Hayat - D'Alep à Bruxelles

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

D’Alep à Bruxelles, l’itinéraire de vie d’Hayat, jeune femme dom – une minorité ethnique syrienne –, contrainte de fuir son pays et la guerre.


La BD au féminin La Boite à Bulles La Syrie Réfugiés et Immigration clandestine Témoignages

Hayat est le quatrième enfant d'une famille de Doms – une minorité ethnique syrienne mise à l'écart et méprisée par la société. Sa famille habite Ashrafiye, un quartier d'Alep où les différents groupes ethniques cohabitent paisiblement. C'est ainsi que Hayat mène une enfance tranquille, malgré les difficultés qui jalonnent la vie d'une jeune Dom : il lui faut cacher son accent, se fondre dans la masse et voir ses sœurs mariées de force à leurs propres cousins... En 2000, pourtant, sa vie bascule : son père meurt, et elle finit mariée, à 15 ans, à son cousin Mounir, un homme lâche, accro aux jeux d'argent, et de dix ans son aîné. En 2011, le printemps arabe gagne la Syrie, et petit à petit, les évènements font sombrer le pays dans une guerre civile. Malgré son amour pour Alep, Hayat se voit contrainte de fuir son pays. Commence pour elle une odyssée depuis Alep jusqu'à Bruxelles, où ses sœurs ont trouvé refuge. Seule sur la route avec ses enfants, elle fera l'expérience de la peur constante, de la faim, de la fatigue et du froid... Composé à partir de témoignages de réfugiées doms rencontrées par Anaële Hermans et Manal Halil, "Hayat, d’Alep à Bruxelles" met en lumière un peuple méconnu qui a pourtant beaucoup à raconter... Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Février 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Hayat - D'Alep à Bruxelles © La Boîte à Bulles 2023
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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23/01/2023 | Alix
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Depuis le temps que la question des réfugiés existe, de façon encore plus aigüe depuis les mouvements de sans-papiers des années 90, nombreux sont les ouvrages, et la bande dessinée n’est pas en reste, ayant traité du sujet. A titre d’exemple, on pourra citer l’excellente « Odyssée d'Hakim ». Fiction inspirée de personnages réels, « Hayat » s’est centré sur l’histoire d’une femme appartenant à la communauté dom de Syrie. Lointains cousins des Roms d’Europe, les Doms sont minoritaires et discriminés dans ce pays. Sujet dans le sujet, le livre évoque bien le quotidien de cette femme, qui malgré le poids du patriarcat et des conditions de vie modestes, semblait relativement serein (avant l’arrivée de la guerre bien sûr). On comprend même difficilement pourquoi ces gens subissent une telle discrimination tant leurs mœurs, en tout cas aux yeux d’un Européen, ont l’air de se rapprocher de ceux des Arabes, ne serait-ce que parce qu’ils ont adopté l’Islam comme religion. Le fait est que la plupart du temps, ils préfèrent dissimuler leurs origines, mais évitent de se mélanger au reste de la population. Il faut l’avouer, le sujet est un peu éclipsé par celui de l’exil. Au fil des pages, on tend à oublier que la jeune femme est dom, on retient surtout que c’est une Syrienne qui fuit son pays à cause de la guerre… et que la guerre, jamais, ne cessera de nous sidérer par sa cruauté aussi ignoble qu’absurde. Si le dessin de Delphine Hermans peut sembler un peu scolaire, il se fait vite oublier du fait qu’il va à l’essentiel pour mieux servir le récit qui lui, reste très fluide et assez captivant. Les quelques maladresses du trait un peu fragile sont compensées par une mise en page simple et variée et des couleurs pleines de fraîcheur, conférant un certain dynamisme à cette histoire au demeurant plutôt ordinaire d’une famille syrienne. Il ne faudra pas chercher ici de dramaturgie lacrymale. Non, ce que raconte « Hayat », c’est juste le récit « banalement dramatique » mais pas pour autant plombant d’une « primo-arrivante » en Europe, ce qui permettra peut-être au lecteur de se mettre plus facilement dans la peau de ces personnes, souvent vues dans les journaux télévisés comme les simples composants d’un flot anonyme et déshumanisé. La narration est une sorte de synthèse à partir de plusieurs témoignages recueillis par les scénaristes Anaële Hermans (sœur de la dessinatrice) et Manal Halil, elle-même d’origine syrienne, dans le cadre de leur fonction de formatrices dans un bureau d’accueil. Un témoignage sans prétention et instructif.

27/04/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
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Il existe déjà beaucoup de BDs sur le thème de l’immigration clandestine. Anaële et Delphine Hermans (sœurs ayant déjà collaboré sur Les Amandes vertes et La Ballade des dangereuses) ajoutent leur pierre à l’édifice, fortes de leur expérience dans le cadre de leur travail de formatrices dans un bureau d’accueil pour primo-arrivants. Elles nous racontent le calvaire de plusieurs syriennes Doms (lointains cousins de Roms), amalgamés en une seule épopée, celle d’Hayat. On y découvre sa jeunesse, sa force de caractère et son désir d’être indépendante et de travailler malgré les traditions, son mariage forcé à l’âge de 15 ans à son cousin odieux, son bonheur, malgré tout… jusqu’à l’arrivée de la guerre qui vient tout chambouler. Sa fuite vers la Belgique avec ses 3 enfants est horrifiante, et les retrouvailles avec sa famille à Bruxelles émouvantes. Quelle aventure, et un énième rappel des conditions de vie de ces réfugiés qui débarquent à nos portes. La réalisation de l’album est excellente. La narration est parfaite, l’album se lit facilement malgré la pagination élevée (184 pages), et le dessin représente parfaitement les évènements (même si l’anatomie des personnages n’est pas toujours réussie). Un album qui m’a beaucoup touché, que je recommande chaudement.

23/01/2023 (modifier)