C'est en lisant cette BD que j'ai réalisé à quel point je connaissais mal la Guerre d'Indochine. Je n'en avais qu'une vision tronquée et superficielle provenant de mes cours d'Histoire au lycée, faite de dates et de noms qui me parlaient peu, et de quelques autres BD que j'avais lues qui m'en donnaient des aperçus toujours du côté des Occidentaux. A l'inverse, cet album de Marcelino Truong nous plonge dans la vision des vietnamiens eux-mêmes, du côté des Viet-Minh. Le héros, pourtant, n'a rien d'un militant communiste ou partisan du Viet-Minh : c'est par un malheureux concours de circonstances que ce jeune artiste-peintre amoureux de jazz et de Saint-Germain-des-Près se retrouvera engagé dans l'armée révolutionnaire pour sauver sa vie. Ses talents de dessinateur lui attireront quelques menus ennuis mais aussi la chance de pouvoir intégrer une section de propagande dessinée qu'il rejoindra en traversant le Nord Vietnam en guerre avant de finalement se retrouver sur le front lors de la fameuse bataille de Diên Biên Phu qui solda la pire défaite de l'armée française.
Marcelino Truong raconte cela avec brio au long d'un album de près de 300 pages. Son dessin et sa mise en scène sont clairs, soignés et agréables.
Le narrateur est le personnage principal lui-même et à travers son esprit instruit, il nous permet d'avoir un avis impartial sur ce qu'il découvre. Etant vietnamien, ni du côté des patriotes pro-français, ni des révolutionnaires pro-chinois, ni-même combattant du tout, ses opinions tranchent avec le fanatisme des uns et des autres et il peut avoir des conversations franches et souvent insolentes avec les autres combattants. C'est au fil de ses discussions avec les autres engagés, les cadres et les paysans locaux rencontrés au cours de son périple, qu'on se rend compte de la complexité de cette guerre civile.
L'absence de manichéisme dans le récit fait sa force. Parmi les personnes rencontrées par le héros, on trouve de tout : des combattants poussés à la haine aveugle par des années de ressentiment et par la propagande révolutionnaire, de braves soldats détestant les violences imposées par les commissaires politiques du parti, un français ayant retourné sa veste et plus fanatiquement communiste que les Viet-Minh eux-mêmes, des villageois de minorités subissant l'opression paradoxale des armées sensées venir les libérer de l'opresseur, ou encore des artistes engagés pour la cause révolutionnaire mais rebutés par les mensonges et les discours formatés qu'on les oblige à produire.
La lecture est plaisante et surtout très instructive. Je ne me suis pas ennuyé un instant malgré la longueur de l'album et j'ai l'impression d'en être sorti en ayant bien mieux compris les enjeux du conflit à l'époque et le gâchis qu'ont pu au final représenter les guerres d'Indochine et du Vietnam déchirant et tuant une population locale tiraillée entre colons et puissances étrangères l'utilisant comme champ de bataille pour leurs idéologies déshumanisées.
On apprend beaucoup de choses sur les expéditions en Antarctique dans ce grand volume (plus de 200 pages) de François et Emmanuel Lepage. Il s'agit d'un photographe et d'un dessinateur qui décident de suivre "le raid", ce convoi qui, tous les six mois, livre des tonnes de matériel aux stations scientifiques du Pôle sud. C'est une tâche très difficile, et le froid met à l'épreuve autant les machines que les scientifiques.
Au-delà de l'intérêt culturel, la BD est superbe, en niveaux de gris et parfois des couleurs pour les étapes importantes, mais aussi pour insister sur l'aspect hypnotisant des variantes infinies des motifs et des couleurs de la glace. Pas besoin d'en apprendre plus pour foncer sur ce qui est un coup de cœur de ma médiathèque, mais je détaille quand même:
Emmanuel Lepage retrace donc la totalité du projet, depuis les premières rencontres jusqu'au raid en lui-même. Le début présente même un récapitulatif des conquêtes historiques de l'Antarctique. Certains équipages du XXème siècle sont restés plusieurs années piégés au milieu des glaces. Ces conquêtes se terminent sur un accord scientifique qui permet de geler les revendications territoriales. Avec des milliers de données partagées en temps réel entre plusieurs pays, c'est l'une des plus grandes collaborations scientifiques, et un exemple rare d'humanité, où les frontières ont été abolies pour un dessein plus vaste.
L'aventure est éprouvante de bout en bout, ne serait-ce que l'attente d'un an à cause du projet retardé, mais aussi le mal de mer, la difficulté pour Emmanuel de dessiner par un climat glacial, mais aussi une intégration complexe.
Le dessinateur a failli ne pas partir, car il est difficile de justifier la présence dans le raid de conducteurs qui ne sont pas parfaitement experts. Un dessinateur et un photographe sont un peu incongrus dans cette équipe de colosses, ils doivent faire leurs preuves. Emmanuel parvient tout de même à négocier sa place sur le raid et à dompter les machines.
A la fin de la BD, le format se diversifie en interviews, dessins, photographies qui donnent plus d'informations sur la genèse du projet. Une douzaine de photographies en double page permettent de voir à quel point les frères Lepage se complètent artistiquement, et ont retranscrit la beauté hostile des lieux.
Décidément j'aime beaucoup les BD-reportages (voir Jours de sable) et la diversité des formats, le mélange de photographies et de dessins.
Ils sont trois fils de bonne famille dont les parents possèdent une résidence secondaire en Normandie. La fin des vacances arrive et presque tous les vacanciers sont partis. Chacun va rentrer chez lui et suivre des études supérieures comme l’ont décidé leurs parents. Et puis surgit de nulle part une jeune fille qui va leur faire tourner la tête et bouleverser cette fin de vacances bien tranquille. Odette est en fait une voleuse qui agit à la tête d’une bande bien organisée et pille les maisons environnantes de leurs plus beaux meubles. L’un des trois garçons va tomber sous son charme et voir au travers d'elle la possibilité de rompre avec la carrière militaire décidée par son père. La suite vous la lirez. Voilà une bien belle histoire que nous propose Rabate, où se confrontent deux mondes que tout oppose. Rompre avec son milieu bourgeois est - il possible ? Quitter le chemin tout tracé que l’on vous impose est- il souhaitable? Voilà les questions que nous pose Rabate dans ce récit de 144 pages, magnifiquement illustré et aux jolies couleurs pastels. Une belle réussite qui est peut-être passée un peu inaperçue.
Très bonne adaptation d'un roman majeur !
Comme le révèle Ray Bradbury, auteur de l'oeuvre originale, cette histoire provient de plusieurs nouvelles qu'il avait écrites précédemment. Il la portait en lui depuis plusieurs années, et elle devait bien sortir un jour. C'est aussi, après une adaptation en film réussie (bizarre qu'il n'y ait pas eu de remake récent, tiens...), une adaptation graphique de haut niveau. D'abord au niveau du dessin de Tim Hamilton, dont la parenté avec ce que fait Frank Miller est évidente. Sans toutefois tout faire en noir et blanc comme dans Sin City, Hamilton joue beaucoup avec les ombres, les contrastes, conférant une atmosphère à la fois désincarnée et impressionniste à sa vision des choses. seul point faible : la plupart des visages, notamment celui de Montag, qui manquent de régularité. Ensuite, au niveau de l'histoire, c'est un cheminement imparable, un cheminement insidieux qui nous oblige à réfléchir à notre propre monde, et on a l'impression que plus on avance (j'ai dû lire ce roman il y a 30 ans...), plus l'acuité du futur imaginé par Bradbury s'affine. La perte du sens, une société policée et uniforme, la peur de la différence... On peut y voir beaucoup de choses qui ont cours aujourd'hui.
En somme, un album précieux, miroir de notre société.
Zoé Thorogood nous raconte cette errance avec un merveilleux talent, nous balade avec une infinie douceur dans des environnements pourtant souvent glauques ou mornes. Et on marche. Les portraits se réalisent tous l'un après l'autre et ils sont tous réussis.
Page après page, l'auteure nous fait partager la vie et les sentiments de son personnage avec un indéniable talent. Au point que l'on peut se demander si Billie Scott n'est pas une Zoé Thorogood Bis, une espèce de double imaginaire.
Que dire de plus ? Au début, le dessin m'a un peu dérouté, avec ses airs faussement naïfs. "Très mignon, mais je ne suis pas là pour lire un conte pour enfants, me suis-je dit".
Mais au fil des pages, j'ai changé d'avis. Le traité graphique s'avère très malin, parfaitement adapté au récit, au personnage de Billie Scott et à son univers de banlieues londoniennes.
Amateurs de récits intimistes, ne ratez pas cette première œuvre que j'ai adorée !
L’histoire se développe dans une ambiance post-apocalypse. Le monde est frappé durablement par une violente crise (dont nous ne saurons rien), les parents étant souvent contraints de tuer leurs enfants pour leur éviter de mourir de faim.
Sur ce, un groupe d’enfants, menés par Jonas, un adolescent violoniste et déterminé, décident de fuir, partant vers on ne sait où pour survivre. S’ensuit une odyssée violente, très noire, un struggle for life épique sur près de 400 pages ! Jonas se révèle un meneur implacable, instaurant des règles très sévères, infligeant des sévices à des gamins qui, les uns après les autres, succombent aux privations – même si certains tentent des scissions. Le voyage, balisé par les morts et canalisé par des règles et rituels stricts, sombre dans une sauvagerie démente.
En même temps que les enfants basculent dans une folie malsaine, l’aventure passe d’un certain réalisme à un fantastique mi onirique (aux limites de l’hallucination) mi cauchemardesque. Traversant des plaines désertes, atteignant pour certains la forêt, cette fuite éperdue se termine dans une île aux faux airs d’Avalon. Seule la fin m’a un peu échappé, je ne sais trop quoi en penser.
La particularité de ce pavé est qu’il mêle texte (très littéraire et plus ou moins long) et passages dessinés (parfois muets), avec un dessin simple (remarque valable pour le trait, très fin et épuré, mais aussi parce que les décors sont escamotés le plus souvent). C’est un roman graphique dans tous les sens du terme.
Malgré une fin qui m’a laissé perplexe, certaines longueurs (il faut prévoir d’investir du temps pour lire cet ouvrage, parce que la pagination est très conséquente, mais aussi parce que l’histoire est éprouvante et dense, malgré une certaine linéarité), j’ai bien aimé cette lecture, qui fait penser au roman « sa majesté des mouches », même si la lutte pour le pouvoir en tant que tel est ici secondaire.
Avec les histoires sordides telles que les crimes de tueurs en série, c'est toujours un sentiment contradictoire d'attraction/répulsion qui m'anime. Attraction parce qu'évidemment ce sont des histoires qui génèrent un flot de questionnements. Comment est-ce possible ? sont-ce des monstres ? Comment en sont-ils arrivés à commettre des crimes atroces ?... Et répulsion parce que je n'aime pas les scènes glauques. Si j'ai connu ma période à l'adolescence, je ne pourrais plus aujourd'hui voir des trucs comme Vendredi 13 ou Halloween.
C'est donc par les critiques aperçues à droite à gauche, et aussi par obligation professionnelle (tu parles d'un boulot :) !), que j'ai abordé cette BD. J'avais dans la tête l'idée d'abandonner ma lecture sitôt que les choses se corseraient, mais je dois bien avoué avoir été littéralement happé par cette lecture.
Il se trouve que les auteurs ont trouvé le ton qu'il fallait. D'abord en restituant l'ambiance un peu surannée des fifties. En effet, on retrouve un parfum hitchcockien tout au long du récit (et on comprend pourquoi quand on sait que le personnage d'Ed Gein a inspiré celui de Norman Bates). Le noir et blanc "adoucit" un peu l'horreur. Ensuite, les auteurs ont le bon goût de ne pas sombrer dans le voyeurisme. Il s'agit ici de centrer le propos autour de la personnalité même du tueur, d'en explorer chaque recoin. C'est une véritable enquête, basée sur les faits. La part des choses y est faite entre la vérité établie et la légende née du besoin de sensationnalisme. Tout est remis à sa juste place. Ed Gein n'est pas jugé dans ce qui aurait pu être un second procès un peu facile, soixante ans après les faits. De plus, en tant que lecteur, on comprend que replacée dans son contexte, cette histoire a engendré un mythe, un archétype, et les auteurs suggèrent que la naissance même d'un genre nouveau a été engendrée par l'affaire Ed Gein : Psychose, Silence des agneaux bien entendu, mais on pourrait y ajouter des exemples sans fin issus de la culture populaire, que ce soit au cinéma ou dans la littérature.
Un bon récit au dessin agréable, comparable à bien des égards à l'Homme qui tua Chris Kyle de Brüno et Nury. Ed Gein n'est ni une vulgaire peccadille de genre de plus, ni un défouloir voyeuriste.
Voilà une série courte (2 albums) passée inaperçue. C’est vraiment dommage car elle vaut le coup d’œil. C’est un peu un mixte des séries « Tanguy et Laverdure » et d’« Alpha » avec un peu du mercenaire Bod Denard et de l’affaire du raimbow warrior.
Les forces françaises aéronautiques et navales sont mises à l’honneur. Le dessin est particulièrement réussi. Le trait est précis et minutieux. Quant à l’histoire, elle est plausible avec un déroulé qui monte crescendo en puissance au fur et à mesure que nous avançons dans notre lecture.
L’ensemble est plutôt réussi et je ne regrette vraiment pas mon choix de m'être procuré ces 2 albums. J’exhorte les amateurs à suivre ma démarche.
Je me suis fait prêter la BD par un copain, ami intime d'Edouard Cour avec pour mission de lui donner un avis sur le boulot de son pote (connaissant mon appétit goulu pour les bds). Pfiouuu quelle pression.
J'ai fini de lire le bébé il y a maintenant deux semaines. Et j'ai eu raison d'attendre avant de publier l'avis présent, croyez-moi !
Parce que oui, c'est clairement une bd qu'il faut laisser un peu incuber tellement elle est riche et complexe. En refermant le livre, je suis resté un peu perplexe. Qu'avais-je lu ?
Un ouvrage au graphisme époustouflant ? Oui. De tout évidence.
Un truc de geek ? Oui, et merci !
Mais quoi d'autre ? Bonne question...
Puis la nuit a passé. Et révélation sur la fin de l'histoire. Wahouu ! C'est dingue. Et cela explique plein de choses sur le reste de l'album, qui, disons-le tout net et tout de suite, est parfois très compliqué à suivre. Deux lectures à minima s'imposent donc.
Je ne sais pas si mon interprétation est la bonne. Et peu importe en fait. L'auteur a réussi son coup !
Ne vous laissez pas décourager par le côté très fouilli de l'histoire, surtout en milieu d'album. Oui, vous ne comprendrez pas tout. Mais c'est pas grave, laissez-vous porter et surtout laissez le temps à votre cerveau de penser à cette histoire, au graphisme incroyable, je me répète.
Personnellement, ça a été une belle découverte, je la recommande fortement.
Merci Guillaume, tu peux dire à ton pote qu'il a fait un sacré bon boulot !
C'est ma première rencontre avec Eric Liberge, auteur au dessin réaliste. Si ce n'est pas franchement mon gros kif, je reconnais qu'il fait amplement l'affaire. Le récit quant à lui, est en revanche mené de main de maître. J'ai lu ce gros pavé d'une seule traite, et il y a presque deux cents pages.
Ce qui m'a attiré vers cette grosse BD, c'est clairement son thème : les EMI, soit les Expériences de Mort Imminentes, l'un des phénomènes les plus connus du grand public parmi les nombreuses expériences péri-mortelles. C'est un sujet qui me passionne depuis quelques années. J'ai lu quasiment tout ce qui a été édité en français sur le sujet, de Jean-Jacques Charbonnier, anesthésiste, à Olivier Chambon, psychiatre (qui s'est en outre beaucoup intéressé aux traitements psychédéliques et à la Conscience). Il y a beaucoup à dire sur tout ça, et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout est extrêmement troublant. Les témoignages, nombreux, suffisent déjà à ébranler les certitudes de celui qui se penche un peu sérieusement sur le sujet. Beaucoup pensent savoir, beaucoup ont écrit pour décrédibiliser témoins et chercheurs, mais il faut savoir qu'il ne s'agit ni d'hallucinations dues aux substances chimiques, ni de rêves. Tous les témoignages sont nets, précis, et leur souvenir (pour ceux qui ont vécu une telle expérience) ne perd rien de sa force au fil du temps (ce n'est donc pas un rêve). En outre, ils concordent tous, quelles que soient la culture ou les croyances de la personne (ce n'est donc ni une hallucination, ni un trip qui sont eux très personnels et tous différents). Enfin, les témoignages laissent pantois parce qu'il restituent les paroles ou les actes de personnes éventuellement présentes dans une autre pièce, ou un autre lieu, plus lointain. Et surtout, last but not least, une telle expérience change définitivement la personne qui l'a vécue.
Mais bref, je ne voudrais pas faire un papier sur les EMI. Néanmoins cela me semblait nécessaire de digresser ainsi parce que Liberge restitue très bien toutes ces manifestations, y compris l'incrédulité qui affecte les proches et l'isolement dans lequel se retrouve parfois la "victime", seule face à cette réalité d'un autre monde dont elle ne sait que faire si elle ne trouve pas une oreille attentive. Dans le cas qui nous intéresse ici, Julien, notre jeune protagoniste, reçoit en outre une révélation au cours de son EMI (ce qui est parfois mentionné par les Victimes d'EMI). Et cette révélation devient le fil rouge de cette BD. Tout est très bien senti, et très bien restitué, au point qu'on se demande à la lecture s'il ne s'agit pas d'une expérience personnelle.
Liberge nous gratifie donc d'un récit très solide et haletant aux côtés du jeune Julien. On ère avec lui dans sa quête incertaine, on gamberge jusqu'à cette fin en couleur (alors que le dessin est réhaussé d'un très joli monochrome quasiment jusqu'au bout), à la hauteur des ambitions de cet ouvrage. A lire absolument avant de mourir ! Ou après...
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C'est en lisant cette BD que j'ai réalisé à quel point je connaissais mal la Guerre d'Indochine. Je n'en avais qu'une vision tronquée et superficielle provenant de mes cours d'Histoire au lycée, faite de dates et de noms qui me parlaient peu, et de quelques autres BD que j'avais lues qui m'en donnaient des aperçus toujours du côté des Occidentaux. A l'inverse, cet album de Marcelino Truong nous plonge dans la vision des vietnamiens eux-mêmes, du côté des Viet-Minh. Le héros, pourtant, n'a rien d'un militant communiste ou partisan du Viet-Minh : c'est par un malheureux concours de circonstances que ce jeune artiste-peintre amoureux de jazz et de Saint-Germain-des-Près se retrouvera engagé dans l'armée révolutionnaire pour sauver sa vie. Ses talents de dessinateur lui attireront quelques menus ennuis mais aussi la chance de pouvoir intégrer une section de propagande dessinée qu'il rejoindra en traversant le Nord Vietnam en guerre avant de finalement se retrouver sur le front lors de la fameuse bataille de Diên Biên Phu qui solda la pire défaite de l'armée française. Marcelino Truong raconte cela avec brio au long d'un album de près de 300 pages. Son dessin et sa mise en scène sont clairs, soignés et agréables. Le narrateur est le personnage principal lui-même et à travers son esprit instruit, il nous permet d'avoir un avis impartial sur ce qu'il découvre. Etant vietnamien, ni du côté des patriotes pro-français, ni des révolutionnaires pro-chinois, ni-même combattant du tout, ses opinions tranchent avec le fanatisme des uns et des autres et il peut avoir des conversations franches et souvent insolentes avec les autres combattants. C'est au fil de ses discussions avec les autres engagés, les cadres et les paysans locaux rencontrés au cours de son périple, qu'on se rend compte de la complexité de cette guerre civile. L'absence de manichéisme dans le récit fait sa force. Parmi les personnes rencontrées par le héros, on trouve de tout : des combattants poussés à la haine aveugle par des années de ressentiment et par la propagande révolutionnaire, de braves soldats détestant les violences imposées par les commissaires politiques du parti, un français ayant retourné sa veste et plus fanatiquement communiste que les Viet-Minh eux-mêmes, des villageois de minorités subissant l'opression paradoxale des armées sensées venir les libérer de l'opresseur, ou encore des artistes engagés pour la cause révolutionnaire mais rebutés par les mensonges et les discours formatés qu'on les oblige à produire. La lecture est plaisante et surtout très instructive. Je ne me suis pas ennuyé un instant malgré la longueur de l'album et j'ai l'impression d'en être sorti en ayant bien mieux compris les enjeux du conflit à l'époque et le gâchis qu'ont pu au final représenter les guerres d'Indochine et du Vietnam déchirant et tuant une population locale tiraillée entre colons et puissances étrangères l'utilisant comme champ de bataille pour leurs idéologies déshumanisées.
La Lune est blanche
On apprend beaucoup de choses sur les expéditions en Antarctique dans ce grand volume (plus de 200 pages) de François et Emmanuel Lepage. Il s'agit d'un photographe et d'un dessinateur qui décident de suivre "le raid", ce convoi qui, tous les six mois, livre des tonnes de matériel aux stations scientifiques du Pôle sud. C'est une tâche très difficile, et le froid met à l'épreuve autant les machines que les scientifiques. Au-delà de l'intérêt culturel, la BD est superbe, en niveaux de gris et parfois des couleurs pour les étapes importantes, mais aussi pour insister sur l'aspect hypnotisant des variantes infinies des motifs et des couleurs de la glace. Pas besoin d'en apprendre plus pour foncer sur ce qui est un coup de cœur de ma médiathèque, mais je détaille quand même: Emmanuel Lepage retrace donc la totalité du projet, depuis les premières rencontres jusqu'au raid en lui-même. Le début présente même un récapitulatif des conquêtes historiques de l'Antarctique. Certains équipages du XXème siècle sont restés plusieurs années piégés au milieu des glaces. Ces conquêtes se terminent sur un accord scientifique qui permet de geler les revendications territoriales. Avec des milliers de données partagées en temps réel entre plusieurs pays, c'est l'une des plus grandes collaborations scientifiques, et un exemple rare d'humanité, où les frontières ont été abolies pour un dessein plus vaste. L'aventure est éprouvante de bout en bout, ne serait-ce que l'attente d'un an à cause du projet retardé, mais aussi le mal de mer, la difficulté pour Emmanuel de dessiner par un climat glacial, mais aussi une intégration complexe. Le dessinateur a failli ne pas partir, car il est difficile de justifier la présence dans le raid de conducteurs qui ne sont pas parfaitement experts. Un dessinateur et un photographe sont un peu incongrus dans cette équipe de colosses, ils doivent faire leurs preuves. Emmanuel parvient tout de même à négocier sa place sur le raid et à dompter les machines. A la fin de la BD, le format se diversifie en interviews, dessins, photographies qui donnent plus d'informations sur la genèse du projet. Une douzaine de photographies en double page permettent de voir à quel point les frères Lepage se complètent artistiquement, et ont retranscrit la beauté hostile des lieux. Décidément j'aime beaucoup les BD-reportages (voir Jours de sable) et la diversité des formats, le mélange de photographies et de dessins.
Sous les galets la plage
Ils sont trois fils de bonne famille dont les parents possèdent une résidence secondaire en Normandie. La fin des vacances arrive et presque tous les vacanciers sont partis. Chacun va rentrer chez lui et suivre des études supérieures comme l’ont décidé leurs parents. Et puis surgit de nulle part une jeune fille qui va leur faire tourner la tête et bouleverser cette fin de vacances bien tranquille. Odette est en fait une voleuse qui agit à la tête d’une bande bien organisée et pille les maisons environnantes de leurs plus beaux meubles. L’un des trois garçons va tomber sous son charme et voir au travers d'elle la possibilité de rompre avec la carrière militaire décidée par son père. La suite vous la lirez. Voilà une bien belle histoire que nous propose Rabate, où se confrontent deux mondes que tout oppose. Rompre avec son milieu bourgeois est - il possible ? Quitter le chemin tout tracé que l’on vous impose est- il souhaitable? Voilà les questions que nous pose Rabate dans ce récit de 144 pages, magnifiquement illustré et aux jolies couleurs pastels. Une belle réussite qui est peut-être passée un peu inaperçue.
Fahrenheit 451
Très bonne adaptation d'un roman majeur ! Comme le révèle Ray Bradbury, auteur de l'oeuvre originale, cette histoire provient de plusieurs nouvelles qu'il avait écrites précédemment. Il la portait en lui depuis plusieurs années, et elle devait bien sortir un jour. C'est aussi, après une adaptation en film réussie (bizarre qu'il n'y ait pas eu de remake récent, tiens...), une adaptation graphique de haut niveau. D'abord au niveau du dessin de Tim Hamilton, dont la parenté avec ce que fait Frank Miller est évidente. Sans toutefois tout faire en noir et blanc comme dans Sin City, Hamilton joue beaucoup avec les ombres, les contrastes, conférant une atmosphère à la fois désincarnée et impressionniste à sa vision des choses. seul point faible : la plupart des visages, notamment celui de Montag, qui manquent de régularité. Ensuite, au niveau de l'histoire, c'est un cheminement imparable, un cheminement insidieux qui nous oblige à réfléchir à notre propre monde, et on a l'impression que plus on avance (j'ai dû lire ce roman il y a 30 ans...), plus l'acuité du futur imaginé par Bradbury s'affine. La perte du sens, une société policée et uniforme, la peur de la différence... On peut y voir beaucoup de choses qui ont cours aujourd'hui. En somme, un album précieux, miroir de notre société.
Dans les yeux de Billie Scott
Zoé Thorogood nous raconte cette errance avec un merveilleux talent, nous balade avec une infinie douceur dans des environnements pourtant souvent glauques ou mornes. Et on marche. Les portraits se réalisent tous l'un après l'autre et ils sont tous réussis. Page après page, l'auteure nous fait partager la vie et les sentiments de son personnage avec un indéniable talent. Au point que l'on peut se demander si Billie Scott n'est pas une Zoé Thorogood Bis, une espèce de double imaginaire. Que dire de plus ? Au début, le dessin m'a un peu dérouté, avec ses airs faussement naïfs. "Très mignon, mais je ne suis pas là pour lire un conte pour enfants, me suis-je dit". Mais au fil des pages, j'ai changé d'avis. Le traité graphique s'avère très malin, parfaitement adapté au récit, au personnage de Billie Scott et à son univers de banlieues londoniennes. Amateurs de récits intimistes, ne ratez pas cette première œuvre que j'ai adorée !
Les Enfants pâles
L’histoire se développe dans une ambiance post-apocalypse. Le monde est frappé durablement par une violente crise (dont nous ne saurons rien), les parents étant souvent contraints de tuer leurs enfants pour leur éviter de mourir de faim. Sur ce, un groupe d’enfants, menés par Jonas, un adolescent violoniste et déterminé, décident de fuir, partant vers on ne sait où pour survivre. S’ensuit une odyssée violente, très noire, un struggle for life épique sur près de 400 pages ! Jonas se révèle un meneur implacable, instaurant des règles très sévères, infligeant des sévices à des gamins qui, les uns après les autres, succombent aux privations – même si certains tentent des scissions. Le voyage, balisé par les morts et canalisé par des règles et rituels stricts, sombre dans une sauvagerie démente. En même temps que les enfants basculent dans une folie malsaine, l’aventure passe d’un certain réalisme à un fantastique mi onirique (aux limites de l’hallucination) mi cauchemardesque. Traversant des plaines désertes, atteignant pour certains la forêt, cette fuite éperdue se termine dans une île aux faux airs d’Avalon. Seule la fin m’a un peu échappé, je ne sais trop quoi en penser. La particularité de ce pavé est qu’il mêle texte (très littéraire et plus ou moins long) et passages dessinés (parfois muets), avec un dessin simple (remarque valable pour le trait, très fin et épuré, mais aussi parce que les décors sont escamotés le plus souvent). C’est un roman graphique dans tous les sens du terme. Malgré une fin qui m’a laissé perplexe, certaines longueurs (il faut prévoir d’investir du temps pour lire cet ouvrage, parce que la pagination est très conséquente, mais aussi parce que l’histoire est éprouvante et dense, malgré une certaine linéarité), j’ai bien aimé cette lecture, qui fait penser au roman « sa majesté des mouches », même si la lutte pour le pouvoir en tant que tel est ici secondaire.
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
Avec les histoires sordides telles que les crimes de tueurs en série, c'est toujours un sentiment contradictoire d'attraction/répulsion qui m'anime. Attraction parce qu'évidemment ce sont des histoires qui génèrent un flot de questionnements. Comment est-ce possible ? sont-ce des monstres ? Comment en sont-ils arrivés à commettre des crimes atroces ?... Et répulsion parce que je n'aime pas les scènes glauques. Si j'ai connu ma période à l'adolescence, je ne pourrais plus aujourd'hui voir des trucs comme Vendredi 13 ou Halloween. C'est donc par les critiques aperçues à droite à gauche, et aussi par obligation professionnelle (tu parles d'un boulot :) !), que j'ai abordé cette BD. J'avais dans la tête l'idée d'abandonner ma lecture sitôt que les choses se corseraient, mais je dois bien avoué avoir été littéralement happé par cette lecture. Il se trouve que les auteurs ont trouvé le ton qu'il fallait. D'abord en restituant l'ambiance un peu surannée des fifties. En effet, on retrouve un parfum hitchcockien tout au long du récit (et on comprend pourquoi quand on sait que le personnage d'Ed Gein a inspiré celui de Norman Bates). Le noir et blanc "adoucit" un peu l'horreur. Ensuite, les auteurs ont le bon goût de ne pas sombrer dans le voyeurisme. Il s'agit ici de centrer le propos autour de la personnalité même du tueur, d'en explorer chaque recoin. C'est une véritable enquête, basée sur les faits. La part des choses y est faite entre la vérité établie et la légende née du besoin de sensationnalisme. Tout est remis à sa juste place. Ed Gein n'est pas jugé dans ce qui aurait pu être un second procès un peu facile, soixante ans après les faits. De plus, en tant que lecteur, on comprend que replacée dans son contexte, cette histoire a engendré un mythe, un archétype, et les auteurs suggèrent que la naissance même d'un genre nouveau a été engendrée par l'affaire Ed Gein : Psychose, Silence des agneaux bien entendu, mais on pourrait y ajouter des exemples sans fin issus de la culture populaire, que ce soit au cinéma ou dans la littérature. Un bon récit au dessin agréable, comparable à bien des égards à l'Homme qui tua Chris Kyle de Brüno et Nury. Ed Gein n'est ni une vulgaire peccadille de genre de plus, ni un défouloir voyeuriste.
Centaures
Voilà une série courte (2 albums) passée inaperçue. C’est vraiment dommage car elle vaut le coup d’œil. C’est un peu un mixte des séries « Tanguy et Laverdure » et d’« Alpha » avec un peu du mercenaire Bod Denard et de l’affaire du raimbow warrior. Les forces françaises aéronautiques et navales sont mises à l’honneur. Le dessin est particulièrement réussi. Le trait est précis et minutieux. Quant à l’histoire, elle est plausible avec un déroulé qui monte crescendo en puissance au fur et à mesure que nous avançons dans notre lecture. L’ensemble est plutôt réussi et je ne regrette vraiment pas mon choix de m'être procuré ces 2 albums. J’exhorte les amateurs à suivre ma démarche.
ReV
Je me suis fait prêter la BD par un copain, ami intime d'Edouard Cour avec pour mission de lui donner un avis sur le boulot de son pote (connaissant mon appétit goulu pour les bds). Pfiouuu quelle pression. J'ai fini de lire le bébé il y a maintenant deux semaines. Et j'ai eu raison d'attendre avant de publier l'avis présent, croyez-moi ! Parce que oui, c'est clairement une bd qu'il faut laisser un peu incuber tellement elle est riche et complexe. En refermant le livre, je suis resté un peu perplexe. Qu'avais-je lu ? Un ouvrage au graphisme époustouflant ? Oui. De tout évidence. Un truc de geek ? Oui, et merci ! Mais quoi d'autre ? Bonne question... Puis la nuit a passé. Et révélation sur la fin de l'histoire. Wahouu ! C'est dingue. Et cela explique plein de choses sur le reste de l'album, qui, disons-le tout net et tout de suite, est parfois très compliqué à suivre. Deux lectures à minima s'imposent donc. Je ne sais pas si mon interprétation est la bonne. Et peu importe en fait. L'auteur a réussi son coup ! Ne vous laissez pas décourager par le côté très fouilli de l'histoire, surtout en milieu d'album. Oui, vous ne comprendrez pas tout. Mais c'est pas grave, laissez-vous porter et surtout laissez le temps à votre cerveau de penser à cette histoire, au graphisme incroyable, je me répète. Personnellement, ça a été une belle découverte, je la recommande fortement. Merci Guillaume, tu peux dire à ton pote qu'il a fait un sacré bon boulot !
Le Corps est un vêtement que l'on quitte
C'est ma première rencontre avec Eric Liberge, auteur au dessin réaliste. Si ce n'est pas franchement mon gros kif, je reconnais qu'il fait amplement l'affaire. Le récit quant à lui, est en revanche mené de main de maître. J'ai lu ce gros pavé d'une seule traite, et il y a presque deux cents pages. Ce qui m'a attiré vers cette grosse BD, c'est clairement son thème : les EMI, soit les Expériences de Mort Imminentes, l'un des phénomènes les plus connus du grand public parmi les nombreuses expériences péri-mortelles. C'est un sujet qui me passionne depuis quelques années. J'ai lu quasiment tout ce qui a été édité en français sur le sujet, de Jean-Jacques Charbonnier, anesthésiste, à Olivier Chambon, psychiatre (qui s'est en outre beaucoup intéressé aux traitements psychédéliques et à la Conscience). Il y a beaucoup à dire sur tout ça, et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout est extrêmement troublant. Les témoignages, nombreux, suffisent déjà à ébranler les certitudes de celui qui se penche un peu sérieusement sur le sujet. Beaucoup pensent savoir, beaucoup ont écrit pour décrédibiliser témoins et chercheurs, mais il faut savoir qu'il ne s'agit ni d'hallucinations dues aux substances chimiques, ni de rêves. Tous les témoignages sont nets, précis, et leur souvenir (pour ceux qui ont vécu une telle expérience) ne perd rien de sa force au fil du temps (ce n'est donc pas un rêve). En outre, ils concordent tous, quelles que soient la culture ou les croyances de la personne (ce n'est donc ni une hallucination, ni un trip qui sont eux très personnels et tous différents). Enfin, les témoignages laissent pantois parce qu'il restituent les paroles ou les actes de personnes éventuellement présentes dans une autre pièce, ou un autre lieu, plus lointain. Et surtout, last but not least, une telle expérience change définitivement la personne qui l'a vécue. Mais bref, je ne voudrais pas faire un papier sur les EMI. Néanmoins cela me semblait nécessaire de digresser ainsi parce que Liberge restitue très bien toutes ces manifestations, y compris l'incrédulité qui affecte les proches et l'isolement dans lequel se retrouve parfois la "victime", seule face à cette réalité d'un autre monde dont elle ne sait que faire si elle ne trouve pas une oreille attentive. Dans le cas qui nous intéresse ici, Julien, notre jeune protagoniste, reçoit en outre une révélation au cours de son EMI (ce qui est parfois mentionné par les Victimes d'EMI). Et cette révélation devient le fil rouge de cette BD. Tout est très bien senti, et très bien restitué, au point qu'on se demande à la lecture s'il ne s'agit pas d'une expérience personnelle. Liberge nous gratifie donc d'un récit très solide et haletant aux côtés du jeune Julien. On ère avec lui dans sa quête incertaine, on gamberge jusqu'à cette fin en couleur (alors que le dessin est réhaussé d'un très joli monochrome quasiment jusqu'au bout), à la hauteur des ambitions de cet ouvrage. A lire absolument avant de mourir ! Ou après...