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Par Quentin
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Grand Autre
Le Grand Autre

Si Ludovic Debeurme m’avait bouleversé avec Lucille, “Le Grand Autre” m’a laissé carrément sans voix. Comme dans Lucille, on retrouve deux adolescents mal dans leur peau, en proie aux pires démons (anorexie, haine de soi, soif de reconnaissance sociale, incompréhension des parents, cruauté, difficultés de communiquer avec les autres) qui cherchent la salvation dans une relation amoureuse fusionnelle. Mais alors que Lucille restait dans le domaine réel, “Le Grand Autre” est narré dans l’univers personnel de Louis et c’est à travers son regard que l’on perçoit la réalité et qu’on touche peut-être à la véritable essence des gens dans toute leur laideur, mal-être et souffrance. Son handicap, ses phobies, ses angoisses, ses joies, ses rapports sociaux, tout est traité à travers le prisme de son monde intérieur. Un monde dans lequel Louis tente de se redéfinir par le rêve mais qui ne lui permet pourtant pas, malgré tout, d’échapper aux violences de la société, fussent-elle magnifiées par une transformation symbolique ou onirique. Le traitement symbolique du sujet permet à l’auteur de dévoiler dans cet album toute sa créativité et toute sa virtuosité. Les dessins de Debeurme sont des petits bijoux, certains d’entre eux dégageant une force inouïe. Le tout donne un album très personnel, très dérangeant (qui me fait un peu penser à Comme un gant de velours pris dans la fonte, de Daniel Clowes, mais en beaucoup plus fort car on sent que l’auteur nourrit une grande empathie vis-à-vis de son personnage), unique en son genre, inclassable, bref, assurément un chef d’oeuvre. Avec cet album qui confirme ses talents et repousse encore plus loin les limites de son génie, Ludovic Debeurme entre directement au panthéon des plus grands auteurs de BD.

14/05/2008 (modifier)
Par Erwelyn
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Homme de Mars
L'Homme de Mars

Actuellement, lorsque vous arrivez sur le site du chanteur Kent, une magnifique planète rouge et un bel être bleu à quatre yeux vous accueillent sur un fond sonore avec une petite musique métallique sur laquelle la voix de Kent résonne de quelques paroles : Je m'ennuie sur la planète rouge Paraît que sur la planète bleue Y'a des animaux qui se bougent Ils sont divins, ils sont odieux Ces quelques mots appartenant au prologue de l'album musical de Kent sont bien plus qu'une entrée en matière sidérale. C'est aussi une porte ouverte sur un monde inconnu, le notre. Car en ces temps qui courent, il est bien venu qu'un oeil extérieur, martien pourquoi pas, viennent nous ouvrir le notre pour nous dire à quel point nous gâchons tout. Et notre martien ne s'y trompe pas ; là où il cherche de la joie, il ne trouve que névrose. L'histoire d'un monde acheminé vers sa décrépitude, pourtant avisé de par le passé, mais dont la mémoire courte ne se transmet qu'à de simples avatars. Et il rencontre Jackie qui court après sa vie ; l'autre veut rattraper son fils ; celui-ci a la nostalgie qui lui colle à la peau ; celui-là est marqué du cancer et elle, l'étudiante, consume sa jeunesse. Il reste peut-être encore George Bailey pour rêver. Mais ça ne suffit pas. La vie n'est pas si belle. L'homme de Mars regrette son étoile. A quoi bon, la Terre, il nous le dit lui-même : "Aucun ovni ne vient plus vous voir ici-bas". Solitude, manque d'amour, la Terre donne et reprend. Elle tente la survivance, brûlant ses accus et s'en est trop pour lui ; les lieux de fêtes, ne sont que des lieux d'oublis, alors il reprend la route, rentre chez lui par la voie express. Et de crier : J'ai voulu voir la vie en rouge J'ai vu des larmes et des peurs bleues L'humanité vit dans un bouge Qui s'appelait la planète bleue Cet album de Kent, n'est pas seulement un objet musical, c'est aussi une bande dessinée à laquelle le chanteur-dessinateur s'est attelé. Mettant en image l'ensemble de ses textes, il leur donne une plus grande dimension encore que leurs simples rimes déjà très touchantes. De plus, c'est au travers de ces planches incroyablement peaufinées que transparaît aussi son imaginaire emprunt d'influences de tout ordre. Il serait difficile de tout répertorier, d'autant que seul Kent pourrait infirmer ou valider mes propres divagations mais néanmoins, est-ce un hasard si notre martien ressemble autant à Klaus Nomi ? (voir la pochette de son 45T Simple Man). Escher est bien représenté avec ses labyrinthes d'escaliers ; Scheeler et ses perspectives urbaines ; l'hommage est rendu aussi aux pulps des années 50 avec deux belles planches couleurs : Comme George Bailey et Mon étudiante ; les références à la science-fiction et à la mythologie martienne, genre que Kent affectionne, ne sont pas délaissées quand il aborde l'homme de Mars avec tant de subtilité. Bruce McCall, illustrateur que Kent adore et L'Odyssée de l'espace, film auquel le dessinateur rend hommage par-ci par-là ; et encore l'humour avec un clin d'oeil à Buzz l'éclair. Bref, les planches sont parsemées de références ; souvent subliminales pour l'auditeur, elles sautent aux yeux du lecteur. Et soudain la fiction rejoint la réalité scientifique avec une superbe planche représentant l'atterrissage avec airbags et déploiement de la sonde Pathfinder. Beau travail de mélange des genres. C'est donc tout çà, l'Homme de Mars de Kent. Une oeuvre profonde, entière. La bande-dessinée est une complémentarité qui s'avère indispensable pour composer cette oeuvre. En Kent j'ai découvert deux personnes : le chanteur et le dessinateur. "Avec L'homme de Mars, Kent prend à contre-pied l'air du temps, s'envole hors des ornières codées, sur un boulevard aérien large comme un canal de la planète rouge." (Source de cet article, un peu retravaillé et mis à jour pour la présente critique : mon Blog "Culture martienne") http://erwelyn.over-blog.com/article-17898385.html Kent m'a fait l'honneur de répondre à une interview autour de la sortie de cet album. Si ça vous intéresse, c'est ici : http://www.erwelyn.com/kent.html

14/05/2008 (MAJ le 14/05/2008) (modifier)
Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Autre Laideur l'Autre Folie
L'Autre Laideur l'Autre Folie

Marc Malès a frappé fort avec ce one shot tout à fait surprenant. Je retrouve un peu tout ce que j'avais déjà aimé dans Katharine Cornwell : un dessin en noir et blanc sublime couplé à un scénario digne de ce nom. :) C'est un auteur que décidément j'aime beaucoup qui produit ici l'une de ses meilleurs oeuvres empreint à la fois de sensibilité et de profondeur. En effet, l'auteur donne une véritable vie à ses personnages en les rendant tout simplement humains. C'est ce qui manque à beaucoup d'autres bd... Nous avons ici une fable contemporaine qui explore l'âme d'une vieille femme souffrante qui revient sur un lieu chargé de souvenirs et d'émotions. On retourne dans les années 30 avec ses émissions de radio plébiscitées par un public américain toujours plus nombreux. On va vivre la rencontre de deux êtres qui ont fui pour des raisons diverses la société en s'isolant. C'est une magnifique histoire d'amour comme rarement j'en avais lu et tout en finesse ! Même les silences des cases en disent long... On peut également admirer une maîtrise totale de l'atmosphère de l'Amérique des années 30, des décors somptueux et un jeu de dialogues bien au-dessus de la moyenne. Que dire également d'un final tout à fait époustouflant ! :: S'il y avait réellement une bd que je conseille vivement, c'est bien celle-là ! Pour 12.90 euros, vous lisez un véritable chef d'oeuvre auquel il ne manque que le succès qui serait amplement mérité entre nous soit dit. Note maximale accordée pour une oeuvre non commerciale ! C'est quand même rare de ma part... ;) Note Dessin : 4/5 - Note Scénario : 5/5 - Note Globale : 4.5/5

13/05/2008 (MAJ le 13/05/2008) (modifier)
Par Pierig
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Poncho et Semelle
Poncho et Semelle

Poncho et Semelle est une (très) bonne surprise ! Alors que j’avais feuilleté l’album lors de sa sortie avant de le reposer gentiment, voici qu’il m’a été offert pour mon anniversaire (et dédicacé en plus !). En fait, je m’attendais à une bd trop orientée jeunesse que pour m’intéresser. Mais sa lecture m’a montré que je faisais fausse route. Si cette bd à des accents jeunesses prononcés (le dessin est évocateur), un lectorat plus adulte y prendra également beaucoup de plaisir à parcourir les histoires de ce cow boy un peu tête brûlée mais dont le moindre obstacle le ramène vite à la raison. Cet album est composé d’un enchaînement d’histoires courtes bénéficiant d’une narration simple et dynamique. J’ai vraiment apprécié l’inventivité dont fait preuve Hugo Piette, sans compter les situations loufoques et absurdes. Le trait, quant à lui, est simple (presque enfantin) mais assez efficace dans son genre. Bref, voici un album qu’il serait bien dommage de manquer ! Après lecture du tome 2, mon avis est plus mitigé. Ce second opus se révèle nettement moins drôle. Les récits, moins nombreux, sont inutilement tirés en longeur : le premier met en avant Poncho (le cow-boy), le deuxième Semelle (son cheval) et le troisième Poum (le fantôme). Chaque protagoniste a donc droit à son histoire mais toutes se rejoignent par l'ennui et la déception qu'elles procurent. Du coup, ma note est revue à la baisse et passe à 3 étoiles. L'achat conseillé est quant à lui recommandé uniquement pour le premier opus.

14/01/2008 (MAJ le 13/05/2008) (modifier)
Par pol
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill
Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill

A la fois touchante et rigolote, en voilà une bien belle BD ! Je me suis régalé. L’histoire est simple, on devine aisément la fin, mais qu’importe, la force de cet album est ailleurs. Le ton est d’une justesse exceptionnelle. Les mots employés sont particulièrement bien choisis pour décrire les sentiments d’un enfant. L’album regorge de ces petites phrases innocentes qui peuvent uniquement sortir de la bouche d’un gamin de 8 ans et qui font le bonheur des adultes. C’est un régal. Impossible de rester insensible à la vie du petit Jean. Ses questions, ses peurs, son imagination débordante, les anecdotes qu’il nous livre, tout est tellement bien raconté. Le dessin, très simple, colle à merveille. Le choix des couleurs – une dominante par chapitre - est original et très réussi. J’arrête ici les éloges, gros coup de cœur pour cet album qu’il faudra absolument relire très bientôt.

13/05/2008 (modifier)
Par Don Lope
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série D'Artagnan, journal d'un cadet
D'Artagnan, journal d'un cadet

J'ai à la fois adoré et été un poil déçu par cette BD. Adoré parce qu'après le déjà excellent Malet, Junker fait une nouvelle fois étalage de son talent. Ce Journal d'un cadet est complètement entraînant et se lit d'une traite avec un réel plaisir. Le dessin est plaisant et son sens de la narration, extrêmement précise, parfois brillante, romancée mais jamais pesante est une pure merveille. Junker arrive à nous raconter les 3 mousquetaires en un seul tome, certes dense, sans trahir l'excellent roman de Dumas, en le transposant magnifiquement sur un autre medium. Un poil déçu parce que je m'attendais à ce que Junker justement s'écarte plus du roman et se laisse plus aller à décrire son D'Artagnan, surtout en lisant la 4ème de couverture. Alors certes, l'auteur raconte l'ensemble de l'histoire en utilisant D'Artagnan comme narrateur et en nous faisant partager ce qu'il imagine de ses sentiments et de sa psychologie. Le parti-pris est très intéressant mais je pensais y découvrir des choses où des aventures peut-être un peu plus nouvelles. Pas suffisant pour gâcher le plaisir du lecteur, tant cette BD est une réussite (faut dire qu'au niveau scénario, on a rarement fait mieux que le roman de Dumas) mais il manque ce petit quelque chose de fantaisie ou d'innovation qui aurait élevé cette BD au rang d'incontournable absolu. Reste que la lecture me parait fortement recommandée. Dommage que ce one-shot soit aussi cher, le prix en découragera peut-être certains.

12/05/2008 (MAJ le 12/05/2008) (modifier)
Par tytt
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Caricature
Caricature

Ma première découverte de Daniel Clowes. On y rencontre des personnages mesquins, enfoncés dans leur aigreur, ce sont des losers incroyablement bien décrits, mais au final, ils sont on ne peut plus banal et il est facile de se reconnaître en eux. Incroyable auteur.

11/05/2008 (modifier)
Par sky doll
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Persepolis
Persepolis

J'ai vraiment aimé l'œuvre de Marjane Satrapi qui retrace sa vie, son combat contre l'oppression de son peuple et plus particulièrement des femmes de son pays. C'est un témoignage émouvant et drôle à la fois qu'elle nous conte à merveille. On peut découvrir (pour ma part ce fut le cas) l'histoire terrifiante d'un peuple opprimé dans un pays où même les libertés les plus sommaires sont inexistantes, une vraie prise de conscience sur ce qui se passe en dehors de notre pays et le combat de ces familles pour assurer une vie meilleure à leurs enfants. Un vrai coup de cœur qui en ravira plus d'un ! A lire ou à relire de toute urgence.

11/05/2008 (modifier)
Par Tomeke
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Maus
Maus

Incontournable, immanquable, irremplaçable, éternel, tels sont les premiers adjectifs qui me viennent à l’esprit pour décrire le fantastique travail narratif et symbolique du génial auteur… J’ai acheté cet ouvrage suite aux nombreuses critiques positives. De plus, je suis plus que sensible et curieux de tout ce qui touche au sujet abordé, thématique qui doit absolument rester en nos mémoires ; du moins il ne peut en être autrement chez moi (de par mon éducation, mes arrières grands-parents,…). Sur le sujet, outre plusieurs films déjà abordés dans d’autres avis, j’ai également visionné pas mal de documentaires sur le camp de concentration dont il est question et sur la « solution finale ». Après l’achat, mes premières impressions furent nettement plus réservées. Dès l’ouverture du livre, je n’ai pu que constater ce que j’ai jugé comme une pauvreté graphique et une narration très condensée. Mais… Mais quelques planches tournées, quelques chapitres lus, une magie singulière et extraordinaire s’opère ! Jamais je n’ai été autant touché par le 9ème Art, je n’ai même jamais été aussi ému par le sujet développé, que ce soit dans les films ou les reportages regardés. L’auteur nous conte son histoire, l’histoire de son père et l’Histoire, celle avec un grand H. Le ton employé est naturel, magnifiquement juste et d’une spontanéité intelligemment construite. Le procédé narratif est certainement le premier élément qui fait passer l’extermination juive pour un témoignage émouvant et prenant, et non pour une succession de planches d’une fausse justesse violente et « sans plus ». Le deuxième élément est le dessin, simple et symbolique. Si au début cela semble quelque peu élémentaire, il prend en réalité tout son sens au fil des pages. Il ne faut dès lors surtout pas s’arrêter aux premières pages mais bien comprendre les motivations de l’auteur à utiliser un tel dessin. Simple le dessin ? Je vous assure, il n’a pas besoin d’être plus développé, vous frémirez d’horreur devant la barbarie nazi et vous serez ému devant toute l’humanité qui émane des ces petites souris… En conclusion, ce livre devrait faire partie de tous les cours d’histoire, ce témoignage est un chef d’œuvre d’une intelligence inouïe ; un grand merci Monsieur Spiegelman !

10/05/2008 (MAJ le 11/05/2008) (modifier)
Couverture de la série D'Artagnan, journal d'un cadet
D'Artagnan, journal d'un cadet

L'oeuvre de Dumas connaît ces temps-ci un regain d'intérêt dans la sphère bédé. Toutefois, on ne pourra pas taxer Juncker d'opportunisme puisqu'il doit bosser sur cet ouvrage depuis au moins 2 ans. Ce pavé imposant de 264 pages se démarque de ses collègues par le fait qu'il ne s'agit pas QUE d'une mise en image de l'histoire connue de tous... C'est bien plus et cela va bien au delà de la simple "démystification". Nicolas Junker, déjà remarqué par son ouvrage sur Malet, a ici accompli une oeuvre exemplaire, prolongeant la vie des personnages de Dumas et proposant une relecture ô combien passionnante... Autant Malet connaissait une baisse de régime dans le dernier tiers, autant dans d'Artagnan, rien (ou si peu) n'est à jeter. On sent que cette BD a demandé un travail ENORME. Sur le plan narratif, le soin apporté à l'intrigue est exemplaire. Les personnages sont très étudiés, l'humour est omniprésent mais jamais au détriment du "sérieux" qui sait reprendre sa place à des moments où on ne l'attend pas. Les graphismes ne sont pas en reste : simples (du moins en apparence) mais efficaces. Et que dire de la mise en image ? Fidèle à son style, Junker explose tout ! Les découpages, les couleurs, la gestion de l'espace (et du temps)... C'est d'une incroyable maîtrise. Cette BD "respire" comme rarement (d'où aussi le nombre de pages). Mais surtout, cette oeuvre est captivante de bout en bout ! Une fois entamée, impossible de la lâcher ! De la très grande bande dessinée. Mon coup de coeur du moment !

09/05/2008 (MAJ le 10/05/2008) (modifier)