Les derniers avis (31488 avis)

Couverture de la série Fausse Route
Fausse Route

Pas mal de choses classiques, sans doute déjà vues, dans ce polar, mais j’en suis sorti très satisfait. Je vois que les avis sont souvent mitigés, et en tout cas très partagés. Je me range sans hésitation du côté de ceux qui ont aimé cette lecture. Le côté graphique est relativement original, en tout cas parfait pour ce genre de récit, qui mise pas mal sur le rythme, les destins qui s’entrechoquent, et qui ne cherche pas à fouiller les personnalités des personnages ou les détails de l’intrigue. Un trait gras, nerveux, très sombre (et pas forcément toujours très lisible – seul petit bémol me concernant), qui accompagne très bien la cavale de nos deux personnages principaux. Le premier tiers de l’album est extrêmement bien découpé (mais la suite est aussi bien menée) : nous suivons la cavale d’un détenu, Bobo, poursuivi par matons, flics, clébards et hélicoptère, dans une nuit glaciale. Au cours de sa fuite, il croise Nadia, qui elle aussi ne souhaite pas – pour d’autres raisons – croiser la route des flics. Dès lors leur destin va s’unir, pour le meilleur et pour le pire. L’intrigue est assez concise, dans le temps et l’espace, sans fioriture, et très noire jusqu’au bout, avec une chute qui l’est forcément – assez ironique, même si on la devine quelque temps à l’avance. Un polar brut de décoffrage, mais bien fichu, dynamique, une lecture rapide (peu de textes), mais très agréable.

09/11/2022 (modifier)
Couverture de la série Les Animaux dénaturés
Les Animaux dénaturés

Je trouve la couverture particulièrement ratée et si mon libraire n’avait pas accolé un coup de cœur à cet album, je pense sincèrement que je n’y aurais prêté aucune attention… et je serais passé à côté de quelque chose ! Adapté d’un roman dont je viens juste de découvrir qu’il trainait dans ma bibliothèque (mais que je n’ai personnellement jamais lu), ce récit est à la fois un roman d’aventure, une histoire d’amour, une farce et une réflexion sur l’homme et la nature de son humanité. Ecrit en 1952, le roman est un peu daté sur certains aspects mais il reste pertinent à bien des points de vue et nous pousse à réfléchir à ce qui fait qu’un humain est humain, à ce qui nous autorise à exploiter telle ou telle espèce animale, en clair à ce qui nous différencie des autres animaux. L’adaptation que nous proposent Hélène Bruller et Joseph Falzon est fluide et ne souffre absolument pas du passage d’un média à un autre. Hélène Bruller s’est vraiment approprié ce récit pour nous le livrer à sa sauce, bien soutenue par le dessin expressif et caricatural de Joseph Falzon. C’est drôle et vivant, féroce par moments, touchant à d’autres. Je trouve que leur travail commun est assez proche de ce que fait un Pierre-Henri Gomont sur « Slava » par exemple : à la fois drôle et sujet à réflexion. J’ai dévoré le récit, même si à l’occasion, j’ai trouvé que les personnages tergiversaient ou ne se posaient pas les bonnes questions. Mais ça, pour moi, c’est la preuve que j’étais emporté par l’aventure, presque actif aux côtés des personnages. En clair, j’ai vraiment bien aimé et je ne peux que chaudement recommander.

09/11/2022 (modifier)
Couverture de la série Les Exploits de Yoyo
Les Exploits de Yoyo

Je n’ai lu que le premier album, que je possède depuis pas mal de temps. Je ne trouvais pas le suivant, et la lecture des avis précédents ne m’a pas poussé à poursuivre ma recherche, tant il semble jouer sur un autre registre, et romprait probablement le charme qui a agi lors de ma lecture de « La lune noire ». La série est catégorisée en aventure, mais l’album que j’ai lu est franchement inclassable. Un peu d’aventure certes, mais aussi de la SF, du fantastique, mais aussi pas mal d’humour noir (c’est d’ailleurs cet aspect qui m’a le plus intéressé). L’intrigue est totalement foutraque, et l’on retrouve ici ce que j’aime bien dans pas mal de séries scénarisées par Yann (ici plutôt dans ses débuts), à savoir une certaine irrévérence, une provocation plus ou moins légère. Il ne faut en effet pas prendre au premier (ni même au deuxième !) degré le personnage de Yoyo, son comportement et ses paroles. On a là en effet une vision raciste (tendance « Ya bon Banania ») du nègre sauvage et gentiment cannibale. Physiquement déjà – la couleur bleue mise à part (mais n’est-elle pas là justement pour créer un décalage, pour signaler la farce et l’incongruité omniprésentes ?) – Yoyo ressemble davantage avec ses lèvres botoxées, aux Noirs de Tintin au Congo qu’à une quelconque réalité. Et les stéréotypes racistes sont aussi convoqués pour d’autres personnages (comme les tziganes – l’intrigue se déroulant dans des Carpates d’opérette). Pour le reste, l’histoire fourre-tout, foutraque, enchaine les situations improbables, avec des personnages aux dialogues surprenant (Yoyo avec son anglais faussement guindé et miteux, les « autochtones » avec leur langage singeant diverses langues et propices aux jeux de mots vaseux), et une fillette, héritière d’une dynastie connue à Monaco, habillée comme une petite fille modèle, mais qui se révèle être une véritable pétroleuse. Le dessin de Le Gall est simple, sans fioriture, mais efficace, fluide. Il agrémente ses planches de quelques petits détails sympathiques, comme ces quadrillages rouges et blancs (dirigeable, vêtements de Yoyo, etc.). Sans doute pas le plus abouti (c’était pour lui aussi l'une de ses premières publications je crois), mais ça passe bien avec le scénario de Yann. Il faut donc être adepte du loufoque, de l’absurde, d’un certain humour noir, et ne pas frémir devant un usage fréquent de stéréotypes (racistes le plus souvent), pour apprécier cet album. Mais j’y ai trouvé mon compte. Note réelle 3,5/5.

08/11/2022 (modifier)
Couverture de la série Histoires incroyables du timbre en BD
Histoires incroyables du timbre en BD

Je ne suis pas philatéliste mais j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette série docu-BD. Il est inutile de rappeler l'importance du courrier dans le développement des sociétés modernes. La série montre comment le timbre a participé de façon si importante aux échanges épistolaires. Entre Histoire et anecdotes significatives les 15 récits courts proposés nous font découvrir une multitude de faits tous très intéressants. La mise en scène de l'ouvrage fait bien ressortir la spécificité de ce petit bout de papier. Il est fonctionnel en premier lieu mais aussi graphique et donc artistique, il possède une histoire propre reliée à l'époque de son édition et aux événements qui s'y rattachent. Tous ces éléments en font un objet assez unique à la fois à la portée de tous mais parfois singulier comme une oeuvre d'art inestimable. Le graphisme collectif est dans l'ensemble réaliste historique et très coloré. Un peu à l'image des timbres dont il se fait la vitrine. Le monde de la BD n'est pas étranger à sa production puisque de nombreux auteurs ont été sollicités pour créer des dessins de timbres. Une série docu-BD bien agréable à lire même (et surtout ?) pour les non-initiés au monde des timbres.

08/11/2022 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5
Couverture de la série Les Petites Victoires
Les Petites Victoires

A mon avis, « Les Petites victoires » réalisée par Yvon Roy devrait être offert systématiquement aux parents d’enfant autiste car c’est un ouvrage optimiste qui évite le larmoiement. L’auteur nous raconte comment il a vécu l’autisme d’Olivier, son fils. On y découvre les diverses péripéties qui ont amené Yvon Roy et son ex-compagne à faire en sorte que leur enfant puisse trouver sa place dans la société. Cette adaptation fut longue et il a fallu tout l’amour de ses parents pour qu’Olivier puisse surmonter son handicap, et aussi beaucoup d’observations et d’interrogations de leurs parts afin de proposer à leur fils des épreuves adaptées à sa situation de handicap. Cette biographie se déroule sur une quinzaine d’années, le temps qu’Olivier soit un adolescent suffisamment autonome pour qu’il puisse « vivre sa vie » : de la patience, de la persévérance et surtout de l’amour, ce sont ces qualités qui ont permis à Olivier d’arriver à ce résultat. J’ai apprécié le style adopté par l’auteur. « Les Petites victoires » nous présente un mini-carnet à la fin du livre, on y aperçoit les esquisses et croquis préparatoires d’Yvon Roy, il y explique pourquoi il a fait évoluer son coup de patte habituellement réaliste vers un graphique semi-réaliste pour concevoir son histoire : le résultat donne une bande dessinée très agréable à contempler. « Les Petites victoires » est une bande dessinée qui m’a touché dans le sens positif du terme puisqu’on ressort de cette lecture avec un grand sourire aux coins des lèvres en voyant à quel point cet enfant a été entouré d’amour pour surmonter sa situation de handicap.

08/11/2022 (modifier)
Couverture de la série Nellie Bly - Dans l'antre de la folie
Nellie Bly - Dans l'antre de la folie

Je ne connaissais pas l'histoire captivante de Nellie Bly. Nellie est le nom de plume d'Elizabeth Cochrane, une jeune pionnière du journalisme d'investigation. À une époque où le journalisme était un métier quasi exclusivement masculin, Nellie à 23 ans va vendre un reportage sensationnel au NY World du célèbre Joseph Pulitzer. Le scénario s'articule autour de l'expérience de Nellie qui dénonce les conditions indignes voire criminelles que subissaient les femmes internées dans l'asile de Blackwell à NY. Virginie Ollagnier ne se contente pas de suivre un récit linéaire des horreurs subies par ces pauvres femmes. L'autrice intercale des scènes de flashback de l'enfance de Nellie pour faire comprendre les motivations et la personnalité de la jeune femme. Plus j'ai avancé dans le récit et plus j'ai été envouté par la puissance de la détermination de Nellie. Détermination à faire reconnaître la valeur professionnelle des femmes mais aussi détermination à lutter contre toutes les injustices que son sexe a subies depuis si longtemps. Le récit est mené avec beaucoup d'intelligence, sans provocation féministe ce qui renforce à mon avis le message transmis. Le graphisme s'appuie sur deux mises en couleur distinctes en fonction de la période visitée. Les passages dans l'asile sont assez sombres à base de bleus et de vert gris alors que les flashbacks sont beaucoup plus lumineux et colorés. Les extérieurs sont travaillés avec soin mais le principal atout des dessins de Carole Maurel est de nous faire vivre les émotions de Nellie pendant ces dix jours en enfer. Une excellente lecture documentaire biographique sur une personnalité pas assez connue en France.

08/11/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Assiégés
Les Assiégés

Cet album est une claque. Sombre, violent, crasseux, tout y est pour plonger le lecteur dans l’ambiance noire d’une banlieue déshéritée d’une ville du sud de l’Italie où règnent en maitres des bandes rivales de trafiquants et de mafieux. Peu d’espoir d’en sortir… Les premières pages particulièrement austères donnent le ton. Ciro, un ado de 15 ans se réfugie dans un immeuble pour échapper à une bagarre dans laquelle il a peu de chance de sortir indemne. Mais cet immeuble n’est pas n’importe quel immeuble, c’est un énorme squat que la municipalité veut détruire. La décision est déjà prise et l’expulsion des habitants n’est plus qu’une question d’heures. Retranché malgré lui dans l’énorme bâtiment qui défie les forces de l’ordre, Ciro se retrouve dans l’appartement de celui qu’on surnomme le peintre fou. La police encercle le bâtiment. Un long siège commence. La discussion s’engage et au fil des heures, ce peintre étrange se livre sur sa vie. Je n’en dirai pas plus pour garder son secret. C’est poignant, noir, sans espoir. L’histoire est racontée sous trois angles différents, à trois époques différentes et les récits s’entremêlent et se répondent sans jamais perdre le lecteur, sans incohérences et retombe parfaitement sur ses pieds à la fin de l’album. Le dessin est en accord parfait avec un scénario qui se développe sans temps mort et gagne en profondeur au fil des pages. Le découpage cinématographique entraine le lecteur dans les profondeurs de l’histoire. La colorisation superbe accentue la tension dramatique et l’ambiance glauque, crasseuse où la violence est partout. Un album poignant et visuellement très fort.

08/11/2022 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Celle qui fit le bonheur des insectes
Celle qui fit le bonheur des insectes

Une merveilleuse lecture. Zidrou et Salomone ont su me toucher avec cette fable sensuelle, cruelle et émouvante. Un beau travail des éditions Daniel Maghen. Un titre qui interpelle et quelque peu trompeur puisque d'insectes, on en verra qu'un et très furtivement. En Inde, la reine Shikhara fait prospérer son royaume de Shandramabad jusqu'au décès tragique de son fils. Doucement, son immense tristesse va la faire basculer dans la folie, au point de faire exterminer tous les oiseaux. Un deuil impossible et une culpabilité qui la rongent. Sa fille Jalna ne sera pas épargnée par sa colère aveugle. Une narration onirique où la voix off de .... (il faut garder la surprise) apporte une touche de poésie et de mystère au récit. Un drame où l'amour sera l'élément clef d'une nouvelle résurrection. Un voyage dans un monde imaginaire et son ambiance douce/amère légèrement épicée. Un Zidrou qui maîtrise son sujet de bout en bout. Un récit poignant qui ne m'a pas laissé insensible. La partie graphique est somptueuse, un trait fin, précis, doux et expressif avec une colorisation dans les tons chauds et humides qui font penser à des aquarelles. Une mise en page immersive. Féerique. Pour ceux qui ont gardé une âme d'enfant. Coup de cœur.

07/11/2022 (modifier)
Couverture de la série L'Appel des Origines
L'Appel des Origines

J'ai bien apprécié cette série de trois albums qui nous fait voyager entre Harlem et le Kenya colonial des années 20/30. Le scénario s'articule d'une façon efficace autour du thème des origines à la fois personnelles ou paléontologiques. Le récit plaque les deux niveaux en faisant un roman d'aventure adroitement construit. Cela permet au récit des renvois au thème du racisme en montrant sa stupidité rationnelle et sa réalité émotionnelle. Anna jeune métisse qui balance entre deux mondes possède une personnalité finement travaillée et me rappelle par son caractère et son graphisme les jolies héroïnes de Gibrat. Malheureusement si le personnage de Simon est très élaboré celui de Djimoun son alter ego affectif africain est beaucoup plus succinct. L'épilogue est touchant et bien trouvé pour conclure cette quête de l'impossible. J'ai beaucoup aimé le graphisme de Séjourné et la mise en couleur de Verney. Je ne connaissais pas ces artistes et c'est une belle découverte pour moi. Séjourné prend la peine de bien travailler ses personnages assez nombreux mais aussi ses différents décors à NY et au Kenya. Les cadres de la savane sont très beaux et c'est un plaisir d'accompagner l'expédition dans ses recherches. Les auteurs nous plongent dans une ambiance à la Hemingway ou à la Karen Blixen au choix. J'ai bien aimé les lexiques en fin d'histoire qui situent les références historiques sur lesquelles se sont appuyés les auteurs. Une très agréable lecture pour un large public.

06/11/2022 (modifier)
Par Montane
Note: 4/5
Couverture de la série Histoire sans Héros
Histoire sans Héros

Une histoire parue dans le Journal «  Tintin » en 1975 qui détonnait à l’époque mais qui correspondait finalement bien au tournant éditorial que Greg avait voulu impulser. Fini les héros de série qui ressemblaient tous au gendre idéal et qui n’avaient aucune aspérité au niveau du caractère. Bienvenue au héros à la personnalité plus fouillée et qui pouvait eux aussi avoir quelques défauts. Le journal sortait en fait de l’influence catholique des débuts. Et puis avec cette histoire, il était même permis qu’il n’y ait pas de héros du tout. Juste des monsieur et des madame «  tout le monde » avec leurs forces et leurs faiblesses. Et ce fut une vraie réussite. Le scénariste de l’époque démarrait tout juste sa carrière et s’appelait Jean Van Hamme. Le dessinateur ne s’était guère essayé au dessin réaliste jusque là et était surtout connu pour la série Olivier Rameau ; c'était Dany. L’histoire marqua une génération entière et donna lieu à une suite qui ne s’imposait peut être pas. Mais l’original a conservé toute sa force et je vous invite à la relire si comme moi vous êtes un nostalgique du journal «  Tintin » des années 70/80.

05/11/2022 (modifier)