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Couverture de la série Gil Jourdan
Gil Jourdan

Voici, à mes yeux, la meilleure série humoristico-policière illustrée en bande dessinée. Gil Jourdan est devenu une référence en la matière. Son auteur (Tillieux) combinait deux qualités rares et précieuses pour un scénariste. En effet, il parvenait à écrire des scénarios solides, riches en rebondissements, en suspense et à basculer en mode "dialogues délirants" dès que l’occasion se présentait. La série offrira des scénarios extrêmement variés, n’hésitant pas à lorgner du côté du fantastique à l’occasion. La galerie des personnages est d’une complémentarité inattaquable. Et le trio composé par Jourdan, Libellule et Queue de Cerise basculera rapidement vers un quatuor avec l’adjonction d’un indispensable Crouton. En effet, le duo composé de Libellule et de Crouton est un classique des clowns de cirque et l’élément indispensable à la dimension humoristique de la série. Malheureusement, au plus Crouton sera présent, au moins Queue de Cerise interviendra, et je regrette ces merveilleux duels verbaux qui l’opposaient à Libellule. Le graphisme de Tillieux est symptomatique de l’école franco-belge. Je soulignerai toutefois son incroyable dynamisme (notamment dans les courses poursuites en voitures) et la pureté de sa ligne. Avec un tel dessinateur, tout parait simple ! Seuls, les derniers épisodes montreront quelques signes de faiblesse, tout en restant d’un très bon niveau. Mais sans doute le changement de dessinateur y est-il pour quelque chose. En effet, Gos officie en tant que dessinateur sur les quatre derniers tomes de la série. Vous l’aurez compris, Gil Jourdan est, pour moi, une série majeure qui aura inspiré bien des héros actuels, à commencer par Léo Loden (dont les auteurs n’hésitent pas à revendiquer cette filiation au travers de nombreux clins d’œil). A lire, absolument.

08/06/2009 (MAJ le 08/06/2009) (modifier)
Couverture de la série L'Art Invisible
L'Art Invisible

En voilà une œuvre inclassable ! Le prologue est d’ailleurs très drôle, tenter d’expliquer que l’on écrit une BD sur qu’est ce que la BD relève du tour de force ! Le sujet est donc de définir la BD dans son existence afin de l’habiliter et la faire intégrer de rang d’art majeur à part entière ayant des caractéristiques différentes de la peinture et de la littérature qui sont à première vue ses composantes. Le livre est admirablement construit et est présenté comme une démonstration mathématique point par point. Commentaire de mon épouse littéraire en le lisant : ce type devait être matheux ! Voyons la structure de ce joli projet : Le premier chapitre est consacré à la définition de la BD, elle permet de cadrer ce dont on va parler pour comprendre la borne entre la BD et autre chose. L’intégration d’œuvres majeures dans le périmètre Bd est joliment illustrée, même s’il ne fait pas l’unanimité chez les théoriciens. Le second chapitre cartographie la BD dans une tentative théorique assez abstraite, les illustrations sont tellement pertinentes que le discours est assimilé malgré sa complexité. Les 3 chapitres suivants détaillent la grammaire d’une BD, autrement dit ce qui la compose. La gestion du temps, de l’espace et du mouvement sont magistralement expliquées avec la très pertinente analyse de la BD suivant ses 3 cultures principales aux codes différents (européenne, américaine et Asiatique). Ces trois chapitres sont à mon sens le bijou de cet ouvrage car les illustrations sont fort adroitement choisies et illustrent parfaitement le propos abstrait sous-jacent. Les passages sur le « caniveau », la gestion du temps et de l’ellipse sont magistraux. Le chapitre 6 tente d’expliquer le lien entre texte et image, j’avoue qu’à partir de là je trouve les propos plus confus et conventionnels, certes des cas pratiques en fin de chapitre viendront illustrer, mais tout cela reste un peu trop facile, même si le sujet était pertinent. La suite montre une pseudo étude de l’évolution du créateur. Ca m’a barbé, j’ai trouvé les propos maladroits, truffés de lieux communs et simplistes. Croire qu’un artiste du 9ème art va suivre un parcours de la forme vers le fond est vraiment naïf ! Le chapitre suivant est consacré à la couleur, il est minime et quel dommage, car il partait sur de très bonnes bases, je ne sais s’il s’agit de raisons économiques éditrices, mais vraiment ce qui est entrevu dans ce court chapitre aurait mérité plus ample développement. La suite est une sorte de résumé didactique de ce qui a déjà été dit, c’est à mon sens complètement inutile pour quelqu’un qui a lu attentivement la BD, si on ne la lit pas attentivement, je doute qu’on arrive à ce stade, donc cette partie est à oublier. Bref le tout est inégal. D’autant que certaines composantes de la BD ne sont pas évoquées et que sur la fin il parle plus en réalité de la peinture que de la BD. Par exemple j’aurai aimé voir la notion de rythme dans un scénario évoqué. Les notions de jeu lié à la disposition des planches suivant l’intensité de l’histoire sont malheureusement absentes. Par exemple systématiquement Mc Cloud met son lecteur en position d’attente en fin de page ce qui l’encourage à tourner la page pour connaitre la solution (ça a d’ailleurs fini par m’énerver car certaines planches faisaient remplissage pour créer cet effet !) dommage qu’il ne parle pas de cette technique d’intégration du lecteur au scénario ! A lire pour connaitre une jolie théorisation de la BD même incomplète, à posséder uniquement si on se pose des questions sur le sujet, car la richesse de cet album est au niveau du fond, la forme n’est qu’un prétexte…

08/06/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5
Couverture de la série La Dernière cigarette
La Dernière cigarette

Ce récit historique parle de la seconde guerre et plus particulièrement du front de l'est en Europe. Le récit commence et se termine par une double confrontation entre un officier nazi et un officier politique russe. On s’approche de la fin de la guerre, les allemands commencent à être en déroute et les russes vont entrer en Pologne et découvrir des scènes encore plus insoutenables que sur leurs terres. Ils découvriront ensuite les camps d’extermination désertés par les gardes. Cette avancée se terminera à Berlin… Cette petite BD retranscrit bien la folie et la barbarie d’un tel conflit. Les hommes sont happés par ce mouvement collectif sans limite. Les dégâts sont matériels mais aussi psychologiques. Le parcours de l’officier allemand résume les doutes et les erreurs imputées à des idéologies extrémistes. Ce one shot est à lire par toute personne qui s’intéresse à l’histoire.

07/06/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Colby
Colby

Je trouve cette série franchement bien. Tout d'abord, le suspense est très bien mené et je suis incapable de lâcher l'album, mais j'avoue que les solutions ne sont pas très originales. En même temps, je m'en fiche car, parfois, lorsqu'on prend des vieilles recettes on arrive à quelque chose de génial et c'est le cas ici. Ensuite, la psychologie des personnages est excellente. J'adore particulièrement le ton cynique de Warsow. D'ailleurs, une autre chose que j'aime dans cette série c'est que les compagnons de Colby ont une vraie personnalité et participent à l'action (sauf dans le premier tome). Il n'y a pas 1, mais 3 héros et voir comment ils agissent pendant les enquêtes est très intéressant.

07/06/2009 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Vive les femmes !
Vive les femmes !

Les différentes histoires de Reiser sont excellentes ! D'accord, j'avoue que certaines ne m'ont pas fait rire, mais celles qui sont drôles le sont tellement que je m'en fiche pas mal. C'est très cynique par moment et cela me remplit de joie car c'est typiquement l'humour que j'aime. Le trait de Reiser est merveilleux. On dirait des gribouillis, mais ses gribouillis respirent la vie et le talent.

07/06/2009 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
Couverture de la série Légendes des Contrées Oubliées
Légendes des Contrées Oubliées

Voici une autre BD que j’ai lue sur les conseils de Bdthèque... Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’univers de ces contrées oubliées est particulièrement dépaysant. Au départ, j’étais assez peu attiré par la dominance des tons gris et pastels, mais cette impression s’est vite dissipée à la lecture. Le trait de Ségur est haut en « couleurs » et foisonne de détails insensés, avec une capacité remarquable à zoomer des panoramas les plus grandioses aux scènes les plus insignifiantes. Végétaux ou minéraux, les décors ont toujours un aspect organique délirant, qui font que les cases suffisent à peine à contenir une vie grouillante et frénétique. La participation du lecteur est toujours très sollicitée, car souvent n’est représenté que le détail d’un élément plus imposant. Pour les lecteurs imaginatifs, c’est parfait, pour les autres, cela peut vite se transformer en parcours du combattant….Néanmoins, force est de reconnaître que le dessin est révélateur d’un talent baroque immense. A l’image de cet environnement, les personnages sont extrêmement variés. Tout d’abord, les trois héros, Noren le nain, Firfin le voleur et Morkaï le guerrier barbare (paradoxalement très drôle dans sa brutalité primitive) que le hasard a réuni mais que tout sépare… Puis les « puissances », créatures informes à la limite de l’abstraction, qui évoquent l’univers lovecraftien, notamment Ssîn, la plus cauchemardesque, toute en os et en pointes, qui semble être le cousin d’Alien… Et enfin, toutes les créatures secondaires dignes du genre, guerriers morbelins, nymphettes, araignées géantes, armées de petites bestioles insectoïdes et hargneuses, etc. N’étant pas un inconditionnel d’héroic-fantasy, j’ai pourtant apprécié l’histoire de la même façon que j’avais adoré le Seigneur des anneaux. Comme dans la trilogie de Tolkien, il s’agit d’une quête se déroulant dans un monde tour à tour féerique et effrayant… La comparaison scénaristique s'arrête là, mais l’autre point commun est qu’il s’agit également d’une réflexion intéressante sur le pouvoir, la corruption irréversible qui en découle, sa laideur, sa folie… Si personnellement j’ai ressenti un léger essoufflement dans la troisième partie, je suis obligé d’admettre que cette trilogie est époustouflante et s’impose comme un classique du genre et contrairement à « De Cape et de crocs » qui m’avait un peu déçu, mon opinion correspond davantage à l’avis général. Ce qui me rassure, car je pourrai continuer à faire confiance à BDthèque pour découvrir d’autres œuvres de cette trempe ! ;-)

06/06/2009 (modifier)
Couverture de la série Travis
Travis

Je viens d'achever le tome 9 de la série que j'apprécie toujours autant. Si elle reste orientée "action" dans la ligne de la série B de Delcourt, le fond des personnages n'est pas négligé. Vlad prend de plus en plus de place dans la série, au point de voler la vedette à Travis. Après 9 tomes on aurait pu craindre une baisse de régime, mais l'intrigue parvient à se renouveler tout en étant en conformité avec l'univers Carmen-Travis crée par Duval. A ce propos on ne peut que regretter le manque d'intérêt des Carmen+Travis. Un cross-over opposant les 2 personnages ne manquerait pourtant pas de piquant. Le dessin est dynamique ce qui correspond bien au style de BD. Seul reproche les visages des personnages féminins parfois trop ressemblant les uns aux autres. Au final une très bonne série qui demeure l'une des préférées.

06/06/2009 (modifier)
Couverture de la série Les Sentinelles
Les Sentinelles

Bien, alors pour ma part, je découvre autant le scénariste que le dessinateur. Et merci de ne pas me jeter la première pierre, des BD, il y en a des milliers et personne ne peut dire les avoir toutes lues. Donc, voici mon avis sur une BD découverte par hasard en cherchant le tome 3 de Croisade... Ce que j'ai aimé dans cette histoire, c'est d'une part ce côté fantastique et d'autre part comme cela est si bien expliqué à la fin de la réédition du premier tome : ça apporte ce que les archives cinématographiques et photographiques d'époque ne montrent pas : la boucherie et la barbarie. Certes on a pu voir des cadavres en photo ou en vidéo mais là c'est vraiment explicite. L'horreur de la pire guerre que l'Humain a créée est présent. Ensuite, et parce que j'écris actuellement un livre se déroulant à cette période, il ne faut pas oublier que 14-18 a apporté de grandes avancées sur de nombreux domaines : chirurgie reconstructrice, armes, équipement de protection, véhicules, etc. Bien sûr, il est assez drôle de voir la pile au radium en sachant qu'à l'époque personne ne savait que la radioactivité était nocive. Les Curie en sont morts. Mais c'est de la SF alors autant jouer le jeu et puis, un truc qui vient de notre Europe ne peut être que louable. Après Captain America, voici le Lieutenant Taillefer. Je pense sincèrement que c'est une merveilleuse idée que d'imaginer cette histoire. Les dessins reprennent bien le classique de la SF donc rien à redire dessus. Même, je préfère ça aux nouvelles techniques pour CE sujet. Le prochain tome s'appelle Ypres. J'émets déjà des hypothèses dessus mais ne sais pas si je dois les aborder ici au risque de perdre l'impatience de certains. Sachez juste que ce fut l'endroit où les gaz firent leur apparition donc, regardez bien le système d'aération du casque de Taillefer. ;) Pour moi, ces deux tomes représentent la mise en place des personnages et des décors. A mon avis, le prochain tome enverra du lourd et du bon.

05/06/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5
Couverture de la série Mon copain Anne
Mon copain Anne

J'ai beaucoup aimé ce one shot autobiographique traitant d'un thème simple : les relations amicales. L'auteur s'interroge sur ses rencontres ayant entrainé des amitiés. Il commence par la première, celle de son copain Anne lorsqu'il avait 3 ans. Cette amitié durera 3 ans jusqu'au déménagement de Anne et de sa famille. Cela continuera jusqu'au présent de l'auteur. Ses rencontres dans les écoles, autour de la BD, etc... C'est bien narré et la réflexion est réelle et fine. Le dessin m'a fait pensé à du Baudoin avec un trait assez gras mais un rendu réaliste et expressif. Les cases sont peu chargées mais belles de simplicité. Et dire que je pensais lire un récit parlant de la petite enfance. J'ai apprécié de voir la lecture prendre de la consistance et se révélée des plus plaisantes. Une réelle et belle surprise.

04/06/2009 (modifier)
Par Miranda
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Dragger
Dragger

Je suis partie à la chasse des productions de Sieur Mandrafina et j'ai trouvé Dragger, - avec Sieur Trillo - et comme à chaque fois avec cet auteur je suis tombée sous le charme. Ce n'est peut-être que le dessinateur, mais on sent bien sa participation dans les scénarios, car toutes ses productions ont une marque particulière qui lui est propre, une certaine acidité mâtinée d'humour. On retrouve ce trait caractéristique dans cette petite série, trop courte à mon goût, mais il faudra bien s'en contenter. Nous voici dans un monde post-apocalyptique où le désert a fini par tout recouvrir et où survivre devient presque impossible. Dragger est guide, il connaît ce monde comme personne, il aide des gens qui viennent le solliciter pour les mener ici ou là pour des raisons x ou y - que je vous laisse découvrir - dans des endroits toujours dangereux. Il vit avec une petite jeunette noire très jolie et à la langue bien pendue, ainsi qu'avec un vieil indien très malin. Ces trois là se serrent les coudes pour survivre. Les deux tomes forment des histoires courtes, de courts voyages à travers ce désert, mais le tout forme une histoire et la fin est… surprenante et dans le tragique, très drôle. Le dessin est à la hauteur de Mandrafina, quoique les couleurs ne soient pas très belles. Mais on s'y fait, car les expressions et les postures des corps prennent le dessus sur ce défaut, qui au final n'est plus qu'un détail.

04/06/2009 (modifier)