Ce n'est pas la première BD de Peña que je lis.
J'ai donc des références sur son style si personnel.
Globalement, ce one shot fait mouche.
Il y a un fond original et onirique indéniable.
Cet auteur a de l'imagination et offre une narration fluide.
Le lecteur est happé par la lecture.
Le dessin est beau mais je trouve dommage que les têtes soient disproportionnées...
L'ensemble est tout de même d'un très bon niveau.
Lorsque je l’avais lue dans le magazine de Spirou, cette histoire avait eu chez moi l’effet d’une bombe ! Je l’avais adorée, adulée, idolâtrée, vénérée, dévorée. En un mot, je l’avais toucequevouvoulée. Je me rappelle très clairement l’avoir lue lors d’un trajet en voiture, scrutant sa présence au cœur des deux gros recueils de magazines pesant sur mes genoux. Alors que le simple fait de lire en voiture me donnait la nausée (phénomène auquel je n’échappai d’ailleurs nullement, au grand bonheur de mon père…), je ne pus m’empêcher de continuer ma lecture.
Le trait ne pouvait que rappeler Franquin. Quant à l’intrigue, elle était tout simplement très originale pour l’époque et pour le lectorat auquel cette aventure était destinée. Parler de politique et de magouilles de manière sarcastique à de jeunes ados n’était en effet pas dans les habitudes du très courtois magazine de Spirou.
La relire après autant d’années tempère quelque peu mon jugement de l’époque.
Certes, le trait rappelle bien Franquin. Mais il est moins abouti, moins précis et moins dynamique que celui du grand maître. Il demeure cependant agréable à l’œil, et certaines « tronches » sont vraiment bien croquées.
Certes, l’idée originelle est vraiment bien trouvée, mais depuis la fin des années ’70, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ce type de critique sarcastique est devenue monnaie courante. Par conséquent, si l’histoire est rondement menée, si l’humour fait toujours souvent mouche, le sujet ne m’apparaît plus si original, et son traitement pourrait (à tort) sembler bien conventionnel à un lecteur actuel.
Je l’aurais catalogué de culte à l’époque, et le trouve encore pas mal au jour d’aujourd’hui. Alors, nostalgiquement, mais non sans objectivité, j’attribuerai un (petit) 4/5 à ce merveilleux souvenir de jeunesse.
Certainement à lire, et sans doute même à acheter par les vieux nostalgiques de mon genre.
Voici une belle BD. Mais belle dans quel sens ? Cette question, en fait parce que je suis partagé après lecture entre un sentiment de grande déception et celle du bonheur d'avoir un quasi chef d'œuvre entre les mains mais d'avoir peur de rater quelque chose…
Je pense que cela la qualifie assez bien, œuvre éclair dans un univers de BD souvent trop uniforme, cette BD a le mérite de sortir des terrains battus. Cela plaira. Ou pas. Il n'y a qu'à regarder la divergence d'opinion pour en avoir une bonne idée.
Pour ma part, j'ai vraiment été surpris par ce huis-clos en pleine nature. Un huis-clos est généralement à l'intérieur, d’où son nom. Mais là, nos malheureux héros sont enfermés sur une planète d’où ils cherchent à sortir. Principe bien malin de la part de l'auteur car cette impression d'étouffement et d'écrasement de l'atmosphère est parfaitement rendu. L'ambiance est lourde, tendue. L'aspect désertique, aride et nu des décors renforçant encore plus cette impression. Mais le pire reste la logique de tout cela. Si certains commentaires me précédents font état de contre sens ou d'illogisme dans les réactions des êtres, c'est bien là où se situe tout l'intérêt de cet BD, montrer que pour parvenir à ses fins, que pour sortir d'une situation, rien n'est simple et que l'être humain reste l'être humain.
Le scénario est porté par une très bonne maitrise de la narration, par un très bon rythme. Je m'attendais toujours à plus, toujours à ce que tout explose, que l'action prenne le dessus, mais l'auteur réussisse à maitriser la bête et à la mener où il veut avec brio, sachant conserver le rythme et l'intérêt du lecteur de la première à la dernière page.
C'est juste que je n'avais pas lu le 4eme de couverture et qu'il y a dessus une information importante pour comprendre la fin…Alors, sans doute si mon cœur balance entre deux eaux cela vient-il en partie que j'ai mis du temps à remettre tous les éléments dans un ordre logique une fois cette dernière pièce du puzzle en place.
Les personnages manquent peut-être un peu de caractère, tous ayant un peu trop le même. D'un autre coté, une fois encore, tous présentent cette même volonté de s'échapper et ce même désarroi face à une situation qu'ils ne maitrisent pas, oscillant entre folie et désespoir. L'homogénéité du groupe s'explique lui aussi logiquement en fin d'album.
Et encore une fois, mon cœur balance concernant le dessin. Si ma première approche est négative, avec un trait oscillant entre fin et grossier, manquant de constance sur les visages, des détails absents dans les décors et des couleurs franchement surprenantes, en revanche, ma perception s'éclaire au fil des pages avec de belles compositions, des plans soignés et des cadrages maitrisés. Le manque de détails et l'impression de flou joue à plein sur l'impression de naviguer dans un environnement hostile, inconnu et non maitrisé par les protagonistes. L'utilisation de couleurs tranchées, chaudes, ou froides, souvent tendant vers le monochrome contribue à l'impression de lourdeur des paysages et à l'impression de solitude sur cette planète des confins de l'espace. Le dessin et les couleurs prennent alors une importance insoupçonnée.
Alors, finalement je laisse parler ma partie subjective plutôt qu'objective, et je crois que je trouve le dessin très bon, voir excellent.
Le temps d'écrire cet avis, et je crois que j'ai fait mon choix : cette BD est belle ; dans tous les sens.
Je me demanderai toujours si Van Hamme savait dès le départ que son récit se terminerait d’une manière aussi mélodramatique. En effet, le ton résolument ironique et les emprunts proches du pastiche du départ ne laissaient pas augurer d’un tel final.
Quoiqu’il en soit, « Le Grand Pouvoir du Chninkel » est une œuvre majeure qui a incroyablement bien vieilli. Archétype de la légende, du mythe, ce récit emprunte tous azimuts des éléments marquants du genre. On ne peut que penser au nouveau testament, à 2001 l’odyssée de l’espace, au seigneur des anneaux ou à Dune face à certains événements ou personnages.
Le ton fréquemment humoristique du départ permet de rentrer en douceur dans cet univers (un peu de la même manière que dans La Quête de l'Oiseau du Temps), et lorsqu’après une centaine de planches, celui-ci devient bien plus dramatique, la transition s’est faite avec tant de douceur que nous ne nous rendons même plus compte que nous prenons au sérieux certains éléments qui nous faisaient sourire au départ (le fameux mégalithe, plus particulièrement).
Le scénario riche en rebondissements nous tient en haleine du début à la fin, et les multiples clins d’œil enrichissent encore cette lecture.
Seul bémol : le caractère pleurnichard de J’on, personnage principal de cette aventure. Je dois bien avouer qu’à l’une ou l’autre occasion, cet aspect de sa personnalité m’aura furieusement gonflé.
N’ayant pas lu la nouvelle version, je ne peux me prononcer sur l’opportunité d’une colorisation. Mais en noir et blanc, ce récit m’est paru graphiquement très agréable. Le trait de Rosinski est de qualité. Cependant, certaines scènes d’action sont assez confuses. Mais celles-ci sont rares. L’ensemble est harmonieux et les personnages créés par l’artiste m’ont vraiment séduit.
Un très bon cru.
Encore une fois, Delcourt nous propose un très bon one-shot dans un genre que j’affectionne particulièrement : le western. Toutefois, l’ambiance de celui-ci est résolument différente des excellents « Trio Grande » ou « Wayne Redlake ». En effet, si ceux-ci s’inspiraient directement du western spaghetti, j’ai trouvé que ce Chien de prairie lorgnait plus vers la seconde époque du western américain (un film comme Jérémiah Johnson, par exemple).
Particularité du genre : son humanisme et son souci d’authenticité. Philippe Foerster a effectivement conçu un scénario, certes aux multiples rebondissements, mais dont le pouvoir magnétique réside avant tout dans le charisme de ses acteurs et la crédibilité de l’intrigue. Le duo vedette de cet album est très complémentaire, et la narration à la première personne accentue l’aspect « témoignage » de l’aventure.
Le trait de Berthet (une ligne claire très sobre et précise) peut surprendre de prime abord. Toutefois, ses précédents succès de librairie nous ont familiarisés avec son style. J’ai trouvé l’artiste ici au mieux de sa forme, mais je regrette quelque peu le choix des teintes majeures, des teintes très ternes qui, par moment, assombrissent inutilement ses planches.
Au final, l’album est vraiment très prenant et, si vous êtes amateurs du genre, mérite toute votre attention.
Excellent, tout simplement.
La collection Delcourt semble bien aimer les westerns one-shot. J'ai pu apprécier il y a quelques jours Après la nuit. C'est du même calibre tout en ayant un traitement graphique un peu différent. Il faut dire qu'il y a plus de 10 ans d'écart entre ces deux oeuvres. Et pourtant, nous avons également droit à un western dur et âpre dans la lignée du film aux oscars Impitoyable de Clint Eastwood.
Je retrouve avec bonheur l'auteur Philippe Foerster dont j'avais pu apprécier un magnifique scénario dans L'Oeil du chasseur. Il possède véritablement une parfaite maîtrise que ne rogne pas la narration pesante pour certains. Le dessinateur de "Pin Up" à savoir Philippe Berthet ne déçoit pas même dans un genre radicalement différent de ce qu'il fait. La couverture de cette prairie est magnifique. Les plans sont judicieux. La lecture demeure plus que sympa.
Pour autant, je n'irai pas jusqu'à dire que parce que nous retrouvons des personnages mythiques de la légende de l'Ouest (Calamity Jane, le juge Wallace, Wild Bill...), on baigne dans un récit historique. Il ne faut quand même pas déconner. Chiens de prairie reste un très bon western et je dois bien avouer que j'aime le genre surtout quand cela ne s'étale pas sur de multiples tomes. Achat conseillé pour passer un agréable moment.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Bote globale: 4/5
Dans cet album, il y a une dimension temporelle et une dimension intemporelle, deux dimensions espace-temps d'histoires qui s'enchevêtrent dans la vie courante, ce qui n'est pas négligeable pour l'intellect.
L'histoire est émouvante, sans parler de la référence au mythe de Lucie, aveugle -ce qui a aussi son importance- , histoire de deux êtres qui ne devraient pas se rencontrer et qui se rencontrent, à un moment particulier et singulier de leur vie où ils ont, aussi, le temps de se raconter et d'échanger !
Beaucoup d'illustrations sont magnifiques, les planches reproduisant l'atmosphère de la Bretagne, ses ciels, ses sites, et les paysages chinois et la matière de Chine, là aussi la rencontre de mondes différents qui peuvent se rejoindre et nombre de rappels de culture très intéressants.
Pour cette ouverture à des mondes intérieurs et à des philosophies différentes de la vie, par rapport au monde urbain, pour ces illustrations superbes dessinées avec un soin extrême, pour les yeux de Pierre et les mimiques de Lucie, je conseille vivement la lecture de cet album, que je pense plus accessible aux sensibilités teintée d'intellectualisme de la gente féminine, mais ce sont les meilleures lectrices !
Comes créé toujours des œuvres à l’univers étrange et au dessin non consensuel. Cet album n’échappe pas à la règle.
Les dessins sont maintenant mûrs puisqu’il s’agit d’un album qui passe après les merveilleux La Belette, et Silence. Contrairement à ce que j’ai lu ici, je trouve les dessins beaucoup plus homogènes au long du récit que dans les albums précédents. Dans cet opus chaque planche peut être prise seule pour une étude des dessins en noir et blanc ancrés. La modélisation du mouvement est désormais maitrisée et pas une planche ne vient perturber cette magnifique fluidité qui se dégage des dessins. Certes le tout a un aspect très noir et qui ouvre l’album juste pour voir va être plongé dans des abysses sombres, mais les rares zones blanches rayonnent de lumière avec une précision qui se joint à une modélisation donnant à l’ensemble une poésie graphique rare.
C’est en revanche au niveau du scénario que des réserves peuvent être émises. Le scénario est une magnifique illustration de la schizophrénie. Ce personnage féminin va se dévoiler petit à petit, et même si très rapidement les différentes facettes représentées par des personnages nous font comprendre sa schizophrénie le nœud du récit n’est pas ici. Il s’agit plutôt de voir avec finesse sa prise de conscience de cet état, des doutes que cela engendre et finalement l’acceptation de l’état parfaitement expliqué par le personnage « raisonnable ». Ce n’est donc pas sur ce personnage que mes reproches iront, au contraire, il s’agit de la meilleure illustration de la schizophrénie en BD que je connaisse (même mieux que Eva graphiquement moins abouti).
Ce qui cloche c’est ce personnage du méchant décidément trop bête, trop exacerbé, trop tout. Vouloir montrer la violence de notre monde « civilisé » vu de personnes souffrant de troubles est très bien vu et intéressant, caricaturer à l’extrême en présentant un monstre en face du schizophrène est finalement maladroit. Car si cet album est finalement ultra violent il existe encore pire que cet activisme primaire : l’indifférence. Voila ce qui manque, le monde n’est pas composé que de brutes épaisses et c’est la diversité des réactions face à cette schizophrénie qui me manque dans cet album.
Au final cet album est une claque graphique avec un personnage magistral, mais l’ensemble déçoit car honnêtement l’album aurait mérité plus de diversité face à cette femme et ses facettes.
A lire tout de même, à acheter pour les fans de Comes. La note 4 se justifie malgré les personnages secondaires par ce dessin somptueux et ce personnage principal si bien traité.
Avec Vanoli, il n'y a que 2 options : soit l'on rentre dans son univers et on découvre la richesse et l'ambiance de ses récits, soit l'on bloque sur son dessin et l'on passe à côté du contenu.
Ce one shot nous offre une histoire devenue banale au XXI siècle : la fermeture d'une usine électrique.
C'est poignant, noir et pourtant onirique.
Vanoli apporte une sérieuse touche de fantastique dans la seconde moitié du récit et travaille par métaphores.
J'ai trouvé superbe et subtile cette BD.
Le sujet ne prête pas à rire mais reste bien un drame humain.
Pour le dessin, il suffit d'aller sur la galerie de cette série pour en constater l'originalité.
Personnellement, j'aime beaucoup mais il ne plaira pas à tout le monde.
Cette histoire est peut-être née d'une sorte de mauvaise conscience éprouvée par son auteur.
On sait que Joe Kubert est issu d'une famille juive qui a fui la Pologne bien avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui a ainsi pu échapper à la déportation dans les camps.
Avec cet ouvrage, Joe Kubert a imaginé ce qu'aurait pu être la vie d'un jeune garçon passionné par le dessin, dans le ghetto de Varsovie, et dont le talent a été rapidement remarqué, c'est à dire en fait sa propre vie.
Kubert nous raconte ici la vie du ghetto au moment des premières déportations dans un camp de concentration. L'auteur nous raconte cette période au travers d'un angle relativement inédit puisqu'il s'agit de la résistance des habitants du ghetto face à l'occupant allemand. Pas de misérabilisme donc, pas de tonalité larmoyante dans l'histoire de Yossel, mais juste un acte de bravoure de gens qui résistent et préfèrent mourir en héros, dignement, plutôt que de courber l'échine face un ennemi dont ils n'imaginent même pas le sort qu'il leur réserve.
En effet la vie des camps est relatée aux habitants juifs de Varsovie par un rabbin qui a pu s'en échapper. Mais ils ne parviennent pas à croire le récit du rabbin tellement l'horreur qui s'en dégage est grande.
Au milieu de tout cela, il est un jeune garçon, Yossel, dont le talent artistique est rapidement repéré par l'ennemi qui lui commande alors des dessins.
Cela lui permettra d'endormir la méfiance congénitale des nazis vis à vis des juifs et de commettre ses premiers actes de résistance.
Le récit s'achèvera dans un combat inégal et par un dessin que Yossel ne pourra achever.
Une histoire superbe à lire absolument pour tous les amoureux d'Histoire. Une histoire superbement mise en image par Kubert de manière très originale. L'auteur nous livre une facette de son talent jusqu'alors inconnue et bien différente de celle de l'auteur de comics.
Ici pas de bulles ni véritablement de cases, justes des croquis qui pourraient être ceux de Yossel, et une voix off qui relate le déroulement des faits.
Tout cela permet d'admirer la virtuosité artistique de Kubert au travers d'un récit très personnel et très juste.
Une BD rare qu'il convient de posséder absolument.
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Nos enjeux environnementaux
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Nos enjeux culturels et sociétaux
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Le Chat du kimono
Ce n'est pas la première BD de Peña que je lis. J'ai donc des références sur son style si personnel. Globalement, ce one shot fait mouche. Il y a un fond original et onirique indéniable. Cet auteur a de l'imagination et offre une narration fluide. Le lecteur est happé par la lecture. Le dessin est beau mais je trouve dommage que les têtes soient disproportionnées... L'ensemble est tout de même d'un très bon niveau.
Le Candidat
Lorsque je l’avais lue dans le magazine de Spirou, cette histoire avait eu chez moi l’effet d’une bombe ! Je l’avais adorée, adulée, idolâtrée, vénérée, dévorée. En un mot, je l’avais toucequevouvoulée. Je me rappelle très clairement l’avoir lue lors d’un trajet en voiture, scrutant sa présence au cœur des deux gros recueils de magazines pesant sur mes genoux. Alors que le simple fait de lire en voiture me donnait la nausée (phénomène auquel je n’échappai d’ailleurs nullement, au grand bonheur de mon père…), je ne pus m’empêcher de continuer ma lecture. Le trait ne pouvait que rappeler Franquin. Quant à l’intrigue, elle était tout simplement très originale pour l’époque et pour le lectorat auquel cette aventure était destinée. Parler de politique et de magouilles de manière sarcastique à de jeunes ados n’était en effet pas dans les habitudes du très courtois magazine de Spirou. La relire après autant d’années tempère quelque peu mon jugement de l’époque. Certes, le trait rappelle bien Franquin. Mais il est moins abouti, moins précis et moins dynamique que celui du grand maître. Il demeure cependant agréable à l’œil, et certaines « tronches » sont vraiment bien croquées. Certes, l’idée originelle est vraiment bien trouvée, mais depuis la fin des années ’70, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Ce type de critique sarcastique est devenue monnaie courante. Par conséquent, si l’histoire est rondement menée, si l’humour fait toujours souvent mouche, le sujet ne m’apparaît plus si original, et son traitement pourrait (à tort) sembler bien conventionnel à un lecteur actuel. Je l’aurais catalogué de culte à l’époque, et le trouve encore pas mal au jour d’aujourd’hui. Alors, nostalgiquement, mais non sans objectivité, j’attribuerai un (petit) 4/5 à ce merveilleux souvenir de jeunesse. Certainement à lire, et sans doute même à acheter par les vieux nostalgiques de mon genre.
Le Bataillon des lâches
Voici une belle BD. Mais belle dans quel sens ? Cette question, en fait parce que je suis partagé après lecture entre un sentiment de grande déception et celle du bonheur d'avoir un quasi chef d'œuvre entre les mains mais d'avoir peur de rater quelque chose… Je pense que cela la qualifie assez bien, œuvre éclair dans un univers de BD souvent trop uniforme, cette BD a le mérite de sortir des terrains battus. Cela plaira. Ou pas. Il n'y a qu'à regarder la divergence d'opinion pour en avoir une bonne idée. Pour ma part, j'ai vraiment été surpris par ce huis-clos en pleine nature. Un huis-clos est généralement à l'intérieur, d’où son nom. Mais là, nos malheureux héros sont enfermés sur une planète d’où ils cherchent à sortir. Principe bien malin de la part de l'auteur car cette impression d'étouffement et d'écrasement de l'atmosphère est parfaitement rendu. L'ambiance est lourde, tendue. L'aspect désertique, aride et nu des décors renforçant encore plus cette impression. Mais le pire reste la logique de tout cela. Si certains commentaires me précédents font état de contre sens ou d'illogisme dans les réactions des êtres, c'est bien là où se situe tout l'intérêt de cet BD, montrer que pour parvenir à ses fins, que pour sortir d'une situation, rien n'est simple et que l'être humain reste l'être humain. Le scénario est porté par une très bonne maitrise de la narration, par un très bon rythme. Je m'attendais toujours à plus, toujours à ce que tout explose, que l'action prenne le dessus, mais l'auteur réussisse à maitriser la bête et à la mener où il veut avec brio, sachant conserver le rythme et l'intérêt du lecteur de la première à la dernière page. C'est juste que je n'avais pas lu le 4eme de couverture et qu'il y a dessus une information importante pour comprendre la fin…Alors, sans doute si mon cœur balance entre deux eaux cela vient-il en partie que j'ai mis du temps à remettre tous les éléments dans un ordre logique une fois cette dernière pièce du puzzle en place. Les personnages manquent peut-être un peu de caractère, tous ayant un peu trop le même. D'un autre coté, une fois encore, tous présentent cette même volonté de s'échapper et ce même désarroi face à une situation qu'ils ne maitrisent pas, oscillant entre folie et désespoir. L'homogénéité du groupe s'explique lui aussi logiquement en fin d'album. Et encore une fois, mon cœur balance concernant le dessin. Si ma première approche est négative, avec un trait oscillant entre fin et grossier, manquant de constance sur les visages, des détails absents dans les décors et des couleurs franchement surprenantes, en revanche, ma perception s'éclaire au fil des pages avec de belles compositions, des plans soignés et des cadrages maitrisés. Le manque de détails et l'impression de flou joue à plein sur l'impression de naviguer dans un environnement hostile, inconnu et non maitrisé par les protagonistes. L'utilisation de couleurs tranchées, chaudes, ou froides, souvent tendant vers le monochrome contribue à l'impression de lourdeur des paysages et à l'impression de solitude sur cette planète des confins de l'espace. Le dessin et les couleurs prennent alors une importance insoupçonnée. Alors, finalement je laisse parler ma partie subjective plutôt qu'objective, et je crois que je trouve le dessin très bon, voir excellent. Le temps d'écrire cet avis, et je crois que j'ai fait mon choix : cette BD est belle ; dans tous les sens.
Le Grand Pouvoir du Chninkel
Je me demanderai toujours si Van Hamme savait dès le départ que son récit se terminerait d’une manière aussi mélodramatique. En effet, le ton résolument ironique et les emprunts proches du pastiche du départ ne laissaient pas augurer d’un tel final. Quoiqu’il en soit, « Le Grand Pouvoir du Chninkel » est une œuvre majeure qui a incroyablement bien vieilli. Archétype de la légende, du mythe, ce récit emprunte tous azimuts des éléments marquants du genre. On ne peut que penser au nouveau testament, à 2001 l’odyssée de l’espace, au seigneur des anneaux ou à Dune face à certains événements ou personnages. Le ton fréquemment humoristique du départ permet de rentrer en douceur dans cet univers (un peu de la même manière que dans La Quête de l'Oiseau du Temps), et lorsqu’après une centaine de planches, celui-ci devient bien plus dramatique, la transition s’est faite avec tant de douceur que nous ne nous rendons même plus compte que nous prenons au sérieux certains éléments qui nous faisaient sourire au départ (le fameux mégalithe, plus particulièrement). Le scénario riche en rebondissements nous tient en haleine du début à la fin, et les multiples clins d’œil enrichissent encore cette lecture. Seul bémol : le caractère pleurnichard de J’on, personnage principal de cette aventure. Je dois bien avouer qu’à l’une ou l’autre occasion, cet aspect de sa personnalité m’aura furieusement gonflé. N’ayant pas lu la nouvelle version, je ne peux me prononcer sur l’opportunité d’une colorisation. Mais en noir et blanc, ce récit m’est paru graphiquement très agréable. Le trait de Rosinski est de qualité. Cependant, certaines scènes d’action sont assez confuses. Mais celles-ci sont rares. L’ensemble est harmonieux et les personnages créés par l’artiste m’ont vraiment séduit. Un très bon cru.
Chiens de prairie
Encore une fois, Delcourt nous propose un très bon one-shot dans un genre que j’affectionne particulièrement : le western. Toutefois, l’ambiance de celui-ci est résolument différente des excellents « Trio Grande » ou « Wayne Redlake ». En effet, si ceux-ci s’inspiraient directement du western spaghetti, j’ai trouvé que ce Chien de prairie lorgnait plus vers la seconde époque du western américain (un film comme Jérémiah Johnson, par exemple). Particularité du genre : son humanisme et son souci d’authenticité. Philippe Foerster a effectivement conçu un scénario, certes aux multiples rebondissements, mais dont le pouvoir magnétique réside avant tout dans le charisme de ses acteurs et la crédibilité de l’intrigue. Le duo vedette de cet album est très complémentaire, et la narration à la première personne accentue l’aspect « témoignage » de l’aventure. Le trait de Berthet (une ligne claire très sobre et précise) peut surprendre de prime abord. Toutefois, ses précédents succès de librairie nous ont familiarisés avec son style. J’ai trouvé l’artiste ici au mieux de sa forme, mais je regrette quelque peu le choix des teintes majeures, des teintes très ternes qui, par moment, assombrissent inutilement ses planches. Au final, l’album est vraiment très prenant et, si vous êtes amateurs du genre, mérite toute votre attention. Excellent, tout simplement.
Chiens de prairie
La collection Delcourt semble bien aimer les westerns one-shot. J'ai pu apprécier il y a quelques jours Après la nuit. C'est du même calibre tout en ayant un traitement graphique un peu différent. Il faut dire qu'il y a plus de 10 ans d'écart entre ces deux oeuvres. Et pourtant, nous avons également droit à un western dur et âpre dans la lignée du film aux oscars Impitoyable de Clint Eastwood. Je retrouve avec bonheur l'auteur Philippe Foerster dont j'avais pu apprécier un magnifique scénario dans L'Oeil du chasseur. Il possède véritablement une parfaite maîtrise que ne rogne pas la narration pesante pour certains. Le dessinateur de "Pin Up" à savoir Philippe Berthet ne déçoit pas même dans un genre radicalement différent de ce qu'il fait. La couverture de cette prairie est magnifique. Les plans sont judicieux. La lecture demeure plus que sympa. Pour autant, je n'irai pas jusqu'à dire que parce que nous retrouvons des personnages mythiques de la légende de l'Ouest (Calamity Jane, le juge Wallace, Wild Bill...), on baigne dans un récit historique. Il ne faut quand même pas déconner. Chiens de prairie reste un très bon western et je dois bien avouer que j'aime le genre surtout quand cela ne s'étale pas sur de multiples tomes. Achat conseillé pour passer un agréable moment. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Bote globale: 4/5
Pas à pas
Dans cet album, il y a une dimension temporelle et une dimension intemporelle, deux dimensions espace-temps d'histoires qui s'enchevêtrent dans la vie courante, ce qui n'est pas négligeable pour l'intellect. L'histoire est émouvante, sans parler de la référence au mythe de Lucie, aveugle -ce qui a aussi son importance- , histoire de deux êtres qui ne devraient pas se rencontrer et qui se rencontrent, à un moment particulier et singulier de leur vie où ils ont, aussi, le temps de se raconter et d'échanger ! Beaucoup d'illustrations sont magnifiques, les planches reproduisant l'atmosphère de la Bretagne, ses ciels, ses sites, et les paysages chinois et la matière de Chine, là aussi la rencontre de mondes différents qui peuvent se rejoindre et nombre de rappels de culture très intéressants. Pour cette ouverture à des mondes intérieurs et à des philosophies différentes de la vie, par rapport au monde urbain, pour ces illustrations superbes dessinées avec un soin extrême, pour les yeux de Pierre et les mimiques de Lucie, je conseille vivement la lecture de cet album, que je pense plus accessible aux sensibilités teintée d'intellectualisme de la gente féminine, mais ce sont les meilleures lectrices !
L'Arbre-coeur
Comes créé toujours des œuvres à l’univers étrange et au dessin non consensuel. Cet album n’échappe pas à la règle. Les dessins sont maintenant mûrs puisqu’il s’agit d’un album qui passe après les merveilleux La Belette, et Silence. Contrairement à ce que j’ai lu ici, je trouve les dessins beaucoup plus homogènes au long du récit que dans les albums précédents. Dans cet opus chaque planche peut être prise seule pour une étude des dessins en noir et blanc ancrés. La modélisation du mouvement est désormais maitrisée et pas une planche ne vient perturber cette magnifique fluidité qui se dégage des dessins. Certes le tout a un aspect très noir et qui ouvre l’album juste pour voir va être plongé dans des abysses sombres, mais les rares zones blanches rayonnent de lumière avec une précision qui se joint à une modélisation donnant à l’ensemble une poésie graphique rare. C’est en revanche au niveau du scénario que des réserves peuvent être émises. Le scénario est une magnifique illustration de la schizophrénie. Ce personnage féminin va se dévoiler petit à petit, et même si très rapidement les différentes facettes représentées par des personnages nous font comprendre sa schizophrénie le nœud du récit n’est pas ici. Il s’agit plutôt de voir avec finesse sa prise de conscience de cet état, des doutes que cela engendre et finalement l’acceptation de l’état parfaitement expliqué par le personnage « raisonnable ». Ce n’est donc pas sur ce personnage que mes reproches iront, au contraire, il s’agit de la meilleure illustration de la schizophrénie en BD que je connaisse (même mieux que Eva graphiquement moins abouti). Ce qui cloche c’est ce personnage du méchant décidément trop bête, trop exacerbé, trop tout. Vouloir montrer la violence de notre monde « civilisé » vu de personnes souffrant de troubles est très bien vu et intéressant, caricaturer à l’extrême en présentant un monstre en face du schizophrène est finalement maladroit. Car si cet album est finalement ultra violent il existe encore pire que cet activisme primaire : l’indifférence. Voila ce qui manque, le monde n’est pas composé que de brutes épaisses et c’est la diversité des réactions face à cette schizophrénie qui me manque dans cet album. Au final cet album est une claque graphique avec un personnage magistral, mais l’ensemble déçoit car honnêtement l’album aurait mérité plus de diversité face à cette femme et ses facettes. A lire tout de même, à acheter pour les fans de Comes. La note 4 se justifie malgré les personnages secondaires par ce dessin somptueux et ce personnage principal si bien traité.
L'Usine électrique
Avec Vanoli, il n'y a que 2 options : soit l'on rentre dans son univers et on découvre la richesse et l'ambiance de ses récits, soit l'on bloque sur son dessin et l'on passe à côté du contenu. Ce one shot nous offre une histoire devenue banale au XXI siècle : la fermeture d'une usine électrique. C'est poignant, noir et pourtant onirique. Vanoli apporte une sérieuse touche de fantastique dans la seconde moitié du récit et travaille par métaphores. J'ai trouvé superbe et subtile cette BD. Le sujet ne prête pas à rire mais reste bien un drame humain. Pour le dessin, il suffit d'aller sur la galerie de cette série pour en constater l'originalité. Personnellement, j'aime beaucoup mais il ne plaira pas à tout le monde.
Yossel
Cette histoire est peut-être née d'une sorte de mauvaise conscience éprouvée par son auteur. On sait que Joe Kubert est issu d'une famille juive qui a fui la Pologne bien avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir et qui a ainsi pu échapper à la déportation dans les camps. Avec cet ouvrage, Joe Kubert a imaginé ce qu'aurait pu être la vie d'un jeune garçon passionné par le dessin, dans le ghetto de Varsovie, et dont le talent a été rapidement remarqué, c'est à dire en fait sa propre vie. Kubert nous raconte ici la vie du ghetto au moment des premières déportations dans un camp de concentration. L'auteur nous raconte cette période au travers d'un angle relativement inédit puisqu'il s'agit de la résistance des habitants du ghetto face à l'occupant allemand. Pas de misérabilisme donc, pas de tonalité larmoyante dans l'histoire de Yossel, mais juste un acte de bravoure de gens qui résistent et préfèrent mourir en héros, dignement, plutôt que de courber l'échine face un ennemi dont ils n'imaginent même pas le sort qu'il leur réserve. En effet la vie des camps est relatée aux habitants juifs de Varsovie par un rabbin qui a pu s'en échapper. Mais ils ne parviennent pas à croire le récit du rabbin tellement l'horreur qui s'en dégage est grande. Au milieu de tout cela, il est un jeune garçon, Yossel, dont le talent artistique est rapidement repéré par l'ennemi qui lui commande alors des dessins. Cela lui permettra d'endormir la méfiance congénitale des nazis vis à vis des juifs et de commettre ses premiers actes de résistance. Le récit s'achèvera dans un combat inégal et par un dessin que Yossel ne pourra achever. Une histoire superbe à lire absolument pour tous les amoureux d'Histoire. Une histoire superbement mise en image par Kubert de manière très originale. L'auteur nous livre une facette de son talent jusqu'alors inconnue et bien différente de celle de l'auteur de comics. Ici pas de bulles ni véritablement de cases, justes des croquis qui pourraient être ceux de Yossel, et une voix off qui relate le déroulement des faits. Tout cela permet d'admirer la virtuosité artistique de Kubert au travers d'un récit très personnel et très juste. Une BD rare qu'il convient de posséder absolument.