J’ai eu une très bonne surprise en lisant cette série qui, à première vue, ne paie pas de mine. J’étais un peu rebuté par l’aspect graphique, très sombre avec des couleurs trop lisses et artificielles, mais passé ce premier cap, j’ai dévoré les trois albums parus à ce jour.
Le premier tome est loin d’être le meilleur, c’est un pur tome d’introduction : les personnages sont présentés ainsi que quelques éléments de background sur la malédiction de la famille Porphyre et sur la Bretagne du 19ème siècle. C’est véritablement à partir du tome 2 que l’action commence. On suit une chasse au trésor, on assiste à plusieurs révélations sur les Porphyre, les relations entre personnages deviennent intéressantes,… Il devient difficile de lâcher les tomes tellement l’histoire se développe de manière fluide. On retrouve le thème de la famille maudite que Balac avait déjà utilisé avec Yslaire pour le premier tome de Sambre. J’ai hâte de découvrir le quatrième tome du Sang des Porphyre pour en connaitre le dénouement.
J’avais déjà bien apprécié le dessin de Parnotte dans « Les Aquanautes ». Ici, on sent que son trait a plus de maturité, il est devenu plus précis. Je trouve que ses personnages, en particulier, sont bien dessinés : ils ont tous une tête que l’on reconnait immédiatement et qui ne ressemble pas à une autre. Comme je l’ai déjà dit plus haut, je trouve les couleurs un peu trop artificielles, mais dans l’ensemble ça colle bien aux dessins et à l’atmosphère de la série.
En tout cas une série passionnante et bien dessinée qui vaut la peine d’être découverte. Le premier tome peut paraitre faible mais la suite est d’un très bon acabit. J’espère que le dernier tome viendra confirmer mes bonnes impressions.
EDIT 04/2009 – Après lecture de la série complète (7 tomes)
Le dernier tome de La Nef des Fous est enfin arrivé, ça faisait un bon moment que j’attendais d’avoir le dénouement de cette série que j’adore. J’avais mis un 4/5 en 2003, espérant que la suite soit aussi bonne - voire meilleure - pour mettre un 5/5. Mais les derniers tomes m’ont un peu laissé sur ma fin…
Turf nous propose un univers vraiment loufoque, un vrai régal. L’humour est omniprésent et il marche, je suis pour ma part totalement réceptif à ce genre d’humour absurde et en même temps délicieusement raffiné. On suit avec plaisir les aventures de toute une tripotée de personnages originaux et terriblement attachants de par leur loufoquerie. J’ai envie d’utiliser l’adjectif « loufoque » pour tout ce que je décris : je n’en trouve vraiment pas de plus approprié pour parler de cette série :) On se laisse porter avec plaisir dans ce délicieux n’importe quoi où tout peut arriver. La mise en scène est très recherchée et très inventive, l’auteur joue réellement avec la composition de ses planches. Mais ce qui m’empêche de mettre un 5/5, c’est que j’ai trouvé la fin un peu trop convenue. Alors que je m’attendais à quelque chose d’hyper original, à une explosion orgasmique de loufoquerie, l’auteur boucle assez pépèrement ses différents arcs narratifs et nous livre un dénouement manquant de folie. La fin n’offre pas de réelle surprise, et c’est bien dommage.
Le graphisme de Turf est admirable en tout point. Que ce soit ses personnages ou ses décors, tout est très détaillé dans un style que j’ai adoré, proche de la caricature. Les dessins collent parfaitement à cet univers déjanté et c’est un plaisir de voir des personnages comme Clément XVII ou Baltimore. Pour ne rien gâcher, les couleurs sont superbes. Un grand bravo à l’auteur pour son grand talent et ses superbes planches !
Bref, La Nef des Fous est une série à lire et à posséder, à ranger à côté de séries comme « De Cape et de Crocs », « Garulfo » ou « Horologiom ». Un régal de par son originalité, sa fraicheur, son humour, sa mise en scène et son graphisme. Le seul point noir est une fin trop convenue et des derniers tomes en dessous des premiers.
Le sang du flamboyant est une très belle histoire. Presque un conte, une légende de la Martinique.
Elle relate l’histoire d’un homme qui en 1942, se retourne contre le système post (il faut le dire vite) colonial en place.
Pas gratuitement, pas pour faire une histoire, pas pour devenir un symbole de résistance contre l’établi ou une figure de proue de l’insurrection d’un peuple.
Simplement parce qu’il a été trompé par son patron, propriétaire de l’exploitation de cannes à sucre dans laquelle il est le contremaître respecté et il va se venger.
A partir de là, Albon, va devenir l’homme à abattre de la Martinique de 1942 à 1949. Il va incarner la lutte contre le pouvoir en place et l’autorité excessive des blancs.
Il va alors se mener une chasse à l’homme que l’on va suivre sur tout le territoire au cours de laquelle, Albon aidé par la population va faire d’importante rencontre comme celle de l’homme Guinée.
D’un point de vue scénario, le tout est admirablement mené. L’histoire nous est présentée par Gélus sous la forme d’une légende racontée une nuit à une assemblée, là pour entendre les aventures d’Albon.
Le tout est dynamique, l’alternance des scènes ou Gélus conte et celle on ou est plongé dans la vie d’Albon se succède avec finesse. On est littéralement plongé dans l’ambiance créole de l’époque. Tout fonctionne.
Concernant le graphisme, c’est détaillé, travaillé. Je pense que l’on aime ou pas, mais on est dans un style très réel avec beaucoup de détail. Ça manque parfois d’un peu de lisibilité et il faut se pencher sur la case pour tout percevoir.
Quoiqu’il en soit, le tout est à mon gout très réussi. Une merveilleuse narration de l’aventure d’un homme dont le destin s’est emparé et qui est devenu une sorte de symbole pour un peuple.
Je ne connaissais pas le style graphique que Pellejero nous offre ici, proche de Dieter Lumpen mais dans un fabuleux noir et blanc. D'ailleurs je lui préfère ce style au trait fin, que son autre dessin plus gras bien que ses couleurs soient toujours sublimes. C'est étonnant de voir une telle différence de styles chez un même auteur.
Quant au scénario, il est constitué de six histoires, toutes ayant pour point commun la radio. Qu'elles soient en rapport direct avec celle-ci, comme dans le premier récit ou qu'elle serve juste d'outil de communication ou de "bruit de fond", elles sont toutes très bien pensées, sur un ton légèrement cynique mais pas vraiment noir. L'exploitation que fait Zentner de la radio est originale, d'autant plus que c'est un sujet qui n'a jamais été très développé. Cela reste très bon dans son ensemble, mais je ne pense pas que le niveau aurait été aussi bon et les histoires aussi percutantes sans le dessin de Pellejero, qui leur donne une dimension réelle extraordinaire.
La première fois que j'ai lu 'Ile Bourbon 1730', je l'avais trouvé confus et sans intérêt. Pourtant, j'ai décidé de lui donner une seconde chance et je l'ai relu récemment. J'ai bien fait car, surprise, j'ai adoré ma relecture ! Lewis Trondheim et Appollo ont bien reconstitué l'ile. Ce que j'ai surtout aimé dans ce one-shot s'est la galerie de personnages qu'on croise dans l'album. Ils sont tous très intéressant et pittoresque. Pour finir, je pense que réussir à tenir les lecteurs jusqu'au début alors qu'il ne se passe finalement pas grand chose c'est vraiment incroyable.
La mise en route aura été difficile puis l'immersion fut totale.
Tout d'abord le dessin : il demande un petit temps d'adaptation. Ensuite c'est du pur bonheur. La colorisation est superbe et le met vraiment en valeur. Visuellement, cette BD est un vrai régal.
J'avais des craintes sur le scénario, je me demandais où il allait me mener.
Au fil des pages, je me suis posé de moins en moins de questions. Je rentrai vraiment dans l'histoire. La narration est sans défaut, le rythme régulier.
Je ne m'attendais pas à aimer autant ce one shot. Je compte convertir l'emprunt en achat dans les meilleurs délais.
Je suis devenu fan des productions Futuropolis, ce n'est pas "Aziyadé" qui me fera changer d'avis.
« Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant... »
Je ne sais pas vous mais moi j’en ai la chair de poule... Les collines, le soleil d’un début d’été, une tarte aux fruits cuisiné par sa mère, une promenade dans une forêt de pins avec son père main dans la main, jouer avec son chien, s’allonger dans les champs pour regarder passer les nuages et puis un jour trois ombres mystérieuses apparaissent sur l’horizon et rien ne sera jamais plus comme avant. L’oppression, la peur, l’inconnu remplace la quiétude, le calme et la joie de vivre.
Commence alors pour Joachim et son père une fuite de et vers l’inconnu... Une fuite vers l’avant...
Trois Ombres est une bande dessinée à la thématique profonde : la peur de l’inconnu. L’histoire est remarquablement construite. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas ressenti de longueur scénaristique dans le récit. Tout s’enchaîne à la perfection et de façon logique mais sans jamais tomber dans le prévisible.
Le dessin illustre avec excellence les changements d’atmosphères. On ressent l’oppression ou encore la joie de vivre. L’auteur, Cyril Pedrosa, que je découvre avec cet album, a un trait doux et tout en courbe. Mais il sait aussi durcir ses lignes lorsque cela s’avère nécessaire. Vous contemplez détendu un beau de paysage vallonné, puis vous tournez la page pour tomber sur une forêt brumeuse inquiétante. Rarement un dessin aura été aussi expressif.
Avec Trois Ombres, vous embarquerez pour un voyage vers l’inconnu mais croyez moi, vous ne serez pas déçu...
Le scénario m'a fait songer au fameux film "le crabe tambour" où le personnage de Jean Rochefort part à la recherche de Jacques Perrin.
Ici c'est toute une section qui recherche le lieutenant Messonnier en 1957 en Khabylie.
Période, je crois peu traitée en bande dessinée, Giroud a su parfaitement retranscrire cette "guerre d'Algérie" où le doute envahi peu à peu les appelés du contingent (comme le personnage de Daniel Rouzy) face aux exactions de leurs compatriotes (le sergent Chanaz, par exemple), un peu comme dans le film "les centurions" sur cette époque.
Le dessin colle parfaitement à l'histoire et les couleurs presque fades accentuent encore plus le trait de Lax.
A travers le portrait de Messonnier, c'est l'histoire des évènements d'Algérie (comme on disait pudiquement à l'époque) que nous redécouvrons. Ce travail de mémoire est très réussi.
J’ai vraiment bien aimé toutes ces courtes histoires. Dès le début, on rentre dans l’ambiance si particulière. Ca m’a fait penser à certains recueils de nouvelles de Stephen King comme Danse Macabre ou alors à des films d’horreur de série b (à moins que ça ne soit z ??) comme on en trouvait tant dans les vidéoclubs. Une bonne dose d’humour côtoie le gore et le sinistre. Le tout forme un mélange détonnant qui ne laisse pas indifférent. Personnellement, j’adore !
L’autre point fort de l’ouvrage réside dans son homogénéité. Bien entendu, j’ai mes histoires favorites mais j’ai apprécié et savouré chaque planche, chaque case. Cela est notamment dû à un dessin en noir et blanc de très grande qualité, comme toujours chez cet auteur.
A mes yeux, le meilleur album de l’Intégrale paru pour une vingtaine d’euros chez Vent d’Ouest, devant la Bête et Pleine Lune (2e ex-aequo).
Hugo Pratt est à la bande dessinée ce que Picasso a été à la peinture ou encore Jules Verne au roman d'aventure. Je ne fais que constater un fait indéniable ; après on aime ou on n’aime pas... Le dernier vol est la dernière oeuvre du Maître qui s'en est allé après ce titre bien prémonitoire.
En l'occurrence, il raconte les derniers instants vécus par Antoine de Saint-Exupéry alors qu'il effectuait une mission en Méditerranée pour le compte des Forces Alliés le 31 Juillet 1944. Le personnage est connu par ses talents d'aviateur et également pour son "Petit Prince", conte pour enfants qui a fait le tour du monde.
Alors qu'il est pourchassé par deux chasseurs allemands, il se remémore les moments les plus importants de sa vie : son amitié avec Mermoz, sa rencontre avec Consuelo Gomez Carrilo lors d'un tango en Argentine, son crash dans le désert saharien ainsi que son sauvetage par des bédouins, ses faits d'arme lors de la guerre d'Espagne, une rencontre hypothétique avec sa soeur Simone, son opération au Guatemala lors d'un énième accident, le sauvetage de Guillemet dans la cordillère des Andes... On sait que la fin est inéluctable ce qui rend le récit d'autant plus attachant et mélancolique. Dans cette espèce de délire, on croisera même le petit prince et des nuages en forme de moutons comme un ultime clin d'oeil.
J'ai beaucoup d'admiration pour Antoine de Saint-Exupéry que je considère comme un vrai héros national. On a beaucoup critiqué son patriotisme au moment de la France de Vichy qu'il quitta pour les Etats-Unis sans tomber dans l'escarcelle du Général de Gaulle. A la fameuse phrase du Général : "Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre", il répondait : "Dites la vérité Général, nous avons perdu la guerre. Nos alliés la gagneront !"
En effet, il ne veut pas accepter que qui que ce soit se déclare le chef d'une France libre qui divise le pays qui devrait rester un et uni. Il s'agirait le cas échéant de méditer sur cette opinion peu commune alors que nos livres d'histoire dresse l'antagonisme d'une France contre l'autre : celle des héros contre les vendus.
A la fin de sa vie, il déclarera qu'il avait prouvé aux Etats-Unis (pays où il avait un lien très privilégié) qu'on pouvait être bon français, antinazi, antiraciste, et ne pas plébisciter cependant le futur gouvernement de la France par le parti gaulliste.
Le 30 juillet au soir, il avait laissé deux lettres sur la table de nuit de sa chambre dont l'une à un ami qui disait: "Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je haïs leur vertu de robots. Moi, j'étais fais pour être jardinier". Modeste, le gars ! Je précise que tout ces détails ci-dessus ne sont pas racontés par la bd en question (ce n'est donc pas un spoiler) mais cela permet peut-être de se faire une idée de ce qu'était Saint-Exupéry pour lequel Hugo Pratt vouait également la plus grande admiration.
A bien y regarder les qualités sont les mêmes pour ces deux hommes d'exception : conteur infatigable d'aventure et profondément humaniste.
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Le Sang des Porphyre
J’ai eu une très bonne surprise en lisant cette série qui, à première vue, ne paie pas de mine. J’étais un peu rebuté par l’aspect graphique, très sombre avec des couleurs trop lisses et artificielles, mais passé ce premier cap, j’ai dévoré les trois albums parus à ce jour. Le premier tome est loin d’être le meilleur, c’est un pur tome d’introduction : les personnages sont présentés ainsi que quelques éléments de background sur la malédiction de la famille Porphyre et sur la Bretagne du 19ème siècle. C’est véritablement à partir du tome 2 que l’action commence. On suit une chasse au trésor, on assiste à plusieurs révélations sur les Porphyre, les relations entre personnages deviennent intéressantes,… Il devient difficile de lâcher les tomes tellement l’histoire se développe de manière fluide. On retrouve le thème de la famille maudite que Balac avait déjà utilisé avec Yslaire pour le premier tome de Sambre. J’ai hâte de découvrir le quatrième tome du Sang des Porphyre pour en connaitre le dénouement. J’avais déjà bien apprécié le dessin de Parnotte dans « Les Aquanautes ». Ici, on sent que son trait a plus de maturité, il est devenu plus précis. Je trouve que ses personnages, en particulier, sont bien dessinés : ils ont tous une tête que l’on reconnait immédiatement et qui ne ressemble pas à une autre. Comme je l’ai déjà dit plus haut, je trouve les couleurs un peu trop artificielles, mais dans l’ensemble ça colle bien aux dessins et à l’atmosphère de la série. En tout cas une série passionnante et bien dessinée qui vaut la peine d’être découverte. Le premier tome peut paraitre faible mais la suite est d’un très bon acabit. J’espère que le dernier tome viendra confirmer mes bonnes impressions.
La Nef des fous
EDIT 04/2009 – Après lecture de la série complète (7 tomes) Le dernier tome de La Nef des Fous est enfin arrivé, ça faisait un bon moment que j’attendais d’avoir le dénouement de cette série que j’adore. J’avais mis un 4/5 en 2003, espérant que la suite soit aussi bonne - voire meilleure - pour mettre un 5/5. Mais les derniers tomes m’ont un peu laissé sur ma fin… Turf nous propose un univers vraiment loufoque, un vrai régal. L’humour est omniprésent et il marche, je suis pour ma part totalement réceptif à ce genre d’humour absurde et en même temps délicieusement raffiné. On suit avec plaisir les aventures de toute une tripotée de personnages originaux et terriblement attachants de par leur loufoquerie. J’ai envie d’utiliser l’adjectif « loufoque » pour tout ce que je décris : je n’en trouve vraiment pas de plus approprié pour parler de cette série :) On se laisse porter avec plaisir dans ce délicieux n’importe quoi où tout peut arriver. La mise en scène est très recherchée et très inventive, l’auteur joue réellement avec la composition de ses planches. Mais ce qui m’empêche de mettre un 5/5, c’est que j’ai trouvé la fin un peu trop convenue. Alors que je m’attendais à quelque chose d’hyper original, à une explosion orgasmique de loufoquerie, l’auteur boucle assez pépèrement ses différents arcs narratifs et nous livre un dénouement manquant de folie. La fin n’offre pas de réelle surprise, et c’est bien dommage. Le graphisme de Turf est admirable en tout point. Que ce soit ses personnages ou ses décors, tout est très détaillé dans un style que j’ai adoré, proche de la caricature. Les dessins collent parfaitement à cet univers déjanté et c’est un plaisir de voir des personnages comme Clément XVII ou Baltimore. Pour ne rien gâcher, les couleurs sont superbes. Un grand bravo à l’auteur pour son grand talent et ses superbes planches ! Bref, La Nef des Fous est une série à lire et à posséder, à ranger à côté de séries comme « De Cape et de Crocs », « Garulfo » ou « Horologiom ». Un régal de par son originalité, sa fraicheur, son humour, sa mise en scène et son graphisme. Le seul point noir est une fin trop convenue et des derniers tomes en dessous des premiers.
Le Sang du flamboyant
Le sang du flamboyant est une très belle histoire. Presque un conte, une légende de la Martinique. Elle relate l’histoire d’un homme qui en 1942, se retourne contre le système post (il faut le dire vite) colonial en place. Pas gratuitement, pas pour faire une histoire, pas pour devenir un symbole de résistance contre l’établi ou une figure de proue de l’insurrection d’un peuple. Simplement parce qu’il a été trompé par son patron, propriétaire de l’exploitation de cannes à sucre dans laquelle il est le contremaître respecté et il va se venger. A partir de là, Albon, va devenir l’homme à abattre de la Martinique de 1942 à 1949. Il va incarner la lutte contre le pouvoir en place et l’autorité excessive des blancs. Il va alors se mener une chasse à l’homme que l’on va suivre sur tout le territoire au cours de laquelle, Albon aidé par la population va faire d’importante rencontre comme celle de l’homme Guinée. D’un point de vue scénario, le tout est admirablement mené. L’histoire nous est présentée par Gélus sous la forme d’une légende racontée une nuit à une assemblée, là pour entendre les aventures d’Albon. Le tout est dynamique, l’alternance des scènes ou Gélus conte et celle on ou est plongé dans la vie d’Albon se succède avec finesse. On est littéralement plongé dans l’ambiance créole de l’époque. Tout fonctionne. Concernant le graphisme, c’est détaillé, travaillé. Je pense que l’on aime ou pas, mais on est dans un style très réel avec beaucoup de détail. Ça manque parfois d’un peu de lisibilité et il faut se pencher sur la case pour tout percevoir. Quoiqu’il en soit, le tout est à mon gout très réussi. Une merveilleuse narration de l’aventure d’un homme dont le destin s’est emparé et qui est devenu une sorte de symbole pour un peuple.
FM
Je ne connaissais pas le style graphique que Pellejero nous offre ici, proche de Dieter Lumpen mais dans un fabuleux noir et blanc. D'ailleurs je lui préfère ce style au trait fin, que son autre dessin plus gras bien que ses couleurs soient toujours sublimes. C'est étonnant de voir une telle différence de styles chez un même auteur. Quant au scénario, il est constitué de six histoires, toutes ayant pour point commun la radio. Qu'elles soient en rapport direct avec celle-ci, comme dans le premier récit ou qu'elle serve juste d'outil de communication ou de "bruit de fond", elles sont toutes très bien pensées, sur un ton légèrement cynique mais pas vraiment noir. L'exploitation que fait Zentner de la radio est originale, d'autant plus que c'est un sujet qui n'a jamais été très développé. Cela reste très bon dans son ensemble, mais je ne pense pas que le niveau aurait été aussi bon et les histoires aussi percutantes sans le dessin de Pellejero, qui leur donne une dimension réelle extraordinaire.
Ile Bourbon 1730
La première fois que j'ai lu 'Ile Bourbon 1730', je l'avais trouvé confus et sans intérêt. Pourtant, j'ai décidé de lui donner une seconde chance et je l'ai relu récemment. J'ai bien fait car, surprise, j'ai adoré ma relecture ! Lewis Trondheim et Appollo ont bien reconstitué l'ile. Ce que j'ai surtout aimé dans ce one-shot s'est la galerie de personnages qu'on croise dans l'album. Ils sont tous très intéressant et pittoresque. Pour finir, je pense que réussir à tenir les lecteurs jusqu'au début alors qu'il ne se passe finalement pas grand chose c'est vraiment incroyable.
Aziyadé
La mise en route aura été difficile puis l'immersion fut totale. Tout d'abord le dessin : il demande un petit temps d'adaptation. Ensuite c'est du pur bonheur. La colorisation est superbe et le met vraiment en valeur. Visuellement, cette BD est un vrai régal. J'avais des craintes sur le scénario, je me demandais où il allait me mener. Au fil des pages, je me suis posé de moins en moins de questions. Je rentrai vraiment dans l'histoire. La narration est sans défaut, le rythme régulier. Je ne m'attendais pas à aimer autant ce one shot. Je compte convertir l'emprunt en achat dans les meilleurs délais. Je suis devenu fan des productions Futuropolis, ce n'est pas "Aziyadé" qui me fera changer d'avis.
Trois ombres
« Joachim et ses parents vivaient heureux au creux des collines. Puis les ombres apparurent et rien ne fut plus comme avant... » Je ne sais pas vous mais moi j’en ai la chair de poule... Les collines, le soleil d’un début d’été, une tarte aux fruits cuisiné par sa mère, une promenade dans une forêt de pins avec son père main dans la main, jouer avec son chien, s’allonger dans les champs pour regarder passer les nuages et puis un jour trois ombres mystérieuses apparaissent sur l’horizon et rien ne sera jamais plus comme avant. L’oppression, la peur, l’inconnu remplace la quiétude, le calme et la joie de vivre. Commence alors pour Joachim et son père une fuite de et vers l’inconnu... Une fuite vers l’avant... Trois Ombres est une bande dessinée à la thématique profonde : la peur de l’inconnu. L’histoire est remarquablement construite. Contrairement à beaucoup, je n’ai pas ressenti de longueur scénaristique dans le récit. Tout s’enchaîne à la perfection et de façon logique mais sans jamais tomber dans le prévisible. Le dessin illustre avec excellence les changements d’atmosphères. On ressent l’oppression ou encore la joie de vivre. L’auteur, Cyril Pedrosa, que je découvre avec cet album, a un trait doux et tout en courbe. Mais il sait aussi durcir ses lignes lorsque cela s’avère nécessaire. Vous contemplez détendu un beau de paysage vallonné, puis vous tournez la page pour tomber sur une forêt brumeuse inquiétante. Rarement un dessin aura été aussi expressif. Avec Trois Ombres, vous embarquerez pour un voyage vers l’inconnu mais croyez moi, vous ne serez pas déçu...
Azrayen'
Le scénario m'a fait songer au fameux film "le crabe tambour" où le personnage de Jean Rochefort part à la recherche de Jacques Perrin. Ici c'est toute une section qui recherche le lieutenant Messonnier en 1957 en Khabylie. Période, je crois peu traitée en bande dessinée, Giroud a su parfaitement retranscrire cette "guerre d'Algérie" où le doute envahi peu à peu les appelés du contingent (comme le personnage de Daniel Rouzy) face aux exactions de leurs compatriotes (le sergent Chanaz, par exemple), un peu comme dans le film "les centurions" sur cette époque. Le dessin colle parfaitement à l'histoire et les couleurs presque fades accentuent encore plus le trait de Lax. A travers le portrait de Messonnier, c'est l'histoire des évènements d'Algérie (comme on disait pudiquement à l'époque) que nous redécouvrons. Ce travail de mémoire est très réussi.
Sorcières
J’ai vraiment bien aimé toutes ces courtes histoires. Dès le début, on rentre dans l’ambiance si particulière. Ca m’a fait penser à certains recueils de nouvelles de Stephen King comme Danse Macabre ou alors à des films d’horreur de série b (à moins que ça ne soit z ??) comme on en trouvait tant dans les vidéoclubs. Une bonne dose d’humour côtoie le gore et le sinistre. Le tout forme un mélange détonnant qui ne laisse pas indifférent. Personnellement, j’adore ! L’autre point fort de l’ouvrage réside dans son homogénéité. Bien entendu, j’ai mes histoires favorites mais j’ai apprécié et savouré chaque planche, chaque case. Cela est notamment dû à un dessin en noir et blanc de très grande qualité, comme toujours chez cet auteur. A mes yeux, le meilleur album de l’Intégrale paru pour une vingtaine d’euros chez Vent d’Ouest, devant la Bête et Pleine Lune (2e ex-aequo).
Saint-Exupéry - Le dernier vol
Hugo Pratt est à la bande dessinée ce que Picasso a été à la peinture ou encore Jules Verne au roman d'aventure. Je ne fais que constater un fait indéniable ; après on aime ou on n’aime pas... Le dernier vol est la dernière oeuvre du Maître qui s'en est allé après ce titre bien prémonitoire. En l'occurrence, il raconte les derniers instants vécus par Antoine de Saint-Exupéry alors qu'il effectuait une mission en Méditerranée pour le compte des Forces Alliés le 31 Juillet 1944. Le personnage est connu par ses talents d'aviateur et également pour son "Petit Prince", conte pour enfants qui a fait le tour du monde. Alors qu'il est pourchassé par deux chasseurs allemands, il se remémore les moments les plus importants de sa vie : son amitié avec Mermoz, sa rencontre avec Consuelo Gomez Carrilo lors d'un tango en Argentine, son crash dans le désert saharien ainsi que son sauvetage par des bédouins, ses faits d'arme lors de la guerre d'Espagne, une rencontre hypothétique avec sa soeur Simone, son opération au Guatemala lors d'un énième accident, le sauvetage de Guillemet dans la cordillère des Andes... On sait que la fin est inéluctable ce qui rend le récit d'autant plus attachant et mélancolique. Dans cette espèce de délire, on croisera même le petit prince et des nuages en forme de moutons comme un ultime clin d'oeil. J'ai beaucoup d'admiration pour Antoine de Saint-Exupéry que je considère comme un vrai héros national. On a beaucoup critiqué son patriotisme au moment de la France de Vichy qu'il quitta pour les Etats-Unis sans tomber dans l'escarcelle du Général de Gaulle. A la fameuse phrase du Général : "Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre", il répondait : "Dites la vérité Général, nous avons perdu la guerre. Nos alliés la gagneront !" En effet, il ne veut pas accepter que qui que ce soit se déclare le chef d'une France libre qui divise le pays qui devrait rester un et uni. Il s'agirait le cas échéant de méditer sur cette opinion peu commune alors que nos livres d'histoire dresse l'antagonisme d'une France contre l'autre : celle des héros contre les vendus. A la fin de sa vie, il déclarera qu'il avait prouvé aux Etats-Unis (pays où il avait un lien très privilégié) qu'on pouvait être bon français, antinazi, antiraciste, et ne pas plébisciter cependant le futur gouvernement de la France par le parti gaulliste. Le 30 juillet au soir, il avait laissé deux lettres sur la table de nuit de sa chambre dont l'une à un ami qui disait: "Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je haïs leur vertu de robots. Moi, j'étais fais pour être jardinier". Modeste, le gars ! Je précise que tout ces détails ci-dessus ne sont pas racontés par la bd en question (ce n'est donc pas un spoiler) mais cela permet peut-être de se faire une idée de ce qu'était Saint-Exupéry pour lequel Hugo Pratt vouait également la plus grande admiration. A bien y regarder les qualités sont les mêmes pour ces deux hommes d'exception : conteur infatigable d'aventure et profondément humaniste.