C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures dit le dicton qui semble inspirer cette œuvre que sont les vieux fourneaux. Etre vieux, c’est devenu très in de nos jours, question maturité et compétence sur les choses de la vie. Le pire reste pour moi les jeunes avec des goûts de vieux dans une attitude purement suiviste mais bon, il faut de tout pour faire un monde. Bref, c’est vrai que tout ce qui est âgé provoque chez moi une petite aversion.
Tome 1: Ceux qui restent
J’ai beaucoup apprécié la jeune fille Sophie qui hurle, à la barbe de cette génération qui a tout gâché, les quatre vérités dures à entendre. C’est vrai qu’ils nous laissent un monde pourri : le chômage, la crise et ils partent faire la retraite à 60 ans en vivant le plus longtemps possible. Et il faudrait encore s’extasier devant eux ! Non, merci ! En tout cas, j’ai bien aimé la pensée profonde de l’auteur qui les aime quand même. Oui, on leur doit le respect tout de même. Cependant, les vieux estiment qu’on leur doit tout. Ils n’hésitent pas à prendre la place dans le bus en faisant se lever un enfant de moins de 5 ans ou une femme enceinte.
On a droit à une histoire plutôt touchante qui commence avec un décès et une mystérieuse lettre qui sera le point de départ à un road-movie maison de retraite attitude. D’ailleurs, cela conduit très mal un vieux (à 50km sur l’autoroute ou à 160 selon les cas). Rien ne leur sera épargné pour notre plus grand plaisir. Rien n’est d’ailleurs pire qu’un vieux riche qui s’exhibe avec une femme à forte poitrine afin de montrer leur insolente réussite.
Cette comédie sociale entre amitié et amour traite aussi du thème de la finance facile. Il y a des piques bien pensées ici et là. Les personnages sont réellement attachants. Oui, on les aime quand même ces vieux septuagénaires car ils sont parfois très drôles. Je regrette juste la calligraphie choisie un peu illisible. C’est dommage car les dialogues sont de haute volée avec des références assez amusantes. Lupano est devenu en ce qui me concerne le meilleur scénariste de sa génération. Après Ma révérence, c’est véritablement la consécration !
Tome 2: Bonny and Pierrot
Le second tome fait même l'exploit de dépasser le premier qui était déjà une bonne surprise. C'est dire ! On a droit à une histoire totalement indépendante du premier volume bien qu'il y ait une transition et un fil conducteur. J'ai bien apprécié la critique sans détour des travers de notre société et plus généralement du mode de vie capitaliste.
L'exemple de l'évolution de l'île de Nauru au sein du Pacifique est assez caractéristique notamment son histoire économique basée sur l'exploitation du phosphate. Les habitants sont devenus parmi les plus riches du monde avant de connaître la ruine avec l'épuisement des ressources ou la maladie pour avoir adopté un mode de vie occidental pas adapté. Le taux de chômage est actuellement l'un des plus élevés au monde avec 90%.
Bref, outre cet exemple assez marquant, il y a dans cette bd de nombreuses références assez amusantes. L'esprit est franchement contestataire. Cela rend nos trois vieux absolument sympathiques.
Tome 3: Celui qui part
Qu'est-ce qu'on aimerait bien être comme eux au 3ème âge ! C'est presque idéalisé. On les retrouve pour notre plus grand bonheur pour de nouvelles aventures toujours aussi truculentes. Notre société de consommation en prendra encore pour son grade.
Pour le reste, tout semble bien fonctionner dans cette comédie sociale. A noter la présence de flashback qui éclaire un peu le passé de nos protagonistes. Pour autant, l'effet de surprise des premiers tomes est passé. Il ne faudra pas essouffler le lectorat en multipliant les tomes à tout va.
Tome 4: La magicienne
Lorsque l'on va apprendre qui est la magicienne, nul doute qu'on aura un petit choc. Le ton reste toujours aussi écolo-bobo tout en se moquant également de cette tendance nombriliste. La série a connu un grand succès au point d'intéresser le cinéma. Le filon est loin de s'éteindre. On est parti pour une suite à la fin de ce quatrième chapitre qui semble faire du surplace. Pour autant, les thèmes abordés sont plutôt d'actualité.
Il y a toujours le plaisir qui reste intact de lire les vieux fourneaux. J'ai beaucoup aimé certaines trouvailles comme le fantasme imagé de Sophie sur deux pages où il y a cette double lecture avec la réalité. Du grand art !
Tome 5: Bons pour l'asile
Cette série m'a presque fait réconcilier avec le troisième âge. Il faut dire qu'autour de moi, les vieux ne sont pas du tout les êtres bons et généreux avec la main sur le coeur. Je n'observe pour ma part que la plupart sont racistes et conservateurs ce qui ne reflètent pas de bonnes valeurs. Peut-être que la bd projette une version idéalisée. On aimerait en tout cas que cela soit la réalité.
J'ai beaucoup aimé l'introduction avec la démonstration devant l'ambassade de Suisse. C'est toujours aussi drôle sauf sans aucun doute la conclusion de ce tome qui nous rappelle que nous sommes juste de passage en ce monde.
On pourra sans doute reprocher un parti pris pour un camp politique facilement devinable mais les auteurs s'assument. Il y a en effet toute une caricature des syndicalistes et autres contestataires. Sans doute, le tome le plus engagé.
Tome 6: L'oreille bouchée
La question qui fâche et qu'il faudrait éviter de poser pour ne pas lancer un pavé dans la marre : est-ce le tome de trop dans cette excellente collection ? Il est vrai que nous avons fait un peu le tour des aventures de nos trois vieux compères.
Là, on va imaginer une probable aventure en Amazonie avec comme prétexte de parler de la pollution et de la déforestation. Il est vrai que l'intention est fort louable car on ne pense pas que quand on offre un bijou en or à sa compagne pour les fêtes de fin d’année, cela puisse avoir un réel impact sur la planète. Bientôt, on culpabilisera même de vivre.
La lecture demeure toujours aussi agréable même si les ficelles ont déjà été tiré plusieurs fois. On connaît la pièce de théâtre sur Nauru. On connaît les incessantes jérémiades de Pierrot. Certes, on va découvrir un peu de leur jeunesse et leur occasion loupée à force de défendre une cause idéologique.
Même si le charme des premiers albums n'y est plus à force de produire pour la consommation, cela reste une valeur sûre pour investir dans une lecture sympathique.
En conclusion, nous avons là une des meilleures séries comiques de ces dernières années !
J’éprouve une affection toute particulière pour cette série mythique. J'ai lu un tome puis je suis allé chercher d'un coup la collection entière. Je suis d'un genre un peu impulsif. La vendeuse n'y croyait pas ! C'est sans doute la série qui m'a donné la fibre alors que j'étais un jeune adulte. J'ai pratiquement commencé ma collection de bande dessinée par ce titre.
Il faut dire que cette collection est signée par le maître des scénaristes à savoir Jean Van Hamme alors au sommet de son art. Depuis 2007, Yves Sente a repris le flambeau pour essayer de renouveler la série en apportant un souffle nouveau, voire une véritable cure de jouvence. Il est également un talentueux scénariste mais il ne possède pas le génie de son prédécesseur. On ne le sent pas totalement à l'aise avec le genre. Sa méthode est de diluer l'intrigue principale sur un certain nombre de tomes en multipliant des séries avec des intrigues secondaires qui doivent se croiser. Cela ne semble pas plaire au public même si certains fans s'amusent à croiser les événements. Cela devient trop compliqué et pas assez limpide. On apprend avec le 35ème album de Thorgal qu'il est débarqué au profit de Xavier Dorison ce qui semble encore aggraver le cas de cette série. Il est vrai que les derniers albums montraient un Thorgal beaucoup trop éloigné de sa personnalité. C'était certes innovateur mais pas au goût du public. Son travail sur près de 10 albums (dont la série parallèle consacré à Kriss de Valnor) est tout de même assez méritoire. On a compris qu'avec Xavier Dorison, Thorgal doit revenir aux fondamentaux. Mais bon, le résultat de ce nouveau Thorgal est loin de celui espéré. La créativité semble manquer cruellement.
Les aventures de Thorgal commencent lorsqu'un chef viking découvre un bébé dans une mystérieuse embarcation. On se croirait dans Moïse! Il adopte l'enfant et le nomme Thorgal en référence à ses dieux (Thor le dieu de la foudre et Ægir le géant des mers). Le petit garçon ainsi adopté va devenir un formidable guerrier très habile au tir à l'arc. Il vivra une enfance difficile car rejeté par le peuple viking. Heureusement, son amitié avec Aaricia va le sauver. Ils tomberont amoureux et auront au fil de l'histoire deux enfants avec des pouvoirs tout aussi extraordinaires. Mais surtout, ils aspireront à une vie tranquille loin des tourments de la guerre mais les nombreux dangers du monde semblent les rattraper à chaque fois. Le destin de ce héros le pousse à rencontrer des ennemis de la pire espèce comme l'emblématique Kriss de Valnor qu'on adorera détester!
Cependant Thorgal va progressivement remonter à ses véritables origines. L'aventure nous mènera assez loin jusqu’aux confins de la science-fiction puisque Thorgal est également appelé "l'enfant des étoiles". J’ai véritablement adoré le cycle du pays de Qâ que je considère comme véritablement culte. Ce voyage sur le continent américain jusque-là encore inconnu réserve bien des surprises et nous en révèle beaucoup sur les origines mystérieuses de Thorgal. J’ai également frissonné dans « Alinoé ». J’ai beaucoup aimé l’album « au-delà des ombres » qui fut d’ailleurs primé en son temps. « La cage » m’a également interpellé quant à l’attitude de la courageuse Aaricia. Les derniers albums sont beaucoup moins bons et cela se ressent (par exemple scénario identique aux « Archers » dans « le Barbare »).
Cependant, la reprise du flambeau par le fils de Thorgal à savoir Jolan et son initiation par le mystérieux Manthor peut réserver encore de bonnes surprises. C'est dommage cependant que l'histoire semble un peu s'inspirer de 'la communauté de l'anneau'. Le plaisir semble rester intact. Je dois même avouer que ce renouvellement produit son effet. L'essoufflement de la série semble être totalement oublié. Il ne faudrait surtout pas à mon avis que Jolan soit un clone de son père (genre "qu'est-ce que ferait Thorgal dans une telle situation?). On sait également que ce fuit juste une aventure scénaristique le temps de plusieurs albums pour revenir ensuite sur le père, notre héros qui revient en sauveur de son autre enfant (celui qu'il a eu avec Kriss).
Un mot également sur la qualité du dessin de Rosinski qui ira en s'améliorant depuis 1977 puis en se dégradant à nouveau. C'est devenu un véritable adepte de la couleur directe. Son style, tout en couleurs et pinceaux donc, s'est orienté vers un équilibre assez subtil entre photoréalisme et impressionnisme. Cela apporte une nouvelle résonance plus poétique à cette grande saga. La vérité ou la réalité me pousse à dire que les derniers tomes de Thorgal ne sont pas vraiment bons du point de vue graphique. Même Roman Surzhenko semble faire mieux ce qui est quand même une bonne nouvelle.
A noter qu'il existe 2 BDVD pour compléter cette collection : "Entre les faux Dieux" et "Dans les griffes de Kriss". C'est une bonne expérience à vivre pour un fan afin d'enrichir l'univers de Thorgal. Le fantastique occupe également une part importante à travers les mythologies nordiques. Nous avons là une ambiance à la fois médiévale et fantastique dans une véritable dimension héroïc fantasy. Sur le plan de vue du succès: près de 14 millions de titres vendus avec une traduction dans 18 langues. Il ne manque plus qu'une adaptation TV en série ce qui sera bientôt chose faite.
Parce que "Thorgal" m'a donné envie de lire d'autres BD et de commencer une véritable collection, elle mérite d'être qualifiée de "culte". C'est la bd qui m'a donné la passion pour la bande dessinée. :)
Je me suis un peu amusé à noter chacun des titres pour le fun comme suit :
Tome 1: La Magicienne trahie
Tome 2: L'île des mers gelées
Tome 3: Les 3 Vieillards du pays d'Aran
Tome 4: La galère noire
Tome 5: Au-delà des ombres
Tome 6: La chute de Brek Zarith
Tome 7: L'enfant des étoiles
Tome 8: Alinoë
Tome 9: Les archers
Tome 10: Le pays Qâ
Tome 11: Les yeux de Tanatloc
Tome 12: La cité du Dieu perdu
Tome 13: Entre terre et lumière
Tome 14: Aaricia
Tome 15: Le Maître des montagnes
Tome 16: Louve
Tome 17: La gardienne des clés
Tome 18: L'épée-soleil
Tome 19: La forteresse invisible
Tome 20: La marque des bannis
Tome 21: La couronne d'Ogotaï
Tome 22: Géants
Tome 23: La cage
Tome 24: Arachnéa
Tome 25: Le mal bleu
Tome 26: Le royaume sous le sable
Tome 27: Le Barbare
Tome 28: Kriss de Valnor
Tome 29: Le sacrifice
Tome 30: Moi, Jolan
Tome 31: Le bouclier de Thor
Tome 32: La Bataille d'Asgard
Tome 33: Le Bateau-Sabre
Tome 34: Kah-Aniel
Tome 35: Le feu écarlate
Tome 36: Aniel
Tome 37: L'Ermite de Skellingar
Tome 38: La Selkie
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
J’adore certains romans de Verne (« Voyage au centre de la Terre » étant sans doute mon préféré), mais je n’ai jamais réussi à dépasser la moitié de « Vingt mille lieues sous les mers », que je trouve d’une lourdeur encyclopédique effroyable. Un format BD est a priori parfait pour adapter cette aventure… et bien le pari est réussi !
Gary Gianni a fait un travail d’adaptation admirable. Il a eu le courage de couper les longs catalogages de poissons et autres crustacés qui avaient miné ma lecture du roman, et a su conserver l’intrigue, le monde sous-marin fascinant, et les personnages charismatiques, à commencer par Nemo. Certains enchaînements narratifs semblent un peu soudains, mais dans l’ensemble l’histoire se lit bien, malgré des textes parfois un poil trop présents.
La mise en image est magnifique. Le style « hachuré » colle parfaitement à l’histoire, ainsi que les couleurs. Certaines pleines pages sont à tomber par terre. Dommage que de nombreuses cases à l’intérieur du Nautilus soient dépourvues de décors (économie de temps j’imagine).
Mais je chipote. J’ai passé un excellent moment de lecture, et je jubile d’avoir enfin pu lire ce classique jusqu’à son dénouement. Miam !
(MAJ pour la sortie du tome 2)
Une série remarquable, et une histoire édifiante qui m’a fortement marqué – j’ai mis une bonne demi-heure à me calmer après ma lecture.
La situation politique en Centrafrique est instable depuis un certain temps, mais les choses ont « dérapé » en 2013, avec le renversement du président Bozizé. Didier Kassaï, jeune auteur africain, témoigne dans le premier tome des horreurs qui ont accompagné la transition vers un nouveau gouvernement : exécutions arbitraires, exterminations religieuses, destructions d’églises, humiliations, pillages, que d’horreurs, qui nous sont racontées ici justement, sans trop en faire, mais sans nous épargner non plus. L’auteur fait preuve d’une remarquable maturité, il ne se pose jamais en héros de son histoire, et nous relate les évènements de son mieux.
Le second tome s’intéresse à la période de transition très compliquée, orchestrée par le nouveau chef d'état autoproclamé Djotodia, avec au programmes des conflits inter-religieux terribles, et une intervention française pas forcément très utile.
Comme toujours dans ce genre de « révolution », la situation est compliquée, les différentes factions sont nombreuses, leurs motivations pas toujours claires, les noms et sigles fusent. Heureusement les notes de bas de pages nous permettent de ne pas décrocher. Le texte d’Amnesty en fin de premier tome enfonce le clou et renforce le propos de l’auteur.
La mise en image est exemplaire, les planches fourmillent de détails, et les couleurs retranscrivent parfaitement l’ambiance « locale ». De plus l’auteur trouve encore une fois l’équilibre parfait, il nous dépeint les horreurs commises, mais sans trop en faire, sans verser dans le lugubre (pourtant il y avait de quoi faire !)
Une série fortement recommandable, qui m’a profondément ému.
Après la "reprise" de Bob Morane, le duo Brunschwig/Ducoudray embraye sur un scénario original dans un autre registre. On est en effet dans du post-apocalyptique, un post-apocalyptique qui va peut-être se muer en survival.
Mais n'allons pas plus vite que la musique et savourons ce premier tome, dans lequel l'action est encore peu présente, puisque l'essentiel de la trame concerne des témoignages et des tranches de vie d'habitants de Marseille, laquelle vient de recevoir une énorme météorite dans l'un de ses quartiers.
Les deux co-scénaristes font doucement monter la pression, entre mystère entourant ce corps céleste, dimension sociale et enquête policière menée par deux personnages dont l'un au passé tourmenté. On peut discerner plusieurs couches dans ce récit, et malgré une pagination de 68 pages pour ce premier tome, c'est un poil confus. En effet, même si on comprend assez vite qu'il y a 4 ou 5 personnages principaux, exerçant des métiers peu exploités dans la BD, il se passe beaucoup de choses, et cela fait pas mal d'informations à digérer en une fois. Une relecture attentive permet de mieux dégager les enjeux et les personnages, et nul doute que la suite va encore permettre d'éclairer tout cela.
Nous avons donc un thriller post-apo aux relents de monster-movie. Une montée en puissance savamment orchestrée, mais avec des choses en plus. Ce qui me plaît dans le boulot commun des deux scénaristes, c'est cette place forte donnée à la dimension sociale. Laïcité, lutte des classes, histoire coloniale et même histoire d'amour sont présents en filigrane dans cette nouvelle série, lui conférant un ancrage fort dans notre société multiculturelle et pourtant sujette à tant de contradictions. C'est en celà qu'on peut mesurer une histoire réussie : son ancrage fort dans une société, quelle qu'elle soit.
Les deux compères se sont adjoints un nouveau collaborateur en la personne de Florent Bossard, connu pour ses travaux de coloriste, mais aussi pour avoir assuré le dessin de L'Ours-Lune. Il se montre sérieux, précis dans son cadrage et sa mise en scène. Je suis encore un peu réservé quant aux visages de ses personnages, qui me semblent manquer de maîtrise par moments. Mais il progresse au fil de l'album, et sa dernière séquence est, à défaut de puissance, dotée d'une belle énergie.
*Mise à jour après lecture du tome 2*
J'ai appris entre temps que la série était abandonnée. Une mauvaise nouvelle, car la lecture de ce deuxième opus m'a confirmé son ampleur potentielle. La narration était en effet en train de se déployer, toujours autour de plusieurs personnages-clés, avec des personnalités complexes. Tout cela dans un contexte post-apocalyptique, propice à de nombreuses péripéties oscillant entre le social et la terreur.
Le dessin de Florent Bossard avait lui aussi nettement progressé, lorgnant par moments du côté de ce que fait Christian Rossi, avec encore des hésitations en termes de visages ou de morphologies.
Dommage, vraiment dommage que l'éditeur ait mis fin à cette série. Je lui conserve cette bonne note car j'ai pris du plaisir à lire les deux tomes sortis. Les auteurs la méritent.
Voici venu Le Temps des Amours, quatrième et dernier épisode des Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol. Composé de diverses histoires, le récit n’en demeure pas moins intéressant avec un Marcel qui quitte l’enfance pour rentrer dans l’âge bête. Le seul passage dont j’avais connaissance était celui où il rencontrait la mignonne Isabelle dans le film Le Château de ma mère. Mais si, vous savez, cette petite garce qui lui fait bouffer une sauterelle et le fait courir à quatre pattes comme un animal. Ça remonte tout ça… Cette partie abordée d’entrée est la plus prépondérante mais par la suite le récit est découpé en plusieurs petites anecdotes sans liens particuliers entre elles si ce n’est d’aborder les choses de l’amour. Quoique je n’ai pas très bien compris l’intérêt de l’épisode du fou.
Le temps des amours oui, mais les souvenirs amoureux d’un jeune puceau « in love » malgré lui. Ah la la, qu’est-ce que les garçons sont stupides à cet âge là… L’amour rend aveugle c’est bien connu, et que ce soit Marcel où un autre de ces jeunes gens, tous commettent tout un tas d’actes débiles ou avilissants juste pour plaire à la gente féminine, bien plus malicieuse et mature que ces messieurs au même âge. Encore une fois, je l’ai déjà dit dans un autre avis sur les Souvenirs... mais je trouve toujours cela marrant de voir combien tout ce petit monde n’est pas bien différent des jeunes d’aujourd’hui, caractérisé par les mêmes attentes, les mêmes désirs, etc. L’humanité ne se refait pas…
Toujours brillamment mis en image par Morgann Tanco qui aura finalement assuré sur les quatre tomes avec brio, lui qui n’était pourtant pas très chaud quand on lui a soumis le projet. Secondé par une Sandrine Cordurié que les amateurs de belles couleurs ne découvrent plus, cette dernière aussi offre encore et toujours un résultat impeccable qui sublime l’album.
Cette quadrilogie fut une réussite sur tous les plans. De beaux livres à posséder dans sa bibliothèque.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un chef-d'oeuvre, mais j'ai trouvé que le premier tome était très bien et c'est parfait parce que j’avais peur de ne pas aimer et que quelqu'un débarque chez moi pour m'enlever mon certificat de bon aviseur.
C'est un scénario axé sur le divertissement et l'hommage aux années 1980. Comme je ne connais pas trop les films d'action de l'époque, il y a peut-être quelques références que je n'ai pas captées, mais ce n'est pas trop grave. Le style m'a fait penser à du Tarantino et aux frères Coen pour le coté con des personnages. On suit donc Ramirez qui semble être un paisible réparateur d'aspirateurs, mais qui est en fait un ancien tueur de la mafia mexicaine et qui un jour va se faire reconnaître par un autre tueur.
L'intrigue est bien menée. L'auteur distille bien le mystère autour des motivations de Ramirez et il intègre bien différentes intrigues dans son scénario. Le dessin est bien maîtrisé et dynamique. L'humour marche bien et les personnages sont mémorables. Un bon divertissement dont j'attends la suite avec une certaine impatience.
« La tête dans les nuages » parle de l’âge où tous les espoirs sont permis, mais aussi où l’insouciance cède la place aux préoccupations plus matérielles et parfois anxiogènes. Ces chroniques mettent en scène un groupe de jeunes gens d’une école d’art qui viennent de décrocher leur diplôme et se trouvent désormais confrontés à des choix décisifs pour leurs vies futures.
Entre badinage amoureux et discussions existentielles autour de l’art, on suit les pérégrinations de Seth Fallon et sa bande de potes. Contrairement à sa petite amie Allison qui cherche à étoffer son réseau pour pouvoir vivre de son art, Seth refuse toute compromission et attend l’inspiration dans son armure de cynisme. Problème : l’inspiration ne vient pas, il est dans la galère et va devoir trouver un petit boulot pour assurer le quotidien. Jusqu’à cette rencontre inopinée avec son peintre favori, John Pollard, qui va tout bousculer…
Dans un style semi-réaliste proche de la BD U.S alternative, Joseph Remnant nous livre une histoire sans prétention qui semble inspirée de sa propre expérience. Il est vrai que cela sonne tout à fait juste et que les protagonistes donnent l’impression d’exister réellement. Par son dessin élégant, Remnant sait très bien restituer l’expressivité des visages et fait preuve d’un certain sens du détail. Pas en reste, la narration est fluide et l’auteur n’oublie pas au passage de distribuer quelques petits coups de canifs réjouissants à un certain snobisme caractéristique du milieu de l’art dans ce qu’il a de plus vain. Un auteur sincère et attachant qu’on a envie de suivre.
C’est agréable de lire une œuvre et de se dire que la personne qui l’a écrite est aussi cultivée que simple.
Et c’est vraiment sur cette impression que je suis resté durant toute ma lecture. Catherine Meurisse y évoque son enfance, une enfance heureuse bercée de culture autant potagère qu’artistique. J’ai aimé la douceur de cette évocation espiègle, lorsque l’impertinence de certains propos n’a d’égal que la pertinence des idées.
« Les grands espaces » est une invitation plus encore qu’un récit. Cet album est une ouverture à la curiosité, à la découverte, à la culture. L'autrice, au fil des planches, nous montre son univers vu par le prisme de l’enfance, lorsque toute chose à le goût de la première fois, lorsque l’émerveillement peut autant naître à la vue d’un tableau de Vermeer qu’à la découverte d’une bouse de vache encore fraîche et fumante.
Espiègle, simple et cultivé, frais, vivant, touchant, drôle… un très bel album. Une bulle hors du temps.
Wéééééééééééééééééééé !!!!!!!!!!!!!!!! Ça y est ! Ce coup-ci, Jeff Lemire me l’a vraiment mis dans les dents !!!
Bon, après cet emballement, je me calme et m’explique.
Ça fait quelques temps que je suis le travail de Jeff Lemire, trouvant ses différents projets intéressants, intrigants, engageants. Seulement, voilà, rarement j’ai eu le sentiment que la promesse avait été tenue. Mais j’y retourne à chaque fois… Sa narration, son dessin… rahhh, il y a une fragilité, une fêlure, une humanité qui m’interpellent. Et puis, à un moment, je me dis : « mais pourquoi il fait ça ? Pourquoi ça part en couille ? Pourquoi ça devient tout mou ? »
Et bien, avec Winter Road, c’est jamais devenu tout mou. Et le final de l’album ! Le final, Jésus, Marie, Joseph, le bœuf, l’âne, les moutons, l’encens, les centwafers… tout ce que vous voulez !!! Ce final !! Hein ? Quoi ? Ça fait vachement penser à un film célèbre ? Oui, je sais… mais je m’en fous parce que ce final est parfait pour ces personnages !
Parce que Winter Road, c’est avant tout une histoire humaine, avec deux personnages brisés, qui vont se reconstruire en s’appuyant sur l’autre. Les silences sont nombreux et c’est tant mieux car ces personnages expriment bien plus en ne disant rien ! Rahhh, j’aime ces grandes gueules fêlées ! C’est classique, déjà-vu… mais chez moi, ça marche à tous les coups.
Et puis, il y a le décor aussi. Ce bled paumé du Canada, cette cabane isolée en pleine forêt, ces scènes de hockey sur glace. L’auteur est dans son élément et ça se sent !
La progression dramatique est parfaite à mes yeux. Les personnages se révèlent au détour de flash-backs (avec une utilisation intelligente de la couleur) tandis que le drame approche, petit à petit mais inexorablement.
Et puis, il y a ce final !
Putain de final !!
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Les Vieux Fourneaux
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures dit le dicton qui semble inspirer cette œuvre que sont les vieux fourneaux. Etre vieux, c’est devenu très in de nos jours, question maturité et compétence sur les choses de la vie. Le pire reste pour moi les jeunes avec des goûts de vieux dans une attitude purement suiviste mais bon, il faut de tout pour faire un monde. Bref, c’est vrai que tout ce qui est âgé provoque chez moi une petite aversion. Tome 1: Ceux qui restent J’ai beaucoup apprécié la jeune fille Sophie qui hurle, à la barbe de cette génération qui a tout gâché, les quatre vérités dures à entendre. C’est vrai qu’ils nous laissent un monde pourri : le chômage, la crise et ils partent faire la retraite à 60 ans en vivant le plus longtemps possible. Et il faudrait encore s’extasier devant eux ! Non, merci ! En tout cas, j’ai bien aimé la pensée profonde de l’auteur qui les aime quand même. Oui, on leur doit le respect tout de même. Cependant, les vieux estiment qu’on leur doit tout. Ils n’hésitent pas à prendre la place dans le bus en faisant se lever un enfant de moins de 5 ans ou une femme enceinte. On a droit à une histoire plutôt touchante qui commence avec un décès et une mystérieuse lettre qui sera le point de départ à un road-movie maison de retraite attitude. D’ailleurs, cela conduit très mal un vieux (à 50km sur l’autoroute ou à 160 selon les cas). Rien ne leur sera épargné pour notre plus grand plaisir. Rien n’est d’ailleurs pire qu’un vieux riche qui s’exhibe avec une femme à forte poitrine afin de montrer leur insolente réussite. Cette comédie sociale entre amitié et amour traite aussi du thème de la finance facile. Il y a des piques bien pensées ici et là. Les personnages sont réellement attachants. Oui, on les aime quand même ces vieux septuagénaires car ils sont parfois très drôles. Je regrette juste la calligraphie choisie un peu illisible. C’est dommage car les dialogues sont de haute volée avec des références assez amusantes. Lupano est devenu en ce qui me concerne le meilleur scénariste de sa génération. Après Ma révérence, c’est véritablement la consécration ! Tome 2: Bonny and Pierrot Le second tome fait même l'exploit de dépasser le premier qui était déjà une bonne surprise. C'est dire ! On a droit à une histoire totalement indépendante du premier volume bien qu'il y ait une transition et un fil conducteur. J'ai bien apprécié la critique sans détour des travers de notre société et plus généralement du mode de vie capitaliste. L'exemple de l'évolution de l'île de Nauru au sein du Pacifique est assez caractéristique notamment son histoire économique basée sur l'exploitation du phosphate. Les habitants sont devenus parmi les plus riches du monde avant de connaître la ruine avec l'épuisement des ressources ou la maladie pour avoir adopté un mode de vie occidental pas adapté. Le taux de chômage est actuellement l'un des plus élevés au monde avec 90%. Bref, outre cet exemple assez marquant, il y a dans cette bd de nombreuses références assez amusantes. L'esprit est franchement contestataire. Cela rend nos trois vieux absolument sympathiques. Tome 3: Celui qui part Qu'est-ce qu'on aimerait bien être comme eux au 3ème âge ! C'est presque idéalisé. On les retrouve pour notre plus grand bonheur pour de nouvelles aventures toujours aussi truculentes. Notre société de consommation en prendra encore pour son grade. Pour le reste, tout semble bien fonctionner dans cette comédie sociale. A noter la présence de flashback qui éclaire un peu le passé de nos protagonistes. Pour autant, l'effet de surprise des premiers tomes est passé. Il ne faudra pas essouffler le lectorat en multipliant les tomes à tout va. Tome 4: La magicienne Lorsque l'on va apprendre qui est la magicienne, nul doute qu'on aura un petit choc. Le ton reste toujours aussi écolo-bobo tout en se moquant également de cette tendance nombriliste. La série a connu un grand succès au point d'intéresser le cinéma. Le filon est loin de s'éteindre. On est parti pour une suite à la fin de ce quatrième chapitre qui semble faire du surplace. Pour autant, les thèmes abordés sont plutôt d'actualité. Il y a toujours le plaisir qui reste intact de lire les vieux fourneaux. J'ai beaucoup aimé certaines trouvailles comme le fantasme imagé de Sophie sur deux pages où il y a cette double lecture avec la réalité. Du grand art ! Tome 5: Bons pour l'asile Cette série m'a presque fait réconcilier avec le troisième âge. Il faut dire qu'autour de moi, les vieux ne sont pas du tout les êtres bons et généreux avec la main sur le coeur. Je n'observe pour ma part que la plupart sont racistes et conservateurs ce qui ne reflètent pas de bonnes valeurs. Peut-être que la bd projette une version idéalisée. On aimerait en tout cas que cela soit la réalité. J'ai beaucoup aimé l'introduction avec la démonstration devant l'ambassade de Suisse. C'est toujours aussi drôle sauf sans aucun doute la conclusion de ce tome qui nous rappelle que nous sommes juste de passage en ce monde. On pourra sans doute reprocher un parti pris pour un camp politique facilement devinable mais les auteurs s'assument. Il y a en effet toute une caricature des syndicalistes et autres contestataires. Sans doute, le tome le plus engagé. Tome 6: L'oreille bouchée La question qui fâche et qu'il faudrait éviter de poser pour ne pas lancer un pavé dans la marre : est-ce le tome de trop dans cette excellente collection ? Il est vrai que nous avons fait un peu le tour des aventures de nos trois vieux compères. Là, on va imaginer une probable aventure en Amazonie avec comme prétexte de parler de la pollution et de la déforestation. Il est vrai que l'intention est fort louable car on ne pense pas que quand on offre un bijou en or à sa compagne pour les fêtes de fin d’année, cela puisse avoir un réel impact sur la planète. Bientôt, on culpabilisera même de vivre. La lecture demeure toujours aussi agréable même si les ficelles ont déjà été tiré plusieurs fois. On connaît la pièce de théâtre sur Nauru. On connaît les incessantes jérémiades de Pierrot. Certes, on va découvrir un peu de leur jeunesse et leur occasion loupée à force de défendre une cause idéologique. Même si le charme des premiers albums n'y est plus à force de produire pour la consommation, cela reste une valeur sûre pour investir dans une lecture sympathique. En conclusion, nous avons là une des meilleures séries comiques de ces dernières années !
Thorgal
J’éprouve une affection toute particulière pour cette série mythique. J'ai lu un tome puis je suis allé chercher d'un coup la collection entière. Je suis d'un genre un peu impulsif. La vendeuse n'y croyait pas ! C'est sans doute la série qui m'a donné la fibre alors que j'étais un jeune adulte. J'ai pratiquement commencé ma collection de bande dessinée par ce titre. Il faut dire que cette collection est signée par le maître des scénaristes à savoir Jean Van Hamme alors au sommet de son art. Depuis 2007, Yves Sente a repris le flambeau pour essayer de renouveler la série en apportant un souffle nouveau, voire une véritable cure de jouvence. Il est également un talentueux scénariste mais il ne possède pas le génie de son prédécesseur. On ne le sent pas totalement à l'aise avec le genre. Sa méthode est de diluer l'intrigue principale sur un certain nombre de tomes en multipliant des séries avec des intrigues secondaires qui doivent se croiser. Cela ne semble pas plaire au public même si certains fans s'amusent à croiser les événements. Cela devient trop compliqué et pas assez limpide. On apprend avec le 35ème album de Thorgal qu'il est débarqué au profit de Xavier Dorison ce qui semble encore aggraver le cas de cette série. Il est vrai que les derniers albums montraient un Thorgal beaucoup trop éloigné de sa personnalité. C'était certes innovateur mais pas au goût du public. Son travail sur près de 10 albums (dont la série parallèle consacré à Kriss de Valnor) est tout de même assez méritoire. On a compris qu'avec Xavier Dorison, Thorgal doit revenir aux fondamentaux. Mais bon, le résultat de ce nouveau Thorgal est loin de celui espéré. La créativité semble manquer cruellement. Les aventures de Thorgal commencent lorsqu'un chef viking découvre un bébé dans une mystérieuse embarcation. On se croirait dans Moïse! Il adopte l'enfant et le nomme Thorgal en référence à ses dieux (Thor le dieu de la foudre et Ægir le géant des mers). Le petit garçon ainsi adopté va devenir un formidable guerrier très habile au tir à l'arc. Il vivra une enfance difficile car rejeté par le peuple viking. Heureusement, son amitié avec Aaricia va le sauver. Ils tomberont amoureux et auront au fil de l'histoire deux enfants avec des pouvoirs tout aussi extraordinaires. Mais surtout, ils aspireront à une vie tranquille loin des tourments de la guerre mais les nombreux dangers du monde semblent les rattraper à chaque fois. Le destin de ce héros le pousse à rencontrer des ennemis de la pire espèce comme l'emblématique Kriss de Valnor qu'on adorera détester! Cependant Thorgal va progressivement remonter à ses véritables origines. L'aventure nous mènera assez loin jusqu’aux confins de la science-fiction puisque Thorgal est également appelé "l'enfant des étoiles". J’ai véritablement adoré le cycle du pays de Qâ que je considère comme véritablement culte. Ce voyage sur le continent américain jusque-là encore inconnu réserve bien des surprises et nous en révèle beaucoup sur les origines mystérieuses de Thorgal. J’ai également frissonné dans « Alinoé ». J’ai beaucoup aimé l’album « au-delà des ombres » qui fut d’ailleurs primé en son temps. « La cage » m’a également interpellé quant à l’attitude de la courageuse Aaricia. Les derniers albums sont beaucoup moins bons et cela se ressent (par exemple scénario identique aux « Archers » dans « le Barbare »). Cependant, la reprise du flambeau par le fils de Thorgal à savoir Jolan et son initiation par le mystérieux Manthor peut réserver encore de bonnes surprises. C'est dommage cependant que l'histoire semble un peu s'inspirer de 'la communauté de l'anneau'. Le plaisir semble rester intact. Je dois même avouer que ce renouvellement produit son effet. L'essoufflement de la série semble être totalement oublié. Il ne faudrait surtout pas à mon avis que Jolan soit un clone de son père (genre "qu'est-ce que ferait Thorgal dans une telle situation?). On sait également que ce fuit juste une aventure scénaristique le temps de plusieurs albums pour revenir ensuite sur le père, notre héros qui revient en sauveur de son autre enfant (celui qu'il a eu avec Kriss). Un mot également sur la qualité du dessin de Rosinski qui ira en s'améliorant depuis 1977 puis en se dégradant à nouveau. C'est devenu un véritable adepte de la couleur directe. Son style, tout en couleurs et pinceaux donc, s'est orienté vers un équilibre assez subtil entre photoréalisme et impressionnisme. Cela apporte une nouvelle résonance plus poétique à cette grande saga. La vérité ou la réalité me pousse à dire que les derniers tomes de Thorgal ne sont pas vraiment bons du point de vue graphique. Même Roman Surzhenko semble faire mieux ce qui est quand même une bonne nouvelle. A noter qu'il existe 2 BDVD pour compléter cette collection : "Entre les faux Dieux" et "Dans les griffes de Kriss". C'est une bonne expérience à vivre pour un fan afin d'enrichir l'univers de Thorgal. Le fantastique occupe également une part importante à travers les mythologies nordiques. Nous avons là une ambiance à la fois médiévale et fantastique dans une véritable dimension héroïc fantasy. Sur le plan de vue du succès: près de 14 millions de titres vendus avec une traduction dans 18 langues. Il ne manque plus qu'une adaptation TV en série ce qui sera bientôt chose faite. Parce que "Thorgal" m'a donné envie de lire d'autres BD et de commencer une véritable collection, elle mérite d'être qualifiée de "culte". C'est la bd qui m'a donné la passion pour la bande dessinée. :) Je me suis un peu amusé à noter chacun des titres pour le fun comme suit : Tome 1: La Magicienne trahie
Tome 2: L'île des mers gelées
Tome 3: Les 3 Vieillards du pays d'Aran
Tome 4: La galère noire
Tome 5: Au-delà des ombres
Tome 6: La chute de Brek Zarith
Tome 7: L'enfant des étoiles
Tome 8: Alinoë
Tome 9: Les archers
Tome 10: Le pays Qâ
Tome 11: Les yeux de Tanatloc
Tome 12: La cité du Dieu perdu
Tome 13: Entre terre et lumière
Tome 14: Aaricia
Tome 15: Le Maître des montagnes
Tome 16: Louve
Tome 17: La gardienne des clés
Tome 18: L'épée-soleil
Tome 19: La forteresse invisible
Tome 20: La marque des bannis
Tome 21: La couronne d'Ogotaï
Tome 22: Géants
Tome 23: La cage
Tome 24: Arachnéa
Tome 25: Le mal bleu
Tome 26: Le royaume sous le sable
Tome 27: Le Barbare
Tome 28: Kriss de Valnor
Tome 29: Le sacrifice
Tome 30: Moi, Jolan
Tome 31: Le bouclier de Thor
Tome 32: La Bataille d'Asgard
Tome 33: Le Bateau-Sabre
Tome 34: Kah-Aniel
Tome 35: Le feu écarlate
Tome 36: Aniel
Tome 37: L'Ermite de Skellingar
Tome 38: La Selkie
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
20 000 lieues sous les mers
J’adore certains romans de Verne (« Voyage au centre de la Terre » étant sans doute mon préféré), mais je n’ai jamais réussi à dépasser la moitié de « Vingt mille lieues sous les mers », que je trouve d’une lourdeur encyclopédique effroyable. Un format BD est a priori parfait pour adapter cette aventure… et bien le pari est réussi ! Gary Gianni a fait un travail d’adaptation admirable. Il a eu le courage de couper les longs catalogages de poissons et autres crustacés qui avaient miné ma lecture du roman, et a su conserver l’intrigue, le monde sous-marin fascinant, et les personnages charismatiques, à commencer par Nemo. Certains enchaînements narratifs semblent un peu soudains, mais dans l’ensemble l’histoire se lit bien, malgré des textes parfois un poil trop présents. La mise en image est magnifique. Le style « hachuré » colle parfaitement à l’histoire, ainsi que les couleurs. Certaines pleines pages sont à tomber par terre. Dommage que de nombreuses cases à l’intérieur du Nautilus soient dépourvues de décors (économie de temps j’imagine). Mais je chipote. J’ai passé un excellent moment de lecture, et je jubile d’avoir enfin pu lire ce classique jusqu’à son dénouement. Miam !
Tempête sur Bangui
(MAJ pour la sortie du tome 2) Une série remarquable, et une histoire édifiante qui m’a fortement marqué – j’ai mis une bonne demi-heure à me calmer après ma lecture. La situation politique en Centrafrique est instable depuis un certain temps, mais les choses ont « dérapé » en 2013, avec le renversement du président Bozizé. Didier Kassaï, jeune auteur africain, témoigne dans le premier tome des horreurs qui ont accompagné la transition vers un nouveau gouvernement : exécutions arbitraires, exterminations religieuses, destructions d’églises, humiliations, pillages, que d’horreurs, qui nous sont racontées ici justement, sans trop en faire, mais sans nous épargner non plus. L’auteur fait preuve d’une remarquable maturité, il ne se pose jamais en héros de son histoire, et nous relate les évènements de son mieux. Le second tome s’intéresse à la période de transition très compliquée, orchestrée par le nouveau chef d'état autoproclamé Djotodia, avec au programmes des conflits inter-religieux terribles, et une intervention française pas forcément très utile. Comme toujours dans ce genre de « révolution », la situation est compliquée, les différentes factions sont nombreuses, leurs motivations pas toujours claires, les noms et sigles fusent. Heureusement les notes de bas de pages nous permettent de ne pas décrocher. Le texte d’Amnesty en fin de premier tome enfonce le clou et renforce le propos de l’auteur. La mise en image est exemplaire, les planches fourmillent de détails, et les couleurs retranscrivent parfaitement l’ambiance « locale ». De plus l’auteur trouve encore une fois l’équilibre parfait, il nous dépeint les horreurs commises, mais sans trop en faire, sans verser dans le lugubre (pourtant il y avait de quoi faire !) Une série fortement recommandable, qui m’a profondément ému.
Léviathan (Casterman)
Après la "reprise" de Bob Morane, le duo Brunschwig/Ducoudray embraye sur un scénario original dans un autre registre. On est en effet dans du post-apocalyptique, un post-apocalyptique qui va peut-être se muer en survival. Mais n'allons pas plus vite que la musique et savourons ce premier tome, dans lequel l'action est encore peu présente, puisque l'essentiel de la trame concerne des témoignages et des tranches de vie d'habitants de Marseille, laquelle vient de recevoir une énorme météorite dans l'un de ses quartiers. Les deux co-scénaristes font doucement monter la pression, entre mystère entourant ce corps céleste, dimension sociale et enquête policière menée par deux personnages dont l'un au passé tourmenté. On peut discerner plusieurs couches dans ce récit, et malgré une pagination de 68 pages pour ce premier tome, c'est un poil confus. En effet, même si on comprend assez vite qu'il y a 4 ou 5 personnages principaux, exerçant des métiers peu exploités dans la BD, il se passe beaucoup de choses, et cela fait pas mal d'informations à digérer en une fois. Une relecture attentive permet de mieux dégager les enjeux et les personnages, et nul doute que la suite va encore permettre d'éclairer tout cela. Nous avons donc un thriller post-apo aux relents de monster-movie. Une montée en puissance savamment orchestrée, mais avec des choses en plus. Ce qui me plaît dans le boulot commun des deux scénaristes, c'est cette place forte donnée à la dimension sociale. Laïcité, lutte des classes, histoire coloniale et même histoire d'amour sont présents en filigrane dans cette nouvelle série, lui conférant un ancrage fort dans notre société multiculturelle et pourtant sujette à tant de contradictions. C'est en celà qu'on peut mesurer une histoire réussie : son ancrage fort dans une société, quelle qu'elle soit. Les deux compères se sont adjoints un nouveau collaborateur en la personne de Florent Bossard, connu pour ses travaux de coloriste, mais aussi pour avoir assuré le dessin de L'Ours-Lune. Il se montre sérieux, précis dans son cadrage et sa mise en scène. Je suis encore un peu réservé quant aux visages de ses personnages, qui me semblent manquer de maîtrise par moments. Mais il progresse au fil de l'album, et sa dernière séquence est, à défaut de puissance, dotée d'une belle énergie. *Mise à jour après lecture du tome 2* J'ai appris entre temps que la série était abandonnée. Une mauvaise nouvelle, car la lecture de ce deuxième opus m'a confirmé son ampleur potentielle. La narration était en effet en train de se déployer, toujours autour de plusieurs personnages-clés, avec des personnalités complexes. Tout cela dans un contexte post-apocalyptique, propice à de nombreuses péripéties oscillant entre le social et la terreur. Le dessin de Florent Bossard avait lui aussi nettement progressé, lorgnant par moments du côté de ce que fait Christian Rossi, avec encore des hésitations en termes de visages ou de morphologies. Dommage, vraiment dommage que l'éditeur ait mis fin à cette série. Je lui conserve cette bonne note car j'ai pris du plaisir à lire les deux tomes sortis. Les auteurs la méritent.
Le Temps des Amours
Voici venu Le Temps des Amours, quatrième et dernier épisode des Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol. Composé de diverses histoires, le récit n’en demeure pas moins intéressant avec un Marcel qui quitte l’enfance pour rentrer dans l’âge bête. Le seul passage dont j’avais connaissance était celui où il rencontrait la mignonne Isabelle dans le film Le Château de ma mère. Mais si, vous savez, cette petite garce qui lui fait bouffer une sauterelle et le fait courir à quatre pattes comme un animal. Ça remonte tout ça… Cette partie abordée d’entrée est la plus prépondérante mais par la suite le récit est découpé en plusieurs petites anecdotes sans liens particuliers entre elles si ce n’est d’aborder les choses de l’amour. Quoique je n’ai pas très bien compris l’intérêt de l’épisode du fou. Le temps des amours oui, mais les souvenirs amoureux d’un jeune puceau « in love » malgré lui. Ah la la, qu’est-ce que les garçons sont stupides à cet âge là… L’amour rend aveugle c’est bien connu, et que ce soit Marcel où un autre de ces jeunes gens, tous commettent tout un tas d’actes débiles ou avilissants juste pour plaire à la gente féminine, bien plus malicieuse et mature que ces messieurs au même âge. Encore une fois, je l’ai déjà dit dans un autre avis sur les Souvenirs... mais je trouve toujours cela marrant de voir combien tout ce petit monde n’est pas bien différent des jeunes d’aujourd’hui, caractérisé par les mêmes attentes, les mêmes désirs, etc. L’humanité ne se refait pas… Toujours brillamment mis en image par Morgann Tanco qui aura finalement assuré sur les quatre tomes avec brio, lui qui n’était pourtant pas très chaud quand on lui a soumis le projet. Secondé par une Sandrine Cordurié que les amateurs de belles couleurs ne découvrent plus, cette dernière aussi offre encore et toujours un résultat impeccable qui sublime l’album. Cette quadrilogie fut une réussite sur tous les plans. De beaux livres à posséder dans sa bibliothèque.
Il faut flinguer Ramirez
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un chef-d'oeuvre, mais j'ai trouvé que le premier tome était très bien et c'est parfait parce que j’avais peur de ne pas aimer et que quelqu'un débarque chez moi pour m'enlever mon certificat de bon aviseur. C'est un scénario axé sur le divertissement et l'hommage aux années 1980. Comme je ne connais pas trop les films d'action de l'époque, il y a peut-être quelques références que je n'ai pas captées, mais ce n'est pas trop grave. Le style m'a fait penser à du Tarantino et aux frères Coen pour le coté con des personnages. On suit donc Ramirez qui semble être un paisible réparateur d'aspirateurs, mais qui est en fait un ancien tueur de la mafia mexicaine et qui un jour va se faire reconnaître par un autre tueur. L'intrigue est bien menée. L'auteur distille bien le mystère autour des motivations de Ramirez et il intègre bien différentes intrigues dans son scénario. Le dessin est bien maîtrisé et dynamique. L'humour marche bien et les personnages sont mémorables. Un bon divertissement dont j'attends la suite avec une certaine impatience.
La Tête dans les nuages
« La tête dans les nuages » parle de l’âge où tous les espoirs sont permis, mais aussi où l’insouciance cède la place aux préoccupations plus matérielles et parfois anxiogènes. Ces chroniques mettent en scène un groupe de jeunes gens d’une école d’art qui viennent de décrocher leur diplôme et se trouvent désormais confrontés à des choix décisifs pour leurs vies futures. Entre badinage amoureux et discussions existentielles autour de l’art, on suit les pérégrinations de Seth Fallon et sa bande de potes. Contrairement à sa petite amie Allison qui cherche à étoffer son réseau pour pouvoir vivre de son art, Seth refuse toute compromission et attend l’inspiration dans son armure de cynisme. Problème : l’inspiration ne vient pas, il est dans la galère et va devoir trouver un petit boulot pour assurer le quotidien. Jusqu’à cette rencontre inopinée avec son peintre favori, John Pollard, qui va tout bousculer… Dans un style semi-réaliste proche de la BD U.S alternative, Joseph Remnant nous livre une histoire sans prétention qui semble inspirée de sa propre expérience. Il est vrai que cela sonne tout à fait juste et que les protagonistes donnent l’impression d’exister réellement. Par son dessin élégant, Remnant sait très bien restituer l’expressivité des visages et fait preuve d’un certain sens du détail. Pas en reste, la narration est fluide et l’auteur n’oublie pas au passage de distribuer quelques petits coups de canifs réjouissants à un certain snobisme caractéristique du milieu de l’art dans ce qu’il a de plus vain. Un auteur sincère et attachant qu’on a envie de suivre.
Les Grands Espaces
C’est agréable de lire une œuvre et de se dire que la personne qui l’a écrite est aussi cultivée que simple. Et c’est vraiment sur cette impression que je suis resté durant toute ma lecture. Catherine Meurisse y évoque son enfance, une enfance heureuse bercée de culture autant potagère qu’artistique. J’ai aimé la douceur de cette évocation espiègle, lorsque l’impertinence de certains propos n’a d’égal que la pertinence des idées. « Les grands espaces » est une invitation plus encore qu’un récit. Cet album est une ouverture à la curiosité, à la découverte, à la culture. L'autrice, au fil des planches, nous montre son univers vu par le prisme de l’enfance, lorsque toute chose à le goût de la première fois, lorsque l’émerveillement peut autant naître à la vue d’un tableau de Vermeer qu’à la découverte d’une bouse de vache encore fraîche et fumante. Espiègle, simple et cultivé, frais, vivant, touchant, drôle… un très bel album. Une bulle hors du temps.
Winter Road
Wéééééééééééééééééééé !!!!!!!!!!!!!!!! Ça y est ! Ce coup-ci, Jeff Lemire me l’a vraiment mis dans les dents !!! Bon, après cet emballement, je me calme et m’explique. Ça fait quelques temps que je suis le travail de Jeff Lemire, trouvant ses différents projets intéressants, intrigants, engageants. Seulement, voilà, rarement j’ai eu le sentiment que la promesse avait été tenue. Mais j’y retourne à chaque fois… Sa narration, son dessin… rahhh, il y a une fragilité, une fêlure, une humanité qui m’interpellent. Et puis, à un moment, je me dis : « mais pourquoi il fait ça ? Pourquoi ça part en couille ? Pourquoi ça devient tout mou ? » Et bien, avec Winter Road, c’est jamais devenu tout mou. Et le final de l’album ! Le final, Jésus, Marie, Joseph, le bœuf, l’âne, les moutons, l’encens, les centwafers… tout ce que vous voulez !!! Ce final !! Hein ? Quoi ? Ça fait vachement penser à un film célèbre ? Oui, je sais… mais je m’en fous parce que ce final est parfait pour ces personnages ! Parce que Winter Road, c’est avant tout une histoire humaine, avec deux personnages brisés, qui vont se reconstruire en s’appuyant sur l’autre. Les silences sont nombreux et c’est tant mieux car ces personnages expriment bien plus en ne disant rien ! Rahhh, j’aime ces grandes gueules fêlées ! C’est classique, déjà-vu… mais chez moi, ça marche à tous les coups. Et puis, il y a le décor aussi. Ce bled paumé du Canada, cette cabane isolée en pleine forêt, ces scènes de hockey sur glace. L’auteur est dans son élément et ça se sent ! La progression dramatique est parfaite à mes yeux. Les personnages se révèlent au détour de flash-backs (avec une utilisation intelligente de la couleur) tandis que le drame approche, petit à petit mais inexorablement. Et puis, il y a ce final ! Putain de final !!