J'ai juste adoré. Le dessin est d'une expressivité folle. Album après album, ce dessinateur s'impose comme un maitre de la bd muette. Lupano apporte à cette histoire picaresque une vrai dimension narrative qui évite à l'album d'être une simple succession de sketchs et de saynettes. Je donnerai à l'aise le Fauve d'or à cet album tant il synthétise ce que doit être une bande dessinée. Mais ce n'est pas moi qui décide...
J’ai voulu attendre la parution du dernier tome de la série pour l’aviser. Il faut dire qu’il clôt une bien belle aventure, mais aussi qu’il répond aux questions que je me suis posées régulièrement après chaque album depuis le début du « Cycle » (il y a de cela bien longtemps maintenant !) : que va-t-il arriver à Cyann ? Combien d’années vais-je attendre le prochain tome ? Et chez quel éditeur paraîtra l’album suivant ?
Bon autant le dire tout de suite, je suis un grand admirateur de l’œuvre de Bourgeon, qui prend le temps de produire des chefs d’œuvre, et dont j’ai retrouvé toutes les qualités chez « Cyann ». Ne connaissant pas trop l’œuvre de Lacroix, je ne sais ce qu’il a pu apporter au travail en commun au niveau du scénario.
Mais je le dis aussi d’entrée, j’ai été à la fois bluffé, scotché et enthousiasmé dès le départ par cette série. Il faut dire que le premier album est absolument génial, s’imposant – du haut de ses 115 pages – comme un chef d’œuvre absolu ! Ce sont d’ailleurs les deux imposants premiers tomes, parus chez Casterman à l’époque, qui sont des pépites.
Les deux suivants, publiés par Vent d’Ouest, reviennent à une pagination plus traditionnelle (près de 70 pages chacun quand même !). J’estime qu’Aïeïa d’Aldaal, est vraiment très bon, et se hisse quasiment au niveau des extraordinaires épisodes précédents, mais j’ai été un peu déçu par « Les couleurs de Marcade ».
Le cinquième tome, paru chez 12bis, est lui aussi un ton en dessous du début en fanfare – même si sa lecture n’est pas désagréable. Mais moins de détails dans les planches, un dessin semblant moins fouillé, et une intrigue un peu moins dynamique.
Le dernier tome, paru récemment chez Delcourt (qui vient de récupérer toutes les séries de Bourgeon) est meilleur que les deux précédents, et clôt très bien cette saga incroyable : on a des réponses convaincantes aux interrogations levées par les voyages – temporels et intersidéraux – de Cyann (dont la personnalité a beaucoup évolué depuis le premier tome). Et on retrouve des décors franchement superbes !
Comme souvent dans ses séries, Bourgeon met en avant des héroïnes à la fois très belles et délurées (voir Isa dans Les Passagers du vent), affichant plus ou moins une bisexualité et une liberté, une recherche du plaisir assumées envers et contre tous. Avec Cyann, il faut dire qu’on est servi, et que ses formes et ses désirs (et ceux qu’elle inspire) insufflent une forte dose d’érotisme qui n’est pas pour me déplaire. Et Cyann est probablement l’une des plus belles héroïnes (dans tous les sens du terme !) de la Bande Dessinée.
Et comme toujours aussi, Bourgeon fait un énorme travail de préparation, pour rendre cohérent et crédible son travail. C’est visible dans chaque album (et le tome introductif place d’entrée la barre très haut !), mais c’est confirmé avec l’album hors cycle qui a suivi les deux premiers chez Casterman, « La clé des confins », véritable encyclopédie de l’univers du cycle, dans laquelle les auteurs ont glissé un peu d’humour… Et ce – relativement – petit album est à lire absolument ! On y voit développées et expliquées la faune, la flore, l’histoire de cet univers artificiel mais qu’on est dès lors prêt à « comprendre.
Au final, près de vingt ans après avoir découvert Cyann, je ne peux que remercier les auteurs et les féliciter pour ce superbe résultat. Malgré certaines légères baisses de niveau au cœur du cycle, qui m’ont fait hésiter à mettre les cinq étoiles, je le fais quand même pour la série dans sa globalité, qui est vraiment un immanquable du genre, et qui a produit certains des plus beaux albums de Science-Fiction. Le plaisir jamais démenti à chaque relecture me confirme dans ce choix !
Grandiose! Et encore pour moi le mot est faible. Riff Reb's fait encore une fois très fort avec cette adaptation de huit nouvelles sur le monde maritime.
Excusez du peu il s'attaque pas moins qu'à : Joseph Conrad, "Un sourire", William Hope Hodgson, "Les chevaux marins" et "Le dernier voyage du Shamraken", Pierre Mac Orlan, "La chiourme" et "Le grand sud", Edgar Allan Poe, "Une descente dans le maelström", Marcel Schwob, "Les trois gabelous" et Robert Louis Stevenson, "Le naufrage".
Afin de nous permettre de respirer, entre chacune de ces nouvelles est inséré un extrait d'un grand texte de la littérature. Cela va de Homère à Jules Verne en passant par Eugène Sue, Jack London ou Victor Hugo, je vous laisse découvrir les autres. Ces extraits, accompagnés par une illustration, ponctuent le récit des nouvelles. En lien avec la mer, les marins, ils renforcent le propos ou amènent un éclairage autre sur l'histoire qui va débuter. Le procédé est original et je trouve fort bienvenu.
Venons en aux huit nouvelles mises en images par Riff Reb's; je l'ai dit plus haut c'est grandiose! En quelques pages il arrive par son dessin à nous mettre exactement là où il faut et dans l'état qu'il faut. Bien sûr l'on pourra dire que certaines adaptations sont meilleures que d'autres. Personnellement je dirais qu'il ne faut pas faire de choix, chacune d'entre elles est capable de nous dire quelque chose et puis n'oublions pas la chose primordiale. Il s'agit là de l'adaptation de nouvelles écrites par ce que l'on pourrait appeler des pointures de la littérature, Conrad, Stevenson, Mac Orlan et dans le genre fantastique Poe et Hodgson. Certes il ne suffit pas d'avoir de grands auteurs, encore faut-il que l'illustrateur soit à la hauteur. A ce titre je rappellerais simplement le travail effectué sur Le Loup des Mers et A bord de l'Etoile Matutine.
Le dessin propose, par les couleurs employées des ambiances extrêmement variées. Le rouge des bonnets dans "La chiourme" qui déjà laisse présager de la fin, sur "Les chevaux marins" ce ton sombre, verdâtre qui nous plonge au fond de l'eau, etc..
Ces histoire ne sont pas franchement gaies, elles tirent vers le sombre, le drame et un peu de fantastique avec Poe. Elles dégagent beaucoup de mélancolie mais en même temps un immense amour de ce monde maritime magnifié par un dessin solaire dans la dernière adaptation, "Le dernier voyage du Shamraken" où l'équipage aussi vieux que le navire ne peut quitter un monde qui l'a vu naître et vivre.
Achat indispensable, à noter quelques mots de l'auteur en fin d'ouvrage, excellent pour conclure la lecture de ce très bel objet.
Voici la série qui a transformé mon attirance pour la BD en véritable passion! (Il faut préciser que je suis néophyte dans le genre, ce qui m'évitera les foudres des puristes considérant que de nombreuses séries antérieures auraient mérité cette remarque).
Après chaque lecture, j'ai toujours l'impression d'avoir visionné un très bon film à l'image du "Parrain" ou de "Il était une fois en Amérique".
La lecture des six tomes est particulièrement fluide grâce à un scénario et à une narration maîtrisés. Les cadrages, extrêmement précis et adaptés au contexte, nous plongent dans l'intrigue en créant un suspense constant (c'est d'ailleurs, à mon avis, ce qui caractérise l'oeuvre de Fabien Nury).
Bref, vous l'aurez compris, je suis un fan de cette série dont je recommande vivement la lecture et l'achat à l'occasion de la sortie prochaine de l'intégrale.
Là encore, comme dans Mes problèmes avec les femmes (Mes Femmes), c'est du grand Crumb pur jus, délirant à souhait, qui se la joue névrosé, crasseux, trash par endroits et surtout complètement obsédé par une certaine image de la femme. Il aime les tripoter partout, les triturer, leur entortiller les guibolles, plonger sa main dans certains orifices, et baver de frénésie sexuelle comme l'attardé bigleux qu'il se plaît à décrire. C'est sûr que peu d'auteurs de BD se rabaissent ainsi en se montrant sous un visage presque honteux, avec des fantasmes vraiment zarbi. Ce mec ferait presque peur par moments.
Mais tout ceci est vu bien évidemment à travers un humour furieusement drôle ; étrangement, ces récits ne sont pas vulgaires ou exagérément salaces comme on le dit souvent à propos de Crumb, il y a juste un peu de grivoiserie par-ci par-là, sans plus... et les dialogues sont souvent aussi drôles que les images qu'il faut consommer cru comme ses sujets.
Ces récits sont de différentes époques et sont plus inégaux en qualité que dans d'autres recueils de Crumb ; seuls quelques monologues ou dialogues bavards entre 2 personnages qui restent statiques, pourront ennuyer, mais ces récits permettent surtout de voir l'évolution graphique d'un auteur dont le trait quel qu'il soit, est immédiatement reconnaissable. C'est peuplé d'éléments devenus familiers aux amateurs de Crumb dont je suis depuis Fritz the Cat : ses grosses nanas aux popotins d'éléphant, aux cuisses de footballeurs, aux énormes godasses et aux nichons pointus. Et puis surtout, il y a Crumb lui-même qui se dessine avec ce physique ingrat en télescopant aussi son image, faisant preuve d'une autodérision jubilatoire.
Plus ça avance dans le temps, plus son dessin est constitué d'un noir et blanc gras, au trait à l'encre épaisse, c'est la période que je préfère, le dessin étant aussi plus élaboré qu'à ses débuts, il accentue la drôlerie des personnages.
Une oeuvre iconoclaste qui peut paraître difficile à décrypter pour qui découvre l'univers de Crumb, mais indispensable pour tout fan.
Une BD dense et longue qui propose une descente en enfer, ni plus ni -surtout- moins. C'est la vision la plus crédible que j'ai pu voir de ce que pourrait être l'Enfer s'il existait et était habité par des monstruosités à base d'humains qui ne peuvent plus mourir : un lieu en constante évolution, pour le pire, où l'inventivité pour les tourments ne connaît pas de limite, où l'on vit juste assez pour faire souffrir et souffrir encore plus, où toute forme d'espoir est systématiquement sanctionnée. C'est une plongée vertigineuse et épique ; la trame en son coeur fait la part belle à la guerre sans héroïsme, où trahison est la règle, le gain de pouvoir le but de toutes ces âmes damnées. Baroque, puissant, haineux, sublime.
Le lire et le relire pour mieux observer tous les détails. La simplicité du dessin, pas si simple si l´on regarde de près, nous donne toute l'ampleur et la qualité du trait.
L'histoire est très agréable à suivre et on se laisse glisser dans la peau des personnages.
Je recommande toute la série.
A l'origine quand j'ai découvert le tome 1 en 2006, mon impression a été de plonger dans un autre monde. Depuis cette impression ne s'est pas démentie.
Loisel et Tripp, dans un procédé créatif original et juste parfait, nous ont permis l'évasion en s'attachant à la vie somme toute assez ordinaire d'un village de la belle province dans les années 20.
Tout au long de la série nous suivons la vie de quelques habitants emblématiques de ce village. Il y a des acteurs principaux mais la force du récit c'est aussi l'importance qui est donnée aux personnages secondaires. Au fil des différents tomes de cette saga on en vient à vouloir de leurs nouvelles et ils sont présents apportant chacun à leur manière une pierre à l'édifice.
Depuis que je l'ai en ma possession cela fait deux ou trois fois que je relis cette histoire par petits bouts. Elle possède un rythme tranquille à mille lieux de notre monde qui en fait une lecture très plaisante.
Certains regrettent qu'elle s'éternise trop, sans aller jusque là c'est vrai que toute les bonnes choses ont une fin, aussi j'attends un dernier opus aussi magistral que le reste pour finir en beauté.
De la bonne et grande BD.
Majoration après lecture du tome 9 (Fin de la série)
Et bien voilà, huit années plus tard nous sommes rendus au terme de cette saga villageoise imaginée par Loisel et Tripp. Au bout du compte nous avons là un ensemble fort avec de nombreux personnages que nous avons aimé suivre. Leurs joies, leurs peines, leurs espoirs, les soucis de la vie quotidienne, leurs aspirations dans un pays et à une époque où les choses changeaient pour le pire ou le meilleur.
Cette série c'est aussi une ode aux différences, à l'émancipation d'une femme. La qualité première est que les auteurs ne nous assènent pas cela de manière brutale mais plutôt très subtilement, par petites touches.
L'ensemble est pour moi d'une cohérence parfaite, sans esbroufe mais rudement efficace. Je sais que je relirai cette série avec grand plaisir; alors oui certains tomes sont sans doute meilleurs que d'autres mais tous ensemble ils réussissent à créer un univers pour lequel les qualificatifs ne manquent pas.
Pour toutes ces raisons, ma note s'élève donc.
5 sur 5 pour cette magnifique bande dessinée, pourquoi ?
Je ne sais pas trop pourquoi, mais dès que j'ai lu Nuit blanche j'en suis tombé amoureux !
Amoureux de Sacha, de sa personne, de son intelligence, de son romantisme et de sa lutte pour une cause perdue. (Bon j’avoue, j’avoue, Nadia aussi j'en suis amoureux ...^^)
Depuis maintenant quelques années je suis cette bd et à chaque relecture (ce qui m'arrive souvent), je prends tout autant de plaisir ! Voire de plus en plus !
Le seul petit bémol que j'aurais à dire vis à vis de cette série c'est le peu de tomes, un plus grand nombre aurait permis de mieux connaître la vie, l'histoire de Sacha, et ainsi par conséquent plus sur la Russie des années 20 (dont maintenant, à cause de cette pentalogie, je suis passionné !)
Pour finir je ne suis peut être pas un super spécialiste en bandes dessinées mais ces dessins- assez réalistes et originaux - m'ont rapidement plu.
Pour conclure cette bd sera et restera à mes yeux un véritable coup de cœur! Et je ne suis pas prêt de mettre Sacha aux oubliettes !
Note : cet avis porte sur l'intégralité de l'oeuvre (déjà disponible en VO)
Je suis bluffé par la créativité affichée par ce comic très atypique (le scénariste puise beaucoup dans les mangas et la bd européenne), au moins une nouvelle idée de SF par page !
Je confirme le coté hermétique des débuts (qui apparemment a rebuté pas mal de lecteurs trop impatients), il faut arriver à la moitié de l’œuvre pour enfin appréhender tous les enjeux (un signe de l'incroyable richesse du background). Au moins c'est un comic qui ne prend pas ses lecteurs pour des méduses...
Cet oeuvre n'est pas parfaite (notamment au niveau narration) mais je lui mets quand même 5 étoiles pour ses idées novatrices (rares en SF de nos jours).
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Un océan d'amour
J'ai juste adoré. Le dessin est d'une expressivité folle. Album après album, ce dessinateur s'impose comme un maitre de la bd muette. Lupano apporte à cette histoire picaresque une vrai dimension narrative qui évite à l'album d'être une simple succession de sketchs et de saynettes. Je donnerai à l'aise le Fauve d'or à cet album tant il synthétise ce que doit être une bande dessinée. Mais ce n'est pas moi qui décide...
Le Cycle de Cyann
J’ai voulu attendre la parution du dernier tome de la série pour l’aviser. Il faut dire qu’il clôt une bien belle aventure, mais aussi qu’il répond aux questions que je me suis posées régulièrement après chaque album depuis le début du « Cycle » (il y a de cela bien longtemps maintenant !) : que va-t-il arriver à Cyann ? Combien d’années vais-je attendre le prochain tome ? Et chez quel éditeur paraîtra l’album suivant ? Bon autant le dire tout de suite, je suis un grand admirateur de l’œuvre de Bourgeon, qui prend le temps de produire des chefs d’œuvre, et dont j’ai retrouvé toutes les qualités chez « Cyann ». Ne connaissant pas trop l’œuvre de Lacroix, je ne sais ce qu’il a pu apporter au travail en commun au niveau du scénario. Mais je le dis aussi d’entrée, j’ai été à la fois bluffé, scotché et enthousiasmé dès le départ par cette série. Il faut dire que le premier album est absolument génial, s’imposant – du haut de ses 115 pages – comme un chef d’œuvre absolu ! Ce sont d’ailleurs les deux imposants premiers tomes, parus chez Casterman à l’époque, qui sont des pépites. Les deux suivants, publiés par Vent d’Ouest, reviennent à une pagination plus traditionnelle (près de 70 pages chacun quand même !). J’estime qu’Aïeïa d’Aldaal, est vraiment très bon, et se hisse quasiment au niveau des extraordinaires épisodes précédents, mais j’ai été un peu déçu par « Les couleurs de Marcade ». Le cinquième tome, paru chez 12bis, est lui aussi un ton en dessous du début en fanfare – même si sa lecture n’est pas désagréable. Mais moins de détails dans les planches, un dessin semblant moins fouillé, et une intrigue un peu moins dynamique. Le dernier tome, paru récemment chez Delcourt (qui vient de récupérer toutes les séries de Bourgeon) est meilleur que les deux précédents, et clôt très bien cette saga incroyable : on a des réponses convaincantes aux interrogations levées par les voyages – temporels et intersidéraux – de Cyann (dont la personnalité a beaucoup évolué depuis le premier tome). Et on retrouve des décors franchement superbes ! Comme souvent dans ses séries, Bourgeon met en avant des héroïnes à la fois très belles et délurées (voir Isa dans Les Passagers du vent), affichant plus ou moins une bisexualité et une liberté, une recherche du plaisir assumées envers et contre tous. Avec Cyann, il faut dire qu’on est servi, et que ses formes et ses désirs (et ceux qu’elle inspire) insufflent une forte dose d’érotisme qui n’est pas pour me déplaire. Et Cyann est probablement l’une des plus belles héroïnes (dans tous les sens du terme !) de la Bande Dessinée. Et comme toujours aussi, Bourgeon fait un énorme travail de préparation, pour rendre cohérent et crédible son travail. C’est visible dans chaque album (et le tome introductif place d’entrée la barre très haut !), mais c’est confirmé avec l’album hors cycle qui a suivi les deux premiers chez Casterman, « La clé des confins », véritable encyclopédie de l’univers du cycle, dans laquelle les auteurs ont glissé un peu d’humour… Et ce – relativement – petit album est à lire absolument ! On y voit développées et expliquées la faune, la flore, l’histoire de cet univers artificiel mais qu’on est dès lors prêt à « comprendre. Au final, près de vingt ans après avoir découvert Cyann, je ne peux que remercier les auteurs et les féliciter pour ce superbe résultat. Malgré certaines légères baisses de niveau au cœur du cycle, qui m’ont fait hésiter à mettre les cinq étoiles, je le fais quand même pour la série dans sa globalité, qui est vraiment un immanquable du genre, et qui a produit certains des plus beaux albums de Science-Fiction. Le plaisir jamais démenti à chaque relecture me confirme dans ce choix !
Hommes à la mer
Grandiose! Et encore pour moi le mot est faible. Riff Reb's fait encore une fois très fort avec cette adaptation de huit nouvelles sur le monde maritime. Excusez du peu il s'attaque pas moins qu'à : Joseph Conrad, "Un sourire", William Hope Hodgson, "Les chevaux marins" et "Le dernier voyage du Shamraken", Pierre Mac Orlan, "La chiourme" et "Le grand sud", Edgar Allan Poe, "Une descente dans le maelström", Marcel Schwob, "Les trois gabelous" et Robert Louis Stevenson, "Le naufrage". Afin de nous permettre de respirer, entre chacune de ces nouvelles est inséré un extrait d'un grand texte de la littérature. Cela va de Homère à Jules Verne en passant par Eugène Sue, Jack London ou Victor Hugo, je vous laisse découvrir les autres. Ces extraits, accompagnés par une illustration, ponctuent le récit des nouvelles. En lien avec la mer, les marins, ils renforcent le propos ou amènent un éclairage autre sur l'histoire qui va débuter. Le procédé est original et je trouve fort bienvenu. Venons en aux huit nouvelles mises en images par Riff Reb's; je l'ai dit plus haut c'est grandiose! En quelques pages il arrive par son dessin à nous mettre exactement là où il faut et dans l'état qu'il faut. Bien sûr l'on pourra dire que certaines adaptations sont meilleures que d'autres. Personnellement je dirais qu'il ne faut pas faire de choix, chacune d'entre elles est capable de nous dire quelque chose et puis n'oublions pas la chose primordiale. Il s'agit là de l'adaptation de nouvelles écrites par ce que l'on pourrait appeler des pointures de la littérature, Conrad, Stevenson, Mac Orlan et dans le genre fantastique Poe et Hodgson. Certes il ne suffit pas d'avoir de grands auteurs, encore faut-il que l'illustrateur soit à la hauteur. A ce titre je rappellerais simplement le travail effectué sur Le Loup des Mers et A bord de l'Etoile Matutine. Le dessin propose, par les couleurs employées des ambiances extrêmement variées. Le rouge des bonnets dans "La chiourme" qui déjà laisse présager de la fin, sur "Les chevaux marins" ce ton sombre, verdâtre qui nous plonge au fond de l'eau, etc.. Ces histoire ne sont pas franchement gaies, elles tirent vers le sombre, le drame et un peu de fantastique avec Poe. Elles dégagent beaucoup de mélancolie mais en même temps un immense amour de ce monde maritime magnifié par un dessin solaire dans la dernière adaptation, "Le dernier voyage du Shamraken" où l'équipage aussi vieux que le navire ne peut quitter un monde qui l'a vu naître et vivre. Achat indispensable, à noter quelques mots de l'auteur en fin d'ouvrage, excellent pour conclure la lecture de ce très bel objet.
Il était une fois en France
Voici la série qui a transformé mon attirance pour la BD en véritable passion! (Il faut préciser que je suis néophyte dans le genre, ce qui m'évitera les foudres des puristes considérant que de nombreuses séries antérieures auraient mérité cette remarque). Après chaque lecture, j'ai toujours l'impression d'avoir visionné un très bon film à l'image du "Parrain" ou de "Il était une fois en Amérique". La lecture des six tomes est particulièrement fluide grâce à un scénario et à une narration maîtrisés. Les cadrages, extrêmement précis et adaptés au contexte, nous plongent dans l'intrigue en créant un suspense constant (c'est d'ailleurs, à mon avis, ce qui caractérise l'oeuvre de Fabien Nury). Bref, vous l'aurez compris, je suis un fan de cette série dont je recommande vivement la lecture et l'achat à l'occasion de la sortie prochaine de l'intégrale.
Les Aventures de R. Crumb
Là encore, comme dans Mes problèmes avec les femmes (Mes Femmes), c'est du grand Crumb pur jus, délirant à souhait, qui se la joue névrosé, crasseux, trash par endroits et surtout complètement obsédé par une certaine image de la femme. Il aime les tripoter partout, les triturer, leur entortiller les guibolles, plonger sa main dans certains orifices, et baver de frénésie sexuelle comme l'attardé bigleux qu'il se plaît à décrire. C'est sûr que peu d'auteurs de BD se rabaissent ainsi en se montrant sous un visage presque honteux, avec des fantasmes vraiment zarbi. Ce mec ferait presque peur par moments. Mais tout ceci est vu bien évidemment à travers un humour furieusement drôle ; étrangement, ces récits ne sont pas vulgaires ou exagérément salaces comme on le dit souvent à propos de Crumb, il y a juste un peu de grivoiserie par-ci par-là, sans plus... et les dialogues sont souvent aussi drôles que les images qu'il faut consommer cru comme ses sujets. Ces récits sont de différentes époques et sont plus inégaux en qualité que dans d'autres recueils de Crumb ; seuls quelques monologues ou dialogues bavards entre 2 personnages qui restent statiques, pourront ennuyer, mais ces récits permettent surtout de voir l'évolution graphique d'un auteur dont le trait quel qu'il soit, est immédiatement reconnaissable. C'est peuplé d'éléments devenus familiers aux amateurs de Crumb dont je suis depuis Fritz the Cat : ses grosses nanas aux popotins d'éléphant, aux cuisses de footballeurs, aux énormes godasses et aux nichons pointus. Et puis surtout, il y a Crumb lui-même qui se dessine avec ce physique ingrat en télescopant aussi son image, faisant preuve d'une autodérision jubilatoire. Plus ça avance dans le temps, plus son dessin est constitué d'un noir et blanc gras, au trait à l'encre épaisse, c'est la période que je préfère, le dessin étant aussi plus élaboré qu'à ses débuts, il accentue la drôlerie des personnages. Une oeuvre iconoclaste qui peut paraître difficile à décrypter pour qui découvre l'univers de Crumb, mais indispensable pour tout fan.
Conte démoniaque
Une BD dense et longue qui propose une descente en enfer, ni plus ni -surtout- moins. C'est la vision la plus crédible que j'ai pu voir de ce que pourrait être l'Enfer s'il existait et était habité par des monstruosités à base d'humains qui ne peuvent plus mourir : un lieu en constante évolution, pour le pire, où l'inventivité pour les tourments ne connaît pas de limite, où l'on vit juste assez pour faire souffrir et souffrir encore plus, où toute forme d'espoir est systématiquement sanctionnée. C'est une plongée vertigineuse et épique ; la trame en son coeur fait la part belle à la guerre sans héroïsme, où trahison est la règle, le gain de pouvoir le but de toutes ces âmes damnées. Baroque, puissant, haineux, sublime.
Aldébaran
Le lire et le relire pour mieux observer tous les détails. La simplicité du dessin, pas si simple si l´on regarde de près, nous donne toute l'ampleur et la qualité du trait. L'histoire est très agréable à suivre et on se laisse glisser dans la peau des personnages. Je recommande toute la série.
Magasin général
A l'origine quand j'ai découvert le tome 1 en 2006, mon impression a été de plonger dans un autre monde. Depuis cette impression ne s'est pas démentie. Loisel et Tripp, dans un procédé créatif original et juste parfait, nous ont permis l'évasion en s'attachant à la vie somme toute assez ordinaire d'un village de la belle province dans les années 20. Tout au long de la série nous suivons la vie de quelques habitants emblématiques de ce village. Il y a des acteurs principaux mais la force du récit c'est aussi l'importance qui est donnée aux personnages secondaires. Au fil des différents tomes de cette saga on en vient à vouloir de leurs nouvelles et ils sont présents apportant chacun à leur manière une pierre à l'édifice. Depuis que je l'ai en ma possession cela fait deux ou trois fois que je relis cette histoire par petits bouts. Elle possède un rythme tranquille à mille lieux de notre monde qui en fait une lecture très plaisante. Certains regrettent qu'elle s'éternise trop, sans aller jusque là c'est vrai que toute les bonnes choses ont une fin, aussi j'attends un dernier opus aussi magistral que le reste pour finir en beauté. De la bonne et grande BD. Majoration après lecture du tome 9 (Fin de la série) Et bien voilà, huit années plus tard nous sommes rendus au terme de cette saga villageoise imaginée par Loisel et Tripp. Au bout du compte nous avons là un ensemble fort avec de nombreux personnages que nous avons aimé suivre. Leurs joies, leurs peines, leurs espoirs, les soucis de la vie quotidienne, leurs aspirations dans un pays et à une époque où les choses changeaient pour le pire ou le meilleur. Cette série c'est aussi une ode aux différences, à l'émancipation d'une femme. La qualité première est que les auteurs ne nous assènent pas cela de manière brutale mais plutôt très subtilement, par petites touches. L'ensemble est pour moi d'une cohérence parfaite, sans esbroufe mais rudement efficace. Je sais que je relirai cette série avec grand plaisir; alors oui certains tomes sont sans doute meilleurs que d'autres mais tous ensemble ils réussissent à créer un univers pour lequel les qualificatifs ne manquent pas. Pour toutes ces raisons, ma note s'élève donc.
Nuit blanche
5 sur 5 pour cette magnifique bande dessinée, pourquoi ? Je ne sais pas trop pourquoi, mais dès que j'ai lu Nuit blanche j'en suis tombé amoureux ! Amoureux de Sacha, de sa personne, de son intelligence, de son romantisme et de sa lutte pour une cause perdue. (Bon j’avoue, j’avoue, Nadia aussi j'en suis amoureux ...^^) Depuis maintenant quelques années je suis cette bd et à chaque relecture (ce qui m'arrive souvent), je prends tout autant de plaisir ! Voire de plus en plus ! Le seul petit bémol que j'aurais à dire vis à vis de cette série c'est le peu de tomes, un plus grand nombre aurait permis de mieux connaître la vie, l'histoire de Sacha, et ainsi par conséquent plus sur la Russie des années 20 (dont maintenant, à cause de cette pentalogie, je suis passionné !) Pour finir je ne suis peut être pas un super spécialiste en bandes dessinées mais ces dessins- assez réalistes et originaux - m'ont rapidement plu. Pour conclure cette bd sera et restera à mes yeux un véritable coup de cœur! Et je ne suis pas prêt de mettre Sacha aux oubliettes !
John Prophet
Note : cet avis porte sur l'intégralité de l'oeuvre (déjà disponible en VO) Je suis bluffé par la créativité affichée par ce comic très atypique (le scénariste puise beaucoup dans les mangas et la bd européenne), au moins une nouvelle idée de SF par page ! Je confirme le coté hermétique des débuts (qui apparemment a rebuté pas mal de lecteurs trop impatients), il faut arriver à la moitié de l’œuvre pour enfin appréhender tous les enjeux (un signe de l'incroyable richesse du background). Au moins c'est un comic qui ne prend pas ses lecteurs pour des méduses... Cet oeuvre n'est pas parfaite (notamment au niveau narration) mais je lui mets quand même 5 étoiles pour ses idées novatrices (rares en SF de nos jours).