Comme Mathieu Gabella s'en explique dans les bonus du second tome, "La Licorne" se révèle une détonante série mélangeant histoire, science et fantastique.
Si les deux tomes parus de cette série sont parfois un peu confus, la trame se met doucement en place et se révèle passionnante ! Certains ont pu regretter que soient mêlés à cette intrigue des personnages ayant réellement existé, moi je trouve que quand cela se justifie et renforce l'histoire, pourquoi s'en priver ? Et à ceux qui ont trouvé que cette BD était un peu gore et chargée en hémoglobine, j'ai pour ma part trouvé qu'un récit mêlant un bestiaire fantastique des plus larges et des médecins et autres anatomistes notoires de la Renaissance, pouvait se le permettre. ;)
Anthony Jean se révèle un dessinateur des plus talentueux. Pour sa première BD, c'est une réussite ! Une imagination graphique intéressante, concernant notamment le bestiaire que j'ai trouvé géniale et un découpage et une mise en page très précis ajoutent à ce sentiment. Je mets en avant à nouveau les bonus du second tome qui font un point très intéressant sur la technique qu'il utilise et comment s'opère le passage du storyboard à la planche finale en collaboration avec Mathieu Gabella. On sent que ces deux là ont le sens du récit et une farouche envie de le restituer visuellement.
En attendant une suite à ce récit qui met le doigt dans un engrenage des plus intéressant, cette série se révèle très prometteuse ne demande qu'à transformer l'essai de ses deux premiers tomes. A lire donc !
Pride of Baghdad a été pour moi une très bonne surprise et j’estime que cet album mérite ses quatre étoiles.
J’ai trouvé les dessins très réussis, les animaux sont tout simplement magnifiques et n’ont rien à envier à ceux de Guarnido, génial dessinateur de Blacksad. Les couleurs sont vives, chaudes et tout aussi réussies. Vous l’aurez compris, j’ai vraiment été conquis par la somptuosité du graphisme de ce one-shot.
Quant à l’histoire, j’ai dévoré l’album d’une traite. Je ne me suis pas ennuyé, que du contraire, je suis resté captivé par le rythme du récit. Adaptée d’un fait réel, j’ai trouvé cette balade animale sans prétention, du moins cela a été mon impression, d’un éventuel message caché. Le background est présenté et je pense avoir apprécié l’histoire pour ce qu’elle est.
Mon seul regret réside sans doute dans l’absence de quelques planches supplémentaires, pour mieux développer encore cette survie. Cela me laisse un petit goût de manque...
Pour le reste, je suis très satisfait par l’acquisition de cet album, visuellement très abouti, qui m’a proposé un excellent moment de divertissement. Culte ? Non, je ne pense pas ; mais franchement bien, je vous l’assure...
J'ai bien aimé ce road movie d'un pauvre type antipathique qui enchaîne les déboires.
L'idée de base du scénario, malgré son originalité, reste très simple. La mise en situation est parfaite et le rythme du récit ne laisse pas de temps mort. On se demande toujours ce que notre crétin de héros va expérimenter à l'étape suivante. Et bien sûr, le dessin et le découpage de Chabouté assurent toujours autant.
Je ne m’attendais pas du tout à ça, plus à une aventure en Chine, de l’"innommable" sérieux.
Le côté fantastique arrive tout de suite et surprend, il y a peut-être un peu trop de choses qui ne sont pas expliquées mais qu’importe, la mayonnaise prend. On se passionne assez vite pour ce Roméo et Juliette en Chine sur fond de guerre coloniale.
Ca part un peu dans tous les sens mais ça n’a rien de déplaisant, la multiplication des personnages sert cette histoire relativement simple qui aurait pu être ennuyeuse mais ne l’est pas du tout. La présence du Diable, fort bien représenté, apporte aussi un petit plus machiavélique bien sympathique. Bref, j’ai été plus que conquis jusqu’au dernier tome un peu trop mystique à mon goût. Malgré cela la fin est suffisamment surprenante mais néanmoins logique pour garder cette aventure en tête.
Je finirai sur le dessin pour dire que je l’ai trouvé fin, précis et original, sans aucune baisse de régime tout au long de la série. De ce côté-là, l’auteur s’est éclaté et ça se voit.
Frappé par la beauté et le style de cette BD.
Pas un dialogue! Juste des dessins, magnifiquement colorés dans les tons bruns, pour raconter des histoires de réfugiés, d'immigrés, de misère, de travail, d'amour et de volonté. C'est limpide à lire bien que le lecteur fasse continuellement un (petit) effort d'imagination pour suivre et comprendre la trame.
On ressent les mêmes impressions qu'un spectateur aurait aujourd'hui à regarder un film dramatique muet du début du XXième siècle. Il s'opère une certaine magie...
Rabaté se livre à l’exercice délicat de l’adaptation, ici de Alexis Tolstoï (pas le célèbre). L’édition est très réussie avec du très beau papier et une couverture souple rigide de belle facture.
Les dessins sont en noirs et nuances de gris. Ils collent parfaitement avec l’histoire telle qu’elle nous est racontée, rien de tel pour schématiser la misère, la mort... Il faut toutefois dire que les dessins « bavent », j’entends par là que les contours ne sont pas nets et qu’il est possible d’être gêné. Ceci dit encore une fois c’est le dessin idoine pour un personnage toujours à la limite, à fleur de mort.
Le scénario est au cœur du conflit russe : entre blanc et rouge le pays est déchiré. Le héros dont nous allons suivre les aventures va tenter de profiter de ce chaos généralisé pour faire fortune. Nous allons suivre tout au long des 4 tomes ces errances d’un hédoniste qui va d’échecs en échecs de trafics en brigandages, qui fuit toujours quelque chose, toujours poursuivi par les polices secrètes. Jamais nous n’allons décrocher de l’histoire, toujours pris à vif par ces images qui traduisent l’opulence et l’arrivisme tout comme la misère physique et intellectuelle. De villes en villes notre héros se débrouille toujours porté par cette prophétie qui lui prédit réussite. Les peaux, des jeux, toujours de l’illégal vont le voir tour à tour croitre être riche et tout aussi rapidement sombrer encore et encore, devant fuir. Cet épisode avec les charognards est magistral tant on se sent nous même menacés de mort à la lecture.
Et puis cela finit, comme dans le livre, jolie pirouette, rien ne dit que plus tard il ne recommencera pas un cycle tant l’homme parait incapable de tenir la longueur. Force est de constater qu’il apprend de ses échecs et qu’à chaque tentative suivante il réussit mieux que la précédente.
Bien qu’il soit détestable on suit avec plaisir la vie de cet arriviste hédoniste sans scrupule de bout en bout. Dessin et scénario se complètent à merveille. Cette série est une belle réussite à lire et relire !
L’adaptation d’une nouvelle est toujours un exercice délicat, reprendre Barbey d’Aurevilly était un sacré pari. LILAO le relève en extrayant les passages qu’il considère décisifs du récit.
L’édition est d’excellente facture avec de nombreuses explications qui viennent agrémenter l’adaptation graphique elle-même.
Le dessin est en noir et nuance de gris, tout en atmosphères, en douceur, en nuances, en courbes. Les textes sont en dessous des dessins ce qui donne la sensation du roman illustré.
Côté scénario, il est incassable, en prenant les passages forts et en réalisant les enchainements de façon habile LILAO exprime toute la puissance du récit. Tantôt érotique avec une beauté du début de tome qui mêle sensualité et sexualité. Ici l’amour pourtant vénal et grossier est représenté avec tant de finesse que c’est beau et non vulgaire. Toute la tenue de la femme, ses positions sensuelles mais pas aguicheuses la rendent mystérieuse inaccessible et captivante.
L’histoire qu’elle raconte ensuite est rendu avec toute son horreur avec une tension crescendo qui aboutit à cette scène inouïe qui scellera le début de sa déchéance volontaire.
Enfin la chute qui se fait dans des salons pour hommes parisiens et se conclut sur le tombeau est magistrale dans son implacabilité, dans la volonté de la femme ayant été au bout de son châtiment.
Amour, Eros, idéal, violence, châtiment, auto destruction, devoir, illusion, manipulation, charisme, rapport de la femme à l’homme, libre arbitre : tous ces thèmes surgissent des planches et de l’histoire pour nous intégrer et nous mettre en position de comprendre cette femme. Nous sommes nous même avec Robert de Tressignies, d’abord épanoui par l’eros puis transporté par l’agape devant le drame que cette femme raconte. Comme lui aussi la fin nous bouleversera et nous aussi irons nous recueillir devant le tombeau de cette femme dont la situation ne nous empêchera pas d’avoir de l’admiration.
Brillamment mis en planches, ce scénario prend ici une expression graphique très réussie grâce à la fluidité des planches et la justesse des nuances. LILAO accomplit un merveilleux travail et s’il avait lui-même écrit l’histoire cet album aurait mérité la note maximale tant à chaque instant le lecteur est captivé. LILAO livre ici son premier ouvrage, attention talent, je lui prédis un très grand avenir au moins en dessinateur…
A posséder et lire comme un bijou tant l’exercice d’adaptation est réussie.
Mythe de Goscinny et Uderzo je ne vais pas m’attaquer à une description album par album ! Enfin pas dans les grandes lignes parce que si tout de même un peu ! Si le dessin n’évoluera guère au cours du temps, il est typique des BD classiques, les couleurs sont habituelles et le trait consensuel.
Dans les premières séries on sent que l’ensemble se cherche :
Astérix le gaulois (3) et La serpe d’or (3) vont voir naître les personnages dont les caractéristiques s’affinent au cours du temps. Petit à petit le village se peuple. A partir des Goth (4) puis Astérix Gladiateur (4) les choses sont stables et équilibrées, on a de l’humour à plusieurs niveaux qu’il n’y avait pas trop au début et on n’est plus uniquement dans la comédie.
Avec Le tour de gaule (5) puis Cléopâtre (5) je trouve qu’on est dans le meilleur avec un mélange d’humour, de bons mots et d’aventure
Le combat des chefs (3) va vouloir changer le triptyque de héros habituels (Astérix, Obélix et panoramix) en mettant abraracourcix sur le devant de la scène, bof. Viennent ensuite la veine des voyages (Les bretons (4) , Les normands(3) , Légionnaire (4)) qui vont permettre aux héros de voir du pays et de se moquer doucement des habitudes des voisins. Le bouclier Averne (3) puis les Jeux olympiques (5) verront le côté cocarde cocorico.
Le chaudron (4) puis l’Hispanie (5) retrouvent le thème des voyages. La zizanie (5) sera une jolie pépite en huis clos dans le village. Les helvètes (4), puis Le domaine des dieux (4), puis
Les lauriers de césar (3) voient les veines du passé reproduites pour notre plus grand plaisir.
Vient ensuite la période dorée avant la chute: Le devin (5), Corse (5). Une légère baisse Le cadeau (3)
La grande traversée (4), et la chute Obelix et compagnie (3), Les belges (3), Le grand fossé (3)
L’odyssée (3) Le fils (2). Un accident le parcours arrive alors Rahazade (4) fait figure d’exception dans cette ère post Goscinny. Ceci de courte durée hélas puisque viennent ensuite Rose et le glaive (3), La galère (2), Latraviata (1), La rentrée gauloise, (2), Le ciel lui tombe sur la tête (1)
Au final dire que tout est de la faute de la mort de Gosciny me parait simpliste, il n’y avait pas eu que des chefs d’œuvres de son vivant d’une part et l’épisode rahazade fait pour moi partie des bons épisodes de la série. Pourtant il semble vrai que l’essoufflement qui n’avait pas lieu de son vivant soit bien là. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est parce que je vieillis : j’aime autant les anciens comme Cléopâtre ou la corse qui sont pour moi les deux meilleurs…
Au final oui cette BD est mythique et culte au sens propre du terme dans la mesure où des répliques font partie de la mémoire sociale aujourd’hui, que les films soient un succès sur le seul nom d’Astérix et qu’il y a ce côté franchouillard typique de la France. L’avoir chez soi permet de franches rigolades les soirées d’hiver pour toute la famille, et pourtant aujourd’hui j’attends plus d’une BD, voilà pourquoi elle n’entrera pas dans mon club fermé des BD mythiques pour moi.
Le denier vol : titre prémonitoire pour cette œuvre de Pratt. Relier Pratt que je considère comme le plus grand en BD et St Exupéry dont je considère les écrits comme majeurs dans la philosophie au XXème siècle c’était forcément un cocktail détonnant.
Pourtant j’avais peur de le lire, peur de cet ouvrage de fin de vie. Car dans les productions de Pratt en fin de vie, les dessins étaient nettement moins précis que quelques temps avant, je redoutais donc d’être déçu… Au final j’ai été ébloui, car non content de transcrire avec une poésie infinie l’univers de St Exupéry, on retrouve toutes ses œuvres toute sa pensée. Humaniste au sens de l’amour de l’humain, vous aurez devant vous un hymne à la tolérance, à l’amour d’autrui où poésie et philosophie se mêleront avec justesse et percussion.
Hallucinations ? Je dirais plutôt que nous sont présentées les rêveries d’un idéaliste qui de temps en temps reprend pied dans la réalité. Le dessin sans retrouver la précision d’un album comme « les celtiques » se fait courbe et épouse la rêverie. Le texte prend forme, la poésie vit en ces planches.
Notre monde ne doit pas se résumer à un dualisme primaire et exclusif. Autrui n’est pas un ennemi si l’on veut bien tenter de voir par delà des idéologies castratrices ou un individualisme au final vide de sens. St Exupéry était un grand philosophe dont beaucoup réduisent les propos à son petit prince en le faisant passer pour un conte pour enfants, Pratt lui rend ici hommage pour son message universel : plumes, textes, noir et blanc s’associent pour donner une porte de sortie dans notre société inhumaine à l’homme : de l’espoir en lui-même…
Voila l’humour que j’aime ! Gotlib signe ici son ouvrage référence.
Côté dessins, il s’agit en général de noir et blanc. Le dessin est clair, limpide, percutant.
Côté scenario il s’agit de planches individuelles toutes plus loufoques les unes que les autres ou l’humour absurde est roi. Le personnage secondaire de la coccinelle vient généralement agrémenter d’un gag secondaire le gag principal dans la même planche ce qui donne à la série une richesse inouïe et un plaisir toujours renouvelé à chaque relecture.
De nombreux personnages vont peupler l’imagination débordante de Gotlib, Newton aura fréquemment des problèmes de pomme, d’autres des problèmes de flèche… Bref on est plié de rire de bout en bout (si on aime l’absurde). Car là est le principal défaut : cet humour n’est absolument pas universel et bon nombre ne souriront même pas à la lecture. Pour ma part je vois en ces dossiers le chef d’œuvre de Gotlib, il condense ici dans 5 tomes toute l’impertinence, l’imagination, l’inventivité, l’humour, la dérision qui existent dans tous ses autre albums.
Avec des situations que l’on redécouvre toujours avec délectation, achetez ces albums, ça devrait être remboursé par la sécu !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
La Licorne
Comme Mathieu Gabella s'en explique dans les bonus du second tome, "La Licorne" se révèle une détonante série mélangeant histoire, science et fantastique. Si les deux tomes parus de cette série sont parfois un peu confus, la trame se met doucement en place et se révèle passionnante ! Certains ont pu regretter que soient mêlés à cette intrigue des personnages ayant réellement existé, moi je trouve que quand cela se justifie et renforce l'histoire, pourquoi s'en priver ? Et à ceux qui ont trouvé que cette BD était un peu gore et chargée en hémoglobine, j'ai pour ma part trouvé qu'un récit mêlant un bestiaire fantastique des plus larges et des médecins et autres anatomistes notoires de la Renaissance, pouvait se le permettre. ;) Anthony Jean se révèle un dessinateur des plus talentueux. Pour sa première BD, c'est une réussite ! Une imagination graphique intéressante, concernant notamment le bestiaire que j'ai trouvé géniale et un découpage et une mise en page très précis ajoutent à ce sentiment. Je mets en avant à nouveau les bonus du second tome qui font un point très intéressant sur la technique qu'il utilise et comment s'opère le passage du storyboard à la planche finale en collaboration avec Mathieu Gabella. On sent que ces deux là ont le sens du récit et une farouche envie de le restituer visuellement. En attendant une suite à ce récit qui met le doigt dans un engrenage des plus intéressant, cette série se révèle très prometteuse ne demande qu'à transformer l'essai de ses deux premiers tomes. A lire donc !
Les Seigneurs de Bagdad (Pride of Baghdad)
Pride of Baghdad a été pour moi une très bonne surprise et j’estime que cet album mérite ses quatre étoiles. J’ai trouvé les dessins très réussis, les animaux sont tout simplement magnifiques et n’ont rien à envier à ceux de Guarnido, génial dessinateur de Blacksad. Les couleurs sont vives, chaudes et tout aussi réussies. Vous l’aurez compris, j’ai vraiment été conquis par la somptuosité du graphisme de ce one-shot. Quant à l’histoire, j’ai dévoré l’album d’une traite. Je ne me suis pas ennuyé, que du contraire, je suis resté captivé par le rythme du récit. Adaptée d’un fait réel, j’ai trouvé cette balade animale sans prétention, du moins cela a été mon impression, d’un éventuel message caché. Le background est présenté et je pense avoir apprécié l’histoire pour ce qu’elle est. Mon seul regret réside sans doute dans l’absence de quelques planches supplémentaires, pour mieux développer encore cette survie. Cela me laisse un petit goût de manque... Pour le reste, je suis très satisfait par l’acquisition de cet album, visuellement très abouti, qui m’a proposé un excellent moment de divertissement. Culte ? Non, je ne pense pas ; mais franchement bien, je vous l’assure...
Pleine lune
J'ai bien aimé ce road movie d'un pauvre type antipathique qui enchaîne les déboires. L'idée de base du scénario, malgré son originalité, reste très simple. La mise en situation est parfaite et le rythme du récit ne laisse pas de temps mort. On se demande toujours ce que notre crétin de héros va expérimenter à l'étape suivante. Et bien sûr, le dessin et le découpage de Chabouté assurent toujours autant.
Rouge de Chine
Je ne m’attendais pas du tout à ça, plus à une aventure en Chine, de l’"innommable" sérieux. Le côté fantastique arrive tout de suite et surprend, il y a peut-être un peu trop de choses qui ne sont pas expliquées mais qu’importe, la mayonnaise prend. On se passionne assez vite pour ce Roméo et Juliette en Chine sur fond de guerre coloniale. Ca part un peu dans tous les sens mais ça n’a rien de déplaisant, la multiplication des personnages sert cette histoire relativement simple qui aurait pu être ennuyeuse mais ne l’est pas du tout. La présence du Diable, fort bien représenté, apporte aussi un petit plus machiavélique bien sympathique. Bref, j’ai été plus que conquis jusqu’au dernier tome un peu trop mystique à mon goût. Malgré cela la fin est suffisamment surprenante mais néanmoins logique pour garder cette aventure en tête. Je finirai sur le dessin pour dire que je l’ai trouvé fin, précis et original, sans aucune baisse de régime tout au long de la série. De ce côté-là, l’auteur s’est éclaté et ça se voit.
Là où vont nos pères
Frappé par la beauté et le style de cette BD. Pas un dialogue! Juste des dessins, magnifiquement colorés dans les tons bruns, pour raconter des histoires de réfugiés, d'immigrés, de misère, de travail, d'amour et de volonté. C'est limpide à lire bien que le lecteur fasse continuellement un (petit) effort d'imagination pour suivre et comprendre la trame. On ressent les mêmes impressions qu'un spectateur aurait aujourd'hui à regarder un film dramatique muet du début du XXième siècle. Il s'opère une certaine magie...
Ibicus
Rabaté se livre à l’exercice délicat de l’adaptation, ici de Alexis Tolstoï (pas le célèbre). L’édition est très réussie avec du très beau papier et une couverture souple rigide de belle facture. Les dessins sont en noirs et nuances de gris. Ils collent parfaitement avec l’histoire telle qu’elle nous est racontée, rien de tel pour schématiser la misère, la mort... Il faut toutefois dire que les dessins « bavent », j’entends par là que les contours ne sont pas nets et qu’il est possible d’être gêné. Ceci dit encore une fois c’est le dessin idoine pour un personnage toujours à la limite, à fleur de mort. Le scénario est au cœur du conflit russe : entre blanc et rouge le pays est déchiré. Le héros dont nous allons suivre les aventures va tenter de profiter de ce chaos généralisé pour faire fortune. Nous allons suivre tout au long des 4 tomes ces errances d’un hédoniste qui va d’échecs en échecs de trafics en brigandages, qui fuit toujours quelque chose, toujours poursuivi par les polices secrètes. Jamais nous n’allons décrocher de l’histoire, toujours pris à vif par ces images qui traduisent l’opulence et l’arrivisme tout comme la misère physique et intellectuelle. De villes en villes notre héros se débrouille toujours porté par cette prophétie qui lui prédit réussite. Les peaux, des jeux, toujours de l’illégal vont le voir tour à tour croitre être riche et tout aussi rapidement sombrer encore et encore, devant fuir. Cet épisode avec les charognards est magistral tant on se sent nous même menacés de mort à la lecture. Et puis cela finit, comme dans le livre, jolie pirouette, rien ne dit que plus tard il ne recommencera pas un cycle tant l’homme parait incapable de tenir la longueur. Force est de constater qu’il apprend de ses échecs et qu’à chaque tentative suivante il réussit mieux que la précédente. Bien qu’il soit détestable on suit avec plaisir la vie de cet arriviste hédoniste sans scrupule de bout en bout. Dessin et scénario se complètent à merveille. Cette série est une belle réussite à lire et relire !
La vengeance d'une femme
L’adaptation d’une nouvelle est toujours un exercice délicat, reprendre Barbey d’Aurevilly était un sacré pari. LILAO le relève en extrayant les passages qu’il considère décisifs du récit. L’édition est d’excellente facture avec de nombreuses explications qui viennent agrémenter l’adaptation graphique elle-même. Le dessin est en noir et nuance de gris, tout en atmosphères, en douceur, en nuances, en courbes. Les textes sont en dessous des dessins ce qui donne la sensation du roman illustré. Côté scénario, il est incassable, en prenant les passages forts et en réalisant les enchainements de façon habile LILAO exprime toute la puissance du récit. Tantôt érotique avec une beauté du début de tome qui mêle sensualité et sexualité. Ici l’amour pourtant vénal et grossier est représenté avec tant de finesse que c’est beau et non vulgaire. Toute la tenue de la femme, ses positions sensuelles mais pas aguicheuses la rendent mystérieuse inaccessible et captivante. L’histoire qu’elle raconte ensuite est rendu avec toute son horreur avec une tension crescendo qui aboutit à cette scène inouïe qui scellera le début de sa déchéance volontaire. Enfin la chute qui se fait dans des salons pour hommes parisiens et se conclut sur le tombeau est magistrale dans son implacabilité, dans la volonté de la femme ayant été au bout de son châtiment. Amour, Eros, idéal, violence, châtiment, auto destruction, devoir, illusion, manipulation, charisme, rapport de la femme à l’homme, libre arbitre : tous ces thèmes surgissent des planches et de l’histoire pour nous intégrer et nous mettre en position de comprendre cette femme. Nous sommes nous même avec Robert de Tressignies, d’abord épanoui par l’eros puis transporté par l’agape devant le drame que cette femme raconte. Comme lui aussi la fin nous bouleversera et nous aussi irons nous recueillir devant le tombeau de cette femme dont la situation ne nous empêchera pas d’avoir de l’admiration. Brillamment mis en planches, ce scénario prend ici une expression graphique très réussie grâce à la fluidité des planches et la justesse des nuances. LILAO accomplit un merveilleux travail et s’il avait lui-même écrit l’histoire cet album aurait mérité la note maximale tant à chaque instant le lecteur est captivé. LILAO livre ici son premier ouvrage, attention talent, je lui prédis un très grand avenir au moins en dessinateur… A posséder et lire comme un bijou tant l’exercice d’adaptation est réussie.
Astérix
Mythe de Goscinny et Uderzo je ne vais pas m’attaquer à une description album par album ! Enfin pas dans les grandes lignes parce que si tout de même un peu ! Si le dessin n’évoluera guère au cours du temps, il est typique des BD classiques, les couleurs sont habituelles et le trait consensuel. Dans les premières séries on sent que l’ensemble se cherche : Astérix le gaulois (3) et La serpe d’or (3) vont voir naître les personnages dont les caractéristiques s’affinent au cours du temps. Petit à petit le village se peuple. A partir des Goth (4) puis Astérix Gladiateur (4) les choses sont stables et équilibrées, on a de l’humour à plusieurs niveaux qu’il n’y avait pas trop au début et on n’est plus uniquement dans la comédie. Avec Le tour de gaule (5) puis Cléopâtre (5) je trouve qu’on est dans le meilleur avec un mélange d’humour, de bons mots et d’aventure Le combat des chefs (3) va vouloir changer le triptyque de héros habituels (Astérix, Obélix et panoramix) en mettant abraracourcix sur le devant de la scène, bof. Viennent ensuite la veine des voyages (Les bretons (4) , Les normands(3) , Légionnaire (4)) qui vont permettre aux héros de voir du pays et de se moquer doucement des habitudes des voisins. Le bouclier Averne (3) puis les Jeux olympiques (5) verront le côté cocarde cocorico. Le chaudron (4) puis l’Hispanie (5) retrouvent le thème des voyages. La zizanie (5) sera une jolie pépite en huis clos dans le village. Les helvètes (4), puis Le domaine des dieux (4), puis Les lauriers de césar (3) voient les veines du passé reproduites pour notre plus grand plaisir. Vient ensuite la période dorée avant la chute: Le devin (5), Corse (5). Une légère baisse Le cadeau (3) La grande traversée (4), et la chute Obelix et compagnie (3), Les belges (3), Le grand fossé (3) L’odyssée (3) Le fils (2). Un accident le parcours arrive alors Rahazade (4) fait figure d’exception dans cette ère post Goscinny. Ceci de courte durée hélas puisque viennent ensuite Rose et le glaive (3), La galère (2), Latraviata (1), La rentrée gauloise, (2), Le ciel lui tombe sur la tête (1) Au final dire que tout est de la faute de la mort de Gosciny me parait simpliste, il n’y avait pas eu que des chefs d’œuvres de son vivant d’une part et l’épisode rahazade fait pour moi partie des bons épisodes de la série. Pourtant il semble vrai que l’essoufflement qui n’avait pas lieu de son vivant soit bien là. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est parce que je vieillis : j’aime autant les anciens comme Cléopâtre ou la corse qui sont pour moi les deux meilleurs… Au final oui cette BD est mythique et culte au sens propre du terme dans la mesure où des répliques font partie de la mémoire sociale aujourd’hui, que les films soient un succès sur le seul nom d’Astérix et qu’il y a ce côté franchouillard typique de la France. L’avoir chez soi permet de franches rigolades les soirées d’hiver pour toute la famille, et pourtant aujourd’hui j’attends plus d’une BD, voilà pourquoi elle n’entrera pas dans mon club fermé des BD mythiques pour moi.
Saint-Exupéry - Le dernier vol
Le denier vol : titre prémonitoire pour cette œuvre de Pratt. Relier Pratt que je considère comme le plus grand en BD et St Exupéry dont je considère les écrits comme majeurs dans la philosophie au XXème siècle c’était forcément un cocktail détonnant. Pourtant j’avais peur de le lire, peur de cet ouvrage de fin de vie. Car dans les productions de Pratt en fin de vie, les dessins étaient nettement moins précis que quelques temps avant, je redoutais donc d’être déçu… Au final j’ai été ébloui, car non content de transcrire avec une poésie infinie l’univers de St Exupéry, on retrouve toutes ses œuvres toute sa pensée. Humaniste au sens de l’amour de l’humain, vous aurez devant vous un hymne à la tolérance, à l’amour d’autrui où poésie et philosophie se mêleront avec justesse et percussion. Hallucinations ? Je dirais plutôt que nous sont présentées les rêveries d’un idéaliste qui de temps en temps reprend pied dans la réalité. Le dessin sans retrouver la précision d’un album comme « les celtiques » se fait courbe et épouse la rêverie. Le texte prend forme, la poésie vit en ces planches. Notre monde ne doit pas se résumer à un dualisme primaire et exclusif. Autrui n’est pas un ennemi si l’on veut bien tenter de voir par delà des idéologies castratrices ou un individualisme au final vide de sens. St Exupéry était un grand philosophe dont beaucoup réduisent les propos à son petit prince en le faisant passer pour un conte pour enfants, Pratt lui rend ici hommage pour son message universel : plumes, textes, noir et blanc s’associent pour donner une porte de sortie dans notre société inhumaine à l’homme : de l’espoir en lui-même…
Rubrique-à-Brac
Voila l’humour que j’aime ! Gotlib signe ici son ouvrage référence. Côté dessins, il s’agit en général de noir et blanc. Le dessin est clair, limpide, percutant. Côté scenario il s’agit de planches individuelles toutes plus loufoques les unes que les autres ou l’humour absurde est roi. Le personnage secondaire de la coccinelle vient généralement agrémenter d’un gag secondaire le gag principal dans la même planche ce qui donne à la série une richesse inouïe et un plaisir toujours renouvelé à chaque relecture. De nombreux personnages vont peupler l’imagination débordante de Gotlib, Newton aura fréquemment des problèmes de pomme, d’autres des problèmes de flèche… Bref on est plié de rire de bout en bout (si on aime l’absurde). Car là est le principal défaut : cet humour n’est absolument pas universel et bon nombre ne souriront même pas à la lecture. Pour ma part je vois en ces dossiers le chef d’œuvre de Gotlib, il condense ici dans 5 tomes toute l’impertinence, l’imagination, l’inventivité, l’humour, la dérision qui existent dans tous ses autre albums. Avec des situations que l’on redécouvre toujours avec délectation, achetez ces albums, ça devrait être remboursé par la sécu !