Ah ah ah !
Quelle poilade quand même que cet album ! Période déconne de Larcenet. J’ai vraiment bien rigolé à chaque fois que j’ai lu cette histoire assez débile. Ri sur tous les chapitres, sauf sur les deux derniers (un peu moins intéressants), qui ressemblent à un atterrissage en douceur, après le reste de l’album, vraiment réussi.
Vaguement inspirées de la geste du célèbre héros anglais, ces historiettes (qui se suivent et forment une histoire complète) narrent les aventures d’un Robin des bois devenu vieillard et atteint de la maladie d’Alzheimer, qui traque les riches touristes dans la forêt de Rambouillet, et qui est lui-même traqué par un shérif de Nottingham fan des States.
Entre des dialogues loufoques, des passages absurdes et/ou décalés, Larcenet place quelques anachronismes savoureux, le tout étant vraiment drôle. Son dessin, du Larcenet classique, est simple et très efficace.
C’est un album très recommandable. Larcenet produira ensuite quelques albums « biographiques » assez proches dans l’esprit, aussi décalés (dans sa série Une aventure rocambolesque de...), même si ce sera sur des tons plus hétérogènes, pas toujours uniquement comiques.
Après la lecture des 6 tomes.
J’ai beaucoup apprécié W.E.S.T. Derrière un vague air de La Ligue des gentlemen extraordinaires (un groupe de spécialistes en paranormal agissant au service du gouvernement), Nury et Dorison ont réussi à créer un univers cohérent et indéniablement passionnant.
Si les personnages ne sont pas, comme certains posteurs le soulignent à juste titre, très originaux, ils ne manquent pas d’intérêt. Les auteurs distillent avec habileté progressivement leur passé.
Le choix de la période (début du 20ème siècle américain) est surprenant car c’est un moment assez peu traité en BD, qui privilégie la Guerre de Sécession, la conquête de l’ouest ou la Guerre froide. La période est particulièrement bien rendue ; on sent que les auteurs se sont bien documentés. Il faut dire que les superbes dessins de Rossi, toujours très soignés, détaillés et fidèles à l’époque y sont pour beaucoup.
Le choix de diviser la série en trois diptyques de deux albums, avec une trame principale commune fonctionne très bien. La qualité des différentes intrigues ne baisse jamais et l’ensemble se révèle passionnant du début à la fin. Le fantastique, élément essentiel de la saga, est très bien intégré et ne nuit pas à la cohérence de l’histoire, bien au contraire.
W.E.S.T. est une très bonne série.
A découvrir sans crainte !
Il y a des signes comme ça qui laissent à penser que la bande dessinée est en train d’acquérir un peu plus chaque année ses lettres de noblesse. A moins que ce ne soit la connaissance qui ait décidé de quitter les étagères poussiéreuses des universités pour se faire plus sexy, ne considérant plus déshonorant de s’acoquiner avec ce garnement parfois turbulent qu'est le neuvième art. C’est ainsi qu’en 2016, le Lombard inaugurait cette collection au slogan imparable : « Un spécialiste et un dessinateur s’unissent pour vous faire comprendre le monde en bande dessinée ».
Depuis, la collection a fait des petits et compte désormais seize ouvrages. Présentés dans un mini-format (13.9 x 19.6 cm) et comprenant entre 70 et 100 pages, chaque volume est réalisé par des auteurs différents (un expert de la question associé à un dessinateur). Les sujets couvrent des domaines extrêmement variés, de l’univers (avec en co-auteur Hubert Reeves, excusez du peu) au droit d’auteur, en passant par le heavy metal et les requins… Une ligne éditoriale en apparence disparate mais dont la folle ambition, à l’instar des fameux « Que sais-je ? », est d’aborder de façon ludique et sans restriction tous les thèmes de la connaissance humaine : histoire, pensée, science, culture, technique, nature, société…
On ne peut que se réjouir de l’apparition d’une telle collection et souhaiter bonne chance au Lombard. L’éditeur s’est donné les moyens de trouver son public avec non seulement un format peu encombrant mais également un tirage séduisant. Un beau mariage à célébrer entre la connaissance et la bande dessinée.
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12 - Le minimalisme
Une excellente entrée en matière sur un concept qui n’est pas vraiment nouveau et se retrouvait déjà dans l’art dès la Préhistoire. Si comme moi, vous vous êtes déjà retrouvé désorienté voire agacé devant une sculpture ou une peinture abstraite, ce petit ouvrage pourra vous fournir les codes d’accès pour tenter de comprendre, à défaut d’apprécier, ce que l’artiste a voulu exprimer. Pour les adeptes du minimaliste, « moins, c’est plus », car l’art ne sert pas qu’à faire joli mais aussi à faire réfléchir, en recourant parfois à la provocation. Une approche vulgarisatrice et ludique très appréciable.
17 - Internet
C’est une excellente idée que d’avoir créé deux mascottes dans le cadre d’une collection qui se veut à la fois didactique et distrayante. Pour ce faire, les auteurs se sont basés sur un fait réel qui s’est produit en 2011 en Géorgie, lorsqu’une vieille paysanne d’une région reculée priva tout le pays de l’accès à Internet en creusant un trou pour y chercher du cuivre, tranchant ainsi le seul câble optique qui reliait électroniquement la Géorgie au monde… démontrant toute la fragilité de ce moyen de communication. C’est ainsi qu’une discussion s’ensuit entre le bout de câble qui prend vie et la vieille femme, cette dernière étant là pour jouer le rôle de candide face au câble-boa qui va l’emmener en voyage à travers le cyberespace et son histoire.
Cela donne une narration très vivante, et le coup de crayon rond et vif de Mathieu Burniat, qui avait récemment mis en images Le Mystère du Monde Quantique, fait le reste. Le dessinateur s’en sort d’ailleurs beaucoup mieux ici, mais aussi sans doute en partie parce qu’Internet est un domaine qui recèle moins de nébulosités que la physique quantique pour le commun des mortels. Jean-Noël Lafargue développe le thème de façon assez exhaustive, des aspects techniques aux enjeux économiques, de ses bienfaits à ses dérives… Devenu en l’espace de vingt ans aussi vital que l’eau courante, Internet est finalement assez mal connu de par son histoire et son fonctionnement, et cet ouvrage vient judicieusement combler nos lacunes.
18 - Le conflit israélo-palestinien
Les récents événements viennent encore de le prouver, le conflit dans cette région du monde n’a pas fini d’empoisonner l’atmosphère… Tels deux frères ennemis, ces deux peuples semblent irréconciliables et leur querelles ne datent pas d’hier... Autant le sujet peut s’avérer rébarbatif et complexe, autant il fascine et reste le centre d’attention du monde entier de par ses répercussions délétères, inversement proportionnelles à la superficie géographique sur laquelle se déroulent les événements. De manière générale, la politique israélienne choque ceux que révoltent l’injustice et la violence, d’autant plus surprenantes de la part d’un peuple ayant subi lui-même la barbarie nazie.
L’ouvrage, par la voix de l’historien Vladimir Grigorieff, tente d’expliquer le conflit en remontant d’abord aux origines, nous livrant les clés factuelles nécessaires à une compréhension globale et raisonnée. D’une certaine façon, il fait appel à la capacité d’empathie de chacun en tentant lui-même de rester le plus objectif possible, se gardant bien de prendre parti pour l’un ou l’autre camp, tout en soulignant l’importance de parvenir à une cohabitation durable et respectueuse. Car, faut-il le préciser, Vladimir Grigorieff est aussi un pacifiste convaincu. Par son dessin minimaliste, Abdel de Bruxelles apporte un peu de légèreté dans la lourdeur de cette discorde, s’inspirant parfois de photos d’actualités et d’archives. Un outil synthétique et très utile pour appréhender un conflit millénaire aux ramifications multiples, dans un état d’esprit optimiste, si tant est que cela soit possible…
19 - Les zombies
A l’heure où les zombies n’ont jamais été autant à la mode, il était pertinent d’explorer ce phénomène culturel devenu un genre à part entière, en se penchant sur l’origine de ces terrifiantes créatures qui fascinent autant qu’elles hantent nos nuits. Car oui, et on le sait moins, les zombies n’existent pas seulement dans les œuvres de fiction, mais bel et bien dans la réalité contemporaine. S’étant attelés à la tâche, les auteurs nous rappellent qu’en Haïti à l’heure actuelle, sous couvert de traditions et rites vaudous, des êtres humains sont enterrés vivants après avoir été empoisonnés (sans « e »), pour servir ensuite d’esclaves à des sorciers, des esclaves dépourvus d’identité une fois déterrés…
C’est passionnant et instructif, même si de telles pratiques, dussent-elles perdurer au nom de la tradition ou de croyances d’un autre âge, font froid dans le dos. Pour ce qui est des morts-vivants en tant que source d’inspiration dans la pop-culture, Philippe Charlier ne fait qu’effleurer le sujet, ce qui peut dérouter le lecteur qui s’attendait à un digest des œuvres du genre à travers le cinéma, la littérature, la BD… De même, l’aspect sociologique n’est abordé que sur trois pages en fin d’ouvrage. Cela peut sembler dommage, mais clairement, l’auteur a visiblement souhaité se concentrer sur la « genèse ». Peut-être faudra-t-il éditer une seconde partie sur le sujet. Par ailleurs, l’ouvrage est mis en images par Richard Guérineau, l’occasion d’admirer une fois encore le joli coup de crayon du dessinateur du « Chant des Stryges », tout comme son talent de coloriste. Précisons enfin, à l’attention des passionnés d’étymologie, que le terme « zombi » s’écrivait sans « e » à la fin avant d’être popularisé par Hollywood.
20 - Les abeilles
Einstein disait que la mort des abeilles entraînerait la disparition de l’Homme sur Terre. Soixante après sa mort, les abeilles sont menacées d’extinction, en grande partie du fait de l’activité humaine, notamment l’agriculture intensive et les pesticides. Fort heureusement, les opinions publiques commencent à faire pression pour revenir à des modes de production respectant mieux la nature.
Le livre n’oublie pas d’évoquer le sujet, parmi toutes les menaces qui pèsent sur nos amies productrices de miel et pollinisatrices, ce qui en fait un élément fondamental de la biodiversité…Conçu en deux parties, cet ouvrage, rédigé par Yves Le Conte, spécialiste éminent des abeilles et également apiculteur, détaille en premier lieu les caractéristiques de ces précieux insectes, leur mode d’organisation et leur habitat. Le tout, illustré par un vieux routier de la BD, ancien de Pilote ( !) et de Fluide Glacial, j’ai nommé Jean Solé. On retrouve son style mi-réaliste mi-caricatural associant abondance de détails les plus saugrenus et humour potache - preuve en est que la BD aide à conserver son âme d’enfant. Cependant, il n’est pas certain que cela soit ce qu’il y a de plus adapté à ce type de production. En effet, si la mise en page est extrêmement fantaisiste, le dessin reste très chargé et tend à parasiter le propos, donnant à l’ensemble un côté désordonné, de même que l’humour un peu daté semble parfois puiser son inspiration dans l’almanach Vermot
L'avis d'Agecanonix m'a vraiment convaincu d'acheter cette BD et de m'y plonger allègrement une seconde fois, et je lui en suis vraiment reconnaissant. Parce que c'est le genre de BD que j'apprécie presque plus à deuxième lecture.
Lorsque j'avais fini ma première lecture, je l'avais trouvé pas mal du tout mais un peu moins bien que Charly 9, qui m'avait vraiment enthousiasmé, mais à la relecture, c'est plutôt l'inverse.
Parce que dans cette BD, Guérineau aura réussi le pari de faire aussi bien que son prédécesseur encensé par la critique, mais même mieux sur bien des points. Déjà, il arrive à réaliser l'exploit de couvrir cette période mouvementée de l'histoire en conservant tout les protagonistes principaux et sans que l'on ne s'y perde. De même il réussit l'exploit de rendre compréhensible le beau bordel qu'était le royaume de France à cette époque (quoiqu'il n'ait pas trop développé l'aspect politique extérieur, qui joua un grand rôle dans les troubles du royaume, mais on ne peut pas tout mettre). Privilégiant la lecture fluide sur une précision historique chirurgicale, il en ressort une BD très plaisante, drôle et instructive. Certes, elle ne remplacera jamais un bon cours d'histoire ou un livre documenté sur le sujet, mais on ne vient pas à cette BD pour un cours d'histoire !
Et pourtant, l'auteur fait très fort en nous assénant quelques principes que tout historien se doit de retenir (notamment essayer de trier dans les rumeurs ou encore comprendre les raisons de chaque gestes plutôt que d'y glisser ce qu'on a envie d'y voir). Sans faire de leçon moral, par petites phrases bien sentis, on sent passer l'idée. Et ça, c'est fort !
La BD a encore le bon gout de proposer de l'humour (beaucoup d'humour), des parodies bien trouvées et qui ajoutent au cadre globalement humoristique, mais aussi des pages plus menaçantes (n'oublions pas que ce fut un règne de guerre régulière). Le dessin est excellent, tout autant dans les phases habituelles que dans les parodies qu'on reconnait très vite. La colorisation ajoute beaucoup à l'agréable de la lecture.
Bref, une sorte de leçon d'histoire simplifiée mais donnant envie de se plonger un peu plus dans cette période foisonnante de guerre et de religion. C'est instructif, drôle et donnant envie de se pencher encore plus sur le sujet. Un must-have en la matière !
Coup de maîtres!!
Voila une première BD qui va sans doute faire date dans le petit monde du policier/thriller.
Dans une petite ville d'Italie tout le monde ne parle que d'une récente attaque sanglante sur l'agence postale du coin et du prochain match de boxe d'un jeune local.
Galerie de losers, de truands tous aux caractères bien trempés, tous les protagonistes de cette histoire avancent inéluctablement vers un destin tout tracé.
L'on croise Nica un jeune zonard qui deale un peu pour tuer l'ennui, son malheur est d'être amoureux d'une belle affublée de deux frères qui ne voient pas les choses de la même manière. Son but parvenir à s'enfuir de cette cité merdique.
Miché est un ancien boxeur devenu toxico toujours à la recherche de quelque chose à s'envoyer dans les poumons ou les veines, pour ce faire la manière douce n'est pas son fort.
Marcia lui est un ancien mafieux qui refuse la protection d'un gang, qui s'impatiente.
Le scénariste Stefano Nardella a travaillé pour le cinéma et le découpage de son histoire est très cinématographique. C'est un polar qui n'évite pas les clichés du genre mais le tout est baigné dans une telle ambiance qu'il scotche littéralement son lecteur avec ce pavé de 192 pages ou jamais l'on ne s'ennuie. L'ambiance poisseuse fait monter la tension de manière croissante jusqu'à un final peu banal mais qui laisse planer un peu d'espoir sur ce monde âpre et violent.
Le dessin de Vincenzo Bizzarri est particulier, assez caricatural, pour tout dire ce n'est même pas mon truc mais après avoir lu quelques pages je n'ai pas pu lâcher l'affaire tant j'étais pris par le récit et l'ambiance. Le moins que l'on puisse dire est que les personnages ont des gueules. Je ne sais à quoi c'est dû mais comme je l'ai dit plus haut, nous sommes dans le truc.
Pour ce duo italien c'est donc un coup de maitre sur un scénario classique, extrêmement prenant que je n'ai pas lâché. Cette petite ville ne mérite sans doute pas qu'on aille y faire du tourisme, la BD par contre mérite toute notre attention, c'est excellent aussi n'hésitez pas à aller y jeter un œil.
Rho, la bonne BD que voilà ... J'ai attendu le tome 2 pour juger de ce que la série avait à proposer, et j'adhère complètement au concept.
Voilà le genre de BD qui fait plaisir à lire : drôle et innovante, proposant des gueules peu courantes, des situations hilarantes et des répliques qui font sacrément mouche. L'histoire est prenante, et pour l'instant on se sent parti pour une quête épique dans la campagne profonde, loin des belles armures et des grands mythes. On se retrouve dans des dilemmes épiques et des situations rocambolesques.
Le personnage principal est à la fois attachant et particulièrement drôle, avec son fameux pecadou (auraient-ils repris l'idée de Gotlib et son fameux Pecadou pas frescou ?), mais la fée alcoolique n'est pas en reste. Tout comme la brebis, dont j'attends avec impatience les nouvelles transformations (la pauvre ...).
Le dessin est très bon, respirant le provincial, le rural, le terroir. Tout le monde est croqué avec une sacrée gueule, et ça sent le paysan dans les attitudes. Même la ville embourbée de vase est bien faite.
Bref, un ensemble de bonnes idées sur une histoire prenante que j'ai envie de suivre. Vivement que la série continue, qu'on puisse découvrir ce traquemage assez peu banal, et ses aventures sans précédent !
Faut reconnaitre la qualité quand on l'a face à soi, et cette œuvre est de grande qualité, même si je ne saurais dire si j'ai réussi à tout comprendre.
Car dans ces BD oubapiennes, travaillant sur le langage et toutes les formes d'utilisation du français, on est parfois perdu. Heureusement, quelques éléments de cultures m'ont permis de reconnaitre un George Perec muet ou un Marcel Proust vantant les mérites d'une machine. On croise quelques grands de la littérature (comme un inspecteur Maigret sous les traits de Siméon), et plusieurs perles d'utilisation du langage. Parfois c'est évident et un peu trop factice (notamment la famille qui n'utilise qu'une voyelle), mais souvent c'est très bien mené et discret. Il faut noter aussi quelques petites références parfois discrètes (on peut voir un clin d’œil à Tintin), mais qui font plaisir dans la relecture. C'est comme un jeu de recherche, sans savoir ce qu'il y a à trouver.
Pour l'histoire et le dessin, c'est pas mal sans être particulièrement génial. On est sur de l'efficace, qui sait s'effacer au profit de toute la littérature et le verbage. C'est un choix judicieux, et la colorisation sait se faire discrète également. C'est très fluide à lire, par conséquent.
Une BD qui a beaucoup de qualités mais que je ne suis pas sûr d'avoir encore complètement décortiqué. Il y a beaucoup de références que je n'ai pas encore comprises, ou des petits détails qui sont à remarquer. Et mine de rien, ça fait plaisir à lire !
Féru d'Histoire, j'ai tout de suite été séduit par cette idée de présenter l'Histoire de France d'une manière originale et humoristique.
Voir 5 personnages célèbres (Molière, Jeanne d'Arc, Marie Curie, Jules Michelet et le général Dumas - ces deux derniers étant un peu moins connus, je vous l'accorde) discourir très sérieusement sur l'Histoire de France et sur ses origines tout en parcourant la France en sens divers dans une fourgonnette transportant le cercueil du maréchal Pétain est un exercice difficile à réaliser sans tomber dans le ridicule.
Cet exercice, les deux auteurs l'ont parfaitement réussi en abordant des sujets graves avec brio et humour. Car le sérieux et la profondeur du sujet n'ont pas empêché le tandem Venayre / Davodeau de ponctuer leur récit de nombreuses réflexions amusantes et parfois cocasses.
Vingt tomes sont prévus dans cette collection (le second tome "L'Enquête gauloise - De Massilia à Jules César" vient de paraître). Je n'espère qu'une chose : que les autres tomes aient la même qualité que le premier.
J’aime beaucoup cet auteur israélien. J’ai découvert récemment une œuvre qui m’avait plutôt fait bonne impression avec son Love Addict - Confessions d'un tombeur en série. Là, il réitère pour un genre totalement différent où il marque incontestablement des points. Je suis admiratif de ce changement de registre qui est fort réussi.
Le scénario est assez élaboré alors que nous retrouvons ce voyageur à différente époque à la recherche d’un objet mystérieux. Visiblement, il ne voyagerait pas dans le temps mais il vivrait un peu plus longtemps que la moyenne. L’éternité peut être également une malédiction…
Sur le fond et la forme, je n’ai rien à redire. J’ai apprécié les quelques variations graphiques selon les époques car cela concourt à une certaine audace du trait. Pour le reste, je n’ai pu qu’apprécier l’intelligence d’un tel scénario construit comme une mécanique bien huilée. La fin est d’ailleurs assez surprenante. C’est une œuvre qui mérite lecture. Indéniablement.
Toujours mordue par sa passion de l’Egypte, Isabelle Dethan signe ici avec le Louvre un nouvel album pour la jeunesse.
Gaspard dont l’oncle travaille comme gardien au musée du Louvre, est passionné par les antiquités égyptiennes. Il passe une grande partie de son temps libre à déambuler dans les galeries qui leur sont consacrées, quand un jour il aperçoit une jeune fille qui essaye de sortir un coffre « à travers » une vitrine. Problème, il semble être le seul à la voir… Un peu tourneboulé par cette « rencontre » il va tenter de retrouver celle qu’il a ainsi croisée pour essayer de comprendre de quoi il en retourne.
C’est ainsi que débute cette aventure au sein du musée du Louvre. Petit à petit l’intrigue s’épaissit avec l’arrivée de quelques divinités égyptiennes qui vont venir leur prêter main forte. Car notre jeune fantôme doit retrouver différents objets pour parvenir au « paradis » égyptien. Mais elle a malheureusement oublié de refermer une « porte » entre notre monde et l’au-delà, et une entité maléfique en a profité pour s’immiscer dans notre monde…
Si l’intrigue pourra sembler assez basique pour un adulte, le tout est plutôt bien équilibré pour un lectorat jeunesse. On ne tombe pas dans l’album « pédagogique illustré » ou engoncé dans le livre de commande, mais bel et bien dans une aventure centrée autour d’un sujet qui passionne les enfants : l’Egypte ancienne et sa mythologie. Le tout est rondement mené jusqu’au « happy end » attendu, mais de façon intelligente. Surtout que le dessin d’Isabelle Dethan en couleur directe, sans réel encrage, très doux et chatoyant colle parfaitement au récit.
Une belle aventure sur une thématique intéressante que devraient apprécier nos têtes blondes.
(un 3.5/5 tirant vers le 4)
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La Légende de Robin des Bois
Ah ah ah ! Quelle poilade quand même que cet album ! Période déconne de Larcenet. J’ai vraiment bien rigolé à chaque fois que j’ai lu cette histoire assez débile. Ri sur tous les chapitres, sauf sur les deux derniers (un peu moins intéressants), qui ressemblent à un atterrissage en douceur, après le reste de l’album, vraiment réussi. Vaguement inspirées de la geste du célèbre héros anglais, ces historiettes (qui se suivent et forment une histoire complète) narrent les aventures d’un Robin des bois devenu vieillard et atteint de la maladie d’Alzheimer, qui traque les riches touristes dans la forêt de Rambouillet, et qui est lui-même traqué par un shérif de Nottingham fan des States. Entre des dialogues loufoques, des passages absurdes et/ou décalés, Larcenet place quelques anachronismes savoureux, le tout étant vraiment drôle. Son dessin, du Larcenet classique, est simple et très efficace. C’est un album très recommandable. Larcenet produira ensuite quelques albums « biographiques » assez proches dans l’esprit, aussi décalés (dans sa série Une aventure rocambolesque de...), même si ce sera sur des tons plus hétérogènes, pas toujours uniquement comiques.
W.E.S.T
Après la lecture des 6 tomes. J’ai beaucoup apprécié W.E.S.T. Derrière un vague air de La Ligue des gentlemen extraordinaires (un groupe de spécialistes en paranormal agissant au service du gouvernement), Nury et Dorison ont réussi à créer un univers cohérent et indéniablement passionnant. Si les personnages ne sont pas, comme certains posteurs le soulignent à juste titre, très originaux, ils ne manquent pas d’intérêt. Les auteurs distillent avec habileté progressivement leur passé. Le choix de la période (début du 20ème siècle américain) est surprenant car c’est un moment assez peu traité en BD, qui privilégie la Guerre de Sécession, la conquête de l’ouest ou la Guerre froide. La période est particulièrement bien rendue ; on sent que les auteurs se sont bien documentés. Il faut dire que les superbes dessins de Rossi, toujours très soignés, détaillés et fidèles à l’époque y sont pour beaucoup. Le choix de diviser la série en trois diptyques de deux albums, avec une trame principale commune fonctionne très bien. La qualité des différentes intrigues ne baisse jamais et l’ensemble se révèle passionnant du début à la fin. Le fantastique, élément essentiel de la saga, est très bien intégré et ne nuit pas à la cohérence de l’histoire, bien au contraire. W.E.S.T. est une très bonne série. A découvrir sans crainte !
La Petite Bédéthèque des Savoirs
Il y a des signes comme ça qui laissent à penser que la bande dessinée est en train d’acquérir un peu plus chaque année ses lettres de noblesse. A moins que ce ne soit la connaissance qui ait décidé de quitter les étagères poussiéreuses des universités pour se faire plus sexy, ne considérant plus déshonorant de s’acoquiner avec ce garnement parfois turbulent qu'est le neuvième art. C’est ainsi qu’en 2016, le Lombard inaugurait cette collection au slogan imparable : « Un spécialiste et un dessinateur s’unissent pour vous faire comprendre le monde en bande dessinée ». Depuis, la collection a fait des petits et compte désormais seize ouvrages. Présentés dans un mini-format (13.9 x 19.6 cm) et comprenant entre 70 et 100 pages, chaque volume est réalisé par des auteurs différents (un expert de la question associé à un dessinateur). Les sujets couvrent des domaines extrêmement variés, de l’univers (avec en co-auteur Hubert Reeves, excusez du peu) au droit d’auteur, en passant par le heavy metal et les requins… Une ligne éditoriale en apparence disparate mais dont la folle ambition, à l’instar des fameux « Que sais-je ? », est d’aborder de façon ludique et sans restriction tous les thèmes de la connaissance humaine : histoire, pensée, science, culture, technique, nature, société… On ne peut que se réjouir de l’apparition d’une telle collection et souhaiter bonne chance au Lombard. L’éditeur s’est donné les moyens de trouver son public avec non seulement un format peu encombrant mais également un tirage séduisant. Un beau mariage à célébrer entre la connaissance et la bande dessinée. ------------------------ 12 - Le minimalisme
Une excellente entrée en matière sur un concept qui n’est pas vraiment nouveau et se retrouvait déjà dans l’art dès la Préhistoire. Si comme moi, vous vous êtes déjà retrouvé désorienté voire agacé devant une sculpture ou une peinture abstraite, ce petit ouvrage pourra vous fournir les codes d’accès pour tenter de comprendre, à défaut d’apprécier, ce que l’artiste a voulu exprimer. Pour les adeptes du minimaliste, « moins, c’est plus », car l’art ne sert pas qu’à faire joli mais aussi à faire réfléchir, en recourant parfois à la provocation. Une approche vulgarisatrice et ludique très appréciable.
17 - Internet
C’est une excellente idée que d’avoir créé deux mascottes dans le cadre d’une collection qui se veut à la fois didactique et distrayante. Pour ce faire, les auteurs se sont basés sur un fait réel qui s’est produit en 2011 en Géorgie, lorsqu’une vieille paysanne d’une région reculée priva tout le pays de l’accès à Internet en creusant un trou pour y chercher du cuivre, tranchant ainsi le seul câble optique qui reliait électroniquement la Géorgie au monde… démontrant toute la fragilité de ce moyen de communication. C’est ainsi qu’une discussion s’ensuit entre le bout de câble qui prend vie et la vieille femme, cette dernière étant là pour jouer le rôle de candide face au câble-boa qui va l’emmener en voyage à travers le cyberespace et son histoire.
Cela donne une narration très vivante, et le coup de crayon rond et vif de Mathieu Burniat, qui avait récemment mis en images Le Mystère du Monde Quantique, fait le reste. Le dessinateur s’en sort d’ailleurs beaucoup mieux ici, mais aussi sans doute en partie parce qu’Internet est un domaine qui recèle moins de nébulosités que la physique quantique pour le commun des mortels. Jean-Noël Lafargue développe le thème de façon assez exhaustive, des aspects techniques aux enjeux économiques, de ses bienfaits à ses dérives… Devenu en l’espace de vingt ans aussi vital que l’eau courante, Internet est finalement assez mal connu de par son histoire et son fonctionnement, et cet ouvrage vient judicieusement combler nos lacunes.
18 - Le conflit israélo-palestinien
Les récents événements viennent encore de le prouver, le conflit dans cette région du monde n’a pas fini d’empoisonner l’atmosphère… Tels deux frères ennemis, ces deux peuples semblent irréconciliables et leur querelles ne datent pas d’hier... Autant le sujet peut s’avérer rébarbatif et complexe, autant il fascine et reste le centre d’attention du monde entier de par ses répercussions délétères, inversement proportionnelles à la superficie géographique sur laquelle se déroulent les événements. De manière générale, la politique israélienne choque ceux que révoltent l’injustice et la violence, d’autant plus surprenantes de la part d’un peuple ayant subi lui-même la barbarie nazie.
L’ouvrage, par la voix de l’historien Vladimir Grigorieff, tente d’expliquer le conflit en remontant d’abord aux origines, nous livrant les clés factuelles nécessaires à une compréhension globale et raisonnée. D’une certaine façon, il fait appel à la capacité d’empathie de chacun en tentant lui-même de rester le plus objectif possible, se gardant bien de prendre parti pour l’un ou l’autre camp, tout en soulignant l’importance de parvenir à une cohabitation durable et respectueuse. Car, faut-il le préciser, Vladimir Grigorieff est aussi un pacifiste convaincu. Par son dessin minimaliste, Abdel de Bruxelles apporte un peu de légèreté dans la lourdeur de cette discorde, s’inspirant parfois de photos d’actualités et d’archives. Un outil synthétique et très utile pour appréhender un conflit millénaire aux ramifications multiples, dans un état d’esprit optimiste, si tant est que cela soit possible…
19 - Les zombies
A l’heure où les zombies n’ont jamais été autant à la mode, il était pertinent d’explorer ce phénomène culturel devenu un genre à part entière, en se penchant sur l’origine de ces terrifiantes créatures qui fascinent autant qu’elles hantent nos nuits. Car oui, et on le sait moins, les zombies n’existent pas seulement dans les œuvres de fiction, mais bel et bien dans la réalité contemporaine. S’étant attelés à la tâche, les auteurs nous rappellent qu’en Haïti à l’heure actuelle, sous couvert de traditions et rites vaudous, des êtres humains sont enterrés vivants après avoir été empoisonnés (sans « e »), pour servir ensuite d’esclaves à des sorciers, des esclaves dépourvus d’identité une fois déterrés…
C’est passionnant et instructif, même si de telles pratiques, dussent-elles perdurer au nom de la tradition ou de croyances d’un autre âge, font froid dans le dos. Pour ce qui est des morts-vivants en tant que source d’inspiration dans la pop-culture, Philippe Charlier ne fait qu’effleurer le sujet, ce qui peut dérouter le lecteur qui s’attendait à un digest des œuvres du genre à travers le cinéma, la littérature, la BD… De même, l’aspect sociologique n’est abordé que sur trois pages en fin d’ouvrage. Cela peut sembler dommage, mais clairement, l’auteur a visiblement souhaité se concentrer sur la « genèse ». Peut-être faudra-t-il éditer une seconde partie sur le sujet. Par ailleurs, l’ouvrage est mis en images par Richard Guérineau, l’occasion d’admirer une fois encore le joli coup de crayon du dessinateur du « Chant des Stryges », tout comme son talent de coloriste. Précisons enfin, à l’attention des passionnés d’étymologie, que le terme « zombi » s’écrivait sans « e » à la fin avant d’être popularisé par Hollywood.
20 - Les abeilles
Einstein disait que la mort des abeilles entraînerait la disparition de l’Homme sur Terre. Soixante après sa mort, les abeilles sont menacées d’extinction, en grande partie du fait de l’activité humaine, notamment l’agriculture intensive et les pesticides. Fort heureusement, les opinions publiques commencent à faire pression pour revenir à des modes de production respectant mieux la nature.
Le livre n’oublie pas d’évoquer le sujet, parmi toutes les menaces qui pèsent sur nos amies productrices de miel et pollinisatrices, ce qui en fait un élément fondamental de la biodiversité…Conçu en deux parties, cet ouvrage, rédigé par Yves Le Conte, spécialiste éminent des abeilles et également apiculteur, détaille en premier lieu les caractéristiques de ces précieux insectes, leur mode d’organisation et leur habitat. Le tout, illustré par un vieux routier de la BD, ancien de Pilote ( !) et de Fluide Glacial, j’ai nommé Jean Solé. On retrouve son style mi-réaliste mi-caricatural associant abondance de détails les plus saugrenus et humour potache - preuve en est que la BD aide à conserver son âme d’enfant. Cependant, il n’est pas certain que cela soit ce qu’il y a de plus adapté à ce type de production. En effet, si la mise en page est extrêmement fantaisiste, le dessin reste très chargé et tend à parasiter le propos, donnant à l’ensemble un côté désordonné, de même que l’humour un peu daté semble parfois puiser son inspiration dans l’almanach Vermot
Henriquet - L'homme-reine
L'avis d'Agecanonix m'a vraiment convaincu d'acheter cette BD et de m'y plonger allègrement une seconde fois, et je lui en suis vraiment reconnaissant. Parce que c'est le genre de BD que j'apprécie presque plus à deuxième lecture. Lorsque j'avais fini ma première lecture, je l'avais trouvé pas mal du tout mais un peu moins bien que Charly 9, qui m'avait vraiment enthousiasmé, mais à la relecture, c'est plutôt l'inverse. Parce que dans cette BD, Guérineau aura réussi le pari de faire aussi bien que son prédécesseur encensé par la critique, mais même mieux sur bien des points. Déjà, il arrive à réaliser l'exploit de couvrir cette période mouvementée de l'histoire en conservant tout les protagonistes principaux et sans que l'on ne s'y perde. De même il réussit l'exploit de rendre compréhensible le beau bordel qu'était le royaume de France à cette époque (quoiqu'il n'ait pas trop développé l'aspect politique extérieur, qui joua un grand rôle dans les troubles du royaume, mais on ne peut pas tout mettre). Privilégiant la lecture fluide sur une précision historique chirurgicale, il en ressort une BD très plaisante, drôle et instructive. Certes, elle ne remplacera jamais un bon cours d'histoire ou un livre documenté sur le sujet, mais on ne vient pas à cette BD pour un cours d'histoire ! Et pourtant, l'auteur fait très fort en nous assénant quelques principes que tout historien se doit de retenir (notamment essayer de trier dans les rumeurs ou encore comprendre les raisons de chaque gestes plutôt que d'y glisser ce qu'on a envie d'y voir). Sans faire de leçon moral, par petites phrases bien sentis, on sent passer l'idée. Et ça, c'est fort ! La BD a encore le bon gout de proposer de l'humour (beaucoup d'humour), des parodies bien trouvées et qui ajoutent au cadre globalement humoristique, mais aussi des pages plus menaçantes (n'oublions pas que ce fut un règne de guerre régulière). Le dessin est excellent, tout autant dans les phases habituelles que dans les parodies qu'on reconnait très vite. La colorisation ajoute beaucoup à l'agréable de la lecture. Bref, une sorte de leçon d'histoire simplifiée mais donnant envie de se plonger un peu plus dans cette période foisonnante de guerre et de religion. C'est instructif, drôle et donnant envie de se pencher encore plus sur le sujet. Un must-have en la matière !
La Cité des Trois Saints
Coup de maîtres!! Voila une première BD qui va sans doute faire date dans le petit monde du policier/thriller. Dans une petite ville d'Italie tout le monde ne parle que d'une récente attaque sanglante sur l'agence postale du coin et du prochain match de boxe d'un jeune local. Galerie de losers, de truands tous aux caractères bien trempés, tous les protagonistes de cette histoire avancent inéluctablement vers un destin tout tracé. L'on croise Nica un jeune zonard qui deale un peu pour tuer l'ennui, son malheur est d'être amoureux d'une belle affublée de deux frères qui ne voient pas les choses de la même manière. Son but parvenir à s'enfuir de cette cité merdique. Miché est un ancien boxeur devenu toxico toujours à la recherche de quelque chose à s'envoyer dans les poumons ou les veines, pour ce faire la manière douce n'est pas son fort. Marcia lui est un ancien mafieux qui refuse la protection d'un gang, qui s'impatiente. Le scénariste Stefano Nardella a travaillé pour le cinéma et le découpage de son histoire est très cinématographique. C'est un polar qui n'évite pas les clichés du genre mais le tout est baigné dans une telle ambiance qu'il scotche littéralement son lecteur avec ce pavé de 192 pages ou jamais l'on ne s'ennuie. L'ambiance poisseuse fait monter la tension de manière croissante jusqu'à un final peu banal mais qui laisse planer un peu d'espoir sur ce monde âpre et violent. Le dessin de Vincenzo Bizzarri est particulier, assez caricatural, pour tout dire ce n'est même pas mon truc mais après avoir lu quelques pages je n'ai pas pu lâcher l'affaire tant j'étais pris par le récit et l'ambiance. Le moins que l'on puisse dire est que les personnages ont des gueules. Je ne sais à quoi c'est dû mais comme je l'ai dit plus haut, nous sommes dans le truc. Pour ce duo italien c'est donc un coup de maitre sur un scénario classique, extrêmement prenant que je n'ai pas lâché. Cette petite ville ne mérite sans doute pas qu'on aille y faire du tourisme, la BD par contre mérite toute notre attention, c'est excellent aussi n'hésitez pas à aller y jeter un œil.
Traquemage
Rho, la bonne BD que voilà ... J'ai attendu le tome 2 pour juger de ce que la série avait à proposer, et j'adhère complètement au concept. Voilà le genre de BD qui fait plaisir à lire : drôle et innovante, proposant des gueules peu courantes, des situations hilarantes et des répliques qui font sacrément mouche. L'histoire est prenante, et pour l'instant on se sent parti pour une quête épique dans la campagne profonde, loin des belles armures et des grands mythes. On se retrouve dans des dilemmes épiques et des situations rocambolesques. Le personnage principal est à la fois attachant et particulièrement drôle, avec son fameux pecadou (auraient-ils repris l'idée de Gotlib et son fameux Pecadou pas frescou ?), mais la fée alcoolique n'est pas en reste. Tout comme la brebis, dont j'attends avec impatience les nouvelles transformations (la pauvre ...). Le dessin est très bon, respirant le provincial, le rural, le terroir. Tout le monde est croqué avec une sacrée gueule, et ça sent le paysan dans les attitudes. Même la ville embourbée de vase est bien faite. Bref, un ensemble de bonnes idées sur une histoire prenante que j'ai envie de suivre. Vivement que la série continue, qu'on puisse découvrir ce traquemage assez peu banal, et ses aventures sans précédent !
Une affaire de caractères
Faut reconnaitre la qualité quand on l'a face à soi, et cette œuvre est de grande qualité, même si je ne saurais dire si j'ai réussi à tout comprendre. Car dans ces BD oubapiennes, travaillant sur le langage et toutes les formes d'utilisation du français, on est parfois perdu. Heureusement, quelques éléments de cultures m'ont permis de reconnaitre un George Perec muet ou un Marcel Proust vantant les mérites d'une machine. On croise quelques grands de la littérature (comme un inspecteur Maigret sous les traits de Siméon), et plusieurs perles d'utilisation du langage. Parfois c'est évident et un peu trop factice (notamment la famille qui n'utilise qu'une voyelle), mais souvent c'est très bien mené et discret. Il faut noter aussi quelques petites références parfois discrètes (on peut voir un clin d’œil à Tintin), mais qui font plaisir dans la relecture. C'est comme un jeu de recherche, sans savoir ce qu'il y a à trouver. Pour l'histoire et le dessin, c'est pas mal sans être particulièrement génial. On est sur de l'efficace, qui sait s'effacer au profit de toute la littérature et le verbage. C'est un choix judicieux, et la colorisation sait se faire discrète également. C'est très fluide à lire, par conséquent. Une BD qui a beaucoup de qualités mais que je ne suis pas sûr d'avoir encore complètement décortiqué. Il y a beaucoup de références que je n'ai pas encore comprises, ou des petits détails qui sont à remarquer. Et mine de rien, ça fait plaisir à lire !
Histoire dessinée de la France
Féru d'Histoire, j'ai tout de suite été séduit par cette idée de présenter l'Histoire de France d'une manière originale et humoristique. Voir 5 personnages célèbres (Molière, Jeanne d'Arc, Marie Curie, Jules Michelet et le général Dumas - ces deux derniers étant un peu moins connus, je vous l'accorde) discourir très sérieusement sur l'Histoire de France et sur ses origines tout en parcourant la France en sens divers dans une fourgonnette transportant le cercueil du maréchal Pétain est un exercice difficile à réaliser sans tomber dans le ridicule. Cet exercice, les deux auteurs l'ont parfaitement réussi en abordant des sujets graves avec brio et humour. Car le sérieux et la profondeur du sujet n'ont pas empêché le tandem Venayre / Davodeau de ponctuer leur récit de nombreuses réflexions amusantes et parfois cocasses. Vingt tomes sont prévus dans cette collection (le second tome "L'Enquête gauloise - De Massilia à Jules César" vient de paraître). Je n'espère qu'une chose : que les autres tomes aient la même qualité que le premier.
Le Voyageur
J’aime beaucoup cet auteur israélien. J’ai découvert récemment une œuvre qui m’avait plutôt fait bonne impression avec son Love Addict - Confessions d'un tombeur en série. Là, il réitère pour un genre totalement différent où il marque incontestablement des points. Je suis admiratif de ce changement de registre qui est fort réussi. Le scénario est assez élaboré alors que nous retrouvons ce voyageur à différente époque à la recherche d’un objet mystérieux. Visiblement, il ne voyagerait pas dans le temps mais il vivrait un peu plus longtemps que la moyenne. L’éternité peut être également une malédiction… Sur le fond et la forme, je n’ai rien à redire. J’ai apprécié les quelques variations graphiques selon les époques car cela concourt à une certaine audace du trait. Pour le reste, je n’ai pu qu’apprécier l’intelligence d’un tel scénario construit comme une mécanique bien huilée. La fin est d’ailleurs assez surprenante. C’est une œuvre qui mérite lecture. Indéniablement.
Gaspard et la malédiction du Prince-Fantôme
Toujours mordue par sa passion de l’Egypte, Isabelle Dethan signe ici avec le Louvre un nouvel album pour la jeunesse. Gaspard dont l’oncle travaille comme gardien au musée du Louvre, est passionné par les antiquités égyptiennes. Il passe une grande partie de son temps libre à déambuler dans les galeries qui leur sont consacrées, quand un jour il aperçoit une jeune fille qui essaye de sortir un coffre « à travers » une vitrine. Problème, il semble être le seul à la voir… Un peu tourneboulé par cette « rencontre » il va tenter de retrouver celle qu’il a ainsi croisée pour essayer de comprendre de quoi il en retourne. C’est ainsi que débute cette aventure au sein du musée du Louvre. Petit à petit l’intrigue s’épaissit avec l’arrivée de quelques divinités égyptiennes qui vont venir leur prêter main forte. Car notre jeune fantôme doit retrouver différents objets pour parvenir au « paradis » égyptien. Mais elle a malheureusement oublié de refermer une « porte » entre notre monde et l’au-delà, et une entité maléfique en a profité pour s’immiscer dans notre monde… Si l’intrigue pourra sembler assez basique pour un adulte, le tout est plutôt bien équilibré pour un lectorat jeunesse. On ne tombe pas dans l’album « pédagogique illustré » ou engoncé dans le livre de commande, mais bel et bien dans une aventure centrée autour d’un sujet qui passionne les enfants : l’Egypte ancienne et sa mythologie. Le tout est rondement mené jusqu’au « happy end » attendu, mais de façon intelligente. Surtout que le dessin d’Isabelle Dethan en couleur directe, sans réel encrage, très doux et chatoyant colle parfaitement au récit. Une belle aventure sur une thématique intéressante que devraient apprécier nos têtes blondes. (un 3.5/5 tirant vers le 4)