Vies volées (Matz)

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

Mario et Santiago, deux jeunes étudiants argentins, ont des doutes sur la réelle identité de leurs parents. Ils décident de réaliser des tests ADN pour découvrir la vérité.


Argentine La BD au féminin

Plazza Dorrego, Buenos Aires, 1998. une foule de grands-mères défile sous l'œil attentif des caméras de TV pour médiatiser leur cause. Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans, décide d'aller à la rencontre de ses grands-mères. Il s'interroge sur ses origines car sa ressemblance avec ses parents n'est pas frappante (il n'y a aucune photo de lui bébé dans les archives familiales !). Il est accompagné dans sa démarche par son ami Santiago. Les deux garçons discutent avec les abuelas et poursuivent leurs échanges dans leur appartement. Pour lever les voiles sur ses doutes, Mario fait un test ADN. Santiago (qui tombe sous le charme de la belle infirmière) aussi. Mais les deux étudiants sont loin de mesurer les conséquences de cet acte anodin sur leurs vies et celles de leur entourage.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Janvier 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Vies volées (Matz) © Rue de Sèvres 2018
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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01/11/2018 | Erik
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup aimé cette série de Matz qui fait devoir de mémoire sur une partie sombre de l'histoire argentine. Le vol de bébés par des systèmes politiques criminels ou malveillants n'est pas le propre de l'Argentine. Mais à ma connaissance l'Argentine est l'un des rares pays à l'avoir rendu public tout en essayant de rendre une certaine justice aux enfants victimes. Comme le souligne Ro on devine très vite où les auteurs veulent nous conduire et il n'y a pas grande surprise à l'annonce des résultats ADN. C'est la seconde partie de l'histoire que j'ai le plus apprécié. Il s'agit alors de reconstruction autour d'un champ de ruines psychologiques. Les auteurs proposent plusieurs voies qui balaient un large spectre du plus souriant au plus dramatique. Le final très dramatique donne de la cohérence à la psychologie des personnages en soulignant que la vérité aussi difficile soit elle est préférable au vide qui empêche le deuil et le nouveau départ. Une fine analyse des auteurs qui rend l'ensemble du récit très touchant. Je fais une remarque sur la place du foot dans le récit. Ces familles de moyenne bourgeoisie sont toutes supportrice de River Plate dont l'origine du nom est évidemment le rio de Plata. Cela souligne le tragique et l'absurdité de la situation comme le fut la coupe du monde 78 où le général Videla exultait à la face du monde après la victoire de son équipe. Le graphisme est très séduisant avec une belle ambiance d'un Buenos Aires moderne et bourgeois. Une lecture touchante pour une série bien construite autour d'une thématique difficile traitée avec beaucoup de doigté.

07/04/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Une BD traitant du thème des enfants volées à leurs parents, opposants à la dictature en place en Argentine dans les années 70 et 80, par les forces d'oppression de cette dernière. Tandis que leurs parents étaient tués, les nouveaux-nés étaient donnés et adoptés par des parents en quête de progéniture, choisis par le gouvernement en fonction de leur conformité à la ligne politique officielle. Deux décennies plus tard, la dictature étant tombée, des grands-mères se réunissent régulièrement sur la Plaza de Mayo de Buenos Aires pour protester contre ce qu'il s'est passé et tenter de retrouver leurs petits-enfants disparus. C'est à cette occasion qu'un jeune homme, doutant de sa ressemblance avec ses parents, va les contacter et faire un test d'identité pour vérifier s'il est bien leur enfant. Son ami, nettement moins inquiet que lui sur cette hypothèse, le suit pour simplement le soutenir mais tombe amoureux de la jolie infirmière qui s'occupe des prises de sang. L'histoire est sympathique mais un peu convenue. On se doute assez vite de ce qu'il va se passer et au final le récit se révèle davantage une sorte de documentaire détourné qu'un véritable roman graphique original. Le dessin est sympathique, doté d'une bonne personnalité, même si je trouve ses personnages et leurs visages un peu trop figés. Concrètement, ce ne fut pas une mauvaise lecture. Elle dénonce un état de faits que je connaissais déjà et en présente en partie les conséquences. Mais je n'ai pas été passionné ni touché par cette BD qui m'a laissé un peu indifférent du fait de la manière trop prévisible de son déroulement.

02/07/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Un one-shot qui montre un côté de la dictature argentine des années 70-80 que je ne connaissais pas, à savoir que les bébés de centaines de dissidents ont été enlevés de leur famille et placés chez d'autres. Le sujet est bien traité et on voit toute la cruauté d'une telle pratique, surtout que les parents se faisaient tuer, ce qui explique pourquoi le mouvement pour retrouver ces enfants enlevés est composé des grands-mères. On suit un jeune étudiant qui se demande s'il n'est pas un de ces bébés enlevés et adoptés ainsi que son copain qui lui dit de ne pas trop s'en faire. Il y aura des surprises dans ce scénario plutôt prenant. J'ai bien aimé le dessin aussi. Un bon one-shot sur un sujet dur.

27/11/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Les dictatures se suivent et se ressemblent. Pourtant, certaines d'entre-elles peuvent être plus cruelles que d'autres même si ce genre d'échelle de la souffrance est bien difficile à établir. L'Argentine a connu malheureusement une dictature sanglante en 1976 et 1983. Certes, elle a pratiqué des exécutions notamment d'opposants gauchistes. Ce qu'il faut savoir, outre le fait qu'il lâchait des femmes d'opposants du haut de leurs hélicoptères pour s'écraser dans le rio de la plata, le régime a enlevé des enfants pour les faire adopter par des proches du régime ou des familles sûrs et sans histoires. Cela a concerné environ 500 enfants. Certes, ce récit est fictif mais il s'inspire d'une triste réalité. Alors qu'il accompagnait son ami en quête de vérité, un étudiant qui joue le mariole fait également faire ce test dont les résultats seront terribles pour son existence. Le récit va changer progressivement de protagoniste principal pour suivre sa quête inspiré par un mouvement de grands-mères désireuses de rétablir certaines vérités. J'ai beaucoup aimé ce récit qui prend une direction inattendue. Malheureusement, tous les enfants n'ont pas retrouvé leur vraie famille et cela provoque bien des traumatismes dans sa construction d'être humain. Le titre est plutôt bien choisie. Le dessin est doux ce qui n'est pas pour déplaire le lecteur car le trait est empreint de sensibilité. Tout comme ce récit qui est à découvrir.

01/11/2018 (modifier)