J'ai adoré ce recueil.
Abuli et Rossi explorent avec brio les travers d'une bande de crapules des mers. L'humour fonctionne bien, j'ai ri avec ces histoires, même si sur la douzaine que compte cette "Intégrale" certaines sont plus faiblardes que d'autres, elles sont toutes variées et représentent un large éventail de flibusteries.
Les pirates ne sont pas dépeints comme des héros, loin de là. Pas d'imagerie romantique, La Guibole, Petit, Jocko et tout le reste de l’équipage sont pourris jusqu'à l'os ; seul Blondin, le jeune mousse narrateur, est un garçon de morale. Ces immondes crapules sont aussi attachantes que méchantes, Abuli est un habitué de ce genre de personnages, il sait les dépeindre avec beaucoup de talent.
Quant aux dessins de Rossi, ils sont simplement magnifiques...
JJJ
Voilà, après de longues années d'absence le nouvel album, et par la même la nouvelle série d'Olivier Milhiet.
L'auteur de la série aux multiples éloges des lecteurs Spoogue nous revient donc.
Certes, je n'ai jamais lu Spoogue, mais je me suis renseigné. Alors, pour ceux qui espéraient retrouver cet univers loufoque, déjanté et rempli d'humour gore, il semblerait que vous soyez déçus. Pour ceux qui attendaient le trait vraiment sympathique et personnel d'Olivier Milhiet, pour ceux qui espérait retrouver un univers original et maitrisé, alors vous aurez votre bonheur ! :D
Pour ma part, découvrant cet auteur, en un album j'ai été conquis !
"Caravane" est une sorte de western post-apocalyptique. Pourtant, aucune information ni de lieu, ni de temps de nous sont fournis. Au vu des personnages et des décors désertiques, c'est donc dans ce contexte que j'imagine se placer le scénario. Ce Western s'agrémente d'un coté Fantastique avec les ''Freaks'', les héros de cette série, mais niveau technologie c'est un peu bricolé, genre Mad Max.
Le premier point fort de cette BD c'est qu'il y a une véritable boutique de monstruosités. Olivier Milhiet nous offre une série de personnages tous plus monstrueusement attachants les uns que les autres. Le trait de Milhiet qui n'est pas le plus précis au monde, est pourtant un vrai bonheur pour les yeux. Son trait personnel est vivant, clair et régulier d'une case à l'autre, il est aisé de connaitre les personnages à chacune de leurs apparitions. La mise en couleur directe est elle aussi de toute beauté. Comme je l'aime ! :)
Bref, de l'excellent travail. Je lui trouve une pointe de ressemblance avec celui d'Andréas, ce qui pour moi est un gage de qualité ! Dans le style mon trait est tordu, mais c'est normal, dans le style je créé mon univers et personne ne me ressemble, ces deux auteurs se dégagent vraiment par le rendu de leur travail.
Les décors sont fouillés, détaillés et franchement jolis.
Coté scénario, ça oscille entre le classique et le franchement original. Je crois que tout l'intérêt de cette BD tient justement dans le fragile équilibre qu'Olivier Milhiet a su trouver. Le mélange des genres est très bien dosé et pour peu, sa bande de Freaks paraitrait normale !
C'est l'histoire d'une bande de nomades monstrueux qui s'arrête dans les villages, un peu brocanteurs, un peu voleurs, ils récupèrent une petite fille d'à peu prés 5 ans, tout à fait normale.
Il y a un côté polar/thriller que l'on découvre et auquel cette petite fille va participer forcément.
L'album a à la fois un côté dur, avec de l'action mais il y a aussi un second degré. Contrairement à Spoogue qui était fait pour rigoler avec des côtés plus gore, le traitement ici est plus réaliste, plus sérieux, plus adulte.
On assiste immanquablement à l'opposition entre les gens 'normaux' et les 'monstres', l'incompréhension est là encore la source de toute chose. Et pourtant, les Freaks ne semblent pas être réellement des enfants de cœur. Comme le dit un Freak à peu de choses près, "nous sommes des monstres, comment pourrions-nous agir autrement que des monstres ?" A force d'être stigmatisés, les gens s'enfoncent dans ce que l'on demande d'être. En fait, cette BD surfe sur beaucoup de sujets actuels tels que l'intégration, l'immigration, le racisme et joue avec les bons sentiments. Mais là encore, cela ne m'a jamais perturbé car comme déjà dit plus haut, Olivier Milhiet a su créer un univers complet et très bien dosé, plein d'actions immorales moralisatrices (? !) et de bons sentiments pas si saints que cela. Un univers plus torturé qu'il n'en a l'air au premier abord.
Quand je lis que Spoogue a été arrêté faute de ventes, malgré la qualité apparente de la série, quand je lis que cette histoire est prévue en 2 tomes, 4 si le succès le permet, alors, je ne peux dire qu'une chose, il faut absolument que nous ayons 4 tomes !
Voilà, maintenant le seul bémol, c'est la qualité d'impression. Dans mon album, sur quelques cases (3 si j'ai bien compté ;) ) proches du bord intérieur de la BD, il y a un flouté qui apparaît… Et je ne crois pas que cela soit dû à une volonté avérée de l'auteur ou de l'éditeur…
Sinon, pour le reste, rien à redire !
S'appuyant sur un graphisme d'une qualité remarquable qui pastiche celui de Hergé, les histoires plus ou moins longues de Léon la terreur - de quelques cases à plusieurs pages - nous font réfléchir sur les contradictions du monde dans lequel nous tentons de survivre.
Créée dans les années 1980, la série apparaît prémonitoire à plusieurs égards et n'a rien perdu de sa force d'impact. Léon est un fou irrévérencieux, parfois enragé, visité par de éclairs de lucidité, de sagesse et même de poésie. À travers ses frasques, les auteurs de la série posent un regard impitoyable sur la société postindustrielle.
Avant tout, on ne peut que saluer les éditions Delcourt d'avoir, premièrement eu le courage, enfin, de sortir ce bouquin, et deuxièmement, d'avoir réalisé là un très bel objet éditorial (certes différent de la version originale, je regrette juste la traduction du titre qui certes est littéralement exacte, mais perd de son charme en français- et puis on ne traduit pas les titres d'Alan Moore, que diable!)).
J'ai eu un peu de mal à débuter ce nouveau pavé signé Alan Moore et à véritablement entrer dans l'histoire.
Jusqu'à la rencontre entre les trois principales protagonistes, j'avoue ne pas avoir saisi l'intérêt d'un tel livre.
Mais dès cette rencontre, tout se met en place.
Conçu comme un échiquier -chaque chapitre est d'ailleurs constitué de 8 pages- où chacune avance ses pièces (en racontant sa propre histoire), ce conte pour adultes (ah, j'oubliais, ce livre -pour ceux qui ne l'ont pas encore ouvert- est franchement pornographique : pédophilie, zoophilie, inceste etc. s'y côtoient) est superbement illustré (et ceci, malgré ces critiques vues ici ou là sur la qualité graphique de cette bande dessinée).
En revisitant, de façon osée et personnelle, trois contes pour enfants, Alan Moore et Melinda Gebbie nous offrent là une oeuvre de qualité, que je relirai, quant à moi, certainement.
Alan Moore a toujours réussi à nous surprendre en optant à chaque fois pour des thèmes forts et percutants, avec From Hell (mon préféré), V pour Vendetta ou encore Watchmen, et là il y réussit grandement.
L’auteur de Spoogue, qui ressort quelque chose, je ne me pose pas de questions, je saute dessus. Et je ne me suis pas trompé.
Bon je ne vais pas répéter ce que les autres ont dit, donc en bref, on sent que depuis son délire Burtonien, Olivier Milhiet a mûri tant au niveau de son trait, que de sa mise en scène et de son scénario. Il nous sert ici une histoire drôle, divertissante et attendrissante.
Et puis encore une fois, il faut souligner l’originalité de son histoire. Il ne nous sort pas une énième histoire d’un élu qui va tout péter dans une grosse guerre intergalactique mais il reste pourtant très abordable même pour le néophyte.
A lire, à acheter, à racheter (bah faut écouler les stocks, faut bien qu’il mange…).
Voilà une bande dessinée originale et pas originale du tout.
Lorsque l'on regarde simplement les images, on a l'impression de l'avoir déjà vue (La Geste des Chevaliers Dragons...) et puis on goûte au texte, à l'histoire dans l'Histoire, à l'intrigue et c'est vraiment agréable à lire.
Bravo pour les recherches historiques subtiles et pas tape à l'œil.
Je me souviens de l’époque où je suis arrivé sur bdthèque, le site avait peut-être un an d’existence mais avait déjà son lot d’habitués dont la quasi-totalité ne juraient que par Spoogue. Chose curieuse, j’étais peut-être le seul (ou un des seuls, en tout cas) à ne pas succomber aux charmes et à l’humour particulier du ravissant fossoyeur. Après des années de silence, Milhiet revient avec une nouvelle série, et il sera peut-être ravi de savoir (ou s’en tamponnera complètement) que le seul dénigreur de Spoogue de bdthèque a apprécié le premier tome de Caravane. Première chose donc : oubliez Spoogue, cela n’a rien à voir.
J’avoue qu’au début de ma lecture, ce n’était pas gagné, je trouvais la réaction primaire des autochtones envers la caravane trop caricaturale, téléphonée et démesurée. Mais très vite j’ai saisi que c’était avant tout une affaire de « ton » et que la caricature faisait pleinement partie de ce que Milhiet voulait mettre en place. De plus, là n’était pas le centre d’intérêt, on saisit très vite que l’essentiel est ailleurs. Je m’explique : il est difficile de ne pas penser au fabuleux Freaks de Tod Browning en lisant cette bd. La proximité du sujet y est pour beaucoup, évidement, mais cela va au-delà, et sans jamais traverser la frontière qui sépare l’inspiration du plagiat. Le traitement visuel est résolument différent, la construction narrative également, mais ce qu’il reste c’est le « noyau humain » pourrait on dire. La force du magistral film de Browning était de montrer, avec toute l’ambiguïté que cela supposait, l’étrange « pacte » qui unissaient les monstres de cirque d’antan, pacte qui faisait qu’ils réagissaient de concert face à une agression d’un « normal » envers leurs dignité au point de devenir, comme par effet de contradiction/assimilation, les « monstres » que la société rejette. Car un être d’humain devient, par la force des choses et la violence des rapports sociaux, ce que la société lui donne comme rôle (ce que Sarkozy a magnifiquement illustré en traitant les jeunes de banlieues de racaille – Ah Sarko, ce grand professeur de sociologie !-). Du coup, les monstres de Milhiet ne sont pas que des gentilles victimes, mais répondent au coup pour coup avec une violence que la morale (incarnée par le Shérif) réprouve.
Là où Milhiet apporte un « plus » au schmilblick, c’est qu’il vient intégrer une petite fille normale au sein des monstres. Est-ce là une opportunité de ré-humanision des monstres ? Une possibilité de sortir du ghetto protecteur qu’ils se sont créé et d’établir des rapports plus seins avec le monde qui les entoure, de casser la spirale de la haine ? Les tomes suivants nous le diront… Pour l’instant ce premier tome se termine sur une énigme proprement insoutenable.
Dernière chose : mention très bien pour le dessin, que je trouve bien meilleur et mesuré dans ses effets que dans Spoogue. Milhiet a un dessin et un trait bien à lui que l’on pourrait reconnaître entre mille, il sait donner à son monde un petit côté « miniature détaillée » très plaisant. J’aime bien les couleurs aussi. Et sur le plan de la mise en page et de la narration, certaines solutions elliptiques et de suggestion de mouvement dans une seule case sont astucieuses.
Ce qui frappe en premier lieu est la ressemblance graphique avec l'oeuvre d'exception qu'est Persepolis de Marjane Satrapi. Avec ce style en noir et blanc si caractéristique, on s'y tromperait ! Doit-on crier au plagiat...? Je ne pense pas. D'autant qu'après lecture, il s'avère que l'auteur, Zeina Abirached, possède un style à l'esthétique particulière, où les figures géométriques sont légions. Ce qui augmente très fortement la beauté des planches lesquelles pour certaines firent de ma part, l'objet d'une étude minutieuse.
L'auteur nous livre un récit autobiographique (tiens encore comme Marjane !) au cours duquel elle relate une petite partie de sa vie de jeune Libanaise, à l'époque où elle et sa famille sont « prisonniers » d'une Beyrouth en guerre. Ils logent avec d'autres civils dans un vieil immeuble proche des zones de combats. Il s'en suit un ouvrage sous forme de huis clos, dans lequel les différents voisins de l'immeuble sont décrits les uns à la suite des autres, non sans un certain humour. Tentant ainsi de nous faire partager avec le recul son ressenti d'enfant sur ce monde en guerre. Malheureusement, même si l'ensemble est fort plaisant et si Zeina Abirached apparaît comme une dessinatrice pleine de promesses, le développement des différents personnages est distillé extrêmement rapidement... ce qui au final laisse un petit goût de frustration.
LA BD humoristique du siècle et peut-être ma préféré
Gotlib était un maitre non seulement dans l'humour, mais aussi dans le dessin. Ma forme d'humour en bande dessinée préféré et lorsqu'il a des gags partout et pas seulement lors de la chute final et cela tombe il y a des gags dans pratiquement chaque cases. Gotlib dessinait rarement des décors et pour compenser il mettait des petits gags, la plupart l'oeuvre de sa célèbre coccinelle.
Son dessin est totalement maîtrisé et j'adore comment il déforme le corps humain. Cela me fait penser aux vieux cartoons du genre ce que fait Tex Avery. Chaque fois que je relis un album je rigole comme lors de ma première lecture. J'aime bien aussi les rubriques un peu plus poétique.
Un incontournable.
Voilà un beau petit chef-d'œuvre avec un style bien à part !
Le point central de l'histoire est bien sûr basé sur les pérégrinations du fameux chat du kimono qui fait tout son possible pour retrouver l'habit duquel il s'est échappé au début. Nous pouvons ainsi suivre son fabuleux périple en mer, sur terre (pas dans les airs mais ça aurait pu avec la rencontre de personnages qui ne paraissent pas avoir de liens communs au départ et pourtant tout est lié. Les dessins japonisants sont sublimes et le fait que la BD soit en noir et blanc ajoute encore plus de charme.
Ce qui est génial dans cette histoire, c'est que tout paraît décousu au premier abord mais en fait les petites histoires indépendantes se recoupent finalement pour créer un savant mélange.
Un beau résultat en tout cas qui mérite d'être découvert ; je ne regrette pas ma traque acharnée pour l'acquérir... vivement la suite avec "Tea Party" et un grand merci à Nancy pour ces moments de bonheur qu'elle nous fait partager.
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Capitaine La Guibole
J'ai adoré ce recueil. Abuli et Rossi explorent avec brio les travers d'une bande de crapules des mers. L'humour fonctionne bien, j'ai ri avec ces histoires, même si sur la douzaine que compte cette "Intégrale" certaines sont plus faiblardes que d'autres, elles sont toutes variées et représentent un large éventail de flibusteries. Les pirates ne sont pas dépeints comme des héros, loin de là. Pas d'imagerie romantique, La Guibole, Petit, Jocko et tout le reste de l’équipage sont pourris jusqu'à l'os ; seul Blondin, le jeune mousse narrateur, est un garçon de morale. Ces immondes crapules sont aussi attachantes que méchantes, Abuli est un habitué de ce genre de personnages, il sait les dépeindre avec beaucoup de talent. Quant aux dessins de Rossi, ils sont simplement magnifiques... JJJ
Caravane
Voilà, après de longues années d'absence le nouvel album, et par la même la nouvelle série d'Olivier Milhiet. L'auteur de la série aux multiples éloges des lecteurs Spoogue nous revient donc. Certes, je n'ai jamais lu Spoogue, mais je me suis renseigné. Alors, pour ceux qui espéraient retrouver cet univers loufoque, déjanté et rempli d'humour gore, il semblerait que vous soyez déçus. Pour ceux qui attendaient le trait vraiment sympathique et personnel d'Olivier Milhiet, pour ceux qui espérait retrouver un univers original et maitrisé, alors vous aurez votre bonheur ! :D Pour ma part, découvrant cet auteur, en un album j'ai été conquis ! "Caravane" est une sorte de western post-apocalyptique. Pourtant, aucune information ni de lieu, ni de temps de nous sont fournis. Au vu des personnages et des décors désertiques, c'est donc dans ce contexte que j'imagine se placer le scénario. Ce Western s'agrémente d'un coté Fantastique avec les ''Freaks'', les héros de cette série, mais niveau technologie c'est un peu bricolé, genre Mad Max. Le premier point fort de cette BD c'est qu'il y a une véritable boutique de monstruosités. Olivier Milhiet nous offre une série de personnages tous plus monstrueusement attachants les uns que les autres. Le trait de Milhiet qui n'est pas le plus précis au monde, est pourtant un vrai bonheur pour les yeux. Son trait personnel est vivant, clair et régulier d'une case à l'autre, il est aisé de connaitre les personnages à chacune de leurs apparitions. La mise en couleur directe est elle aussi de toute beauté. Comme je l'aime ! :) Bref, de l'excellent travail. Je lui trouve une pointe de ressemblance avec celui d'Andréas, ce qui pour moi est un gage de qualité ! Dans le style mon trait est tordu, mais c'est normal, dans le style je créé mon univers et personne ne me ressemble, ces deux auteurs se dégagent vraiment par le rendu de leur travail. Les décors sont fouillés, détaillés et franchement jolis. Coté scénario, ça oscille entre le classique et le franchement original. Je crois que tout l'intérêt de cette BD tient justement dans le fragile équilibre qu'Olivier Milhiet a su trouver. Le mélange des genres est très bien dosé et pour peu, sa bande de Freaks paraitrait normale ! C'est l'histoire d'une bande de nomades monstrueux qui s'arrête dans les villages, un peu brocanteurs, un peu voleurs, ils récupèrent une petite fille d'à peu prés 5 ans, tout à fait normale. Il y a un côté polar/thriller que l'on découvre et auquel cette petite fille va participer forcément. L'album a à la fois un côté dur, avec de l'action mais il y a aussi un second degré. Contrairement à Spoogue qui était fait pour rigoler avec des côtés plus gore, le traitement ici est plus réaliste, plus sérieux, plus adulte. On assiste immanquablement à l'opposition entre les gens 'normaux' et les 'monstres', l'incompréhension est là encore la source de toute chose. Et pourtant, les Freaks ne semblent pas être réellement des enfants de cœur. Comme le dit un Freak à peu de choses près, "nous sommes des monstres, comment pourrions-nous agir autrement que des monstres ?" A force d'être stigmatisés, les gens s'enfoncent dans ce que l'on demande d'être. En fait, cette BD surfe sur beaucoup de sujets actuels tels que l'intégration, l'immigration, le racisme et joue avec les bons sentiments. Mais là encore, cela ne m'a jamais perturbé car comme déjà dit plus haut, Olivier Milhiet a su créer un univers complet et très bien dosé, plein d'actions immorales moralisatrices (? !) et de bons sentiments pas si saints que cela. Un univers plus torturé qu'il n'en a l'air au premier abord. Quand je lis que Spoogue a été arrêté faute de ventes, malgré la qualité apparente de la série, quand je lis que cette histoire est prévue en 2 tomes, 4 si le succès le permet, alors, je ne peux dire qu'une chose, il faut absolument que nous ayons 4 tomes ! Voilà, maintenant le seul bémol, c'est la qualité d'impression. Dans mon album, sur quelques cases (3 si j'ai bien compté ;) ) proches du bord intérieur de la BD, il y a un flouté qui apparaît… Et je ne crois pas que cela soit dû à une volonté avérée de l'auteur ou de l'éditeur… Sinon, pour le reste, rien à redire !
Léon-la-Terreur (Léon Van Oukel)
S'appuyant sur un graphisme d'une qualité remarquable qui pastiche celui de Hergé, les histoires plus ou moins longues de Léon la terreur - de quelques cases à plusieurs pages - nous font réfléchir sur les contradictions du monde dans lequel nous tentons de survivre. Créée dans les années 1980, la série apparaît prémonitoire à plusieurs égards et n'a rien perdu de sa force d'impact. Léon est un fou irrévérencieux, parfois enragé, visité par de éclairs de lucidité, de sagesse et même de poésie. À travers ses frasques, les auteurs de la série posent un regard impitoyable sur la société postindustrielle.
Filles perdues
Avant tout, on ne peut que saluer les éditions Delcourt d'avoir, premièrement eu le courage, enfin, de sortir ce bouquin, et deuxièmement, d'avoir réalisé là un très bel objet éditorial (certes différent de la version originale, je regrette juste la traduction du titre qui certes est littéralement exacte, mais perd de son charme en français- et puis on ne traduit pas les titres d'Alan Moore, que diable!)). J'ai eu un peu de mal à débuter ce nouveau pavé signé Alan Moore et à véritablement entrer dans l'histoire. Jusqu'à la rencontre entre les trois principales protagonistes, j'avoue ne pas avoir saisi l'intérêt d'un tel livre. Mais dès cette rencontre, tout se met en place. Conçu comme un échiquier -chaque chapitre est d'ailleurs constitué de 8 pages- où chacune avance ses pièces (en racontant sa propre histoire), ce conte pour adultes (ah, j'oubliais, ce livre -pour ceux qui ne l'ont pas encore ouvert- est franchement pornographique : pédophilie, zoophilie, inceste etc. s'y côtoient) est superbement illustré (et ceci, malgré ces critiques vues ici ou là sur la qualité graphique de cette bande dessinée). En revisitant, de façon osée et personnelle, trois contes pour enfants, Alan Moore et Melinda Gebbie nous offrent là une oeuvre de qualité, que je relirai, quant à moi, certainement. Alan Moore a toujours réussi à nous surprendre en optant à chaque fois pour des thèmes forts et percutants, avec From Hell (mon préféré), V pour Vendetta ou encore Watchmen, et là il y réussit grandement.
Caravane
L’auteur de Spoogue, qui ressort quelque chose, je ne me pose pas de questions, je saute dessus. Et je ne me suis pas trompé. Bon je ne vais pas répéter ce que les autres ont dit, donc en bref, on sent que depuis son délire Burtonien, Olivier Milhiet a mûri tant au niveau de son trait, que de sa mise en scène et de son scénario. Il nous sert ici une histoire drôle, divertissante et attendrissante. Et puis encore une fois, il faut souligner l’originalité de son histoire. Il ne nous sort pas une énième histoire d’un élu qui va tout péter dans une grosse guerre intergalactique mais il reste pourtant très abordable même pour le néophyte. A lire, à acheter, à racheter (bah faut écouler les stocks, faut bien qu’il mange…).
La Licorne
Voilà une bande dessinée originale et pas originale du tout. Lorsque l'on regarde simplement les images, on a l'impression de l'avoir déjà vue (La Geste des Chevaliers Dragons...) et puis on goûte au texte, à l'histoire dans l'Histoire, à l'intrigue et c'est vraiment agréable à lire. Bravo pour les recherches historiques subtiles et pas tape à l'œil.
Caravane
Je me souviens de l’époque où je suis arrivé sur bdthèque, le site avait peut-être un an d’existence mais avait déjà son lot d’habitués dont la quasi-totalité ne juraient que par Spoogue. Chose curieuse, j’étais peut-être le seul (ou un des seuls, en tout cas) à ne pas succomber aux charmes et à l’humour particulier du ravissant fossoyeur. Après des années de silence, Milhiet revient avec une nouvelle série, et il sera peut-être ravi de savoir (ou s’en tamponnera complètement) que le seul dénigreur de Spoogue de bdthèque a apprécié le premier tome de Caravane. Première chose donc : oubliez Spoogue, cela n’a rien à voir. J’avoue qu’au début de ma lecture, ce n’était pas gagné, je trouvais la réaction primaire des autochtones envers la caravane trop caricaturale, téléphonée et démesurée. Mais très vite j’ai saisi que c’était avant tout une affaire de « ton » et que la caricature faisait pleinement partie de ce que Milhiet voulait mettre en place. De plus, là n’était pas le centre d’intérêt, on saisit très vite que l’essentiel est ailleurs. Je m’explique : il est difficile de ne pas penser au fabuleux Freaks de Tod Browning en lisant cette bd. La proximité du sujet y est pour beaucoup, évidement, mais cela va au-delà, et sans jamais traverser la frontière qui sépare l’inspiration du plagiat. Le traitement visuel est résolument différent, la construction narrative également, mais ce qu’il reste c’est le « noyau humain » pourrait on dire. La force du magistral film de Browning était de montrer, avec toute l’ambiguïté que cela supposait, l’étrange « pacte » qui unissaient les monstres de cirque d’antan, pacte qui faisait qu’ils réagissaient de concert face à une agression d’un « normal » envers leurs dignité au point de devenir, comme par effet de contradiction/assimilation, les « monstres » que la société rejette. Car un être d’humain devient, par la force des choses et la violence des rapports sociaux, ce que la société lui donne comme rôle (ce que Sarkozy a magnifiquement illustré en traitant les jeunes de banlieues de racaille – Ah Sarko, ce grand professeur de sociologie !-). Du coup, les monstres de Milhiet ne sont pas que des gentilles victimes, mais répondent au coup pour coup avec une violence que la morale (incarnée par le Shérif) réprouve. Là où Milhiet apporte un « plus » au schmilblick, c’est qu’il vient intégrer une petite fille normale au sein des monstres. Est-ce là une opportunité de ré-humanision des monstres ? Une possibilité de sortir du ghetto protecteur qu’ils se sont créé et d’établir des rapports plus seins avec le monde qui les entoure, de casser la spirale de la haine ? Les tomes suivants nous le diront… Pour l’instant ce premier tome se termine sur une énigme proprement insoutenable. Dernière chose : mention très bien pour le dessin, que je trouve bien meilleur et mesuré dans ses effets que dans Spoogue. Milhiet a un dessin et un trait bien à lui que l’on pourrait reconnaître entre mille, il sait donner à son monde un petit côté « miniature détaillée » très plaisant. J’aime bien les couleurs aussi. Et sur le plan de la mise en page et de la narration, certaines solutions elliptiques et de suggestion de mouvement dans une seule case sont astucieuses.
Mourir Partir Revenir, le Jeu des Hirondelles
Ce qui frappe en premier lieu est la ressemblance graphique avec l'oeuvre d'exception qu'est Persepolis de Marjane Satrapi. Avec ce style en noir et blanc si caractéristique, on s'y tromperait ! Doit-on crier au plagiat...? Je ne pense pas. D'autant qu'après lecture, il s'avère que l'auteur, Zeina Abirached, possède un style à l'esthétique particulière, où les figures géométriques sont légions. Ce qui augmente très fortement la beauté des planches lesquelles pour certaines firent de ma part, l'objet d'une étude minutieuse. L'auteur nous livre un récit autobiographique (tiens encore comme Marjane !) au cours duquel elle relate une petite partie de sa vie de jeune Libanaise, à l'époque où elle et sa famille sont « prisonniers » d'une Beyrouth en guerre. Ils logent avec d'autres civils dans un vieil immeuble proche des zones de combats. Il s'en suit un ouvrage sous forme de huis clos, dans lequel les différents voisins de l'immeuble sont décrits les uns à la suite des autres, non sans un certain humour. Tentant ainsi de nous faire partager avec le recul son ressenti d'enfant sur ce monde en guerre. Malheureusement, même si l'ensemble est fort plaisant et si Zeina Abirached apparaît comme une dessinatrice pleine de promesses, le développement des différents personnages est distillé extrêmement rapidement... ce qui au final laisse un petit goût de frustration.
Rubrique-à-Brac
LA BD humoristique du siècle et peut-être ma préféré Gotlib était un maitre non seulement dans l'humour, mais aussi dans le dessin. Ma forme d'humour en bande dessinée préféré et lorsqu'il a des gags partout et pas seulement lors de la chute final et cela tombe il y a des gags dans pratiquement chaque cases. Gotlib dessinait rarement des décors et pour compenser il mettait des petits gags, la plupart l'oeuvre de sa célèbre coccinelle. Son dessin est totalement maîtrisé et j'adore comment il déforme le corps humain. Cela me fait penser aux vieux cartoons du genre ce que fait Tex Avery. Chaque fois que je relis un album je rigole comme lors de ma première lecture. J'aime bien aussi les rubriques un peu plus poétique. Un incontournable.
Le Chat du kimono
Voilà un beau petit chef-d'œuvre avec un style bien à part ! Le point central de l'histoire est bien sûr basé sur les pérégrinations du fameux chat du kimono qui fait tout son possible pour retrouver l'habit duquel il s'est échappé au début. Nous pouvons ainsi suivre son fabuleux périple en mer, sur terre (pas dans les airs mais ça aurait pu avec la rencontre de personnages qui ne paraissent pas avoir de liens communs au départ et pourtant tout est lié. Les dessins japonisants sont sublimes et le fait que la BD soit en noir et blanc ajoute encore plus de charme. Ce qui est génial dans cette histoire, c'est que tout paraît décousu au premier abord mais en fait les petites histoires indépendantes se recoupent finalement pour créer un savant mélange. Un beau résultat en tout cas qui mérite d'être découvert ; je ne regrette pas ma traque acharnée pour l'acquérir... vivement la suite avec "Tea Party" et un grand merci à Nancy pour ces moments de bonheur qu'elle nous fait partager.