Une série intéressante, surprenante sur son sujet et son traitement "réaliste" des relations humaines, surtout à un âge comme celui des lycéen-e-s que nous suivons.
L'histoire est celle de Taichi, garçon relativement effacé, qui va un jour se faire aborder par Futaba, une fille extrêmement maladroite et timide, dans le but que celui-ci l'aide à avouer ses sentiment à Tôma, un ancien ami de Taichi avec qui celui-ci ne se sent plus très proche.
Le début ressemble à n'importe quelle histoire romantique entre lycéen-e-s, sauf qu'en fait l'intrigue va rapidement sortir son épingle du jeu. Le sujet n'est pas tant l'amour romantique que l'amour dans sa globalité, les affections et relations que nous avons avec les autres, particulièrement la distinction entre l'attraction romantique et l'amitié. La série traite de beaucoup de sujets sous-jacents, comme les difficultés sociétales absurdes à trouver des ami-e-s du genre opposé qui ne souhaitent pas une relation romantique là on l'on ne souhaite qu'une amicale, la complexité et les différences qu'il existe entre les différents types de relations ou encore le fait de pouvoir vivre et accepter l'attraction homoromantique/homosexuelle (la sienne comme celle des autres).
Tout un tas de sujets franchement intéressants, donc.
Le tout est bien traité et de nombreuses scènes ouvrent des discussions intéressantes et offrent des points de vue radicalement opposés mais compréhensibles et justifiés (car argumentés et humanisés). Je ne suis pas d'accord avec tous les points de vue, loin de là, et aurais bien voulu voir certains arguments en réponse, mais j'apprécie la volonté de vouloir proposer des points de vue très différents et des angles d'approches assez peu traités dans ce genre de fiction.
Malheureusement, j'avoue que la mise en scène et surtout certains dialogues ont un peu gâché mon appréciation. Rien de très grave non plus, mais disons juste que certains échanges me semblaient trop "mécaniques", pas assez "incarnés" (au delà du fond des dialogues leurs formes me laissait penser que je regardais deux extra-terrestres tenter de communiquer, les phrases me paraissaient parfois trop ampoulées et artificielles pour des personnes dans une telle situation). Pour une œuvre qui se voulait réaliste, j'ai trouvé ça dommage que les dialogues m'ait quelques fois parus si peu naturels.
Et puis je ne suis pas non plus très fan de certains archétypes de personnages présents ici, notamment celui de la jeune fille "mignonne, maladroite et presque enfantine dans son physique et sa personnalité" (donc malheureusement j'étais moyen emballée par tout un pan du triangle/carré/gloubi-boulga amoureux).
Je maintiens tout de même ce que je disais au début : une série intéressante qui aborde un sujet souvent traité mais assez rarement de manière si exhaustive. Loin d'être une série parfaite mais elle vaut sincèrement le coup d'œil.
(Note réelle 3,5)
3.5
Ce qui est bien avec le Japon c'est que depuis une bonne dizaine d'années il y a des centaines de séries sur un japonais qui se réincarne dans un univers de fantasy (que se soit un autre monde ou l'univers d'un jeu vidéo), le genre est complètement saturé et pourtant on arrive encore à trouver des idées originales.
Ici, un écrivain suicidaire (basé sur l'écrivain japonais Osamu Dazai) va se suicider avec sa bien-aimée, mais malheureusement pour lui il se retrouve téléporté dans un autre monde ! Il en a rien à foutre de devenir un héros et veut juste mourir. Lorsqu'il se rend compte que son amoureuse est peut-être aussi dans ce monde, il va partir à sa recherche comme ça ils vont pouvoir enfin se suicider ensemble ! Oui, il y a de l'humour noir dans cette série et c'est ce qui a attiré mon attention au début, parce que le monde dans lequel notre héros atterrit est quand même assez cliché. Rien que pour vous donner une idée, il se fait vite ami avec une elfe aux cheveux blonds et une femme-chatte et les deux ont des gros seins ! Ouah j'avais jamais vu ça dans un monde de fantasy à la japonaise !
Il y a des éléments pas mal dans cette série. On va notamment voir des Japonais réincarnés dans ce monde, qui abusent de leurs pouvoirs pour agir comme des gros cons et leur comportement n'est pas trop éloigné de ce que j'ai vu dans d'autres isekai où l'anti-héros agit comme un gamin immature qui peut faire tout ce qu'il veut parce que tout le monde était juste trop trop méchant avec lui. Il y a un bon mélange d'humour et de drame, les personnages sont attachants et le dessin est très bon.
À lire si on aime les isekais, parce que cette série fait partie du haut du panier selon moi, du moment qu'on aime bien l'humour noir.
Une salamandre humanoïde conjure un jeune pêcheur de lui donner un de ses poissons. Devant son refus obstiné, elle mange quand même celui qu'il a laissé en offrande au Poisson-Roi, le dieu des pêcheurs. Celui-ci, courroucé, apparait et maudit la salamandre, l'obligeant à aller lui pêcher dans l'océan un espadon royal pour le lui offrir. Malheureusement pour elle, elle est une bien piètre pêcheuse et n'a jamais quitté son étang. Qu'à cela ne tienne, le pêcheur décide de l'accompagner dans sa quête.
C'est là une jolie aventure tous publics, rythmée et amusante.
Le graphisme de Zoé Simpson est charmant. Dans une ligne claire, simple d'aspect mais généreuse en détails et en décors, elle offre des planches superbement colorées qui donne une atmosphère chaleureuse et exotique à la série. On passe de décors de nature relativement asiatiques à une ville portuaire puis à des aventures marines et sous-marines, emportant le lecteur dans une aventure dépaysante. C'est un monde de fantasy composé d'animaux humanoïdes et de surprenantes créatures gigantesques, un monde dans lequel les dieux existent vraiment et interagissent avec les habitants.
L'histoire est bien construite, coulant agréablement, sans méchants à combattre mais pas sans péripéties ni dangers. Il suffit d'une dizaine de pages pour apprivoiser les deux héros qui deviennent vite attachants et crédibles, de même que leur histoire de deux solitaires qui se trouvent et se lient d'amitié.
C'est de la pure aventure, à la limite du conte et de la fantasy, faite de grands espaces, de voyages, de dangereuses créatures et de dangers inconnus. Un bel appel au dépaysement et à l'envie de suivre un couple de personnages attachants, touchants et amusants.
Cet album est directement adapté du roman du même nom, dont l'auteur est le scénariste de la BD. Pas courant, mais la transposition est très réussie en tout cas. Le serpent majuscule c'est l'histoire d'un tueur à gage pas comme les autres : une tueuse à gage. Jadis une des plus fiable, mais qui a un peu dépassé la date de péremption aujourd'hui.
C'est le personnage central de la BD, et on peut dire qu'on a une héroïne originale et haute en couleur. Son histoire est racontée au travers de flashbacks qui donnent un peu de consistance et de crédit au personnage. Son tempérament fait son charme, mais c'est surtout le fait qu'elle perd un peu la boule qui fait le sel de cette histoire. En effet, elle a effectué par le passé de nombreux contrats, toujours avec brio et discrétion. Personne n'a jamais eu à se plaindre de ses services. Sauf qu'aujourd'hui à son âge, il semblerait qu'elle n'est plus toute sa tête, et qu'avec un tel métier, c'est pas idéal. Du coup, parfois elle appuie un peu trop fort sur la détente, parfois elle se trompe un peu de cible, parfois elle est obligé de faire quelques dégâts collatéraux. Succulent.
Evidemment en haut lieu, on voit bien que ça dérape et qu'il faut rectifier le tir. Tout ça amènent quelques péripéties qui s'enchainent sur un bon rythme, les répliques de notre mamie flingeuse sont amusantes, il y a également une petite tension pas désagréable dans l'intrigue. Le dessin sert très efficacement le propos. Bref, du tout bon.
Après le bon Le Passager du Polarlys, cette nouvelle adaptation d'un roman "dur" de Simenon est encore un cran au dessus.
On suit ici le destin d'une petite frappe, Frank, basculant dans une délinquance de plus en plus dure. Notre personnage principal ira ainsi jusqu'à tuer et même organiser le viol de sa copine. L'histoire, qui se passe pendant l'occupation, est donc très noire et le lecteur peine à éprouver la moindre sympathie pour cette ordure notoire. Bien que le pays dans lequel se déroule l'histoire ne soit pas cité, tout rappelle ici l'occupation allemande (brassard des militaires, étoiles sur les habits des occupés, etc). Je ne sais pas si cela est volontaire mais le visage et la coiffure du héros rappelle également l'armée nazi. Par analogie avec le personnage de Meursault dans l'Etranger d'Albert Camus, Franck ne présentera un peu d'humanité que lorsqu'il sera confronté à l'inéluctable et au pardon de celle dont il a trahi la confiance.
La noirceur du scénario est contrebalancé par le dessin très rond d'Yslaire où l'on retrouve un trait proche de Sambre. La colorisation est également dans la même lignée avec des planches monochromes tirant sur le gris voire le jaune rehaussée de touches de roses. L'ensemble est vraiment de toute beauté.
Un très bel ouvrage dont on ne ressort pas indemne.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10
NOTE GLOBALE : 16,5/20
Tome 4 : Le Rituel
Ce tome 4 va nous amener à l’épilogue de la série, avec son lot de révélations et de retournements de situations. Tout au long de cette saga amazonienne, Régis Loisel n’aura pas ménagé ses efforts pour nous concocter un scénario bien ficelé mêlant aventure et amour, sur un ton assez moderne, même si l’histoire se passe dans les années 70.
Les personnages restent attachants et d’une épaisseur psychologique appréciable. Les méchants ne s’avèrent pas si méchants, à l’instar d’Hermann, le chef du camp forestier, une brute épaisse qui, sentant sa fin approcher, éprouve le besoin irrépressible de retrouver la dépouille de sa fille qui a péri quelques années plus tôt dans un accident d’avion en pleine jungle. Seul le Manchot apparaît détestable, sans états d’âme quand il est question d’argent, prêt à trucider celui-là même qui pourrait bien être son fils, Max. Le titre n’avait donc pas menti… Mais on ne pourra en dire plus au risque de spoiler l’histoire.
Malgré toutes les qualités énoncées plus haut, j’avoue avoir ressenti une certaine lassitude, difficilement explicable étant donné que tout est fait pour tenir le lecteur en haleine. Serait-ce dû à un trop-plein de rebondissements qui éloignent le récit du réalisme, et apparaitraient presque en contradiction avec la volonté de produire quelque chose de crédible ? La série aurait sans doute méritée d’être plus ramassée, et on peut légitimement s’y perdre dans des « twists » qui finissent par être un peu répétitifs.
Quant au dessin d’Olivier Pont, il n’y a rien à redire dans la mesure où il reste conforme à ce que l’on avait apprécié dès le premier tome. Il sait parfaitement nous immerger dans cette ambiance forestière avec des vues nocturnes du plus bel effet.
Si l’on s’essaie à faire une sorte de bilan, « Un putain de salopard » est une série globalement satisfaisante, dont chacun des tomes a obtenu l’estime de la critique et les faveurs du public. Savoir si elle rentrera avec le temps dans le panthéon du neuvième art, au même titre que le « Peter Pan » du même auteur, c’est une autre affaire.
Tome 3 : Guajeraï
La rencontre avec ce « putain de salopard » a finalement eu lieu… Le fameux Manchot a donc annoncé à Max qu’il était son fils après s’être pris une balle dans la jambe par les hommes d’Hermann. Et pourtant, quelques minutes auparavant, il s’apprêtait à trucider sans états d’âme le fiston, qui venait de récupérer le trésor caché dans l’épave de l’avion perché dans les arbres… L’arrivée des hommes d’Hermann ne lui en aura heureusement pas laissé le temps… il faut bien le dire, une enflure pareille, ça laisse sans voix, justifiant pleinement le titre de la série.
Avec ce troisième tome, l’aventure est bien relancée pour Max après une telle révélation. Pourtant, point d’effusions lacrymales ici, et les rapports entre père et fils vont assez vite tourner à l’aigre. On découvre un Manchot irascible, impulsif et autoritaire, ce qui a le don de mettre Max hors de ses gonds, lui qui jusqu’ici était plutôt zen voire timoré. De plus, le paternel à la barbe blanche hirsute, s’il n’a plus qu’un bras, a conservé une énergie hors du commun et a la gâchette facile ! Tout va basculer lorsque le jeune homme réalisera qu’il n’est qu’un pion comme un autre aux yeux de son peu recommandable papa. Plus que jamais, cet épisode sera jalonné de moult rebondissements, fusillades et courses-poursuites.
Côté dessin, rien à redire, Olivier Pont remplit sa mission avec brio, avec un sens du cadrage accompli. La scène finale de la course-poursuite entre Max et son père est impressionnante par le sentiment d’immersion qu’elle procure au lecteur, lequel se retrouve littéralement sur le siège de la moto du jeune héros. Quant aux passages plus contemplatifs, moins présents ici, ils sont superbes. On ne peut s’empêcher d’évoquer la scène nocturne de la page 51 où plusieurs des protagonistes, à des endroits différents, sont représentés en plein sommeil, avec (presque) à chaque case la présence apaisante de la lune sur un magnifique ciel étoilé… Le travail parfaitement maîtrisé de François Lapierre sur les couleurs y est assurément pour quelque chose.
Sur le plan du scénario, Régis Loisel contentera à coup sûr les fans d’aventure. En revanche, ceux qui attendaient une exploration plus psychologique des personnages resteront peut-être sur leur faim. On comprend parfaitement la révolte de Max face à ce père ingérable et très peu empathique, mais les relations entre les deux hommes n’évolueront guère au cours de ce tome, l’accent semblant avoir davantage été mis sur l’action. A ce titre, on peut dire que c’est réussi mais ce rythme échevelé fait un peu retomber l’histoire dans le format classique du genre.
« Guajeraï » a donc provoqué une légère baisse d’intérêt pour la série en ce qui me concerne, mais si, comme le laisse entendre la dernière page, une suite est prévue (Tiens ? j’avais cru comprendre que c’était une trilogie…), alors on attendra encore avant de se faire une opinion définitive.
Tome 2 : O Maneto
Si le deuxième volet de « Un putain de salopard » est sans surprise, il ne déçoit pas pour autant ! Sur un scénario très bien ficelé, comportant son lot habituel de rebondissements, Loisel continue à dérouler le fil de cette aventure palpitante, avec en toile de fond la quête de Max pour retrouver ce père disparu dont la réputation laisse pour le moins à désirer. Le jeune homme va connaître les pires galères dans l’enfer vert de la jungle amazonienne, en compagnie de celle qui plus d’une fois va le sauver de situations périlleuses, Baïa. Fille d’une autochtone indienne et d’un père inconnu, la jeune femme possède un don de double vision qui lui permet de voir les esprits, ajoutant au récit une touche de fantastique. Doté d’un sens de l’intuition très développé, elle joue en quelque sorte pour Max le rôle d’ange gardien, et bien que muette, sait parfaitement se faire comprendre lorsque son compagnon téméraire emprunte les mauvais chemins… car dans ce western avec pour décor une jungle aussi paradisiaque que menaçante, où l’appât du gain et l’absence de lois rend l’homme plus dangereux que les caïmans, il importe pour sa propre survie de conserver un œil aiguisé !
D’un point de vue graphique, on reste également sur la même ligne. Le trait enlevé d’Olivier Pont, bénéficiant d’une mise en page sans faille, est rehaussé par une colorisation particulièrement soignée. François Lapierre, qui avait déjà prouvé son talent avec « Magasin général », continue à nous éblouir en nous immergeant dans la jungle amazonienne grâce à mille nuances de vert.
L’épisode se conclut par un « cliffhanger », au moment où Max vient de retrouver ce « putain de salopard », ce qui sans nul doute va susciter une forte attente chez les lecteurs conquis par cette série de très bonne tenue, avec des personnages très attachants et soudés face à des brutes sans foi ni loi.
Tome 1 : Isabel
Présentée comme la nouvelle série événement par Rue de Sèvres, « Un putain de salopard » réussit avec ce premier tome son entrée en matière. Avec Régis Loisel au scénario, on n’en attendait pas moins. Plus connu comme dessinateur, celui-ci a également prouvé qu’il savait raconter des histoires, avec notamment sa fameuse adaptation de Peter Pan. Pour ce projet les pinceaux ont donc été confiés à Olivier Pont, dont l’œuvre la plus connue reste jusqu’à présent Où le regard ne porte pas....
Cela faisait un moment que les deux hommes souhaitaient travailler ensemble, depuis le jour où ils passèrent des vacances ensemble en Guyane. Fort logiquement, l’histoire se déroule donc en Amérique du sud, à proximité du chantier de la Transamazonienne, ce qui confère au récit un côté western à la « Indiana Jones ». Si la narration reste de facture assez classique, elle est particulièrement bien construite, avec un humour bien senti, parvenant à nous captiver dès les premières pages, notamment grâce à des personnages très réalistes. Des personnages somme toute ordinaires, qui pour le coup n’ont pas le profil du héros type, avec lesquels le lecteur peut ainsi facilement s’identifier. Par sa candeur et sa jeunesse, Max n’a en effet rien de Harrison Ford – il vient juste en touriste ! - pas plus que les personnages féminins, les « trois C… », n’évoquent Lara Croft… Les auteurs ont joué la carte de la modernité, en intégrant l’évolution des mœurs, prenant totalement à contrepied les tenants de la BD à papa. En dehors de Max, il y a donc Charlotte et Christelle, le couple de lesbiennes infirmières, et Corinne, la jolie expat au caractère bien trempé et à la sexualité libre - il faut tout de même préciser que cela se passe dans les années post-hippies !
Et tout cela ne concerne que l’introduction, car l’histoire va s’emballer au bout de quelques pages pour ne plus rétrograder, avec maintes péripéties dans un environnement où les hommes ne sont pas des enfants de chœur… C’est par ce contraste typologique que réside en grande partie l’intérêt du récit.
Graphiquement, on ne sera aucunement déçu par le trait enlevé d’Olivier Pont, bien en accord avec le dynamisme de la narration et pas si éloigné de celui de son camarade Loisel. Il consiste en un dosage savant entre burlesque franco-belge et finesse des expressions, excluant toute vulgarité même lorsque les corps sont dénudés… Par ailleurs, il serait injuste de ne pas relever la participation du coloriste François Lapierre, qui a fait un très beau travail sur les nuances de vert de la jungle amazonienne.
Lorsqu’on arrive au terme de ce premier chapitre, il va sans dire qu’on a envie de voir à quoi il ressemble, ce « putain de salopard ». Car c’est pour l’instant le seul qualificatif, pour le moins peu élogieux, qui définira le père inconnu de Max, pour peu qu’il soit encore de ce monde… On espère juste qu’il ne faudra pas attendre huit tomes pour en avoir la révélation et que, malgré toutes ses qualités, cela ne sera pas une série à rallonge de plus. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une trilogie, ce qui serait une très bonne nouvelle !
Je ne suis pas vraiment ce qu'on appelle un fan de bd, j'en ai lu quelques unes, et maintenant The nice house on the lake fait partie de ma petite collection. Personnellement j'ai trouvé le traitement des personnes super intéressant et réaliste, tout en sachant garder un aspect science fiction suffisamment captivant. J'ai adoré me plonger dans cette histoire et espère vivement que le cycle 2, si il existe, saura me rembarquer dans cette univers !
Dans cette excellente BD à l'écriture fine et agréable, on marche dans les pas de Jean, un bibliothécaire obsédé par un chanteur des années 70 mystérieusement tombé dans l'anonymat.
Laissant tout derrière lui, Jean décide de se lancer dans une enquête étonnante (en réalité, c'est une double enquête puisque cette aventure est également propice à l'introspection du narrateur guetté un temps par la dépression). Revigoré par cette quête improbable, le personnage principal traque alors avec obstination le moindre indice, tente de découvrir des messages cachés dans les textes du chanteur disparu et recueille fébrilement les témoignages de personnes qui auraient croisé la route de l'artiste. Pensant tenir une piste, il se décide à reprendre contact des années plus tard avec un ami qu'il avait perdu de vue et qui lui avait fait découvrir ce chanteur lorsqu'ils étaient étudiants, ce qui est l'occasion pour le lecteur d'assister à des saynètes tantôt amusantes, tantôt émouvantes et de mesurer par la même l'écoulement du temps, d'observer la trajectoire de ces personnages qui ont vieilli brutalement sous nos yeux en l'espace de quelques chapitres. Cette patine du temps rend subitement ces personnages réels et le lecteur, touché, s'attache autant à Jean qu'à ces témoins d'une époque révolue. L'enquête se transforme en véritable aventure et l'on se prend à espérer comme Jean que la rencontre avec ce chanteur aura bien lieu.
Grâce à une belle colorisation et au trait efficace de Tronchet, le lecteur, tenu en haleine par ce récit équilibré et bien construit, voyage de la Bretagne jusqu'au bout du monde et se demande jusqu'à la fin quelle est la part de vérité dans cette histoire épatante. Le dossier final, cerise sur le gâteau, apporte d'ailleurs une excellente réponse à cette interrogation.
Une bien belle découverte et une lecture que je recommande à mon tour !
Armelle la tortue souffre d'achluophobie, c'est à dire la peur de l'obscurité (personnellement je connaissais "nyctophobie", comme quoi on en apprend tous les jours). Sa peur bleue du noir l'empêche de pleinement vivre sa vie et de s'épanouir, un rien l'effraie et elle passe le plus clair de son temps recroquevillée dans sa carapace. Heureusement, tout change pour la timide Armelle lorsqu'elle rencontre un beau jour une luciole musicienne et voyageuse avec qui elle devient rapidement amie.
C'est une belle histoire pleine de douceur sur le fait de dépasser ses peurs, de traverser les intempéries de la vie et de se créer des liens avec d'autres personnes pour aller mieux. Chaque album est une histoire en soi mais une évolution s'installe, chaque récit est une nouvelle étape de franchi dans l'avancée de ce groupe de personnages. Oui, ce groupe, car dès le second album notre duo s'agrandit et accueille un lapin contemplatif et une renarde végétarienne. Une belle brochette d'ami-e-s hors normes, ne se retrouvant pas parmi leurs congénères de par leurs différences mais parvenant à se soutenir les un-e-s les autres.
De très belles histoires, surtout avec les magnifiques dessins de Julien Arnal aux traits si doux et aux couleurs si intenses.
Une excellente bande-dessinée jeunesse, parfaitement appréciable à tout âge mais tout particulièrement utile pour apprendre aux enfants que, mine de rien, avec un bon entourage et un brin de courage, on peut aller de l'avant.
Des courtes aventures muettes centrées sur un jeune amérindien un peu casse-cou avec un humour slapstick façon cartoon, voilà une idée qu'elle est quand même vachement bonne (comme disait mamie).
J'ai peur de ne pas avoir trop à dire sur cette série alors que je l'ai trouvée sincèrement très bonne, vive, bien rythmée, vraiment sympathique à lire. Les histoires sont courtes et muettes, donc difficile pour moi de vraiment m'étendre sur les intrigues au risque de finalement tout vous raconter. Si vous voulez quand-même avoir une idée de ce à quoi tout cela ressemble, je maintiens ma comparaison avec les cartoons américains (façon Tex Avery ou Looney Tunes), on retrouve cet humour basé sur les plans foireux et les retours de bâton.
Une très bonne lecture.
(Note réelle 3,5)
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Une série intéressante, surprenante sur son sujet et son traitement "réaliste" des relations humaines, surtout à un âge comme celui des lycéen-e-s que nous suivons. L'histoire est celle de Taichi, garçon relativement effacé, qui va un jour se faire aborder par Futaba, une fille extrêmement maladroite et timide, dans le but que celui-ci l'aide à avouer ses sentiment à Tôma, un ancien ami de Taichi avec qui celui-ci ne se sent plus très proche. Le début ressemble à n'importe quelle histoire romantique entre lycéen-e-s, sauf qu'en fait l'intrigue va rapidement sortir son épingle du jeu. Le sujet n'est pas tant l'amour romantique que l'amour dans sa globalité, les affections et relations que nous avons avec les autres, particulièrement la distinction entre l'attraction romantique et l'amitié. La série traite de beaucoup de sujets sous-jacents, comme les difficultés sociétales absurdes à trouver des ami-e-s du genre opposé qui ne souhaitent pas une relation romantique là on l'on ne souhaite qu'une amicale, la complexité et les différences qu'il existe entre les différents types de relations ou encore le fait de pouvoir vivre et accepter l'attraction homoromantique/homosexuelle (la sienne comme celle des autres). Tout un tas de sujets franchement intéressants, donc. Le tout est bien traité et de nombreuses scènes ouvrent des discussions intéressantes et offrent des points de vue radicalement opposés mais compréhensibles et justifiés (car argumentés et humanisés). Je ne suis pas d'accord avec tous les points de vue, loin de là, et aurais bien voulu voir certains arguments en réponse, mais j'apprécie la volonté de vouloir proposer des points de vue très différents et des angles d'approches assez peu traités dans ce genre de fiction. Malheureusement, j'avoue que la mise en scène et surtout certains dialogues ont un peu gâché mon appréciation. Rien de très grave non plus, mais disons juste que certains échanges me semblaient trop "mécaniques", pas assez "incarnés" (au delà du fond des dialogues leurs formes me laissait penser que je regardais deux extra-terrestres tenter de communiquer, les phrases me paraissaient parfois trop ampoulées et artificielles pour des personnes dans une telle situation). Pour une œuvre qui se voulait réaliste, j'ai trouvé ça dommage que les dialogues m'ait quelques fois parus si peu naturels. Et puis je ne suis pas non plus très fan de certains archétypes de personnages présents ici, notamment celui de la jeune fille "mignonne, maladroite et presque enfantine dans son physique et sa personnalité" (donc malheureusement j'étais moyen emballée par tout un pan du triangle/carré/gloubi-boulga amoureux). Je maintiens tout de même ce que je disais au début : une série intéressante qui aborde un sujet souvent traité mais assez rarement de manière si exhaustive. Loin d'être une série parfaite mais elle vaut sincèrement le coup d'œil. (Note réelle 3,5)
No longer allowed in another world
3.5 Ce qui est bien avec le Japon c'est que depuis une bonne dizaine d'années il y a des centaines de séries sur un japonais qui se réincarne dans un univers de fantasy (que se soit un autre monde ou l'univers d'un jeu vidéo), le genre est complètement saturé et pourtant on arrive encore à trouver des idées originales. Ici, un écrivain suicidaire (basé sur l'écrivain japonais Osamu Dazai) va se suicider avec sa bien-aimée, mais malheureusement pour lui il se retrouve téléporté dans un autre monde ! Il en a rien à foutre de devenir un héros et veut juste mourir. Lorsqu'il se rend compte que son amoureuse est peut-être aussi dans ce monde, il va partir à sa recherche comme ça ils vont pouvoir enfin se suicider ensemble ! Oui, il y a de l'humour noir dans cette série et c'est ce qui a attiré mon attention au début, parce que le monde dans lequel notre héros atterrit est quand même assez cliché. Rien que pour vous donner une idée, il se fait vite ami avec une elfe aux cheveux blonds et une femme-chatte et les deux ont des gros seins ! Ouah j'avais jamais vu ça dans un monde de fantasy à la japonaise ! Il y a des éléments pas mal dans cette série. On va notamment voir des Japonais réincarnés dans ce monde, qui abusent de leurs pouvoirs pour agir comme des gros cons et leur comportement n'est pas trop éloigné de ce que j'ai vu dans d'autres isekai où l'anti-héros agit comme un gamin immature qui peut faire tout ce qu'il veut parce que tout le monde était juste trop trop méchant avec lui. Il y a un bon mélange d'humour et de drame, les personnages sont attachants et le dessin est très bon. À lire si on aime les isekais, parce que cette série fait partie du haut du panier selon moi, du moment qu'on aime bien l'humour noir.
Le Pêcheur et la Salamandre
Une salamandre humanoïde conjure un jeune pêcheur de lui donner un de ses poissons. Devant son refus obstiné, elle mange quand même celui qu'il a laissé en offrande au Poisson-Roi, le dieu des pêcheurs. Celui-ci, courroucé, apparait et maudit la salamandre, l'obligeant à aller lui pêcher dans l'océan un espadon royal pour le lui offrir. Malheureusement pour elle, elle est une bien piètre pêcheuse et n'a jamais quitté son étang. Qu'à cela ne tienne, le pêcheur décide de l'accompagner dans sa quête. C'est là une jolie aventure tous publics, rythmée et amusante. Le graphisme de Zoé Simpson est charmant. Dans une ligne claire, simple d'aspect mais généreuse en détails et en décors, elle offre des planches superbement colorées qui donne une atmosphère chaleureuse et exotique à la série. On passe de décors de nature relativement asiatiques à une ville portuaire puis à des aventures marines et sous-marines, emportant le lecteur dans une aventure dépaysante. C'est un monde de fantasy composé d'animaux humanoïdes et de surprenantes créatures gigantesques, un monde dans lequel les dieux existent vraiment et interagissent avec les habitants. L'histoire est bien construite, coulant agréablement, sans méchants à combattre mais pas sans péripéties ni dangers. Il suffit d'une dizaine de pages pour apprivoiser les deux héros qui deviennent vite attachants et crédibles, de même que leur histoire de deux solitaires qui se trouvent et se lient d'amitié. C'est de la pure aventure, à la limite du conte et de la fantasy, faite de grands espaces, de voyages, de dangereuses créatures et de dangers inconnus. Un bel appel au dépaysement et à l'envie de suivre un couple de personnages attachants, touchants et amusants.
Le Serpent majuscule
Cet album est directement adapté du roman du même nom, dont l'auteur est le scénariste de la BD. Pas courant, mais la transposition est très réussie en tout cas. Le serpent majuscule c'est l'histoire d'un tueur à gage pas comme les autres : une tueuse à gage. Jadis une des plus fiable, mais qui a un peu dépassé la date de péremption aujourd'hui. C'est le personnage central de la BD, et on peut dire qu'on a une héroïne originale et haute en couleur. Son histoire est racontée au travers de flashbacks qui donnent un peu de consistance et de crédit au personnage. Son tempérament fait son charme, mais c'est surtout le fait qu'elle perd un peu la boule qui fait le sel de cette histoire. En effet, elle a effectué par le passé de nombreux contrats, toujours avec brio et discrétion. Personne n'a jamais eu à se plaindre de ses services. Sauf qu'aujourd'hui à son âge, il semblerait qu'elle n'est plus toute sa tête, et qu'avec un tel métier, c'est pas idéal. Du coup, parfois elle appuie un peu trop fort sur la détente, parfois elle se trompe un peu de cible, parfois elle est obligé de faire quelques dégâts collatéraux. Succulent. Evidemment en haut lieu, on voit bien que ça dérape et qu'il faut rectifier le tir. Tout ça amènent quelques péripéties qui s'enchainent sur un bon rythme, les répliques de notre mamie flingeuse sont amusantes, il y a également une petite tension pas désagréable dans l'intrigue. Le dessin sert très efficacement le propos. Bref, du tout bon.
La Neige était sale
Après le bon Le Passager du Polarlys, cette nouvelle adaptation d'un roman "dur" de Simenon est encore un cran au dessus. On suit ici le destin d'une petite frappe, Frank, basculant dans une délinquance de plus en plus dure. Notre personnage principal ira ainsi jusqu'à tuer et même organiser le viol de sa copine. L'histoire, qui se passe pendant l'occupation, est donc très noire et le lecteur peine à éprouver la moindre sympathie pour cette ordure notoire. Bien que le pays dans lequel se déroule l'histoire ne soit pas cité, tout rappelle ici l'occupation allemande (brassard des militaires, étoiles sur les habits des occupés, etc). Je ne sais pas si cela est volontaire mais le visage et la coiffure du héros rappelle également l'armée nazi. Par analogie avec le personnage de Meursault dans l'Etranger d'Albert Camus, Franck ne présentera un peu d'humanité que lorsqu'il sera confronté à l'inéluctable et au pardon de celle dont il a trahi la confiance. La noirceur du scénario est contrebalancé par le dessin très rond d'Yslaire où l'on retrouve un trait proche de Sambre. La colorisation est également dans la même lignée avec des planches monochromes tirant sur le gris voire le jaune rehaussée de touches de roses. L'ensemble est vraiment de toute beauté. Un très bel ouvrage dont on ne ressort pas indemne. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 7,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 16,5/20
Un putain de salopard
Tome 4 : Le Rituel Ce tome 4 va nous amener à l’épilogue de la série, avec son lot de révélations et de retournements de situations. Tout au long de cette saga amazonienne, Régis Loisel n’aura pas ménagé ses efforts pour nous concocter un scénario bien ficelé mêlant aventure et amour, sur un ton assez moderne, même si l’histoire se passe dans les années 70. Les personnages restent attachants et d’une épaisseur psychologique appréciable. Les méchants ne s’avèrent pas si méchants, à l’instar d’Hermann, le chef du camp forestier, une brute épaisse qui, sentant sa fin approcher, éprouve le besoin irrépressible de retrouver la dépouille de sa fille qui a péri quelques années plus tôt dans un accident d’avion en pleine jungle. Seul le Manchot apparaît détestable, sans états d’âme quand il est question d’argent, prêt à trucider celui-là même qui pourrait bien être son fils, Max. Le titre n’avait donc pas menti… Mais on ne pourra en dire plus au risque de spoiler l’histoire. Malgré toutes les qualités énoncées plus haut, j’avoue avoir ressenti une certaine lassitude, difficilement explicable étant donné que tout est fait pour tenir le lecteur en haleine. Serait-ce dû à un trop-plein de rebondissements qui éloignent le récit du réalisme, et apparaitraient presque en contradiction avec la volonté de produire quelque chose de crédible ? La série aurait sans doute méritée d’être plus ramassée, et on peut légitimement s’y perdre dans des « twists » qui finissent par être un peu répétitifs. Quant au dessin d’Olivier Pont, il n’y a rien à redire dans la mesure où il reste conforme à ce que l’on avait apprécié dès le premier tome. Il sait parfaitement nous immerger dans cette ambiance forestière avec des vues nocturnes du plus bel effet. Si l’on s’essaie à faire une sorte de bilan, « Un putain de salopard » est une série globalement satisfaisante, dont chacun des tomes a obtenu l’estime de la critique et les faveurs du public. Savoir si elle rentrera avec le temps dans le panthéon du neuvième art, au même titre que le « Peter Pan » du même auteur, c’est une autre affaire. Tome 3 : Guajeraï La rencontre avec ce « putain de salopard » a finalement eu lieu… Le fameux Manchot a donc annoncé à Max qu’il était son fils après s’être pris une balle dans la jambe par les hommes d’Hermann. Et pourtant, quelques minutes auparavant, il s’apprêtait à trucider sans états d’âme le fiston, qui venait de récupérer le trésor caché dans l’épave de l’avion perché dans les arbres… L’arrivée des hommes d’Hermann ne lui en aura heureusement pas laissé le temps… il faut bien le dire, une enflure pareille, ça laisse sans voix, justifiant pleinement le titre de la série. Avec ce troisième tome, l’aventure est bien relancée pour Max après une telle révélation. Pourtant, point d’effusions lacrymales ici, et les rapports entre père et fils vont assez vite tourner à l’aigre. On découvre un Manchot irascible, impulsif et autoritaire, ce qui a le don de mettre Max hors de ses gonds, lui qui jusqu’ici était plutôt zen voire timoré. De plus, le paternel à la barbe blanche hirsute, s’il n’a plus qu’un bras, a conservé une énergie hors du commun et a la gâchette facile ! Tout va basculer lorsque le jeune homme réalisera qu’il n’est qu’un pion comme un autre aux yeux de son peu recommandable papa. Plus que jamais, cet épisode sera jalonné de moult rebondissements, fusillades et courses-poursuites. Côté dessin, rien à redire, Olivier Pont remplit sa mission avec brio, avec un sens du cadrage accompli. La scène finale de la course-poursuite entre Max et son père est impressionnante par le sentiment d’immersion qu’elle procure au lecteur, lequel se retrouve littéralement sur le siège de la moto du jeune héros. Quant aux passages plus contemplatifs, moins présents ici, ils sont superbes. On ne peut s’empêcher d’évoquer la scène nocturne de la page 51 où plusieurs des protagonistes, à des endroits différents, sont représentés en plein sommeil, avec (presque) à chaque case la présence apaisante de la lune sur un magnifique ciel étoilé… Le travail parfaitement maîtrisé de François Lapierre sur les couleurs y est assurément pour quelque chose. Sur le plan du scénario, Régis Loisel contentera à coup sûr les fans d’aventure. En revanche, ceux qui attendaient une exploration plus psychologique des personnages resteront peut-être sur leur faim. On comprend parfaitement la révolte de Max face à ce père ingérable et très peu empathique, mais les relations entre les deux hommes n’évolueront guère au cours de ce tome, l’accent semblant avoir davantage été mis sur l’action. A ce titre, on peut dire que c’est réussi mais ce rythme échevelé fait un peu retomber l’histoire dans le format classique du genre. « Guajeraï » a donc provoqué une légère baisse d’intérêt pour la série en ce qui me concerne, mais si, comme le laisse entendre la dernière page, une suite est prévue (Tiens ? j’avais cru comprendre que c’était une trilogie…), alors on attendra encore avant de se faire une opinion définitive. Tome 2 : O Maneto Si le deuxième volet de « Un putain de salopard » est sans surprise, il ne déçoit pas pour autant ! Sur un scénario très bien ficelé, comportant son lot habituel de rebondissements, Loisel continue à dérouler le fil de cette aventure palpitante, avec en toile de fond la quête de Max pour retrouver ce père disparu dont la réputation laisse pour le moins à désirer. Le jeune homme va connaître les pires galères dans l’enfer vert de la jungle amazonienne, en compagnie de celle qui plus d’une fois va le sauver de situations périlleuses, Baïa. Fille d’une autochtone indienne et d’un père inconnu, la jeune femme possède un don de double vision qui lui permet de voir les esprits, ajoutant au récit une touche de fantastique. Doté d’un sens de l’intuition très développé, elle joue en quelque sorte pour Max le rôle d’ange gardien, et bien que muette, sait parfaitement se faire comprendre lorsque son compagnon téméraire emprunte les mauvais chemins… car dans ce western avec pour décor une jungle aussi paradisiaque que menaçante, où l’appât du gain et l’absence de lois rend l’homme plus dangereux que les caïmans, il importe pour sa propre survie de conserver un œil aiguisé ! D’un point de vue graphique, on reste également sur la même ligne. Le trait enlevé d’Olivier Pont, bénéficiant d’une mise en page sans faille, est rehaussé par une colorisation particulièrement soignée. François Lapierre, qui avait déjà prouvé son talent avec « Magasin général », continue à nous éblouir en nous immergeant dans la jungle amazonienne grâce à mille nuances de vert. L’épisode se conclut par un « cliffhanger », au moment où Max vient de retrouver ce « putain de salopard », ce qui sans nul doute va susciter une forte attente chez les lecteurs conquis par cette série de très bonne tenue, avec des personnages très attachants et soudés face à des brutes sans foi ni loi. Tome 1 : Isabel Présentée comme la nouvelle série événement par Rue de Sèvres, « Un putain de salopard » réussit avec ce premier tome son entrée en matière. Avec Régis Loisel au scénario, on n’en attendait pas moins. Plus connu comme dessinateur, celui-ci a également prouvé qu’il savait raconter des histoires, avec notamment sa fameuse adaptation de Peter Pan. Pour ce projet les pinceaux ont donc été confiés à Olivier Pont, dont l’œuvre la plus connue reste jusqu’à présent Où le regard ne porte pas.... Cela faisait un moment que les deux hommes souhaitaient travailler ensemble, depuis le jour où ils passèrent des vacances ensemble en Guyane. Fort logiquement, l’histoire se déroule donc en Amérique du sud, à proximité du chantier de la Transamazonienne, ce qui confère au récit un côté western à la « Indiana Jones ». Si la narration reste de facture assez classique, elle est particulièrement bien construite, avec un humour bien senti, parvenant à nous captiver dès les premières pages, notamment grâce à des personnages très réalistes. Des personnages somme toute ordinaires, qui pour le coup n’ont pas le profil du héros type, avec lesquels le lecteur peut ainsi facilement s’identifier. Par sa candeur et sa jeunesse, Max n’a en effet rien de Harrison Ford – il vient juste en touriste ! - pas plus que les personnages féminins, les « trois C… », n’évoquent Lara Croft… Les auteurs ont joué la carte de la modernité, en intégrant l’évolution des mœurs, prenant totalement à contrepied les tenants de la BD à papa. En dehors de Max, il y a donc Charlotte et Christelle, le couple de lesbiennes infirmières, et Corinne, la jolie expat au caractère bien trempé et à la sexualité libre - il faut tout de même préciser que cela se passe dans les années post-hippies ! Et tout cela ne concerne que l’introduction, car l’histoire va s’emballer au bout de quelques pages pour ne plus rétrograder, avec maintes péripéties dans un environnement où les hommes ne sont pas des enfants de chœur… C’est par ce contraste typologique que réside en grande partie l’intérêt du récit. Graphiquement, on ne sera aucunement déçu par le trait enlevé d’Olivier Pont, bien en accord avec le dynamisme de la narration et pas si éloigné de celui de son camarade Loisel. Il consiste en un dosage savant entre burlesque franco-belge et finesse des expressions, excluant toute vulgarité même lorsque les corps sont dénudés… Par ailleurs, il serait injuste de ne pas relever la participation du coloriste François Lapierre, qui a fait un très beau travail sur les nuances de vert de la jungle amazonienne. Lorsqu’on arrive au terme de ce premier chapitre, il va sans dire qu’on a envie de voir à quoi il ressemble, ce « putain de salopard ». Car c’est pour l’instant le seul qualificatif, pour le moins peu élogieux, qui définira le père inconnu de Max, pour peu qu’il soit encore de ce monde… On espère juste qu’il ne faudra pas attendre huit tomes pour en avoir la révélation et que, malgré toutes ses qualités, cela ne sera pas une série à rallonge de plus. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’une trilogie, ce qui serait une très bonne nouvelle !
The Nice House on the lake
Je ne suis pas vraiment ce qu'on appelle un fan de bd, j'en ai lu quelques unes, et maintenant The nice house on the lake fait partie de ma petite collection. Personnellement j'ai trouvé le traitement des personnes super intéressant et réaliste, tout en sachant garder un aspect science fiction suffisamment captivant. J'ai adoré me plonger dans cette histoire et espère vivement que le cycle 2, si il existe, saura me rembarquer dans cette univers !
Le Chanteur perdu
Dans cette excellente BD à l'écriture fine et agréable, on marche dans les pas de Jean, un bibliothécaire obsédé par un chanteur des années 70 mystérieusement tombé dans l'anonymat. Laissant tout derrière lui, Jean décide de se lancer dans une enquête étonnante (en réalité, c'est une double enquête puisque cette aventure est également propice à l'introspection du narrateur guetté un temps par la dépression). Revigoré par cette quête improbable, le personnage principal traque alors avec obstination le moindre indice, tente de découvrir des messages cachés dans les textes du chanteur disparu et recueille fébrilement les témoignages de personnes qui auraient croisé la route de l'artiste. Pensant tenir une piste, il se décide à reprendre contact des années plus tard avec un ami qu'il avait perdu de vue et qui lui avait fait découvrir ce chanteur lorsqu'ils étaient étudiants, ce qui est l'occasion pour le lecteur d'assister à des saynètes tantôt amusantes, tantôt émouvantes et de mesurer par la même l'écoulement du temps, d'observer la trajectoire de ces personnages qui ont vieilli brutalement sous nos yeux en l'espace de quelques chapitres. Cette patine du temps rend subitement ces personnages réels et le lecteur, touché, s'attache autant à Jean qu'à ces témoins d'une époque révolue. L'enquête se transforme en véritable aventure et l'on se prend à espérer comme Jean que la rencontre avec ce chanteur aura bien lieu. Grâce à une belle colorisation et au trait efficace de Tronchet, le lecteur, tenu en haleine par ce récit équilibré et bien construit, voyage de la Bretagne jusqu'au bout du monde et se demande jusqu'à la fin quelle est la part de vérité dans cette histoire épatante. Le dossier final, cerise sur le gâteau, apporte d'ailleurs une excellente réponse à cette interrogation. Une bien belle découverte et une lecture que je recommande à mon tour !
Armelle et Mirko
Armelle la tortue souffre d'achluophobie, c'est à dire la peur de l'obscurité (personnellement je connaissais "nyctophobie", comme quoi on en apprend tous les jours). Sa peur bleue du noir l'empêche de pleinement vivre sa vie et de s'épanouir, un rien l'effraie et elle passe le plus clair de son temps recroquevillée dans sa carapace. Heureusement, tout change pour la timide Armelle lorsqu'elle rencontre un beau jour une luciole musicienne et voyageuse avec qui elle devient rapidement amie. C'est une belle histoire pleine de douceur sur le fait de dépasser ses peurs, de traverser les intempéries de la vie et de se créer des liens avec d'autres personnes pour aller mieux. Chaque album est une histoire en soi mais une évolution s'installe, chaque récit est une nouvelle étape de franchi dans l'avancée de ce groupe de personnages. Oui, ce groupe, car dès le second album notre duo s'agrandit et accueille un lapin contemplatif et une renarde végétarienne. Une belle brochette d'ami-e-s hors normes, ne se retrouvant pas parmi leurs congénères de par leurs différences mais parvenant à se soutenir les un-e-s les autres. De très belles histoires, surtout avec les magnifiques dessins de Julien Arnal aux traits si doux et aux couleurs si intenses. Une excellente bande-dessinée jeunesse, parfaitement appréciable à tout âge mais tout particulièrement utile pour apprendre aux enfants que, mine de rien, avec un bon entourage et un brin de courage, on peut aller de l'avant.
Anuki
Des courtes aventures muettes centrées sur un jeune amérindien un peu casse-cou avec un humour slapstick façon cartoon, voilà une idée qu'elle est quand même vachement bonne (comme disait mamie). J'ai peur de ne pas avoir trop à dire sur cette série alors que je l'ai trouvée sincèrement très bonne, vive, bien rythmée, vraiment sympathique à lire. Les histoires sont courtes et muettes, donc difficile pour moi de vraiment m'étendre sur les intrigues au risque de finalement tout vous raconter. Si vous voulez quand-même avoir une idée de ce à quoi tout cela ressemble, je maintiens ma comparaison avec les cartoons américains (façon Tex Avery ou Looney Tunes), on retrouve cet humour basé sur les plans foireux et les retours de bâton. Une très bonne lecture. (Note réelle 3,5)