Un récit qui nous fait suivre Lucien, un grand dadais un peu simplet, un gros costaud pataud, souffre-douleur car différent et sans défense. Un être qui peine à s’exprimer, et donc à être compris – dans tous les sens du terme. Seul l’un des gamins qui persécutaient Lucien, lorsque celui-ci officiait comme balayeur, va passer outre l’étrangeté du bonhomme pour lui offrir son amitié. Même si Lucien n’en prendra connaissance – d’une belle façon – que bien plus tard. Trop tard et pour peu de temps hélas.
Le récit, qui joue sur la fragilité des êtres, l’acceptation de la différence, l’exploitation des faiblesses des autres, et donc sur l’amitié, mêle passages quasi poétiques et beaucoup d’autres d’une grande violence (physique et psychologique) et d'une grande noirceur. C’est un récit poignant et terrible je trouve.
Pour accompagner ce récit, le dessin de Sénégas se révèle parfaitement adéquat. En effet, le trait, simple et faussement brouillon, parfois usant de simples esquisses, est à la fois efficace et très bon. Très beau en tout cas. Certaines planches m’ont fait songer – malgré les différences de style – à certains albums récents de Larcenet (publiés chez Dargaud ou chez Les Rêveurs).
Une belle et triste histoire dont le fond et la forme peuvent surprendre car rien n'est classique ici. Mais c'est une chouette lecture.
En trois tomes, Adabana propose un thriller psychologique intense où vérité et mensonge s’entremêlent. L’intrigue captivante, portée par un dessin sombre et expressif, nous plonge dans une enquête troublante sur la mémoire et la culpabilité. Chaque révélation bouleverse nos certitudes, rendant la lecture aussi prenante qu’inquiétante. Un récit court, mais marquant.
Personnellement j’ai dévoré tous les albums du monde d’Aldebaran et ça a encore été le cas avec Bellatrix. J’apprécie particulièrement le bon mix entre aventure et une approche pas trop rapide permettant d’appréhender la profondeur des sentiments des protagonistes. De plus, l’auteur amène différentes réflexions / observations pouvant être prolongées par nos propres réflexions, voire un débat avec d’autres lecteurs.
Léo parvient à renouveler les aventures des héroïnes et les mondes découverts, de sorte qu’on ne se lasse pas.
Il est vrai que les thèmes de l’émancipation de la femme ou la présence de leaders religieux / conservateurs reviennent dans quasi chaque cycle. Mais ceci est plutôt cohérent et il semble logique qu’un peuple plus évolué scientifiquement soit aussi plus évolué sur ces points. De plus, ça reflète malheureusement l’évolution politique actuelle.
Merci Grogro d'avoir attiré mon attention sur cet album qui était fait pour moi !
Cette femme d'âge moyen, (comme dans la chanson des Rita Mitsouko, et son prénom si proche de la fameuse Marcia Baila... il y a anguille sous roche...) qui essaye de devenir elle-même avec l'aide de sa fille et de son nouveau patron (lui aussi entre deux âges et encore un peu "pré-metoo"...) elle me va comme un gant.
Dessin aquarellé confortable aussi, comme Cati Baur sait le faire (je l'avais repérée dans la tétralogie des 5 soeurs adaptée d'une série de romans jeunesse) : expressive et audacieuse dans les couleurs, mais sans chercher la perfection graphique : on se reconnaît dans son geste spontané.
L'idée de transformer cette observation sociale en enquête parfaitement capilotractée, et cinotractée, (parce qu'elle court deux lièvres à la fois : un voleur de chien et un amant dégonflé...) peut paraître casse-gueule sur le papier, mais c'est le caractère joyeux de l'ensemble (dessin, personnages et scénario) et intergénérationnel aussi, qui emporte l'adhésion et met du baume au cœur.
À conseiller aux lectrices et lecteurs entre deux âges qui ont un petit coup de mou, mais peut-être aussi à leurs enfants dans une sorte de thérapie familiale !
À conseiller aussi aux amateurisses des dessins de Camille Jourdy, Clara Lodewick ou même de Sempé...
C'est à Angoulême que je suis tombé sur cet album qui m'a rapidement fait de l’œil parmi les nouveautés présentées par Mosquito. Et bien m'en a pris, car cet effectivement un excellent polar !
Inconnus au bataillon chez moi, Luigi Boccia (scénario) et Alessandro Manzella (dessin), nous livrent un polar solidement ficelé, qui se joue efficacement des codes sans pour autant tomber dans la facilité. La narration tant scénaristique que graphique est redoutable et mène le lecteur par le bout du nez. Et même quand on se dit que, là, c'est quand même un peu facile, les auteurs ont justement réponse à tout... jusqu'au twist final qu'on ne voit pas venir.
Le graphisme d'Alessandro Manzella est remarquable et colle parfaitement à cette triste histoire. Son dessin sombre, contrasté et un brin torturé reste d'une grande lisibilité. Ses planches sont magnifiquement composées, jouant sur des découpages et des cadrages très cinématographiques du meilleur effet. On en prend plein les yeux !
Bref, amateurs de polar noir, je ne peux que vous inviter à découvrir cet album qui vaut vraiment le détour !
Je commence par ce qui a priori n’a pas souffert de discussion me concernant, le dessin. Je l’ai trouvé très agréable. Fluide, plaisant, avec une colorisation chouette. Et le papier épais, le grand format, ajoutent au plaisir de lecture.
Vient ensuite l’histoire. J’ai au départ eu l’impression d’un déjà-vu. Le jeune héritier d’une grande fortune, qui doit prendre le relais de son père mais qui n’en a ni l’envie ni les capacités, et qui va rencontrer quelqu’un qui va le révéler à lui-même et être son mentor – qui plus est un vieux bougon un peu asocial : voilà une trame qui n’est quand même pas nouvelle. Et c’est bien dans cette direction que Dorison a développé son intrigue.
Et pourtant, malgré des personnages eux aussi pétris de clichés (les parents d’Ulysse avec le père affairiste et sec, la mère dominée, étouffée, l’inévitable jeune fille de la campagne dégourdie dont s’amourache l’héritier coincé, etc.), Dorison a réussi à rendre intéressante son histoire. C’est du classique très bien fichu.
On pourrait presque dire, pour reprendre une opposition au cœur de l’histoire que, s’écartant de l’originalité et de la modernité apparente de Lecoq, Dorison a fait le même choix que Cyrano : une tradition excellente, avec des ingrédients « visibles », rien d’artificiel. Et, comme Cyrano – et Ulysse à sa suite, Dorison a su trouver ses amateurs. Dont je suis.
Du neuf avec du vieux : il n’y a là rien d’extraordinaire, mais c’est une lecture vraiment agréable.
Note réelle 3,5/5.
J’ai lu le roman, que j’avais trouvé à la fois prenant, mais parfois un peu creux. Mais en tout cas il développait, avec une économie de moyens, de mots, une ambiance crépusculaire et terrible. L’impression d’assister à une fin de monde en accompagnant les derniers agonisants.
Larcenet s’est emparé de cette histoire, mais, malgré toutes ses qualités, narratives et surtout graphiques, il ne peut empêcher de faire perdre une partie de ce qui faisait la force du roman : tout ce que notre imagination ajoutait au récit lui-même, assez taiseux. Ici le dessin comble certains trous, mais aussi du coup rend presque plus palpable, et donc rassurante, moins inquiétante, ce road trip désespéré.
Reste que le dessin de Larcenet est vraiment très beau. Qu’il a su – avec cette colorisation jouant sur toutes les nuances du gris, avec quelques touches de rouille – nous jeter à la figure cet apocalypse en train d’advenir. Sans doute joue-t-il un chouia trop sur les morceaux de corps accrochés – pendus – un peu partout, mais l’ambiance créée ici ne trahit pas le récit (même si, comme je l’ai dit, cela atténue en leur donnant corps les visions de cauchemar entrevue en lisant le roman).
Le récit reprend les principaux passages du roman, les coupes ne sont pas trop claires, même s’il y en a (en particulier il résumé un peu rapidement le seul long passage « calme et serein » du récit, lorsque nos deux héros vivent dans un entrepôt sous-terrain au milieu de gros stocks de nourriture). En fait, j’ai l’impression qu’en raccourcissant les passages « intermédiaires », où il ne se passait rien si ce n’est quelques dialogues minimalistes, des silences, le temps qui passe, Larcenet a pris le risque de se priver d’une partie de la force du roman. Mais bon, ma remarque est peut-être sans objet ?
Un très bel album en tout cas. Une histoire noire, dans tous les sens du terme – même si une petite note d’espoir nous permet de respirer sur la fin.
Assez surprise que cette série ait été si peu avisée. Elle n'est vraiment pas parfaite, souvent fouillis et ne craint pas d'utiliser des facilités scénaristiques quelques fois, mais je trouve qu'elle possède tout de même suffisamment de qualités pour valoir sincèrement la lecture.
L'histoire est simple. Enfin non, dès le postulat elle n'est pas simple, mais elle intrigue fortement.
Que se passerait-il si des divinités pouvaient s'incarner tous les 90 ans dans de jeunes corps et pouvaient alors jouir de deux ans de célébrités et de débauche ? Qui serait près à sacrifier sa vie, car au bout des deux ans celle-ci se terminera violemment, pour les feux des projecteurs ?
Ici, le panthéon chante. Chacun-e dans un style différent (rock, pop, electro, …) mais tous-tes recherchent la même chose : la célébrité.
L'offre de la célébrité présentée comme un pacte faustien, le statut divin comme métaphore pour les stars qui se croient toutes puissantes, des personnages humains dans leurs cruautés et leurs faiblesses, la peur de la mort, l'importance et le pouvoir des histoires qui se transmettent (sous toutes les formes possibles), … Non, il n'y a pas à dire, ce ne sont pas les propos intéressants qui manquent dans cette œuvre.
Alors certes le scénario s'éparpille bien souvent (certains passages sont même si mous et fouillis qu'ils m'ont un peu rebutée), le dessin principal de la série ne me parle pas plus que ça et on ressent des longueurs à deux/trois moments (étrangement au début et au milieu), mais les métaphores de la célébrité et de la lumière des projecteur sur laquelle on se brûle les ailes tiennent vraiment en haleine tout du long. Les personnages sont intéressants, surtout dans leur hypocrisie et leur lâcheté par moment (l'antagoniste principale, terriblement cruelle et animée par la simple peur de la mort, en est un bon exemple).
J'ai bien aimé les albums 3 et 8 pour leur proposition d'histoires "annexes" dans des styles graphiques et narratifs différents. Je dis "annexes" entre guillemets car ces petits récits s'avèrent en réalité capitaux pour la compréhension de la série. J'ai particulièrement apprécie le tome 8, avec sa vision d'incarnations divines passées et ses propositions diverses de narrations (on a un petit passage façon "roman").
Une série très imparfaite mais franchement intéressante. J'en recommande la lecture (et exprime encore ma surprise en constatant qu'il y a si peu d'avis, fussent-ils même négatifs).
(Note réelle 3,5)
Cet album est un résumé rapide mais fourni des mythes gréco-romains. En tout cas leurs versions les plus connues, car comme on le sait, ces mythes étaient des amoncellements de légendes aux origines variées et toutes ou presque ont fini par avoir diverses réinterprétations au fil du temps.
Ici, on se concentre sur les mythes et leurs versions les plus connu-e-s. On revoit tout plus ou moins dans l'ordre chronologique, du début de tout jusqu'au fondement des grandes villes comme Athènes, en passant par la mise en place du panthéon et la naissance de l'humanité.
C'est une suite d'épisodes, de chapitres, centrés sur un personnage ou un évènement bien particulier.
La forme se veut facilement compréhensible et comique, avec de nombreuses répliques et commentaires des personnages au gré de la lecture (souvent des clins d’œils anachroniques, d'ailleurs). Certaines sont amusantes, en tout cas aucune n'a été vraiment lourde. En tout cas je n'ai vraiment pas boudé ma lecture et j'ai aimé l'humour de connivence qui commençait à s'installer au fil des récits, surtout avec ces personnages caricaturaux permettant des bons échanges dignes de sitcom (petite pensée émue pour Mars qui en prend pour son grade, mais il faut dire que dans les mythes il n'a jamais brillé par son intellect ou par sa droiture).
La lecture est tout public et parfaitement compréhensible pour des jeunes d'environ dix ans.
Chose amusante (en tout cas qui m'a interpellée) : tous-tes les dieux et déesses sont nommé-e-s avec leurs appellations romaines, et pourtant les évènements décrits se passent bien en Grèce (comme nous le rappellent certains passages). Sans doute rien comme détail mais il n'empêche que cela m'a titillé l'esprit tout le long de la lecture.
(Note réelle 3,5)
Une série intéressante, surprenante sur son sujet et son traitement "réaliste" des relations humaines, surtout à un âge comme celui des lycéen-e-s que nous suivons.
L'histoire est celle de Taichi, garçon relativement effacé, qui va un jour se faire aborder par Futaba, une fille extrêmement maladroite et timide, dans le but que celui-ci l'aide à avouer ses sentiment à Tôma, un ancien ami de Taichi avec qui celui-ci ne se sent plus très proche.
Le début ressemble à n'importe quelle histoire romantique entre lycéen-e-s, sauf qu'en fait l'intrigue va rapidement sortir son épingle du jeu. Le sujet n'est pas tant l'amour romantique que l'amour dans sa globalité, les affections et relations que nous avons avec les autres, particulièrement la distinction entre l'attraction romantique et l'amitié. La série traite de beaucoup de sujets sous-jacents, comme les difficultés sociétales absurdes à trouver des ami-e-s du genre opposé qui ne souhaitent pas une relation romantique là on l'on ne souhaite qu'une amicale, la complexité et les différences qu'il existe entre les différents types de relations ou encore le fait de pouvoir vivre et accepter l'attraction homoromantique/homosexuelle (la sienne comme celle des autres).
Tout un tas de sujets franchement intéressants, donc.
Le tout est bien traité et de nombreuses scènes ouvrent des discussions intéressantes et offrent des points de vue radicalement opposés mais compréhensibles et justifiés (car argumentés et humanisés). Je ne suis pas d'accord avec tous les points de vue, loin de là, et aurais bien voulu voir certains arguments en réponse, mais j'apprécie la volonté de vouloir proposer des points de vue très différents et des angles d'approches assez peu traités dans ce genre de fiction.
Malheureusement, j'avoue que la mise en scène et surtout certains dialogues ont un peu gâché mon appréciation. Rien de très grave non plus, mais disons juste que certains échanges me semblaient trop "mécaniques", pas assez "incarnés" (au delà du fond des dialogues leurs formes me laissait penser que je regardais deux extra-terrestres tenter de communiquer, les phrases me paraissaient parfois trop ampoulées et artificielles pour des personnes dans une telle situation). Pour une œuvre qui se voulait réaliste, j'ai trouvé ça dommage que les dialogues m'ait quelques fois parus si peu naturels.
Et puis je ne suis pas non plus très fan de certains archétypes de personnages présents ici, notamment celui de la jeune fille "mignonne, maladroite et presque enfantine dans son physique et sa personnalité" (donc malheureusement j'étais moyen emballée par tout un pan du triangle/carré/gloubi-boulga amoureux).
Je maintiens tout de même ce que je disais au début : une série intéressante qui aborde un sujet souvent traité mais assez rarement de manière si exhaustive. Loin d'être une série parfaite mais elle vaut sincèrement le coup d'œil.
(Note réelle 3,5)
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Lucien (Carayol/Sénégas)
Un récit qui nous fait suivre Lucien, un grand dadais un peu simplet, un gros costaud pataud, souffre-douleur car différent et sans défense. Un être qui peine à s’exprimer, et donc à être compris – dans tous les sens du terme. Seul l’un des gamins qui persécutaient Lucien, lorsque celui-ci officiait comme balayeur, va passer outre l’étrangeté du bonhomme pour lui offrir son amitié. Même si Lucien n’en prendra connaissance – d’une belle façon – que bien plus tard. Trop tard et pour peu de temps hélas. Le récit, qui joue sur la fragilité des êtres, l’acceptation de la différence, l’exploitation des faiblesses des autres, et donc sur l’amitié, mêle passages quasi poétiques et beaucoup d’autres d’une grande violence (physique et psychologique) et d'une grande noirceur. C’est un récit poignant et terrible je trouve. Pour accompagner ce récit, le dessin de Sénégas se révèle parfaitement adéquat. En effet, le trait, simple et faussement brouillon, parfois usant de simples esquisses, est à la fois efficace et très bon. Très beau en tout cas. Certaines planches m’ont fait songer – malgré les différences de style – à certains albums récents de Larcenet (publiés chez Dargaud ou chez Les Rêveurs). Une belle et triste histoire dont le fond et la forme peuvent surprendre car rien n'est classique ici. Mais c'est une chouette lecture.
Adabana
En trois tomes, Adabana propose un thriller psychologique intense où vérité et mensonge s’entremêlent. L’intrigue captivante, portée par un dessin sombre et expressif, nous plonge dans une enquête troublante sur la mémoire et la culpabilité. Chaque révélation bouleverse nos certitudes, rendant la lecture aussi prenante qu’inquiétante. Un récit court, mais marquant.
Bellatrix
Personnellement j’ai dévoré tous les albums du monde d’Aldebaran et ça a encore été le cas avec Bellatrix. J’apprécie particulièrement le bon mix entre aventure et une approche pas trop rapide permettant d’appréhender la profondeur des sentiments des protagonistes. De plus, l’auteur amène différentes réflexions / observations pouvant être prolongées par nos propres réflexions, voire un débat avec d’autres lecteurs. Léo parvient à renouveler les aventures des héroïnes et les mondes découverts, de sorte qu’on ne se lasse pas. Il est vrai que les thèmes de l’émancipation de la femme ou la présence de leaders religieux / conservateurs reviennent dans quasi chaque cycle. Mais ceci est plutôt cohérent et il semble logique qu’un peuple plus évolué scientifiquement soit aussi plus évolué sur ces points. De plus, ça reflète malheureusement l’évolution politique actuelle.
Marcie
Merci Grogro d'avoir attiré mon attention sur cet album qui était fait pour moi ! Cette femme d'âge moyen, (comme dans la chanson des Rita Mitsouko, et son prénom si proche de la fameuse Marcia Baila... il y a anguille sous roche...) qui essaye de devenir elle-même avec l'aide de sa fille et de son nouveau patron (lui aussi entre deux âges et encore un peu "pré-metoo"...) elle me va comme un gant. Dessin aquarellé confortable aussi, comme Cati Baur sait le faire (je l'avais repérée dans la tétralogie des 5 soeurs adaptée d'une série de romans jeunesse) : expressive et audacieuse dans les couleurs, mais sans chercher la perfection graphique : on se reconnaît dans son geste spontané. L'idée de transformer cette observation sociale en enquête parfaitement capilotractée, et cinotractée, (parce qu'elle court deux lièvres à la fois : un voleur de chien et un amant dégonflé...) peut paraître casse-gueule sur le papier, mais c'est le caractère joyeux de l'ensemble (dessin, personnages et scénario) et intergénérationnel aussi, qui emporte l'adhésion et met du baume au cœur. À conseiller aux lectrices et lecteurs entre deux âges qui ont un petit coup de mou, mais peut-être aussi à leurs enfants dans une sorte de thérapie familiale ! À conseiller aussi aux amateurisses des dessins de Camille Jourdy, Clara Lodewick ou même de Sempé...
Nuits romaines
C'est à Angoulême que je suis tombé sur cet album qui m'a rapidement fait de l’œil parmi les nouveautés présentées par Mosquito. Et bien m'en a pris, car cet effectivement un excellent polar ! Inconnus au bataillon chez moi, Luigi Boccia (scénario) et Alessandro Manzella (dessin), nous livrent un polar solidement ficelé, qui se joue efficacement des codes sans pour autant tomber dans la facilité. La narration tant scénaristique que graphique est redoutable et mène le lecteur par le bout du nez. Et même quand on se dit que, là, c'est quand même un peu facile, les auteurs ont justement réponse à tout... jusqu'au twist final qu'on ne voit pas venir. Le graphisme d'Alessandro Manzella est remarquable et colle parfaitement à cette triste histoire. Son dessin sombre, contrasté et un brin torturé reste d'une grande lisibilité. Ses planches sont magnifiquement composées, jouant sur des découpages et des cadrages très cinématographiques du meilleur effet. On en prend plein les yeux ! Bref, amateurs de polar noir, je ne peux que vous inviter à découvrir cet album qui vaut vraiment le détour !
Ulysse & Cyrano
Je commence par ce qui a priori n’a pas souffert de discussion me concernant, le dessin. Je l’ai trouvé très agréable. Fluide, plaisant, avec une colorisation chouette. Et le papier épais, le grand format, ajoutent au plaisir de lecture. Vient ensuite l’histoire. J’ai au départ eu l’impression d’un déjà-vu. Le jeune héritier d’une grande fortune, qui doit prendre le relais de son père mais qui n’en a ni l’envie ni les capacités, et qui va rencontrer quelqu’un qui va le révéler à lui-même et être son mentor – qui plus est un vieux bougon un peu asocial : voilà une trame qui n’est quand même pas nouvelle. Et c’est bien dans cette direction que Dorison a développé son intrigue. Et pourtant, malgré des personnages eux aussi pétris de clichés (les parents d’Ulysse avec le père affairiste et sec, la mère dominée, étouffée, l’inévitable jeune fille de la campagne dégourdie dont s’amourache l’héritier coincé, etc.), Dorison a réussi à rendre intéressante son histoire. C’est du classique très bien fichu. On pourrait presque dire, pour reprendre une opposition au cœur de l’histoire que, s’écartant de l’originalité et de la modernité apparente de Lecoq, Dorison a fait le même choix que Cyrano : une tradition excellente, avec des ingrédients « visibles », rien d’artificiel. Et, comme Cyrano – et Ulysse à sa suite, Dorison a su trouver ses amateurs. Dont je suis. Du neuf avec du vieux : il n’y a là rien d’extraordinaire, mais c’est une lecture vraiment agréable. Note réelle 3,5/5.
La Route
J’ai lu le roman, que j’avais trouvé à la fois prenant, mais parfois un peu creux. Mais en tout cas il développait, avec une économie de moyens, de mots, une ambiance crépusculaire et terrible. L’impression d’assister à une fin de monde en accompagnant les derniers agonisants. Larcenet s’est emparé de cette histoire, mais, malgré toutes ses qualités, narratives et surtout graphiques, il ne peut empêcher de faire perdre une partie de ce qui faisait la force du roman : tout ce que notre imagination ajoutait au récit lui-même, assez taiseux. Ici le dessin comble certains trous, mais aussi du coup rend presque plus palpable, et donc rassurante, moins inquiétante, ce road trip désespéré. Reste que le dessin de Larcenet est vraiment très beau. Qu’il a su – avec cette colorisation jouant sur toutes les nuances du gris, avec quelques touches de rouille – nous jeter à la figure cet apocalypse en train d’advenir. Sans doute joue-t-il un chouia trop sur les morceaux de corps accrochés – pendus – un peu partout, mais l’ambiance créée ici ne trahit pas le récit (même si, comme je l’ai dit, cela atténue en leur donnant corps les visions de cauchemar entrevue en lisant le roman). Le récit reprend les principaux passages du roman, les coupes ne sont pas trop claires, même s’il y en a (en particulier il résumé un peu rapidement le seul long passage « calme et serein » du récit, lorsque nos deux héros vivent dans un entrepôt sous-terrain au milieu de gros stocks de nourriture). En fait, j’ai l’impression qu’en raccourcissant les passages « intermédiaires », où il ne se passait rien si ce n’est quelques dialogues minimalistes, des silences, le temps qui passe, Larcenet a pris le risque de se priver d’une partie de la force du roman. Mais bon, ma remarque est peut-être sans objet ? Un très bel album en tout cas. Une histoire noire, dans tous les sens du terme – même si une petite note d’espoir nous permet de respirer sur la fin.
The Wicked + The Divine
Assez surprise que cette série ait été si peu avisée. Elle n'est vraiment pas parfaite, souvent fouillis et ne craint pas d'utiliser des facilités scénaristiques quelques fois, mais je trouve qu'elle possède tout de même suffisamment de qualités pour valoir sincèrement la lecture. L'histoire est simple. Enfin non, dès le postulat elle n'est pas simple, mais elle intrigue fortement. Que se passerait-il si des divinités pouvaient s'incarner tous les 90 ans dans de jeunes corps et pouvaient alors jouir de deux ans de célébrités et de débauche ? Qui serait près à sacrifier sa vie, car au bout des deux ans celle-ci se terminera violemment, pour les feux des projecteurs ? Ici, le panthéon chante. Chacun-e dans un style différent (rock, pop, electro, …) mais tous-tes recherchent la même chose : la célébrité. L'offre de la célébrité présentée comme un pacte faustien, le statut divin comme métaphore pour les stars qui se croient toutes puissantes, des personnages humains dans leurs cruautés et leurs faiblesses, la peur de la mort, l'importance et le pouvoir des histoires qui se transmettent (sous toutes les formes possibles), … Non, il n'y a pas à dire, ce ne sont pas les propos intéressants qui manquent dans cette œuvre. Alors certes le scénario s'éparpille bien souvent (certains passages sont même si mous et fouillis qu'ils m'ont un peu rebutée), le dessin principal de la série ne me parle pas plus que ça et on ressent des longueurs à deux/trois moments (étrangement au début et au milieu), mais les métaphores de la célébrité et de la lumière des projecteur sur laquelle on se brûle les ailes tiennent vraiment en haleine tout du long. Les personnages sont intéressants, surtout dans leur hypocrisie et leur lâcheté par moment (l'antagoniste principale, terriblement cruelle et animée par la simple peur de la mort, en est un bon exemple). J'ai bien aimé les albums 3 et 8 pour leur proposition d'histoires "annexes" dans des styles graphiques et narratifs différents. Je dis "annexes" entre guillemets car ces petits récits s'avèrent en réalité capitaux pour la compréhension de la série. J'ai particulièrement apprécie le tome 8, avec sa vision d'incarnations divines passées et ses propositions diverses de narrations (on a un petit passage façon "roman"). Une série très imparfaite mais franchement intéressante. J'en recommande la lecture (et exprime encore ma surprise en constatant qu'il y a si peu d'avis, fussent-ils même négatifs). (Note réelle 3,5)
Du côté de l'Olympe
Cet album est un résumé rapide mais fourni des mythes gréco-romains. En tout cas leurs versions les plus connues, car comme on le sait, ces mythes étaient des amoncellements de légendes aux origines variées et toutes ou presque ont fini par avoir diverses réinterprétations au fil du temps. Ici, on se concentre sur les mythes et leurs versions les plus connu-e-s. On revoit tout plus ou moins dans l'ordre chronologique, du début de tout jusqu'au fondement des grandes villes comme Athènes, en passant par la mise en place du panthéon et la naissance de l'humanité. C'est une suite d'épisodes, de chapitres, centrés sur un personnage ou un évènement bien particulier. La forme se veut facilement compréhensible et comique, avec de nombreuses répliques et commentaires des personnages au gré de la lecture (souvent des clins d’œils anachroniques, d'ailleurs). Certaines sont amusantes, en tout cas aucune n'a été vraiment lourde. En tout cas je n'ai vraiment pas boudé ma lecture et j'ai aimé l'humour de connivence qui commençait à s'installer au fil des récits, surtout avec ces personnages caricaturaux permettant des bons échanges dignes de sitcom (petite pensée émue pour Mars qui en prend pour son grade, mais il faut dire que dans les mythes il n'a jamais brillé par son intellect ou par sa droiture). La lecture est tout public et parfaitement compréhensible pour des jeunes d'environ dix ans. Chose amusante (en tout cas qui m'a interpellée) : tous-tes les dieux et déesses sont nommé-e-s avec leurs appellations romaines, et pourtant les évènements décrits se passent bien en Grèce (comme nous le rappellent certains passages). Sans doute rien comme détail mais il n'empêche que cela m'a titillé l'esprit tout le long de la lecture. (Note réelle 3,5)
Blue Flag
Une série intéressante, surprenante sur son sujet et son traitement "réaliste" des relations humaines, surtout à un âge comme celui des lycéen-e-s que nous suivons. L'histoire est celle de Taichi, garçon relativement effacé, qui va un jour se faire aborder par Futaba, une fille extrêmement maladroite et timide, dans le but que celui-ci l'aide à avouer ses sentiment à Tôma, un ancien ami de Taichi avec qui celui-ci ne se sent plus très proche. Le début ressemble à n'importe quelle histoire romantique entre lycéen-e-s, sauf qu'en fait l'intrigue va rapidement sortir son épingle du jeu. Le sujet n'est pas tant l'amour romantique que l'amour dans sa globalité, les affections et relations que nous avons avec les autres, particulièrement la distinction entre l'attraction romantique et l'amitié. La série traite de beaucoup de sujets sous-jacents, comme les difficultés sociétales absurdes à trouver des ami-e-s du genre opposé qui ne souhaitent pas une relation romantique là on l'on ne souhaite qu'une amicale, la complexité et les différences qu'il existe entre les différents types de relations ou encore le fait de pouvoir vivre et accepter l'attraction homoromantique/homosexuelle (la sienne comme celle des autres). Tout un tas de sujets franchement intéressants, donc. Le tout est bien traité et de nombreuses scènes ouvrent des discussions intéressantes et offrent des points de vue radicalement opposés mais compréhensibles et justifiés (car argumentés et humanisés). Je ne suis pas d'accord avec tous les points de vue, loin de là, et aurais bien voulu voir certains arguments en réponse, mais j'apprécie la volonté de vouloir proposer des points de vue très différents et des angles d'approches assez peu traités dans ce genre de fiction. Malheureusement, j'avoue que la mise en scène et surtout certains dialogues ont un peu gâché mon appréciation. Rien de très grave non plus, mais disons juste que certains échanges me semblaient trop "mécaniques", pas assez "incarnés" (au delà du fond des dialogues leurs formes me laissait penser que je regardais deux extra-terrestres tenter de communiquer, les phrases me paraissaient parfois trop ampoulées et artificielles pour des personnes dans une telle situation). Pour une œuvre qui se voulait réaliste, j'ai trouvé ça dommage que les dialogues m'ait quelques fois parus si peu naturels. Et puis je ne suis pas non plus très fan de certains archétypes de personnages présents ici, notamment celui de la jeune fille "mignonne, maladroite et presque enfantine dans son physique et sa personnalité" (donc malheureusement j'étais moyen emballée par tout un pan du triangle/carré/gloubi-boulga amoureux). Je maintiens tout de même ce que je disais au début : une série intéressante qui aborde un sujet souvent traité mais assez rarement de manière si exhaustive. Loin d'être une série parfaite mais elle vaut sincèrement le coup d'œil. (Note réelle 3,5)