Voici la première bd que je lis sur le massacre de Guernica. C'est une ville du pays basque espagnol connue pour sa destruction le 26 avril 1937 par les aviateurs de la légion Condor envoyés par Hitler afin de soutenir le général Franco durant la guerre d'Espagne. Ce bombardement a eu des conséquences dans le monde entier. C'est pareil quand on détruit une ville par les flammes venant du ciel. Cela ne laisse guère les gens indifférents.
En l’occurrence, cela a particulièrement inspiré Picasso qui a produit une œuvre. Cette bd raconte l'histoire de la ville en parallèle avec le récit de la naissance de cette œuvre qui devait marqué le monde. A noter que le jour choisi était celui du marché. Il y eu plusieurs milliers de morts. On verra une mère pleurant la mort de son bébé, un cheval éventré ainsi qu'une vieille dame blessée à la jambe ou un amoureux pulvérisé par une bombe. Bref, un massacre assez macabre.
Cette bd sur un format à l'italienne est bien réalisée sur le fond et la forme. Il s'agissait d'une reconstitution historique qui semble être réaliste. Je suis toujours favorable à ces ouvrages qui font appel à notre devoir de mémoire. C'est Picasso qui l'indique dans une bulle par ces mots qui résonnent encore : « Il faut éradiquer cette peste brune de la planète. Je peins pour dénoncer leurs crimes aux yeux de l’humanité tout entière ». Moralité : l'art peut être alors une arme contre le fascisme.
Grandiose et essentiel
Si un jour l'on m'avait dit que je lirais quasi d'une traite une BD de près de 320 pages sur une histoire de la révolution française j'aurais bien rigolé.
Mais quelle somme, cet ouvrage prévu en trois tomes est une véritable tuerie sans jeu de mot. Mettons d'abord en avant la prouesse graphique tant le dessin de Florent Grouazel est exceptionnel de richesse de détails. c'est tout bonnement incroyable la minutie qui est apportée aux décors, aux costumes et la vision d'un Paris ou se mêlent les classes sociales en ces jours d'incertitudes.
Pour ce qui est du scénario disons le d’emblée il est touffu ce qui ne veut pas dire illisible, l'on suit plusieurs personnages réels ou fictifs qui nous entrainent à leur suite dans le tourbillon des évènements de janvier à octobre 1789 au jour du vote de la loi martiale par l'Assemblée nationale. Notons d'ailleurs que tous ces personnages sont rendus attachants par les auteurs. Pas de parti pris, nous vivons en temps réel les évènements; séances à l'Assemblée balbutiante, tractations ou complots divers dans les salons dorés de la noblesse ou les arrières salles des cafés.
Chose amusante ou pas il est assez fascinant de lire les discours d'alors qui ont un écho avec notre époque et les évènements actuels dans notre beau pays, je fais référence au mouvement des gilets jaunes, mais pas que, d'autres voix sont à coller sur des noms bien connus.
Pour ma part cette BD parfaitement documentée et moderne dans son approche devrait faire date elle est hautement recommandable.
J’ai déjà lu pas mal de livres de ce duo de sociologues, qui travaillent quasi exclusivement sur la grande bourgeoisie, les « riches » et les passe-droits qu’ils se donnent. Avec la même rigueur et la même pugnacité que Pierre Bourdieu (dont ils se réclament), ils mettent à jour les mécanismes utilisés par les « classes dominantes » pour s’exonérer des obligations qui incombent à tous (phénomène bien évidemment occulté par les dirigeants politiques – qui les mettent en place et font partie pour la plupart de la même catégorie sociale, et par les médias – contrôlés par ceux-là même qui bénéficient de ces passe-droits).
Je ne pourrais que vous encourager à lire leurs livres, instructifs. Mais déjà cet album est une bonne introduction. Au travers du procès intenté à Cahuzac, les auteurs décryptent, de façon claire (même si, parfois, certains schémas peuvent paraître moins simple), comment cet homme (et sa femme), sans scrupules, ont bâti un système d’enrichissement, de vol. Mais aussi comment ils ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Et que, jugé presque « par hasard », ils ne sont finalement sanctionnés qu’à la marge (voir le procès en appel, présenté par la presse comme dur pour Cahuzac, car aggravant la peine, alors même que le sursis fait que Cahuzac ne fera pas de prison).
Après lecture de cet album (qui ne m’a pas forcément appris grand-chose, mais qui est une petite piqûre de rappel), j’ai le même sentiment qu’après la lecture du Canard Enchaîné chaque semaine : on hésite entre rires et larmes. Mais la lecture de ce genre d’album, du Canard Enchaîné (ou du Monde diplomatique pour des analyses plus poussés et moins centrées sur le commentaire de l’actualité) devrait être obligatoire, pour que chaque « citoyen » sache décrypter les artifices mis en œuvre par une oligarchie (mêlant politique, médiatiques, industriels et rentiers – catégories il est vrai souvent interchangeables, tant certains passent de l’une à l’autre) pour s’exonérer des obligations qu’ils imposent au plus grand nombre.
Par ailleurs, le traitement (médiatique, mais aussi judiciaire) subi par les gilets jaunes, ou même n’importe quel petit délinquant – voire simple jeune de banlieue, subissant comparutions immédiates, gardes à vue et peines de prison pour avoir sur soi de quoi se protéger des lacrymogènes, avoir détérioré un abribus, ou même (c’est très tendance et si facile) pour « outrage », est à mettre en perspective avec le traitement subi par Cahuzac (ou Bettancourt, ou Fillon, ou Balkany, pour ne citer que quelques têtes de gondoles du genre), qui ont volé (oui, c’est bien notre argent qu’ils volent en fraudant !) des dizaines de millions d’euros (il est vrai sans violence physique), et qui, s’ils sont jugés (ce qui arrive rarement – et alors très très très longtemps après le déroulement de faits, sans humiliation publique ni comparution immédiate, garde à vue), ne sont condamné (là aussi très rarement) qu’à la marge, et ne font pas de prison. ECOEURANT !
Je suis aussi grand amateur de Lécroart (il est vrai d’habitude davantage dans des publications liées à l’oubapo), et j’ai retrouvé là avec plaisir ses personnages rondouillard, à peine caricaturaux, son style fluide et agréable.
Et, contrairement à Paco, je n’ai pas trouvé que les dessins, les gags – bref, l’emballage « humoristique » proposé par Lécroart n’affaiblissent le propos, bien au contraire. Comme le font souvent les dessins caricaturaux ou les jeux de mots à deux balles dans le Canard Enchaîné, cela « aère », sans nuire au fond.
Ce qui attire dans ce livre c’est d’abord la couverture, réalisée dans un style qui rappelle Cassandre et ses pubs art déco des années 20. Puis, un simple feuilletage permet de laisser le charme infuser. De pair avec le graphisme, la colorisation est extrêmement plaisante, c’est juste magnifique. Sylvain Dorange prouve ainsi qu’il est un artiste de grand talent.
« La Plus Belle Femme du monde », c’est la biographie d’une femme au destin extraordinaire, à la fois tragique et scintillant, celle de Hedy Lamarr, quasiment oubliée aujourd’hui. Juive autrichienne naturalisée américaine, celle-ci connut pourtant la gloire à Hollywood, si éphémère fut-elle, ayant tourné avec les plus grands réalisateurs de l’époque en particulier durant l’entre-deux-guerres. Mais ce que l’on a encore plus oublié derrière l’actrice glamour un peu mièvre, se cachait la scientifique. En mettant au point, avec le concours du pianiste et compositeur George Antheil, un système de codage des transmissions, l’actrice a donné lieu à de grosses avancées dans la technologie des télécommunications. Aujourd’hui, l’armée, la téléphonie mobile et la technologie Wi-Fi ont toujours recours à l’invention de Hedy Lamarr.
Et pourtant, c’est peu dire que cette « ravissante idiote » fut sèchement éconduite lorsqu'elle vint proposer ses services à l’armée américaine dans la guerre contre le Japon et l’Allemagne. Plutôt que de se préoccuper d’un domaine forcément masculin, les cadors de l’US Navy lui suggérèrent de jouer de sa plastique avantageuse pour soutenir le moral des troupes.
William nous livre ainsi une triste et passionnante histoire portée par un superbe graphisme, celle d’une personnalité atypique qui cotoya les sommets sans jamais obtenir de réelle reconnaissance, même d’Hollywood, sauf au crépuscule de sa vie où elle fut, contre toute attente, récompensée par le milieu scientifique pour son brevet.
J’avais adoré Terra Australis des mêmes auteurs, et c’est donc conquis d’avance que je me suis jeté sur cet album. Qui est un peu moins épais (plus de 350 pages tout de même !), et lui aussi réussi, même si je l’ai trouvé un chouia moins envoûtant que le précédent.
C’est que l’Australie y est moins présente, mis à part un « monologue », sorte d’interlude central entre les deux histoires d’évasion qui occupent l’essentiel de l’album, et bien sûr par le fait que les deux personnages principaux, Mary Bryant (pauvre fille déportée pour une peccadille) et Thomas Muir (avocat nationaliste écossais, déporté politique), commencent leur périple par s’en évader.
Car l’album est centré sur ces deux personnages (dont l’histoire est traitée successivement – même si les deux sont contemporaines), qui servent d’aimant pour tous les personnages, événements de l’époque (fin du XVIIIème siècle surtout, mais aussi début du XIXème siècle). Bollée arrive ainsi très bien à dynamiser son récit en l’intégrant à la Révolution française, aux Lumières, mais aussi aux relations entre Français, Anglais et Espagnols. Les mutins de la Bounty, l’amiral Nelson, personnages historiques et/ou emblématiques sont aussi de la partie.
Comme il l’avait fait dans Terra Australis, L.F. Bollée fait ici un clin d’œil à l’expédition de La Pérouse et à son échouage sur les îles de Wanikoro (et comme pour le livre précédent, les marins anglais s’en détournent, les laissant à leur triste sort…).
De ce fait, ce pavé, à la fois dense, riche et « aéré » se lit très agréablement et relativement vite. C’est bien sûr aussi dû au beau dessin de Philippe Nicloux qui, comme pour le précédent album, use d’une sorte de lavis, d’un Noir et Blanc jouant sur les nuances de gris. Son trait simple mais efficace fluidifie clairement la lecture, que je vous recommande.
Nouvelle production de Fabcaro qui nous livre une suite de gags dans l'esprit de Moins qu'hier (plus que demain), c'est à dire des gags indépendants en une page. Au contraire de Zaï Zaï Zaï Zaï ou Et si l'amour c'était aimer ? qui formaient des histoires complètes. Toujours est il qu'on est dans le même esprit que ces 3 albums, à savoir un ton très décalé et des gags ciselés au service d'un humour toujours aussi absurde. La plupart des strips de cet album (tous ?) ont été publiés dans les Inrocks.
Fabcaro lache cette fois le thème de l'amour qui avait été le sujet principal de 2 de ses dernières productions, pour s'attaquer à des sujets variés en lien avec les problématiques de notre société. Le chômage, le bio, la radicalisation, bref pas mal de sujets d'actualités sont passés en revue. L'album porte bien son nom, on se croirait au PMU du coin avec les réflexions surprenantes des vieux habitués.
Et bien sur, toujours avec le même angle décalé et le même sens de l'humour auquel nous a maintenant habitué Fabcaro, cet album fait une nouvelle fois plaisir aux zygomatiques. Du tout bon, et des moments de sourires et de rires garantis.
Je découvre avec cet album le travail de Juan José Ryp. Et bien le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a un très chouette coup de crayon ! C’est évidemment cet aspect graphique qu’il faut mettre en avant, car il nous montre ici de très jolies formes !
Ses femmes sont très sexy, gainées de cuir ou de soie, juchées sur des talons aiguilles : on est dans du porno chic, mais bien fait. Contrairement à son précédent album (Jeux de filles), qui était en Noir et Blanc, c’est ici colorisé (très bien en plus).
C’est un enchaînement de petites histoires, prétextes à des scènes très érotiques, très hard, jouant souvent sur des thèmes sadomasochistes, de soumission. C’est bien fait (sans être gore ou trop extraordinaire). Surtout, Ryp parsème certaines histoires d’un peu d’humour (petites chutes rigolotes). Et sa narration est très économe de paroles (très rares), avec en plus la plupart des textes composés d’images à la place de mots dans les phylactères (Ryp avait déjà un peu utilisé ce truc dans Jeux de filles).
Le superbe trait de Ryp me fait arrondir à quatre étoiles (note réelle 3,5/5) pour cet album. Ce dessin émoustillant compense en partie les scénarios, pas forcément hyper-développés.
Le charme des vides greniers : on peut tomber sur des valeurs sûres, type "Tintin", sur des albums alléchants qui se révéleront moyens, mais on peut aussi avoir de bonnes surprises, comme celle de tomber sur cette bande dessinée, esseulée au milieu de casseroles, vêtements et objets divers. Prix demandé, bd vite achetée, vite lue, et appréciée.
Les cinq conteurs de Bagdad est un récit que j'ai trouvé très poétique, enchanteur. C'est un peu le propre du conte, et c'est l'ambiance que Vehlmann et Duchazeau ont voulu transmettre. Ils y parviennent parfaitement. Nous nous retrouvons embarqué dans une histoire où l'on connait déjà la fin (elle leur est révélée par un oracle dès le début) et qui, pourtant, m'a tenu en haleine jusqu'à la fin. Le coup de montrer comment ça va se finir est toujours intéressant car on a envie de savoir pourquoi, et comment. C'est le cas ici, mais j'ai aussi apprécié l'histoire en elle même, celle des 4 meilleurs conteurs de Bagdad entraînés par un 5e à parcourir le monde pour trouver les plus belles histoires. Les relations entre les personnages ne sont pas extrêmement développées, mais cela est tout de même fait de manière satisfaisante. Et les toutes dernières pages permettent un peu plus d'éclaircissement. Les contes racontés tout au long du récit sont plaisants et prêtent souvent à sourire.
Le dessin est très bien maîtrisé, et le trait un peu flou rajoute un soupçon de mystère à cette histoire. Pas besoin d'un trait réaliste lorsque l'on est dans un conte, mais plutôt d'un trait simple et élégant.
Un bien bel ensemble donc, qui conviendra à tout type de lectorat, jeune et moins jeune.
Voici une nouvelle très belle série.
Elle adapte le roman éponyme de Jean-Claude Mourlevat, un joli conte sur le temps qui s'écoule. J'ai été proprement enchanté par ce premier tome, sur ses trois quarts. Elle raconte la quête, double, du jeune Tomek. lequel voyage dans des contrées un rien exotiques, où il rencontre des personnages hauts en couleurs, à la recherche d'une jeune fille croisée seulement quelques minutes mais aussi du moyen de prolonger l'existence de son grand-père d'adoption. Loin d'être gnangnan, le récit propose un véritable parcours initiatique, qui tirer cependant un peu en longueur sur sa dernière partie. Mais la fin de ce premier tome pourrait se suffire à elle-même.
Graphiquement Maxe l'Hermenier, l'adaptateur, s'est adjoint les services de Djet, dont le style propose une belle digestion du manga, en rapport avec ses racines franco-belges. C'est beau, c'est clair, c'est lisible, même s'il y a encore du boulot sur les expressions des personnages.
Bref, je valide.
Jean Doux et le mystère de la disquette molle, c'est une série que j'ai eu envie de lire dès les premiers avis que j'ai lus sur le site. Un an plus tard, après avoir longtemps repoussé l'achat, notamment en raison du prix tout de même un peu corsé, j'ai fini par craquer, le fait de l'avoir trouvé en occasion aidant.
Et, fait assez rare pour le souligner, je n'ai pas été déçu. Souvent, quand j'en attends beaucoup d'une bd, c'est ce qui m'arrive. Mais là, je me suis laissé embarquer avec bonheur dans ce récit totalement barré.
Jean Doux, c'est l'Aventure avec un grand A. Cet employé d'une entreprise de broyeuse à papier découvre une disquette molle des années 70 qui va lui permettre de remonter la trace de la broyeuse ultime, celle de niveau 12 (rendez vous compte, le niveau 6 permet déjà une découpe ultra fine!!). Comme dit dans les avis précédents, on est dans l'absurde total, et ça marche très bien. Philippe Valette nous entraîne dans un récit qui mêle humour et aventure avec maîtrise tout du long, et mine de rien, ce n'est pas si courant. D'un côté, on est ravi par l'humour présent à chaque coin de page et de l'autre, on est embarqué dans l'aventure de Jean Doux et curieux de connaitre la suite. Bien sûr, il y a quelques gags qui m'ont moins plu que les autres (le coup du tuba par exemple), mais la plupart sont vraiment marrants. Les dialogues y sont pour beaucoup : ils sont percutants, caricaturaux mais pas trop et décalés. Le ton est toujours juste, et il y a certaines pépites au travers des 250 (!) pages de cet album en format à l'italienne.
Et le dessin, même si on ne peut pas dire qu'il soit beau, colle parfaitement à l'ambiance. Les petites mimiques de Jean Doux lorsqu'il est étonné ou stressé sont vraiment bien, elles sont drôles et expressives. Le côté cubique des personnages leur confère une originalité particulière, et finalement le résultat est assez agréable à l'oeil.
Non, franchement, un très bon album sans fausses notes.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Guernica
Voici la première bd que je lis sur le massacre de Guernica. C'est une ville du pays basque espagnol connue pour sa destruction le 26 avril 1937 par les aviateurs de la légion Condor envoyés par Hitler afin de soutenir le général Franco durant la guerre d'Espagne. Ce bombardement a eu des conséquences dans le monde entier. C'est pareil quand on détruit une ville par les flammes venant du ciel. Cela ne laisse guère les gens indifférents. En l’occurrence, cela a particulièrement inspiré Picasso qui a produit une œuvre. Cette bd raconte l'histoire de la ville en parallèle avec le récit de la naissance de cette œuvre qui devait marqué le monde. A noter que le jour choisi était celui du marché. Il y eu plusieurs milliers de morts. On verra une mère pleurant la mort de son bébé, un cheval éventré ainsi qu'une vieille dame blessée à la jambe ou un amoureux pulvérisé par une bombe. Bref, un massacre assez macabre. Cette bd sur un format à l'italienne est bien réalisée sur le fond et la forme. Il s'agissait d'une reconstitution historique qui semble être réaliste. Je suis toujours favorable à ces ouvrages qui font appel à notre devoir de mémoire. C'est Picasso qui l'indique dans une bulle par ces mots qui résonnent encore : « Il faut éradiquer cette peste brune de la planète. Je peins pour dénoncer leurs crimes aux yeux de l’humanité tout entière ». Moralité : l'art peut être alors une arme contre le fascisme.
Révolution (Locard / Grouazel)
Grandiose et essentiel Si un jour l'on m'avait dit que je lirais quasi d'une traite une BD de près de 320 pages sur une histoire de la révolution française j'aurais bien rigolé. Mais quelle somme, cet ouvrage prévu en trois tomes est une véritable tuerie sans jeu de mot. Mettons d'abord en avant la prouesse graphique tant le dessin de Florent Grouazel est exceptionnel de richesse de détails. c'est tout bonnement incroyable la minutie qui est apportée aux décors, aux costumes et la vision d'un Paris ou se mêlent les classes sociales en ces jours d'incertitudes. Pour ce qui est du scénario disons le d’emblée il est touffu ce qui ne veut pas dire illisible, l'on suit plusieurs personnages réels ou fictifs qui nous entrainent à leur suite dans le tourbillon des évènements de janvier à octobre 1789 au jour du vote de la loi martiale par l'Assemblée nationale. Notons d'ailleurs que tous ces personnages sont rendus attachants par les auteurs. Pas de parti pris, nous vivons en temps réel les évènements; séances à l'Assemblée balbutiante, tractations ou complots divers dans les salons dorés de la noblesse ou les arrières salles des cafés. Chose amusante ou pas il est assez fascinant de lire les discours d'alors qui ont un écho avec notre époque et les évènements actuels dans notre beau pays, je fais référence au mouvement des gilets jaunes, mais pas que, d'autres voix sont à coller sur des noms bien connus. Pour ma part cette BD parfaitement documentée et moderne dans son approche devrait faire date elle est hautement recommandable.
Les Riches au tribunal
J’ai déjà lu pas mal de livres de ce duo de sociologues, qui travaillent quasi exclusivement sur la grande bourgeoisie, les « riches » et les passe-droits qu’ils se donnent. Avec la même rigueur et la même pugnacité que Pierre Bourdieu (dont ils se réclament), ils mettent à jour les mécanismes utilisés par les « classes dominantes » pour s’exonérer des obligations qui incombent à tous (phénomène bien évidemment occulté par les dirigeants politiques – qui les mettent en place et font partie pour la plupart de la même catégorie sociale, et par les médias – contrôlés par ceux-là même qui bénéficient de ces passe-droits). Je ne pourrais que vous encourager à lire leurs livres, instructifs. Mais déjà cet album est une bonne introduction. Au travers du procès intenté à Cahuzac, les auteurs décryptent, de façon claire (même si, parfois, certains schémas peuvent paraître moins simple), comment cet homme (et sa femme), sans scrupules, ont bâti un système d’enrichissement, de vol. Mais aussi comment ils ne sont qu’un exemple parmi d’autres. Et que, jugé presque « par hasard », ils ne sont finalement sanctionnés qu’à la marge (voir le procès en appel, présenté par la presse comme dur pour Cahuzac, car aggravant la peine, alors même que le sursis fait que Cahuzac ne fera pas de prison). Après lecture de cet album (qui ne m’a pas forcément appris grand-chose, mais qui est une petite piqûre de rappel), j’ai le même sentiment qu’après la lecture du Canard Enchaîné chaque semaine : on hésite entre rires et larmes. Mais la lecture de ce genre d’album, du Canard Enchaîné (ou du Monde diplomatique pour des analyses plus poussés et moins centrées sur le commentaire de l’actualité) devrait être obligatoire, pour que chaque « citoyen » sache décrypter les artifices mis en œuvre par une oligarchie (mêlant politique, médiatiques, industriels et rentiers – catégories il est vrai souvent interchangeables, tant certains passent de l’une à l’autre) pour s’exonérer des obligations qu’ils imposent au plus grand nombre. Par ailleurs, le traitement (médiatique, mais aussi judiciaire) subi par les gilets jaunes, ou même n’importe quel petit délinquant – voire simple jeune de banlieue, subissant comparutions immédiates, gardes à vue et peines de prison pour avoir sur soi de quoi se protéger des lacrymogènes, avoir détérioré un abribus, ou même (c’est très tendance et si facile) pour « outrage », est à mettre en perspective avec le traitement subi par Cahuzac (ou Bettancourt, ou Fillon, ou Balkany, pour ne citer que quelques têtes de gondoles du genre), qui ont volé (oui, c’est bien notre argent qu’ils volent en fraudant !) des dizaines de millions d’euros (il est vrai sans violence physique), et qui, s’ils sont jugés (ce qui arrive rarement – et alors très très très longtemps après le déroulement de faits, sans humiliation publique ni comparution immédiate, garde à vue), ne sont condamné (là aussi très rarement) qu’à la marge, et ne font pas de prison. ECOEURANT ! Je suis aussi grand amateur de Lécroart (il est vrai d’habitude davantage dans des publications liées à l’oubapo), et j’ai retrouvé là avec plaisir ses personnages rondouillard, à peine caricaturaux, son style fluide et agréable. Et, contrairement à Paco, je n’ai pas trouvé que les dessins, les gags – bref, l’emballage « humoristique » proposé par Lécroart n’affaiblissent le propos, bien au contraire. Comme le font souvent les dessins caricaturaux ou les jeux de mots à deux balles dans le Canard Enchaîné, cela « aère », sans nuire au fond.
La Plus Belle Femme du Monde - The Incredible Life of Hedy Lamarr
Ce qui attire dans ce livre c’est d’abord la couverture, réalisée dans un style qui rappelle Cassandre et ses pubs art déco des années 20. Puis, un simple feuilletage permet de laisser le charme infuser. De pair avec le graphisme, la colorisation est extrêmement plaisante, c’est juste magnifique. Sylvain Dorange prouve ainsi qu’il est un artiste de grand talent. « La Plus Belle Femme du monde », c’est la biographie d’une femme au destin extraordinaire, à la fois tragique et scintillant, celle de Hedy Lamarr, quasiment oubliée aujourd’hui. Juive autrichienne naturalisée américaine, celle-ci connut pourtant la gloire à Hollywood, si éphémère fut-elle, ayant tourné avec les plus grands réalisateurs de l’époque en particulier durant l’entre-deux-guerres. Mais ce que l’on a encore plus oublié derrière l’actrice glamour un peu mièvre, se cachait la scientifique. En mettant au point, avec le concours du pianiste et compositeur George Antheil, un système de codage des transmissions, l’actrice a donné lieu à de grosses avancées dans la technologie des télécommunications. Aujourd’hui, l’armée, la téléphonie mobile et la technologie Wi-Fi ont toujours recours à l’invention de Hedy Lamarr. Et pourtant, c’est peu dire que cette « ravissante idiote » fut sèchement éconduite lorsqu'elle vint proposer ses services à l’armée américaine dans la guerre contre le Japon et l’Allemagne. Plutôt que de se préoccuper d’un domaine forcément masculin, les cadors de l’US Navy lui suggérèrent de jouer de sa plastique avantageuse pour soutenir le moral des troupes. William nous livre ainsi une triste et passionnante histoire portée par un superbe graphisme, celle d’une personnalité atypique qui cotoya les sommets sans jamais obtenir de réelle reconnaissance, même d’Hollywood, sauf au crépuscule de sa vie où elle fut, contre toute attente, récompensée par le milieu scientifique pour son brevet.
Terra Doloris
J’avais adoré Terra Australis des mêmes auteurs, et c’est donc conquis d’avance que je me suis jeté sur cet album. Qui est un peu moins épais (plus de 350 pages tout de même !), et lui aussi réussi, même si je l’ai trouvé un chouia moins envoûtant que le précédent. C’est que l’Australie y est moins présente, mis à part un « monologue », sorte d’interlude central entre les deux histoires d’évasion qui occupent l’essentiel de l’album, et bien sûr par le fait que les deux personnages principaux, Mary Bryant (pauvre fille déportée pour une peccadille) et Thomas Muir (avocat nationaliste écossais, déporté politique), commencent leur périple par s’en évader. Car l’album est centré sur ces deux personnages (dont l’histoire est traitée successivement – même si les deux sont contemporaines), qui servent d’aimant pour tous les personnages, événements de l’époque (fin du XVIIIème siècle surtout, mais aussi début du XIXème siècle). Bollée arrive ainsi très bien à dynamiser son récit en l’intégrant à la Révolution française, aux Lumières, mais aussi aux relations entre Français, Anglais et Espagnols. Les mutins de la Bounty, l’amiral Nelson, personnages historiques et/ou emblématiques sont aussi de la partie. Comme il l’avait fait dans Terra Australis, L.F. Bollée fait ici un clin d’œil à l’expédition de La Pérouse et à son échouage sur les îles de Wanikoro (et comme pour le livre précédent, les marins anglais s’en détournent, les laissant à leur triste sort…). De ce fait, ce pavé, à la fois dense, riche et « aéré » se lit très agréablement et relativement vite. C’est bien sûr aussi dû au beau dessin de Philippe Nicloux qui, comme pour le précédent album, use d’une sorte de lavis, d’un Noir et Blanc jouant sur les nuances de gris. Son trait simple mais efficace fluidifie clairement la lecture, que je vous recommande.
Open Bar
Nouvelle production de Fabcaro qui nous livre une suite de gags dans l'esprit de Moins qu'hier (plus que demain), c'est à dire des gags indépendants en une page. Au contraire de Zaï Zaï Zaï Zaï ou Et si l'amour c'était aimer ? qui formaient des histoires complètes. Toujours est il qu'on est dans le même esprit que ces 3 albums, à savoir un ton très décalé et des gags ciselés au service d'un humour toujours aussi absurde. La plupart des strips de cet album (tous ?) ont été publiés dans les Inrocks. Fabcaro lache cette fois le thème de l'amour qui avait été le sujet principal de 2 de ses dernières productions, pour s'attaquer à des sujets variés en lien avec les problématiques de notre société. Le chômage, le bio, la radicalisation, bref pas mal de sujets d'actualités sont passés en revue. L'album porte bien son nom, on se croirait au PMU du coin avec les réflexions surprenantes des vieux habitués. Et bien sur, toujours avec le même angle décalé et le même sens de l'humour auquel nous a maintenant habitué Fabcaro, cet album fait une nouvelle fois plaisir aux zygomatiques. Du tout bon, et des moments de sourires et de rires garantis.
Gladys & Monique
Je découvre avec cet album le travail de Juan José Ryp. Et bien le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a un très chouette coup de crayon ! C’est évidemment cet aspect graphique qu’il faut mettre en avant, car il nous montre ici de très jolies formes ! Ses femmes sont très sexy, gainées de cuir ou de soie, juchées sur des talons aiguilles : on est dans du porno chic, mais bien fait. Contrairement à son précédent album (Jeux de filles), qui était en Noir et Blanc, c’est ici colorisé (très bien en plus). C’est un enchaînement de petites histoires, prétextes à des scènes très érotiques, très hard, jouant souvent sur des thèmes sadomasochistes, de soumission. C’est bien fait (sans être gore ou trop extraordinaire). Surtout, Ryp parsème certaines histoires d’un peu d’humour (petites chutes rigolotes). Et sa narration est très économe de paroles (très rares), avec en plus la plupart des textes composés d’images à la place de mots dans les phylactères (Ryp avait déjà un peu utilisé ce truc dans Jeux de filles). Le superbe trait de Ryp me fait arrondir à quatre étoiles (note réelle 3,5/5) pour cet album. Ce dessin émoustillant compense en partie les scénarios, pas forcément hyper-développés.
Les Cinq Conteurs de Bagdad
Le charme des vides greniers : on peut tomber sur des valeurs sûres, type "Tintin", sur des albums alléchants qui se révéleront moyens, mais on peut aussi avoir de bonnes surprises, comme celle de tomber sur cette bande dessinée, esseulée au milieu de casseroles, vêtements et objets divers. Prix demandé, bd vite achetée, vite lue, et appréciée. Les cinq conteurs de Bagdad est un récit que j'ai trouvé très poétique, enchanteur. C'est un peu le propre du conte, et c'est l'ambiance que Vehlmann et Duchazeau ont voulu transmettre. Ils y parviennent parfaitement. Nous nous retrouvons embarqué dans une histoire où l'on connait déjà la fin (elle leur est révélée par un oracle dès le début) et qui, pourtant, m'a tenu en haleine jusqu'à la fin. Le coup de montrer comment ça va se finir est toujours intéressant car on a envie de savoir pourquoi, et comment. C'est le cas ici, mais j'ai aussi apprécié l'histoire en elle même, celle des 4 meilleurs conteurs de Bagdad entraînés par un 5e à parcourir le monde pour trouver les plus belles histoires. Les relations entre les personnages ne sont pas extrêmement développées, mais cela est tout de même fait de manière satisfaisante. Et les toutes dernières pages permettent un peu plus d'éclaircissement. Les contes racontés tout au long du récit sont plaisants et prêtent souvent à sourire. Le dessin est très bien maîtrisé, et le trait un peu flou rajoute un soupçon de mystère à cette histoire. Pas besoin d'un trait réaliste lorsque l'on est dans un conte, mais plutôt d'un trait simple et élégant. Un bien bel ensemble donc, qui conviendra à tout type de lectorat, jeune et moins jeune.
La Rivière à l'envers
Voici une nouvelle très belle série. Elle adapte le roman éponyme de Jean-Claude Mourlevat, un joli conte sur le temps qui s'écoule. J'ai été proprement enchanté par ce premier tome, sur ses trois quarts. Elle raconte la quête, double, du jeune Tomek. lequel voyage dans des contrées un rien exotiques, où il rencontre des personnages hauts en couleurs, à la recherche d'une jeune fille croisée seulement quelques minutes mais aussi du moyen de prolonger l'existence de son grand-père d'adoption. Loin d'être gnangnan, le récit propose un véritable parcours initiatique, qui tirer cependant un peu en longueur sur sa dernière partie. Mais la fin de ce premier tome pourrait se suffire à elle-même. Graphiquement Maxe l'Hermenier, l'adaptateur, s'est adjoint les services de Djet, dont le style propose une belle digestion du manga, en rapport avec ses racines franco-belges. C'est beau, c'est clair, c'est lisible, même s'il y a encore du boulot sur les expressions des personnages. Bref, je valide.
Jean Doux et le Mystère de la Disquette Molle
Jean Doux et le mystère de la disquette molle, c'est une série que j'ai eu envie de lire dès les premiers avis que j'ai lus sur le site. Un an plus tard, après avoir longtemps repoussé l'achat, notamment en raison du prix tout de même un peu corsé, j'ai fini par craquer, le fait de l'avoir trouvé en occasion aidant. Et, fait assez rare pour le souligner, je n'ai pas été déçu. Souvent, quand j'en attends beaucoup d'une bd, c'est ce qui m'arrive. Mais là, je me suis laissé embarquer avec bonheur dans ce récit totalement barré. Jean Doux, c'est l'Aventure avec un grand A. Cet employé d'une entreprise de broyeuse à papier découvre une disquette molle des années 70 qui va lui permettre de remonter la trace de la broyeuse ultime, celle de niveau 12 (rendez vous compte, le niveau 6 permet déjà une découpe ultra fine!!). Comme dit dans les avis précédents, on est dans l'absurde total, et ça marche très bien. Philippe Valette nous entraîne dans un récit qui mêle humour et aventure avec maîtrise tout du long, et mine de rien, ce n'est pas si courant. D'un côté, on est ravi par l'humour présent à chaque coin de page et de l'autre, on est embarqué dans l'aventure de Jean Doux et curieux de connaitre la suite. Bien sûr, il y a quelques gags qui m'ont moins plu que les autres (le coup du tuba par exemple), mais la plupart sont vraiment marrants. Les dialogues y sont pour beaucoup : ils sont percutants, caricaturaux mais pas trop et décalés. Le ton est toujours juste, et il y a certaines pépites au travers des 250 (!) pages de cet album en format à l'italienne. Et le dessin, même si on ne peut pas dire qu'il soit beau, colle parfaitement à l'ambiance. Les petites mimiques de Jean Doux lorsqu'il est étonné ou stressé sont vraiment bien, elles sont drôles et expressives. Le côté cubique des personnages leur confère une originalité particulière, et finalement le résultat est assez agréable à l'oeil. Non, franchement, un très bon album sans fausses notes.