Les derniers avis (31432 avis)

Par Cacal69
Note: 4/5
Couverture de la série Dostoïevski - Le Soleil Noir
Dostoïevski - Le Soleil Noir

Après Léon & Sofia Tolstoï, Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr s'attaquent à un autre monstre de la littérature russe. Je dois avouer mon ignorance sur Fiodor Dostoïevski, de son œuvre je n'ai lu que Le Joueur (lecture obligatoire en 3° pour mes cours de russe) dont je ne garde pas un bon souvenir. Et de sa vie, je ne connaissais rien. D'où mon intérêt pour cette bd, l'envie de découvrir cet écrivain, ce visionnaire. Une biographie non chronologique, dense et richement documentée. La Russie de la deuxième partie du XIX° siècle est magnifiquement décrite, que ce soit la campagne avec ses Moujiks (les serfs en Russie), les mouvements intellectuels et progressistes, mais surtout sur les conditions de vie du peuple russe et le régime du tsar Nicolas premier qui tarde à faire des réformes. Un récit verbeux, mais du verbeux que je considère intelligent car il permet de bien cerner Dostoïevski, un homme qui pouvait être peu commode, irritable, mal embouché, voire odieux. Mais aussi d'une grande compassion pour la souffrance du fragile, du faible. C'est les quatre années passées au bagne en Sibérie puis les six ans d'exil qui ont façonné sa vision du monde et de l'être humain. A partir de ce moment, sa façon d'écrire ne sera plus la même, il va explorer la noirceur de l'âme humaine comme personne ne l'avait fait avant lui. Un homme très croyant mais avec le vice des jeux de hasard, un homme et une vie amoureuse compliquée, un homme fier d'être russe et qui n'aura de cesse de mettre en avant l'amour pour son peuple. Un homme qui m'a touché. Graphiquement, une bichromie avec une colorisation différente suivant les époques et les lieux. Un dessin que je considère comme sévère et strict. Pas forcément le dessin qui me transporte, mais il a ce petit quelque chose qui attire l'œil et qui convient parfaitement à ce genre de récit. Juste en début d'album, il faut rester concentré pour différencier les personnages, rien ne ressemble plus à un barbu, qu'un autre barbu. Une lecture enrichissante, mais que je ne conseille pas à tout le monde. Aux amoureux de littérature avant tout et d'Histoire. Une lecture qui m'a donné envie de relire Le Joueur. Et ça, c'était pas gagné d'avance.

24/01/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
Couverture de la série Suites algériennes
Suites algériennes

Avec cet album, Jacques Ferrandez, grand amoureux de l’Algérie, nous propose de le suivre dans un récit ancré dans l’histoire de l’Algérie contemporaine et plus particulièrement dans la période post-coloniale. La dimension romanesque du récit anime ce qui est, en réalité, un retour en Algérie dans lequel l’auteur partage avec ses lecteurs l’ambiance des villes, les paysages et l’histoire du pays depuis l’indépendance. Découpé en chapitres qui sont autant de portraits, autant de points de vue sur la situation et autant d’histoires humaines et intimes, l’album revient sur la guerre d’indépendance et ses acteurs avec un regard qui a pris du recul. L’analyse de la période est fine. Elle nous apporte un éclairage intéressant et parfois nouveau sur l’histoire de ce pays. L’Algérie a beaucoup changé depuis le premier tome de Carnets d’Orient – même si on retrouve des têtes connues dans cette suite - c’est aussi l’occasion de dresser un bilan des luttes pour l’indépendance et de mesurer le danger de l’intégrisme. Le dessin de Ferrandez est toujours aussi élégant, léger et coloré. Encore un bel album de cet auteur dont je ne me lasse pas.

24/01/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série L'Etranger
L'Etranger

L’Étranger, un monument dans l’œuvre de Camus ! Jacques Ferrandez s’attaque avec réussite à l’adaptation de ce grand roman. Dès la première case, on est transporté à Alger avec sa lumière et sa chaleur comme sait si bien les restituer Jacques Ferrandez. On s’installe pour un confortable moment de lecture et, que l’on ait lu ou non le roman d’Albert Camus, on est pris par l’histoire de cet homme qui n’a rien demandé à personne et qui veut juste vivre comme il l’entend. Il est indifférent à ce qui l’entoure, c’est comme ça ! Mais la société le rattrape et porte sur lui un jugement moral sans appel. C’est là que l’histoire bascule dans l’absurde noir et sans issue. Ferrandez réalise là un superbe travail d’adaptation dans lequel on retrouve toute la qualité du roman original. Vraiment, une très belle lecture.

24/01/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Serpent et le Coyote
Le Serpent et le Coyote

Du bon classique, sans fausses notes et solidement réalisé, un bon moment à la clé. Matz nous sert un petit thriller dont il a le secret, sans réelle surprise mais toujours séduisant dans ses ingrédients, ici le désert, le camping car … et bien sûr le coyote sur fond de témoignage d’un repenti, du programme de protection des témoins (nous en sommes alors aux prémices de ce sytème) et de mafia. C’est bien construit et équilibré, la « voix off » pour les conversations avec le coyote est une belle trouvaille, et la fin m’a satisfait. Niveau dessin, Philippe Xavier est loin d’être un manchot mais ses précédentes œuvres lues (celles sans Matz en fait) ne m’ont jamais emballé. Ici je trouve qu’il trouve enfin un scénariste à la hauteur de son talent, j’aime la finesse de son trait et la science de sa mise en scène. Les couleurs de Jérôme Maffre sont sobres et passent bien, mais une version en N&B ne m’aurait pas déplu. De la bonne marchandise pour les amateurs.

23/01/2023 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Berceuse assassine
Berceuse assassine

Berceuse assassine est une bien belle bd, bien réalisée, bien racontée, bien dessinée. Un très bon polar en somme, pas incroyablement original dans son scénario mais fichtrement bien fichu, avec une narration pour le coup assez inventive. Chacun des trois albums est raconté du point de vue d'un personnage différent et, à chaque fois, apporte des éléments nouveaux. J'ai vraiment beaucoup aimé le deuxième album, qui, en racontant la même histoire que le premier, a radicalement changé la vision du récit que j'avais à la fin de la lecture du premier tome, et je n'en dit pas plus, mais j'ai beaucoup apprécié. Comme quoi selon le point de vue et les personnes, les conceptions de ce qui est juste, mal ou bien changent. J'ai surtout trouvé cela passionnant et bien fait pour les deux premiers albums. J'avoue que le troisième opus, avec l'irruption un peu brutale d'un troisième personnage principal, m'a un peu moins plu. J'ai trouvé l'histoire sympa et intéressante, mais moins passionnante, et le fait que ce troisième personnage sorte, selon moi, un peu de nulle part, a fait que j'ai eu plus de mal à me mettre pleinement dans ce troisième album. Néanmoins, il conclut assez bien l'histoire, chose que ne faisait pas le deuxième album. Mais il n'est pas, selon moi, au niveau du 1 et du 2 et c'est toujours un peu décevant de finir sur un album moins bon. Mais vous l'aurez compris, je chipote un peu, tellement j'ai apprécié le tome 1 et le tome 2. "Berceuse Assassine" est une très bonne série, qui a mine de rien plus de 20 ans maintenant mais qui n'a pas pris une ride. Un mot sur le dessin qui, pour le coup, est excellent, hyper bien maitrisé, très réaliste, très beau, bref c'est Ralph Meyer quoi. Et la colorisation en noir blanc et jaune apporte un vrai plus pour le coup, et une belle note d'originalité.

23/01/2023 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Aïda à la croisée des chemins
Aïda à la croisée des chemins

Très franchement, cette bd ne manque pas d'atouts. C'est une bd d'ambiance, dans le sens ou l'ambiance de cette bd est toute particulière. Nous sommes plongés dans la mélancolie de l'héroïne, Aïda, qui revient vivre à Trieste, dans la maison de ses grands parents, après une rupture amoureuse. Aïda veut reprendre un nouveau départ, mais va se retrouver confrontée, justement, à son passé familial, et à un drôle de fantôme. L'histoire en elle même n'est pas forcément passionnante ni même particulièrement marquante (j'ai lu cette bd il y a maintenant quelques temps, et j'ai du relire deux trois trucs), mais on se laisse embarquer avec plaisir par l'atmosphère mélancolique, tant due à l'histoire en elle même qu'à la narration, au graphisme et à la colorisation. Tout cela pour dire que si l'histoire n'est pas inoubliable, et le scénario pas hyper fin, on a quand même envie de savoir ce qu'il va se passer, car on s'attache à Aïda et l'atmosphère rend la lecture agréable. Le dessin, que je trouve très beau, y est aussi pour beaucoup. C'est assez épuré, j'aime beaucoup le style graphique et ce noir/blanc/gris, qui rend très bien l'atmosphère un peu lugubre et surnaturelle que l'autrice veut rendre. Les personnages, et notamment Aïda, sont belles et beaux, et leurs corps déliés sont agréables à l'oeil. Tout cela fait que j'ai passé un agréable moment à lire cette bd, et quand j'y repense j'en garde un vrai bon souvenir. Je la recommande donc. Note réelle : 3,5/5

23/01/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Hayat - D'Alep à Bruxelles
Hayat - D'Alep à Bruxelles

Il existe déjà beaucoup de BDs sur le thème de l’immigration clandestine. Anaële et Delphine Hermans (sœurs ayant déjà collaboré sur Les Amandes vertes et La Ballade des dangereuses) ajoutent leur pierre à l’édifice, fortes de leur expérience dans le cadre de leur travail de formatrices dans un bureau d’accueil pour primo-arrivants. Elles nous racontent le calvaire de plusieurs syriennes Doms (lointains cousins de Roms), amalgamés en une seule épopée, celle d’Hayat. On y découvre sa jeunesse, sa force de caractère et son désir d’être indépendante et de travailler malgré les traditions, son mariage forcé à l’âge de 15 ans à son cousin odieux, son bonheur, malgré tout… jusqu’à l’arrivée de la guerre qui vient tout chambouler. Sa fuite vers la Belgique avec ses 3 enfants est horrifiante, et les retrouvailles avec sa famille à Bruxelles émouvantes. Quelle aventure, et un énième rappel des conditions de vie de ces réfugiés qui débarquent à nos portes. La réalisation de l’album est excellente. La narration est parfaite, l’album se lit facilement malgré la pagination élevée (184 pages), et le dessin représente parfaitement les évènements (même si l’anatomie des personnages n’est pas toujours réussie). Un album qui m’a beaucoup touché, que je recommande chaudement.

23/01/2023 (modifier)
Couverture de la série Jukebox motel
Jukebox motel

Lecteur d'avis depuis quelques mois, je franchis le pas et donne mon premier ressenti sur cette bd choisie après consultation de bdtheque. Au niveau des dessins, c'est toujours très subjectif (nous avons toutes et tous une notion du "beau" différente). Je trouve que le mélange peintures psychédéliques (à travers les cauchemars du héros) et croquis réalistes pour le reste de la bd est intéressant et agréable à parcourir. Le scénario, lui, comme dit dans l'avis précédent est très cinématographique. On a vraiment envie d'aller au bout du récit pour voir où va nous mener ce peintre et les gens qui l'entourent. Plusieurs personnages sont bien construits et éveillent l'intérêt : Joan le barman, le voisin, le marchand d'art.... Notre peintre maudit croise le chemin de personnalités connues du tout public : Johnny Cash, Andy Warhol, Bob Dylan (enfin presque!) ces clins d'œil apportent humour et tendresse à un récit étrange qui nous mène au bout de ce diptyque avec une petite larme au bord de la joue, comme en écoutant certaines balades tristes de l'homme en noir. Je lis des bd depuis mon plus jeune âge. Depuis que j'ai la chance d'être à la retraite, je dévore de plus en plus de papier imprimé et je suis toujours heureux d'en découvrir de nouvelles, qui me surprennent : Juke box Motel fait partie de celles-ci. Bonne lecture à toutes et tous.

23/01/2023 (modifier)
Par r0ud0ud0u
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Mangeur d'âmes (La Bête du lac)
Le Mangeur d'âmes (La Bête du lac)

Très bonne histoire. Un dieu maléfique mis en berne depuis de lustre est sur le point d'être réveillé. L'histoire mélangeant humains et personnages féeriques. Bon scénario et bon dessins avec de l'humour. Seul bémol, pour libérer le dieu il a fallu pas mal d'énergie physique et psychique (dont la destruction de runes de protection) Par contre pour s'en débarrasser aucune force mystique... seulement de la force brute ! Pour moi, il manque un petit truc pour que ce soit parfait. Donc je m'arrête à 4 avec un coup de cœur, car j'ai passé un bon moment.

22/01/2023 (modifier)
Par Antoine
Note: 4/5
Couverture de la série Zaï Zaï Zaï Zaï
Zaï Zaï Zaï Zaï

Alors là oui ! Triple oui. Je suis ressorti déçu de ma première lecture de Fabcaro avec Open Bar. En gros, je trouvais que ça sentait un peu le réchauffé. Mais là, quel plaisir j'ai pris à lire ce road-movie absurde. Tellement absurde. Et même si j'ai retrouvé quelques gags un peu convenus, du moins déjà entendus/lus ailleurs, je dois dire que la plupart font mouche. C'est acide, c'est débile, c'est bien senti. Bravo Monsieur Fabcaro. Vous m'avez happé. Pas la peine de résumer l'histoire, tout est dit dans le mini résumé ci-dessus. Et ça ne va pas plus loin. Mais c'est justement ça la force de l'ouvrage. A partir de rien, ou plutôt à partir d'un évènement d'une absurdité abyssale et auquel on a tous été confronté au moins une fois, Fabcaro déroule 64 planches dans lesquels ses thèmes de prédilection sont passés au crible. La débilité des chaînes d'infos en tête. Certaines scènes sont délicieuses et ce dessin austère relève leur impact. Ça fonctionne à merveille. Une de mes préférées : - Alors les enfants, qui peut m'expliquer ce qu'est la tolérance ? ... Non pas toi Malek. ... - Et maintenant, qui peut me dire ce que c'est la République ? ... Non pas toi Malek. C'est peut-être un peu facile mais dans le contexte du bouquin présent, ça passe beaucoup mieux que dans Open Bar. Je ne saurais dire pourquoi, est-ce que le format aide (gags inclus dans une histoire complète plutôt que dans un recueil) ? Sûrement. A recommander fortement à tous ceux qui se gargarisent d'absurde. Foncez !

22/01/2023 (modifier)