Fan de Rémi Gaillard, je ne savais pas à quoi m'attendre avec cet album... Et bien je n'ai pas été déçue à la lecture.
Depuis le temps qu'il tape sur la télé qui lui avait piqué des idées à ses débuts, il leur rend bien la pareille :) J'ai passé une bon moment de franche rigolade (surtout avec Youn qui finit toujours ridiculement à poil, comme à ses débuts au morning live).
Je le conseille pour les fans de Rémi comme moi !!!
Excellente nouvelle série !
Alexis Laumaillé nous propose une nouvelle variation sur le thème du pauvre type qui se retrouve malgré lui détenteur d'un secret aux conséquences peut-être incalculables. Sauf que cette fois le secret est dans sa chair... Une idée de génie, je dois bien le dire. Et, contrairement à d'autres séries où l'idée de départ est complètement gâchée par un traitement quelconque, cette fois-ci le travail de développement est finement pensé. Ainsi nous avons droit à l'histoire parallèle de ces deux hommes que le hasard réunira charnellement. Mais de façon inversée, si j'ose dire. Et au milieu de tout ça, des flash-backs sur le "Jour zéro" (qui aurait pu être un autre titre -bien qu'un peu prétentieux- pour la série).
La structure du récit est comparable à celle du mouvement de l'eau après qu'un projectile soit tombé dedans : ça part de part et d'autre. Mais comme le temps est linéaire, ici ça ne part que dans deux directions : vers le futur et le passé par rapport à ce jour zéro. Alors bien sûr, le fin mot de l'histoire, ainsi que ses tenants et ses aboutissants, ne sera connu que lorsque le troisième tome sera paru, ce qui est désormais chose faite. Et je dois dire que c'est assez bluffant. Il faut lire le tout comme un ensemble, mais c'est vraiment finement réalisé, bravo à l'auteur.
J'émets cependant des réserves sur des petits détails. Ainsi, comment Abel peut-il parler de façon apparemment intelligible au bout de seulement quelques jours après sa greffe de la mâchoire ? Mais Laumaillé réussit à faire passer ces détails grâce, comme je l'ai déjà signalé, à une narration impeccable. Surtout que les personnages ont presque tous une part d'ombre.
Je ne suis pas trop fan de son graphisme au départ. Il manque apparemment de maturité, les personnages semblent avoir des looks et des morphologies aux volumes variables, mais au fil des pages cette -légère- gêne disparaît totalement. Laumaillé place finalement peu de décors dans ses cases, et ce style épuré participe au profit, là encore, d'une efficacité maximale.
Oui, les dessins ne sont pas élaborés. Et alors ?
Ce qui importe ici, c'est la qualité des échanges vifs et concis entre l'homme et Dieu.
L’intérêt de cette histoire réside dans cet astucieux mélange de vannes qui s’enchaînent sans répit et de réflexions pertinentes sur la vie, le monde et l’homme. Parce que "La nostalgie de Dieu", ce n’est pas seulement drôle, c’est intelligent et chaque réplique fait mouche.
A travers le dialogue entre un homme et Dieu, l’on découvre ainsi des réflexions et certaines réponses aux questions que l’on pourrait poser si nous étions face à Dieu. Autant dire que le point de vue de l’auteur est assez inattendu. Ce qui rend cette histoire unique et savoureuse.
La bande dessinée vient d'être adaptée au théâtre et se joue en ce moment à Paris, jusqu'au 15 septembre, à la comédie Contrescarpe.
AHAHAHAHAHAHAHAH
Bon, je schématise un peu, mais c'est à peu près ma réaction à la lecture de cette nouvelle série. C'est une parodie de ce que je tiens pour la plus grande imposture en termes de succès littéraire et cinématographique dans la sphère du fantastique, au long de la décennie écoulée. Et peut-être pour le siècle en cours. Mais je m'égare.
Le scénariste Zaz a choisi de coller au plus près des personnages et de l'intrigue du roman original et du film qui en a été tiré, même si, adaptation au format BD oblige, il a été obligé de sabrer une partie de l'intrigue, préférant utiliser -et ridiculiser- les scènes les plus symboliques. Comme lorsque Edouard vient sauver Bella d'une bande de loubards ; comme lorsqu'il la porte à toute allure sur un flanc de montagne (je me suis pissé dessus en voyant cette scène dans le film). La scène de la rencontre avec les Culdelaine est aussi pas mal, même si à mon avis il aurait pu aller plus loin dans l'outrage. Le clin d'oeil à Vampire Diaries, autre tête de proue du sous-genre vampirique des années 2000 et 2010, est sympathique également. Mais tout cela manque peu de liant, on a un peu l'impression de lire une suite de gags, même si le scénariste rajoute quelques vannes redondantes (sans être inutiles).
Le dessin d'Esdras est sympathique, hésitant visiblement entre un style réaliste et du gros nez. Bella par exemple, ressemble par moments à la petite fille dans Lilo et Stitch. Le ton humoristique ne l'aide pas à choisir, c'est vrai. Mais les personnages sont pour la plupart assez expressifs, et avec l'aide de Gwen il parvient à installer de vraies ambiances, ce qui place la parodie au-dessus du tout-venant en termes graphiques.
Une parodie donc assez réussie, qui doit transformer l'essai de la cohérence pour être vraiment très bonne.
Franchement, il y avait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé en lisant une BD !!
C'est rock n'roll, c'est trash, c'est innovant, c'est dérangeant, c'est.... tellement bon !!!
Les dessins peuvent refroidir (au début, j'ai hésité à l'acheter de peur de ne pas du tout adhérer aux dessins), mais finalement, ils servent magnifiquement bien l'histoire un peu pulp (dans le sens original du terme). Et oui, ça fait penser à ces vieilles BD des années 70'/80' (remis un peu au goût du jour avec la série Doggybags). La couleur aidant bien à maintenir cette ambiance sur la durée.
Après, l'histoire peut sembler chaotique d'un premier abord, mais finalement, tout s’emboîte de façon assez bonne même si on reste dans une histoire plutôt linéaire. Le tout formant un véritable petit road movie vraiment plaisant.
Je recommande fortement cette histoire !
Après lecture des six premiers tomes de la réédition, je dois dire que cette série est vraiment très sympa.
Parlant d'un fait de société pas facile à traiter, le travestissement, Tsukasa Hojo, pourtant pas forcément réputé pour sa finesse concernant la chose, réussit pourtant à faire une série intelligente et drôle. Passons vite sur les incohérences de base et de circonstance (une "famille" où tout le monde a changé de sexe, au moins dans l'allure, je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup tout de même) et parlons du reste. Chez les Wakanae, personne, pas même Masahaki, n'est ce qu'il semble être, sur le plan du sexe bien sûr. Entre ceux qui changent de sexe par conviction, par besoin (j'espère que personne ne sera choqué par mes mots mal choisis), certains cultivent l'ambigüité, comme Shion, ou se retrouvent "obligés" de changer de sexe. Ce qui procure un panel de possibilités scénaristiques assez intéressant. Bien sûr, Hojo traite tout cela sur le ton de l'humour, sa meilleure arme, et peut-être le meilleur angle d'attaque. Et y réussit fort bien, puisque les quiproquos succèdent aux situations incongrues et que finalement on se marre bien. Il y a un peu de redites au bout de 6 tomes, des situations qui commencent à se répéter, mais pas trop non plus.
Et puis toujours ce dessin élégant de Hojo, qui a fait son succès et des émules. Un seul regret, les personnages masculins euh non féminins, comme Shion et sa mère, ont parfois tendance à se ressembler...
A lire, tout de même.
Curieusement la maquette m'aurait fait penser à une BD de chez Delcourt...
Ne pouvant la placer dans "Vécu" (trop peu sérieuse et un peu trop fantastique, sans doute), Glénat l'a donc replacée dans "Grafica".
Je dois avouer avoir bien aimé cet album. Je ne l'ai pas trouvé transcendant, mais le personnage de Saint-Germain est assez jouissif (et jouisseur), et cela m'a plu. Il faut croire que le scénariste s'en est donné à coeur joie, et que le dessinateur l'a suivi dans ses petits délires. Parce que quand même, c'est loin d'être mauvais au niveau du dessin. Je trouve toutefois que ce style semi-réaliste n'est pas encore arrivé à maturité. Les visages, en particulier celui de Saint-Germain, me semblent un peu changeants d'une case à l'autre. Pour en revenir au scénario, cela s'opacifie un peu dans le second tome, même si je trouve que le léger parfum de steampunk n'est pas pour me déplaire... L'univers commence doucement à se mettre en place, attendons encore pour juger plus avant...
Ma note est une note d'attente, car l'histoire semble recéler de nombreuses surprises, et j'attends de voir comment cela va évoluer. Le début est très prometteur.
Voici un parti pris plutôt intéressant pour une œuvre commerciale : chacun des 6 tomes parus ou à paraître est la pièce d’un complot que l’on est amené à lire dans n’importe quel ordre !
Une belle idée au service d’un projet commercial annoncé sur tous les fronts peut-il pour autant constituer une œuvre solide ?
Ici et contrairement aux idées reçues, la réponse est mille fois oui, OUI !
Pourtant rien de très original ici si ce n’est le traitement ludique et interactif du choix de lecture. Chaque album met en avant un personnage qui pourra devenir secondaire dans un autre bouquin de la série. Les 60 pages racontent donc la même histoire et pratiquement le même déroulement des faits mais par différents cotés de la lorgnette.
Ce n’est pas un procédé nouveau, Berceuse assassine utilise le même procédé tout en respectant l’ordre établi et l’histoire me rappelle SOS Bonheur, autre figure incontournable dont Alter Ego se veut un remix édulcoré mais pas sans saveur…
Que l’on commence par Camille, Fouad ou Darius (ainsi que les 3 autres à venir je suppose), le récit est nerveux, autonome et plonge le lecteur directement au cœur d’une intrigue dont il ne saisit pas tous les enjeux mais dont chaque tome apporte sa pierre et ses réponses à l’édifice.
Le schéma est pourtant basique et inhérent au découpage d’un film d’action : une mise en situation rapide et intrigante suivie d’un flash back puis du déroulement de l’histoire. Il s’agit à chaque fois de personnages à priori banals mais pris de remords qui se posent des questions et vont être confrontés à une organisation médicale louche genre Umbrella pour les connaisseurs de Resident Evil, les zombies en moins car si touche fantastique il y a, elle est discrète et se base plus sur des spéculations scientifiques.
Après les personnages sont plutôt attachants et plus complexes qu’il n’y parait. On évite également la répétition grâce à une variété des caractères et de l’action et un raccrochage des wagons plutôt logique et bien inséré vers la toute fin des 60 pages de chaque volume. Le principe d’ange gardien et de connexion cachée des individus a éveillé toute mon attention. La lecture entamée, on n’a de cesse d’en vouloir davantage, facilité en cela par un découpage quasi parfait et une clarté des dessins somme toute classique mais pas désagréable.
Il y a quelques jolis clins d’œil (Wolverine ou Le Punisher dans Darius ?) à y découvrir…
La cohérence des croisements narratifs épate car on en ressort avec le sentiment d’avoir lu dans l’ordre idéal ce qui n’est pas le moindre des compliments puisqu’il n’y a pas d’ordre établi.
Cerise sur le gâteau, chaque tome peut presque se lire comme une histoire indépendante dont on n’aurait pas tous les aboutissants mais qui reste satisfaisante malgré tout. On sent qu’il y a une belle harmonie d’auteurs derrière tout cela…
Alors certes le dessin peut sembler classique mais il me rappelle la belle époque des bds franco-belges que je lisais avec un plaisir coupable sans nul autre but que de passer un moment agréable et sans prise de tête. Les propos et dialogues restent cependant adultes et n’ont rien à envier à d’autres œuvres. C’est rétro tout en demeurant actuel… Mention spéciale à Darius et Fouad, deux personnages que j’espère retrouver dans les autres pièces du puzzle…
Pourtant Uchronies nageait sur des eaux similaires avec moins de cohérence mais c’est bien à l’œuvre de Van Hamme que je pense en premier lieu. Un septième tome fera le lien et la conclusion de cette chouette collection de pur divertissement dont j’ai lu les 3 premiers tomes à la suite.
Pire, je rêverais presque d’une adaptation pour le petit écran avec le même découpage interactif.
Il est agréable de se faire surprendre dans un série grand public rappelant par son intensité mes premières lectures de bds d’aventure dans le magazine Spirou des années 80 (Jérome K Jérome Bloche, 421, Ginger etc…) et cultivant le coté ludique des jeux vidéo d’aujourd’hui tout en publiant les différentes œuvres dans des délais plus que raisonnables.
Un thriller haletant sur la manipulation ! Encore SVP !!!!
Eh bien moi j'ai bien aimé cette BD.
Certes, elle ne propose rien d'exceptionnel, les situations et les différents personnages proposés sont finalement assez communs. J'ai trouvé que l'ensemble s'enchaînait bien, et comme le signale Polette le fait d'avoir choisi de faire des histoires courtes accrochées plutôt qu'une suite de gags était une bonne idée. Signalons d'ailleurs que le gag sous-entend une mécanique toute particulière, et disons-le tout net, casse-gueule. Isabelle Bauthian s'en sort donc bien, avec cette histoire "à peu près vraie". C'est pour ça aussi qu'il n'y a rien d'outré, on reste dans une optique d'authenticité. En revanche les grands discours moralistes des personnages m'ont carrément gonflé. Cela n'apportait pas forcément un plus à l'histoire, à part du bavardage. Et le bavardage, les clients du cabinet de voyance s'en chargent...
Jolie découverte du trait de Rebecca Morse (déjà entrevu dans "En chemin... elle rencontre"), son dessin très actuel est très agréable à l'oeil, avec des influences manga bien digérées et intégrées à son style propre. Dessinatrice à suivre, sans nul doute.
Bref, un album qui n'appartient pas forcément au panthéon de la BD, mais qui permet de passer un agréable moment de détente, sur un univers quotidien, dépeint sans forfanterie ni artifices. Authentique et sympathique.
Ah on l'attendait, le dernier Alfred !
Dans un registre assez nouveau pour lui, l'auteur de certaines des plus belles pages de ces dernières années revient avec ce "Désespoir du Singe". Il s'agit d'un projet assez ancien, porté par Jean-Philippe Peyraud, scénariste (et dessinateur) inspiré par les histoires d'amour et l'humour.
Dans un environnement plein de bruit et de fureur, dans une ambiance de fin d'un monde (et pas DU monde), une société ressemblant à l'URSS agonisante semble vivre ses dernières heures. Répressions aveugles, police composée de brutes épaisses, poches révolutionnaires sur le point d'exploser, tout y est. Et au milieu du chaos, deux êtres réunis par l'Art, l'un peintre raté et immature, l'autre une pasionaria prête à planter des têtes sur des piques, mais d'une beauté renversante. Leur amour est-il impossible ? L'avenir le dira.
Au milieu de ce chaos, quelques traits de tendresse sous la plume d'Alfred, qui a durci son trait, le rendant plus adulte, plus dur. Mais il y a toujours de la poésie (et des oiseaux !) dans ce dessin. Un trait surprenant, mais toujours dans le bon sens, comme lorsqu'on voit ces faciès grotesques (au sens premier du terme) et ces silhouettes anguleuses représentant les forces de l'ordre... Le dessin d'Alfred évolue quand même pas mal au fil de cette série.
Encore une fois, c'est magnifique, même lorsque c'est Delf, et non plus Myriam, qui met en couleurs ce dessin somptueux, à l'instar de la couverture.
Merci Alfred. Où tu iras, j'irai.
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Rémi Gaillard emmerde la télé
Fan de Rémi Gaillard, je ne savais pas à quoi m'attendre avec cet album... Et bien je n'ai pas été déçue à la lecture. Depuis le temps qu'il tape sur la télé qui lui avait piqué des idées à ses débuts, il leur rend bien la pareille :) J'ai passé une bon moment de franche rigolade (surtout avec Youn qui finit toujours ridiculement à poil, comme à ses débuts au morning live). Je le conseille pour les fans de Rémi comme moi !!!
La Main du singe
Excellente nouvelle série ! Alexis Laumaillé nous propose une nouvelle variation sur le thème du pauvre type qui se retrouve malgré lui détenteur d'un secret aux conséquences peut-être incalculables. Sauf que cette fois le secret est dans sa chair... Une idée de génie, je dois bien le dire. Et, contrairement à d'autres séries où l'idée de départ est complètement gâchée par un traitement quelconque, cette fois-ci le travail de développement est finement pensé. Ainsi nous avons droit à l'histoire parallèle de ces deux hommes que le hasard réunira charnellement. Mais de façon inversée, si j'ose dire. Et au milieu de tout ça, des flash-backs sur le "Jour zéro" (qui aurait pu être un autre titre -bien qu'un peu prétentieux- pour la série). La structure du récit est comparable à celle du mouvement de l'eau après qu'un projectile soit tombé dedans : ça part de part et d'autre. Mais comme le temps est linéaire, ici ça ne part que dans deux directions : vers le futur et le passé par rapport à ce jour zéro. Alors bien sûr, le fin mot de l'histoire, ainsi que ses tenants et ses aboutissants, ne sera connu que lorsque le troisième tome sera paru, ce qui est désormais chose faite. Et je dois dire que c'est assez bluffant. Il faut lire le tout comme un ensemble, mais c'est vraiment finement réalisé, bravo à l'auteur. J'émets cependant des réserves sur des petits détails. Ainsi, comment Abel peut-il parler de façon apparemment intelligible au bout de seulement quelques jours après sa greffe de la mâchoire ? Mais Laumaillé réussit à faire passer ces détails grâce, comme je l'ai déjà signalé, à une narration impeccable. Surtout que les personnages ont presque tous une part d'ombre. Je ne suis pas trop fan de son graphisme au départ. Il manque apparemment de maturité, les personnages semblent avoir des looks et des morphologies aux volumes variables, mais au fil des pages cette -légère- gêne disparaît totalement. Laumaillé place finalement peu de décors dans ses cases, et ce style épuré participe au profit, là encore, d'une efficacité maximale.
La Nostalgie de Dieu
Oui, les dessins ne sont pas élaborés. Et alors ? Ce qui importe ici, c'est la qualité des échanges vifs et concis entre l'homme et Dieu. L’intérêt de cette histoire réside dans cet astucieux mélange de vannes qui s’enchaînent sans répit et de réflexions pertinentes sur la vie, le monde et l’homme. Parce que "La nostalgie de Dieu", ce n’est pas seulement drôle, c’est intelligent et chaque réplique fait mouche. A travers le dialogue entre un homme et Dieu, l’on découvre ainsi des réflexions et certaines réponses aux questions que l’on pourrait poser si nous étions face à Dieu. Autant dire que le point de vue de l’auteur est assez inattendu. Ce qui rend cette histoire unique et savoureuse. La bande dessinée vient d'être adaptée au théâtre et se joue en ce moment à Paris, jusqu'au 15 septembre, à la comédie Contrescarpe.
Bloodlight
AHAHAHAHAHAHAHAH Bon, je schématise un peu, mais c'est à peu près ma réaction à la lecture de cette nouvelle série. C'est une parodie de ce que je tiens pour la plus grande imposture en termes de succès littéraire et cinématographique dans la sphère du fantastique, au long de la décennie écoulée. Et peut-être pour le siècle en cours. Mais je m'égare. Le scénariste Zaz a choisi de coller au plus près des personnages et de l'intrigue du roman original et du film qui en a été tiré, même si, adaptation au format BD oblige, il a été obligé de sabrer une partie de l'intrigue, préférant utiliser -et ridiculiser- les scènes les plus symboliques. Comme lorsque Edouard vient sauver Bella d'une bande de loubards ; comme lorsqu'il la porte à toute allure sur un flanc de montagne (je me suis pissé dessus en voyant cette scène dans le film). La scène de la rencontre avec les Culdelaine est aussi pas mal, même si à mon avis il aurait pu aller plus loin dans l'outrage. Le clin d'oeil à Vampire Diaries, autre tête de proue du sous-genre vampirique des années 2000 et 2010, est sympathique également. Mais tout cela manque peu de liant, on a un peu l'impression de lire une suite de gags, même si le scénariste rajoute quelques vannes redondantes (sans être inutiles). Le dessin d'Esdras est sympathique, hésitant visiblement entre un style réaliste et du gros nez. Bella par exemple, ressemble par moments à la petite fille dans Lilo et Stitch. Le ton humoristique ne l'aide pas à choisir, c'est vrai. Mais les personnages sont pour la plupart assez expressifs, et avec l'aide de Gwen il parvient à installer de vraies ambiances, ce qui place la parodie au-dessus du tout-venant en termes graphiques. Une parodie donc assez réussie, qui doit transformer l'essai de la cohérence pour être vraiment très bonne.
Le Syndrome de Warhol
Franchement, il y avait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé en lisant une BD !! C'est rock n'roll, c'est trash, c'est innovant, c'est dérangeant, c'est.... tellement bon !!! Les dessins peuvent refroidir (au début, j'ai hésité à l'acheter de peur de ne pas du tout adhérer aux dessins), mais finalement, ils servent magnifiquement bien l'histoire un peu pulp (dans le sens original du terme). Et oui, ça fait penser à ces vieilles BD des années 70'/80' (remis un peu au goût du jour avec la série Doggybags). La couleur aidant bien à maintenir cette ambiance sur la durée. Après, l'histoire peut sembler chaotique d'un premier abord, mais finalement, tout s’emboîte de façon assez bonne même si on reste dans une histoire plutôt linéaire. Le tout formant un véritable petit road movie vraiment plaisant. Je recommande fortement cette histoire !
F.Compo
Après lecture des six premiers tomes de la réédition, je dois dire que cette série est vraiment très sympa. Parlant d'un fait de société pas facile à traiter, le travestissement, Tsukasa Hojo, pourtant pas forcément réputé pour sa finesse concernant la chose, réussit pourtant à faire une série intelligente et drôle. Passons vite sur les incohérences de base et de circonstance (une "famille" où tout le monde a changé de sexe, au moins dans l'allure, je ne suis pas sûre qu'il y en ait beaucoup tout de même) et parlons du reste. Chez les Wakanae, personne, pas même Masahaki, n'est ce qu'il semble être, sur le plan du sexe bien sûr. Entre ceux qui changent de sexe par conviction, par besoin (j'espère que personne ne sera choqué par mes mots mal choisis), certains cultivent l'ambigüité, comme Shion, ou se retrouvent "obligés" de changer de sexe. Ce qui procure un panel de possibilités scénaristiques assez intéressant. Bien sûr, Hojo traite tout cela sur le ton de l'humour, sa meilleure arme, et peut-être le meilleur angle d'attaque. Et y réussit fort bien, puisque les quiproquos succèdent aux situations incongrues et que finalement on se marre bien. Il y a un peu de redites au bout de 6 tomes, des situations qui commencent à se répéter, mais pas trop non plus. Et puis toujours ce dessin élégant de Hojo, qui a fait son succès et des émules. Un seul regret, les personnages
masculinseuh non féminins, comme Shion et sa mère, ont parfois tendance à se ressembler... A lire, tout de même.Saint-Germain
Curieusement la maquette m'aurait fait penser à une BD de chez Delcourt... Ne pouvant la placer dans "Vécu" (trop peu sérieuse et un peu trop fantastique, sans doute), Glénat l'a donc replacée dans "Grafica". Je dois avouer avoir bien aimé cet album. Je ne l'ai pas trouvé transcendant, mais le personnage de Saint-Germain est assez jouissif (et jouisseur), et cela m'a plu. Il faut croire que le scénariste s'en est donné à coeur joie, et que le dessinateur l'a suivi dans ses petits délires. Parce que quand même, c'est loin d'être mauvais au niveau du dessin. Je trouve toutefois que ce style semi-réaliste n'est pas encore arrivé à maturité. Les visages, en particulier celui de Saint-Germain, me semblent un peu changeants d'une case à l'autre. Pour en revenir au scénario, cela s'opacifie un peu dans le second tome, même si je trouve que le léger parfum de steampunk n'est pas pour me déplaire... L'univers commence doucement à se mettre en place, attendons encore pour juger plus avant... Ma note est une note d'attente, car l'histoire semble recéler de nombreuses surprises, et j'attends de voir comment cela va évoluer. Le début est très prometteur.
Alter Ego
Voici un parti pris plutôt intéressant pour une œuvre commerciale : chacun des 6 tomes parus ou à paraître est la pièce d’un complot que l’on est amené à lire dans n’importe quel ordre ! Une belle idée au service d’un projet commercial annoncé sur tous les fronts peut-il pour autant constituer une œuvre solide ? Ici et contrairement aux idées reçues, la réponse est mille fois oui, OUI ! Pourtant rien de très original ici si ce n’est le traitement ludique et interactif du choix de lecture. Chaque album met en avant un personnage qui pourra devenir secondaire dans un autre bouquin de la série. Les 60 pages racontent donc la même histoire et pratiquement le même déroulement des faits mais par différents cotés de la lorgnette. Ce n’est pas un procédé nouveau, Berceuse assassine utilise le même procédé tout en respectant l’ordre établi et l’histoire me rappelle SOS Bonheur, autre figure incontournable dont Alter Ego se veut un remix édulcoré mais pas sans saveur… Que l’on commence par Camille, Fouad ou Darius (ainsi que les 3 autres à venir je suppose), le récit est nerveux, autonome et plonge le lecteur directement au cœur d’une intrigue dont il ne saisit pas tous les enjeux mais dont chaque tome apporte sa pierre et ses réponses à l’édifice. Le schéma est pourtant basique et inhérent au découpage d’un film d’action : une mise en situation rapide et intrigante suivie d’un flash back puis du déroulement de l’histoire. Il s’agit à chaque fois de personnages à priori banals mais pris de remords qui se posent des questions et vont être confrontés à une organisation médicale louche genre Umbrella pour les connaisseurs de Resident Evil, les zombies en moins car si touche fantastique il y a, elle est discrète et se base plus sur des spéculations scientifiques. Après les personnages sont plutôt attachants et plus complexes qu’il n’y parait. On évite également la répétition grâce à une variété des caractères et de l’action et un raccrochage des wagons plutôt logique et bien inséré vers la toute fin des 60 pages de chaque volume. Le principe d’ange gardien et de connexion cachée des individus a éveillé toute mon attention. La lecture entamée, on n’a de cesse d’en vouloir davantage, facilité en cela par un découpage quasi parfait et une clarté des dessins somme toute classique mais pas désagréable. Il y a quelques jolis clins d’œil (Wolverine ou Le Punisher dans Darius ?) à y découvrir… La cohérence des croisements narratifs épate car on en ressort avec le sentiment d’avoir lu dans l’ordre idéal ce qui n’est pas le moindre des compliments puisqu’il n’y a pas d’ordre établi. Cerise sur le gâteau, chaque tome peut presque se lire comme une histoire indépendante dont on n’aurait pas tous les aboutissants mais qui reste satisfaisante malgré tout. On sent qu’il y a une belle harmonie d’auteurs derrière tout cela… Alors certes le dessin peut sembler classique mais il me rappelle la belle époque des bds franco-belges que je lisais avec un plaisir coupable sans nul autre but que de passer un moment agréable et sans prise de tête. Les propos et dialogues restent cependant adultes et n’ont rien à envier à d’autres œuvres. C’est rétro tout en demeurant actuel… Mention spéciale à Darius et Fouad, deux personnages que j’espère retrouver dans les autres pièces du puzzle… Pourtant Uchronies nageait sur des eaux similaires avec moins de cohérence mais c’est bien à l’œuvre de Van Hamme que je pense en premier lieu. Un septième tome fera le lien et la conclusion de cette chouette collection de pur divertissement dont j’ai lu les 3 premiers tomes à la suite. Pire, je rêverais presque d’une adaptation pour le petit écran avec le même découpage interactif. Il est agréable de se faire surprendre dans un série grand public rappelant par son intensité mes premières lectures de bds d’aventure dans le magazine Spirou des années 80 (Jérome K Jérome Bloche, 421, Ginger etc…) et cultivant le coté ludique des jeux vidéo d’aujourd’hui tout en publiant les différentes œuvres dans des délais plus que raisonnables. Un thriller haletant sur la manipulation ! Encore SVP !!!!
Yessika voyance - Amour, travail, argent...
Eh bien moi j'ai bien aimé cette BD. Certes, elle ne propose rien d'exceptionnel, les situations et les différents personnages proposés sont finalement assez communs. J'ai trouvé que l'ensemble s'enchaînait bien, et comme le signale Polette le fait d'avoir choisi de faire des histoires courtes accrochées plutôt qu'une suite de gags était une bonne idée. Signalons d'ailleurs que le gag sous-entend une mécanique toute particulière, et disons-le tout net, casse-gueule. Isabelle Bauthian s'en sort donc bien, avec cette histoire "à peu près vraie". C'est pour ça aussi qu'il n'y a rien d'outré, on reste dans une optique d'authenticité. En revanche les grands discours moralistes des personnages m'ont carrément gonflé. Cela n'apportait pas forcément un plus à l'histoire, à part du bavardage. Et le bavardage, les clients du cabinet de voyance s'en chargent... Jolie découverte du trait de Rebecca Morse (déjà entrevu dans "En chemin... elle rencontre"), son dessin très actuel est très agréable à l'oeil, avec des influences manga bien digérées et intégrées à son style propre. Dessinatrice à suivre, sans nul doute. Bref, un album qui n'appartient pas forcément au panthéon de la BD, mais qui permet de passer un agréable moment de détente, sur un univers quotidien, dépeint sans forfanterie ni artifices. Authentique et sympathique.
Le Désespoir du Singe
Ah on l'attendait, le dernier Alfred ! Dans un registre assez nouveau pour lui, l'auteur de certaines des plus belles pages de ces dernières années revient avec ce "Désespoir du Singe". Il s'agit d'un projet assez ancien, porté par Jean-Philippe Peyraud, scénariste (et dessinateur) inspiré par les histoires d'amour et l'humour. Dans un environnement plein de bruit et de fureur, dans une ambiance de fin d'un monde (et pas DU monde), une société ressemblant à l'URSS agonisante semble vivre ses dernières heures. Répressions aveugles, police composée de brutes épaisses, poches révolutionnaires sur le point d'exploser, tout y est. Et au milieu du chaos, deux êtres réunis par l'Art, l'un peintre raté et immature, l'autre une pasionaria prête à planter des têtes sur des piques, mais d'une beauté renversante. Leur amour est-il impossible ? L'avenir le dira. Au milieu de ce chaos, quelques traits de tendresse sous la plume d'Alfred, qui a durci son trait, le rendant plus adulte, plus dur. Mais il y a toujours de la poésie (et des oiseaux !) dans ce dessin. Un trait surprenant, mais toujours dans le bon sens, comme lorsqu'on voit ces faciès grotesques (au sens premier du terme) et ces silhouettes anguleuses représentant les forces de l'ordre... Le dessin d'Alfred évolue quand même pas mal au fil de cette série. Encore une fois, c'est magnifique, même lorsque c'est Delf, et non plus Myriam, qui met en couleurs ce dessin somptueux, à l'instar de la couverture. Merci Alfred. Où tu iras, j'irai.