Eloi

Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)

Un bateau français se rend en Nouvelle Calédonie en 1937 dans le cadre d'une mission scientifique


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Le Colonialisme Nouvelle-Calédonie Océanie Vieux gréements

Une mission coloniale se rend en Nouvelle Calédonie en 1937. A son bord , un scientifique qui souhaite étudier la population canaque. Il persuade alors le capitaine du bateau de ramener en France un des indigènes prénommé ELOI. Comment la cohabitation avec l'équipage se déroulera t-elle?

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Novembre 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Eloi © Actes Sud/l'An 2 2013
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 4 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

02/03/2014 | montane
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album qui ne paye pas de mine, avec une histoire qui démarre lentement – et d’ailleurs la suite n’est pas forcément plus mouvementée, avec un quasi huis-clos sur un navire reliant l’Océanie à la France. Mais pourtant je ne me suis jamais ennuyé, et mon intérêt a même plutôt été crescendo. En effet, les auteurs prennent le temps de donner du corps et une personnalité aux protagonistes, et les dialogues sonnent juste. Surtout j’ai beaucoup aimé l’évolution du ressenti concernant les personnages. Cela semblait partir sur quelque chose de très manichéen. Parmi les membres de l’expédition scientifique de retour en France, rares sont ceux qui ne vouent pas instantanément mépris et condescendance envers Eloi, un Kanak ramené comme « spécimen » en France (il a été converti et baptisé). En face de ce camp de « gentils », tous les autres, des matelots aux autres scientifiques et aux officiers de marine, qui se moquent d’Eloi, l’humilient, exprimant les certitudes racistes de l’époque (nous sommes dans la première moitié du XIXème siècle). Le capitaine du navire se situant dans un entre-deux assez flou. Mais plus le temps passe et moins la frontière entre ces deux groupes est nette. Et sur la fin, le plus méprisable n’est pas celui qu’on imaginait au début ! Un récit triste (mais en fait on devine la fin, terriblement prévisible), mais qui dans le détail est d’une grande précision, d’un réalisme captivant. Les rapports humains sont mis à nu par la promiscuité, le confinement forcé : le vernis de l’hypocrisie ne résiste pas à cette longue traversée. Le dessin, moderne et simple, mais aussi très précis, est un parfait complément à ce récit, dont je vous recommande la lecture.

26/03/2024 (modifier)
Par Jérem
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

De retour d'une expédition en Nouvelle Calédonie, un navire français ramène avec lui un « autochtone » en métropole. Dans le microcosme du bateau, c'est toute la société française de l'époque qui est représentée et qui réagit à la présence du Kanak. Que ce soit le scientifique, le militaire, le négrier, le prêtre ou le simple matelot, chacun reporte sur le pauvre Eloi son mépris, sa peur ou son fantasme sans jamais réussir à sortir des préjugés de son époque pour voir l'homme derrière l'image qu'il représente pour chacun d'eux. L'album, extrêmement ambitieux, est une grande réussite. Visuelle d'abord. Pendant 220 pages, le haut niveau d’exigence graphique ne baisse jamais. Le dessin est magnifique et on sent que les auteurs se sont beaucoup documentés pour rendre le cadre le plus réaliste possible. Réussite dans le récit également. Un soin énorme est apporté aux personnages. Les auteurs ont habilement évité l'écueil de la caricature et ils ont su leur donner beaucoup de profondeur et de réalisme. Les dialogues et les situations sont fins et intelligents, la narration est impeccable et il est impossible de décrocher de l'histoire. Histoire dont le lecteur ne peut ressortir indemne devant ce drame de la colonisation. Eloi est tout simplement l'un des tous meilleurs albums que j'ai lu depuis longtemps. Allez, j'ose la note maximale ! Et un très, très grand bravo aux auteurs !

08/01/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Eloi est encore un exemple des méfaits de la colonisation française. Cela se passe en 1842 à une époque où les expéditions menaient la marine dans le Pacifique. Il s'agissait de ramener un canaque dans la métropole pour l'étudier scientifiquement. On sait que cette affaire va mal tourner et c'est toute cette triste aventure qui nous est contée. Le thème sera celui de la justification de la colonisation à travers son oeuvre civilisatrice. C'est surtout un huis clos sur le navire qui est bien orchestré quoiqu'un peu longuet par moments. Certaines scènes sont un peu crues mais bon, il fallait bien démontrer le contexte de l'époque. C'est traité avec réalisme et justesse. On est réellement pris par le récit. Encore une fois, les gentils ne sont pas ceux que l'on croit.

02/05/2015 (modifier)
Par montane
Note: 4/5
L'avatar du posteur montane

Une expédition coloniale se rend en Nouvelle Calédonie dans la première partie du 19e siècle. A son bord, un scientifique français qui souhaite à tout prix que l'équipage accueille un nouveau passager. Il est Kanak et ce scientifique souhaite absolument ramener en France cet homme d'un genre nouveau, au nom " des progrès de la science". Le capitaine du vaisseau est des plus réticents et ses hommes d'équipage également. Un religieux qui fait partie de cette expédition coloniale et qui a converti l'indigène au christianisme, se charge de le convaincre. Voilà donc Eloi, car c'est son nom, qui bien malgré lui se retrouve sur ce bateau sur le chemin du retour en France. Cet album ambitieux traite avant tout de la vision coloniale de la France du siècle dernier, celle incarnée notamment par des gens que l'on ne saurait taxer de raciste comme Jules Ferry, pour qui la France devait "apporter la civilisation" à ces peuples situés au delà des mers, dans des contrées que la France venait de conquérir. Comment va se dérouler le voyage ? Comment ce Kanak se fondra t-il dans ce nouvel environnement humain, dans le huis clos d'un navire? Adoptera t-il les us et les coutumes des bons Français ? C'est là tout l'intérêt de ce récit jamais manichéen, témoignage des mentalités existantes au "bon vieux temps des colonies". C'est ce que le lecteur saura à l'issue des 220 pages qui constituent cette histoire, en noir et blanc, joliment illustrée par un petit nouveau, Grouazel, et écrite avec justesse par Locard. Une bande dessinée de qualité, comme souvent chez Actes Sud, destinée aux amateurs d'histoires et à ceux qui affectionnent les aventures maritimes.

02/03/2014 (modifier)