Les derniers avis (31527 avis)

Par Hervé
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Electric Miles
Electric Miles

Depuis quelques années, J'ai pour habitude d'acheter la version noir et blanc, et la version couleur à chaque sortie d'un album signé Nury et Brüno. Avec cet album, je n'ai pas dérogé à cette habitude, aussi j'ai été surpris de découvrir une version n&b d'une grande qualité éditoriale : un grand format avec dos toilé. Le dessin de Brüno y prend toute son importance car, il faut le dire, son style inimitable et simple à la fois fait beaucoup dans le succès de ses albums signés avec Fabien Nury. Pourtant à la lecture de cet album, dans les deux versions, je dois dire que ma préférence va, pour une fois, vers la version courante, les couleurs de Laurence Croix, apportant au récit une touche des années 40 qui n'est pas pour me déplaire. Le duo d'auteurs n'ayant pas signé un one shot ici, cet album se présente comme une longue introduction qui oscille entre récit de Charles Burns et le réel avec l'histoire romancée de Ronald Hubbard, créateur de la scientologie. Car, je crois que cette histoire, dont nous ne connaissons pas encore le nombre de volumes qui la composera, s'achemine sans nul doute vers cette "découverte révolutionnaire" dont il est fait mention sur le quatrième de couverture. Mais cet album ne se limite pas à cela, l'auteur distille sa vision du monde éditorial de l'Amérique des années 40, dominé par le polar et la science fiction, comme le prouvent les couvertures des revues présentes dans le dossier en fin d'album. Même si le lecteur peut sembler rester sur sa faim, j'ai beaucoup aimé ce premier album, et j'ai hâte de découvrir la suite.

12/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Adieu Eri
Adieu Eri

Adieu Eri est un one-shot marquant de Tatsuki Fujimoto, qui mêle habilement deuil, fiction et cinéma. À travers le regard de Yuta, un ado qui filme sa mère mourante puis rencontre Eri, le récit brouille volontairement la frontière entre réalité et mise en scène. Le découpage façon storyboard et la narration non linéaire rendent l’expérience unique. Poétique, étrange et émouvant, ce manga interroge le pouvoir des souvenirs et du récit. Note réelle : 3,5/5

12/04/2025 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Sa Majesté des Mouches
Sa Majesté des Mouches

J'ai une relation particulière avec le premier roman de William Golding. Comme certains ici et comme l'autrice, je l'ai découvert en cours d'anglais, vers l'âge de 13 à 15 ans. Ce fut immédiatement un choc. Dans un récit d'une puissance, d'une fulgurance que j'ai rarement rencontrées depuis, l'auteur britannique a su saisir la substantifique moëlle de deux aspects de l'Homme : le délicat passage de l'enfance à l'adolescence, avec une autonomie renforcée mais parfois chaotique, et d'autre part la frontière fragile entre la civilisation et la barbarie. Un roman court, tétanisant, que j'ai dévoré à l'époque en VO, et relu dans la langue d'origine et en français depuis. Une histoire qui m'a hanté pendant une trentaine d'années, au point de vouloir moi-même l'adapter en bande dessinée. Mais les éventuels problèmes liés aux droits d'auteur (Golding étant mort en 1993) et peut-être une immaturité dans le projet l'ont bien vite fait capoter; Je referme là la parenthèse personnelle pour revenir à l'album d'Aimée de Jongh. Lorsque j'ai vu la sortie de cet album, j'ai eu un petit pincement au cœur, et n'ai pas hésité longtemps avant de l'acquérir (après l'avoir bien sûr feuilleté pour m'assurer qu'au moins mes yeux se régaleraient). J'ai mis un peu plus de temps avant de le lire, souhaitant bien sûr m'entourer des meilleurs conditions pour lire cet album que, quelque part, j'attendais impatiemment. Et le résultat ne m'a déçu. Sur le plan graphique tout d'abord. Il fallait un(e) artiste au style à la fois anguleux et au trait bien affirmé pour adapter cette histoire, qui s'adresse autant aux jeunes ados qu'aux adultes. Aimée de Jongh requiert en effet ces qualités, avec une mise en couleurs qui insiste sur les verts et les nuances de feu, des nuances qui ont toute leur importance dans le récit. J'ai beaucoup aimé également son traitement des moments-clés, tels l'acharnement des enfants sur Simon, la chute de Piggy, ou encore la découverte de la conque et les premiers échanges entre les enfants. J'ai beaucoup aimé ses choix de cadrages, sur les visages ou sur d'autres parties du corps, que ce soit pendant les scènes d'action ou plus contemplatives. Pour moi on n'est pas loin de l'adaptation que j'aurais aimé voir. Je recommande donc cette lecture à toute personne de plus de 12 ans si elle ne connaît pas le roman, car c'est pour moi, tout simplement, une excellente adaptation d'un roman majeur du XXème siècle.

12/04/2025 (modifier)
Par Creamy
Note: 4/5
Couverture de la série Havana Split
Havana Split

Un régal de suivre cette bande de bras cassés aux trognes expressives et variées. Les planches aérées et dynamiques rendent la lecture fluide. J'avais parfois l'impression de lire du Tarantino : des personnages hauts en couleur, beaucoup d'action et une touche d'ultra-violence. Scénaristiquement, c'est pas mal mais il y a quelques facilités : notre groupe se retrouve souvent au mauvais endroit au mauvais moment et j'ai eu du mal à croire que John, José et Chiquita puissent travailler pour un tocard comme le père de Lily. Le cadre m'a rappelé celui des tomes 3 et 4 de West, qui évoquaient aussi les magouilles des Etats-Unis durant une révolution cubaine, mais à une époque antérieure. On nage encore plus dans la caricature amusante ici. Pour le moment, la partie historique évoquée en introduction est assez détachée de la trame principale. J'espère que la suite de l'histoire ne versera pas trop dans l'action. La scène dépeinte en couverture n'apparait pas dans l'album. Un peu d'anticipation ? Note réelle : 3,5/ 5

12/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Slava
Slava

Je suis un peu déçu après la lecture du tome 2 de la série de P.H. Gomont. En ça je partage l'avis de Canarde. Le tome 1 est original, vif avec un scénario très fluide et souvent drôle. Le couple Slava-Lavrine fonctionne à merveille et l'empathie est immédiate pour Nina et sa bande de mineurs menée par un papa gorille. Gomont réussit à créer une atmosphère de western dans un état sans foi ni loi sauf celle du plus fort. Le graphisme de type humoristique donne un ton léger qui amène de la dérision à une réalité conduite par des escrocs ou des mafieux. Si le trait est quelque peu minimaliste Gomont sait proposer de très beaux décors extérieurs au moment où il le faut. Malheureusement j'ai trouvé le tome 2 bien en dessous. Le couple Lavrine/Slava est disloqué et Slava devient même insignifiant à courir après Nina pour tirer son coup. Sans Lavrine ce tome est une coquille vide où Nina comble les faiblesses d'un scénario devenu très convenu en se déshabillant de plus en plus souvent. C'est agréable comme visuel mais cela vide Slava de sa consistance. La voix off devient envahissante sans qu'on sache qui parle du narrateur ou de l'auteur. Enfin le personnage de Nina devient très trouble avec ce passage à la délation voire à la complicité d'assassinat sans aucun remords. Pour finir je trouve l'image que propose l'auteur des Russes caricaturale et très discutable. Je lirai le tome 3 pour voir où veut nous mener Gomont mais je reste dubitatif pour le moment. J'ai lu le tome 3 plusieurs fois avant d'infléchir mon avis car mes doutes n'étaient pas justifiés. J'ai décidé d'augmenter ma note de une étoile après la relecture de l'excellent tome 3 de la série. Après un tome 2 que j'avais trouvé en demi teinte, Gomont nous entraine dans un récit qui allie intensité dramatique, nostalgie sociale et réflexion intime sur le vécu de l'artiste et sa prise réelle sur la réalité des événements. Si Volodia, Lavrine et Nina restent premiers dans les deux premières thématiques, Gomont donne une véritable profondeur au personnage de Slava qui se révèle ainsi pleinement. Ce final dramatique et inattendu est la pierre d'angle qui consolide l'ensemble de la série lui donnant une valeur épique sur le sens de l'histoire sociale et sa relation avec les artistes. Je suppose que Gomont met beaucoup de lui même dans le personnage de Slava et de son impuissance à modifier le cours des choses avec son simple pinceau. Ce développement m'a ému ce qui est déjà la preuve que l'artiste n'a pas failli.

14/07/2024 (MAJ le 12/04/2025) (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
Couverture de la série Azur Asphalte
Azur Asphalte

Azur asphalte est une tranche de vie un peu particulière. Les illustrations à l'aquarelle sont la vraie réussite de ce roman graphique, que l'auteur a eu la bonne idée de ne pas cloisonner dans des cases un peu trop strictement refermées. Elles donnent un sacré souffle, du détachement aussi car invitant à les lire tels des tableaux, ce que l'aspect quasi documentaire de l'intrigue accentuera. Ce dernier point va constituer la petite réserve pointant malheureusement à mi-chemin. L'intrigue est parfaitement plantée, très ancrée dans un quotidien laborieux (celui de deux sœurs, des trentenaires prolos joignant péniblement les deux bouts financièrement, dans la belle ville de Nice), mais trop soucieuse de décrire un quotidien banal, de s'inscrire pleinement dans la chronique sociale, d'atteindre la justesse et la plus parfaite crédibilité, elle avance sans véritable enjeu ni moteur de l'intrigue. Il faut accepter ce postulat et dès lors vivre les situations présentées et les goûter simplement, apprécier ici l'humour des dialogues populaires et de quelques situations, être touché là par la mélancolie et de la tendresse à l'égard de ces vies simples ne se concevant que dans le combat pour une modeste dignité, et il est vrai, regretter que l'auteur ait délibérément refuser de s'aventurer sur le terrain social ou politique, à moins que cela ne soit justement son discours, que je ne partage pas, de n'envisager le social que sous l'angle purement individuel et d'ignorer la politique : le "struggle for life" des personnages est tristement égoïste dans sa relation au travail, le collectif ne se conçoit que dans le cadre familial ou des relations amicales/amoureuses, et les joies simples sont bassement mercantiles, assujetties aux acteurs majeurs de l'économie et de l'industrie culturelle. Une très belle chronique sociale, aux magnifiques illustrations, qui tourne un peu à vide, sans révolte, malgré un quotidien pour le moins laborieux. Une parfaite introduction à un récit qui n'aura malheureusement pas lieu.

11/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Carcajou
Carcajou

Cette série est un très bon divertissement. Sur un schéma ultra classique et très visité, El diablo joue avec les clichés pour fournir un récit haletant dont il est difficile de se détacher. L'auteur aime à jouer les contre pieds tout au long de son histoire Gus n'est pas le bon écolo dernier barrage contre la honteuse exploitation de la forêt et Jay est un personnage d'une grande faiblesse malgré les apparences. Le rythme est très vif avec une narration bien fluide qui s'ingénie à souvent nous dérouter. La pointe de fantastique n'est elle, d'ailleurs, pas celle que se construisent les personnages dans un monde où l'irrationnel à encore sa place. Le très bon final nous laisse d'ailleurs avec plusieurs interprétations possibles avec une dernière planche surprise qui rebat ce que l'on croyait acquis. J'ai bien aimé le graphisme de Deroche qui exprime bien cette ambiance de conflit en huis clos entre la colline et la ville. Quelques doubles pages sympathiques nous rappelle que l'histoire s'inscrit dans les vastes étendues canadiennes de tout beauté. Une lecture très plaisante avec un récit bien construit autour de thèmes très classiques mais revisités avec brio.

11/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Faust
Faust

C'est probablement la première œuvre BD posthume que je lis. A la mort de Poïvet, Rodolphe pensait leur travail perdu. Grace à la perspicacité du fils Poïvet, elle fut retrouvée et put être éditée une bonne vingtaine d'années après sa création. La légende du docteur Faust qui vend son âme au diable pour avoir une seconde jeunesse et séduire Marguerite fait partie du patrimoine littéraire depuis la popularité de l'œuvre de Goethe. Rodolphe reprend fidèlement le Faust I de Goethe même si la lutte mystique entre les prières de Marguerite (et sa rédemption) et les actions de Méphistophélès sont peu présentes. Rodolphe propose donc une adaptation intéressante avec un texte très travaillé et une mise en scène fluide et accessible. Le dessin de Poïvet colle parfaitement à l'esprit de l'œuvre. Comme à son habitude l'auteur propose un N&B réaliste d'une grande précision. L'expressivité que donne l'auteur à ses personnages est fondamentale pour exprimer les tourments internes de Faust et Marguerite. Une œuvre peu connue mais qui mérite de l'être. Une belle lecture pour un large public afin de mieux connaitre cette œuvre majeure du patrimoine littéraire.

10/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Malaterre
Malaterre

J’ajoute ma petite pierre à l’édifice de manière fainéante. Je passe juste vous confirmer la bonne côte de cet album, c’est avec lui que j’ai découvert l’auteur … et depuis je me jette sur toutes les productions de P-H Gomont. Il m’a franchement bluffé avec cette histoire et ce héros, antipathique à souhait mais finalement très intéressant et attachant. La localisation ajoute de l’exotisme et la partie graphique vous subjuguera rapidement. Perso j’étais pas spécialement jouasse au 1er feuilletage (jugeant même la couverture pas top avec ses couleurs), mais j’aime quand un auteur me prouve le contraire. C’est toujours au service du récit et il s’en dégage une énergie folle. Narration, trait, couleurs … à la fois brut mais aussi plein de finesse, un sacré numéro d’équilibriste et une belle patte à suivre.

09/04/2025 (modifier)
Couverture de la série Les Mémoires du Dragon Dragon
Les Mémoires du Dragon Dragon

C’est le nom de Nicolas Juncker qui m’a attiré dans cette aventure, et je ne le regrette pas. J’ai déjà dit tout le bien que je pense de ce monsieur mais je réitère, un auteur à suivre. Il n’assure ici que le scénario, on retrouve son goût pour les récits historiques au ton décalé, quand la petite histoire se mêle à la grande. Ce 1er tome se concentre sur la bataille de Valmy en 1792, du moins la version du dragon Dragon, n’étant pas un expert en histoire je ne saurais dire le vrai du faux, à mon avis une histoire fantasmée autour de certains faits troublants réels, mais qu’importe puisque j’ai passé un excellent moment en compagnie de ce personnage truculent, la grande réussite de l’album. Le dessin de Simon Spruyt est différent de ce qu’il a pu déjà produire, une petite déception sur ce point, il n’assure pas les couleurs, le trait ici est un peu gras mais malgré tout efficace, et la narration est bonne. Une lecture fluide avec des dialogues savoureux, pour une vision atypique d’un fait historique, en compagnie d’un héros haut en couleur. Du tout bon, je conseille aux amateurs. MàJ tome 2 : Je viens réitérer tout le bien que je pense de cette série. Un 2eme tome qui surprendra moins (on connaît maintenant les travers de notre héros) mais qui se révèle tout aussi jouissif. Moi qui connais bien le coin mais pas les faits, cette vision de la campagne flamande est instructive et jubilatoire. Notre dragon est quand même un violeur (le coup du couvent nous le rappelle !!) mais j’aime comment Juncker joue avec l’histoire et le décalage qu’il apporte. Vraiment une série de haute volée, la fin de l’album est plus qu’alléchante pour la suite. Hâte de la lire. MàJ tome 3 : Un troisième (et dernier, sniff) tome plutôt sage d’un point de vue aventure lubrique de notre héros (pas faute d’essayer mais cette épée restera au fourreau). Cependant la lecture est toujours aussi captivante, j’aime comment l’auteur s’amuse avec l’histoire. Cette fois, Dragon s’attache à Bonaparte (ou plutôt son épouse) pendant sa campagne en Italie. Instructif et toujours aussi amusant, sans doute pas mon tome préféré mais une bonne conclusion (et épilogue) pour les mémoires de notre moustachu. Excellente série, je suis même déçu qu’elle s’arrête déjà, j’aurais rempilé de bon coeur tellement je la trouve haute en couleur.

28/06/2022 (MAJ le 09/04/2025) (modifier)