Voilà une série érotique que j’ai trouvée d’une grande qualité. Du porno chic et soigné, bien fichu.
Même si les scènes de sexe occupent l’essentiel, ce n’est pas que du cul pour le cul. Le scénario tient la route, partant d’un coup de foudre, pour préciser le lien charnel entre une femme (Iris) et un homme (Simon). D’autres personnages tournent autour (la coloc de Simon, lesbienne, la directrice d’une galerie/club échangiste, etc.). Dans le premier tome, après un chapitre narrant la rencontre torride, les deux suivants nous montrent successivement les points de vue d’Iris et de Simon, temporairement séparés.
Dans le deuxième tome, le temps a passé, la passion s’est semble-t-il atténuée, les sentiments doivent dépasser l’usure de la routine, l’amour doit prendre le relais du sexe, ou alors s’effacer. Jusqu’au cliffhanger final, qui me fait penser qu’il y aura au moins une suite.
L’histoire est bien bâtie et menée, et les scènes de cul sont nombreuses, variées et émoustillantes. Il y a donc tout pour plaire aux amateurs du genre.
Surtout que l’aspect graphique est lui aussi soigné. Le dessin use d’un Noir et Blanc très tranché, au milieu duquel quelques touches de couleur (généralement les tétons, les lèvres, les ongles, des cheveux roux parfois) pimentent la vision et érotisent les images. Je trouve chouette ce parti pris esthétique – qui pourrait certes faire un peu bobo chic, mais que j’ai trouvé efficace et de bon goût.
******************
Je viens mettre à jour mon avis après lecture des deux derniers tomes, qui me confortent dans l'idée que l'on tient là une des belles réussites du genre - même si cette deuxième partie de la série m'est apparue moins forte que les deux premiers tomes.
La grande réussite de la série est de créer des personnages forts, avec une vraie personnalité, et une intrigue qui tient le coup. Une intrigue qui, malgré certaines péripéties sans doute moins "ordinaires", et des personnages correspondant aux canons de la beauté actuels, développe une vraie histoire. Dans les deux derniers tomes, cette histoire voit le drame déborder, l'emporter sur la comédie romantique qui dominait au départ. Les relations entre protagonistes se sont complexifiées, se sont distendues, maladie (une des héroïnes est atteinte d'un cancer), séparation (entre Iris et Simon), drames familiaux, tout ceci apporte crédibilité et tension, les personnages eux-même vieillissant.
Le dessin est toujours très fin, excellent, le Noir et Blanc très classe étant parsemé de touches de rouge. Puis, dans le dernier tome, la couleur s'invite peu à peu, annonçant la fin. Tout ceci se fait de façon fluide, même si je préfère clairement le Noir et Blanc tranché et le rouge qui donne des touches érotiques, à une colorisation plus classique.
C'est peut-être aussi ça qui m'a fait un chouia moins apprécier cette seconde partie et le dernier album.
Mais tranchons-en, cette série ne peut que ravir les amateurs du genre, et ça a été un réel plaisir de suivre son développement.
A force de voir passer Lovecraft sous toutes les coutures, je ne m'attendais pas spécialement à accrocher. A le lire oui, mais à l'oublier ensuite.
Vouloir donner un rendu visuel à des récits qui jouent beaucoup sur la suggestion et le non-dit (le coup du "une créature indescriptible", forcément, ça perd sa logique dès qu'on le dessine), ça me paraissait assez casse-gueule.
Et pourtant, c'est un oui pour moi. Le dessin noir et blanc se prête à merveille à l'ambiance, l'angoisse est bien présente. C'est beau, glauque à souhait et on peut lire la panique dans les yeux des protagonistes. Finalement, c'est un peu l'essentiel du concept.
La formidable épopée de Les 7 vies de l'épervier reprend vie avec cette 3ème époque. S'imposait-elle ? Non diront certains détracteurs, oui diront les fans, dont je fais partie ; après tout, lorsque Cothias et Juillard ont fait "Plume au vent" (ou seconde époque) qui était la suite directe des "7 Vies..", on s'est aperçu qu'elle était très attendue, et ici, c'est la même chose, la 3ème époque enchaîne directement à la suite de "Plume au vent", mais avec 15 ans de plus.
Comme les 2 précédents cycles, elle joue avec les destins croisés de personnages au sein de la grande Histoire, avec toujours autant de brio, et ça commence par un duel.
Au début, j'hésitais, je me disais que ça sentait le commercial à plein nez, et que tout avait été dit dans cette magnifique fresque du XVIIème. Et puis, j'ai vite changé d'avis, car tout fan se régalera de ces intrigues remarquablement agencées par Cothias qui reforme son duo gagnant avec Juillard. Le lecteur retrouve le trait magique de ce dernier, avec l'exactitude des décors et une Ariane étrangement toujours belle, même 15 ans après, alors que Germain et les autres ont vieilli ; mais ce détail n'est guère important.
Ce qui compte, c'est que cette nouvelle aventure ait fort bien démarré, elle est prenante et on pourrait en rester là, mais je suppose que les auteurs ont encore plein de choses à dire. La série peut donner l'impression de s'adresser surtout à un lectorat de fans ; dans un premier temps sans doute, car les références et renvois vers les 2 séries précédentes (et même vers Masquerouge) sont nombreux, mais elle intéressera aussi les amoureux d'Histoire, rien que pour le plaisir de lecture, et il serait dommage de bouder son plaisir.
Une suite qui s'engage donc de très belle façon.
après lecture des tomes 2 et 3 :
On mesure la portée incroyable de cette saga prestigieuse démarrée en 1983, soit depuis 40 ans, en lisant cette troisième époque qui me laisse encore plus enthousiaste, comme lors du premier album il y a 7 ans, car il aura fallu patienter 7 ans pour que les auteurs ruminent cette suite directe ; c'est long 7 ans, et franchement, je n'y croyais plus. Et là en l'espace de 2 ans, 2 albums nous tombent dans les bras. Ce tome 2 est formidable car il multiplie les révélations et l'action ne se relâche jamais, il y a de nombreux renvois vers des albums précédents, et même vers des séries parallèles comme Le Fou du Roy, autant dire qu'il faut bien connaître ce cycle des 7 vies et qu'il faut être un fan assidu . Cothias fait preuve d'une verve intarrissable, rien n'est laissé au hasard, cette intrigue est savamment mêlée à la conspiration contre Richelieu par Cinq-Mars, les personnages historiques sont à leur place, et les personnages fictifs (nos héros, Ariane et Grandpin en tête) s'imbriquent parfaitement dans cet échiquier de la grande Histoire.
Question dessin, c'est un vrai régal, le XVIIème siècle vit et frémit sous le crayon souple de Juillard dont j'admire toujours autant le velouté du trait, la richesse de ses décors et la beauté d'Ariane, belle femme de 40 ans passés (au XVIIème, une femme passé 40 ans n'était plus aussi "fraîche").
C'est pourquoi le tome 3 est une semi-déception avec non seulement des revirements et des raccourcis improbables, ce qui se ressent dans les dialogues, moins riches, mais aussi et surtout ce tome est affaibli par le dessin de Jovanovic qui a la redoutable tâche de remplacer Juillard ; ce dernier a laissé sur la série une empreinte telle qu'il est très difficile pour un fan d'accepter un successeur, ce dessin utilise certes assez habilement la réalité historique, mais c'est plus pareil, il y a un truc qui est comme brisé, je ne reconnais pas les principaux protagonistes, c'est beaucoup moins esthétique et policé, je l'accepte donc difficilement. Sinon, pour l'instant, note inchangée.
J’aime bien l’humour et les jeux de mots un peu débiles de Malo Louarn, du moins dans les deux séries de cet auteur que je connais, celle-ci et Rona.
L’histoire paraît un peu débile aussi, trouver par ordinateur le candidat idéal pour l’élection à un poste de député, celui dans lequel se reconnaîtra tout électeur de base. Eh bien il va être trognon ce candidat idéal, la caricature ultime du français moyen, accro à son pinard…
On se doute que tout n’ira pas tout à fait comme prévu, un peu comme dans Frankenstein, la créature finira par échapper à son créateur, cette fois en s’avérant bien plus finaude que prévu…
J’aime bien, l’auteur arrive à concilier l’humour bien lourd et la caricature bien sentie (et bien outrancière, enfin j’espère) des jeux d’influences et magouilles électorales.
Le tout servi par un dessin nerveux, qu’il est effectivement tentant de comparer à celui de Franquin. Mais ce serait dommage d’insister sur le fait que nul ne peut égaler le Maître, apprécions le pour ce qu’il est, Louarn est un excellent dessinateur humoristique.
Je ne pense pas pouvoir être totalement impartial lorsque j’avise une série de MAM, tant j’ai depuis longtemps adopté une posture de quasi groupie le concernant – mon avatar vous renvoie d’ailleurs à son chef d’œuvre absolu.
Toujours est-il qu’il arrive encore à me surprendre avec ce « Deep me », tout en me contentant une nouvelle fois.
Comme souvent, j’ai trouvé l’ensemble très beau et simple sur la forme, complexe et fluide sur le fond. C’est vraiment une de ses nombreuses qualités, cet aspect dialectique, cette capacité à allier questionnements perchés et presque obscures et mise en scène et en œuvre sans fioriture.
Je me suis plusieurs fois fait la réflexion le concernant, mais son éditeur, Delcourt donc, doit trembler lorsqu’il reçoit un de ses projets, tant il y a souvent de choses qui sortent de l’ordinaire, et qui vont nécessiter un travail bien particulier.
Ainsi des nombreux dégradés de gris, mais surtout de noir, dans la première moitié de l’album : ces différents noirs, très beaux, m’ont fait penser au travail de Soulages. J’ai lu sur certains forum l’étonnement de quelques lecteurs, pensant qu’on se moquait du monde avec ces cases quasi vides. Je trouve au contraire que MAM est exigeant avec ses lecteurs, et qu’on n’a pas là du « prêt à consommer » insipide.
Sans trop spolier, je dirais que j’ai préféré les deux premiers tiers de l’album, à la fois brillants et intrigants, avec quelque chose d’un polar décalé, même si le dernier tiers, qui livre quelques clés tout en complexifiant brutalement les questionnements, m’est apparu intéressant, mais finalement moins captivant.
Comme souvent avec cet auteur, il faudra sans doute plusieurs lectures pour tenter d’épuiser ce que l’album peut nous dire. Mais cette lecture a été un véritable plaisir. A réserver aux lecteurs curieux peut-être, mais on a là une œuvre bien plus ambitieuse et créative que le minimalisme apparent des premières planches ne pouvait le laisser penser.
Une plongée dans le Paris de la fin de la Belle Epoque, plus précisément en 1910 lors des innondations qui ont en partie recouvert la capitale. Ange Leca est un journaliste venu de Corse qui travaille dans un petit journal dont il déteste le patron mais dont il est très amoureux de la femme qui est son amante. Alors que l'eau recouvre les rues de Paris, des corps de noyés remontent à la surface mais aussi une valise contenant le tronc démembré d'une femme non identifiable. Destiné à enquêter sur le sujet, Ange va remonter la piste et réaliser qu'elle croise malheureusement celle de la femme qu'il aime.
Publié comme un one-shot, voilà une BD que j'accueillerais volontiers en série car j'ai beaucoup apprécié son cadre historique, son ambiance et l'humanité de ses personnages. C'est presque la première BD de Victor Lepointe mais ce dessinateur a du talent tant les planches paraissent maîtrisées et professionnelles. Il donne au Paris de l'époque un belle atmosphère entre réalisme et un soupçon d'onirisme, avec ses avenues brumeuses et ses personnages fantasques. Ces personnages sont d'ailleurs pour beaucoup d'entre eux authentiques comme on l'apprend dans les annexes et photos de fin d'album. J'ai beaucoup aimé cet hommage rendu au Paris de la Belle Epoque. L'histoire quant à elle est bien menée et attachante. J'ai été un peu frustré par le réalisme amer de sa conclusion mais comment pourrais-je lui reprocher de ne pas chercher une belle fin à l'américaine où tout est bien qui finit bien.
Comme indiqué plus haut, cette fin me pousse à demander une suite pour plus d'aventures du corse Ange Leca et éventuellement pour le voir enfin obtenir la vengeance qu'il souhaite si ardemment.
Bel album pour tous ceux qui aiment être plongés dans la cruelle beauté d'une époque révolue.
Première histoire que je lis de cet auteur, que je ne connaissais pas même de nom. Une très belle surprise.
On suit le voyage dans le temps de Jack, qui cherche à corriger le passé de son amour, Patience, morte assassinée alors qu'elle portait leur premier. Un scénario très bien monté et linéaire. Je ne vois aucune incohérence, ce qui est essentiel dans une histoire d'enquête. L'auteur a exploité tous les indices pour dégager un épilogue bien fichu et un final franchement réussi.
J'ai pas lu beaucoup de BD écrites par des auteurs américains. De l'idée que j'ai de la branche underground US, je pense que Clowes la représente très bien. Le ton m'a rappelé Le Roi des Mouches, une lecture marquante. L'ambiance est assez sombre et glauque, Clowes n'ayant pas vraiment appris à ces personnages comment sourire. Et pourtant, l'émotion est au rendez-vous et j'ai eu une certaine forme d'intérêt, sinon d'empathie, pour les personnages. J'aurais certainement eu une toute autre critique s'il n'y avait pas une si forte osmose avec le dessin que je trouve génial, avec ses couleurs au contraste fort qui nous emmènent dans un univers "old school" et psychédéliques.
Le côté SF ne doit pas freiner les lecteurs qui en sont frileux, il ne fait qu'appuyer les thèmes abordés, qui ont un fort caractère social et psychologique. Avec le personnage de Patience, on peut imaginer la perte de repères que peut ressentir les femmes emprisonnées dans un monde vicieux, encerclées d'hommes ne sachant dominer les autres que par la violence, au point d'en faire leur leitmotiv. Quant à Jack, cet homme ruiné par la perte de sa femme et aveuglé par la vengeance, est tout aussi intéressant à suivre. Son combat contre la folie et la perdition est un sujet de chaque instant. Son existence est réduite à vivre dans le passé, avec pour seul espoir de réussir à modifier le destin pour sa femme et son enfant. L'enfant est d'ailleurs la véritable allégorie faisant référence à l'avenir. La naissance apparaît comme une renaissance pour le couple, une délivrance pour ces deux individus qui ne savent pas vivre heureux à cause de leurs traumatismes enfouis et au sein d'une société qui ne leur correspond pas.
Une aventure faite de passion qui sait maintenir la tension du début à la fin, sans partir dans du grand n'importe quoi (bien au contraire). Les précédents aviseurs avancent que ce récit est assez linéaire par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir chez Clowes. Eh ben moi, je suis bien curieux de voir jusqu'où il va dans ses délires. Je garde donc cette BD bien au chaud dans ma bibli, et je n'hésiterai pas à découvrir ses autres travaux à l'occasion.
Amateur de récits autobiographiques, à plus forte raison quand ceux-ci s'attardent sur l'enfance, je connaissais le Val des Ânes. J'avais beaucoup apprécié ce petit récit touchant d'une enfance sauvage racontée crument et servi par le trait tout aussi sauvage de Matthieu Blanchin. C'est avec plaisir que j'ai découvert ce nouvel essai qui prolonge Le Val des Ânes en lui donnant une perspective.
En effet, ici, nous ne sommes plus seulement dans le souvenir. L'auteur achève quelque chose, ou plutôt il fait la paix avec des cadavres qui semblent l'avoir pourchassé jusqu'au début de ce millénaire.
Le récit de Matthieu Blanchin est cruel, sans concession. La sincérité avec laquelle il se livre tout entier, projetant une lumière crue dans les zones d'ombre que généralement l'on préfère garder sous un épais silence, est extrêmement touchante. Plusieurs fois, j'ai eu des frissons à la lecture. Est-ce lié au fait que, par un curieux hasard qui n'en est pas un (le hasard n'existe pas, hein ?), il se trouve que nous avons tous deux vécus des expériences très similaires ? Toujours est-il que j'ai adoré ce flux narratif qui vous emporte comme un tourbillon, avec cette même sensation éprouvée à l'adolescence de se retrouver soudain le cul entre deux chaises : d'un côté, on a quitté définitivement les terres insouciantes de l'enfance qui néanmoins s'accroche encore, telle une brume au fond de la vallée, et de l'autre on débarque un peu brutalement dans un univers où la responsabilité vous tombe sur le coin du nez comme un voleur au coin d'une ruelle sombre. C'est le temps des choix qui nécessite d'abandonner des illusions, celui des incertitudes qui s'ouvre sur une jungle inextricable. Tout cela, son dessin semblant tout droit extrait de la matière brute le donne à voir et à ressentir.
Blanchin partage l'intime avec nous, à savoir des situations qui ont scellé un lourd passif dont lui-même eut toutes les peines du monde à s'extraire, transcendant les souffrances. Il lui fallut des années de thérapies en tous genres pour y parvenir. Oui, la sincérité désarmante dont il fait preuve est rare et fait de ce récit un terreau fertile pour qui cherche à éclairer l'avenir à la lueur des erreurs passées. Pourquoi Matthieu n'est-il pas devenu un salaud ? Il faudra lire cette BD dont le titre lui fut suggéré, et qui laisse deviner que le passé n'est pas si rigide mais au contraire une matière meuble susceptible de créer de nouvelles formes sur notre propre chemin.
4.5
L'adaptation du roman de Teulé sur la vie hors normes d'un roi que peu connaissaient vraiment avant, Charles IX. Et pourtant il s'en est passé des trucs de dingues durant son règne relativement court : massacre de la St-Barthélémy, nouveau calendrier, tradition du 1er avril, fausse monnaie au niveau monarchique, histoires et complots de famille (mais ça c'est le lot de tout monarque), illumination et démence.
Un cocktail explosif ici rendu à la perfection.
Une retranscription de roman mais réapproprié même si la trame est reprise en tout point. L'ambiance et le trait de chaque chapitre collent parfaitement : l'expression des visages, les couleurs... tout, aucun faux-pas.
Pour une fois, aucun regret si vous hésitez entre le roman ou l'adaptation en BD, vous ne serez déçu par aucun des 2 !
Un maître caricaturiste. Talentueux, élégant et faisant mouche. Les années 2000 ont consacré Le Chat, les 70s-80s nous ont offerts les beaux tableaux de Mr Serre.
Au moment où Reiser passait le karcher à l'aide de coups de pinceau diablement efficaces et économes, Serre offrait un dessin semi-réaliste qui savait aussi être sale s'il le fallait. Mais contrairement à Reiser, il pouvait aussi facilement se montrer sensible et poétique.
Les albums sont thématiques, on peut cibler ses préférences pour être encore plus sûr de faire des bonnes découvertes. Ils se lisent vite, c'est vrai mais la subtilité de certains dessins font qu'on les relira plus tard avec plaisir. Ils trouveront parfaitement leur place entre un receuil du New-Yorker et des séries de croquis de Tomi Ungerer.
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Amabilia
Voilà une série érotique que j’ai trouvée d’une grande qualité. Du porno chic et soigné, bien fichu. Même si les scènes de sexe occupent l’essentiel, ce n’est pas que du cul pour le cul. Le scénario tient la route, partant d’un coup de foudre, pour préciser le lien charnel entre une femme (Iris) et un homme (Simon). D’autres personnages tournent autour (la coloc de Simon, lesbienne, la directrice d’une galerie/club échangiste, etc.). Dans le premier tome, après un chapitre narrant la rencontre torride, les deux suivants nous montrent successivement les points de vue d’Iris et de Simon, temporairement séparés. Dans le deuxième tome, le temps a passé, la passion s’est semble-t-il atténuée, les sentiments doivent dépasser l’usure de la routine, l’amour doit prendre le relais du sexe, ou alors s’effacer. Jusqu’au cliffhanger final, qui me fait penser qu’il y aura au moins une suite. L’histoire est bien bâtie et menée, et les scènes de cul sont nombreuses, variées et émoustillantes. Il y a donc tout pour plaire aux amateurs du genre. Surtout que l’aspect graphique est lui aussi soigné. Le dessin use d’un Noir et Blanc très tranché, au milieu duquel quelques touches de couleur (généralement les tétons, les lèvres, les ongles, des cheveux roux parfois) pimentent la vision et érotisent les images. Je trouve chouette ce parti pris esthétique – qui pourrait certes faire un peu bobo chic, mais que j’ai trouvé efficace et de bon goût. ****************** Je viens mettre à jour mon avis après lecture des deux derniers tomes, qui me confortent dans l'idée que l'on tient là une des belles réussites du genre - même si cette deuxième partie de la série m'est apparue moins forte que les deux premiers tomes. La grande réussite de la série est de créer des personnages forts, avec une vraie personnalité, et une intrigue qui tient le coup. Une intrigue qui, malgré certaines péripéties sans doute moins "ordinaires", et des personnages correspondant aux canons de la beauté actuels, développe une vraie histoire. Dans les deux derniers tomes, cette histoire voit le drame déborder, l'emporter sur la comédie romantique qui dominait au départ. Les relations entre protagonistes se sont complexifiées, se sont distendues, maladie (une des héroïnes est atteinte d'un cancer), séparation (entre Iris et Simon), drames familiaux, tout ceci apporte crédibilité et tension, les personnages eux-même vieillissant. Le dessin est toujours très fin, excellent, le Noir et Blanc très classe étant parsemé de touches de rouge. Puis, dans le dernier tome, la couleur s'invite peu à peu, annonçant la fin. Tout ceci se fait de façon fluide, même si je préfère clairement le Noir et Blanc tranché et le rouge qui donne des touches érotiques, à une colorisation plus classique. C'est peut-être aussi ça qui m'a fait un chouia moins apprécier cette seconde partie et le dernier album. Mais tranchons-en, cette série ne peut que ravir les amateurs du genre, et ça a été un réel plaisir de suivre son développement.
Les Montagnes hallucinées (Tanabe)
A force de voir passer Lovecraft sous toutes les coutures, je ne m'attendais pas spécialement à accrocher. A le lire oui, mais à l'oublier ensuite. Vouloir donner un rendu visuel à des récits qui jouent beaucoup sur la suggestion et le non-dit (le coup du "une créature indescriptible", forcément, ça perd sa logique dès qu'on le dessine), ça me paraissait assez casse-gueule. Et pourtant, c'est un oui pour moi. Le dessin noir et blanc se prête à merveille à l'ambiance, l'angoisse est bien présente. C'est beau, glauque à souhait et on peut lire la panique dans les yeux des protagonistes. Finalement, c'est un peu l'essentiel du concept.
Les 7 Vies de l'Epervier - Troisième époque
La formidable épopée de Les 7 vies de l'épervier reprend vie avec cette 3ème époque. S'imposait-elle ? Non diront certains détracteurs, oui diront les fans, dont je fais partie ; après tout, lorsque Cothias et Juillard ont fait "Plume au vent" (ou seconde époque) qui était la suite directe des "7 Vies..", on s'est aperçu qu'elle était très attendue, et ici, c'est la même chose, la 3ème époque enchaîne directement à la suite de "Plume au vent", mais avec 15 ans de plus. Comme les 2 précédents cycles, elle joue avec les destins croisés de personnages au sein de la grande Histoire, avec toujours autant de brio, et ça commence par un duel. Au début, j'hésitais, je me disais que ça sentait le commercial à plein nez, et que tout avait été dit dans cette magnifique fresque du XVIIème. Et puis, j'ai vite changé d'avis, car tout fan se régalera de ces intrigues remarquablement agencées par Cothias qui reforme son duo gagnant avec Juillard. Le lecteur retrouve le trait magique de ce dernier, avec l'exactitude des décors et une Ariane étrangement toujours belle, même 15 ans après, alors que Germain et les autres ont vieilli ; mais ce détail n'est guère important. Ce qui compte, c'est que cette nouvelle aventure ait fort bien démarré, elle est prenante et on pourrait en rester là, mais je suppose que les auteurs ont encore plein de choses à dire. La série peut donner l'impression de s'adresser surtout à un lectorat de fans ; dans un premier temps sans doute, car les références et renvois vers les 2 séries précédentes (et même vers Masquerouge) sont nombreux, mais elle intéressera aussi les amoureux d'Histoire, rien que pour le plaisir de lecture, et il serait dommage de bouder son plaisir. Une suite qui s'engage donc de très belle façon. après lecture des tomes 2 et 3 : On mesure la portée incroyable de cette saga prestigieuse démarrée en 1983, soit depuis 40 ans, en lisant cette troisième époque qui me laisse encore plus enthousiaste, comme lors du premier album il y a 7 ans, car il aura fallu patienter 7 ans pour que les auteurs ruminent cette suite directe ; c'est long 7 ans, et franchement, je n'y croyais plus. Et là en l'espace de 2 ans, 2 albums nous tombent dans les bras. Ce tome 2 est formidable car il multiplie les révélations et l'action ne se relâche jamais, il y a de nombreux renvois vers des albums précédents, et même vers des séries parallèles comme Le Fou du Roy, autant dire qu'il faut bien connaître ce cycle des 7 vies et qu'il faut être un fan assidu . Cothias fait preuve d'une verve intarrissable, rien n'est laissé au hasard, cette intrigue est savamment mêlée à la conspiration contre Richelieu par Cinq-Mars, les personnages historiques sont à leur place, et les personnages fictifs (nos héros, Ariane et Grandpin en tête) s'imbriquent parfaitement dans cet échiquier de la grande Histoire. Question dessin, c'est un vrai régal, le XVIIème siècle vit et frémit sous le crayon souple de Juillard dont j'admire toujours autant le velouté du trait, la richesse de ses décors et la beauté d'Ariane, belle femme de 40 ans passés (au XVIIème, une femme passé 40 ans n'était plus aussi "fraîche"). C'est pourquoi le tome 3 est une semi-déception avec non seulement des revirements et des raccourcis improbables, ce qui se ressent dans les dialogues, moins riches, mais aussi et surtout ce tome est affaibli par le dessin de Jovanovic qui a la redoutable tâche de remplacer Juillard ; ce dernier a laissé sur la série une empreinte telle qu'il est très difficile pour un fan d'accepter un successeur, ce dessin utilise certes assez habilement la réalité historique, mais c'est plus pareil, il y a un truc qui est comme brisé, je ne reconnais pas les principaux protagonistes, c'est beaucoup moins esthétique et policé, je l'accepte donc difficilement. Sinon, pour l'instant, note inchangée.
Le Candidat
J’aime bien l’humour et les jeux de mots un peu débiles de Malo Louarn, du moins dans les deux séries de cet auteur que je connais, celle-ci et Rona. L’histoire paraît un peu débile aussi, trouver par ordinateur le candidat idéal pour l’élection à un poste de député, celui dans lequel se reconnaîtra tout électeur de base. Eh bien il va être trognon ce candidat idéal, la caricature ultime du français moyen, accro à son pinard… On se doute que tout n’ira pas tout à fait comme prévu, un peu comme dans Frankenstein, la créature finira par échapper à son créateur, cette fois en s’avérant bien plus finaude que prévu… J’aime bien, l’auteur arrive à concilier l’humour bien lourd et la caricature bien sentie (et bien outrancière, enfin j’espère) des jeux d’influences et magouilles électorales. Le tout servi par un dessin nerveux, qu’il est effectivement tentant de comparer à celui de Franquin. Mais ce serait dommage d’insister sur le fait que nul ne peut égaler le Maître, apprécions le pour ce qu’il est, Louarn est un excellent dessinateur humoristique.
Deep Me
Je ne pense pas pouvoir être totalement impartial lorsque j’avise une série de MAM, tant j’ai depuis longtemps adopté une posture de quasi groupie le concernant – mon avatar vous renvoie d’ailleurs à son chef d’œuvre absolu. Toujours est-il qu’il arrive encore à me surprendre avec ce « Deep me », tout en me contentant une nouvelle fois. Comme souvent, j’ai trouvé l’ensemble très beau et simple sur la forme, complexe et fluide sur le fond. C’est vraiment une de ses nombreuses qualités, cet aspect dialectique, cette capacité à allier questionnements perchés et presque obscures et mise en scène et en œuvre sans fioriture. Je me suis plusieurs fois fait la réflexion le concernant, mais son éditeur, Delcourt donc, doit trembler lorsqu’il reçoit un de ses projets, tant il y a souvent de choses qui sortent de l’ordinaire, et qui vont nécessiter un travail bien particulier. Ainsi des nombreux dégradés de gris, mais surtout de noir, dans la première moitié de l’album : ces différents noirs, très beaux, m’ont fait penser au travail de Soulages. J’ai lu sur certains forum l’étonnement de quelques lecteurs, pensant qu’on se moquait du monde avec ces cases quasi vides. Je trouve au contraire que MAM est exigeant avec ses lecteurs, et qu’on n’a pas là du « prêt à consommer » insipide. Sans trop spolier, je dirais que j’ai préféré les deux premiers tiers de l’album, à la fois brillants et intrigants, avec quelque chose d’un polar décalé, même si le dernier tiers, qui livre quelques clés tout en complexifiant brutalement les questionnements, m’est apparu intéressant, mais finalement moins captivant. Comme souvent avec cet auteur, il faudra sans doute plusieurs lectures pour tenter d’épuiser ce que l’album peut nous dire. Mais cette lecture a été un véritable plaisir. A réserver aux lecteurs curieux peut-être, mais on a là une œuvre bien plus ambitieuse et créative que le minimalisme apparent des premières planches ne pouvait le laisser penser.
Ange Leca
Une plongée dans le Paris de la fin de la Belle Epoque, plus précisément en 1910 lors des innondations qui ont en partie recouvert la capitale. Ange Leca est un journaliste venu de Corse qui travaille dans un petit journal dont il déteste le patron mais dont il est très amoureux de la femme qui est son amante. Alors que l'eau recouvre les rues de Paris, des corps de noyés remontent à la surface mais aussi une valise contenant le tronc démembré d'une femme non identifiable. Destiné à enquêter sur le sujet, Ange va remonter la piste et réaliser qu'elle croise malheureusement celle de la femme qu'il aime. Publié comme un one-shot, voilà une BD que j'accueillerais volontiers en série car j'ai beaucoup apprécié son cadre historique, son ambiance et l'humanité de ses personnages. C'est presque la première BD de Victor Lepointe mais ce dessinateur a du talent tant les planches paraissent maîtrisées et professionnelles. Il donne au Paris de l'époque un belle atmosphère entre réalisme et un soupçon d'onirisme, avec ses avenues brumeuses et ses personnages fantasques. Ces personnages sont d'ailleurs pour beaucoup d'entre eux authentiques comme on l'apprend dans les annexes et photos de fin d'album. J'ai beaucoup aimé cet hommage rendu au Paris de la Belle Epoque. L'histoire quant à elle est bien menée et attachante. J'ai été un peu frustré par le réalisme amer de sa conclusion mais comment pourrais-je lui reprocher de ne pas chercher une belle fin à l'américaine où tout est bien qui finit bien. Comme indiqué plus haut, cette fin me pousse à demander une suite pour plus d'aventures du corse Ange Leca et éventuellement pour le voir enfin obtenir la vengeance qu'il souhaite si ardemment. Bel album pour tous ceux qui aiment être plongés dans la cruelle beauté d'une époque révolue.
Patience
Première histoire que je lis de cet auteur, que je ne connaissais pas même de nom. Une très belle surprise. On suit le voyage dans le temps de Jack, qui cherche à corriger le passé de son amour, Patience, morte assassinée alors qu'elle portait leur premier. Un scénario très bien monté et linéaire. Je ne vois aucune incohérence, ce qui est essentiel dans une histoire d'enquête. L'auteur a exploité tous les indices pour dégager un épilogue bien fichu et un final franchement réussi. J'ai pas lu beaucoup de BD écrites par des auteurs américains. De l'idée que j'ai de la branche underground US, je pense que Clowes la représente très bien. Le ton m'a rappelé Le Roi des Mouches, une lecture marquante. L'ambiance est assez sombre et glauque, Clowes n'ayant pas vraiment appris à ces personnages comment sourire. Et pourtant, l'émotion est au rendez-vous et j'ai eu une certaine forme d'intérêt, sinon d'empathie, pour les personnages. J'aurais certainement eu une toute autre critique s'il n'y avait pas une si forte osmose avec le dessin que je trouve génial, avec ses couleurs au contraste fort qui nous emmènent dans un univers "old school" et psychédéliques. Le côté SF ne doit pas freiner les lecteurs qui en sont frileux, il ne fait qu'appuyer les thèmes abordés, qui ont un fort caractère social et psychologique. Avec le personnage de Patience, on peut imaginer la perte de repères que peut ressentir les femmes emprisonnées dans un monde vicieux, encerclées d'hommes ne sachant dominer les autres que par la violence, au point d'en faire leur leitmotiv. Quant à Jack, cet homme ruiné par la perte de sa femme et aveuglé par la vengeance, est tout aussi intéressant à suivre. Son combat contre la folie et la perdition est un sujet de chaque instant. Son existence est réduite à vivre dans le passé, avec pour seul espoir de réussir à modifier le destin pour sa femme et son enfant. L'enfant est d'ailleurs la véritable allégorie faisant référence à l'avenir. La naissance apparaît comme une renaissance pour le couple, une délivrance pour ces deux individus qui ne savent pas vivre heureux à cause de leurs traumatismes enfouis et au sein d'une société qui ne leur correspond pas. Une aventure faite de passion qui sait maintenir la tension du début à la fin, sans partir dans du grand n'importe quoi (bien au contraire). Les précédents aviseurs avancent que ce récit est assez linéaire par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir chez Clowes. Eh ben moi, je suis bien curieux de voir jusqu'où il va dans ses délires. Je garde donc cette BD bien au chaud dans ma bibli, et je n'hésiterai pas à découvrir ses autres travaux à l'occasion.
Comment je ne suis pas devenu un salaud
Amateur de récits autobiographiques, à plus forte raison quand ceux-ci s'attardent sur l'enfance, je connaissais le Val des Ânes. J'avais beaucoup apprécié ce petit récit touchant d'une enfance sauvage racontée crument et servi par le trait tout aussi sauvage de Matthieu Blanchin. C'est avec plaisir que j'ai découvert ce nouvel essai qui prolonge Le Val des Ânes en lui donnant une perspective. En effet, ici, nous ne sommes plus seulement dans le souvenir. L'auteur achève quelque chose, ou plutôt il fait la paix avec des cadavres qui semblent l'avoir pourchassé jusqu'au début de ce millénaire. Le récit de Matthieu Blanchin est cruel, sans concession. La sincérité avec laquelle il se livre tout entier, projetant une lumière crue dans les zones d'ombre que généralement l'on préfère garder sous un épais silence, est extrêmement touchante. Plusieurs fois, j'ai eu des frissons à la lecture. Est-ce lié au fait que, par un curieux hasard qui n'en est pas un (le hasard n'existe pas, hein ?), il se trouve que nous avons tous deux vécus des expériences très similaires ? Toujours est-il que j'ai adoré ce flux narratif qui vous emporte comme un tourbillon, avec cette même sensation éprouvée à l'adolescence de se retrouver soudain le cul entre deux chaises : d'un côté, on a quitté définitivement les terres insouciantes de l'enfance qui néanmoins s'accroche encore, telle une brume au fond de la vallée, et de l'autre on débarque un peu brutalement dans un univers où la responsabilité vous tombe sur le coin du nez comme un voleur au coin d'une ruelle sombre. C'est le temps des choix qui nécessite d'abandonner des illusions, celui des incertitudes qui s'ouvre sur une jungle inextricable. Tout cela, son dessin semblant tout droit extrait de la matière brute le donne à voir et à ressentir. Blanchin partage l'intime avec nous, à savoir des situations qui ont scellé un lourd passif dont lui-même eut toutes les peines du monde à s'extraire, transcendant les souffrances. Il lui fallut des années de thérapies en tous genres pour y parvenir. Oui, la sincérité désarmante dont il fait preuve est rare et fait de ce récit un terreau fertile pour qui cherche à éclairer l'avenir à la lueur des erreurs passées. Pourquoi Matthieu n'est-il pas devenu un salaud ? Il faudra lire cette BD dont le titre lui fut suggéré, et qui laisse deviner que le passé n'est pas si rigide mais au contraire une matière meuble susceptible de créer de nouvelles formes sur notre propre chemin.
Charly 9
4.5 L'adaptation du roman de Teulé sur la vie hors normes d'un roi que peu connaissaient vraiment avant, Charles IX. Et pourtant il s'en est passé des trucs de dingues durant son règne relativement court : massacre de la St-Barthélémy, nouveau calendrier, tradition du 1er avril, fausse monnaie au niveau monarchique, histoires et complots de famille (mais ça c'est le lot de tout monarque), illumination et démence. Un cocktail explosif ici rendu à la perfection. Une retranscription de roman mais réapproprié même si la trame est reprise en tout point. L'ambiance et le trait de chaque chapitre collent parfaitement : l'expression des visages, les couleurs... tout, aucun faux-pas. Pour une fois, aucun regret si vous hésitez entre le roman ou l'adaptation en BD, vous ne serez déçu par aucun des 2 !
Serre
Un maître caricaturiste. Talentueux, élégant et faisant mouche. Les années 2000 ont consacré Le Chat, les 70s-80s nous ont offerts les beaux tableaux de Mr Serre. Au moment où Reiser passait le karcher à l'aide de coups de pinceau diablement efficaces et économes, Serre offrait un dessin semi-réaliste qui savait aussi être sale s'il le fallait. Mais contrairement à Reiser, il pouvait aussi facilement se montrer sensible et poétique. Les albums sont thématiques, on peut cibler ses préférences pour être encore plus sûr de faire des bonnes découvertes. Ils se lisent vite, c'est vrai mais la subtilité de certains dessins font qu'on les relira plus tard avec plaisir. Ils trouveront parfaitement leur place entre un receuil du New-Yorker et des séries de croquis de Tomi Ungerer.