Un peu étonné, je m’attendais à plus de 4* pour cet album, personnellement je l’apprécie beaucoup.
Je ne connaissais pas la nouvelle de Tolstoï et très peu Martin Veyron, mais je prends mon pied à chaque lecture de cette adaptation.
Le dessinateur m’a toujours rebuté, plus jeune il y avait quelques Bernard Lermite qui trainaient sur les étagères, je les reposais toujours après un rapide feuilletage. J’ai même vérifié plusieurs fois si c’était le même auteur que dans le présent tome, tellement il m’a surpris ici.
Le sujet fait beaucoup mais c’est bien mis en images, c’est fluide avec un trait agréable, des couleurs réussies et dans une narration maîtrisée.
Il livre un chouette boulot d’adaptation.
Quand au sujet, j’ai adoré découvrir cette nouvelle de Tolstoï qui se présente comme une fable du XIXème siècle. Un récit au fond toujours universel et actuel avec cette petite morale finale savoureuse.
Le tout est sublimé par ce cadre Russe (je fais bien sûr abstraction de l’actualité avec l’Ukraine), j’aime le ton tragi-comique de ce pays (Ibicus, Slava, Le tour de valse, les diptyques de Robin et Nury …), Ce qu’il faut de terre à l’homme ne déroge pas à la règle, un bon moment.
J’ai adoré !
J’ai aimé la justesse de ton, les réflexions de Romain, la délicatesse avec laquelle ces difficiles sujets sont abordés. J’ai aimé la tendresse, l’humour, l’humanité qui se dégagent de ce récit. J’ai aimé ce dessin épuré et pourtant si expressif. J’ai aimé la luminosité des couleurs. J’ai aimé ce découpage aéré, ces grandes cases qui laissent le dessin s’exprimer et les émotions nous submerger. J’ai aimé le début et j’ai aimé la fin. J’ai aimé les petites cruautés si finement observées, les petites lâchetés qui nous sont quotidiennes et les vérités qui nous sont assénées.
J’ai adoré…
Alors que cet élégant petit bouquin commence à faire parler de lui par les prix récoltés ici et là, j'avoue que c'est une annonce de son éditeur qui m'a fait de l'oeil sur son concept. Concept que vous pouvez facilement comprendre en tapant dans votre barre de recherches "Martin Panchaud Star Wars" et vous évitera une explication tarabiscotée de mon propre jus.
Pour faire simple, il s'agit d'une bande dessinée minimaliste à l'extrème en vue du dessus comme les premiers jeux vidéo GTA. Les personnages sont représentées par des pions et des couleurs et un flechage plus ou moins habile ou intrusif permet de situer le lecteur dans cet espace bien particulier.
Donc oui on peut d'ors et déjà convenir que c'est original mais que l'ensemble ne risque pas de flatter la rétine comme une toile de Rembrandt. L'histoire également n'est qu'un prétexte pour justifier ce parti pris graphique surprenant : on y suit l'histoire d'un jeune ado obèse et méprisé par tout le monde ou presque, y compris son propre paternel. Les choses vont changer lorsque le jeune homme va gagner le gros lot sur un jeu d'argent.
Entre mystères de famille, tentative de meurtrer et la vie d'une baleine intercalée de façon absurde (mais pas tant que cela au final), l'auteur met en scène un véritable road movie avec ses petits rebondissements avec suffisamment d'intérêt pour garder le lecteur en haleine.
Si au final, certaines tournures n'enrichissent pas davantage le scénario, on reste scotché jusqu'à la dernière page.
Avec un humour pince sans rires et une narration différente mais rapidement assimilée, Martin Panchaud crée un petit style bien propre à lui qui ne devrait pas non plus être décuplé à l'infini dans d'autres histoires similaires mais ce parti pris original mérite toute attention comme on peut dévorer également une mini série télévisée avec ses surprises, lenteurs et purs petits moment de bonheur.
C'est également une merveilleuse porte d'entrée pour un public pas forcément adepte de nos bandes dessinées.
Voici ici une collection courte de 2 ouvrages faisant office d'une excellente introduction à l'univers horrifique si particulier de Junji Ito. Il s'agit à l'instar d'une anthologie comme les Tales from the Crypt de EC Comics de courtes histoires complètement indépendantes et soigneusement sélectionnées par ce nouvel éditeur nous présentant un florilège d'histoires tour à tour glaçantes, malsaines voire perturbantes.
Si le principe reste assez convenu avec l'irruption du surnaturel ou même bien souvent de situations absurdes, la facilité avec laquelle on enchaine la lecture permet de s'immerger rapidement jusqu'à sa conclusion bien souvent brutale et précipitée.
Tout comme l'avis de Gaston à ce sujet, je trouve malheureusement comme seul point négatif cette rapidité avec laquelle l'auteur conclut ses histoires comme s'il était pris par le temps ou par une limite de pagination alors qu'il prend vraisemblablement son temps pour mettre en place et développer ces récits.
Certaines histoires sont également inégales en intérêt comme les premières de chaque tome (le tout est classé par ordre chronologique et on ressent bien la progression de l'auteur tant par le dessin que par le contenu) mais il subsiste de véritables pépites comme "Les Ballons Pendus" qui résonne longuement en mémoire par sa cruauté et la frayeur procurée ou La Femme limace en récit phare de "Body Horror" à la David Cronenberg.
En conclusion, je ne peux que vous en recommander la lecture si vous avez le coeur bien accroché et le moral en poupe. Une très chouette compilation à la hauteur de la réputation du maître.
Un album qui ne laissera pas indifférent, soit on adore, soit on déteste.
L'histoire romancée de Christophe Thomas Knight, l'histoire d'un homme qui va disparaître pendant 25 ans en pleine forêt du Maine, il n'aura aucun contact direct avec une autre personne. Il avait 24 ans lors de sa disparition. Il vivra de petits cambriolages pour se mettre à l'abri des intempéries et pour se nourrir, ce sera son mode de survie. Mais toujours en ne prenant que le strict minimum, sans jamais rien détériorer.
Une narration littéraire avec la voix off de Christophe comme fond sonore. Un récit hors du temps qui se concentre sur les premiers jours de cette fugue ce qui permet de "comprendre" les raisons de ce besoin de se couper du monde et ensuite comment il va s'adapter à son nouvel environnement. Comment il va se déplacer sans laisser de traces, d'empreintes de pas. Il va modifier sa façon de se déplacer en prenant des points d'appui sur un tronc tombé à terre ou sur une pierre. Bondir, atterrir et équilibre vont le rendre furtif. Et ainsi ouvrir des pistes invisibles au milieu de la forêt.
Une belle réflexion sur le sens de la vie.
Pour bien disparaître, il ne faut pas être cherché.
J'ai pris un plaisir fou à suivre le parcours incroyable de cet homme, dont on ne verra jamais le visage.
Un dessin qui m'a transporté dans cette folle aventure, un dessin hypnotique, psychédélique. D'une beauté à couper le souffle.
Une technique avec un usage de formes pleines réalisées au pinceau et à l'encre de Chine, sans recours au trait de contour. Les formes pleines ont été numériquement traduites en deux couches superposées et retravaillées à la palette graphique, afin d'obtenir une impression en deux passages de tons directs, un bleu et un orange. La troisième couleur, un marron, est obtenue par leur superposition (dixit Xavier Mussat).
Un dessin qui suit les aléas de notre homme des bois et qui retranscrit à merveille le côté sauvage et indompté de la nature avec tantôt des formes arrondies, tantôt des formes géométriques. Il faut prendre son temps, certaines cases peuvent paraître un peu fouillis, mais en y regardant de plus près, on peut y découvrir des formes animales, où l'art et la manière de les rendre invisibles.
La mise en page est immersive.
Une belle réussite à mes yeux.
Voilà, vous êtes prévenus.
A vous de choisir !
Un superbe diptyque, dont l’histoire est inspirée de la colère des soldats suite à la catastrophique attaque du Chemin des Dames, en 1917… inspirée seulement, car autant que je sache, il n’y avait pas eu de vraie mutinerie, et encore moins de pétition.
Qu’importe, on suit l’échappée du lieutenant Katz et ses soldats avec intérêt… L’histoire, course poursuite assez sanglante, est surtout portée sur l’action. Les personnages sont charismatiques et attachants, et le dénouement m’a satisfait.
La mise en image de Cédric Babouche (également réalisateur de films d’animation et directeur artistique de jeux vidéo) est superbe, même la lisibilité est parfois perfectible, notamment sur les scènes d’action et les plans rapprochés. Mais les planches sont vraiment jolies, quelles couleurs !
Un chouette diptyque.
Après Léon & Sofia Tolstoï, Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr s'attaquent à un autre monstre de la littérature russe.
Je dois avouer mon ignorance sur Fiodor Dostoïevski, de son œuvre je n'ai lu que Le Joueur (lecture obligatoire en 3° pour mes cours de russe) dont je ne garde pas un bon souvenir. Et de sa vie, je ne connaissais rien. D'où mon intérêt pour cette bd, l'envie de découvrir cet écrivain, ce visionnaire.
Une biographie non chronologique, dense et richement documentée. La Russie de la deuxième partie du XIX° siècle est magnifiquement décrite, que ce soit la campagne avec ses Moujiks (les serfs en Russie), les mouvements intellectuels et progressistes, mais surtout sur les conditions de vie du peuple russe et le régime du tsar Nicolas premier qui tarde à faire des réformes.
Un récit verbeux, mais du verbeux que je considère intelligent car il permet de bien cerner Dostoïevski, un homme qui pouvait être peu commode, irritable, mal embouché, voire odieux. Mais aussi d'une grande compassion pour la souffrance du fragile, du faible. C'est les quatre années passées au bagne en Sibérie puis les six ans d'exil qui ont façonné sa vision du monde et de l'être humain. A partir de ce moment, sa façon d'écrire ne sera plus la même, il va explorer la noirceur de l'âme humaine comme personne ne l'avait fait avant lui.
Un homme très croyant mais avec le vice des jeux de hasard, un homme et une vie amoureuse compliquée, un homme fier d'être russe et qui n'aura de cesse de mettre en avant l'amour pour son peuple. Un homme qui m'a touché.
Graphiquement, une bichromie avec une colorisation différente suivant les époques et les lieux. Un dessin que je considère comme sévère et strict. Pas forcément le dessin qui me transporte, mais il a ce petit quelque chose qui attire l'œil et qui convient parfaitement à ce genre de récit.
Juste en début d'album, il faut rester concentré pour différencier les personnages, rien ne ressemble plus à un barbu, qu'un autre barbu.
Une lecture enrichissante, mais que je ne conseille pas à tout le monde.
Aux amoureux de littérature avant tout et d'Histoire.
Une lecture qui m'a donné envie de relire Le Joueur. Et ça, c'était pas gagné d'avance.
Avec cet album, Jacques Ferrandez, grand amoureux de l’Algérie, nous propose de le suivre dans un récit ancré dans l’histoire de l’Algérie contemporaine et plus particulièrement dans la période post-coloniale. La dimension romanesque du récit anime ce qui est, en réalité, un retour en Algérie dans lequel l’auteur partage avec ses lecteurs l’ambiance des villes, les paysages et l’histoire du pays depuis l’indépendance. Découpé en chapitres qui sont autant de portraits, autant de points de vue sur la situation et autant d’histoires humaines et intimes, l’album revient sur la guerre d’indépendance et ses acteurs avec un regard qui a pris du recul. L’analyse de la période est fine. Elle nous apporte un éclairage intéressant et parfois nouveau sur l’histoire de ce pays. L’Algérie a beaucoup changé depuis le premier tome de Carnets d’Orient – même si on retrouve des têtes connues dans cette suite - c’est aussi l’occasion de dresser un bilan des luttes pour l’indépendance et de mesurer le danger de l’intégrisme. Le dessin de Ferrandez est toujours aussi élégant, léger et coloré. Encore un bel album de cet auteur dont je ne me lasse pas.
L’Étranger, un monument dans l’œuvre de Camus ! Jacques Ferrandez s’attaque avec réussite à l’adaptation de ce grand roman. Dès la première case, on est transporté à Alger avec sa lumière et sa chaleur comme sait si bien les restituer Jacques Ferrandez. On s’installe pour un confortable moment de lecture et, que l’on ait lu ou non le roman d’Albert Camus, on est pris par l’histoire de cet homme qui n’a rien demandé à personne et qui veut juste vivre comme il l’entend. Il est indifférent à ce qui l’entoure, c’est comme ça ! Mais la société le rattrape et porte sur lui un jugement moral sans appel. C’est là que l’histoire bascule dans l’absurde noir et sans issue. Ferrandez réalise là un superbe travail d’adaptation dans lequel on retrouve toute la qualité du roman original. Vraiment, une très belle lecture.
Du bon classique, sans fausses notes et solidement réalisé, un bon moment à la clé.
Matz nous sert un petit thriller dont il a le secret, sans réelle surprise mais toujours séduisant dans ses ingrédients, ici le désert, le camping car … et bien sûr le coyote sur fond de témoignage d’un repenti, du programme de protection des témoins (nous en sommes alors aux prémices de ce sytème) et de mafia.
C’est bien construit et équilibré, la « voix off » pour les conversations avec le coyote est une belle trouvaille, et la fin m’a satisfait.
Niveau dessin, Philippe Xavier est loin d’être un manchot mais ses précédentes œuvres lues (celles sans Matz en fait) ne m’ont jamais emballé. Ici je trouve qu’il trouve enfin un scénariste à la hauteur de son talent, j’aime la finesse de son trait et la science de sa mise en scène. Les couleurs de Jérôme Maffre sont sobres et passent bien, mais une version en N&B ne m’aurait pas déplu.
De la bonne marchandise pour les amateurs.
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Ce qu'il faut de terre à l'homme
Un peu étonné, je m’attendais à plus de 4* pour cet album, personnellement je l’apprécie beaucoup. Je ne connaissais pas la nouvelle de Tolstoï et très peu Martin Veyron, mais je prends mon pied à chaque lecture de cette adaptation. Le dessinateur m’a toujours rebuté, plus jeune il y avait quelques Bernard Lermite qui trainaient sur les étagères, je les reposais toujours après un rapide feuilletage. J’ai même vérifié plusieurs fois si c’était le même auteur que dans le présent tome, tellement il m’a surpris ici. Le sujet fait beaucoup mais c’est bien mis en images, c’est fluide avec un trait agréable, des couleurs réussies et dans une narration maîtrisée. Il livre un chouette boulot d’adaptation. Quand au sujet, j’ai adoré découvrir cette nouvelle de Tolstoï qui se présente comme une fable du XIXème siècle. Un récit au fond toujours universel et actuel avec cette petite morale finale savoureuse. Le tout est sublimé par ce cadre Russe (je fais bien sûr abstraction de l’actualité avec l’Ukraine), j’aime le ton tragi-comique de ce pays (Ibicus, Slava, Le tour de valse, les diptyques de Robin et Nury …), Ce qu’il faut de terre à l’homme ne déroge pas à la règle, un bon moment.
Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l'hippopotame
J’ai adoré ! J’ai aimé la justesse de ton, les réflexions de Romain, la délicatesse avec laquelle ces difficiles sujets sont abordés. J’ai aimé la tendresse, l’humour, l’humanité qui se dégagent de ce récit. J’ai aimé ce dessin épuré et pourtant si expressif. J’ai aimé la luminosité des couleurs. J’ai aimé ce découpage aéré, ces grandes cases qui laissent le dessin s’exprimer et les émotions nous submerger. J’ai aimé le début et j’ai aimé la fin. J’ai aimé les petites cruautés si finement observées, les petites lâchetés qui nous sont quotidiennes et les vérités qui nous sont assénées. J’ai adoré…
La Couleur des choses
Alors que cet élégant petit bouquin commence à faire parler de lui par les prix récoltés ici et là, j'avoue que c'est une annonce de son éditeur qui m'a fait de l'oeil sur son concept. Concept que vous pouvez facilement comprendre en tapant dans votre barre de recherches "Martin Panchaud Star Wars" et vous évitera une explication tarabiscotée de mon propre jus. Pour faire simple, il s'agit d'une bande dessinée minimaliste à l'extrème en vue du dessus comme les premiers jeux vidéo GTA. Les personnages sont représentées par des pions et des couleurs et un flechage plus ou moins habile ou intrusif permet de situer le lecteur dans cet espace bien particulier. Donc oui on peut d'ors et déjà convenir que c'est original mais que l'ensemble ne risque pas de flatter la rétine comme une toile de Rembrandt. L'histoire également n'est qu'un prétexte pour justifier ce parti pris graphique surprenant : on y suit l'histoire d'un jeune ado obèse et méprisé par tout le monde ou presque, y compris son propre paternel. Les choses vont changer lorsque le jeune homme va gagner le gros lot sur un jeu d'argent. Entre mystères de famille, tentative de meurtrer et la vie d'une baleine intercalée de façon absurde (mais pas tant que cela au final), l'auteur met en scène un véritable road movie avec ses petits rebondissements avec suffisamment d'intérêt pour garder le lecteur en haleine. Si au final, certaines tournures n'enrichissent pas davantage le scénario, on reste scotché jusqu'à la dernière page. Avec un humour pince sans rires et une narration différente mais rapidement assimilée, Martin Panchaud crée un petit style bien propre à lui qui ne devrait pas non plus être décuplé à l'infini dans d'autres histoires similaires mais ce parti pris original mérite toute attention comme on peut dévorer également une mini série télévisée avec ses surprises, lenteurs et purs petits moment de bonheur. C'est également une merveilleuse porte d'entrée pour un public pas forcément adepte de nos bandes dessinées.
Les Chefs-d'œuvre de Junji Ito
Voici ici une collection courte de 2 ouvrages faisant office d'une excellente introduction à l'univers horrifique si particulier de Junji Ito. Il s'agit à l'instar d'une anthologie comme les Tales from the Crypt de EC Comics de courtes histoires complètement indépendantes et soigneusement sélectionnées par ce nouvel éditeur nous présentant un florilège d'histoires tour à tour glaçantes, malsaines voire perturbantes. Si le principe reste assez convenu avec l'irruption du surnaturel ou même bien souvent de situations absurdes, la facilité avec laquelle on enchaine la lecture permet de s'immerger rapidement jusqu'à sa conclusion bien souvent brutale et précipitée. Tout comme l'avis de Gaston à ce sujet, je trouve malheureusement comme seul point négatif cette rapidité avec laquelle l'auteur conclut ses histoires comme s'il était pris par le temps ou par une limite de pagination alors qu'il prend vraisemblablement son temps pour mettre en place et développer ces récits. Certaines histoires sont également inégales en intérêt comme les premières de chaque tome (le tout est classé par ordre chronologique et on ressent bien la progression de l'auteur tant par le dessin que par le contenu) mais il subsiste de véritables pépites comme "Les Ballons Pendus" qui résonne longuement en mémoire par sa cruauté et la frayeur procurée ou La Femme limace en récit phare de "Body Horror" à la David Cronenberg. En conclusion, je ne peux que vous en recommander la lecture si vous avez le coeur bien accroché et le moral en poupe. Une très chouette compilation à la hauteur de la réputation du maître.
Les Pistes Invisibles
Un album qui ne laissera pas indifférent, soit on adore, soit on déteste. L'histoire romancée de Christophe Thomas Knight, l'histoire d'un homme qui va disparaître pendant 25 ans en pleine forêt du Maine, il n'aura aucun contact direct avec une autre personne. Il avait 24 ans lors de sa disparition. Il vivra de petits cambriolages pour se mettre à l'abri des intempéries et pour se nourrir, ce sera son mode de survie. Mais toujours en ne prenant que le strict minimum, sans jamais rien détériorer. Une narration littéraire avec la voix off de Christophe comme fond sonore. Un récit hors du temps qui se concentre sur les premiers jours de cette fugue ce qui permet de "comprendre" les raisons de ce besoin de se couper du monde et ensuite comment il va s'adapter à son nouvel environnement. Comment il va se déplacer sans laisser de traces, d'empreintes de pas. Il va modifier sa façon de se déplacer en prenant des points d'appui sur un tronc tombé à terre ou sur une pierre. Bondir, atterrir et équilibre vont le rendre furtif. Et ainsi ouvrir des pistes invisibles au milieu de la forêt. Une belle réflexion sur le sens de la vie. Pour bien disparaître, il ne faut pas être cherché. J'ai pris un plaisir fou à suivre le parcours incroyable de cet homme, dont on ne verra jamais le visage. Un dessin qui m'a transporté dans cette folle aventure, un dessin hypnotique, psychédélique. D'une beauté à couper le souffle. Une technique avec un usage de formes pleines réalisées au pinceau et à l'encre de Chine, sans recours au trait de contour. Les formes pleines ont été numériquement traduites en deux couches superposées et retravaillées à la palette graphique, afin d'obtenir une impression en deux passages de tons directs, un bleu et un orange. La troisième couleur, un marron, est obtenue par leur superposition (dixit Xavier Mussat). Un dessin qui suit les aléas de notre homme des bois et qui retranscrit à merveille le côté sauvage et indompté de la nature avec tantôt des formes arrondies, tantôt des formes géométriques. Il faut prendre son temps, certaines cases peuvent paraître un peu fouillis, mais en y regardant de plus près, on peut y découvrir des formes animales, où l'art et la manière de les rendre invisibles. La mise en page est immersive. Une belle réussite à mes yeux. Voilà, vous êtes prévenus. A vous de choisir !
Le Chant du Cygne
Un superbe diptyque, dont l’histoire est inspirée de la colère des soldats suite à la catastrophique attaque du Chemin des Dames, en 1917… inspirée seulement, car autant que je sache, il n’y avait pas eu de vraie mutinerie, et encore moins de pétition. Qu’importe, on suit l’échappée du lieutenant Katz et ses soldats avec intérêt… L’histoire, course poursuite assez sanglante, est surtout portée sur l’action. Les personnages sont charismatiques et attachants, et le dénouement m’a satisfait. La mise en image de Cédric Babouche (également réalisateur de films d’animation et directeur artistique de jeux vidéo) est superbe, même la lisibilité est parfois perfectible, notamment sur les scènes d’action et les plans rapprochés. Mais les planches sont vraiment jolies, quelles couleurs ! Un chouette diptyque.
Dostoïevski - Le Soleil Noir
Après Léon & Sofia Tolstoï, Chantal Van den Heuvel et Henrik Rehr s'attaquent à un autre monstre de la littérature russe. Je dois avouer mon ignorance sur Fiodor Dostoïevski, de son œuvre je n'ai lu que Le Joueur (lecture obligatoire en 3° pour mes cours de russe) dont je ne garde pas un bon souvenir. Et de sa vie, je ne connaissais rien. D'où mon intérêt pour cette bd, l'envie de découvrir cet écrivain, ce visionnaire. Une biographie non chronologique, dense et richement documentée. La Russie de la deuxième partie du XIX° siècle est magnifiquement décrite, que ce soit la campagne avec ses Moujiks (les serfs en Russie), les mouvements intellectuels et progressistes, mais surtout sur les conditions de vie du peuple russe et le régime du tsar Nicolas premier qui tarde à faire des réformes. Un récit verbeux, mais du verbeux que je considère intelligent car il permet de bien cerner Dostoïevski, un homme qui pouvait être peu commode, irritable, mal embouché, voire odieux. Mais aussi d'une grande compassion pour la souffrance du fragile, du faible. C'est les quatre années passées au bagne en Sibérie puis les six ans d'exil qui ont façonné sa vision du monde et de l'être humain. A partir de ce moment, sa façon d'écrire ne sera plus la même, il va explorer la noirceur de l'âme humaine comme personne ne l'avait fait avant lui. Un homme très croyant mais avec le vice des jeux de hasard, un homme et une vie amoureuse compliquée, un homme fier d'être russe et qui n'aura de cesse de mettre en avant l'amour pour son peuple. Un homme qui m'a touché. Graphiquement, une bichromie avec une colorisation différente suivant les époques et les lieux. Un dessin que je considère comme sévère et strict. Pas forcément le dessin qui me transporte, mais il a ce petit quelque chose qui attire l'œil et qui convient parfaitement à ce genre de récit. Juste en début d'album, il faut rester concentré pour différencier les personnages, rien ne ressemble plus à un barbu, qu'un autre barbu. Une lecture enrichissante, mais que je ne conseille pas à tout le monde. Aux amoureux de littérature avant tout et d'Histoire. Une lecture qui m'a donné envie de relire Le Joueur. Et ça, c'était pas gagné d'avance.
Suites algériennes
Avec cet album, Jacques Ferrandez, grand amoureux de l’Algérie, nous propose de le suivre dans un récit ancré dans l’histoire de l’Algérie contemporaine et plus particulièrement dans la période post-coloniale. La dimension romanesque du récit anime ce qui est, en réalité, un retour en Algérie dans lequel l’auteur partage avec ses lecteurs l’ambiance des villes, les paysages et l’histoire du pays depuis l’indépendance. Découpé en chapitres qui sont autant de portraits, autant de points de vue sur la situation et autant d’histoires humaines et intimes, l’album revient sur la guerre d’indépendance et ses acteurs avec un regard qui a pris du recul. L’analyse de la période est fine. Elle nous apporte un éclairage intéressant et parfois nouveau sur l’histoire de ce pays. L’Algérie a beaucoup changé depuis le premier tome de Carnets d’Orient – même si on retrouve des têtes connues dans cette suite - c’est aussi l’occasion de dresser un bilan des luttes pour l’indépendance et de mesurer le danger de l’intégrisme. Le dessin de Ferrandez est toujours aussi élégant, léger et coloré. Encore un bel album de cet auteur dont je ne me lasse pas.
L'Etranger
L’Étranger, un monument dans l’œuvre de Camus ! Jacques Ferrandez s’attaque avec réussite à l’adaptation de ce grand roman. Dès la première case, on est transporté à Alger avec sa lumière et sa chaleur comme sait si bien les restituer Jacques Ferrandez. On s’installe pour un confortable moment de lecture et, que l’on ait lu ou non le roman d’Albert Camus, on est pris par l’histoire de cet homme qui n’a rien demandé à personne et qui veut juste vivre comme il l’entend. Il est indifférent à ce qui l’entoure, c’est comme ça ! Mais la société le rattrape et porte sur lui un jugement moral sans appel. C’est là que l’histoire bascule dans l’absurde noir et sans issue. Ferrandez réalise là un superbe travail d’adaptation dans lequel on retrouve toute la qualité du roman original. Vraiment, une très belle lecture.
Le Serpent et le Coyote
Du bon classique, sans fausses notes et solidement réalisé, un bon moment à la clé. Matz nous sert un petit thriller dont il a le secret, sans réelle surprise mais toujours séduisant dans ses ingrédients, ici le désert, le camping car … et bien sûr le coyote sur fond de témoignage d’un repenti, du programme de protection des témoins (nous en sommes alors aux prémices de ce sytème) et de mafia. C’est bien construit et équilibré, la « voix off » pour les conversations avec le coyote est une belle trouvaille, et la fin m’a satisfait. Niveau dessin, Philippe Xavier est loin d’être un manchot mais ses précédentes œuvres lues (celles sans Matz en fait) ne m’ont jamais emballé. Ici je trouve qu’il trouve enfin un scénariste à la hauteur de son talent, j’aime la finesse de son trait et la science de sa mise en scène. Les couleurs de Jérôme Maffre sont sobres et passent bien, mais une version en N&B ne m’aurait pas déplu. De la bonne marchandise pour les amateurs.