J’ai beaucoup aimé, mais pas vraiment pour les raisons auxquelles j’aurais pu penser.
Le nom de Trondheim, le résumé et un rapide feuilletage m’avaient vendu une série d’humour qui m’aurait fait rire aux éclats (ou tout du moins un peu sourire) et…
Bah, ça a été le cas, mais pas tant que je l’aurais voulu.
Tous les gags ne m’ont pas fait rire. C’est malheureusement le défaut que l’on retrouve bien souvent dans ces recueils de gags en une page. Les séries bien faites arrivent tout de même à nous faire sourire lors des gags qui ne font pas mouches. Ici ce fut le cas, j’ai souris tout du long.
J’ai même plus souris que ris.
Certains gags étaient très drôles, hein, et j’ai facilement ris à plus de la moitié d’entre eux, mais j’ai surtout apprécier ma lecture car je me suis rapidement attachée aux personnages et que certaines de leurs interactions étaient étonnement très touchantes.
Voilà, c’est ça le truc : c’était drôle mais j’ai plus été attendrie qu’hilare.
Mais bonne surprise, hein, n’allons pas croire !
Ça m’a fait énormément plaisir !
J’ai sincèrement hâte de lire la suite des aventures de cette famille !
Comme série de gags à l’intention de la jeunesse (et lisible à tout âge), je l’ajoute illico à mes recommandations.
Un bon 4 étoiles (note réelle 3,5), ça me ferait mal de faire baisser sa note.
Un excellent polar.
C'est le deuxième comics de Pornsak Pichetshote que je lis après Infidel. Et ils ont un point commun, celui de mettre au centre de l'intrigue des discriminations. Ici, le racisme envers les asiatiques, ils n'ont pas la vie facile, en particulier ceux venant de Chine avec la loi d'exclusion des chinois adoptée par le Congrès en 1882, elle devait stopper cette immigration. En effet, Ils étaient perçus comme faisant baisser les salaires des travailleurs. Un sujet qui tient à cœur à Pornsak, étant lui-même d'origine thaïlandaise.
Un sujet qui sera le fil conducteur de ce polar dense, complexe, violent et à l'intrigue intelligemment construite, elle se situe en 1936 dans le chinatown de San Francisco. Une lecture qui se mérite, les personnages sont nombreux et il faut rester concentré pour ne pas perdre le fil de l'histoire. Mais un récit passionnant qui prend le temps de se développer avec les nombreux retours dans le passé des protagonistes, sans nous en laisser deviner le dénouement final.
Des personnages très bien travaillés, ils sont incontestablement un des points forts de cet ouvrage.
Je découvre Alexandre Tefenkgi, un dessinateur français expatrié aux États-Unis après quelques publications chez Bamboo dans la collection Grand Angle.
J'ai aimé sa composition graphique dans un style vintage, elle retranscrit merveilleusement cette période historique. Le stratagème des petits quadrilatères rouges qui apparaissent ci et là au milieu des vignettes fonctionne à merveille, il a guidé mon regard pour ne louper aucun détail.
Une ambiance réussie qui doit beaucoup aux somptueuses couleurs de Lee Loughridge, elles seront dans des tons distincts pour différencier les époques, ce qui permet de ne pas se perdre pendant la lecture.
Du très bon boulot.
Je serai du voyage si une suite voyait le jour.
Coup de cœur
Une oeuvre moins connue de Briggs (Ethel & Ernest, Le Bonhomme de neige), particulièrement en France où elle ne fut publiée qu’une fois en 1983 par les éditions Garnier, avant d’être récemment (2024) rééditée aux éditions Tanibis.
L’histoire est pourtant intéressante, et nous ramène à la menace nucléaire de la guerre froide (année de publication oblige).
Dans la première partie le lecteur suit les préparatifs d’un vieux couple en vue d’un bombardement nucléaire prochain… Le ton est hilarant. Les personnages ne sont clairement pas très malins, et tentent tant bien que mal d’appliquer les conseils officiels, sans vraiment comprendre ou réaliser les enjeux (construit un abri, certes, mais il ne faudrait pas rayer la peinture ou salir les coussins). La VO (que j’ai lue) retranscrit ce manque d’éducation dans le texte, avec des fautes d’orthographes volontaires.
La deuxième partie prend place après le bombardement, et le ton devient beaucoup plus sombre… les protagonistes continuent de faire preuve d’une bêtise consternante, mais la tournure que prend le récit ne fait plus rire du tout… une œuvre beaucoup plus adulte que ce que fait généralement cet auteur.
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire, la faute notamment à ce choix narratif qui consiste à « caser » 20-25 petites cases par planche, ce qui je trouve rend la lecture pénible (à moins que cela soit volontaire pour retranscrire le sentiment d’enfermement ?). Mais j’ai fini par me laisser emporter par l’histoire, et j’en suis ressorti assez marqué. J’ai lu l’album hier, et j’y repense toujours beaucoup.
La nouvelle éditions chez Tanibis est l’occasion rêvée de (re)découvrir cet album (même si je trouve la nouvelle couverture assez moche).
Merveilleusement mis en image par Julie Rocheleau, ce récit de Julian Voloj nous relate le tour du monde de Nellie Bly et d’Elizabeth Bisland. Un tour du monde tout ce qu’il y a de plus véridique même si la version qu’en donnent les deux auteur.e.s fait montre de fantaisie à plus d’une occasion, mais c’est pour mieux illustrer la folie de l’entreprise et l’ampleur des obstacles à surmonter.
Après un court prologue dans lequel, les auteur.e.s nous présentent Nellie Bly et les origines de son projet, nous plongeons à cœur perdu dans cette course effrénée pour n’émerger qu’à la fin de l’album, encore essoufflés. C’est trépidant, vivant, drôle souvent, stupéfiant… En clair, c’est fun ! Mais épuisant car les auteur.e.s ne nous laissent que très rarement le temps de respirer. Les jours s’égrènent, les lieux défilent, les difficultés se vainquent, les rencontres fugaces s’enchainent, les découvertes (de pays, de cultures) s’amoncellent, c’est un tourbillon de paysages et d’émotions mais sur lequel on ne peut finalement réfléchir qu’a posteriori.
Mon sentiment est donc un peu partagé. Je peux dire que j’ai aimé
- L’intérêt historique du récit ;
- La mise en scène inventive ;
- La vivacité du trait en osmose avec la truculence de l’aventure ;
- Les personnalités contrastées des deux principales protagonistes.
A contrario, je trouve que tout va finalement trop vite. J’ai bien conscience que c’était le but recherché et parfaitement atteint par Voloj et Rocheleau mais je sors essoufflé de cette lecture, avec ce regret de n’avoir pas pu m’attarder ici ou là. Surtout, touché par le sort d’Elizabeth Bisland, j’aurais aimé resté un peu auprès d’elle.
Franchement, pour moi c’est un album à lire (mais je suis un grand fan de Julie Rocheleau), il lui manque cependant un petit quelque chose pour que je le considère comme un indispensable. Ce que je traduis par un 3/5 et coup de cœur.
Aujourd'hui, s'il y a deux auteurs dont je suis l'actualité plus que tous les autres, c'est Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, qui ont produit le plus grand chef-d'oeuvre de la BD contemporaine à mes yeux, avec De Cape et de crocs. Alors en attendant leur prochaine collaboration (on avait entendu parler d'un pastiche humoristique de Macbeth par les deux auteurs, espérons que le projet voie le jour dans un avenir pas trop éloigné), ils nous offrent de quoi patienter chacun de leur côté.
Tandis qu'Ayroles sortait son chef-d'œuvre Les Indes fourbes, Jean-Luc Masbou n'en faisait pas moins de son côté, avec sa première oeuvre en solo. Et c'est un vrai bijou !
Visuellement, déjà, on renoue avec le style De Cape et de Crocs dans l'intrigue principale, qui met en scène le fameux baron de Münchhausen dans la réalité (puisqu'il s'agit d'un personnage réellement historique). Mais à chaque fois que le baron raconte une histoire, Jean-Luc Masbou s'envole dans un style graphique différent, ce qui donne une excellente dynamique au récit, car on se demande toujours, en plus de savoir ce que va raconter la prochaine histoire, quel style l'auteur aura choisi pour la mettre en scène.
Le récit, lui, est très habilement construit sur une excellente mise en abyme, montrant le fameux baron de Münchhausen, habitué à raconter ses histoires fantaisistes, qui voit ces histoires lui revenir comme il ne s'y attendait pas, sous forme de livre. Cela permet bien sûr à Masbou d'introduire une réflexion fine et subtile sur la différence entre une histoire orale et une histoire écrite, et surtout, de rendre un hommage puissant à tous les raconteurs d'histoire de par le monde.
L'auteur nous fait entrer dans un monde imaginaire qui, lui-même, nous ouvre la voie à un nombre illimité d'autres mondes. C'est drôle, léger et envoûtant, on veut toujours en savoir plus, au point qu'on ne soucie plus guère de voir avancer l'intrigue (le récit-cadre faisant du sur-place pendant la majorité de la bande dessinée).
Seul petit bémol à mes yeux : alors que l'auteur nous dévoile tout le potentiel émotionnel de son récit, il ne s'en sert jamais tout-à-fait. J'aurais aimé que la fin m'émeuve davantage, tant il y avait quelque chose à faire autour de ce personnage recherchant une simplicité que son rang semble lui interdire et s'évadant pour cela dans des histoires fantasmées.
En fait, il y a un élément que je trouve malheureusement sacrifié par Masbou alors que, pour ma part, je l'aurais mis au coeur du climax : il s'agit de la relation entre le baron et sa femme. Celle-ci prend un tour inattendu à un moment, mais aurait pu être davantage développée. En montrant le scepticisme et le mépris de la femme du baron pour ses histoires, Masbou aurait pu construire tout son climax autour d'elle et terminer sa BD sur le plus grand succès du baron : acquérir sa femme à la magie qu'il cherche à propager autour de lui, et qu'il aurait enfin réussi à introduire dans son foyer. Mais Masbou a choisi d'emprunter une autre voie, et il le fait tout de même très intelligemment. Simplement, je trouve que le personnage de la femme du baron n'est pas traité aussi bien qu'il aurait pu l'être.
Enfin, je ne veux pas terminer cette critique sur cette note (très) légèrement négative, car Le Baron n'a rien d'une déception. C'est une bande dessinée très généreuse, tant envers son lecteur qu'envers tous ceux qui inventent, qui créent, qui écrivent ou qui dessinent des histoires. L'hommage au pouvoir de l'imagination et à tous les hommes qui s'en servent pour faire rêver les autres et rendre le monde meilleur (ou essayer) est touchant, poétique et s'achève sur une dernière page assez laconique et pourtant pleine de sens, même si elle est presque en trop (la lettre qui précède faisant déjà une excellente apothéose pleine d'émotion).
En tous cas, Masbou relit de manière très intelligente l'univers fascinant du baron de Münchhausen (avec un joli pied-de-nez au récit sans doute le plus emblématique du baron), et ça m'a clairement donné envie de découvrir plus en détail cet univers !
Un truc immersif. Il faut pousser le concept.
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Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il s'agit d'un roman-photo de 176 pages en couleurs, réalisé par Xavier Courteix. Il se termine avec le nom des 18 interprètes ayant joué un rôle dans le récit.
Dans un futur très proche, peut-être même le présent, Gilles arrive à son bureau à Paris. Il salue Emmanuel qui est déjà présent derrière son ordinateur. Gilles indique qu'il a rendez-vous avec une guide à l'instant : elle s'appelle Jihye et habite Séoul. Il se connecte sur son ordinateur portable et la salue : elle lui dit bonjour en coréen. Elle ne se trouve pas à Séoul, mais au mont Hallasan sur l'île de Jeju. Elle est chercheuse en géophysique et travaille sur l'inversion des pôles magnétiques. Elle se trouve Jeju pour aller ramasser des pierres de lave refroidie sur les pentes du volcan de l'île. Elle promet de lui faire visiter la prochaine qu'il se connectera. Il quitte son ordinateur et salue Aurore qui est arrivée entretemps. Elle leur indique que leur appli lui fait penser au jeu vidéo Myst, sauf que là il s'agit d'exploration réelle. Elle demande à essayer. Gilles et Emmanuel voient qu'il y a un guide appelé Roland disponible en Allemagne proche de la ville de Nauen, très exactement à la Nauen Transmitter Station, la plus vieille station émettrice, inaugurée en 1906. Comme convenu, Aurore se connecte à l'application le lendemain chez elle et entre en contact avec Roland qui habite dans la station émettrice. Il lui explique qu'il propage des sons à partir des antennes, à travers la ionosphère et autour du globe. Il enregistre les parasites et leurs perturbations au cours de leur transmission avant qu'ils ne reviennent sur mon récepteur radio. Aurore lui indique qu'elle aimerait bien revenir pour visiter la station le jour où il se livrera à cet exercice.
Le lendemain Aurore retourne voir Gilles et Emmanuel et leur dit qu'elle a trouvé l'expérience géniale et qu'elle pense que l'appli présente un énorme potentiel commercial. Par contre, il faut trouver comment transformer cette expérience en histoire pour pouvoir accrocher les clients. Quelques jours plus tard, Gilles se reconnecte avec Jihye. Elle se trouve en vêtement de pluie en train de marcher sur une pente du mont Hallasan. Chemin faisant, en lui montrant les images avec son téléphone, elle explique qu'elle est liée à ce lieu par son histoire personnelle. Elle avait assisté à une reconstitution du soulèvement de Jeju en 1948. Elle lui parle aussi des souvenirs de sa mère qui était présente sur les lieux lors du soulèvement, avec sa propre mère, et qui était encore une petite fille à l'époque. Elle continue de marcher, s'enfonçant dans la forêt qui couvre la pente. À la fin de la balade, Gilles indique qu'il l'a beaucoup appréciée, Jihye lui répond que c'est réciproque. Ils conviennent que la prochaine fois, elle lui fera visiter Séoul. Quelques jours plus tard, Aurore, Gilles et Emmanuel ont une réunion de travail pour faire évoluer l'application dans le but de la commercialiser. Aurore indique qu'elle a trouvé le concept permettant d'en faire un produit vendeur : le tamagotchi. L'application s'appellera DOBLE.
L'éditeur FLBLB publie régulièrement des romans-photos, format narratif peu usité en dehors des histoires de romance publiées par Nous Deux. Le précédent publié par FLBLB était Le syndicat des algues brunes (2018) d'Amélie Laval, récit d'anticipation prenant et dépaysant. Même s'il ne s'agit pas du même auteur, le lecteur ayant goûté au dépaysement provoqué par le format est prêt à tenter l'aventure une deuxième fois. Dès le départ, il constate que l'auteur a imaginé une histoire intrigante et intéressante : une appli qui permet de voyager à l'aide d'un guide qui fait le touriste, sans que le client n'ait à se déplacer. Xavier Courteix ne se contente pas d'évoquer des concepts avec des images de gugusses en train de parler. Il raconte son histoire en image, montrant les différentes étapes pour passer de l'état d'idée à une application fonctionnelle : la recherche d'une technologie greffée au guide DOBLE, la recherche d'une nourriture adaptée à la mission de guide, la recherche d'habitat à mettre à disposition du guide DOBLE, la recherche d'une tenue adaptée, et même l'opération de greffe sur Azwaw, premier guide DOBLE (pages 54 à 57). S'il arrive avec l'a priori que le roman-photo part avec le handicap d'une réalisation fauchée, le lecteur est très agréablement surpris. Il bénéficie lui aussi du tourisme proposé par l'application : visite de la station émettrice de Nauen (5 pages), balade sur la pente du mont Hallasan (8 pages), promenade dans plusieurs quartiers de Séoul (6 pages), petit tour le long d'un canal avec Azwaw (6 pages), etc.
Au fur et à mesure de la progression du récit, le lecteur est même épaté par la diversité et la richesse des décors : les lieux visités par les DOBLES, mais aussi le bureau de Gilles, une salle d'opération dans un hôpital, une salle d'enregistrement d'une émission radiophonique, un bureau de ministre, une ville déserte la nuit. Il s'immerge avec facilité dans chacun de ces lieux, aux côtés des personnages qui interagissent avec les décors, avec les éléments des environnements. La narration visuelle ne s'apparente ni à une bande dessinée en photographies, ni à des arrêts sur image d'un film. Les pages sont construites sur la base d'un découpage en cases (en nombre variable, avec quelques photographies en pleine page ou en double page). Celles-ci se suivent dans l'ordre chronologique, soit sur la base du déroulement d'une scène, soit en alternant la vision d'un personnage dans un lieu, et celle d'un autre à un autre endroit. Les acteurs jouent dans un registre naturaliste, sans exagération, tout en prenant bien soin d'avoir des visages expressifs quand la scène le nécessite. Chaque scène est construite sur un plan de prise de vue spécifique, avec une lisibilité et une compréhension irréprochable. L'auteur utilise des cellules de texte (lettres blanches sur fond de couleur, avec une couleur différente pour chaque personnage), sans la pointe directrice des phylactères de bande dessinée. L'ensemble de ces techniques est admirablement bien intégré dans un tout cohérent en termes narratifs.
Le ressenti de ce roman-photo est effectivement différent de celui d'un film (il n'y a pas le mouvement et le lecteur maîtrise sa vitesse de progression) et d'une bande dessinée. La nature même de la photographie induit une forte densité d'informations visuelles, par comparaison avec la bande dessinée où l'artiste choisit ce qu'il représente, ce qu'il détoure, ce qu'il met en couleurs. L'auteur a fait le choix de ne pas utiliser d'effets spéciaux, de retouches infographiques, ou alors de manière très limitée, ce qui conserve un aspect de réel sans comparaison possible avec la bande dessinée. À la lecture, l'effet est très différent de celui de la BD : le cerveau du lecteur oscille entre 2 modes de fonctionnement. Soit il détaille chaque photographie car il s'agit d'une fenêtre vers un endroit qu'il ne connaît pas avec des individus qu'il découvre, soit il passe rapidement n'y prêtant pas plus d'attention qu'aux milliers d'images qu'il peut voir chaque jour. Dans les 2 cas, les photographies induisent une sensation de réel sans commune mesure avec une bande dessinée. Le récit acquiert une plausibilité incroyable puisque le lecteur voit bien que c'est ce qui se passe en image sous ses yeux.
Un peu déstabilisé par cette sensation de réel, le lecteur voit l'intrigue progresser tranquillement, sans idée préconçue de la direction qu'elle va prendre. Le titre semble indiquer une forme de contrôle par l'autorité qui assure le voyage, de type contrôleur dans les transports en commun, orientant l'esprit du lecteur dans cette direction. En fait, ce contrôle des voyageurs s'entend différemment dans cette histoire. De la même manière qu'il peut être surpris par la richesse des décors, le lecteur peut être surpris par l'ampleur que prend cette application DOBLE, par son succès et les transformations sociétales qu'elle provoque. Il s'attache plus ou moins aux personnages principaux : Gilles, Emmanuel, Aurore, Jihye. Il les côtoie comme il peut côtoyer des collègues de travail, apprenant quelques bribes d'information sur eux, devinant partiellement leur motivation. Cette distance relative avec eux ajoute encore à la sensation de réel. Le lecteur est le témoin privilégié du développement de DOBLE (l'entreprise), mais il n'est pas dans la tête de ses concepteurs. Xavier Courteix raconte un vrai récit d'anticipation. Il utilise avec astuce et à propos des éléments du quotidien (comme les modules de canalisation en béton de grande taille, les gens qui parlent à haute voix dans la rue) en les détournant de leur raison première. Il imagine une technologie n'existant pas tout à fait aujourd'hui, mais pas impossible dans quelques années. Il mène à bien son intrigue, tout en imaginant les ramifications d'une telle technologie. Il y a des questions éthiques (avec la mise en place d'un très caustique Indice de bonheur), des questions économiques (l'emploi créé par l'engouement pour devenir guide DOBLE), la force du lien intime qui unit client (Visiteur) et guide (DOBLE) assimilable à un contrat entre 2 individus, la généralisation de l'application qui échappe à ses créateurs, les réactions de la société civile en voyant émerger une nouvelle application omniprésente et en situation de monopole, etc. À chacune de ces occasions, le récit renvoie une image déformée d'une facette du monde réel, occasionnant une prise de conscience du lecteur, constituant une réflexion le sujet, amenant le lecteur à se rendre compte de son avis sur le sujet et à s'interroger sur ce qui peut lui apparaître comme des évidences.
Même s'il s'agit d'une forme fortement connotée, le roman-photo a déjà prouvé par le passé sa capacité à être une forme narrative spécifique pouvant rivaliser avec les autres sur le plan de la complexité et de l'ambition, par exemple avec Droit de regards (1985) de Marie-Françoise Plissart & Benoît Peeters. Il dispose d'un historique attestant déjà de son potentiel, évoqué dans La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 26 - Le Roman-photo. Un genre entre hier et demain. (2018) de Jan Baetans & Clémentine Mélois. Avec Contrôle des voyageurs, Xavier Courteix fait preuve d'une maîtrise impressionnante de cette forme narrative, racontant une histoire originale et surprenante, divertissante sur le plan visuel, porteuse d'un regard enrichissant sur plusieurs questions sociétales.
Voilà un album qui mérite amplement les louanges récoltées depuis sa sortie.
En effet, c’est une réussite sur le fond autant que sur la forme. En tout cas j’ai été convaincu et conquis par ces deux aspects.
Les dessins (différentes styles), gravures, se marient très bien avec les textes (essentiellement des échanges épistolaires). La lecture est très fluide et agréable, aérée et dense à la fois. Mais c’est un pavé qui se dévore rapidement, tant le sujet est prenant et bien traité.
L’auteure est devenue correspondante d’un détenu du « couloir de la mort » d’une prison de Floride, Renaldo. Elle est devenue son amie aussi, et a réalisé avec lui cet album (même si la participation Renaldo n’a pu être directement créditée du fait de considérations juridiques).
Nous voyons comment leur relation – très forte – se noue, mais aussi comment fonctionne le système pénitentiaire américain, et comment sont traités les détenus condamnés à mort. Le passage qui montre la censure sélective et raciste des documents que l’on peut faire parvenir aux détenus (en particulier tout ce qui de près ou de loin pourrait mettre en valeur les Noirs ou dénoncer leur discrimination) est instructif.
Il y a dans cet album beaucoup d’humanité, et jamais l’auteure ne tombe dans un angélisme, ou une vision manichéenne des choses. Mais cela participe clairement d’un réquisitoire contre la peine de mort – quelques soient les faits reprochés au détenu.
Un bel ouvrage, dans tous les sens du terme.
J’ai rencontré Lucas Vallerie dans le bar associatif de mon bled. C’est ma voisine qu’il m’a informé qu’un auteur BD talentueux venait dédicacer son dernier album. Sur le coup, pas trop emballé, les romans graphiques ce ne sont pas trop ma tasse de thé. Mais bon, quand un auteur BD vient dans mon village je me dois d’aller à sa rencontre et mon Dieu qu’est-ce que j’ai bien fait ! J’ai pris une énormissime claque les amis !
Tout d’abord Lucas est très abordable et fort sympathique. Il prend du temps pour expliquer sa démarche. Son album raconte les histoires poignantes de migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure.
Lucas a embarqué à bord du navire de sauvetage Geo Barents de Médecins Sans Frontières, a passé 28 jours à documenter les expériences des migrants et des sauveteurs. Son récit est à la fois touchant et réaliste, mettant en lumière les défis et les espoirs de ceux qui entreprennent ce périlleux voyage.
Lucas a capturé l’humanité et la résilience des différents personnages, tout en rendant hommage au travail des sauveteurs. C’est magnifique et extrêmement poignant. Les dessins sont puissants et évocateurs, différenciant habilement les histoires des migrants et les jours passés sur le bateau. Juste bravo pour cette dextérité graphique.
Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture prenante ô combien d’actualité, qui met en exergue la solidarité humaine. Je recommande vivement.
J'ai enfin lu les trois tomes de cette série. Du coup, je complète mon avis, le fais remonter et lui colle le coup de cœur qui va bien :
Encore une BD sur la deuxième guerre mondiale et sur la Résistance ! Pffff ! Sujet inépuisable s'il en est, largement surexploité au risque parfois de paraître rébarbatif.
Mais il faut avouer que ce premier volume m'a conquis. Son dessin monochrome très élégant (et très très magnifique, purée !) lui confère une ambiance surannée extrêmement prégnante. Tout est rendu très vivant, par la grâce de ces visages expressifs et d'un découpage alerte. Le texte, délivré sur le ton de l'entretien direct, contribue aussi grandement à l'intemporalité du récit. Madeleine s'adresse directement à nous en usant du tutoiement. En filigrane est donc dressé le portrait d'une femme au caractère trempé, libérée de pas mal de pressions normatives, et dont la fraîcheur d'esprit semble échapper aux affres de l'âge. La lecture est par conséquent très fluide. On navigue entre les souvenirs de Madeleine qui, dès son plus jeune âge, se trouve confrontée tragiquement aux conséquences de la guerre, celle de 14-18.
Au final, au-delà du récit historique, cette BD dresse un portrait tissé de ces souvenirs qui enrichissent toute une vie, et maintiennent les choses bien vivaces. Il y a dans ce premier tome quelque chose de plus que dans beaucoup de récits de ce genre. En ne limitant pas la mémoire au cadre strict de la Résistance et des affaires de la guerre, les auteurs lui donnent une portée universelle, et cette histoire dans l'Histoire conserve en outre toute son actualité. J'attends la suite de pied ferme !
Dans les tomes 2 et 3, on réalise que le lecteur pénètre profondément et intimement dans la Résistance. On y est complètement immergé, essentiellement parce qu'on apprend les codes, les pratiques, les combines, mais également parce qu'on est proche des personnages. Cette proximité atteint bien entendu son paroxysme avec Madeleine Riffaud elle-même dont les auteurs dressent un édifiant portrait. On mesure tout le courage qu'a nécessité un tel engagement, et Madeleine en avait à revendre. Le dessin est décidément excellent. Une série splendide sur un thème pourtant rebattu.
On a souvent des projets, des envies, mais on repousse…
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2023. Il a été écrit par Pascal Rabaté, dessiné et mis en couleurs par François Ravard. Il comprend quatre-vingt-quatre pages de bande dessinée. Ces deux créateurs avaient précédemment réalisé ensemble Didier, la 5e roue du tracteur (2018)
Monsieur Martin Henry, un quadragénaire, peut-être quinquagénaire, attend paisiblement dans la salle d’attente du docteur Guarot, en lisant une revue, pendant qu’une femme pianote sur son portable et qu’un enfant dessine sur une table basse. Il relève un instant la tête, marquant une pause dans sa lecture, et sourit discrètement en voyant un oiseau sur une branche, à côté de son nid, de l’autre côté de la fenêtre. Le médecin ouvre la porte de son cabinet et appelle le prochain à passer : Monsieur Martin Henry. Ce dernier se lève en indiquant qu’il est en avance, ce que le médecin réfute. Le médecin s’assoit à son bureau et consulte la fiche de son patient sur l’écran de son ordinateur. Il se met une main devant le nez en fermant les yeux. Puis il annonce directement les nouvelles, sans en atténuer la brutalité : les résultats des examens sont arrivés et monsieur Henry en a pour trois mois au plus. Le patient ne comprend pas : trois mois de quoi ? Le docteur précise : trois mois à vivre, et il est large. Henry reprend : c’était un examen de routine, juste un contrôle. Le médecin rentre dans les détails : Le cœur est totalement usé, l’aorte est foutue et une greffe est impossible. Il raccompagne le patient à la porte, et le laisse aux bons soins de la secrétaire. Celle-ci indique que ça fera soixante-dix euros par chèque, ils ne prennent pas la carte bleue car la machine a rendu l’âme. Les machines sont programmées pour claquer dans les pattes des humains. On parle d’évolution, mais est-ce vraiment un progrès ?
Monsieur Henry règle son dû, et sort calmement, les mains dans les poches de son blouson. Il croise un monsieur qui arrive en courant, essoufflé. Ce dernier s’excuse auprès de la secrétaire : il est en retard, mais en même temps on n’a pas idée d’installer un cabinet de cardiologie au quatrième sans ascenseur. Il donne son nom : Henri Martin. La secrétaire relève la proximité avec le nom du client précédent. Ce dernier prend un instant sur le palier pour retrouver son calme, et il descend. Dans le cabinet, monsieur Martin s’excuse : il était prématuré de trois semaines, et c’est la seule fois où il n’est pas arrivé en retard. Il demande s’il doit se mettre torse nu. Le docteur consulte sa fiche sur l’écran de son ordinateur. Il prend conscience de sa bévue et se lève soudainement. Il ouvre la porte et interpelle sa secrétaire en lui demandant si le patient d’avant est parti : il lui demande de l’appeler sur son portable et de se dépêcher. Elle s’exécute, mais elle tombe sur sa messagerie. Le médecin décide de lui courir après pour le rattraper. La secrétaire s’enquiert du patient dans le cabinet : il répond de le faire patienter, de toute façon il est condamné.
Une histoire simple et linéaire se résumant en très peu de mots : une erreur de diagnostic incite un homme un peu empâté et débonnaire à faire le voyage au Québec avec son épouse, maintes fois remis à plus tard, pour aller voir les baleines. Ils croisent à plusieurs reprises un autre touriste français, importun mais pas méchant, et ils doivent composer avec une série de désagréments d’une banalité affligeante, sans importance. La narration visuelle participe de cette bonhomie tranquille : factuelle et dépourvue d’agressivité ou de sensationnel, avec une forme de légère simplification qui rend les dessins immédiatement lisibles, mais sans sacrifier aux détails. Le parti pris pour la mise en couleurs renforce encore l’impression d’ordinaire, presque sans relief, avec des teintes de bleu délavées, charrette, fumée, gris de lin, pervenche, pastel. Voilà une narration visuelle pleine d’humilité, se mettant comme en retrait, pour ne pas se faire remarquer, humble et effacée. Un récit réalisé par deux artisans qui ne payent pas de mine, qui ne font pas de vague, mais qui ne s’excusent pas non plus.
Il reste au plus trois mois à vivre à Martin Henry, et celui-ci ne semble pas plus affecté que ça par cette annonce. Il ne s’emporte pas, il prend l’information avec calme. Le lecteur le regarde attentivement dans son fauteuil avec son écharpe de laine, purement utilitaire, dépourvue de tout signe remarquable. Le personnage se laisse tenter par un moment de déni, juste le temps de trois cases, avec deux gestes de la main, très mesurés, sans hausser la voix. Et c’est tout : pas de colère, pas de marchandage, pas de dépression, tout au plus un ou deux moments d’abattement. C’est comme s’il passait immédiatement à l’acceptation. Le lecteur observe juste ce moment de pause sur le palier après avoir refermé la porte du cabinet du médecin. Ah si, il arbore un air maussade le temps de trois cases en pages quatorze et quinze. En fonction de sa relation avec la maladie d’une manière générale, avec le cancer éventuellement, le lecteur peut éprouver des difficultés à retenir une réaction irrépressible face à cette injustice de la vie, face au manque total d’empathie du docteur absolument dépourvu de tact et de prévenance, la froideur toute professionnelle de la secrétaire qui demande le paiement, sans une pensée pour l’éventuelle souffrance de ce patient. Il pourrait avoir envie de secouer Martin, quasi léthargique, ou exiger le minimum humain de compassion chez ces professionnels du soin. Il se rassérène un tantinet en voyant la sollicitude d’un collègue de travail qui l’invite à venir voir le match au bar du coin après le boulot, mais qui ne peut pas deviner la terrible nouvelle qui a frappé Martin.
Dans le même temps, le récit exhale une saveur bien à lui, rendant impossible toute risque d’insipidité. La gentillesse du regard de Martin Henry le rend immédiatement sympathique et agréable. L’absence de colère le rend facile à vivre : il ne s’en prend pas au médecin, encore moins à la secrétaire. Il prend sur lui et épargne cette charge à son épouse. Le lecteur envie la profonde tendresse qui existe entre elle et lui : une affection née de nombreuses années d’intimité, sans éclat, sans l’intensité de la passion, mais avec la solidité confortable et inestimable de nombreuses années vécues ensemble à s’épauler l’un l’autre, sans compétition ou confrontation, dans la compréhension et le réconfort mutuel. Les gestes affectueux prévenants attestent de cette connivence apaisée et constructive. Une fois acclimaté au caractère placide Martin Henry, le lecteur sait détecter ses réactions, il lit mieux les expressions de son visage. De petits changements qui pouvaient sembler presque insignifiants deviennent très parlants quant à son état d’esprit : un sourire en regardant l’affiche derrière son poste de travail (la queue d’une baleine sortant de l’eau, avec le mot Québec en dessous), le haussement du sourcil gauche en serrant la main de Séraphin Lanterne (un importun d’une rare ingénuité), les commissures des lèvres un tout petit peu affaissées (signe d’une contrariété qui le touche), le regard dans le vague (signe de son esprit qui vagabonde certainement en pensant à sa fin), etc. Il peut aussi s’agir d’une posture corporelle comme les bras croisés, en signe de protection ou de refus de réellement s’impliquer dans une conversation. Etc.
S’il est d’un calme remarquable en toute circonstance, Martin Henry n’est pas mort intérieurement sur le plan émotionnel. Il paraît globalement imperturbable malgré l’annonce de sa mort très proche, pour autant il y réagit en agissant. Il ne se lamente pas, ni ne nie l’évidence : il se décide à faire ce qu’il a toujours repoussé en pensant qu’il en aurait le temps plus tard. Là encore, la narration visuelle semble sans relief, et pourtant quand il prend un instant de recul, le lecteur se rend compte qu’elle l’emmène dans des endroits divers et variés : un cabinet de docteur, des cubicules de bureau sur un plateau ouvert, dans un avion à côté d’un ronfleur impénitent, devant le tapis pour attendre des bagages qui ne viennent pas, sur des trottoirs verglacés, dans un voyage en car, sur une terrasse improbable jouxtant un cours de golf, dans l’embouchure du Saint Laurent, en forêt avec même le passage de deux orignaux. Le scénariste contribue également à la couleur locale avec des termes et des expressions canadiens : papillon (circulaire), par le saint calice, votre blonde (votre épouse), se prendre une brosse (se prendre une cuite), niaiser (tergiverser, languir). Ils font usage de deux références culturelles : La ballade des gens heureux (1975), de Gérard Lenormand (1975-), et plus inattendu un hommage à un personnage de Georges Rémi. À l’aéroport, Martin Henry, accompagné par son épouse, se fait percuter par Séraphin Lanterne, au point qu’ils tombent tous les deux par terre le second sur le premier. L’hommage est transparent : Séraphin Lampion (créé en 1956), appelé Monsieur Lanterne par Bianca Castafiore, dans les aventures de Tintin. Le lecteur perçoit un second clin d’œil alors les époux Henry regardent un Derby Demolition, évoquant la dernière épreuve du rallye automobile organisé par Lampion, président du Volant Club, dont la dernière épreuve se tient au château de Moulinsart (mis à part le cochon qui vole). Par comparaison, le lecteur en vient à considérer Martin Henry comme un homme sage, mesuré, capable de prendre le recul nécessaire en toute situation, toujours animé par une pulsion de vie qu’il a appris à canaliser. La dernière scène dans l’hôpital apporte un éclairage différent sur Séraphin Lanterne, amenant le lecteur à reconsidérer son comportement, peut-être une forme de sagesse au regard des aléas de sa vie.
Une bande dessinée faite pour être vite lue, sans prétention, avec des auteurs d’une grande humilité. Mais aussi un personnage principal qui reste longtemps à l’esprit, son apparente apathie apparaissant comme être de surface, de nombreux éléments visuels et comportementaux, amenant à y voir une forme de sagesse paisible remarquable, une acceptation des difficultés de la vie, et une capacité remarquable à s’y adapter. Un modèle.
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Mamma mia !
J’ai beaucoup aimé, mais pas vraiment pour les raisons auxquelles j’aurais pu penser. Le nom de Trondheim, le résumé et un rapide feuilletage m’avaient vendu une série d’humour qui m’aurait fait rire aux éclats (ou tout du moins un peu sourire) et… Bah, ça a été le cas, mais pas tant que je l’aurais voulu. Tous les gags ne m’ont pas fait rire. C’est malheureusement le défaut que l’on retrouve bien souvent dans ces recueils de gags en une page. Les séries bien faites arrivent tout de même à nous faire sourire lors des gags qui ne font pas mouches. Ici ce fut le cas, j’ai souris tout du long. J’ai même plus souris que ris. Certains gags étaient très drôles, hein, et j’ai facilement ris à plus de la moitié d’entre eux, mais j’ai surtout apprécier ma lecture car je me suis rapidement attachée aux personnages et que certaines de leurs interactions étaient étonnement très touchantes. Voilà, c’est ça le truc : c’était drôle mais j’ai plus été attendrie qu’hilare. Mais bonne surprise, hein, n’allons pas croire ! Ça m’a fait énormément plaisir ! J’ai sincèrement hâte de lire la suite des aventures de cette famille ! Comme série de gags à l’intention de la jeunesse (et lisible à tout âge), je l’ajoute illico à mes recommandations. Un bon 4 étoiles (note réelle 3,5), ça me ferait mal de faire baisser sa note.
The Good Asian
Un excellent polar. C'est le deuxième comics de Pornsak Pichetshote que je lis après Infidel. Et ils ont un point commun, celui de mettre au centre de l'intrigue des discriminations. Ici, le racisme envers les asiatiques, ils n'ont pas la vie facile, en particulier ceux venant de Chine avec la loi d'exclusion des chinois adoptée par le Congrès en 1882, elle devait stopper cette immigration. En effet, Ils étaient perçus comme faisant baisser les salaires des travailleurs. Un sujet qui tient à cœur à Pornsak, étant lui-même d'origine thaïlandaise. Un sujet qui sera le fil conducteur de ce polar dense, complexe, violent et à l'intrigue intelligemment construite, elle se situe en 1936 dans le chinatown de San Francisco. Une lecture qui se mérite, les personnages sont nombreux et il faut rester concentré pour ne pas perdre le fil de l'histoire. Mais un récit passionnant qui prend le temps de se développer avec les nombreux retours dans le passé des protagonistes, sans nous en laisser deviner le dénouement final. Des personnages très bien travaillés, ils sont incontestablement un des points forts de cet ouvrage. Je découvre Alexandre Tefenkgi, un dessinateur français expatrié aux États-Unis après quelques publications chez Bamboo dans la collection Grand Angle. J'ai aimé sa composition graphique dans un style vintage, elle retranscrit merveilleusement cette période historique. Le stratagème des petits quadrilatères rouges qui apparaissent ci et là au milieu des vignettes fonctionne à merveille, il a guidé mon regard pour ne louper aucun détail. Une ambiance réussie qui doit beaucoup aux somptueuses couleurs de Lee Loughridge, elles seront dans des tons distincts pour différencier les époques, ce qui permet de ne pas se perdre pendant la lecture. Du très bon boulot. Je serai du voyage si une suite voyait le jour. Coup de cœur
Quand souffle le vent (Briggs)
Une oeuvre moins connue de Briggs (Ethel & Ernest, Le Bonhomme de neige), particulièrement en France où elle ne fut publiée qu’une fois en 1983 par les éditions Garnier, avant d’être récemment (2024) rééditée aux éditions Tanibis. L’histoire est pourtant intéressante, et nous ramène à la menace nucléaire de la guerre froide (année de publication oblige). Dans la première partie le lecteur suit les préparatifs d’un vieux couple en vue d’un bombardement nucléaire prochain… Le ton est hilarant. Les personnages ne sont clairement pas très malins, et tentent tant bien que mal d’appliquer les conseils officiels, sans vraiment comprendre ou réaliser les enjeux (construit un abri, certes, mais il ne faudrait pas rayer la peinture ou salir les coussins). La VO (que j’ai lue) retranscrit ce manque d’éducation dans le texte, avec des fautes d’orthographes volontaires. La deuxième partie prend place après le bombardement, et le ton devient beaucoup plus sombre… les protagonistes continuent de faire preuve d’une bêtise consternante, mais la tournure que prend le récit ne fait plus rire du tout… une œuvre beaucoup plus adulte que ce que fait généralement cet auteur. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans cette histoire, la faute notamment à ce choix narratif qui consiste à « caser » 20-25 petites cases par planche, ce qui je trouve rend la lecture pénible (à moins que cela soit volontaire pour retranscrire le sentiment d’enfermement ?). Mais j’ai fini par me laisser emporter par l’histoire, et j’en suis ressorti assez marqué. J’ai lu l’album hier, et j’y repense toujours beaucoup. La nouvelle éditions chez Tanibis est l’occasion rêvée de (re)découvrir cet album (même si je trouve la nouvelle couverture assez moche).
Globe-trotteuses - Le tour du monde de Nellie Bly et Elizabeth Bisland
Merveilleusement mis en image par Julie Rocheleau, ce récit de Julian Voloj nous relate le tour du monde de Nellie Bly et d’Elizabeth Bisland. Un tour du monde tout ce qu’il y a de plus véridique même si la version qu’en donnent les deux auteur.e.s fait montre de fantaisie à plus d’une occasion, mais c’est pour mieux illustrer la folie de l’entreprise et l’ampleur des obstacles à surmonter. Après un court prologue dans lequel, les auteur.e.s nous présentent Nellie Bly et les origines de son projet, nous plongeons à cœur perdu dans cette course effrénée pour n’émerger qu’à la fin de l’album, encore essoufflés. C’est trépidant, vivant, drôle souvent, stupéfiant… En clair, c’est fun ! Mais épuisant car les auteur.e.s ne nous laissent que très rarement le temps de respirer. Les jours s’égrènent, les lieux défilent, les difficultés se vainquent, les rencontres fugaces s’enchainent, les découvertes (de pays, de cultures) s’amoncellent, c’est un tourbillon de paysages et d’émotions mais sur lequel on ne peut finalement réfléchir qu’a posteriori. Mon sentiment est donc un peu partagé. Je peux dire que j’ai aimé - L’intérêt historique du récit ; - La mise en scène inventive ; - La vivacité du trait en osmose avec la truculence de l’aventure ; - Les personnalités contrastées des deux principales protagonistes. A contrario, je trouve que tout va finalement trop vite. J’ai bien conscience que c’était le but recherché et parfaitement atteint par Voloj et Rocheleau mais je sors essoufflé de cette lecture, avec ce regret de n’avoir pas pu m’attarder ici ou là. Surtout, touché par le sort d’Elizabeth Bisland, j’aurais aimé resté un peu auprès d’elle. Franchement, pour moi c’est un album à lire (mais je suis un grand fan de Julie Rocheleau), il lui manque cependant un petit quelque chose pour que je le considère comme un indispensable. Ce que je traduis par un 3/5 et coup de cœur.
Le Baron (Masbou)
Aujourd'hui, s'il y a deux auteurs dont je suis l'actualité plus que tous les autres, c'est Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, qui ont produit le plus grand chef-d'oeuvre de la BD contemporaine à mes yeux, avec De Cape et de crocs. Alors en attendant leur prochaine collaboration (on avait entendu parler d'un pastiche humoristique de Macbeth par les deux auteurs, espérons que le projet voie le jour dans un avenir pas trop éloigné), ils nous offrent de quoi patienter chacun de leur côté. Tandis qu'Ayroles sortait son chef-d'œuvre Les Indes fourbes, Jean-Luc Masbou n'en faisait pas moins de son côté, avec sa première oeuvre en solo. Et c'est un vrai bijou ! Visuellement, déjà, on renoue avec le style De Cape et de Crocs dans l'intrigue principale, qui met en scène le fameux baron de Münchhausen dans la réalité (puisqu'il s'agit d'un personnage réellement historique). Mais à chaque fois que le baron raconte une histoire, Jean-Luc Masbou s'envole dans un style graphique différent, ce qui donne une excellente dynamique au récit, car on se demande toujours, en plus de savoir ce que va raconter la prochaine histoire, quel style l'auteur aura choisi pour la mettre en scène. Le récit, lui, est très habilement construit sur une excellente mise en abyme, montrant le fameux baron de Münchhausen, habitué à raconter ses histoires fantaisistes, qui voit ces histoires lui revenir comme il ne s'y attendait pas, sous forme de livre. Cela permet bien sûr à Masbou d'introduire une réflexion fine et subtile sur la différence entre une histoire orale et une histoire écrite, et surtout, de rendre un hommage puissant à tous les raconteurs d'histoire de par le monde. L'auteur nous fait entrer dans un monde imaginaire qui, lui-même, nous ouvre la voie à un nombre illimité d'autres mondes. C'est drôle, léger et envoûtant, on veut toujours en savoir plus, au point qu'on ne soucie plus guère de voir avancer l'intrigue (le récit-cadre faisant du sur-place pendant la majorité de la bande dessinée). Seul petit bémol à mes yeux : alors que l'auteur nous dévoile tout le potentiel émotionnel de son récit, il ne s'en sert jamais tout-à-fait. J'aurais aimé que la fin m'émeuve davantage, tant il y avait quelque chose à faire autour de ce personnage recherchant une simplicité que son rang semble lui interdire et s'évadant pour cela dans des histoires fantasmées. En fait, il y a un élément que je trouve malheureusement sacrifié par Masbou alors que, pour ma part, je l'aurais mis au coeur du climax : il s'agit de la relation entre le baron et sa femme. Celle-ci prend un tour inattendu à un moment, mais aurait pu être davantage développée. En montrant le scepticisme et le mépris de la femme du baron pour ses histoires, Masbou aurait pu construire tout son climax autour d'elle et terminer sa BD sur le plus grand succès du baron : acquérir sa femme à la magie qu'il cherche à propager autour de lui, et qu'il aurait enfin réussi à introduire dans son foyer. Mais Masbou a choisi d'emprunter une autre voie, et il le fait tout de même très intelligemment. Simplement, je trouve que le personnage de la femme du baron n'est pas traité aussi bien qu'il aurait pu l'être. Enfin, je ne veux pas terminer cette critique sur cette note (très) légèrement négative, car Le Baron n'a rien d'une déception. C'est une bande dessinée très généreuse, tant envers son lecteur qu'envers tous ceux qui inventent, qui créent, qui écrivent ou qui dessinent des histoires. L'hommage au pouvoir de l'imagination et à tous les hommes qui s'en servent pour faire rêver les autres et rendre le monde meilleur (ou essayer) est touchant, poétique et s'achève sur une dernière page assez laconique et pourtant pleine de sens, même si elle est presque en trop (la lettre qui précède faisant déjà une excellente apothéose pleine d'émotion). En tous cas, Masbou relit de manière très intelligente l'univers fascinant du baron de Münchhausen (avec un joli pied-de-nez au récit sans doute le plus emblématique du baron), et ça m'a clairement donné envie de découvrir plus en détail cet univers !
Contrôle des voyageurs
Un truc immersif. Il faut pousser le concept. - Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre. Il s'agit d'un roman-photo de 176 pages en couleurs, réalisé par Xavier Courteix. Il se termine avec le nom des 18 interprètes ayant joué un rôle dans le récit. Dans un futur très proche, peut-être même le présent, Gilles arrive à son bureau à Paris. Il salue Emmanuel qui est déjà présent derrière son ordinateur. Gilles indique qu'il a rendez-vous avec une guide à l'instant : elle s'appelle Jihye et habite Séoul. Il se connecte sur son ordinateur portable et la salue : elle lui dit bonjour en coréen. Elle ne se trouve pas à Séoul, mais au mont Hallasan sur l'île de Jeju. Elle est chercheuse en géophysique et travaille sur l'inversion des pôles magnétiques. Elle se trouve Jeju pour aller ramasser des pierres de lave refroidie sur les pentes du volcan de l'île. Elle promet de lui faire visiter la prochaine qu'il se connectera. Il quitte son ordinateur et salue Aurore qui est arrivée entretemps. Elle leur indique que leur appli lui fait penser au jeu vidéo Myst, sauf que là il s'agit d'exploration réelle. Elle demande à essayer. Gilles et Emmanuel voient qu'il y a un guide appelé Roland disponible en Allemagne proche de la ville de Nauen, très exactement à la Nauen Transmitter Station, la plus vieille station émettrice, inaugurée en 1906. Comme convenu, Aurore se connecte à l'application le lendemain chez elle et entre en contact avec Roland qui habite dans la station émettrice. Il lui explique qu'il propage des sons à partir des antennes, à travers la ionosphère et autour du globe. Il enregistre les parasites et leurs perturbations au cours de leur transmission avant qu'ils ne reviennent sur mon récepteur radio. Aurore lui indique qu'elle aimerait bien revenir pour visiter la station le jour où il se livrera à cet exercice. Le lendemain Aurore retourne voir Gilles et Emmanuel et leur dit qu'elle a trouvé l'expérience géniale et qu'elle pense que l'appli présente un énorme potentiel commercial. Par contre, il faut trouver comment transformer cette expérience en histoire pour pouvoir accrocher les clients. Quelques jours plus tard, Gilles se reconnecte avec Jihye. Elle se trouve en vêtement de pluie en train de marcher sur une pente du mont Hallasan. Chemin faisant, en lui montrant les images avec son téléphone, elle explique qu'elle est liée à ce lieu par son histoire personnelle. Elle avait assisté à une reconstitution du soulèvement de Jeju en 1948. Elle lui parle aussi des souvenirs de sa mère qui était présente sur les lieux lors du soulèvement, avec sa propre mère, et qui était encore une petite fille à l'époque. Elle continue de marcher, s'enfonçant dans la forêt qui couvre la pente. À la fin de la balade, Gilles indique qu'il l'a beaucoup appréciée, Jihye lui répond que c'est réciproque. Ils conviennent que la prochaine fois, elle lui fera visiter Séoul. Quelques jours plus tard, Aurore, Gilles et Emmanuel ont une réunion de travail pour faire évoluer l'application dans le but de la commercialiser. Aurore indique qu'elle a trouvé le concept permettant d'en faire un produit vendeur : le tamagotchi. L'application s'appellera DOBLE. L'éditeur FLBLB publie régulièrement des romans-photos, format narratif peu usité en dehors des histoires de romance publiées par Nous Deux. Le précédent publié par FLBLB était Le syndicat des algues brunes (2018) d'Amélie Laval, récit d'anticipation prenant et dépaysant. Même s'il ne s'agit pas du même auteur, le lecteur ayant goûté au dépaysement provoqué par le format est prêt à tenter l'aventure une deuxième fois. Dès le départ, il constate que l'auteur a imaginé une histoire intrigante et intéressante : une appli qui permet de voyager à l'aide d'un guide qui fait le touriste, sans que le client n'ait à se déplacer. Xavier Courteix ne se contente pas d'évoquer des concepts avec des images de gugusses en train de parler. Il raconte son histoire en image, montrant les différentes étapes pour passer de l'état d'idée à une application fonctionnelle : la recherche d'une technologie greffée au guide DOBLE, la recherche d'une nourriture adaptée à la mission de guide, la recherche d'habitat à mettre à disposition du guide DOBLE, la recherche d'une tenue adaptée, et même l'opération de greffe sur Azwaw, premier guide DOBLE (pages 54 à 57). S'il arrive avec l'a priori que le roman-photo part avec le handicap d'une réalisation fauchée, le lecteur est très agréablement surpris. Il bénéficie lui aussi du tourisme proposé par l'application : visite de la station émettrice de Nauen (5 pages), balade sur la pente du mont Hallasan (8 pages), promenade dans plusieurs quartiers de Séoul (6 pages), petit tour le long d'un canal avec Azwaw (6 pages), etc. Au fur et à mesure de la progression du récit, le lecteur est même épaté par la diversité et la richesse des décors : les lieux visités par les DOBLES, mais aussi le bureau de Gilles, une salle d'opération dans un hôpital, une salle d'enregistrement d'une émission radiophonique, un bureau de ministre, une ville déserte la nuit. Il s'immerge avec facilité dans chacun de ces lieux, aux côtés des personnages qui interagissent avec les décors, avec les éléments des environnements. La narration visuelle ne s'apparente ni à une bande dessinée en photographies, ni à des arrêts sur image d'un film. Les pages sont construites sur la base d'un découpage en cases (en nombre variable, avec quelques photographies en pleine page ou en double page). Celles-ci se suivent dans l'ordre chronologique, soit sur la base du déroulement d'une scène, soit en alternant la vision d'un personnage dans un lieu, et celle d'un autre à un autre endroit. Les acteurs jouent dans un registre naturaliste, sans exagération, tout en prenant bien soin d'avoir des visages expressifs quand la scène le nécessite. Chaque scène est construite sur un plan de prise de vue spécifique, avec une lisibilité et une compréhension irréprochable. L'auteur utilise des cellules de texte (lettres blanches sur fond de couleur, avec une couleur différente pour chaque personnage), sans la pointe directrice des phylactères de bande dessinée. L'ensemble de ces techniques est admirablement bien intégré dans un tout cohérent en termes narratifs. Le ressenti de ce roman-photo est effectivement différent de celui d'un film (il n'y a pas le mouvement et le lecteur maîtrise sa vitesse de progression) et d'une bande dessinée. La nature même de la photographie induit une forte densité d'informations visuelles, par comparaison avec la bande dessinée où l'artiste choisit ce qu'il représente, ce qu'il détoure, ce qu'il met en couleurs. L'auteur a fait le choix de ne pas utiliser d'effets spéciaux, de retouches infographiques, ou alors de manière très limitée, ce qui conserve un aspect de réel sans comparaison possible avec la bande dessinée. À la lecture, l'effet est très différent de celui de la BD : le cerveau du lecteur oscille entre 2 modes de fonctionnement. Soit il détaille chaque photographie car il s'agit d'une fenêtre vers un endroit qu'il ne connaît pas avec des individus qu'il découvre, soit il passe rapidement n'y prêtant pas plus d'attention qu'aux milliers d'images qu'il peut voir chaque jour. Dans les 2 cas, les photographies induisent une sensation de réel sans commune mesure avec une bande dessinée. Le récit acquiert une plausibilité incroyable puisque le lecteur voit bien que c'est ce qui se passe en image sous ses yeux. Un peu déstabilisé par cette sensation de réel, le lecteur voit l'intrigue progresser tranquillement, sans idée préconçue de la direction qu'elle va prendre. Le titre semble indiquer une forme de contrôle par l'autorité qui assure le voyage, de type contrôleur dans les transports en commun, orientant l'esprit du lecteur dans cette direction. En fait, ce contrôle des voyageurs s'entend différemment dans cette histoire. De la même manière qu'il peut être surpris par la richesse des décors, le lecteur peut être surpris par l'ampleur que prend cette application DOBLE, par son succès et les transformations sociétales qu'elle provoque. Il s'attache plus ou moins aux personnages principaux : Gilles, Emmanuel, Aurore, Jihye. Il les côtoie comme il peut côtoyer des collègues de travail, apprenant quelques bribes d'information sur eux, devinant partiellement leur motivation. Cette distance relative avec eux ajoute encore à la sensation de réel. Le lecteur est le témoin privilégié du développement de DOBLE (l'entreprise), mais il n'est pas dans la tête de ses concepteurs. Xavier Courteix raconte un vrai récit d'anticipation. Il utilise avec astuce et à propos des éléments du quotidien (comme les modules de canalisation en béton de grande taille, les gens qui parlent à haute voix dans la rue) en les détournant de leur raison première. Il imagine une technologie n'existant pas tout à fait aujourd'hui, mais pas impossible dans quelques années. Il mène à bien son intrigue, tout en imaginant les ramifications d'une telle technologie. Il y a des questions éthiques (avec la mise en place d'un très caustique Indice de bonheur), des questions économiques (l'emploi créé par l'engouement pour devenir guide DOBLE), la force du lien intime qui unit client (Visiteur) et guide (DOBLE) assimilable à un contrat entre 2 individus, la généralisation de l'application qui échappe à ses créateurs, les réactions de la société civile en voyant émerger une nouvelle application omniprésente et en situation de monopole, etc. À chacune de ces occasions, le récit renvoie une image déformée d'une facette du monde réel, occasionnant une prise de conscience du lecteur, constituant une réflexion le sujet, amenant le lecteur à se rendre compte de son avis sur le sujet et à s'interroger sur ce qui peut lui apparaître comme des évidences. Même s'il s'agit d'une forme fortement connotée, le roman-photo a déjà prouvé par le passé sa capacité à être une forme narrative spécifique pouvant rivaliser avec les autres sur le plan de la complexité et de l'ambition, par exemple avec Droit de regards (1985) de Marie-Françoise Plissart & Benoît Peeters. Il dispose d'un historique attestant déjà de son potentiel, évoqué dans La petite Bédéthèque des Savoirs - tome 26 - Le Roman-photo. Un genre entre hier et demain. (2018) de Jan Baetans & Clémentine Mélois. Avec Contrôle des voyageurs, Xavier Courteix fait preuve d'une maîtrise impressionnante de cette forme narrative, racontant une histoire originale et surprenante, divertissante sur le plan visuel, porteuse d'un regard enrichissant sur plusieurs questions sociétales.
Perpendiculaire au soleil
Voilà un album qui mérite amplement les louanges récoltées depuis sa sortie. En effet, c’est une réussite sur le fond autant que sur la forme. En tout cas j’ai été convaincu et conquis par ces deux aspects. Les dessins (différentes styles), gravures, se marient très bien avec les textes (essentiellement des échanges épistolaires). La lecture est très fluide et agréable, aérée et dense à la fois. Mais c’est un pavé qui se dévore rapidement, tant le sujet est prenant et bien traité. L’auteure est devenue correspondante d’un détenu du « couloir de la mort » d’une prison de Floride, Renaldo. Elle est devenue son amie aussi, et a réalisé avec lui cet album (même si la participation Renaldo n’a pu être directement créditée du fait de considérations juridiques). Nous voyons comment leur relation – très forte – se noue, mais aussi comment fonctionne le système pénitentiaire américain, et comment sont traités les détenus condamnés à mort. Le passage qui montre la censure sélective et raciste des documents que l’on peut faire parvenir aux détenus (en particulier tout ce qui de près ou de loin pourrait mettre en valeur les Noirs ou dénoncer leur discrimination) est instructif. Il y a dans cet album beaucoup d’humanité, et jamais l’auteure ne tombe dans un angélisme, ou une vision manichéenne des choses. Mais cela participe clairement d’un réquisitoire contre la peine de mort – quelques soient les faits reprochés au détenu. Un bel ouvrage, dans tous les sens du terme.
Traversées - La Route de l'aventure
J’ai rencontré Lucas Vallerie dans le bar associatif de mon bled. C’est ma voisine qu’il m’a informé qu’un auteur BD talentueux venait dédicacer son dernier album. Sur le coup, pas trop emballé, les romans graphiques ce ne sont pas trop ma tasse de thé. Mais bon, quand un auteur BD vient dans mon village je me dois d’aller à sa rencontre et mon Dieu qu’est-ce que j’ai bien fait ! J’ai pris une énormissime claque les amis ! Tout d’abord Lucas est très abordable et fort sympathique. Il prend du temps pour expliquer sa démarche. Son album raconte les histoires poignantes de migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure. Lucas a embarqué à bord du navire de sauvetage Geo Barents de Médecins Sans Frontières, a passé 28 jours à documenter les expériences des migrants et des sauveteurs. Son récit est à la fois touchant et réaliste, mettant en lumière les défis et les espoirs de ceux qui entreprennent ce périlleux voyage. Lucas a capturé l’humanité et la résilience des différents personnages, tout en rendant hommage au travail des sauveteurs. C’est magnifique et extrêmement poignant. Les dessins sont puissants et évocateurs, différenciant habilement les histoires des migrants et les jours passés sur le bateau. Juste bravo pour cette dextérité graphique. Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture prenante ô combien d’actualité, qui met en exergue la solidarité humaine. Je recommande vivement.
Madeleine, résistante
J'ai enfin lu les trois tomes de cette série. Du coup, je complète mon avis, le fais remonter et lui colle le coup de cœur qui va bien : Encore une BD sur la deuxième guerre mondiale et sur la Résistance ! Pffff ! Sujet inépuisable s'il en est, largement surexploité au risque parfois de paraître rébarbatif. Mais il faut avouer que ce premier volume m'a conquis. Son dessin monochrome très élégant (et très très magnifique, purée !) lui confère une ambiance surannée extrêmement prégnante. Tout est rendu très vivant, par la grâce de ces visages expressifs et d'un découpage alerte. Le texte, délivré sur le ton de l'entretien direct, contribue aussi grandement à l'intemporalité du récit. Madeleine s'adresse directement à nous en usant du tutoiement. En filigrane est donc dressé le portrait d'une femme au caractère trempé, libérée de pas mal de pressions normatives, et dont la fraîcheur d'esprit semble échapper aux affres de l'âge. La lecture est par conséquent très fluide. On navigue entre les souvenirs de Madeleine qui, dès son plus jeune âge, se trouve confrontée tragiquement aux conséquences de la guerre, celle de 14-18. Au final, au-delà du récit historique, cette BD dresse un portrait tissé de ces souvenirs qui enrichissent toute une vie, et maintiennent les choses bien vivaces. Il y a dans ce premier tome quelque chose de plus que dans beaucoup de récits de ce genre. En ne limitant pas la mémoire au cadre strict de la Résistance et des affaires de la guerre, les auteurs lui donnent une portée universelle, et cette histoire dans l'Histoire conserve en outre toute son actualité. J'attends la suite de pied ferme ! Dans les tomes 2 et 3, on réalise que le lecteur pénètre profondément et intimement dans la Résistance. On y est complètement immergé, essentiellement parce qu'on apprend les codes, les pratiques, les combines, mais également parce qu'on est proche des personnages. Cette proximité atteint bien entendu son paroxysme avec Madeleine Riffaud elle-même dont les auteurs dressent un édifiant portrait. On mesure tout le courage qu'a nécessité un tel engagement, et Madeleine en avait à revendre. Le dessin est décidément excellent. Une série splendide sur un thème pourtant rebattu.
La Loi des Probabilités
On a souvent des projets, des envies, mais on repousse… - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2023. Il a été écrit par Pascal Rabaté, dessiné et mis en couleurs par François Ravard. Il comprend quatre-vingt-quatre pages de bande dessinée. Ces deux créateurs avaient précédemment réalisé ensemble Didier, la 5e roue du tracteur (2018) Monsieur Martin Henry, un quadragénaire, peut-être quinquagénaire, attend paisiblement dans la salle d’attente du docteur Guarot, en lisant une revue, pendant qu’une femme pianote sur son portable et qu’un enfant dessine sur une table basse. Il relève un instant la tête, marquant une pause dans sa lecture, et sourit discrètement en voyant un oiseau sur une branche, à côté de son nid, de l’autre côté de la fenêtre. Le médecin ouvre la porte de son cabinet et appelle le prochain à passer : Monsieur Martin Henry. Ce dernier se lève en indiquant qu’il est en avance, ce que le médecin réfute. Le médecin s’assoit à son bureau et consulte la fiche de son patient sur l’écran de son ordinateur. Il se met une main devant le nez en fermant les yeux. Puis il annonce directement les nouvelles, sans en atténuer la brutalité : les résultats des examens sont arrivés et monsieur Henry en a pour trois mois au plus. Le patient ne comprend pas : trois mois de quoi ? Le docteur précise : trois mois à vivre, et il est large. Henry reprend : c’était un examen de routine, juste un contrôle. Le médecin rentre dans les détails : Le cœur est totalement usé, l’aorte est foutue et une greffe est impossible. Il raccompagne le patient à la porte, et le laisse aux bons soins de la secrétaire. Celle-ci indique que ça fera soixante-dix euros par chèque, ils ne prennent pas la carte bleue car la machine a rendu l’âme. Les machines sont programmées pour claquer dans les pattes des humains. On parle d’évolution, mais est-ce vraiment un progrès ? Monsieur Henry règle son dû, et sort calmement, les mains dans les poches de son blouson. Il croise un monsieur qui arrive en courant, essoufflé. Ce dernier s’excuse auprès de la secrétaire : il est en retard, mais en même temps on n’a pas idée d’installer un cabinet de cardiologie au quatrième sans ascenseur. Il donne son nom : Henri Martin. La secrétaire relève la proximité avec le nom du client précédent. Ce dernier prend un instant sur le palier pour retrouver son calme, et il descend. Dans le cabinet, monsieur Martin s’excuse : il était prématuré de trois semaines, et c’est la seule fois où il n’est pas arrivé en retard. Il demande s’il doit se mettre torse nu. Le docteur consulte sa fiche sur l’écran de son ordinateur. Il prend conscience de sa bévue et se lève soudainement. Il ouvre la porte et interpelle sa secrétaire en lui demandant si le patient d’avant est parti : il lui demande de l’appeler sur son portable et de se dépêcher. Elle s’exécute, mais elle tombe sur sa messagerie. Le médecin décide de lui courir après pour le rattraper. La secrétaire s’enquiert du patient dans le cabinet : il répond de le faire patienter, de toute façon il est condamné. Une histoire simple et linéaire se résumant en très peu de mots : une erreur de diagnostic incite un homme un peu empâté et débonnaire à faire le voyage au Québec avec son épouse, maintes fois remis à plus tard, pour aller voir les baleines. Ils croisent à plusieurs reprises un autre touriste français, importun mais pas méchant, et ils doivent composer avec une série de désagréments d’une banalité affligeante, sans importance. La narration visuelle participe de cette bonhomie tranquille : factuelle et dépourvue d’agressivité ou de sensationnel, avec une forme de légère simplification qui rend les dessins immédiatement lisibles, mais sans sacrifier aux détails. Le parti pris pour la mise en couleurs renforce encore l’impression d’ordinaire, presque sans relief, avec des teintes de bleu délavées, charrette, fumée, gris de lin, pervenche, pastel. Voilà une narration visuelle pleine d’humilité, se mettant comme en retrait, pour ne pas se faire remarquer, humble et effacée. Un récit réalisé par deux artisans qui ne payent pas de mine, qui ne font pas de vague, mais qui ne s’excusent pas non plus. Il reste au plus trois mois à vivre à Martin Henry, et celui-ci ne semble pas plus affecté que ça par cette annonce. Il ne s’emporte pas, il prend l’information avec calme. Le lecteur le regarde attentivement dans son fauteuil avec son écharpe de laine, purement utilitaire, dépourvue de tout signe remarquable. Le personnage se laisse tenter par un moment de déni, juste le temps de trois cases, avec deux gestes de la main, très mesurés, sans hausser la voix. Et c’est tout : pas de colère, pas de marchandage, pas de dépression, tout au plus un ou deux moments d’abattement. C’est comme s’il passait immédiatement à l’acceptation. Le lecteur observe juste ce moment de pause sur le palier après avoir refermé la porte du cabinet du médecin. Ah si, il arbore un air maussade le temps de trois cases en pages quatorze et quinze. En fonction de sa relation avec la maladie d’une manière générale, avec le cancer éventuellement, le lecteur peut éprouver des difficultés à retenir une réaction irrépressible face à cette injustice de la vie, face au manque total d’empathie du docteur absolument dépourvu de tact et de prévenance, la froideur toute professionnelle de la secrétaire qui demande le paiement, sans une pensée pour l’éventuelle souffrance de ce patient. Il pourrait avoir envie de secouer Martin, quasi léthargique, ou exiger le minimum humain de compassion chez ces professionnels du soin. Il se rassérène un tantinet en voyant la sollicitude d’un collègue de travail qui l’invite à venir voir le match au bar du coin après le boulot, mais qui ne peut pas deviner la terrible nouvelle qui a frappé Martin. Dans le même temps, le récit exhale une saveur bien à lui, rendant impossible toute risque d’insipidité. La gentillesse du regard de Martin Henry le rend immédiatement sympathique et agréable. L’absence de colère le rend facile à vivre : il ne s’en prend pas au médecin, encore moins à la secrétaire. Il prend sur lui et épargne cette charge à son épouse. Le lecteur envie la profonde tendresse qui existe entre elle et lui : une affection née de nombreuses années d’intimité, sans éclat, sans l’intensité de la passion, mais avec la solidité confortable et inestimable de nombreuses années vécues ensemble à s’épauler l’un l’autre, sans compétition ou confrontation, dans la compréhension et le réconfort mutuel. Les gestes affectueux prévenants attestent de cette connivence apaisée et constructive. Une fois acclimaté au caractère placide Martin Henry, le lecteur sait détecter ses réactions, il lit mieux les expressions de son visage. De petits changements qui pouvaient sembler presque insignifiants deviennent très parlants quant à son état d’esprit : un sourire en regardant l’affiche derrière son poste de travail (la queue d’une baleine sortant de l’eau, avec le mot Québec en dessous), le haussement du sourcil gauche en serrant la main de Séraphin Lanterne (un importun d’une rare ingénuité), les commissures des lèvres un tout petit peu affaissées (signe d’une contrariété qui le touche), le regard dans le vague (signe de son esprit qui vagabonde certainement en pensant à sa fin), etc. Il peut aussi s’agir d’une posture corporelle comme les bras croisés, en signe de protection ou de refus de réellement s’impliquer dans une conversation. Etc. S’il est d’un calme remarquable en toute circonstance, Martin Henry n’est pas mort intérieurement sur le plan émotionnel. Il paraît globalement imperturbable malgré l’annonce de sa mort très proche, pour autant il y réagit en agissant. Il ne se lamente pas, ni ne nie l’évidence : il se décide à faire ce qu’il a toujours repoussé en pensant qu’il en aurait le temps plus tard. Là encore, la narration visuelle semble sans relief, et pourtant quand il prend un instant de recul, le lecteur se rend compte qu’elle l’emmène dans des endroits divers et variés : un cabinet de docteur, des cubicules de bureau sur un plateau ouvert, dans un avion à côté d’un ronfleur impénitent, devant le tapis pour attendre des bagages qui ne viennent pas, sur des trottoirs verglacés, dans un voyage en car, sur une terrasse improbable jouxtant un cours de golf, dans l’embouchure du Saint Laurent, en forêt avec même le passage de deux orignaux. Le scénariste contribue également à la couleur locale avec des termes et des expressions canadiens : papillon (circulaire), par le saint calice, votre blonde (votre épouse), se prendre une brosse (se prendre une cuite), niaiser (tergiverser, languir). Ils font usage de deux références culturelles : La ballade des gens heureux (1975), de Gérard Lenormand (1975-), et plus inattendu un hommage à un personnage de Georges Rémi. À l’aéroport, Martin Henry, accompagné par son épouse, se fait percuter par Séraphin Lanterne, au point qu’ils tombent tous les deux par terre le second sur le premier. L’hommage est transparent : Séraphin Lampion (créé en 1956), appelé Monsieur Lanterne par Bianca Castafiore, dans les aventures de Tintin. Le lecteur perçoit un second clin d’œil alors les époux Henry regardent un Derby Demolition, évoquant la dernière épreuve du rallye automobile organisé par Lampion, président du Volant Club, dont la dernière épreuve se tient au château de Moulinsart (mis à part le cochon qui vole). Par comparaison, le lecteur en vient à considérer Martin Henry comme un homme sage, mesuré, capable de prendre le recul nécessaire en toute situation, toujours animé par une pulsion de vie qu’il a appris à canaliser. La dernière scène dans l’hôpital apporte un éclairage différent sur Séraphin Lanterne, amenant le lecteur à reconsidérer son comportement, peut-être une forme de sagesse au regard des aléas de sa vie. Une bande dessinée faite pour être vite lue, sans prétention, avec des auteurs d’une grande humilité. Mais aussi un personnage principal qui reste longtemps à l’esprit, son apparente apathie apparaissant comme être de surface, de nombreux éléments visuels et comportementaux, amenant à y voir une forme de sagesse paisible remarquable, une acceptation des difficultés de la vie, et une capacité remarquable à s’y adapter. Un modèle.