Les derniers avis (7365 avis)

Par FLO
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Druuna
Druuna

A tout ceux qui diront que Druuna a un scénario niais, et que ce n'est que de la bd porno ou érotique, je rappelle que Serpieri l'auteur a une formation en Art. Regardez comment il dessine un corps féminin. Et il a dessiné des chevaux (demandez aux étudiants en art la difficulté de dessiner un cheval et ses muscles). Des courbes féminines exagérées diront certains (seins, fesses) mais le peintre Ingres dans son odalisque n'a t'il pas exagéré le dos de son modèle ? Serpieri est au delà de la BD. Chaque planche est un travail graphique avec une volonté d'art. Mais l'art est obscur pour certains...... (a dit quelqu'un, vieux, sage, et peut être chinois ?,,,).

13/01/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série L'Ère de l'égoïsme
L'Ère de l'égoïsme

L'ère de l'égoïsme où comment le néolibéralisme l'a emporté. Warren Buffet (3ème fortune mondiale) ne disait-il pas que la lutte des classes existe toujours et que c'est sa classe qui l'a emporté. Darryl Cunningham s'est livré à un excellent travail d'analyse qu'il a découpé en trois parties. La première partie nous décrit la vie d'Ayn Rand que je ne connaissais pas et qui pourtant a profondément marqué la pensée de la droite américaine à commencer par son disciple Alan Greenspan. Elle prône l'individualisme sur le collectivisme. En effet, l'altruisme ne serait qu'un outil utilisé par le collectif pour soumettre les individus. A ses yeux, l'égoïsme qui est habituellement considéré comme un vice est en réalité une vertu car cela favorise l'esprit créatif et le talent loin de toute médiocrité. Par ailleurs, les impôts sont du vol. Le marché doit être entièrement libre sans intervention étatique. Elle s'opposa à la guerre du Viet-Nam, mais également à la loi contre l'avortement et était profondément athéiste ce qui tranchait au sein d'une droite dominée par la religion. Bref, elle établira toute une philosophie qui nous sera savamment décortiquée. La conclusion de l'auteur sur l'oeuvre d'Ayn Rand mérite sans doute le détour et je vous en laisserais la surprise. La seconde partie nous décrit la crise de 2008 qui serait la conséquence de la pensée d'Ayn Rand bien qu'il y eut différents facteurs à commencer par l'absence de réglementation voulue par les politiques pour laisser-faire les banques d'affaires. On apprendra que ce fut la cupidité des hommes d'affaire qui allait conduire à la catastrophe sans compter sur la fameuse baisse des taux décidée en 2001 par Alan Greenspan à la tête de la réserve fédérale depuis que Ronald Reagan l'a nommé en 1987. Ce dernier croyait dur comme fer que c'était l'avidité des hommes d'affaire qui protégeait le consommateur au travers de la réputation d'une entreprise. Comme il se trompait ! La dernière partie est un résumé de la situation que nous connaissons aujourd'hui. L'auteur va étudier toute la psychologie des pensées conservatrices contre les progressistes. Dans la préface, il nous prévenait en écrivant : dans les états démocratiques où le droit de vote existe, nous sommes responsables d'avoir donné le pouvoir à ceux qui estiment vertueux de privilégier l'amoncellement de l'argent au lieu de l'égalité pour tous. Il constate l'indignation des masses populaires mais celles-ci se trompent d'ennemis. On raille ainsi les plus défavorisés en ne faisant plus la différence entre le profiteur et celui réellement dans le besoin. les chômeurs et les immigrés sont les premières victimes de la montée de l'extrême droite. Son analyse ne concerne que les Etats-unis et le Royaume-Uni, je tiens à le préciser pour éviter tout amalgame. En gros, Ayn Rand avait tort en privilégiant l'égoïsme. L'impôt serait le prix à payer pour maintenir la civilisation. Oui, il faut payer encore plus d'impôts et faire confiance au gouvernement pour établir des règles de régulation. Libre à chacun de se faire une opinion. En tout cas, l'auteur fait une formidable démonstration tout à fait compréhensible pour le simple esprit que je suis. L'achat de cette oeuvre me paraît indispensable pour comprendre les enjeux économiques actuels. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5

21/06/2015 (MAJ le 11/01/2016) (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série Economix
Economix

Economix est certes une BD sur l’économie mais surtout sur l’histoire de l’économie; ce qui n’est pas pareil. Dernièrement, j’avais pu apprécier L'Ère de l'égoïsme qui reprend les mécanismes de l’économie ayant amené à notre dernière grande crise actuelle, liée aux subprimes. Entre les deux, j’ai quand même une petite préférence pour « L’Ère de l’égoïsme » qui me semble plus novateur dans l’approche même si les objectifs et les résultats sont les mêmes. Alors certes, Economix est affublé de tous les qualificatifs d’usage : phénoménal ou hors normes. L’avantage est d’expliquer en des termes clairs les mécanismes complexes de l’économie en quelque chose d’amusant et d’accessible au plus grand nombre. Bon, cela ne sera pas tout à fait exact car il va falloir s’accrocher. Par ailleurs, je ne peux pas dire que je suis un néophyte de par mon activité professionnelle et ayant étudié l’économie politique. De plus, la lecture ne se révélera pas être une partie de plaisir : c’est comme si vous aviez le Bescherelle en BD avec des images amusantes. En effet, la démarche de l’auteur est plus que louable car l’économie est au cœur de toute chose. Cela fait dire à certains que si cet ouvrage avait été lu par des banquiers avisés, ils n’auraient pas osé vendre autant de crédit à risque. On aura compris qu’il est nécessaire de mieux comprendre l’économie. Du coup, certains commentaires dans l’actualité peuvent devenir limpides comme les enjeux de la loi Macron. L’économie est une science en perpétuel mouvement. Certains penseurs sont loués puis rejetés et on passe à d’autres : des mercantilistes aux néo-classiques. Je connaissais Adam Smith et son fameux « laisser faire, laisser aller » qui me paraissait le grand théoricien du libéralisme économique loué par la droite et ses patrons. L’auteur me donne une vision différente de l’homme avec tout un pan qu’on a passé sous silence. L’homme est franchement réhabilité à mes yeux après lecture et je vous laisserai découvrir le pourquoi. On retrouvera également l’un de mes économistes préférés, à savoir Keynes, qui préconisait de favoriser la demande par la hausse des salaires. Cet homme est mon ami. Il a compris qu’il fallait donner aux masses populaires qui pouvaient ensuite dépenser leurs revenus et faire tourner la machine économique. Cependant, il semblerait que cette politique ne soit plus d’actualité car la machine s’est grippée. Même nos socialistes favorisent actuellement l’économie de l’offre afin de permettre aux producteurs d’être moins étranglés. L’auteur va nous expliquer également la pensée de Marx et les ravages du communisme sous Staline. Cependant, il restera juste en indiquant les succès de ceux-ci (premier homme dans l’espace, de la nourriture pour tout le monde…). Il ne magnifiera pas le capitalisme américain, bien au contraire. Il dira clairement le soutien à des dictatures sanglantes d’extrême-droite pour contrer le communisme dans certains pays. Certains présidents américains seront magnifiés (Ted puis Franklin Roosevelt) et d’autres horrifiés (Hoover, Reagan). Il y a quelque chose qui a véritablement retenu mon attention. A un moment donné de l’histoire économique du XXème siècle, les politiques des gouvernements ont taxé les super-riches et favorisé l’émergence de la classe moyenne. Il y avait un rapport plutôt acceptable dans l’écart des richesses. De nos jours, cet écart s’est considérablement creusé, ce qui n’amène à rien de bon pour le futur : révoltes ou guerres en perspective. La planète ne peut appartenir à 1?s plus riches même en n'étant point jaloux de leur formidable réussite à coup d’héritages ou de maximisation fiscale. Sic. La question pourrait être la suivante : faut-il laisser agir à leur guise les spéculateurs qui jouent avec le feu ? Ce livre est une mine d’informations ainsi qu’un remarquable exercice de pédagogie. Il faudra une bonne semaine pour en venir à bout et essayer de comprendre sans régurgiter. L’histoire de l’économie est tout de même assez passionnante et cela permet de comprendre comment le monde fonctionne. Bref, un ouvrage indispensable qui incite à la prudence. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5

17/07/2015 (MAJ le 11/01/2016) (modifier)
Par Jérem
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Eloi
Eloi

De retour d'une expédition en Nouvelle Calédonie, un navire français ramène avec lui un « autochtone » en métropole. Dans le microcosme du bateau, c'est toute la société française de l'époque qui est représentée et qui réagit à la présence du Kanak. Que ce soit le scientifique, le militaire, le négrier, le prêtre ou le simple matelot, chacun reporte sur le pauvre Eloi son mépris, sa peur ou son fantasme sans jamais réussir à sortir des préjugés de son époque pour voir l'homme derrière l'image qu'il représente pour chacun d'eux. L'album, extrêmement ambitieux, est une grande réussite. Visuelle d'abord. Pendant 220 pages, le haut niveau d’exigence graphique ne baisse jamais. Le dessin est magnifique et on sent que les auteurs se sont beaucoup documentés pour rendre le cadre le plus réaliste possible. Réussite dans le récit également. Un soin énorme est apporté aux personnages. Les auteurs ont habilement évité l'écueil de la caricature et ils ont su leur donner beaucoup de profondeur et de réalisme. Les dialogues et les situations sont fins et intelligents, la narration est impeccable et il est impossible de décrocher de l'histoire. Histoire dont le lecteur ne peut ressortir indemne devant ce drame de la colonisation. Eloi est tout simplement l'un des tous meilleurs albums que j'ai lu depuis longtemps. Allez, j'ose la note maximale ! Et un très, très grand bravo aux auteurs !

08/01/2016 (modifier)
Couverture de la série L'Ombre de l'échafaud
L'Ombre de l'échafaud

Cette (trop brève) série est un véritable joyau ! Une intrigue rigoureuse, ancrée dans la France (mais surtout le Paris) de la Belle Epoque, nous embarque dans une enquête policière au cours de laquelle fantastique, ésotérisme et quotidien sordide se mêlent avec efficacité en un récit d’une parfaite cohérence. Savant fou, créatures démoniaques, prêtre de choc, génies du mal, apache, marchands de canons, zombies, artiste peintre sulfureux, égoutiers, sorcière, policier débonnaire et barbouze prétentieux… une multitude de personnages bien cernés qui existent, s’agitent et s’entrecroisent avec bonheur pour nous emmener du rire au frisson tout en ménageant le suspense. Le dessin précis, délicat et minutieux de Cerqueira, à la frontière entre réalisme et comique, sert admirablement le récit dans ses diverses facettes. Hélas, rien n’est jamais acquis en ce bas monde… Et la série, qui avançait au rythme d’un album tous les trois ans, n’a plus connu de suite depuis 2007. Les deux auteurs nous auraient-ils plantés ? C’est à craindre… A moins que tous les orphelins de « L’ombre de l’échafaud » ne se manifestent en masse ! Mais sont-ils si nombreux ?

23/12/2015 (modifier)
Couverture de la série Blast
Blast

Bon, j'ai mis 5/5, je sais ça doit être rare. Cet avis n'engage que moi, mais j'ai rarement été autant frappé et marqué par une bande dessinée, si ce n'est pas des grands incontournables, et encore. Vous avez ici, un raisonnement profond sur la marginalisation, la folie, le normal. Une portée philosophique profonde entachée d'un personnage principal à la psychologie malade ! Je me suis permis de faire une chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=wzM-9qOZ9X4&feature=gp-n-y&google_comment_id=z12vvnfhslfazvgrq04cjrnykzmls1mp3lg0k A lire d'urgence, mais en prenant son temps quand même ^^. Sans doute à lire 2 fois d'ailleurs. Je précise que la lecture des 4 tomes est importante, lire 3 tomes sur 4 n'a aucun intérêt !

21/12/2015 (modifier)
Couverture de la série Le Maître d'armes
Le Maître d'armes

On frise la perfection… Bien sûr, dans son scénario, Xavier Dorison joue une partition bien connue : la confrontation entre l'ancien et le moderne, le choc entre ceux qui agissent pour l'honneur et ceux que rien ne motive que leur intérêt, une course poursuite haletante autour d'une Bible en langue vulgaire… Ces ficelles scénaristiques ont si souvent servi qu'elles pourraient être définitivement émoussées. Mais Dorison est un maître ; à l’instar de son héros, il garde le sens de l'aventure. Alors pourquoi changer une recette gagnante alors qu'il suffit de faire un petit pas de côté pour en raviver le piquant ? Il réussit donc le tour de force de réactiver une trame classique dans une histoire impeccablement rythmée, qui suit un fil implacable de la première à la dernière planche de cet excellent one-shot. Les personnages, tout en conservant le rôle stéréotypé que leur assigne l'auteur, offrent tous une complexité et une profondeur inattendues ; même les second rôles ont une densité qui les rend humains (ou inhumains, c'est selon). Les rebondissements sont certes attendus, mais rien ne se déroule exactement comme prévu et chaque séquence parvient malgré tout à étonner le lecteur ravi. Quant au manuscrit de la Bible traduite en français, il s'avère être bien plus qu'un MacGuffin… L'autre coup de génie est d'avoir situé le récit à une époque qui n'a été que rarement traitée en bandes dessinées. Le début du XVIe siècle est pourtant fascinant : la Renaissance, l'esprit humaniste, la Réforme, les prémices des guerres de religion offrent un cadre passionnant. Autre originalité : alors que la peinture de cette époque privilégie d'habitude les milieux urbains, l'action du Maître d'Armes se déroule dans les montagnes reculées du Sud Jura, entre des falaises enneigées et des forêts inquiétantes. Aux pinceaux, Joël Parnotte apporte à l'album ce qu'il faut de réalisme, avec un sens très maîtrisé des ambiances, du mouvement dans les combats et des cadrages. J'ai aimé ses premières œuvres, Hong Kong Triad, Les Aquanautes et Un Pas vers les Etoiles, puis je l'ai perdu de vue durant quelques années, puisque je suis passé à côté de la série Le Sang des Porphyre. Et là, je redécouvre un auteur qui a beaucoup gagné en assurance, dont le talent explose. À mon sens, Le Maître d'Armes est un des meilleurs albums paru cette année, qui fut pourtant un bon millésime. Du très grand art, vraiment.

20/12/2015 (modifier)
Par Ro
Note: 5/5
Couverture de la série De Cape et de Crocs
De Cape et de Crocs

De Cape et de Crocs, une série que je suis tome après tome depuis son tout premier. Ce fut un plaisir à chaque nouvelle parution et ce fut pour moi un très grand plaisir de relire l'intégrale des 10 tomes, puis la suite mettant en scène le passé d'Eusèbe. La force de cette série est quintuple, au minimum. D'une part, elle offre un contexte original mêlant décor de cape et d'épées, aventures maritimes, voyages fantastiques aux multiples influences et personnages animaliers. D'autre part, il y a d'excellents personnages, une vraie galerie dont quasiment tous sans exception sont intéressants et attachants. J'ai une vraie affection pour l'ombrageux et fier Don Lope, mais il ne serait rien sans le rusé et passionné Armand, le mignon et drôle Eusèbe, le plus adulte et humain Kader, l'impétueuse Doña Hermine, l'inénarrable Captain Boone et son équipage, le redoutable Mendoza et tous les autres personnages principaux ou secondaires, tous aussi finalement ciselés les uns que les autres. Ensuite, la série bénéficie d'un excellent dessin, détaillé et très coloré grâce à une technique que j'imagine être de la gouache parfaitement maîtrisée. Masbou excelle particulièrement à mes yeux dans les paysages maritimes et sous-marins, mais ses décors et sa mise en scène sont toutes formidables. On peut d'ailleurs voir son évolution et son gain de maîtrise, entre des premières planches qui se cherchent encore un peu au niveau des personnages et des couleurs, et dès les deuxième et troisième tomes des planches déjà superbes qui ne feront qu'embellir tome après tome. Il y a également une très belle part laissée à l'humour, un humour qui fait parfaitement mouche, à la lecture comme à la relecture. Car les gags sont bien amenés, fins, parfois burlesques mais hilarants. Elles sont rares les BDs qui me font rire à haute voix quand je les lis. Celle-ci fait partie de ce club très restreint et ma relecture me l'a de nouveau confirmé. Et enfin il y a les dialogues et les références littéraires. Molière, Corneille, Cyrano, les influences et clins d’œil sont innombrables et raviront les amateurs de culture et de littérature française. Et puis il y a ces dialogues rimés, en Alexandrins et ces innombrables jeux sur les mots. C'en est parfois purement impressionnant d'écriture et d'imagination. Les quatre premiers tomes de la série sont sans conteste mes préférés, mon plaisir et ma fascination allant croissant à les parcourir. J'ai un tout petit peu moins accroché à partir de Jean Sans Lune et des tomes suivants, trouvant que l'intrigue globale devenait un peu confuse dans le nouveau tour que prenait l'aventure de nos héros. Et les tomes 8 et 9 m'ont un petit peu embrouillé avec des dialogues que je trouvais parfois un peu trop lourds et des situations moins passionnantes. Puis ensuite, les aventures d'Eusèbe tout seul m'ont moins enthousiasmé car moins exotiques même si toujours fort bien menées et drôles. Malgré cela, ma passion et mon admiration pour la série n'a pas faibli et la conclusion du dixième tome est une fin parfaite et belle pour une histoire qui est sans aucun doute le summum de la BD d'aventure comique.

23/09/2003 (MAJ le 18/12/2015) (modifier)
Par Ro
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Okko
Okko

La série Okko est terminée et je peux désormais la classer au rang de culte. Elle gagne d'autant plus ce droit qu'elle est l'oeuvre d'un unique auteur qui nous offre à la fois des scénarios originaux et très bien menés et un graphisme formidable. Hub a su créer un Japon de fiction, médiéval-fantastique, où samouraïs et bonzes croisent nombre de kamis et autres monstres du folklore japonais. Au cours de chapitres de deux tomes chacun, dont les décors et les intrigues s'inspirent successivement de chacun des quatre éléments naturels puis du passé des héros, on y suit les aventures d'Okko, ronin taciturne et chasseur de démons, et de ses acolytes, une sorte de grand guerrier démoniaque, un moine alcoolique et son jeune disciple. Confrontés à différentes situations originales et complexes, on voit les personnages évoluer et le mystère sur les origines du héros se dévoilent peu à peu. Malgré les trames emplies de fantastique, le ton est réaliste et volontiers sombre par moment. L'auteur n'épargne d'ailleurs pas son héros et n'en fait surtout pas un justicier lumineux et intouchable. Et pourtant il sait faire contraster cette noirceur avec de nombreuses touches de légèreté et d'humour. Le dessin est excellent. Décors et personnages sont soignés, beaux et pleins de personnalité. Les scènes d'action sont superbement représentées. Et certains paysages sont tout simplement envoûtants. Avec Okko, on va voyager de cités flottantes en monastères montagnards, de villages dans le vent en îles japonaises, dans un Japon fantasmé et beau. On découvrira des situations et décors dépaysants et parfaitement ciselés, en compagnie d'une petite bande de personnages fouillés et intéressants. Et quand vient le dernier diptyque et ses révélations sur le passé d'Okko, la série prend une nouvelle profondeur qui ne pousse qu'à vouloir relire l'intégrale, juste pour le plaisir.

03/02/2005 (MAJ le 18/12/2015) (modifier)
Par Erik
Note: 5/5
Couverture de la série Okko
Okko

C'est l'un des rares achats que j'ai effectués impulsivement grâce à un coup d'oeil sur une couverture réellement magnifique. Et puis, lorsqu'on feuillette ces pages de grandes qualités, on ne peut être que sublimé par un dessin grandiose car précis dans le trait accompagné d'une colorisation sans faille. Bref, la forme est parfaitement maîtrisée. C'est un nouveau venu qui fait ses entrées dans le monde de la bd en nous proposant d'emblée une oeuvre de qualité. Sur le fond, on suit le parcours d'Okko, un rônin sans maître qui est à la tête d'un petit groupe de chasseurs de démons sous l'ère Asagiri troublée par des luttes intestines. Le cadre est totalement dépaysant même si cela rappelle étrangement le Japon. D'ailleurs, l'anagramme de Pajan ne laisse planer aucun doute. L'auteur a voulu vraisemblablement s'affranchir d'un cadre historique contraignant pour laisser libre court à son imagination. Les personnages sont intéressants, voire charismatiques à l'exception de ce Okko justement dont on ne saura vraiment pas grand chose. Il y a tout d'abord ce guerrier gigantesque qui se cache derrière un masque soulevant ainsi de nombreuses interrogations sur son passé. Nous faisons également la connaissance de ce moine un peu fantasque qui a la faculté de communiquer avec les forces de la nature. Et puis, un quatrième membre est admis dans ce petit groupe pas très hétéroclite pour notre plus grand bonheur. Nous allons justement suivre la quête initiatique de ce petit garçon. Cette bd possède l'originalité de se composer de divers cycles comme l’eau, le feu, la terre, l'air et le vide. Chacun des éléments compose un diptyque. Les aventures sur deux tomes créent une dynamique assez cohérente. Voyons ce que cela donne dans le détail des cycles : Le cycle de l'eau : On relèvera d'emblée une mention spéciale pour la narration assez fluide et qui nous fait vite pénétrer dans cet univers. La lecture demeure très agréable avec une belle clarté des plans et du cadrage. Fantastique et magie seront au rendez-vous sur fond de parfum asiatique. On fait ainsi la connaissance des personnages dans un univers asiatique médiéval totalement imaginaire. Les deux premiers tomes semblent augurer de belles aventures en perspective. Cependant, la dernière partie du tome 2 semble donner quelques signes de faiblesse au niveau du scénario un peu trop conventionnel. On aurait aimé un final un peu plus marquant. Le cycle de la terre : Le succès de la série va aller en grandissant. Les lecteurs vont néanmoins rester sur leur faim avec une légère déception en ce qui concerne l'intrigue que compensera des planches d'une qualité indéniable. En effet, le scénario va se montrer assez répétitif. La crainte sera celle que l'auteur ne se ressaisisse pas et fasse ainsi sombrer cette série dans une odyssée désincarnée. C'est déjà arrivé avec des séries qui ont démarré en fanfare avec une barre placée très haut. Bref, ce cycle sera celui de l'incertitude. Le cycle de l'air: Le renouveau va fort heureusement arriver avec le 5ème tome qui marque un véritable tournant dans la série avec un rebondissement étonnant. C’est de loin la meilleure histoire avec un suspense et une intensité dramatique dignes de ce nom. Action et suspense seront au rendez-vous. Ce cycle nous réconcilie avec Okko. Le cycle du feu : Le quatrième cycle, à savoir celui du feu, est également très réussi avec un scénario fort original qui dévoile un peu plus l'organisation politique de ce pays imaginaire avec les 4 familles. Je ne m'attendais pas à un scénario aussi bien travaillé où il va falloir jongler entre les jeux politiques des 4 familles. C'est le cycle de la maturité. Je me dis qu'il va être très difficile de faire mieux. J'ai l'impression d'un nouveau départ avec une richesse de l'univers très impressionnante. Le cycle du vide : C’est rare les séries qui se bonifient avec le temps. Okko, c’est de mieux en mieux et on sent que le final sera grandiose. Le scénariste a su conserver des secrets concernant certains personnages ce qui nous procure désormais du plaisir à les découvrir. C’est également le cycle le plus sombre de la série dans une ambiance noire et sanglante. On découvre un héros qui peut se tromper dans ses choix et qui le fait payer cruellement autour de lui. Est-ce que cela casse le mythe ? Au contraire, cela le renforce magistralement en ce qui me concerne. L’auteur est véritablement au sommet de son art en propulsant Okko dans la légende. Il a beaucoup progressé d’un point de vue scénaristique et cela se ressent à la lecture. Nous avons là le meilleur. Pour la petite anecdote personnelle, j'ai eu le plaisir de rencontrer Hub lors d'un festival. Ce dernier m'a dessiné le personnage masqué de Noburo à l'aquarelle sur mon premier tome. Généralement, je ne suis pas fan de demander des dédicaces de ce type. J'ai réalisé une exception. Merci Hub pour ce talent et pour ces bons moments de lecture ! Cette série a eu du succès et c'est amplement mérité. Je pense qu'il s'agit même de l'une des meilleures de la décennie qui s'est écoulée et je pèse mes mots. Note Dessin : 4.75/5 – Note Scénario : 4.25/5 – Note Globale : 4.5/5

14/02/2007 (MAJ le 18/12/2015) (modifier)