J’ai bien aimé ce récit qui mélange un univers de la fin du western, des enquêtes policières et une discrète dimension fantastique. Ces trois éléments réunis expliquent la richesse de la série, qui ne cesse de grandir et de s’étoffer au fil des tomes.
J’ai particulièrement aimé le fait que la dimension fantastique demeure discrète. Certes, cet aspect procure à l’héroïne un don des plus appréciables… mais il ne fait pas d’elle un être invulnérable. J’ai aussi beaucoup aimé le théâtre de ces aventures. Une Nouvelle Orléans qui sort doucement de la période de la conquête de l’Ouest pour se confronter au modernisme et à une pègre plus organisée. Un univers de bordels dans lequel les personnages ne sont jamais tous lisses.
Enfin, les enquêtes policières sont bien construites, avec des fausses pistes bien amenées et des révélations finales respectueuses d’une certaine logique.
Le dessin est lui aussi à mon goût. Le trait est fin et sec. Le découpage est soigné et certaines planches méritent vraiment d’être vues dans leur ensemble avant d’être regardées case par case (et ça, c’est le genre de détail que j’aime beaucoup).
Rien à redire, c’est vraiment une chouette série.
Ah le trait de Frédéric Bezian, tantôt vif, acéré comme une lame ou une griffe qui viendrait érafler le papier, tantôt d'un dynamisme tel qu'un simple petit trait ce suffit à lui seul pour donner cette impression de mouvement. Toujours précis, expressif et finalement d'une grande force mêm s'il n'est pas forcément dans les canons de la BD classique.
Oui c'est un peu sombre mais pour cette histoire aurions nous voulu du solaire alors que c'est l'âme ténébreuse du Docteur Radar que nous explorons. Dans ce polar à l'ancienne qui convoque de vieux héros tels Fantomas, Rouletabille, Arsène Lupin et bien d'autres c'est une joie que de retrouver cette ambiance d'un Paris oublié ou dans certains arrondissements l'on trouvait de ces vieux bistrots ou les anciens des BAT d'Af, ceux des fortifs, les anciens de Cayenne se réunissaient tentant de retrouver une gloire envolée sous le poids des ans.
Vous dire mon enthousiasme pendant ma lecture et après; à tel point qu'un jour ou deux après j'ai repris le livre en main. Même bonheur devant le dessin bien sur mais aussi devant cette histoire magnifiquement ficelée dont une fois entamée la lecture il est difficile de lâcher l'affaire.
Alors "franchement bien" forcément, à lire et à posséder.
Vraiment très bonne bande dessinée !
Des dessins à l'aquarelle qui nous plongent dans l'atmosphère des îles et des textes qui se rapprochent de l'histoire de Laperouse.
Pour continuer le voyage, il faut aller au Puy du fou afin de découvrir en 3D la reconstitution du navire La Boussole.
A lire sans modération.
Que voila un one shot revigorant, peu importe au fait que le postulat de départ nous montre une sorte de virus qui fait naitre des enfants blonds aux yeux bleus dans des populations arabes, africaines ou asiatiques. Le propos aurait été le même si ces naissances avaient été inversées. Idée jubilatoire, des enfants noirs sur toute la planète , j'en vois un paquet qui déjà ricane un peu moins mais bref.
Tout ça est bien emballé, le récit possède du rythme le tout enveloppé par un dessin qui n'est pas le plus extraordinaire, bien dans l'ère du temps avec des personnages typés sans être caricaturaux. Bref voila une histoire qui peut donner à réfléchir sans que cela soit prise de tête, juste ce qu'il faut cependant pour ne pas s'endormir idiot.
Un bon thriller en somme, divertissant, pas idiot, alors à lire bien sur et qui sait l'option d'achat vous semblera opportune.
Avec cet album aux accents bucoliques, Catherine Meurisse revisite son enfance à la campagne et nous offre une ode charmante à la nature. Si cette évocation entre autobiographie et documentaire grouille de références culturelles et littéraires, les questions environnementales qui affectent également le monde rural n’en sont pas pour autant oubliées.
Après « La Légèreté », l’album dans lequel elle évoquait l’après-attentat contre le journal satirique, la caricaturiste de Charlie Hebdo poursuit avec « Les Grands Espaces » son chemin vers la reconstruction, opérant une sorte de retour aux sources. Ces grands espaces, ce sont d’abord ceux de la campagne où son enfance a pu s’épanouir. Alors qu’elle-même et sa sœur étaient encore très jeunes, leurs parents décidèrent de restaurer une ferme endormie au milieu des cailloux pour en faire un bijou de verdure…
Bien plus qu’un récit linéaire doté d’une logique narrative, ce livre est davantage une promenade champêtre où l’auteure fait jaillir par ci par là des anecdotes amusantes avec l’humour qu’on lui connaît. Amoureuse de littérature, elle y cite ses écrivains favoris, Proust, Loti, Zola, Rabelais… Le virus lui fut transmis par sa mère, qui elle-même avait pris pour habitude de prélever une bouture de rosier ou de plantes diverses en souvenir de chaque maison d’écrivains qu’elle visitait. A coté de ces plaisantes digressions intemporelles, Catherine Meurisse, n’étant évidemment pas du genre à se cacher la tête dans le sable, laisse parfois s’exprimer sa rage de voir cette belle nature abîmée par Monsanto et tous les chantres de l’agriculture industrielle. « Avant, la bouse sentait bon, constate avec colère la mère de l’auteure. Aujourd’hui, elle pue la merde ! Parce que les vaches bouffent de la merde ! »
Côté dessin, si les personnages restent très schématiques, la façon qu’a Meurisse de les mettre en scène est très agréable. L’auteure aime la nature, et ça se voit. Pour représenter les paysages, elle a conçu dirait-on une technique particulière au pastel, qui produit un effet organique très étonnant. « Tout ce qui pousse, tout ce qui vit envers et contre tout » donne lieu à un foisonnement végétal magnifique faisant contraste avec les champs arides et monotones résultant d’un remembrement odieux, arrosés par des flots de pesticides et de sang (oui !) des abattoirs environnants. Heureusement, Catherine Meurisse ne s’appesantit pas non plus sur cet holocauste de la biodiversité dont on mesure plus que jamais les effets actuellement, plaidant ainsi pour les initiatives individuelles. Du reste, ce livre a le bon goût de l’enfance et ravira au moins toutes celles et ceux qui ont eu la chance de grandir à la campagne.
3.5
Un bel ouvrage sur le personnage de Picsou. En plus d'une sélection de bandes dessinées qui sont souvent très bonnes, on a droit à plusieurs articles autour de Picsou très intéressants.
Alors pourquoi je ne recommande pas l'achat ? Tout simplement parce que la majorité des bandes dessinées présentes dans l'album sont de Carl Barks et donc qu'on les retrouve déjà dans l'intégrale qui lui est consacrée. On retrouve aussi deux histoires de Don Rosa qui a aussi eu droit à son intégrale et on a juste 4 histoires par d'autres auteurs et si ça se trouve ces histoires sont parues dans d'autres albums Glénat et je ne le sais pas. J'aurais aimé une sélection plus élargie comme par exemple une histoire de Picsou par Paul Murry ou une histoire du Brésil vu qu’apparemment il y a une grosse production de BD Disney dans ce pays.
Donc du coup on a droit à un album dont la grande majorité des bandes dessinées ont déjà été publiées dans d'autres albums, ce qui fait que je pense qu'un emprunt à la bibliothèque est plus justifié vu le prix, à moins d'être un lecteur qui n'a jamais lu de BD Picsou et qui voudrait bien découvrir son univers ou si on est un fan hardcore qui collectionne tout du personnage.
Les Chroniques du Léopard, c'est l'histoire de deux lycéens sur l'île de la Réunion en pleine seconde guerre mondiale. Là-bas, le conflit est bien lointain et ressenti uniquement par le biais du pouvoir en place, fidèle au régime de Vichy. Les deux héros sont pensionnaires dans un lycée assez élitiste et strict. Entre la rébellion face à l'autorité lycéenne et le désir de résistance contre la collaboration, c'est le terreau idéal pour ces deux adolescents romantiques et désireux de s'engager.
Il y a de tout dans cet album : aventures lycéennes, guerre et résistance en toile de fond, décor et culture exotique, amourettes adolescentes, et poésie aussi. C'est un récit beau, très rapidement prenant et offrant un cadre original et très intéressant.
Le dessin m'a également beaucoup plu. Ayant lu l'album sans regarder les auteurs au préalable, je n'ai pas su reconnaître son style, croyant y voir un trait parfois proche de celui de Feroumont (Le Royaume) et parfois proche de celui de Zep dans sa veine plus réaliste, et notamment dans les choix de colorisation également. On est assez éloigné du style d'ordinaire humoristique de Tehem.
J'ai accroché à cette lecture du début à la fin.
J'y ai découvert la mixité des peuples et des décors de la Réunion.
J'y ai découvert la situation politique et sociale complexe dans cette époque de guerre lointaine et alors que l'île était à quelques ans de passer du statut de colonie à celui de département.
J'y ai découvert le quotidien des lycéens réunionnais dans un établissement où ils ont côtoyé de futurs noms célèbres tels que Jacques Vergés et Raymond Barre.
J'y ai découvert un soupçon de l'ambiance du Cercle des Poètes Disparus.
Et j'y ai découvert enfin l'amitié entre les deux héros, leur désir d'aventure et leurs quelques folles escapades culminant par les péripéties nettement plus sérieuses du dernier chapitre de l'album.
Un très chouette album que je conseille sans hésiter !
"La tête dans les nuages" nous replonge dans ces complexes années de transition, à l'âge où l'on finit ses études et que les choix cornéliens de son futur deviennent concrets. Fini les "on verra ça plus tard", là il faut soit faire le grand plongeon dans le monde de l'art ou se trouver de quoi subsister à l'aide d'un boulot plus ou moins plaisant et valorisant.
Pour Seth Fallon, le personnage principal de cet album, la transition est rude. Pas question de renier son travail qui peine pourtant à percer et il doit donc jongler entre les petits boulots, que ce soit chez un artiste comme assistant, ou encore comme serveur dans un fastfood. A côté de ça, ses amis s'en sortent différemment, chacun créant ses réseaux au fil des nouvelles rencontres, des soirées festives, des vernissages ou des amis respectifs.
Derrière cette apparente insignifiance, Joseph Remnant nous brosse le portrait de jeunes adultes en devenir, pétris d'idéaux ou déjà emprunts de désillusions, à un moment charnière de leur existence. On sent derrière ce regard acéré celui de quelqu'un qui connait bien le milieu de l'art, ce qui lui permet de ne pas donner dans l'indulgence et de nous restituer une tranche de vie très réaliste grâce à son personnage principal un brin acerbe et désabusé. Un peu comme son dessin en noir et blanc d'ailleurs. Car derrière un trait faussement lâche on sent une maîtrise et une finesse, surtout dans les visages et leurs expressions, ce qui donne au final une narration impeccable des plus appréciable.
Un auteur à suivre, car pour un premier album, c'est une grosse réussite.
3.5
Un one-shot qui montre un côté de la dictature argentine des années 70-80 que je ne connaissais pas, à savoir que les bébés de centaines de dissidents ont été enlevés de leur famille et placés chez d'autres.
Le sujet est bien traité et on voit toute la cruauté d'une telle pratique, surtout que les parents se faisaient tuer, ce qui explique pourquoi le mouvement pour retrouver ces enfants enlevés est composé des grands-mères. On suit un jeune étudiant qui se demande s'il n'est pas un de ces bébés enlevés et adoptés ainsi que son copain qui lui dit de ne pas trop s'en faire. Il y aura des surprises dans ce scénario plutôt prenant. J'ai bien aimé le dessin aussi.
Un bon one-shot sur un sujet dur.
Génial, c'est presque au niveau d'un Berserk pour moi.
Je tiens à préciser que j'ai lu tout ce qui est sorti au Japon (et donc bien plus loin que les 2 tomes disponibles en France).
Oui, c'est cru et un peu gore mais ça fait justement un contraste avec tous les mangas un peu cucul qu'on a pu avoir récemment. Ici, une erreur peut coûter la vie voire la dignité...car les gobelins ne réfléchissent pas et sont de véritables bêtes sauvages.
Heureusement, le manga ne se résume pas à de la violence et des images crues. Les personnages se développent au fur et à mesure et l'on comprend les motivations du perso principal et pour quelle raison il est si focalisé sur les gobelins alors que ses talents pourraient être utiles à des combats contre des démons plus puissants.
Les dessins sont bons et très dynamiques et l'action est toujours lisible (contrairement à Berserk qui malgré des dessins superbes a parfois des planches un peu confuses).
Bref, un des meilleurs mangas récents.
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Holly Ann
J’ai bien aimé ce récit qui mélange un univers de la fin du western, des enquêtes policières et une discrète dimension fantastique. Ces trois éléments réunis expliquent la richesse de la série, qui ne cesse de grandir et de s’étoffer au fil des tomes. J’ai particulièrement aimé le fait que la dimension fantastique demeure discrète. Certes, cet aspect procure à l’héroïne un don des plus appréciables… mais il ne fait pas d’elle un être invulnérable. J’ai aussi beaucoup aimé le théâtre de ces aventures. Une Nouvelle Orléans qui sort doucement de la période de la conquête de l’Ouest pour se confronter au modernisme et à une pègre plus organisée. Un univers de bordels dans lequel les personnages ne sont jamais tous lisses. Enfin, les enquêtes policières sont bien construites, avec des fausses pistes bien amenées et des révélations finales respectueuses d’une certaine logique. Le dessin est lui aussi à mon goût. Le trait est fin et sec. Le découpage est soigné et certaines planches méritent vraiment d’être vues dans leur ensemble avant d’être regardées case par case (et ça, c’est le genre de détail que j’aime beaucoup). Rien à redire, c’est vraiment une chouette série.
Docteur Radar
Ah le trait de Frédéric Bezian, tantôt vif, acéré comme une lame ou une griffe qui viendrait érafler le papier, tantôt d'un dynamisme tel qu'un simple petit trait ce suffit à lui seul pour donner cette impression de mouvement. Toujours précis, expressif et finalement d'une grande force mêm s'il n'est pas forcément dans les canons de la BD classique. Oui c'est un peu sombre mais pour cette histoire aurions nous voulu du solaire alors que c'est l'âme ténébreuse du Docteur Radar que nous explorons. Dans ce polar à l'ancienne qui convoque de vieux héros tels Fantomas, Rouletabille, Arsène Lupin et bien d'autres c'est une joie que de retrouver cette ambiance d'un Paris oublié ou dans certains arrondissements l'on trouvait de ces vieux bistrots ou les anciens des BAT d'Af, ceux des fortifs, les anciens de Cayenne se réunissaient tentant de retrouver une gloire envolée sous le poids des ans. Vous dire mon enthousiasme pendant ma lecture et après; à tel point qu'un jour ou deux après j'ai repris le livre en main. Même bonheur devant le dessin bien sur mais aussi devant cette histoire magnifiquement ficelée dont une fois entamée la lecture il est difficile de lâcher l'affaire. Alors "franchement bien" forcément, à lire et à posséder.
Vanikoro
Vraiment très bonne bande dessinée ! Des dessins à l'aquarelle qui nous plongent dans l'atmosphère des îles et des textes qui se rapprochent de l'histoire de Laperouse. Pour continuer le voyage, il faut aller au Puy du fou afin de découvrir en 3D la reconstitution du navire La Boussole. A lire sans modération.
Les Danois
Que voila un one shot revigorant, peu importe au fait que le postulat de départ nous montre une sorte de virus qui fait naitre des enfants blonds aux yeux bleus dans des populations arabes, africaines ou asiatiques. Le propos aurait été le même si ces naissances avaient été inversées. Idée jubilatoire, des enfants noirs sur toute la planète , j'en vois un paquet qui déjà ricane un peu moins mais bref. Tout ça est bien emballé, le récit possède du rythme le tout enveloppé par un dessin qui n'est pas le plus extraordinaire, bien dans l'ère du temps avec des personnages typés sans être caricaturaux. Bref voila une histoire qui peut donner à réfléchir sans que cela soit prise de tête, juste ce qu'il faut cependant pour ne pas s'endormir idiot. Un bon thriller en somme, divertissant, pas idiot, alors à lire bien sur et qui sait l'option d'achat vous semblera opportune.
Les Grands Espaces
Avec cet album aux accents bucoliques, Catherine Meurisse revisite son enfance à la campagne et nous offre une ode charmante à la nature. Si cette évocation entre autobiographie et documentaire grouille de références culturelles et littéraires, les questions environnementales qui affectent également le monde rural n’en sont pas pour autant oubliées. Après « La Légèreté », l’album dans lequel elle évoquait l’après-attentat contre le journal satirique, la caricaturiste de Charlie Hebdo poursuit avec « Les Grands Espaces » son chemin vers la reconstruction, opérant une sorte de retour aux sources. Ces grands espaces, ce sont d’abord ceux de la campagne où son enfance a pu s’épanouir. Alors qu’elle-même et sa sœur étaient encore très jeunes, leurs parents décidèrent de restaurer une ferme endormie au milieu des cailloux pour en faire un bijou de verdure… Bien plus qu’un récit linéaire doté d’une logique narrative, ce livre est davantage une promenade champêtre où l’auteure fait jaillir par ci par là des anecdotes amusantes avec l’humour qu’on lui connaît. Amoureuse de littérature, elle y cite ses écrivains favoris, Proust, Loti, Zola, Rabelais… Le virus lui fut transmis par sa mère, qui elle-même avait pris pour habitude de prélever une bouture de rosier ou de plantes diverses en souvenir de chaque maison d’écrivains qu’elle visitait. A coté de ces plaisantes digressions intemporelles, Catherine Meurisse, n’étant évidemment pas du genre à se cacher la tête dans le sable, laisse parfois s’exprimer sa rage de voir cette belle nature abîmée par Monsanto et tous les chantres de l’agriculture industrielle. « Avant, la bouse sentait bon, constate avec colère la mère de l’auteure. Aujourd’hui, elle pue la merde ! Parce que les vaches bouffent de la merde ! » Côté dessin, si les personnages restent très schématiques, la façon qu’a Meurisse de les mettre en scène est très agréable. L’auteure aime la nature, et ça se voit. Pour représenter les paysages, elle a conçu dirait-on une technique particulière au pastel, qui produit un effet organique très étonnant. « Tout ce qui pousse, tout ce qui vit envers et contre tout » donne lieu à un foisonnement végétal magnifique faisant contraste avec les champs arides et monotones résultant d’un remembrement odieux, arrosés par des flots de pesticides et de sang (oui !) des abattoirs environnants. Heureusement, Catherine Meurisse ne s’appesantit pas non plus sur cet holocauste de la biodiversité dont on mesure plus que jamais les effets actuellement, plaidant ainsi pour les initiatives individuelles. Du reste, ce livre a le bon goût de l’enfance et ravira au moins toutes celles et ceux qui ont eu la chance de grandir à la campagne.
Balthazar Picsou - L'Encyclopédie
3.5 Un bel ouvrage sur le personnage de Picsou. En plus d'une sélection de bandes dessinées qui sont souvent très bonnes, on a droit à plusieurs articles autour de Picsou très intéressants. Alors pourquoi je ne recommande pas l'achat ? Tout simplement parce que la majorité des bandes dessinées présentes dans l'album sont de Carl Barks et donc qu'on les retrouve déjà dans l'intégrale qui lui est consacrée. On retrouve aussi deux histoires de Don Rosa qui a aussi eu droit à son intégrale et on a juste 4 histoires par d'autres auteurs et si ça se trouve ces histoires sont parues dans d'autres albums Glénat et je ne le sais pas. J'aurais aimé une sélection plus élargie comme par exemple une histoire de Picsou par Paul Murry ou une histoire du Brésil vu qu’apparemment il y a une grosse production de BD Disney dans ce pays. Donc du coup on a droit à un album dont la grande majorité des bandes dessinées ont déjà été publiées dans d'autres albums, ce qui fait que je pense qu'un emprunt à la bibliothèque est plus justifié vu le prix, à moins d'être un lecteur qui n'a jamais lu de BD Picsou et qui voudrait bien découvrir son univers ou si on est un fan hardcore qui collectionne tout du personnage.
Chroniques du Léopard
Les Chroniques du Léopard, c'est l'histoire de deux lycéens sur l'île de la Réunion en pleine seconde guerre mondiale. Là-bas, le conflit est bien lointain et ressenti uniquement par le biais du pouvoir en place, fidèle au régime de Vichy. Les deux héros sont pensionnaires dans un lycée assez élitiste et strict. Entre la rébellion face à l'autorité lycéenne et le désir de résistance contre la collaboration, c'est le terreau idéal pour ces deux adolescents romantiques et désireux de s'engager. Il y a de tout dans cet album : aventures lycéennes, guerre et résistance en toile de fond, décor et culture exotique, amourettes adolescentes, et poésie aussi. C'est un récit beau, très rapidement prenant et offrant un cadre original et très intéressant. Le dessin m'a également beaucoup plu. Ayant lu l'album sans regarder les auteurs au préalable, je n'ai pas su reconnaître son style, croyant y voir un trait parfois proche de celui de Feroumont (Le Royaume) et parfois proche de celui de Zep dans sa veine plus réaliste, et notamment dans les choix de colorisation également. On est assez éloigné du style d'ordinaire humoristique de Tehem. J'ai accroché à cette lecture du début à la fin. J'y ai découvert la mixité des peuples et des décors de la Réunion. J'y ai découvert la situation politique et sociale complexe dans cette époque de guerre lointaine et alors que l'île était à quelques ans de passer du statut de colonie à celui de département. J'y ai découvert le quotidien des lycéens réunionnais dans un établissement où ils ont côtoyé de futurs noms célèbres tels que Jacques Vergés et Raymond Barre. J'y ai découvert un soupçon de l'ambiance du Cercle des Poètes Disparus. Et j'y ai découvert enfin l'amitié entre les deux héros, leur désir d'aventure et leurs quelques folles escapades culminant par les péripéties nettement plus sérieuses du dernier chapitre de l'album. Un très chouette album que je conseille sans hésiter !
La Tête dans les nuages
"La tête dans les nuages" nous replonge dans ces complexes années de transition, à l'âge où l'on finit ses études et que les choix cornéliens de son futur deviennent concrets. Fini les "on verra ça plus tard", là il faut soit faire le grand plongeon dans le monde de l'art ou se trouver de quoi subsister à l'aide d'un boulot plus ou moins plaisant et valorisant. Pour Seth Fallon, le personnage principal de cet album, la transition est rude. Pas question de renier son travail qui peine pourtant à percer et il doit donc jongler entre les petits boulots, que ce soit chez un artiste comme assistant, ou encore comme serveur dans un fastfood. A côté de ça, ses amis s'en sortent différemment, chacun créant ses réseaux au fil des nouvelles rencontres, des soirées festives, des vernissages ou des amis respectifs. Derrière cette apparente insignifiance, Joseph Remnant nous brosse le portrait de jeunes adultes en devenir, pétris d'idéaux ou déjà emprunts de désillusions, à un moment charnière de leur existence. On sent derrière ce regard acéré celui de quelqu'un qui connait bien le milieu de l'art, ce qui lui permet de ne pas donner dans l'indulgence et de nous restituer une tranche de vie très réaliste grâce à son personnage principal un brin acerbe et désabusé. Un peu comme son dessin en noir et blanc d'ailleurs. Car derrière un trait faussement lâche on sent une maîtrise et une finesse, surtout dans les visages et leurs expressions, ce qui donne au final une narration impeccable des plus appréciable. Un auteur à suivre, car pour un premier album, c'est une grosse réussite.
Vies volées (Matz)
3.5 Un one-shot qui montre un côté de la dictature argentine des années 70-80 que je ne connaissais pas, à savoir que les bébés de centaines de dissidents ont été enlevés de leur famille et placés chez d'autres. Le sujet est bien traité et on voit toute la cruauté d'une telle pratique, surtout que les parents se faisaient tuer, ce qui explique pourquoi le mouvement pour retrouver ces enfants enlevés est composé des grands-mères. On suit un jeune étudiant qui se demande s'il n'est pas un de ces bébés enlevés et adoptés ainsi que son copain qui lui dit de ne pas trop s'en faire. Il y aura des surprises dans ce scénario plutôt prenant. J'ai bien aimé le dessin aussi. Un bon one-shot sur un sujet dur.
Goblin Slayer
Génial, c'est presque au niveau d'un Berserk pour moi. Je tiens à préciser que j'ai lu tout ce qui est sorti au Japon (et donc bien plus loin que les 2 tomes disponibles en France). Oui, c'est cru et un peu gore mais ça fait justement un contraste avec tous les mangas un peu cucul qu'on a pu avoir récemment. Ici, une erreur peut coûter la vie voire la dignité...car les gobelins ne réfléchissent pas et sont de véritables bêtes sauvages. Heureusement, le manga ne se résume pas à de la violence et des images crues. Les personnages se développent au fur et à mesure et l'on comprend les motivations du perso principal et pour quelle raison il est si focalisé sur les gobelins alors que ses talents pourraient être utiles à des combats contre des démons plus puissants. Les dessins sont bons et très dynamiques et l'action est toujours lisible (contrairement à Berserk qui malgré des dessins superbes a parfois des planches un peu confuses). Bref, un des meilleurs mangas récents.