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Par Blue Boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Soudain l'univers prend fin
Soudain l'univers prend fin

Au moment où les Editions Ça et Là tentent d’affronter la bourrasque des difficultés financières, il est approprié de revenir sur cet éditeur indépendant qui n’a pas choisi de publier les œuvres les plus faciles d’accès, mais ce faisant a édifié au fil de temps une palette d’univers on ne peut plus riche. « Soudain l’univers prend fin » en fait partie et constitue une expérience de lecture tout à fait atypique. C’est quand on lit ce genre de livres qu’on prend conscience que de telles initiatives éditoriales doivent être soutenues haut et fort. Il faut évidemment souligner la qualité de la reliure dotée d’un ruban signet (un petit rien toujours classieux). Simple et efficace, le dessin se situe dans la droite ligne du style comics US humoristique. L’ouvrage est donc essentiellement composé de strips de quatre cases, à raison d’un strip par jour pendant plus de deux ans - en réalité six, mais ce recueil ne comporte que la période entre 2011 et 2013. Tel est le défi qu’a relevé le Canadien en laissant errer son imagination, estimant n’avoir rien de particulier à dire sur sa vie. Voilà pour la forme. Et c’est lorsqu’on attaque la lecture que cela devient encore plus intéressant. Le début suscite une impression plus que mitigée et ces strips aberrants laissent le lecteur plus que dubitatif. Sommes-nous censés rire de ces pseudo-gags qui semblent avoir été conçus juste pour remplir des cases dans le cadre du challenge que s’est imposé McFadzean ? Pour dix strips, on ne va « sous-rire » que pour un ou deux, avant peut-être de laisser choir l’objet mollement sur le sol. Et puis, et puis… il se produit alors quelque chose de très étrange, un renversement de situation à 180°, tout à fait inédit. Non seulement le bouquin ne nous tombe pas des mains, mais on ne peut plus le lâcher… Est-ce cette absurdité totalement décalée qui engendre un effet de fascination unique, faisant que bien malgré soi, on finit par adhérer à ce drôle d’univers ? Ainsi, on se surprend à s’esclaffer devant l’audace de ces strips aux chutes totalement déphasées, mélange de poésie et d’humour noir. Et l’air de rien, Dakota McFadzean impose au fil des pages son univers néo-dadaïste doté d’une mécanique qui lui est propre et qui fonctionne parfaitement, à condition d’en déchiffrer le mot de passe d’accès. Grouillant de références pop-culture, ces minuscules strips racontant l’ordinaire sous le prisme du fantastique, avec ses personnages récurrents, deviennent ainsi de grandes histoires où seul le ciel est la limite ! Et c’est lorsque le livre prend fin, et son univers avec, que l’on voudrait que ça ne s’arrête jamais. Heureusement, et c’est l’avantage non négligeable de cette œuvre sans queue ni tête : on peut la relire à l’infini et dans tous les sens ! S’il n’y avait qu’un livre à conserver dans les toilettes, ce serait bien celui-là ! On attend évidemment la suite (période 2014-2015), d’où l’intérêt de soutenir l’éditeur !

22/09/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Profession du père
Profession du père

3.5 Adaptation d'un roman que je ne connaissais pas. On suit le jeune Émile qui a un père mythomane. Au début, je pensais que ce que disait son père était vrai, mais très vite je me suis aperçu qu'il disait n'importe quoi. Le père en question est très abusif et on le voit souvent battre son fils et sa femme. Le pire est que durant la guerre d'Algérie il va se radicaliser et entraîner son fils dans sa folie. En ce temps où plusieurs jeunes se radicalisent, notamment grâce à internet, c'est intéressant de voir comment un jeune peut basculer à cause de l'influence de son père. Le pauvre gamin croit réellement tout ce que son père lui dit et il va finir par croire qu'il fait partie d'un complot pour tuer De Gaulle et que c'est une bonne chose parce que De Gaulle est juste un gros salaud qui abandonne les Algériens français. Le récit est prenant, le ton sonne juste, les personnages sont intéressants et je n'étais pas capable de laisser l'album durant une grande partie de ma lecture tellement je voulais savoir comment cela allait finir. Dommage que le scénario finisse par faire des grands sauts dans le temps. On va notamment passer de 1963 à 1970 puis à 1994. Si ces scènes sont intéressantes vu qu'on voit l'évolution du fils par rapport à son père, ce n'est pas aussi prenant que toute l'action qui se passe dans les années 60. Je ne sais pas comment c'est dans le roman, mais dans son adaptation en BD j'ai eu l'impression que ces sauts dans le temps ont fait en sorte que certaines choses n'ont pas été très développées. Par exemple, Émile a une femme et un fils qui apparaissent tellement peu qu'on dirait qu'il vit seul et en plus lorsque le fils réapparaît après plusieurs pages d'absence, j'avais oublié qu'il existait ! Cela reste tout de même une bonne BD et j'ai bien aimé le dessin.

22/09/2018 (modifier)
Couverture de la série Layla - Conte des Marais Ecarlates
Layla - Conte des Marais Ecarlates

Layla, premier tome de ces contes de marais écarlates, est à mes yeux un très bel album. Il s’agit d’un conte se déroulant dans un univers de dark fantasy, un univers qui, par plusieurs aspects m’a fait penser à celui de la complainte des landes perdues. Les personnages sont, de prime abord, assez classiques mais de petits détails font toute la différence. Chaque personne, en effet, s’il correspond à une image classique du conte, montre à l’occasion un trait de caractère qui l’éloigne de ces stéréotypes. Le récit est porté par les deux personnages centraux et il me faut bien reconnaître que la Vouivre créée par les auteurs est aussi séduisante qu’horrifiante. Tout le savoir-faire de Mika explose sur les planches qui l’illustrent… Bon, d’accord, tout le savoir-faire de Mika s’étale sur chacune des planches de cette bande dessinée. Son travail est tout bonnement impressionnant, dans la lignée d’un Régis Loisel ou d’un Vincent Mallié. Riche et parfaitement lisible à la fois, réaliste mais avec ce zeste de caricature qui permet d’accentuer les expressions, il m’a envouté. Le scénario de Jérémy n’est pas en reste. L’aventure est au rendez-vous. La multiplicité des personnages permet de densifier le récit, long de 96 pages (soit la taille habituelle d’un diptyque ici réuni en un seul volume). Les rebondissements sont nombreux et le twist final est aussi bien trouvé que bien amené. Il donne en tous les cas l’envie de relire cet album directement. Si vous aimez ce style de conte de dark fantasy , foncez ! Cet album en est un digne fleuron en parvenant à la fois à être classique et à renouveler le genre grâce à l’une ou l’autre idée originale.

22/09/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série The End
The End

J'ai bien aimé ce scénario même s'il rappelle presque en tout point le synopsis et le thème du film Phénomène qui a vu se précipiter la carrière cinématographique de Night Shyamalan. En quelques secondes, des gens meurent dans la nature de manière incompréhensible sans même prévenir. N'y a t'il pas des signes avant-coureur ? Peut-on échapper à ce tueur invisible et implacable ? Encore une fois, la nature tente de reprendre ses droits. Les responsables de ce phénomène morbide sont les arbres qui produisent notre oxygène. Fallait-il les détruire jusqu'au dernier tronc pour échapper à une extinction de masse ? Ils l'ont déjà fait il y a 66 millions d'années et ils recommencent afin de menacer l'avenir de l'espèce humaine. Zep s'en sort très bien pour raconter un récit qui prendra une étrange tournure vers la fin. Il est clair que les ballades forestières prendront dorénavant une autre dimension où l'on commencera à frissonner. De même qu'on n'avait pas très bien compris le film, on pose le même regard d'incrédulité sur cette oeuvre. Il est clair que les lecteurs de Titeuf vont avoir du mal. Cependant, je salue le courage de l'auteur d'être enfin sorti du terrain battu pour nous offrir un beau message écologique. Une histoire qui amène à réfléchir sur ce qu'on fait sur cette terre qui ne nous appartient pas totalement.

22/09/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
Couverture de la série Artiste - Un chef d'exception
Artiste - Un chef d'exception

J'avais adoré le film d'animation Ratatouille sur les restaurants gastronomiques de Paris et de ce quelque chose qui se perd progressivement. On est exactement dans le même thème. Le rat est cette fois-ci un jeune homme qui fait la plonge depuis un an parce qu'il a soi-disant raté une sauce d'après le grand chef. Bref, la moindre erreur est interdite. On retrouve tout le charme de la capitale à travers ses assiettes bien délicieuses. Certes, c'est un Paris chic et derrière les fourneaux des jeunes s'activent du matin au soir sans perdre la moindre minute dans des conditions de travail d'enfer. Si seulement, c'était bien payé. Bref, on aura droit également à l'envers du décors et c'est tant mieux. C'est un peu différents des autres mangas culinaires car on ne va pas s'attarder sur la composition des plats mais vivre dans les cuisines du restaurant sous un aspect travail. Par ailleurs, même s'il ne se passe pas grand chose car on découvre une palette de personnages, il y aura un grand retournement de situation vers la fin car le héros a bien caché son jeu. C'est un artiste d'exception dans son domaine.

21/09/2018 (modifier)
Par Jérem
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Duel
Duel

Je précise que je n’ai pas lu la nouvelle de Joseph Conrad, dont l’album s’est grandement inspiré. Deux hussards de l’armée napoléonienne n’auront de cesse toute leur vie de s’affronter en duel. Cette rivalité hors norme, pourtant née d’une peccadille, va obliger les deux hommes à se surpasser et de monter en grade dans l’armée afin de prendre le dessus sur l’autre. Les deux héros que tout oppose (physique, caractère, naissance, fortune, statut social), si ce n’est leur courage et leur « sens de l’honneur », vont ainsi voir leur vie conditionnée par cette rivalité, teintée de haine, d’admiration, voire d’amitié, qui va être le principal moteur de leurs actes. La psychologie des deux duellistes, pur produit de l’Ancien Régime pour l’un et de l’ère napoléonienne pour l’autre, est très habilement développée et symbolise deux France ennemies et irréconciliables. Le contexte historique est parfaitement reconstitué. On nage en pleine guerres napoléoniennes avec ses batailles les plus fameuses jusqu’au début de la Restauration et le retour aux affaires des Bourbons. L’intrigue principale s’insère avec bonheur dans la Grande Histoire et l’on croise certains personnages historiques comme Bonaparte ou Fouché. Le travail graphique fourni par Renaud Farace est impressionnant : finesse et réalisme des décors, grande expressivité des personnages, dynamisme des duels… le tout sur 185 pages. L’histoire est passionnante, en dépit de quelques petites longueurs et l’auteur, grâce à une belle maitrise narrative, m’a tenu en haleine durant tout l’album. Duel est une grande réussite ! A la fois exigeant et accessible, cet album m’a énormément plu. Pour un novice de la BD Renaud Farace fait preuve d’une grande maturité en plus d’un talent certain. A découvrir absolument.

21/09/2018 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série The New Mutants - L'Intégrale
The New Mutants - L'Intégrale

3.5 Au début des années 80, les X-Men sont devenus tellement populaires que Marvel veut plus de titres autour d'eux et Chris Claremont imagine donc ce titre qui introduit de nouveaux jeunes mutants qui vont devenir les nouveaux élèves du professeur Xavier. La première intégrale reprend le graphic novel (une collection prestige lancée par Marvel qui contenait des one-shots en 47 pages et qui avaient le format d'un album de BD) qui introduit l'équipe, les 10 premiers numéros de la série et un numéro des X-Men déjà disponible dans leurs propres intégrales et qui montre la première rencontre entre eux et les Nouveaux Mutants et qui résout une intrigue présente dans les trois premiers numéros de la série les Nouveaux Mutants. J'ai trouvé le résultat pas mal même si parfois le scénario m'a fait un peu sourciller. Le graphic novel contient quelques grosses éclipses et parfois les histoires sont un peu bizarres. C'est ainsi qu'on va avoir droit à un crossover avec Team America, une des séries les plus délires jamais imaginées par Marvel et nos héros vont se retrouver dans une cité romaine antique en pleine forêt amazone ! On retrouve les tics des comics de l'époque comme le fait que les héros vont souvent rappeler aux lecteurs leurs pouvoirs vu que la mentalité de l'époque était que chaque nouveau numéro avait de nouveaux lecteurs donc il ne fallait pas qu'ils soient trop mélangés et si ce procédé est pas mal lorsqu'on lit les numéros en mode mensuel, cela devient un peu lourd lorsqu'on lit ça dans une intégrale. Malgré ça, j'ai pris du plaisir à lire ces aventures. Tout d'abord parce que j'aime bien le dessin (quoique je trouve Buscema mieux que McLeod) et ensuite parce que je trouve que les Nouveaux Mutants sont des personnages terriblement attachants. J'adore leurs personnalités et les relations qu'ils ont entre-eux. Et puis même si parfois le scénario était un peu n'importe quoi, j'ai tout de même eu du plaisir à lire ces aventures. Le seul truc qui me tracasse est que j'ai l’impression que Claremont ne savait pas trop quoi faire avec la série qu'il a créée uniquement parce que Marvel voulait plus d'X-Men et que cela peut expliquer des choses comme le fait que le ton du scénario change selon les numéros. En tout cas, pour l'instant j'aime bien ses Nouveaux Mutants et je conseille la lecture aux fans de vieux comics.

20/09/2018 (modifier)
Couverture de la série Magnus
Magnus

Avant toutes choses, je me dois de préciser que, présenté comme un one-shot, cet album ressemble surtout au tome 0 d’une série à venir ! Et je croise arthritiquement mes doigts dans l’espoir de voir cette hypothétique série naitre, parce que ce tome 0, il m’a bien botté ! L’idée de départ est, je trouve, assez géniale. Dans un futur où l’intelligence artificielle est résolument entrée dans le quotidien des humains, des psy pour robots ont vu le jour. De fait, ces intelligences artificielles, souvent traitées comme de vulgaires machines (objets inanimés, avez-vous donc une âme ?), comme des esclaves des temps modernes, maltraitées, surexploitées, ces I.A. donc développent de plus en plus fréquemment une rancune tenace vis-à-vis de leurs propriétaires pouvant aller jusqu’à des envies de meurtres, aspirent à des vacances, à un peu plus de respect et de considération. Cela aurait pu donner un récit humoristique mais Kyles Higgins et Jorge Fornès optent pour le polar noir. Le premier chapitre, à ce sujet, est pour moi une petite perle qui ne cesse d’osciller entre humour noir et polar futuriste. On ne sait si l’on doit rire ou s’effrayer. Et c’est ma fois très réjouissant ! L’héroïne, une psy anciennement employée par le plus grand fabricant d’I.A. se retrouvera rapidement confrontée à celui-ci, désireux de garder l’emprise sur ses créations. Au fil des planches, on en apprend de plus en plus sur cet univers et sur sa façon de fonctionner. C’est original et souvent bien vu. Outre cet aspect du récit, celui-ci offre aussi son lot d’action et de suspense car il faut du temps et des rebondissements pour connaître et comprendre les intentions de chacun. Le dessin de Jorge Fornès accentue grandement l’aspect « polar noir futuriste » avec son encrage marqué et ses incessants jeux d’ombre. Sans être exceptionnel (je l’aurais aimé plus net dans certaines circonstances), il convient parfaitement à ce type de récit et joue dans l’ambiance générale. Mais que la fin est frustrante !!! Certes, cet album peut se lire comme un one-shot mais l’univers mis en place invite tellement à une suite que s’arrêter là serait pour moi une cruelle déception, un peu comme si vous aviez suivi un cours de zythologie durant lequel on vous aurait appris l’art de servir une bière… et où la cloche sonne au moment où vous espériez tremper vos lèvres dans la mousse légère fondant sur le verre où perle l'humide trace de votre savoir-faire.

20/09/2018 (modifier)
Par Jérem
Note: 4/5
Couverture de la série Valérian
Valérian

J’ai découvert Valérian il y a quelques mois en empruntant l’intégrale des albums. J’avais un peu peur d’être déçu en me lançant si tardivement dans une série, certes culte, mais assez ancienne. Il faut bien reconnaitre que Valérian fait un peu daté au regard de productions SF récentes, notamment lors de ses premiers opus. Mais la magie opère toujours tant la saga regorge de qualités. Valérian, c’est d’abord un univers incroyablement riche et créatif, un space opera foisonnant et immersif qui semble sans limite. Les auteurs ont laissé libre court à leur imagination débordante qui dépoussière joyeusement des thématiques pourtant éculées de la science-fiction, tout en dénonçant avec beaucoup d’humour certains maux de notre époque. Le ton souvent léger et complètement décalé participe aussi à la très grande singularité de l’œuvre. Les deux héros sont particulièrement attachants ; notamment Laureline qui au fil des albums prend largement le pas sur compagnon. Au final, Valérian tient bien le choc de son âge et demeure un incontournable de la SF.

20/09/2018 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
Couverture de la série Petit Paul
Petit Paul

Avec" Petit Paul", Bastien Vivès inaugure une nouvelle collection "Porn'Pop", dirigée par Céline Tran, plus connue sous le nom de Katsuni, dans le milieu du X. En 2011, Bastien Vivès avait surpris son monde en publiant chez "les Requins Marteaux" Les Melons de la colère, un ouvrage dérangeant et transgressif sur Magalie, une jeune fille pourvue d'une incroyable poitrine. Avec "Petit Paul", Vivès nous présente des scènes de la vie de Paul, le frère de Magalie, qui lui est pourvu d'un membre disproportionné pour son âge. On retrouve évidemment les personnages des "Melons de la colère", avec les parents mais surtout Magalie, qui joue un rôle non négligeable dans cet album. Il faut lire cet opus au second voire au troisième degré, et non le voir comme une simple BD porno. Car Vivès ose tout mais sur un ton humoristique. Il suffit de découvrir les pages d'introduction aux aventures de Petit Paul, qui sont des parodies des couvertures des albums de Martine, que tout le monde connait. Je mettrai une mention spéciale à "Petit Paul récite une poésie" pour sa chute très surprenante. Loufoque, drôle, osé (lisez "Petit Paul à l'anniversaire de Mohammed"), complètement immoral, ce livre est jubilatoire !

19/09/2018 (modifier)