Peut-être que Marniquet est frustré de ne pas pouvoir dessiner des aventures de Sherlock Holmes, car après les aventures de Sean Mac Gregor voilà qu'il nous refait le coup de l'apparition furtive du célèbre détective.
Car l'ensemble de cette aventure est un hommage au héros de Conan Doyle : le héros, la ville, l'intrigue... tout y est.
Mon regard sur cette bd n'est certes pas objectif car chacun sait que j'ai pour Marniquet (et Chanoinat) une certaine admiration.
Les auteurs développent ici la ligne claire, et même si l'intrigue est mince (j'avais deviné dès le début le mystère lié au sarcophage, mais qu'importe), j'ai été séduit par le dessin (parfois maladroit, les visages sont quelquefois différents d'une case à l'autre) et surtout par l'atmosphère qui se dégage de la lecture. On sent l'influence d'Hergé, en particulier des "7 boules de cristal" mais aussi des productions actuelles de catholic-fantaisy, surfant sur le succès du Triangle Secret ou du "Da Vinci Code".
Une aventure qui aurait pu être écrite il y a 30 ans et qui, de par sa qualité éditoriale (bravo aux éditions Desinge & Hugo), renoue avec les héros d'antan.
En soi, les personnages de « Fables » n’ont rien de très original. Ce sont pour la plupart des archétypes mille fois croisés dans les œuvres de fiction : la jeune femme de tête, bosseuse, intelligente mais froide, qui cache une fragilité intérieure ; le détective solitaire, mal rasé, clope au bec, feutre et imperméable, qui résout toutes les énigmes à la Colombo (bon un peu plus physique tout de même) ; le séducteur impénitent et ambitieux, « winner » aux dents longues ; la jeune révolutionnaire, etc…
Oui, mais le coup de génie de Willingham a été de nommer ces archétypes respectivement « Blanche-neige », « le grand méchant loup », « Prince Charmant », ou « Boucle d’or »… et d’un coup on se retrouve face à une BD qui sort du tout venant.
C’est ce contre-pied constant entre les personnages tels que nous nous les imaginons et tels qu’ils nous sont présentés dans Fables qui fait le sel de l’histoire. Je ne suis pas sûre que sans cela ce comics sortirait vraiment du lot, les histoires sont inégales et parfois brouillonnes. Mais, en l’état, c’est une lecture vraiment plaisante, tout du moins sur les 5-6 premiers tomes (j’accroche beaucoup moins à la partie moyen-orientale, où les convictions limite racistes de l’auteur ressortent beaucoup trop).
Niveau graphisme, j’adore les couvertures et les illustrations couleur qui jalonnent les différents tomes, et qui sont vraiment de toute beauté, mais comme bien souvent dans les comics il y a un peu tromperie sur la marchandise vu que l’intérieur est bien plus inégal. Disons que j’ai vu bien pire… C’est parfois très laid, souvent passable, parfois même agréable. Enfin l’intérêt de cette BD est clairement ailleurs.
Je suis un peu comme Miranda : je n'ai pas grande sympathie pour l'héroïne de cette bd, et d'une manière plus générale pour les victimes-nées qui se laissent détruire sans se battre, ayant abandonné toute fierté et tout instinct de survie.
Oui, mais. Il ne me semble pas que le but des auteurs ait été de nous faire pleurer sur le sort de cette femme mais plutôt de nous alerter sur la réalité de ces situations et leurs dommages collatéraux.
Car, si on ne sympathise pas, on peut tout de même compatir et ressentir la détresse de cette mère qui s'est laissée enfermer dans une relation destructrice. D'ailleurs, les auteurs ne semblent pas vouloir lui trouver d'excuses. Ils la montrent telle qu'elle est : envisageant la fuite mais incapable de franchir le pas, très inquiète pour sa fille mais n'ayant pas le courage de remettre sa vie en question pour la sauver, comptant sur les autres tout en ayant peur qu'ils se penchent sur son cas, faible jusqu'à remercier son tortionnaire quand il la laisse en paix... Le personnage de la voisine, une jeune femme forte à qui on ne vient pas chercher des ennuis, est un excellent contre-pied, très crédible et très bien employé.
Contrairement à Pasukare le choix de ne pas montrer la manière dont ce couple est tombé dans l'horreur m'a semblé pertinent : se concentrer sur le résultat permet de porter sur ce dernier un regard exempt de sympathie mal placée et de le présenter tel qu'il est : aberrant et inexcusable.
Une très belle bd, donc. Très complète, dénuée de sentimentalisme comme de moralisme, et brillamment mise en image.
Un synopsis fort intéressant que ce soit pour les férus de conquête spatiale, comme moi, ou encore les passionnés de génétique.
Même si l'éditeur semble inconnu et que la recherche de plus amples informations sur leurs sites web finit par un total échec, le nom des auteurs nous rassure déjà plus : avec Richard Marazano père du fameux Complexe du chimpanzé...
Toutefois au premier abord le coup de crayon de Lamquet Chris pourrait en dérouter plus d'un... Très confus et parfois peu lisible mais le scénario n’en demeure pas moins crédible et passionnant !
Pour ma part, je suis client de l'humour tout particulier de Philippe Coudray. L'album ne provoque aucune crise sévère de rire, mais le côté absurde et "philosophique" de certaines planches fait qu'on dépasse souvent le statut de simple gag.
J'aime également ce dessin minimal et ces personnages aux formes rondes. A essayer !
Très bon Trondheim.
On a à nouveau une sorte d'exercice Oubapo : 1 histoire divisée en 100 strips eux mêmes composés de 4 cases.
Si l'on remet dans le bon sens : avec 4 cases, Trondheim nous fait un strip. Il en produit 100 qui se suivent et forme une histoire complète et cohérente.
Voilà pour la forme, pour le fond, c'est du Trondheim classique mais du bon. J'aime son humour et son inventivité. Le dessin est simple mais efficace et adapté à ce type de production.
A découvrir, cette BD a en plus l'avantage d'avoir un prix très correct.
Chistian Perrissin est un scénariste que j’apprécie, j’aime beaucoup ses séries El Niño et Martha Jane Cannary. J’étais donc assez curieux de lire « La Colline aux mille croix » son premier one-shot et aussi sa première (et unique ?) bd dont il assure lui-même le dessin !
« La Colline aux mille croix » est une histoire vécue, elle est même proche d’un récit légendaire : celle de Luce de Mirail qui pleura la mort de son frère tué par son mari en 1460, et qui osa défier par la suite son beau-père, le puissant seigneur de Rocmirail.
« La Colline aux mille croix » m’est apparue comme une histoire très classique, elle fait partie des récits qui traversent les temps et qui marquent les esprits. Moi, je ne me lasse pas d’écouter et de réécouter ce type d’histoire pourvu que ça soit bien raconté ! Et c’est exactement le cas car cette lecture est –à mon avis- très facile à suivre et parce que j’y ai aimé son atmosphère sombre. J’y ai apprécié aussi le personnage de Luce, cette héroïne du passé qui semble être l’archétype de la femme de nos jours tant elle y montra un courage et une intégrité dans sa loyauté exceptionnels !
J’ai été touché par cette histoire où une femme s’est mariée de force à un homme de croyance différente et qui se trouve à la mort de son défunt confronté aux sarcasmes de sa belle-famille. C’est aussi une histoire qui met en lumière le conflit qui opposa les protestants aux catholiques à cette époque.
Je fus très surpris de découvrir Christian Perrissin en tant que dessinateur ! L’auteur s’est certainement aidé de photos du Rouergue (ancienne province du Sud-est de la France) pour réaliser cet album, on ne peut pas le lui reprocher étant donné que c’est un récit réaliste ! Au contraire, j’ai même été agréablement conquis par son coup de… fusain. Certes, quelques défauts y apparaissent comme dans la représentation des personnages qui changent légèrement d’une case à l’autre mais ceux-ci ne me sont pas apparus préjudiciable à la bd.
J’y ai aimé aussi le fait que l’auteur ait utilisé une ambiance sombre, celle-ci m’a semblé en parfait adéquation avec ce drame.
En réalisant « La colline aux mille croix », Christian Perrissin nous montre ses talents de dessinateur et nous démontre qu’une vieille histoire de plus de cinq siècles peut être intemporelle lorsqu’elle met en scène le conflit entre deux familles…
En feuilletant ce one-shot, les amateurs de bds d’action, d'humour ou de suspense n’y trouveront pas certainement leur compte mais ceux qui apprécient des romans graphiques ou historiques devraient –à mon avis- adorés !
A lire et à relire !
On m'avait dit le plus grand bien de ce manga et pour une fois je ne suis pas déçu, c'est effectivement excellent pour l'instant.
Réussir un bon récit d'anticipation, qui parvient à la fois à transporter le lecteur dans un futur proche ou une réalité alternative, tout en proposant entre les lignes un regard critique sur le monde d'aujourd'hui, n'est pas donné à tout le monde. Dans le même genre, je sortais juste de ma lecture de DMZ, qui à mes yeux cumule les tares : personnages sans substance et scénario bateau et mal foutu, prétention, immaturité, absence totale de finesse... Ikigami est à l'exact opposé, sans grosses ficelles ni gros sabots. L'auteur a certes des choses à dire sur la société actuelle, mais ne le fait pas comme un adolescent tout fier de lui qui cherche à faire le malin, il a l'intelligence de comprendre qu'une oeuvre qui prétend se doter d'une dimension supplémentaire par rapport à de la "bête" SF doit d'abord avoir de bonnes bases. Un postulat de départ pas trop invraisemblable, de bonnes intrigues, des personnages auxquels on puisse s'intéresser, il y a tout ça dans Ikigami. Il n'y a pas de gentils, pas de méchants, il y a juste une administration qui brise arbitrairement des vies en frappant à l'aveuglette, des gens qui la servent, d'autres qui la subissent, une majorité qui se sent à peine concernée par tout ça, et un gouvernement qui se félicite des résultats obtenus. Si vous avez déjà eu affaire à un système bureaucratique inhumain, mettons à la gestion de l'immigration en France, vous verrez que toute l'organisation présentée dans Ikigami est parfaitement plausible et réaliste, elle a juste une façon encore plus extrême de broyer ses victimes.
Les histoires ne finissent pas toujours horriblement mal puisqu'il y a parfois une petite note d'espoir, mais ça reste tragique (sans être larmoyant) et il n'y a jamais de happy end pourrie genre "Machin échappe à la mort à la dernière minute". Le personnage qui sert de fil conducteur, bien qu'il reste finalement un personnage secondaire des histoires, se révèle particulièrement crédible dans le rôle du fonctionnaire un peu critique de son boulot mais pas assez pour prendre le risque de se rebeller, qui démarre sérieusement puis commence à faire quelques entorses au règlement...
Bref, j'espère très fort que les prochains tomes garderont le même niveau de qualité parce que pour le moment, c'est vraiment l'une des meilleures séries que j'ai lues depuis longtemps.
Au début, l’utilisation d’étranges êtres humanisés au milieu de personnages bien humains m’a perturbé. Je m’y suis cependant rapidement fait, et au fil de ma lecture, j’ai pu constater que ce parti pris audacieux de la part de l’auteur s’est révélé être un coup dans le mille.
Rouge de Chine peut se résumer à une histoire d’amour fantastique entre un jeune anglais et une princesse autochtone dans une Chine médiévale en lutte avec une Europe colonialiste peu scrupuleuse. Mais le récit mêle si bien éléments historiques et dimension fantastique, voire onirique qu’il est réducteur de ne le limiter qu’à cette histoire d’amour. Cette série peut également être vue comme un véritable hommage à la richesse de l’univers fantastique chinois. Mais elle me semble avant tout être une œuvre européenne faite « à la manière des légendes chinoises ». Et cet encrage européen m’aura bien aidé à accepter ce scénario par moment très tarabiscoté.
Le scénario est, en effet, très riche et les passages d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre sont fréquents, tant les rôles principaux, et les lieux dans lesquels l’action se déroule sont multiples. Par conséquent, et malgré la fluidité d’écriture de Thierry Robin, il est facile de s’égarer en cours de récit. Mais la cohérence de l’ensemble fait que si vous enchainez les tomes (ce qui est mon cas lorsque je me lance dans cette série), ce foisonnement se révèle bien plus être une richesse qu’un handicap.
Le style graphique de l’auteur est d’une indéniable qualité. Très séduisant, d’une grande finesse, légèrement orientalisé et parfois inventif et audacieux dans sa colorisation, ce trait m’aura convaincu dès les premières pages et parviendra encore à me surprendre dans les dernières planches.
Au final, cette œuvre étrange m’aura séduit, malgré ou grâce à son univers très particulier, ses "chinoiseries" fantastiques et sa tendance au mélodrame.
Franchement bien !
Voici une série pour laquelle j’éprouve un véritable faible. En effet, grâce à l’approche originale du premier tome, Chinaman, le héros de cette série, m’est apparu très attachant et étonnamment crédible.
Les cinq premiers tomes, s’ils offrent finalement un univers extrêmement classique dans le genre western, sont pour moi d’une qualité irréprochable. Les deux tomes suivants ne présentent pas le même pouvoir d’attraction sur moi. En effet, Chinaman se retrouve encombré d’une compagne, et la série dérive lors de certains passages vers un esprit proche de "la petite maison dans la prairie", un esprit auquel je ne peux adhérer et qui ne convient absolument pas à la série. Tout au plus puis-je souligner le souci de laisser le premier rôle à l’humanité des personnages (un souci présent dès le premier épisode, mais qui n’empêchait alors pas la création de scénarios solides). Heureusement, les deux tomes suivants retrouvent une belle qualité (mais sans atteindre le niveau des premiers).
Le dessin, quant à lui, est excellent de bout en bout. Taduc est un artiste confirmé, et son style réaliste très lisible est loin d’être avare en détails. Les planches sont régulièrement d’une grande richesse et la mise en pages est soignée et favorise le dynamisme de ces aventures. De plus, la colorisation, conventionnelle, est très soignée.
En résumé : par son humanité, par son souci d’authenticité, par la qualité de son graphisme, Chinaman est, à mes yeux, un des meilleurs westerns classiques de la bande dessinée actuelle.
Franchement bien !
Tome 1 : 4,5/5
Tomes 2 à 5 : 4/5
Tomes 6 et 7 : 2,5/5
Tome 8 et 9 : 3,5/5
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Les mystères de Whitechapel
Peut-être que Marniquet est frustré de ne pas pouvoir dessiner des aventures de Sherlock Holmes, car après les aventures de Sean Mac Gregor voilà qu'il nous refait le coup de l'apparition furtive du célèbre détective. Car l'ensemble de cette aventure est un hommage au héros de Conan Doyle : le héros, la ville, l'intrigue... tout y est. Mon regard sur cette bd n'est certes pas objectif car chacun sait que j'ai pour Marniquet (et Chanoinat) une certaine admiration. Les auteurs développent ici la ligne claire, et même si l'intrigue est mince (j'avais deviné dès le début le mystère lié au sarcophage, mais qu'importe), j'ai été séduit par le dessin (parfois maladroit, les visages sont quelquefois différents d'une case à l'autre) et surtout par l'atmosphère qui se dégage de la lecture. On sent l'influence d'Hergé, en particulier des "7 boules de cristal" mais aussi des productions actuelles de catholic-fantaisy, surfant sur le succès du Triangle Secret ou du "Da Vinci Code". Une aventure qui aurait pu être écrite il y a 30 ans et qui, de par sa qualité éditoriale (bravo aux éditions Desinge & Hugo), renoue avec les héros d'antan.
Fables
En soi, les personnages de « Fables » n’ont rien de très original. Ce sont pour la plupart des archétypes mille fois croisés dans les œuvres de fiction : la jeune femme de tête, bosseuse, intelligente mais froide, qui cache une fragilité intérieure ; le détective solitaire, mal rasé, clope au bec, feutre et imperméable, qui résout toutes les énigmes à la Colombo (bon un peu plus physique tout de même) ; le séducteur impénitent et ambitieux, « winner » aux dents longues ; la jeune révolutionnaire, etc… Oui, mais le coup de génie de Willingham a été de nommer ces archétypes respectivement « Blanche-neige », « le grand méchant loup », « Prince Charmant », ou « Boucle d’or »… et d’un coup on se retrouve face à une BD qui sort du tout venant. C’est ce contre-pied constant entre les personnages tels que nous nous les imaginons et tels qu’ils nous sont présentés dans Fables qui fait le sel de l’histoire. Je ne suis pas sûre que sans cela ce comics sortirait vraiment du lot, les histoires sont inégales et parfois brouillonnes. Mais, en l’état, c’est une lecture vraiment plaisante, tout du moins sur les 5-6 premiers tomes (j’accroche beaucoup moins à la partie moyen-orientale, où les convictions limite racistes de l’auteur ressortent beaucoup trop). Niveau graphisme, j’adore les couvertures et les illustrations couleur qui jalonnent les différents tomes, et qui sont vraiment de toute beauté, mais comme bien souvent dans les comics il y a un peu tromperie sur la marchandise vu que l’intérieur est bien plus inégal. Disons que j’ai vu bien pire… C’est parfois très laid, souvent passable, parfois même agréable. Enfin l’intérêt de cette BD est clairement ailleurs.
Inès
Je suis un peu comme Miranda : je n'ai pas grande sympathie pour l'héroïne de cette bd, et d'une manière plus générale pour les victimes-nées qui se laissent détruire sans se battre, ayant abandonné toute fierté et tout instinct de survie. Oui, mais. Il ne me semble pas que le but des auteurs ait été de nous faire pleurer sur le sort de cette femme mais plutôt de nous alerter sur la réalité de ces situations et leurs dommages collatéraux. Car, si on ne sympathise pas, on peut tout de même compatir et ressentir la détresse de cette mère qui s'est laissée enfermer dans une relation destructrice. D'ailleurs, les auteurs ne semblent pas vouloir lui trouver d'excuses. Ils la montrent telle qu'elle est : envisageant la fuite mais incapable de franchir le pas, très inquiète pour sa fille mais n'ayant pas le courage de remettre sa vie en question pour la sauver, comptant sur les autres tout en ayant peur qu'ils se penchent sur son cas, faible jusqu'à remercier son tortionnaire quand il la laisse en paix... Le personnage de la voisine, une jeune femme forte à qui on ne vient pas chercher des ennuis, est un excellent contre-pied, très crédible et très bien employé. Contrairement à Pasukare le choix de ne pas montrer la manière dont ce couple est tombé dans l'horreur m'a semblé pertinent : se concentrer sur le résultat permet de porter sur ce dernier un regard exempt de sympathie mal placée et de le présenter tel qu'il est : aberrant et inexcusable. Une très belle bd, donc. Très complète, dénuée de sentimentalisme comme de moralisme, et brillamment mise en image.
Blue Space
Un synopsis fort intéressant que ce soit pour les férus de conquête spatiale, comme moi, ou encore les passionnés de génétique. Même si l'éditeur semble inconnu et que la recherche de plus amples informations sur leurs sites web finit par un total échec, le nom des auteurs nous rassure déjà plus : avec Richard Marazano père du fameux Complexe du chimpanzé... Toutefois au premier abord le coup de crayon de Lamquet Chris pourrait en dérouter plus d'un... Très confus et parfois peu lisible mais le scénario n’en demeure pas moins crédible et passionnant !
Loin de Tout
Pour ma part, je suis client de l'humour tout particulier de Philippe Coudray. L'album ne provoque aucune crise sévère de rire, mais le côté absurde et "philosophique" de certaines planches fait qu'on dépasse souvent le statut de simple gag. J'aime également ce dessin minimal et ces personnages aux formes rondes. A essayer !
Le pays des trois sourires
Très bon Trondheim. On a à nouveau une sorte d'exercice Oubapo : 1 histoire divisée en 100 strips eux mêmes composés de 4 cases. Si l'on remet dans le bon sens : avec 4 cases, Trondheim nous fait un strip. Il en produit 100 qui se suivent et forme une histoire complète et cohérente. Voilà pour la forme, pour le fond, c'est du Trondheim classique mais du bon. J'aime son humour et son inventivité. Le dessin est simple mais efficace et adapté à ce type de production. A découvrir, cette BD a en plus l'avantage d'avoir un prix très correct.
La Colline aux Mille Croix
Chistian Perrissin est un scénariste que j’apprécie, j’aime beaucoup ses séries El Niño et Martha Jane Cannary. J’étais donc assez curieux de lire « La Colline aux mille croix » son premier one-shot et aussi sa première (et unique ?) bd dont il assure lui-même le dessin ! « La Colline aux mille croix » est une histoire vécue, elle est même proche d’un récit légendaire : celle de Luce de Mirail qui pleura la mort de son frère tué par son mari en 1460, et qui osa défier par la suite son beau-père, le puissant seigneur de Rocmirail. « La Colline aux mille croix » m’est apparue comme une histoire très classique, elle fait partie des récits qui traversent les temps et qui marquent les esprits. Moi, je ne me lasse pas d’écouter et de réécouter ce type d’histoire pourvu que ça soit bien raconté ! Et c’est exactement le cas car cette lecture est –à mon avis- très facile à suivre et parce que j’y ai aimé son atmosphère sombre. J’y ai apprécié aussi le personnage de Luce, cette héroïne du passé qui semble être l’archétype de la femme de nos jours tant elle y montra un courage et une intégrité dans sa loyauté exceptionnels ! J’ai été touché par cette histoire où une femme s’est mariée de force à un homme de croyance différente et qui se trouve à la mort de son défunt confronté aux sarcasmes de sa belle-famille. C’est aussi une histoire qui met en lumière le conflit qui opposa les protestants aux catholiques à cette époque. Je fus très surpris de découvrir Christian Perrissin en tant que dessinateur ! L’auteur s’est certainement aidé de photos du Rouergue (ancienne province du Sud-est de la France) pour réaliser cet album, on ne peut pas le lui reprocher étant donné que c’est un récit réaliste ! Au contraire, j’ai même été agréablement conquis par son coup de… fusain. Certes, quelques défauts y apparaissent comme dans la représentation des personnages qui changent légèrement d’une case à l’autre mais ceux-ci ne me sont pas apparus préjudiciable à la bd. J’y ai aimé aussi le fait que l’auteur ait utilisé une ambiance sombre, celle-ci m’a semblé en parfait adéquation avec ce drame. En réalisant « La colline aux mille croix », Christian Perrissin nous montre ses talents de dessinateur et nous démontre qu’une vieille histoire de plus de cinq siècles peut être intemporelle lorsqu’elle met en scène le conflit entre deux familles… En feuilletant ce one-shot, les amateurs de bds d’action, d'humour ou de suspense n’y trouveront pas certainement leur compte mais ceux qui apprécient des romans graphiques ou historiques devraient –à mon avis- adorés ! A lire et à relire !
Ikigami - Préavis de mort
On m'avait dit le plus grand bien de ce manga et pour une fois je ne suis pas déçu, c'est effectivement excellent pour l'instant. Réussir un bon récit d'anticipation, qui parvient à la fois à transporter le lecteur dans un futur proche ou une réalité alternative, tout en proposant entre les lignes un regard critique sur le monde d'aujourd'hui, n'est pas donné à tout le monde. Dans le même genre, je sortais juste de ma lecture de DMZ, qui à mes yeux cumule les tares : personnages sans substance et scénario bateau et mal foutu, prétention, immaturité, absence totale de finesse... Ikigami est à l'exact opposé, sans grosses ficelles ni gros sabots. L'auteur a certes des choses à dire sur la société actuelle, mais ne le fait pas comme un adolescent tout fier de lui qui cherche à faire le malin, il a l'intelligence de comprendre qu'une oeuvre qui prétend se doter d'une dimension supplémentaire par rapport à de la "bête" SF doit d'abord avoir de bonnes bases. Un postulat de départ pas trop invraisemblable, de bonnes intrigues, des personnages auxquels on puisse s'intéresser, il y a tout ça dans Ikigami. Il n'y a pas de gentils, pas de méchants, il y a juste une administration qui brise arbitrairement des vies en frappant à l'aveuglette, des gens qui la servent, d'autres qui la subissent, une majorité qui se sent à peine concernée par tout ça, et un gouvernement qui se félicite des résultats obtenus. Si vous avez déjà eu affaire à un système bureaucratique inhumain, mettons à la gestion de l'immigration en France, vous verrez que toute l'organisation présentée dans Ikigami est parfaitement plausible et réaliste, elle a juste une façon encore plus extrême de broyer ses victimes. Les histoires ne finissent pas toujours horriblement mal puisqu'il y a parfois une petite note d'espoir, mais ça reste tragique (sans être larmoyant) et il n'y a jamais de happy end pourrie genre "Machin échappe à la mort à la dernière minute". Le personnage qui sert de fil conducteur, bien qu'il reste finalement un personnage secondaire des histoires, se révèle particulièrement crédible dans le rôle du fonctionnaire un peu critique de son boulot mais pas assez pour prendre le risque de se rebeller, qui démarre sérieusement puis commence à faire quelques entorses au règlement... Bref, j'espère très fort que les prochains tomes garderont le même niveau de qualité parce que pour le moment, c'est vraiment l'une des meilleures séries que j'ai lues depuis longtemps.
Rouge de Chine
Au début, l’utilisation d’étranges êtres humanisés au milieu de personnages bien humains m’a perturbé. Je m’y suis cependant rapidement fait, et au fil de ma lecture, j’ai pu constater que ce parti pris audacieux de la part de l’auteur s’est révélé être un coup dans le mille. Rouge de Chine peut se résumer à une histoire d’amour fantastique entre un jeune anglais et une princesse autochtone dans une Chine médiévale en lutte avec une Europe colonialiste peu scrupuleuse. Mais le récit mêle si bien éléments historiques et dimension fantastique, voire onirique qu’il est réducteur de ne le limiter qu’à cette histoire d’amour. Cette série peut également être vue comme un véritable hommage à la richesse de l’univers fantastique chinois. Mais elle me semble avant tout être une œuvre européenne faite « à la manière des légendes chinoises ». Et cet encrage européen m’aura bien aidé à accepter ce scénario par moment très tarabiscoté. Le scénario est, en effet, très riche et les passages d’un personnage à un autre, d’un lieu à un autre sont fréquents, tant les rôles principaux, et les lieux dans lesquels l’action se déroule sont multiples. Par conséquent, et malgré la fluidité d’écriture de Thierry Robin, il est facile de s’égarer en cours de récit. Mais la cohérence de l’ensemble fait que si vous enchainez les tomes (ce qui est mon cas lorsque je me lance dans cette série), ce foisonnement se révèle bien plus être une richesse qu’un handicap. Le style graphique de l’auteur est d’une indéniable qualité. Très séduisant, d’une grande finesse, légèrement orientalisé et parfois inventif et audacieux dans sa colorisation, ce trait m’aura convaincu dès les premières pages et parviendra encore à me surprendre dans les dernières planches. Au final, cette œuvre étrange m’aura séduit, malgré ou grâce à son univers très particulier, ses "chinoiseries" fantastiques et sa tendance au mélodrame. Franchement bien !
Chinaman
Voici une série pour laquelle j’éprouve un véritable faible. En effet, grâce à l’approche originale du premier tome, Chinaman, le héros de cette série, m’est apparu très attachant et étonnamment crédible. Les cinq premiers tomes, s’ils offrent finalement un univers extrêmement classique dans le genre western, sont pour moi d’une qualité irréprochable. Les deux tomes suivants ne présentent pas le même pouvoir d’attraction sur moi. En effet, Chinaman se retrouve encombré d’une compagne, et la série dérive lors de certains passages vers un esprit proche de "la petite maison dans la prairie", un esprit auquel je ne peux adhérer et qui ne convient absolument pas à la série. Tout au plus puis-je souligner le souci de laisser le premier rôle à l’humanité des personnages (un souci présent dès le premier épisode, mais qui n’empêchait alors pas la création de scénarios solides). Heureusement, les deux tomes suivants retrouvent une belle qualité (mais sans atteindre le niveau des premiers). Le dessin, quant à lui, est excellent de bout en bout. Taduc est un artiste confirmé, et son style réaliste très lisible est loin d’être avare en détails. Les planches sont régulièrement d’une grande richesse et la mise en pages est soignée et favorise le dynamisme de ces aventures. De plus, la colorisation, conventionnelle, est très soignée. En résumé : par son humanité, par son souci d’authenticité, par la qualité de son graphisme, Chinaman est, à mes yeux, un des meilleurs westerns classiques de la bande dessinée actuelle. Franchement bien ! Tome 1 : 4,5/5 Tomes 2 à 5 : 4/5 Tomes 6 et 7 : 2,5/5 Tome 8 et 9 : 3,5/5