière au-delà de laquelle il ne faut pas aller mais qu’il est bon de frôler, et le plus souvent possible, encore bien !) L’exercice de style est pleinement réussi, offrant en définitive un récit rythmé, amusant, surprenant, porté par des personnages tantôt touchants tantôt sortis d'on ne sait où (et parfois les deux à la fois), avec des recoupements espérés, attendus mais tellement jouissifs. Et si je peux comprendre qu’à la longue cet enchaînement de mésaventures puisse saouler l’un ou l’autre lecteur, à titre personnel j’ai trouvé que l’album avait la longueur idéale. Olivier Pont s’arrête avant que cela ne devienne trop long, finit comme il avait commencé et (si j’ose dire) nous laisse jouir de son plaisir.
Une réussite, pour moi. Une belle réussite. Une franche réussite.
Un album divertissant, léger qui va au-delà de l’exercice de style.
Un délire contrôlé.
Une lecture recommandée.
Ce diptyque est placé sous l’égide du musée Guimet (qui, à Paris, propose une imposante collection d’objets et documents liés à l’Asie). Quoi de plus normal pour cette biographie d’Alexandra David-Néel, qui fut l’une des premières visiteuses de ce musée dans le dernier tiers du XIXème siècle, et qui a tant apporté à la connaissance de l’Asie et de certaines des spiritualités qui s’y sont développées ? A la fin de chaque volume, un dossier intéressant présente l’exploratrice, et le Tibet et le bouddhisme.
Cette biographie est basée sur un ouvrage de Marie-Madeleine Peyronnet, qui fut sa "bonne à tout faire", sa confidente et son amie durant les dix dernières années de sa longue vie (plus d’un siècle bien rempli !). C’est au travers des yeux et du témoignage de Marie-Madeleine – avec des flash-back en Noir et Blanc évoquant les grandes étapes des explorations, suites aux confidences de la grande dame, que Fred Campoy nous fait découvrir la vie, les idées et la personnalité d’Alexandra David-Néel.
Et quelle vie incroyable ! Enfant bercée sur les genoux de Victor Hugo, alors exilé en Belgique, ayant plus tard eu de longues discussions avec Elysée Reclus, ayant dès son plus jeune âge eu le goût de la liberté et des voyages (et des fugues !), on a là une personnalité à la fois atypique, extraordinaire, et d’une force qui, si elle n’a pas déplacé des montagnes, en a traversé, et pas n’importe lesquelles ! J'aurais aimé apprendre davantage de détails sur cette période de sa vie, son combat féministe, etc.
La construction de Campoy est bien fichue, et on entre dans la vie de l’exploratrice avec facilité et bonheur. Mais aussi dans les relations entre celle-ci et Marie-Madeleine, qui s’occupe d’elle, la seconde à la fin de sa vie, lorsqu’elle est devenue impotente. Et l’on découvre aussi le caractère quasi insupportable d’Alexandra, et l’obstination, le courage – mais aussi l’amour, voire l’abnégation dont a dû faire preuve celle qui nous « raconte » cette « histoire » pour la supporter (dans tous les sens du terme d’ailleurs).
Le dessin de Fred Campoy et de Mathieu Blanchot (je pense que l’un s’occupe des flash-back (la période jeunesse/exploratrice), l’autre des scènes des années 1950-60 (cohabitation entre Alexandra et Marie-Madeleine) – en tout cas leurs styles sont raccord), dans un style semi-réaliste, est très agréable, et rend la lecture fluide.
On a donc là une biographie intéressante, même pour ceux qui, comme moi, ne sont a priori pas passionnés par le sujet (à noter que je n’ai pas lu le troisième tome, traitant visiblement du combat de Marie-Madeleine pour faire reconnaître et diffuser l'œuvre d'Alexandra, le deuxième se finissant avec la mort d’Alexandra David-Néel).
Blast ... Quelle puissance que cet ouvrage. Quelle idée, quel souffle. Encore une fois, un Larcenet qui surprend.
Blast, c'est une histoire qui doit se lire dans son intégralité, et en une fois si possible. C'est une histoire noire et violente, mais qui marque par ses révélations successives. Le cliché du type interrogé au commissariat par deux flics est vite mis à mal par le talent de Larcenet. Loin des clichés du roman noir ou du polar, il nous entraîne dans une plongée psychologique tout en profondeur. C'est la découverte de ce personnage atypique, énorme et inquiétant. Une traversée de la folie de cet homme, de la nature magnifique et de l'humanité qui ne l'est pas.
Blast renferme à nouveau les nombreux thèmes récurrents de Larcenet : mort du père, rapport à la nature, humanité et marginalité. C'est pourtant une nouvelle fois une lecture complètement différente qui est proposée. Ici, Larcenet joue sur l’ambiguïté de son héros. Malsain et dérangeant, j'ai pourtant eu envie de découvrir jusqu'au bout ce qui lui était arrivé.
Ce roman graphique enchante par sa façon de dévoiler une personnalité atypique par petites touches. Il est dérangeant de se confronter au monde de Polza. Mais en même temps, il est aussi humain que chacun d'entre nous. Et rien ne nous dit que nous ne soyons pas nous même aussi fou que lui.
C'est une lecture que je vous recommande chaudement. Prenez-vous le temps de le lire calmement, à tête reposée. Faites-vous une lecture intense, et j'espère que vous aussi vous en ressortirez changé. Ce roman graphique laisse des traces, indéniablement.
Au détour d'un stand à Angoulême j'ai été attiré par la couverture où ce personnage tout en noir sur un fond jaune me jetait un coup d’œil ; en feuilletant quelques pages mon choix s'est très vite fait et je n'ai aucun regret.
Harry Exton est un ancien mercenaire, tueur à gage et rangé des voitures. Depuis il végète un peu lorsqu'un ancien collègue lui parle du "jeu" où ses compétences sauront être appréciées à leur juste valeur. Le principe est simple. Des organisateurs anonymes, les "voix", parient de grosses sommes sur les "exécutants", tous d'anciens professionnels du meurtre, pour qu'ils s'affrontent dans des combats mortels. Harry y trouve son compte mais bientôt il souhaite sortir du "jeu", à priori une seule façon d'en sortir.
A l'origine cette histoire est sortie chez l'éditeur 2000AD et est scénarisée par John Wagner co-créateur du personnage du Judge Dredd, son roman graphique A History of Violence a été adapté au cinéma. Au dessin Arthur Ranson illustrateur entre autres de Judge Dredd et de comics chez Marvel.
Pour en rester au dessin j'avoue avoir pris une petite claque, en effet quel n'a pas été mon étonnement, alors que le Monsieur vient du comics de trouver un dessin plus proche d'un Rosinsky que de l'univers des super héros. Un dessin fouillé, loin de la ligne claire, une mise en page somme toute classique et des fonds de cases plutôt bien travaillés.
Pour ce qui est du scénario, celui-ci est bien foutu, dynamique, plein de rythme et personnellement je n'ai pas lâché la chose dès ma lecture entamée. Le héros de cette histoire est un tueur et entendons-nous bien il n'est pas question de cautionner ses actes, pour autant à partir du moment où il décide de quitter le "jeu" on ne peut s'empêcher d'être en empathie avec lui et la manière dont il se démène pour s'extraire de cette toile d'araignée.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser cette BD n'est pas "bourrine" et "testostéronnée", j'ai bien apprécié son côté inéluctable et j'en fais mon coup de cœur de la bulle des indépendants de cet Angoulême 2017.
A lire et à faire tourner.
Moebius sort de ce corps !!
Si un jour on m'avait dit que j'apprécierais une BD où les dinosaures parlent ! Voila un album que je considère presque comme un ovni dans le paysage des sorties de septembre.
Quel bonheur de se plonger dans cette aventure qui surfe sur les dégâts du réchauffement climatique et l'un de ses corollaires, le manque d'eau. Le visuel, celui-ci est tout bonnement superbe et l'on aime à se plonger dans ses multiples pages, près de 206, avant que de s'attaquer à la lecture proprement dite. Là surprise, un personnage humain qui échange des propos avec son dinosaure. Ce qui pourrait nous sembler complètement farfelu voir rédhibitoire ne l'est pas du tout, pour autant ce n'est pas une gentillette histoire de gentil petit dinosaure apprivoisé comme chez qui vous savez. Sous des dehors que d'aucun pourrait trouver simplistes nous sommes vite embarqués dans une quête afin de trouver un moyen pour sauver un monde, du moins une partie de celui-ci, qui se meurt par manque d'eau.
S'il n'y a que peu d'explication sur la construction de cette ville d'en haut le résultat est graphiquement et visuellement magnifique, j'en veux pour preuve la couverte de cet album.
Je ne reviendrai pas sur les diverses influences graphiques évoquées par Hervé dans son avis mais je plussoie. Quand à l'auteur Vincent Perriot il est quasi méconnaissable par rapport à son travail sur ses précédents travaux.
De la SF intelligente, une histoire prenante, que dire de plus, foncez !
Conan : "Au-delà de la Rivière Noire"!!!!!! Du 5 étoiles!!! 4 pour la série dans sa globalité suite à la parution de ce tome 3.
Pour l'instant et même si j'ai aimé les deux adaptations précédentes, celle-ci est pour moi la meilleure des 3 ! Il est vrai que la nouvelle est aussi reconnue pour être une des plus emblématiques de Howard ! Le style de Alary (La reine de la Côte Noire)...son Conan, j'aime moins et pourtant la nouvelle est une de mes préférées et le scénario de Morvan au top!
Les dessins d’Anthony Jean sur "Au delà de la Rivière Noire" sont de très belle facture et j'ai vraiment adhéré aux traits du cimmérien! Il est un peu dépoussiéré, avec des piercing dans les oreilles...bref surprenant mais pas si éloigné que ça de Buscema, si ce n'est la coupe de cheveux qui lui va plutôt bien comparée à la frange!
Bref, on s'attache très vite à cette représentation de Conan qui pour l'instant est celle qui me convient le mieux ! Un Conan sombre, fataliste mais tellement lucide saluant le courage même celui d'un animal !
Alors bien entendu, je rejoins certains en disant que c'est court, bien trop court par rapport à la nouvelle ! Cela ne veut pas dire que ce n'est pas bon, c'est même tout le contraire, c'est excellent mais c'est frustrant, on aurait tellement aimé que les auteurs développent quelques passages !
Le siège du fort, le combat héroïque de Balthus avec son chien contre les pictes est seulement ébauché (faute au nombre de pages de la Bd), c'est pourtant à mon sens un moment de haute intensité dramatique qui méritait quelques pages supplémentaires ! Il est vrai que dans la nouvelle de Howard, l’affrontement final entre Balthus, Slasher et leurs ennemis n'est pas narré directement non plus mais elle développe beaucoup plus ce qui se passe juste avant, le fait qu'il en tue quelques-uns avec son arc et que petit à petit on le sent encerclé mais décidé à donner du temps aux femmes des colons pour fuir !
"C'était un homme, dit Conan. Je bois à son ombre et à l'ombre de son chien qui ne connaissait aucune peur..." écrivait Howard.
Cette nouvelle méritait au moins deux tomes... mais je sais, on ne peut pas toujours faire comme on le souhaite et il y a des contraintes que Anthony Jean et Mathieu Gabella ont dû respecter ! Ils s'en sont très bien tirés!
Ceci dit, je me suis régalé et vais me replonger dans la nouvelle pour avoir une idée plus précise de l'adaptation même si je sais déjà que c'est une superbe adaptation et qu'ils ne pouvaient faire mieux sur 42 pages !
Excellente troisième BD dans cette collection ! J'ai adoré, ma préférée pour l'instant même si les deux autres tomes de la série valent largement le détour! Ce qui est séduisant dans cette série, c'est justement le fait que plusieurs équipes se succèdent! On varie les plaisirs (un peu, beaucoup, à la folie) mais chacun va y trouver son Conan idéal et sa BD référence concernant le héros de Howard! Pour l'instant, je suis admiratif devant ce 3eme volume. J'espère que la suite sera du même niveau pour le plus grand plaisir de tous les fans du cimmérien et des autres...
Excellent diptyque que voici.
Comme dit plus haut, nous n'avons pas affaire ici à une (re)lecture de l'Histoire des Templiers, de leur enrichissement, de leur chute, mais plus à une histoire dans celle-ci, une sorte de Robin des Bois mâtiné de Ocean Eleven.
Nous allons suivre, pendant les rafles de templiers et leur procès, les aventures d'un groupe d'une demi douzaine d'entre eux qui vont soustraire le fameux trésor de l'ordre au Roi et ses conseillers, pour qui la chute de l'ordre (et de son prestige) se doublait d'une opération destinée à remplir les caisses de l'état, exsangues. Et ces personnages sont vraiment savoureux, chacun avec ses qualités, défauts, vices.... On leur trouve vraiment ce caractère qui nous les rends sympathiques. Les méchants sont des méchants. Ils en portent tous les stigmates, comme dans les bons fils d'Errol Flynn. C'est caricatural certes, mais tellement bien réalisé.
Le rythme est dynamique, toujours en action. Le style Comics se prête parfaitement pour suivre cette narration cartoonesque, toujours en mouvement. Pas une page ne suscite l'ennui, les trouvailles sont toutes excellentes (l'utilisation des excréments parisiens et ce dialogue avec le bâtelier chargé de leur évacuation). Le dessin n'est pas exceptionnel mais il est bon dans son genre, les personnages sont reconnaissables, il participe au dynamisme, à l'action et se révèle au fil des pages, une belle réalisation.
Le format, en deux volumes de 245 pages environ, est pour moi idéal. Il permet de donner du coffre, de l'ampleur à l'histoire et aux personnages, d'évoluer à la fois sans temps mort ni raccourcis.
Vraiment bon.
Un bon aviseur doit savoir reconnaître une bonne bd sinon ce n’est pas un bon aviseur. Il faut savoir faire preuve de discernement pour déceler le meilleur du médiocre. Après, on peut toujours essayer d’atténuer que le mauvais n’est pas aussi mauvais que cela etc… et faire un peu dans la langue de bois afin de préserver les intérêts des auteurs et des éditeurs. Je réserve pour ma part ce langage aux politiciens.
L’auteur que je ne connaissais pas à tout compris à la bande dessinée. Il sait introduire son histoire de manière plus que surprenante. Il sait maintenir un suspens. Il arrive même à nous faire aimer son héros qui ne prononcera pas un seul mot dans toute la bd ce qui est en soi un exploit. Bref, il possède tout les talents car il maîtrise toutes les techniques cinématographiques avec un découpage parfait.
Je suis toujours étonné de voir des auteurs accomplis qui n’ont toujours rien compris au bout de la cinquième bande dessinée qu’ils réalisent et qui sont toujours aux commandes quand on voit ces talents émergés et qui possèdent déjà tout en eux au bout de leur 1ère bd. Là encore, il faut du discernement. Mais que faites-vous les gars ?
Effectivement, si on aime Les 4 As et Bob et Bobette au point d’accorder 4 étoiles (j’aurais pu citer d’autres exemples), on aura sans doute un peu de mal avec cet univers. Et pourtant, c’est bien la reproduction des années 80 des USA non sans malice et humour. J’ai adoré les affiches publicitaires et les manchettes de journaux. C’était un véritable régal. Superbe travail. Que dire de plus ? C'est magistral pour ne pas dire flinguant.
Le thème des premières amours dans le cadre des vacances familiales à Chmolduc-Plage est un sujet rebattu mille fois, le plus souvent au cinéma. Pourtant, à chaque fois, il y a toujours ce je-ne-sais-quoi d’irrésistiblement charmant, même lorsque le scénario ne vole pas bien haut, comme un goût de Madeleine de Proust sans doute. Bastien Vivès s’est-il replongé dans ses souvenirs - le jeune Antoine étant la plupart du temps affairé à griffonner dans son carnet de croquis - pour nous livrer cette histoire ? Dans « Une sœur », non seulement on retrouve tout cela, mais en plus, l’auteur parvient à susciter une belle émotion, évitant de tomber dans le romantisme teenager un peu niais. Vivès y a mis beaucoup de sensibilité et de tendresse, montrant davantage par son dessin épuré les corps, les gestes et les postures, que les regards, les yeux n’étant représentés que lorsqu’ils ont quelque chose à exprimer. Par exemple, l’insondable mélancolie adolescente d’Antoine.
C’est donc dès le moment où il fait connaissance avec Hélène, jolie jeune fille de deux ans son aînée, que l’adolescent va peu à peu s’éveiller à la sensualité et au langage du corps. Entre cette dernière et lui-même va s’instaurer une intimité particulière, du fait d’une certaine ressemblance physique et de la timidité d’Antoine, dont la sensibilité à fleur de peau et l’aspect frêle en font presque un être androgyne. Les rôles vont alors en quelque sorte s’inverser. Hélène, intriguée et touchée par cette singularité, rare chez les garçons du même âge qui souvent préfèrent jouer les coqs, va prendre les commandes et l’accompagner de façon troublante, telle une grande sœur un peu incestueuse, vers les choses de l’amour. A ce « petit frère » lunaire et rêveur, elle fera un double cadeau. L’un marquera Antoine pour la vie, celui qu’elle n’aura jamais fait à tous les petits frimeurs qui lui tournaient autour et dont l’arrogance leur coûtera la vie... L’autre sera de sauver celle du jeune garçon, justement en lui interdisant de les suivre en traversant la baie à la nage…
La façon dont Bastien Vivès amène son sujet est d’une intelligence rare et tout en retenue. Sans verbiage inutile, l’émotion, toujours suggérée, n’en est que plus forte. L’auteur, disposant de cette capacité à ne garder que l’essentiel, fait véritablement figure de dessinateur des sentiments et des émotions. Et nous offre ainsi une histoire que l’on quitte à regret, un peu comme l’amour de vacances à qui l’on dut dire adieu quand on était ado…
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Mech Academy
C’est con à dire mais en seulement deux tomes je suis devenu accro à cette série qui ne m’est absolument pas destinée. Mech Academy, c’est un croisement entre Transformers et Goldorak mais avec un scénario bien rythmé et un manichéisme que je qualifierai d’intelligent. On suit les aventures d’un jeune adolescent débrouillard, courageux et au cœur noble… un héros de bd pour jeunes ados, quoi. Entouré de quelques camarades, soutenu par un militaire chevronné, il porte le récit sans monopoliser tout l’espace. Les nobles valeurs qu’il véhicule (esprit d’équipe, honnêteté, fidélité, respect, etc…) en font un personnage charismatique tandis que son impulsivité et sa naïveté viennent contrebalancer un profil qui aurait pu apparaitre comme trop parfait. En clair : on s’identifie rapidement à lui. Les rôles secondaires sont classiques et proposent une belle mixité tant de sexe et de peau que de morphologie, chose que j’apprécie toujours surtout lorsqu’on veut défendre des valeurs telles que le respect ou l’esprit d’équipe. Chacun à sa manière apporte sa pierre à l’édifice. Aucun personnage n’est inutile et la richesse de cette galerie, couplée au fait que chacun d’eux est bien typé et donc directement identifiable, permet de densifier le récit, lui évitant de devoir ne reposer que sur un ou deux personnages. Les robots alliés de nos jeunes terriens sont autant de gros nounours rassurants tandis que nos envahisseurs venus de l’espace se montrent déterminés et sans pitié. Tout cela aurait pu être d’un manichéisme primaire si on ne se rendait pas rapidement compte… que l’ennemi le plus dangereux n’est pas celui qu’on croit. Et c’est en ça que je trouve que cette série fait montre d’intelligence. Certes, cela reste destiné à de jeunes adolescents mais même un vieux con dans mon genre y trouve matière à se divertir. Le rythme est constamment élevé mais sans être survolté. Ce récit très dynamique n’empêche en rien de voir grandir les personnages, ce qui les rend d’autant plus attachants. Les rebondissements arrivent toujours au bon moment pour relancer une intrigue générale moins basique qu’elle n’en a l’air au premier regard. Le dessin, enfin, combine les influences comics et manga. Il est en général très lisible, seules quelques scènes de combats perdent à l’occasion en clarté. Comme dit précédemment, chaque personnage est bien typé et rapidement reconnaissable. Ce qui est valable pour leur caractère l’est tout autant pour leur physique : on sait qui est qui et qui fait quoi. Enfin, quelques grandes illustrations permettent de souffler un coup, le temps d’admirer le dessin réalisé, avant de replonger dans le récit. Je me réjouis de lire la suite de ces aventures !!! Une série à essayer et à conseiller à tous les ados de 10 à 13 ans (même si, je sais, là comme ça, en voyant les couverture, elle fait pas spécialement envie).
Bouts d'ficelles
Un scénario construit sur base d’une comptine, improvisé au fil des pages mais avec un fil narratif évident, un bout de ficelle sur lequel on tire encore et encore, et qui se déroule, comme faire se doit… mais tout ne se déroulera pas comme prévu (et c’est le moins que l’on puisse dire) ! Un album construit comme un cadavre exquis mais réalisé par un seul et même auteur, avec juste des passages obligés. Le processus de création est donc amusant en soi mais l’histoire aurait très bien pu être inintéressante au possible. Or, il n’en est rien car l’imagination et l’art du rebondissement imprévu sont ici livrés aux mains expertes d'un auteur qui n’hésite pas à se mettre en danger (ceux qui aiment les cadavres exquis savent qu’il y a une frontière au-delà de laquelle il ne faut pas aller mais qu’il est bon de frôler, et le plus souvent possible, encore bien !) L’exercice de style est pleinement réussi, offrant en définitive un récit rythmé, amusant, surprenant, porté par des personnages tantôt touchants tantôt sortis d'on ne sait où (et parfois les deux à la fois), avec des recoupements espérés, attendus mais tellement jouissifs. Et si je peux comprendre qu’à la longue cet enchaînement de mésaventures puisse saouler l’un ou l’autre lecteur, à titre personnel j’ai trouvé que l’album avait la longueur idéale. Olivier Pont s’arrête avant que cela ne devienne trop long, finit comme il avait commencé et (si j’ose dire) nous laisse jouir de son plaisir. Une réussite, pour moi. Une belle réussite. Une franche réussite. Un album divertissant, léger qui va au-delà de l’exercice de style. Un délire contrôlé. Une lecture recommandée.
Une vie avec Alexandra David-Néel
Ce diptyque est placé sous l’égide du musée Guimet (qui, à Paris, propose une imposante collection d’objets et documents liés à l’Asie). Quoi de plus normal pour cette biographie d’Alexandra David-Néel, qui fut l’une des premières visiteuses de ce musée dans le dernier tiers du XIXème siècle, et qui a tant apporté à la connaissance de l’Asie et de certaines des spiritualités qui s’y sont développées ? A la fin de chaque volume, un dossier intéressant présente l’exploratrice, et le Tibet et le bouddhisme. Cette biographie est basée sur un ouvrage de Marie-Madeleine Peyronnet, qui fut sa "bonne à tout faire", sa confidente et son amie durant les dix dernières années de sa longue vie (plus d’un siècle bien rempli !). C’est au travers des yeux et du témoignage de Marie-Madeleine – avec des flash-back en Noir et Blanc évoquant les grandes étapes des explorations, suites aux confidences de la grande dame, que Fred Campoy nous fait découvrir la vie, les idées et la personnalité d’Alexandra David-Néel. Et quelle vie incroyable ! Enfant bercée sur les genoux de Victor Hugo, alors exilé en Belgique, ayant plus tard eu de longues discussions avec Elysée Reclus, ayant dès son plus jeune âge eu le goût de la liberté et des voyages (et des fugues !), on a là une personnalité à la fois atypique, extraordinaire, et d’une force qui, si elle n’a pas déplacé des montagnes, en a traversé, et pas n’importe lesquelles ! J'aurais aimé apprendre davantage de détails sur cette période de sa vie, son combat féministe, etc. La construction de Campoy est bien fichue, et on entre dans la vie de l’exploratrice avec facilité et bonheur. Mais aussi dans les relations entre celle-ci et Marie-Madeleine, qui s’occupe d’elle, la seconde à la fin de sa vie, lorsqu’elle est devenue impotente. Et l’on découvre aussi le caractère quasi insupportable d’Alexandra, et l’obstination, le courage – mais aussi l’amour, voire l’abnégation dont a dû faire preuve celle qui nous « raconte » cette « histoire » pour la supporter (dans tous les sens du terme d’ailleurs). Le dessin de Fred Campoy et de Mathieu Blanchot (je pense que l’un s’occupe des flash-back (la période jeunesse/exploratrice), l’autre des scènes des années 1950-60 (cohabitation entre Alexandra et Marie-Madeleine) – en tout cas leurs styles sont raccord), dans un style semi-réaliste, est très agréable, et rend la lecture fluide. On a donc là une biographie intéressante, même pour ceux qui, comme moi, ne sont a priori pas passionnés par le sujet (à noter que je n’ai pas lu le troisième tome, traitant visiblement du combat de Marie-Madeleine pour faire reconnaître et diffuser l'œuvre d'Alexandra, le deuxième se finissant avec la mort d’Alexandra David-Néel).
Blast
Blast ... Quelle puissance que cet ouvrage. Quelle idée, quel souffle. Encore une fois, un Larcenet qui surprend. Blast, c'est une histoire qui doit se lire dans son intégralité, et en une fois si possible. C'est une histoire noire et violente, mais qui marque par ses révélations successives. Le cliché du type interrogé au commissariat par deux flics est vite mis à mal par le talent de Larcenet. Loin des clichés du roman noir ou du polar, il nous entraîne dans une plongée psychologique tout en profondeur. C'est la découverte de ce personnage atypique, énorme et inquiétant. Une traversée de la folie de cet homme, de la nature magnifique et de l'humanité qui ne l'est pas. Blast renferme à nouveau les nombreux thèmes récurrents de Larcenet : mort du père, rapport à la nature, humanité et marginalité. C'est pourtant une nouvelle fois une lecture complètement différente qui est proposée. Ici, Larcenet joue sur l’ambiguïté de son héros. Malsain et dérangeant, j'ai pourtant eu envie de découvrir jusqu'au bout ce qui lui était arrivé. Ce roman graphique enchante par sa façon de dévoiler une personnalité atypique par petites touches. Il est dérangeant de se confronter au monde de Polza. Mais en même temps, il est aussi humain que chacun d'entre nous. Et rien ne nous dit que nous ne soyons pas nous même aussi fou que lui. C'est une lecture que je vous recommande chaudement. Prenez-vous le temps de le lire calmement, à tête reposée. Faites-vous une lecture intense, et j'espère que vous aussi vous en ressortirez changé. Ce roman graphique laisse des traces, indéniablement.
L'Executeur
Au détour d'un stand à Angoulême j'ai été attiré par la couverture où ce personnage tout en noir sur un fond jaune me jetait un coup d’œil ; en feuilletant quelques pages mon choix s'est très vite fait et je n'ai aucun regret. Harry Exton est un ancien mercenaire, tueur à gage et rangé des voitures. Depuis il végète un peu lorsqu'un ancien collègue lui parle du "jeu" où ses compétences sauront être appréciées à leur juste valeur. Le principe est simple. Des organisateurs anonymes, les "voix", parient de grosses sommes sur les "exécutants", tous d'anciens professionnels du meurtre, pour qu'ils s'affrontent dans des combats mortels. Harry y trouve son compte mais bientôt il souhaite sortir du "jeu", à priori une seule façon d'en sortir. A l'origine cette histoire est sortie chez l'éditeur 2000AD et est scénarisée par John Wagner co-créateur du personnage du Judge Dredd, son roman graphique A History of Violence a été adapté au cinéma. Au dessin Arthur Ranson illustrateur entre autres de Judge Dredd et de comics chez Marvel. Pour en rester au dessin j'avoue avoir pris une petite claque, en effet quel n'a pas été mon étonnement, alors que le Monsieur vient du comics de trouver un dessin plus proche d'un Rosinsky que de l'univers des super héros. Un dessin fouillé, loin de la ligne claire, une mise en page somme toute classique et des fonds de cases plutôt bien travaillés. Pour ce qui est du scénario, celui-ci est bien foutu, dynamique, plein de rythme et personnellement je n'ai pas lâché la chose dès ma lecture entamée. Le héros de cette histoire est un tueur et entendons-nous bien il n'est pas question de cautionner ses actes, pour autant à partir du moment où il décide de quitter le "jeu" on ne peut s'empêcher d'être en empathie avec lui et la manière dont il se démène pour s'extraire de cette toile d'araignée. Contrairement à ce que l'on pourrait penser cette BD n'est pas "bourrine" et "testostéronnée", j'ai bien apprécié son côté inéluctable et j'en fais mon coup de cœur de la bulle des indépendants de cet Angoulême 2017. A lire et à faire tourner.
Negalyod
Moebius sort de ce corps !! Si un jour on m'avait dit que j'apprécierais une BD où les dinosaures parlent ! Voila un album que je considère presque comme un ovni dans le paysage des sorties de septembre. Quel bonheur de se plonger dans cette aventure qui surfe sur les dégâts du réchauffement climatique et l'un de ses corollaires, le manque d'eau. Le visuel, celui-ci est tout bonnement superbe et l'on aime à se plonger dans ses multiples pages, près de 206, avant que de s'attaquer à la lecture proprement dite. Là surprise, un personnage humain qui échange des propos avec son dinosaure. Ce qui pourrait nous sembler complètement farfelu voir rédhibitoire ne l'est pas du tout, pour autant ce n'est pas une gentillette histoire de gentil petit dinosaure apprivoisé comme chez qui vous savez. Sous des dehors que d'aucun pourrait trouver simplistes nous sommes vite embarqués dans une quête afin de trouver un moyen pour sauver un monde, du moins une partie de celui-ci, qui se meurt par manque d'eau. S'il n'y a que peu d'explication sur la construction de cette ville d'en haut le résultat est graphiquement et visuellement magnifique, j'en veux pour preuve la couverte de cet album. Je ne reviendrai pas sur les diverses influences graphiques évoquées par Hervé dans son avis mais je plussoie. Quand à l'auteur Vincent Perriot il est quasi méconnaissable par rapport à son travail sur ses précédents travaux. De la SF intelligente, une histoire prenante, que dire de plus, foncez !
Conan le Cimmérien
Conan : "Au-delà de la Rivière Noire"!!!!!! Du 5 étoiles!!! 4 pour la série dans sa globalité suite à la parution de ce tome 3. Pour l'instant et même si j'ai aimé les deux adaptations précédentes, celle-ci est pour moi la meilleure des 3 ! Il est vrai que la nouvelle est aussi reconnue pour être une des plus emblématiques de Howard ! Le style de Alary (La reine de la Côte Noire)...son Conan, j'aime moins et pourtant la nouvelle est une de mes préférées et le scénario de Morvan au top! Les dessins d’Anthony Jean sur "Au delà de la Rivière Noire" sont de très belle facture et j'ai vraiment adhéré aux traits du cimmérien! Il est un peu dépoussiéré, avec des piercing dans les oreilles...bref surprenant mais pas si éloigné que ça de Buscema, si ce n'est la coupe de cheveux qui lui va plutôt bien comparée à la frange! Bref, on s'attache très vite à cette représentation de Conan qui pour l'instant est celle qui me convient le mieux ! Un Conan sombre, fataliste mais tellement lucide saluant le courage même celui d'un animal ! Alors bien entendu, je rejoins certains en disant que c'est court, bien trop court par rapport à la nouvelle ! Cela ne veut pas dire que ce n'est pas bon, c'est même tout le contraire, c'est excellent mais c'est frustrant, on aurait tellement aimé que les auteurs développent quelques passages ! Le siège du fort, le combat héroïque de Balthus avec son chien contre les pictes est seulement ébauché (faute au nombre de pages de la Bd), c'est pourtant à mon sens un moment de haute intensité dramatique qui méritait quelques pages supplémentaires ! Il est vrai que dans la nouvelle de Howard, l’affrontement final entre Balthus, Slasher et leurs ennemis n'est pas narré directement non plus mais elle développe beaucoup plus ce qui se passe juste avant, le fait qu'il en tue quelques-uns avec son arc et que petit à petit on le sent encerclé mais décidé à donner du temps aux femmes des colons pour fuir ! "C'était un homme, dit Conan. Je bois à son ombre et à l'ombre de son chien qui ne connaissait aucune peur..." écrivait Howard. Cette nouvelle méritait au moins deux tomes... mais je sais, on ne peut pas toujours faire comme on le souhaite et il y a des contraintes que Anthony Jean et Mathieu Gabella ont dû respecter ! Ils s'en sont très bien tirés! Ceci dit, je me suis régalé et vais me replonger dans la nouvelle pour avoir une idée plus précise de l'adaptation même si je sais déjà que c'est une superbe adaptation et qu'ils ne pouvaient faire mieux sur 42 pages ! Excellente troisième BD dans cette collection ! J'ai adoré, ma préférée pour l'instant même si les deux autres tomes de la série valent largement le détour! Ce qui est séduisant dans cette série, c'est justement le fait que plusieurs équipes se succèdent! On varie les plaisirs (un peu, beaucoup, à la folie) mais chacun va y trouver son Conan idéal et sa BD référence concernant le héros de Howard! Pour l'instant, je suis admiratif devant ce 3eme volume. J'espère que la suite sera du même niveau pour le plus grand plaisir de tous les fans du cimmérien et des autres...
Templiers
Excellent diptyque que voici. Comme dit plus haut, nous n'avons pas affaire ici à une (re)lecture de l'Histoire des Templiers, de leur enrichissement, de leur chute, mais plus à une histoire dans celle-ci, une sorte de Robin des Bois mâtiné de Ocean Eleven. Nous allons suivre, pendant les rafles de templiers et leur procès, les aventures d'un groupe d'une demi douzaine d'entre eux qui vont soustraire le fameux trésor de l'ordre au Roi et ses conseillers, pour qui la chute de l'ordre (et de son prestige) se doublait d'une opération destinée à remplir les caisses de l'état, exsangues. Et ces personnages sont vraiment savoureux, chacun avec ses qualités, défauts, vices.... On leur trouve vraiment ce caractère qui nous les rends sympathiques. Les méchants sont des méchants. Ils en portent tous les stigmates, comme dans les bons fils d'Errol Flynn. C'est caricatural certes, mais tellement bien réalisé. Le rythme est dynamique, toujours en action. Le style Comics se prête parfaitement pour suivre cette narration cartoonesque, toujours en mouvement. Pas une page ne suscite l'ennui, les trouvailles sont toutes excellentes (l'utilisation des excréments parisiens et ce dialogue avec le bâtelier chargé de leur évacuation). Le dessin n'est pas exceptionnel mais il est bon dans son genre, les personnages sont reconnaissables, il participe au dynamisme, à l'action et se révèle au fil des pages, une belle réalisation. Le format, en deux volumes de 245 pages environ, est pour moi idéal. Il permet de donner du coffre, de l'ampleur à l'histoire et aux personnages, d'évoluer à la fois sans temps mort ni raccourcis. Vraiment bon.
Il faut flinguer Ramirez
Un bon aviseur doit savoir reconnaître une bonne bd sinon ce n’est pas un bon aviseur. Il faut savoir faire preuve de discernement pour déceler le meilleur du médiocre. Après, on peut toujours essayer d’atténuer que le mauvais n’est pas aussi mauvais que cela etc… et faire un peu dans la langue de bois afin de préserver les intérêts des auteurs et des éditeurs. Je réserve pour ma part ce langage aux politiciens. L’auteur que je ne connaissais pas à tout compris à la bande dessinée. Il sait introduire son histoire de manière plus que surprenante. Il sait maintenir un suspens. Il arrive même à nous faire aimer son héros qui ne prononcera pas un seul mot dans toute la bd ce qui est en soi un exploit. Bref, il possède tout les talents car il maîtrise toutes les techniques cinématographiques avec un découpage parfait. Je suis toujours étonné de voir des auteurs accomplis qui n’ont toujours rien compris au bout de la cinquième bande dessinée qu’ils réalisent et qui sont toujours aux commandes quand on voit ces talents émergés et qui possèdent déjà tout en eux au bout de leur 1ère bd. Là encore, il faut du discernement. Mais que faites-vous les gars ? Effectivement, si on aime Les 4 As et Bob et Bobette au point d’accorder 4 étoiles (j’aurais pu citer d’autres exemples), on aura sans doute un peu de mal avec cet univers. Et pourtant, c’est bien la reproduction des années 80 des USA non sans malice et humour. J’ai adoré les affiches publicitaires et les manchettes de journaux. C’était un véritable régal. Superbe travail. Que dire de plus ? C'est magistral pour ne pas dire flinguant.
Une Soeur
Le thème des premières amours dans le cadre des vacances familiales à Chmolduc-Plage est un sujet rebattu mille fois, le plus souvent au cinéma. Pourtant, à chaque fois, il y a toujours ce je-ne-sais-quoi d’irrésistiblement charmant, même lorsque le scénario ne vole pas bien haut, comme un goût de Madeleine de Proust sans doute. Bastien Vivès s’est-il replongé dans ses souvenirs - le jeune Antoine étant la plupart du temps affairé à griffonner dans son carnet de croquis - pour nous livrer cette histoire ? Dans « Une sœur », non seulement on retrouve tout cela, mais en plus, l’auteur parvient à susciter une belle émotion, évitant de tomber dans le romantisme teenager un peu niais. Vivès y a mis beaucoup de sensibilité et de tendresse, montrant davantage par son dessin épuré les corps, les gestes et les postures, que les regards, les yeux n’étant représentés que lorsqu’ils ont quelque chose à exprimer. Par exemple, l’insondable mélancolie adolescente d’Antoine. C’est donc dès le moment où il fait connaissance avec Hélène, jolie jeune fille de deux ans son aînée, que l’adolescent va peu à peu s’éveiller à la sensualité et au langage du corps. Entre cette dernière et lui-même va s’instaurer une intimité particulière, du fait d’une certaine ressemblance physique et de la timidité d’Antoine, dont la sensibilité à fleur de peau et l’aspect frêle en font presque un être androgyne. Les rôles vont alors en quelque sorte s’inverser. Hélène, intriguée et touchée par cette singularité, rare chez les garçons du même âge qui souvent préfèrent jouer les coqs, va prendre les commandes et l’accompagner de façon troublante, telle une grande sœur un peu incestueuse, vers les choses de l’amour. A ce « petit frère » lunaire et rêveur, elle fera un double cadeau. L’un marquera Antoine pour la vie, celui qu’elle n’aura jamais fait à tous les petits frimeurs qui lui tournaient autour et dont l’arrogance leur coûtera la vie... L’autre sera de sauver celle du jeune garçon, justement en lui interdisant de les suivre en traversant la baie à la nage… La façon dont Bastien Vivès amène son sujet est d’une intelligence rare et tout en retenue. Sans verbiage inutile, l’émotion, toujours suggérée, n’en est que plus forte. L’auteur, disposant de cette capacité à ne garder que l’essentiel, fait véritablement figure de dessinateur des sentiments et des émotions. Et nous offre ainsi une histoire que l’on quitte à regret, un peu comme l’amour de vacances à qui l’on dut dire adieu quand on était ado…