Dans la vaste famille des héros Marvel, j’ai toujours eu un faible pour le bonhomme tout vert un peu énervé… Peut-être est-ce dû à de vagues souvenirs liés à la série télévisée, je n’en sais rien, mais voilà, j’ai beau me dire que ce personnage n’est qu’un pompage en règle du chef d’œuvre de Stevenson, Docteur Jeckyll et Mister Hyde, il me plait quand même beaucoup ce gros nounours bodybuildé… Chaque fois que je jette un œil sur son pantalon (mauve !) tout serré, je me dis : « Houlà, ça doit faire mal. » Bref, il suscite en moi une bonne dose de compassion masculine…
Trêve de plaisanterie, l’ouvrage que je présente aujourd’hui est une espèce de petit miracle éditorial. Le bouquin prend place dans une collection économique intitulée Marvel les incontournables qui réunit dix ouvrages consacrés chacun à un super-héros phare (Spiderman, Dardevil, X-men…) et qui reprend à chaque fois une histoire complète, souvent un arc pris dans les séries régulière. C’est ce à quoi on a affaire ici, avec les épisodes 24, 25, 26, 27 et 28 de la deuxième série de Hulk auquel on a ajouté l’épisode 82. L’histoire constituée par les épisodes 24 à 28 n’était jamais sortie sous forme d’album en français (seulement dans la revue Marvel Elite), et leur édition, même sous cette forme un peu bizarre, est heureuse dans la mesure où il me semble qu’on a affaire ici à un maillon essentiel de l’histoire du professeur Banner.
Ce dernier vient de perdre son épouse, assassinée par Emil Blonsky, l’abomination, sorte de double maléfique de Hulk. Il s’en suit une lutte acharnée entre Hulk et l’abomination, efficace mais assez classique dans son déroulement. Banner est une vraie mauviette, mais une fois qu’on arrive à l’énerver, il devient tout gros, tout vert et tout fâché ! Ce qui devient nettement plus intéressant, c’est la manière dont la suite de l’histoire traite le thème du deuil. Avec une finesse, une justesse et une originalité qu’on n’attend pas forcément dans une bd de super-héros.
Quant à l’épisode 82, scénarisé par Peter David, LE grand scénariste de Hulk (il a travaillé plus de dix ans en continu sur le personnage), c’est une chouette histoire fantastique qui se déroule dans un Londres brumeux, un retour aux sources et à Docteur Jeckyll et Mister Hyde ? En tout cas le côté « gothique » de cet épisode est à la fois surprenant et original.
Au sein de cette collection « Incontournables Marvel » où tout n’est pas incontournable (hormis les tomes 7, 8, 9 et 10 consacrés respectivement à Daredevil, Hulk, Punisher et Ghost Rider…) et encore moins inédit, cet album de Hulk est un véritable must.
Intriguée depuis un certain temps par cette "perle rare" de BDT, et ayant convaincu la bibliothèque de mon boulot d'acquérir les 6 tomes, j'ai donc pu enfin m'y plonger. J'étais très impatiente de lire cette histoire dont on disait tant de bien et je n'ai pas été déçue, loin de là.
Tout commence dans la famille Natsuke : Yoshiko, veuve, la quarantaine, qui travaille dans une entreprise de confiserie, et son fils âgé de 17 ans Katsuyuki, surdoué, solitaire, adulé ou détesté en classe, un pro de la finance et de l'informatique qui seconde sa mère dans ses projets de nouveaux produits en faisant lui-même les études de marché. Le rêve de Katsuyuki : aller aux Etats-Unis faire un MBA. Tout semble bien parti pour les projets d'avenir de tout le monde mais un jour débarquent Sosuke et son fils Haru, âgé également de 17 ans : Sosuke (écrivain en mal d'inspiration, rêveur, globe trotteur, cuisinier talentueux mais complètement improductif, le pire cauchemar de Katsuyuki) va se marier avec Yoshiko, Haru (enjoué, rêveur, poète, qui connaît les plantes comme sa poche mais dont la devise est la fainéantise) devient donc de fait le demi-frère de Katsuyuki et son nouveau camarade de classe. Du jour au lendemain, c'est toute la vie et les projets du jeune génie qui vont s'en retrouver chamboulés, surtout quand sa mère perd son boulot du jour au lendemain.
Au fil des épisodes, on commence à voir se tramer l'intrigue, le complot. Des personnages étranges, attachants, débarquent les uns après les autres et viennent mettre leur pierre à l'édifice. Les relations qui se tissent entre les différents protagonistes sont aussi extraordinaires qu'improbables, mais tout contribue à rendre tout ce petit monde extrêmement sympathique, voire même presque familier quand l'intrigue touche à sa fin. C'est aussi bourré d'humour et de situations comiques, si bien qu'il m'a fallu tout de même arriver au 4ème tome pour laisser de côté la simple succession de farces et de quiproquos pour réellement me laisser happer par l'enquête et le "contre-complot" monté par Katsuyuki et ses amis. Et puis c'est bizarre, mais en fin de compte c'est le premier manga en plusieurs tomes que je lis et qui a une fin, je croyais que ça ne se finissait jamais moi, les mangas à épisodes ;).
Le dessin est très épuré, très clair, peut-être un peu trop parfois, mais mieux vaut cela que l'inverse.
Vraiment, une très bonne lecture, même si l'intrigue proprement dite peine un peu à démarrer, je pense que la mise en place des personnages des premiers tomes n'est pas inutile, ce sont les deux versants de l'histoire : 3 tomes pour planter le décor et les personnages, 3 autres pour démêler les fils du complot.
Enfin arrive chez nous « Umbrella Academy ».
Série phénomène constituée de mini séries, très originale par bien des aspects. Cette série est écrite par Gerard Way (le chanteur du groupe My Chemical Romance que je ne connais pas du tout...) et dessinée par Gabriel Ba.
Pas mal de célébrités venues de la télé, du cinoche ou simplement de la littérature classique, tentent avec plus ou moins de succès de briller en tant que scénaristes de comics, mais Gerard Way s'impose dés le premier épisode comme un scribe d'envergure. Loin de simplement sacrifier à une mode, l'artiste crée un univers à la fois ultra référentiel cohérent et riche, à la lecture on ne peut qu'être admiratif devant tant de maitrise pour une première œuvre.
Parlons de ce qui frappe au premier abord, l'esthétique que donne à la série les dessins de Gabriel Ba, il créé un univers particulier, que l'on ne peut affilier à aucune époque, les décors font penser à un univers situé quelque part entre un monde steampunk et gothique, c'est très surprenant et ça colle parfaitement au ton de la série, parfois sombre, parfois décalé, faisant souvent preuve d'esprit et d'un humour subtil. Pour ce qui est des personnages, même constat, l'artiste arrive à surprendre, Ils sont costumés bien sur, mais leurs apparences ne sont pas des plus glorieuses, loin de là même, encore une fois ça colle bien avec leurs caractères et leurs pseudonymes, qui sont pour le coup aussi bien trouvé que l'originalité de leurs pouvoirs. Des pouvoirs qu'ils ne connaissent, ni ne maitrisent totalement.
On sent dés le départ, puis tout au long de la lecture d’ailleurs, une vraie symbiose entre celui qui écrit et celui qui dessine, à tel point que j'ai du mal à parler de l'un sans l'autre, et ça, ça fait vraiment plaisir.
Le travail du coloriste, Dave Stewart, est excellent et élève encore le magnifique travail de Gabriel Ba.
Entrons dans le vif du sujet. Qu'abrite donc « Umbrella Academy »?
Il s'agit d'un groupe de héros. Un de plus ? Ce n'est pas si simple. A une époque indéfinie, lors d'un évènement particulier, quarante trois enfants naquirent tous en même temps un peu partout sur terre, souvent de mères célibataires n'ayant montré aucun signe de grossesse. Une grande partie périrent ou furent abandonnés. Un scientifique milliardaire et quelque peu excentrique, Sir Reginald Hargreeves aka "Le Monocle", adopta les sept enfants survivant et les coupa du monde, espérant exploiter chez eux des capacités hors du commun. Après une brève médiatisation de l’affaire, un silence total sur le sujet fut imposé, du sans doute à l’isolement des enfants. Dix ans plus tard, ce fut le commencement...
Après quelques pages introductives, l'histoire démarre sur des chapeaux de roues, on retrouve nos élèves surdoués, en train de combattre pour la survie du monde, leur adversaire est un monstre métallique hors du commun : La Tour Eiffel.
Le lieu de l'action, Paris, pour ce chapitre, est représenté de façon vieillotte, légèrement farfelue, l'architecture est indéfinissable avec sa vue d'ensemble sur des maisons légèrement biscornues. Les passants peuplant les rues ne sont pas en reste de point de vue de l'aspect, le style est spécial à l'image des gendarmes de la ville, véritables pandores à moustaches affublés de képis rouges. Les rues ont une apparence qui pourrait aussi bien coller au début du siècle dernier, qu'à une vision volontairement cliché que l'on pourrait avoir de ce même début du siècle dernier. Une apparence étrange semblant issue d’un flou souvenir. Le monde présenté est clairement imaginaire. Comme dans bien des séquences, un décalage subtil se fait sentir et rend le tout surprenant car le ton utilisé ainsi que les gadgets sont très actuels.
L'action de cette séquence est d'un dynamisme rare, à l'image des autres scènes d'action de la BD, véritables morceaux d'anthologie fusant en tout sens.
Par la suite les éléments se mettent en place, les explications n'arrivent pas en bloc, ni simplement une après l’autres, la trame n'est pas étalée de manière chronologique. Entre sauts dans le passé quand brillait la splendeur du jeune groupe et retours vers le futur où il semble devenu plus pathétiques... Qu’a-t-il bien pu se passer pour que les membres de l'Académie évoluent en ce sens ? Certains éléments de réponses sont apportés selon les saynètes, d'autres pas... Il y a beaucoup d'ellipses narratives, l'intrigue sautant allègrement d'une période à l'autre. L'ensemble est tout de même très lisible, bénéficiant d’une construction scénaristique en béton armée. L'auteur nous embarque dans une farandole ménageant des surprises petit à petit, réussissant l'exploit de rendre cette première partie riche et indépendante, tout en donnant une furieuse envie au lecteur d'en avaler la suite.
Au vu de ce premier recueil, il est indéniable que l'histoire est complètement construite quelque part dans la tête de Gerard Way et que le jeu du chat et de la souris promet d'être passionnant par la suite. Ceci-dit, je n’ai pas eu besoin d’atteindre la dernière page pour être conquis.
Pour conclure, excusez mon autopsie un peu poussive, mais j'avais envie de dire pourquoi cette série mérite d'être lue, d'être aimée, de dire pourquoi il ne s'agit pas par exemple d'une simple resucée des X-Men. Même si les similitudes sont nombreuses et certaines ressemblances évidentes (comme les X-Men, les membres de l'Académie sont des surdoués qui luttent pour un monde avec lequel ils ne sont pas en phase). Je ne m’étendrai pas plus sur ce point, les références ne si limitant pas qu’aux X-Men de toutes façons…
« Umbrella Academy » est un hommage aux comics de super héros, qui en donne une vision différente, qui bouscule les codes établis, la dramaturgie est poussée. C’est frais.
Ajoutez à ça le fait que les couvertures de James Jean, incluses dans l’album, sont magnifiques.
« Umbrella Academy » est à découvrir, que l'on aime les super pouvoirs ou pas.
JJJ
Miyazaki couche sur papier ses thèmes favoris : l'écologie, la tolérance, la démonstration que le bien et le mal ne sont jamais définis. Avec classe, sur "seulement" 7 tomes (on parle d'un manga) et pour notre bonheur en format BD.
Ce qui commence comme une aventure enfantine devient par moment une lecture adolescente puis adulte puis à nouveau adolescente,... il y a différents degrés de lecture qui satisferont tout un chacun.
Ce que j'aime dans ce type de récit, c'est la vision du monde de plus en plus globale que l'on obtient au fil des tomes : on débute dans un village, on parcoure une région, découvre un pays puis un empire et puis... à vous de lire cette formidable épopée afin d'en connaître la fin.
Ouch ! Ça fait mal !
Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau traitent ici de façon sensible et réussie un problème de société souvent tabou : la violence conjugale.
En une centaine de pages très sobres et (malheureusement ?) vite lues, on est immergé dans le quotidien tragique de la mère d'Inès, battue et maltraitée par son mari. Deux jours dans la vie de cette femme où tout bascule. Deux jours qui résument les facettes de la maltraitance. Deux jours qui sont l'aboutissement d'un long calvaire.
Sans tomber dans les clichés ni dans le larmoyant, ce one-shot tire le voile de façon intelligente sur un sujet qui dérange. L'indifférence des voisins, le malaise ou le silence des "amis", la violence psychologique, l'enfant planté au milieu de ce conflit : rien n'est occulté. Et forcément ça dérange et interroge... Que ferions-nous confrontés à ce genre de situation ?
Côté graphisme, Jérôme d'Aviau impose une composition et un découpage très bien réalisés. Une fois entamé, cette BD se lit d'un trait. Son dessin sobre et expressif, tout en noir et blanc, colle parfaitement à l'histoire ; l'ambiance pesante de certaines scènes ou les rares moments de bonheur exprimés sont très justement traités et rendus.
Une BD à lire et nous faire ouvrir les yeux sur une réalité que nous côtoyons certainement tous sans trop y croire... Plus d'une femme par jour meurt chaque année en France sous les coups de son conjoint... Ça fait réfléchir...
Voici une BD que j'ai abordée sans grand enthousiasme et dont la lecture m'a réellement impressionné. Des dessins somptueux, une coloration quasi-parfaite, des personnages attachants. J'ai bien aimé l'ancrage également de cette histoire dans ce monde futuriste où une pseudo religion détient le pouvoir avec l’aide des médias.
Ce qui est marrant, c'est que l'histoire commence par la mort d'un personnage nommé Dieu. D'ailleurs, la représentation des personnages fait très disneyen mais avec une grande touche d'érotisme qui reste cependant très acceptable et convenable à un large public.
Les thèmes abordés ne laisseront pas le lecteur indifférent : la recherche de soi, le sens de l’existence, la manipulation des médias et de la religion. Cette BD apporte un vent de fraîcheur remarquable en ces temps-ci avec un vrai régal visuel.
Elle est d'ailleurs souvent citée en exemple du renouveau de la bd italienne. On regrettera un rythme de parution plutôt lent. Le 4ème tome s'est fait beaucoup attendre: près de 9 ans avec une parution tout d'abord en noir et blanc pour les fans de la série. Fort heureusement, la série ne se composera que de 5 tomes.
Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 3.5/5 - Note Globale: 4/5
Sans les avis postés ici sur bdthèque, je n’aurais jamais lu « Vagues à l’âme » qui fut un bon moment parmi les immanquables.
Le récit raconte la vie d’Adolphe Hérault, garçon boucher à Douai (Nord), qui s’embarqua dans la marine nationale en 1937 jusqu’à nos jours…
Mais qu’est ce qu’il y a d’exceptionnel dans la carrière d’Adolphe Hérault ? Bin, pas grand’chose à part qu’il aime la marine, qu’il a fondé une famille avec une femme qu’il adore, etc… bref, rien de bien franchement excitant. Sauf que ce personnage a traversé une grande partie du XXème siècle, qu’il a tout de même vécu dans divers pays et vécu de grands moments de l’histoire de France (la seconde guerre mondiale et la décolonisation entre autres). Sauf aussi que le lecteur y découvrira un homme passionné, dynamique, drôle, terriblement attachant et doté d’une joie de vivre communicante.
C’est donc, à mon avis, un récit autographique très captivant sur un personnage simple qui a un intérêt historique indéniable que nous propose Grégory Mardon.
Il faut dire aussi que la narration m’est apparue irréprochable, je suis resté scotché à cette lecture jusqu’à son dénouement. J’ai été aussi bluffé par le talent de Grégory Mardon car pour une première bd, je trouve qu’il nous a concocté un album mature et sans gros défaut.
Au niveau du dessin, l’album est réalisé entièrement noir et blanc. Pourtant, malgré l’emploi ce choix graphique pour cette bd, j’y ai ressenti beaucoup de chaleur comme si l’absence de couleur était compensée par la vivacité du trait de Grégory Mardon et par la gaieté du personnage d’Alphonse Hérault.
Pour le reste, les personnages me sont apparus expressifs et facilement identifiables, les décors sont suffisamment détaillés pour qu’on sache tout de suite où les protagonistes évoluent… bref, graphiquement, c’est du bon travail !
Le roman graphique est un genre que j’affectionne beaucoup. Tant qu’il y aura des albums aussi maitrisé, passionnant et touchant que « Vagues à l’âme », je pense que je continuerai à aimer ce genre de bd !
Une réussite !
C’est le second cycle après Aldébaran en 5 tomes également. Personnellement, je suis de ceux qui pensent que les sagas d'Aldéraban et de Bételgeuse ont renouvelé le paysage de la bande dessinée d'anticipation grâce au talent visionnaire de Léo, un conteur d'exception et un créateur de fabuleux bestiaire peuplé de créatures hors du commun. C'est dit!
L’histoire se concentre seulement sur l’héroïne Kim. J’ai trouvé cela dommage car cela rompt une certaine dualité intéressante avec le personnage de Marc totalement délaissé. La série se féminise et perd une partie de son charme en se plongeant dans des outrances malvenues.
La fin de ce cycle paraît également tirée par les cheveux. Toutefois, on pardonnera car il s'agit de science-fiction après tout. Les dessins sont toujours aussi fouillés. Les décors de paysage demeurent magnifiques. On a plaisir à découvrir dans chaque tome de nouveaux animaux inquiétants. On en apprendra même un peu plus sur le mystère de la Mantrisse.
La petite déception résulte peut-être du fait des aventures sentimentales de Kim donnant un côté très mélo à cette série. Cependant, je conseille à ceux qui ne connaissent pas de mettre le cap sur Bételgeuse mais après avoir fait connaissance du premier cycle! Cela reste de la très bonne science-fiction !
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Après la lecture du premier tome.
Contrairement à beaucoup de monde, j'ai vraiment apprécié cette BD.
La description de l'entreprise moyenne est bien vue avec ses différentes corporations ou services.
Les strips sont intelligents et jamais hors de propos.
Le dessin minimaliste est très lisible et agréable.
Je ne comprends pas le titre par contre car à aucun moment il est question d'open space. D'ailleurs ce titre est réducteur par rapport au contenu qui démonte proprement et sans réserve les comportements des cadres.
Peut être que certains le prendront pour une agression, mais il faut prendre du recul et se positionner sur l'humour second degré pour apprécier cette BD qui sent le vécu.
J’ai choisi cette BD après lecture de tous les avis dithyrambiques la concernant, et il y a, il faut le dire énormément de savoureuses truculences dans cette série…
Un protagoniste bien cerné, bien silhouetté, mêlant anticonformisme et marivaudage ce qui peut l’apparenter à un Casanova, ou au héros de la série " le scorpion " le léger agacement en moins....
Il a été " travaillé" tout en douceur, tout en finesse, ce qui est très plaisant, car bien que multipliant les conquêtes féminines il n’en est pas pour autant un libertin sans foi ni loi.
Beau mais sans artifices extravagants. De plus il est drôle, humain, roublard, et face à l’adversité, il n'hésite pas à ferrailler même si le nombre d’assaillants est trop important, et s'il se fait mettre une sacrée correction !
Il n’est pas indestructible, et cela le rend encore plus humain.
Le cadre historique sert de toile de fond à l'histoire : le siècle des lumières dans toute sa splendeur, ses complots politiques où tous les coups sont permis, ce qui le rend historiquement intéressant, sans être rébarbatif. Instructif et bien mis en valeur.
Pour continuer sur ma lancée, les dessins, sont assez sensationnels. Les couleurs s’y accordent magnifiquement. Grand soin a été pris, et grand plaisir j’ai eu à regarder émerveillé ces dessins si joliment travaillés. Cela fait encore un bon point pour ce récit.
Ajoutons à cela une touche de fantastique voir même de la science fiction due au côté alchimiste du personnage qui aurait pu s’avérer rédhibitoire et casse gueule mais finalement cela est bien amené et servira vraisemblablement au deuxième tome. Vraisemblablement une bonne trouvaille inattendue…
Enfin le phrasé… la diction…l’élocution si je puis dire est très bonne également. Très élégante, cela coule, c’est très bien écrit et on est assez vite transporté par ces textes si joliment écrits.
Il y a, avec cette série, de quoi faire de l’ombre à pas mal des séries déjà très agréables, voire même indispensables. La diversité de ce récit lui permet de jouer sur plusieurs tableaux et cela est fait d’une manière exemplaire.
Un peu d’histoire maintenant ! J’en viens donc à St Germain ! Celui-ci a réellement existé ! Au 18e siècle, et Louis XV (qui n'était pas un paragon de vertu) en était très entiché lui accordant toute sa confiance !
Il lui demanda même son aide lors de l'empoisonnement du Maréchal de Saxe car il fut effectivement un alchimiste reconnu, un grand chercheur (de la pierre philosophale entre autre).
Un grand voyageur aussi, qui circula dans toute l'Europe.
Le reste fait - peut-être - partie de la légende, était-il :
- Un aventurier, filou très habile, très séduisant, ou, comme le prétendent certains un espion au service de la France ?
- Affilié à la "Franc- Maçonnerie" une association ésotérique et initiatique, à caractère philosophique, qui dit se consacrer à la recherche de la Vérité ?...
Il croisa Don Juan, et on eut vite fait de lui prêter le même caractère : jouisseur, séducteur, etc... D'ailleurs chez Louis XV, on avait la cuisse légère.
Mais comte, il l'était réellement, lui !
Toute "sa gloire, sa renommé" vient du fait qu'il réussit à convaincre un nombre considérable de ses contemporains... de son immortalité !
(Il est vrai qu'il vécut à peu près 74 ans, ce qui est extrêmement rare pour l'époque)
Il contait avec un art consommé ses séjours chez François 1er, disait avoir assisté aux noces de Cana avec le Christ... etc, etc...
Et comme c'était un érudit, il situait ses récits avec beaucoup d'intelligence et de crédibilité.
Au cours des siècles, on trouve toute une bande de farfelus, de barjos ou de petits malins qui prétendirent être le comte de Saint Germain ! Le dernier en date, Richard Chanfray, fut l'un des amants de la chanteuse Dalida. Il annonça la couleur dans une émission de télé…
Si j’ai un petit reproche, cela serait que l’histoire en elle-même n’est pas forcément la plus intéressante car il s'agit uniquement de l'empoisonnement, bien réel, du Maréchal de saxe.
Cela n’empêche, les situations s’enchaînent, les personnages se dévoilent peu à peu et on a un grand plaisir à suivre cette aventure. De plus elle ne sera pas à rallonge vu qu’apparemment la fin, de cette histoire-ci en tout cas, est prévue pour le second tome.
Nous attendons la suite au tournant, ils n’ont pas intérêt à planter nos bons amis ! Et par la même occasion les prochains diptyques où la couleur annoncée est très intéressante !
17/20
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Hulk (Marvel, les incontournables)
Dans la vaste famille des héros Marvel, j’ai toujours eu un faible pour le bonhomme tout vert un peu énervé… Peut-être est-ce dû à de vagues souvenirs liés à la série télévisée, je n’en sais rien, mais voilà, j’ai beau me dire que ce personnage n’est qu’un pompage en règle du chef d’œuvre de Stevenson, Docteur Jeckyll et Mister Hyde, il me plait quand même beaucoup ce gros nounours bodybuildé… Chaque fois que je jette un œil sur son pantalon (mauve !) tout serré, je me dis : « Houlà, ça doit faire mal. » Bref, il suscite en moi une bonne dose de compassion masculine… Trêve de plaisanterie, l’ouvrage que je présente aujourd’hui est une espèce de petit miracle éditorial. Le bouquin prend place dans une collection économique intitulée Marvel les incontournables qui réunit dix ouvrages consacrés chacun à un super-héros phare (Spiderman, Dardevil, X-men…) et qui reprend à chaque fois une histoire complète, souvent un arc pris dans les séries régulière. C’est ce à quoi on a affaire ici, avec les épisodes 24, 25, 26, 27 et 28 de la deuxième série de Hulk auquel on a ajouté l’épisode 82. L’histoire constituée par les épisodes 24 à 28 n’était jamais sortie sous forme d’album en français (seulement dans la revue Marvel Elite), et leur édition, même sous cette forme un peu bizarre, est heureuse dans la mesure où il me semble qu’on a affaire ici à un maillon essentiel de l’histoire du professeur Banner. Ce dernier vient de perdre son épouse, assassinée par Emil Blonsky, l’abomination, sorte de double maléfique de Hulk. Il s’en suit une lutte acharnée entre Hulk et l’abomination, efficace mais assez classique dans son déroulement. Banner est une vraie mauviette, mais une fois qu’on arrive à l’énerver, il devient tout gros, tout vert et tout fâché ! Ce qui devient nettement plus intéressant, c’est la manière dont la suite de l’histoire traite le thème du deuil. Avec une finesse, une justesse et une originalité qu’on n’attend pas forcément dans une bd de super-héros. Quant à l’épisode 82, scénarisé par Peter David, LE grand scénariste de Hulk (il a travaillé plus de dix ans en continu sur le personnage), c’est une chouette histoire fantastique qui se déroule dans un Londres brumeux, un retour aux sources et à Docteur Jeckyll et Mister Hyde ? En tout cas le côté « gothique » de cet épisode est à la fois surprenant et original. Au sein de cette collection « Incontournables Marvel » où tout n’est pas incontournable (hormis les tomes 7, 8, 9 et 10 consacrés respectivement à Daredevil, Hulk, Punisher et Ghost Rider…) et encore moins inédit, cet album de Hulk est un véritable must.
Tensai Family Company
Intriguée depuis un certain temps par cette "perle rare" de BDT, et ayant convaincu la bibliothèque de mon boulot d'acquérir les 6 tomes, j'ai donc pu enfin m'y plonger. J'étais très impatiente de lire cette histoire dont on disait tant de bien et je n'ai pas été déçue, loin de là. Tout commence dans la famille Natsuke : Yoshiko, veuve, la quarantaine, qui travaille dans une entreprise de confiserie, et son fils âgé de 17 ans Katsuyuki, surdoué, solitaire, adulé ou détesté en classe, un pro de la finance et de l'informatique qui seconde sa mère dans ses projets de nouveaux produits en faisant lui-même les études de marché. Le rêve de Katsuyuki : aller aux Etats-Unis faire un MBA. Tout semble bien parti pour les projets d'avenir de tout le monde mais un jour débarquent Sosuke et son fils Haru, âgé également de 17 ans : Sosuke (écrivain en mal d'inspiration, rêveur, globe trotteur, cuisinier talentueux mais complètement improductif, le pire cauchemar de Katsuyuki) va se marier avec Yoshiko, Haru (enjoué, rêveur, poète, qui connaît les plantes comme sa poche mais dont la devise est la fainéantise) devient donc de fait le demi-frère de Katsuyuki et son nouveau camarade de classe. Du jour au lendemain, c'est toute la vie et les projets du jeune génie qui vont s'en retrouver chamboulés, surtout quand sa mère perd son boulot du jour au lendemain. Au fil des épisodes, on commence à voir se tramer l'intrigue, le complot. Des personnages étranges, attachants, débarquent les uns après les autres et viennent mettre leur pierre à l'édifice. Les relations qui se tissent entre les différents protagonistes sont aussi extraordinaires qu'improbables, mais tout contribue à rendre tout ce petit monde extrêmement sympathique, voire même presque familier quand l'intrigue touche à sa fin. C'est aussi bourré d'humour et de situations comiques, si bien qu'il m'a fallu tout de même arriver au 4ème tome pour laisser de côté la simple succession de farces et de quiproquos pour réellement me laisser happer par l'enquête et le "contre-complot" monté par Katsuyuki et ses amis. Et puis c'est bizarre, mais en fin de compte c'est le premier manga en plusieurs tomes que je lis et qui a une fin, je croyais que ça ne se finissait jamais moi, les mangas à épisodes ;). Le dessin est très épuré, très clair, peut-être un peu trop parfois, mais mieux vaut cela que l'inverse. Vraiment, une très bonne lecture, même si l'intrigue proprement dite peine un peu à démarrer, je pense que la mise en place des personnages des premiers tomes n'est pas inutile, ce sont les deux versants de l'histoire : 3 tomes pour planter le décor et les personnages, 3 autres pour démêler les fils du complot.
Umbrella Academy
Enfin arrive chez nous « Umbrella Academy ». Série phénomène constituée de mini séries, très originale par bien des aspects. Cette série est écrite par Gerard Way (le chanteur du groupe My Chemical Romance que je ne connais pas du tout...) et dessinée par Gabriel Ba. Pas mal de célébrités venues de la télé, du cinoche ou simplement de la littérature classique, tentent avec plus ou moins de succès de briller en tant que scénaristes de comics, mais Gerard Way s'impose dés le premier épisode comme un scribe d'envergure. Loin de simplement sacrifier à une mode, l'artiste crée un univers à la fois ultra référentiel cohérent et riche, à la lecture on ne peut qu'être admiratif devant tant de maitrise pour une première œuvre. Parlons de ce qui frappe au premier abord, l'esthétique que donne à la série les dessins de Gabriel Ba, il créé un univers particulier, que l'on ne peut affilier à aucune époque, les décors font penser à un univers situé quelque part entre un monde steampunk et gothique, c'est très surprenant et ça colle parfaitement au ton de la série, parfois sombre, parfois décalé, faisant souvent preuve d'esprit et d'un humour subtil. Pour ce qui est des personnages, même constat, l'artiste arrive à surprendre, Ils sont costumés bien sur, mais leurs apparences ne sont pas des plus glorieuses, loin de là même, encore une fois ça colle bien avec leurs caractères et leurs pseudonymes, qui sont pour le coup aussi bien trouvé que l'originalité de leurs pouvoirs. Des pouvoirs qu'ils ne connaissent, ni ne maitrisent totalement. On sent dés le départ, puis tout au long de la lecture d’ailleurs, une vraie symbiose entre celui qui écrit et celui qui dessine, à tel point que j'ai du mal à parler de l'un sans l'autre, et ça, ça fait vraiment plaisir. Le travail du coloriste, Dave Stewart, est excellent et élève encore le magnifique travail de Gabriel Ba. Entrons dans le vif du sujet. Qu'abrite donc « Umbrella Academy »? Il s'agit d'un groupe de héros. Un de plus ? Ce n'est pas si simple. A une époque indéfinie, lors d'un évènement particulier, quarante trois enfants naquirent tous en même temps un peu partout sur terre, souvent de mères célibataires n'ayant montré aucun signe de grossesse. Une grande partie périrent ou furent abandonnés. Un scientifique milliardaire et quelque peu excentrique, Sir Reginald Hargreeves aka "Le Monocle", adopta les sept enfants survivant et les coupa du monde, espérant exploiter chez eux des capacités hors du commun. Après une brève médiatisation de l’affaire, un silence total sur le sujet fut imposé, du sans doute à l’isolement des enfants. Dix ans plus tard, ce fut le commencement... Après quelques pages introductives, l'histoire démarre sur des chapeaux de roues, on retrouve nos élèves surdoués, en train de combattre pour la survie du monde, leur adversaire est un monstre métallique hors du commun : La Tour Eiffel. Le lieu de l'action, Paris, pour ce chapitre, est représenté de façon vieillotte, légèrement farfelue, l'architecture est indéfinissable avec sa vue d'ensemble sur des maisons légèrement biscornues. Les passants peuplant les rues ne sont pas en reste de point de vue de l'aspect, le style est spécial à l'image des gendarmes de la ville, véritables pandores à moustaches affublés de képis rouges. Les rues ont une apparence qui pourrait aussi bien coller au début du siècle dernier, qu'à une vision volontairement cliché que l'on pourrait avoir de ce même début du siècle dernier. Une apparence étrange semblant issue d’un flou souvenir. Le monde présenté est clairement imaginaire. Comme dans bien des séquences, un décalage subtil se fait sentir et rend le tout surprenant car le ton utilisé ainsi que les gadgets sont très actuels. L'action de cette séquence est d'un dynamisme rare, à l'image des autres scènes d'action de la BD, véritables morceaux d'anthologie fusant en tout sens. Par la suite les éléments se mettent en place, les explications n'arrivent pas en bloc, ni simplement une après l’autres, la trame n'est pas étalée de manière chronologique. Entre sauts dans le passé quand brillait la splendeur du jeune groupe et retours vers le futur où il semble devenu plus pathétiques... Qu’a-t-il bien pu se passer pour que les membres de l'Académie évoluent en ce sens ? Certains éléments de réponses sont apportés selon les saynètes, d'autres pas... Il y a beaucoup d'ellipses narratives, l'intrigue sautant allègrement d'une période à l'autre. L'ensemble est tout de même très lisible, bénéficiant d’une construction scénaristique en béton armée. L'auteur nous embarque dans une farandole ménageant des surprises petit à petit, réussissant l'exploit de rendre cette première partie riche et indépendante, tout en donnant une furieuse envie au lecteur d'en avaler la suite. Au vu de ce premier recueil, il est indéniable que l'histoire est complètement construite quelque part dans la tête de Gerard Way et que le jeu du chat et de la souris promet d'être passionnant par la suite. Ceci-dit, je n’ai pas eu besoin d’atteindre la dernière page pour être conquis. Pour conclure, excusez mon autopsie un peu poussive, mais j'avais envie de dire pourquoi cette série mérite d'être lue, d'être aimée, de dire pourquoi il ne s'agit pas par exemple d'une simple resucée des X-Men. Même si les similitudes sont nombreuses et certaines ressemblances évidentes (comme les X-Men, les membres de l'Académie sont des surdoués qui luttent pour un monde avec lequel ils ne sont pas en phase). Je ne m’étendrai pas plus sur ce point, les références ne si limitant pas qu’aux X-Men de toutes façons… « Umbrella Academy » est un hommage aux comics de super héros, qui en donne une vision différente, qui bouscule les codes établis, la dramaturgie est poussée. C’est frais. Ajoutez à ça le fait que les couvertures de James Jean, incluses dans l’album, sont magnifiques. « Umbrella Academy » est à découvrir, que l'on aime les super pouvoirs ou pas. JJJ
Nausicaä de la vallée du vent
Miyazaki couche sur papier ses thèmes favoris : l'écologie, la tolérance, la démonstration que le bien et le mal ne sont jamais définis. Avec classe, sur "seulement" 7 tomes (on parle d'un manga) et pour notre bonheur en format BD. Ce qui commence comme une aventure enfantine devient par moment une lecture adolescente puis adulte puis à nouveau adolescente,... il y a différents degrés de lecture qui satisferont tout un chacun. Ce que j'aime dans ce type de récit, c'est la vision du monde de plus en plus globale que l'on obtient au fil des tomes : on débute dans un village, on parcoure une région, découvre un pays puis un empire et puis... à vous de lire cette formidable épopée afin d'en connaître la fin.
Inès
Ouch ! Ça fait mal ! Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau traitent ici de façon sensible et réussie un problème de société souvent tabou : la violence conjugale. En une centaine de pages très sobres et (malheureusement ?) vite lues, on est immergé dans le quotidien tragique de la mère d'Inès, battue et maltraitée par son mari. Deux jours dans la vie de cette femme où tout bascule. Deux jours qui résument les facettes de la maltraitance. Deux jours qui sont l'aboutissement d'un long calvaire. Sans tomber dans les clichés ni dans le larmoyant, ce one-shot tire le voile de façon intelligente sur un sujet qui dérange. L'indifférence des voisins, le malaise ou le silence des "amis", la violence psychologique, l'enfant planté au milieu de ce conflit : rien n'est occulté. Et forcément ça dérange et interroge... Que ferions-nous confrontés à ce genre de situation ? Côté graphisme, Jérôme d'Aviau impose une composition et un découpage très bien réalisés. Une fois entamé, cette BD se lit d'un trait. Son dessin sobre et expressif, tout en noir et blanc, colle parfaitement à l'histoire ; l'ambiance pesante de certaines scènes ou les rares moments de bonheur exprimés sont très justement traités et rendus. Une BD à lire et nous faire ouvrir les yeux sur une réalité que nous côtoyons certainement tous sans trop y croire... Plus d'une femme par jour meurt chaque année en France sous les coups de son conjoint... Ça fait réfléchir...
Sky-Doll
Voici une BD que j'ai abordée sans grand enthousiasme et dont la lecture m'a réellement impressionné. Des dessins somptueux, une coloration quasi-parfaite, des personnages attachants. J'ai bien aimé l'ancrage également de cette histoire dans ce monde futuriste où une pseudo religion détient le pouvoir avec l’aide des médias. Ce qui est marrant, c'est que l'histoire commence par la mort d'un personnage nommé Dieu. D'ailleurs, la représentation des personnages fait très disneyen mais avec une grande touche d'érotisme qui reste cependant très acceptable et convenable à un large public. Les thèmes abordés ne laisseront pas le lecteur indifférent : la recherche de soi, le sens de l’existence, la manipulation des médias et de la religion. Cette BD apporte un vent de fraîcheur remarquable en ces temps-ci avec un vrai régal visuel. Elle est d'ailleurs souvent citée en exemple du renouveau de la bd italienne. On regrettera un rythme de parution plutôt lent. Le 4ème tome s'est fait beaucoup attendre: près de 9 ans avec une parution tout d'abord en noir et blanc pour les fans de la série. Fort heureusement, la série ne se composera que de 5 tomes. Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 3.5/5 - Note Globale: 4/5
Vagues à l'âme
Sans les avis postés ici sur bdthèque, je n’aurais jamais lu « Vagues à l’âme » qui fut un bon moment parmi les immanquables. Le récit raconte la vie d’Adolphe Hérault, garçon boucher à Douai (Nord), qui s’embarqua dans la marine nationale en 1937 jusqu’à nos jours… Mais qu’est ce qu’il y a d’exceptionnel dans la carrière d’Adolphe Hérault ? Bin, pas grand’chose à part qu’il aime la marine, qu’il a fondé une famille avec une femme qu’il adore, etc… bref, rien de bien franchement excitant. Sauf que ce personnage a traversé une grande partie du XXème siècle, qu’il a tout de même vécu dans divers pays et vécu de grands moments de l’histoire de France (la seconde guerre mondiale et la décolonisation entre autres). Sauf aussi que le lecteur y découvrira un homme passionné, dynamique, drôle, terriblement attachant et doté d’une joie de vivre communicante. C’est donc, à mon avis, un récit autographique très captivant sur un personnage simple qui a un intérêt historique indéniable que nous propose Grégory Mardon. Il faut dire aussi que la narration m’est apparue irréprochable, je suis resté scotché à cette lecture jusqu’à son dénouement. J’ai été aussi bluffé par le talent de Grégory Mardon car pour une première bd, je trouve qu’il nous a concocté un album mature et sans gros défaut. Au niveau du dessin, l’album est réalisé entièrement noir et blanc. Pourtant, malgré l’emploi ce choix graphique pour cette bd, j’y ai ressenti beaucoup de chaleur comme si l’absence de couleur était compensée par la vivacité du trait de Grégory Mardon et par la gaieté du personnage d’Alphonse Hérault. Pour le reste, les personnages me sont apparus expressifs et facilement identifiables, les décors sont suffisamment détaillés pour qu’on sache tout de suite où les protagonistes évoluent… bref, graphiquement, c’est du bon travail ! Le roman graphique est un genre que j’affectionne beaucoup. Tant qu’il y aura des albums aussi maitrisé, passionnant et touchant que « Vagues à l’âme », je pense que je continuerai à aimer ce genre de bd ! Une réussite !
Bételgeuse
C’est le second cycle après Aldébaran en 5 tomes également. Personnellement, je suis de ceux qui pensent que les sagas d'Aldéraban et de Bételgeuse ont renouvelé le paysage de la bande dessinée d'anticipation grâce au talent visionnaire de Léo, un conteur d'exception et un créateur de fabuleux bestiaire peuplé de créatures hors du commun. C'est dit! L’histoire se concentre seulement sur l’héroïne Kim. J’ai trouvé cela dommage car cela rompt une certaine dualité intéressante avec le personnage de Marc totalement délaissé. La série se féminise et perd une partie de son charme en se plongeant dans des outrances malvenues. La fin de ce cycle paraît également tirée par les cheveux. Toutefois, on pardonnera car il s'agit de science-fiction après tout. Les dessins sont toujours aussi fouillés. Les décors de paysage demeurent magnifiques. On a plaisir à découvrir dans chaque tome de nouveaux animaux inquiétants. On en apprendra même un peu plus sur le mystère de la Mantrisse. La petite déception résulte peut-être du fait des aventures sentimentales de Kim donnant un côté très mélo à cette série. Cependant, je conseille à ceux qui ne connaissent pas de mettre le cap sur Bételgeuse mais après avoir fait connaissance du premier cycle! Cela reste de la très bonne science-fiction ! Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Dans mon Open Space
Après la lecture du premier tome. Contrairement à beaucoup de monde, j'ai vraiment apprécié cette BD. La description de l'entreprise moyenne est bien vue avec ses différentes corporations ou services. Les strips sont intelligents et jamais hors de propos. Le dessin minimaliste est très lisible et agréable. Je ne comprends pas le titre par contre car à aucun moment il est question d'open space. D'ailleurs ce titre est réducteur par rapport au contenu qui démonte proprement et sans réserve les comportements des cadres. Peut être que certains le prendront pour une agression, mais il faut prendre du recul et se positionner sur l'humour second degré pour apprécier cette BD qui sent le vécu.
Saint-Germain
J’ai choisi cette BD après lecture de tous les avis dithyrambiques la concernant, et il y a, il faut le dire énormément de savoureuses truculences dans cette série… Un protagoniste bien cerné, bien silhouetté, mêlant anticonformisme et marivaudage ce qui peut l’apparenter à un Casanova, ou au héros de la série " le scorpion " le léger agacement en moins.... Il a été " travaillé" tout en douceur, tout en finesse, ce qui est très plaisant, car bien que multipliant les conquêtes féminines il n’en est pas pour autant un libertin sans foi ni loi. Beau mais sans artifices extravagants. De plus il est drôle, humain, roublard, et face à l’adversité, il n'hésite pas à ferrailler même si le nombre d’assaillants est trop important, et s'il se fait mettre une sacrée correction ! Il n’est pas indestructible, et cela le rend encore plus humain. Le cadre historique sert de toile de fond à l'histoire : le siècle des lumières dans toute sa splendeur, ses complots politiques où tous les coups sont permis, ce qui le rend historiquement intéressant, sans être rébarbatif. Instructif et bien mis en valeur. Pour continuer sur ma lancée, les dessins, sont assez sensationnels. Les couleurs s’y accordent magnifiquement. Grand soin a été pris, et grand plaisir j’ai eu à regarder émerveillé ces dessins si joliment travaillés. Cela fait encore un bon point pour ce récit. Ajoutons à cela une touche de fantastique voir même de la science fiction due au côté alchimiste du personnage qui aurait pu s’avérer rédhibitoire et casse gueule mais finalement cela est bien amené et servira vraisemblablement au deuxième tome. Vraisemblablement une bonne trouvaille inattendue… Enfin le phrasé… la diction…l’élocution si je puis dire est très bonne également. Très élégante, cela coule, c’est très bien écrit et on est assez vite transporté par ces textes si joliment écrits. Il y a, avec cette série, de quoi faire de l’ombre à pas mal des séries déjà très agréables, voire même indispensables. La diversité de ce récit lui permet de jouer sur plusieurs tableaux et cela est fait d’une manière exemplaire. Un peu d’histoire maintenant ! J’en viens donc à St Germain ! Celui-ci a réellement existé ! Au 18e siècle, et Louis XV (qui n'était pas un paragon de vertu) en était très entiché lui accordant toute sa confiance ! Il lui demanda même son aide lors de l'empoisonnement du Maréchal de Saxe car il fut effectivement un alchimiste reconnu, un grand chercheur (de la pierre philosophale entre autre). Un grand voyageur aussi, qui circula dans toute l'Europe. Le reste fait - peut-être - partie de la légende, était-il : - Un aventurier, filou très habile, très séduisant, ou, comme le prétendent certains un espion au service de la France ? - Affilié à la "Franc- Maçonnerie" une association ésotérique et initiatique, à caractère philosophique, qui dit se consacrer à la recherche de la Vérité ?... Il croisa Don Juan, et on eut vite fait de lui prêter le même caractère : jouisseur, séducteur, etc... D'ailleurs chez Louis XV, on avait la cuisse légère. Mais comte, il l'était réellement, lui ! Toute "sa gloire, sa renommé" vient du fait qu'il réussit à convaincre un nombre considérable de ses contemporains... de son immortalité ! (Il est vrai qu'il vécut à peu près 74 ans, ce qui est extrêmement rare pour l'époque) Il contait avec un art consommé ses séjours chez François 1er, disait avoir assisté aux noces de Cana avec le Christ... etc, etc... Et comme c'était un érudit, il situait ses récits avec beaucoup d'intelligence et de crédibilité. Au cours des siècles, on trouve toute une bande de farfelus, de barjos ou de petits malins qui prétendirent être le comte de Saint Germain ! Le dernier en date, Richard Chanfray, fut l'un des amants de la chanteuse Dalida. Il annonça la couleur dans une émission de télé… Si j’ai un petit reproche, cela serait que l’histoire en elle-même n’est pas forcément la plus intéressante car il s'agit uniquement de l'empoisonnement, bien réel, du Maréchal de saxe. Cela n’empêche, les situations s’enchaînent, les personnages se dévoilent peu à peu et on a un grand plaisir à suivre cette aventure. De plus elle ne sera pas à rallonge vu qu’apparemment la fin, de cette histoire-ci en tout cas, est prévue pour le second tome. Nous attendons la suite au tournant, ils n’ont pas intérêt à planter nos bons amis ! Et par la même occasion les prochains diptyques où la couleur annoncée est très intéressante ! 17/20