C’est une histoire qui se déroule dans un lieu indéfini. Ou plutôt dans un enfer difficile à localiser. Situé le long du Styx (ce qui le relierait au monde grec antique, Charon est aussi évoqué en fin d’album), avec des décors et des ruines grandioses qui ont, elles, des allures plutôt médiévales.
Nous visitons cet espace en suivant l’héroïne, Héloïse (ici accompagné du seul autre personnage identifié, Hector), comme Dante usait de Virgile comme guide dans sa Divine Comédie.
Pour le moment l’intrigue garde une grande part de mystère, je ne sais pas trop où Snö (auteur que je découvre ici) veut nous amener, à la suite d’Héloïse, sa mission n’étant pas très claire.
La colorisation très sombre, les décors crépusculaires des ruines infernales (certaines cases m’ont fait penser à ce que Bec a pu représenter dans Sanctuaire), les monstres hideux et mystérieux qui hantent ces paysages désolés, tout relève davantage du fantastique que de la Fantasy, quand bien même elle serait « dark » (c’est en tout cas dans cette catégorie que j’aurais classé la série – sous réserve des développement ultérieurs).
C’est un tome introductif plutôt taiseux, qui se laisse lire. Mais j’attends la suite pour me faire une idée précise. Dans tous les sens du terme, il y a encore trop de zones d’ombre.
J'avais bien aimé la suite de cette série sur les nouveaux pères. Malheureusement je me suis senti bien moins impliqué dans la lecture proposée par les autrices. Pourtant la thématique de la parentalité est un sujet qui me touche beaucoup mais je suis resté extérieur à nombre des thématiques exposées.
Gwendoline Raisson utilise pourtant un angle d'attaque intéressant en soulignant que la maternité n'est pas toujours ( souvent ?) un long fleuve tranquille. Même si l'autrice balaye de nombreux sujets j 'ai trouvé le schéma répétitif. L'humour est présent via le graphisme de Magali Le Huche ( que j'apprécie beaucoup) mais là encore j'ai à peine souri.
Personnellement je le vois comme un rendez-vous manqué. Je reste sur la même note mais ici c'est un petit 3
Un autre one-shot de Tronchet sympathique à lire à défaut d'être extraordinaire.
L'album peut se diviser en deux parties, l'une qui montre la vie quotidienne de notre anti-héros humoriste et la deuxième où il va faire une quête pour découvrir un secret de famille. C'est pas mal même si j'ai trouvé qu'il y avait un peu des longueurs. On retrouve des thèmes chers à l'auteur comme le fait d'être angoissé à l'idée de se retrouver à une réunion de famille ou dans une soirée mondaine et aussi la gène lorsqu'on fait un bide en public. J'ai bien aimé aussi comment l'humoriste analyse l'humour et ce qui fait ce qui est drôle ou non. Pour moi ce sont les meilleurs moments de l'album avec l'incident qui va faire en sorte que notre humoriste sur de lui va finir par perdre tout confiance en lui-même.
J'ai un peu moins aimé lorsque l''humoriste va se lancer dans une quête pour savoir ce qui lui est arrivé dans son enfance lors d'une année dont il ne se souvient pas. Le scénario devient un peu plus convenu, les recherches sont quand même un peu trop faciles à mon gout et aussi les scènes émouvantes ne m'ont pas trop touché. Cette partie se laisse lire, mais elle fait en sorte que je ne mets pas cet album parmi les meilleurs de Tronchet alors que j'aime bien la première partie.
Un album qui s'adresse avant tout aux fans de Tronchet, les autres vont voir un intérêt limité dans cet album.
La partie rédactionnelle est vraiment bien faite avec Tronchet qui raconte sa vie et balance des anecdotes savoureuses. La partie BD est un peu moins bien, en partie parce que l'auteur va jusqu'à montrer des œuvres qu'il a fait enfant ! Ça a tout de même prit une bonne vingtaine de pages avant de trouver du contenu BD intéressant, une grande partie étant des illustrations de Raymond Calbuth ou de Jean-Claude Tergal, les deux personnages cultes de l'auteur. En dehors de ça, il y a l'histoire avec un auteur qui va à Fluide Glacial avec sa maman que je trouve un peu touchante et les gags en bonus avec un patron et un ouvrier qui m'ont fait sourire et qui possèdent l'humour un peu con qu'on retrouve dans certaines séries de Tronchet.
Donc voilà un album dont une bonne partie des bds m'ont tout de même paru au mieux moyenne. Un autre truc que je n'ai pas trop aimé c'est qu’on n’a pas de dates de publications. C'est clair qu'une bonne partie du matériel est paru dans Fluide Glacial, mais on ne sait pas quand !
Un album sur les usines-couvents au début du XXe siècle, on va y découvrir l'industrie de la soie dans la Drôme provençale.
Le contexte historique est bien retranscrit, même si j'aurais aimé en savoir beaucoup plus sur cette activité qui a depuis périclité en France.
Un récit très classique avec d'un côté les patrons et de l'autre le monde ouvrier, avec en toile de fond une romance entre le fils cadet du patron qui revient de prison (pour couvrir l'aîné), et Henriette une de ces jeunes filles exploitées par la famille Bouscaret. Des personnages stéréotypés mais sympathiques.
Une bonne critique de la société de ce début de XXe siècle, malgré son côté un peu caricatural.
Une lecture instructive.
Le dessin et les couleurs sont agréables à regarder. J'ai particulièrement apprécié les décors, un peu moins les personnages.
Une scénographie très basique.
Une lecture recommandable.
C'est avec plaisir et délice que je me suis replongé dans ce classique de Lauzier plusieurs décennies après mes premières lectures dans les allées de la Fnac. Bien sûr l'ambiance des années 70/80 a évolué mais je trouve que les réflexions au scalpel de l'auteur sur la médiocrité du microcosme parisien et ceux qui aspirent à en faire partie sont toujours d'actualité. Bien sûr la lecture est parfois aride avec des scènes un peu redondantes et un texte envahissant le cadre. Mais le personnage de Jérôme en petit bourge coincé aspirant faucon pour finir comme un vrai con reste un must de l'observation drôle et acide de la bêtise humaine de notre société moderne.
La couverture résume très bien le graphisme de Lauzier. Une foule de visages aux expressions forcées qui s'agglutinent au milieu de nulle part. Pas d'extérieur, pas d'action, des couleurs vives et sans nuances ce qui nous colle à la lecture. Le monde de Lauzier reste délicieusement détestable avec ces beaufs et ces vamps qui s'amusent du naïf ridicule.
Une lecture qui développe une belle intelligence de l'observation et qui n'a pas tant vieilli.
Un récit post-apocalyptique dans un monde ravagé par une étrange maladie qui force les humains à dormir beaucoup plus que la normale, bouleversant toute l'organisation de la civilisation. Les anciennes capitales sont devenues des cités-états repliées sur elles-mêmes, protégées par des murailles. Juliette y officie comme mercenaire au service des autorités, chargée de défendre la ville contre les trolls, un groupe religieux radical opposé aux avancées scientifiques et à toute tentative de traitement. Mais lors d'une mission, elle croise un scientifique qui pourrait bien avoir trouvé un remède... et peut-être sauver sa fille.
Ce récit d'anticipation et d'action fonctionne plutôt bien. Le cadre reste classique, mais certaines idées sortent du lot, comme cette épidémie nommée Morpheus et ses conséquences sur l'humanité. L'univers est aussi peuplé de nombreux robots, bien intégrés au récit et parfois développés comme de vrais personnages. Le dessin est propre et professionnel. L'intrigue suit les codes habituels du genre : une fuite, un enfant à protéger, un scientifique porteur d'espoir, des poursuivants violents, et la menace constante que tout échoue à cause de la stupidité humaine. La fin, heureusement, évite le drame attendu, même si elle manque de relief.
Au final, une BD divertissante, bien construite, relativement bien rythmée et avec deux ou trois bonnes idées, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.
Dans une petite chaumière vivent un père et sa fille, isolés sur une île plongée dans un hiver sans fin. Une malédiction empêche la fillette de quitter les lieux sans provoquer de violentes tempêtes. Mais quand le père, parti en mer, tarde à revenir, elle s'inquiète et part à sa recherche dans la forêt enneigée. En chemin, elle croise un loup blanc, bien moins effrayant qu'elle ne l'imaginait, et dont la présence la mènera jusqu'au coeur de l'île.
L'ensemble prend la forme d'un conte accessible à tous, avec une ambiance et des visuels légèrement inspirés du Japon. Le dessin est charmant, et le travail sur les couleurs particulièrement soigné.
Malgré cela, l'histoire donne une impression de déjà-vu. En plus de rappeler D'Ambre et de Feu, des mêmes autrices et dans le même univers, elle évoque aussi La Princesse d'Hazelwood et d'autres récits du même genre où une jeune héroïne doit s'éloigner d'un parent protecteur pour mieux se découvrir.
J'ai aussi été gêné par un certain excès de lyrisme : les dialogues, un peu trop travaillés, manquent parfois de naturel. Les échanges entre la fillette et les animaux bienveillants qui l'accompagnent sonnent faux. Il y a quelque chose dans leurs comportements qui semble forcé, comme si seuls les auteurs savaient vraiment ce qu'ils voulaient exprimer, au détriment de la spontanéité.
Je n'ai donc pas été particulièrement emballé par l'ensemble. Heureusement, la fin relève un peu le niveau : la révélation sur la véritable nature des personnages m'a paru bien trouvée.
Note : 2,5/5
Un documentaire qui présente Chamesddine Marzoug, bénévole au croissant rouge. Un pêcheur d'une cinquantaine d'années, il vit à Zarzis une ville au sud de la Tunisie, il offre de son temps et de son argent pour offrir une tombe aux migrants anonymes qui ont péri lors de la traversée de la mer méditerranée. Laurent Galandon a vécu quinze jours auprès de Chamesddine pour découvrir la réalité de son quotidien "d'ange gardien des migrants".
Je vais commencer par le titre de l'album, une phrase/expression que je ne connaissais pas et dont je ne comprenais pas la signification, jusqu'à ce qu'elle prenne tout son sens en refermant la BD. Et je ne peux qu'être en admiration devant autant d'altruisme et d'humanité.
La vie en Tunisie n'est pas facile, et la révolution du jasmin n'a pas amélioré les choses. De nombreux tunisiens ne rêvent que d'Europe, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir immigrer, de nombreux migrants venus d'autres pays africains veulent faire de même. Laurent Galandon fait un parallèle tout en finesse avec l'Ukraine et le choix européen du "deux poids deux mesures".
Un album qui ne peut laisser insensible, il est facile de pouvoir s'identifier aux nombreux personnages au travers leurs vies personnelles, en particulier à Abdoulaye, un petit garçon échoué sur la plage, à la recherche de sa maman.
Un constat brutal et émouvant sur une triste réalité.
J'ai eu du mal à apprivoiser la partie graphique en début de lecture, un style qui ne me convient pas. Mais j'ai fini par l'adopter et la jolie mise en couleur y est pour beaucoup.
Un album qui se termine par une galerie de photos prises à Zarzis par Laurent Galandon.
Lecture recommandée.
Note réelle : 3,5.
"La misère de la France est un paradis pour nous".
J’ai le même ressenti que gruizzli après lecture de cet album (une lecture sympathique, et un travail graphique qui m’a parfois paru hésitant et en tout cas assez fluide).
C’est une histoire qui use de plusieurs thématiques, que ce soit en gros plan (le mal être d’un adolescent) et dans les plans plus éloignés (une famille problématique – avec surtout un père gros connard et lâche – les conséquences de la guerre du Vietnam et l’euphorie autour de la première mission habitée sur la lune comme arrière-plan général).
Il y a une bonne alternance entre épisodes où le mal-être domine (le héros mal dans sa peau, se cherchant, le frère rentrant mutilé du Vietnam, les relations familiales tendues, la maladie de la copine du héros, etc.) et ceux plus positifs (le héros trouvant des amis/alliés, se cultivant, exprimant son talent et cherchant à reconstituer le livre illustré d’Audubon, et le final en forme d’happy-end généralisé).
Mais, si l’histoire se laisse lire (le personnage de Doug, le héros, est bien « construit », la façon dont il se transforme et prend son destin en main est intéressante), je l’aurais sans doute davantage appréciée avec un dessin plus à mon goût. Je n’ai pas été séduit par le trait fragile, presque maladroit (très lisible quand même !).
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Abyss
C’est une histoire qui se déroule dans un lieu indéfini. Ou plutôt dans un enfer difficile à localiser. Situé le long du Styx (ce qui le relierait au monde grec antique, Charon est aussi évoqué en fin d’album), avec des décors et des ruines grandioses qui ont, elles, des allures plutôt médiévales. Nous visitons cet espace en suivant l’héroïne, Héloïse (ici accompagné du seul autre personnage identifié, Hector), comme Dante usait de Virgile comme guide dans sa Divine Comédie. Pour le moment l’intrigue garde une grande part de mystère, je ne sais pas trop où Snö (auteur que je découvre ici) veut nous amener, à la suite d’Héloïse, sa mission n’étant pas très claire. La colorisation très sombre, les décors crépusculaires des ruines infernales (certaines cases m’ont fait penser à ce que Bec a pu représenter dans Sanctuaire), les monstres hideux et mystérieux qui hantent ces paysages désolés, tout relève davantage du fantastique que de la Fantasy, quand bien même elle serait « dark » (c’est en tout cas dans cette catégorie que j’aurais classé la série – sous réserve des développement ultérieurs). C’est un tome introductif plutôt taiseux, qui se laisse lire. Mais j’attends la suite pour me faire une idée précise. Dans tous les sens du terme, il y a encore trop de zones d’ombre.
Mères anonymes
J'avais bien aimé la suite de cette série sur les nouveaux pères. Malheureusement je me suis senti bien moins impliqué dans la lecture proposée par les autrices. Pourtant la thématique de la parentalité est un sujet qui me touche beaucoup mais je suis resté extérieur à nombre des thématiques exposées. Gwendoline Raisson utilise pourtant un angle d'attaque intéressant en soulignant que la maternité n'est pas toujours ( souvent ?) un long fleuve tranquille. Même si l'autrice balaye de nombreux sujets j 'ai trouvé le schéma répétitif. L'humour est présent via le graphisme de Magali Le Huche ( que j'apprécie beaucoup) mais là encore j'ai à peine souri. Personnellement je le vois comme un rendez-vous manqué. Je reste sur la même note mais ici c'est un petit 3
L'Année fantôme
Un autre one-shot de Tronchet sympathique à lire à défaut d'être extraordinaire. L'album peut se diviser en deux parties, l'une qui montre la vie quotidienne de notre anti-héros humoriste et la deuxième où il va faire une quête pour découvrir un secret de famille. C'est pas mal même si j'ai trouvé qu'il y avait un peu des longueurs. On retrouve des thèmes chers à l'auteur comme le fait d'être angoissé à l'idée de se retrouver à une réunion de famille ou dans une soirée mondaine et aussi la gène lorsqu'on fait un bide en public. J'ai bien aimé aussi comment l'humoriste analyse l'humour et ce qui fait ce qui est drôle ou non. Pour moi ce sont les meilleurs moments de l'album avec l'incident qui va faire en sorte que notre humoriste sur de lui va finir par perdre tout confiance en lui-même. J'ai un peu moins aimé lorsque l''humoriste va se lancer dans une quête pour savoir ce qui lui est arrivé dans son enfance lors d'une année dont il ne se souvient pas. Le scénario devient un peu plus convenu, les recherches sont quand même un peu trop faciles à mon gout et aussi les scènes émouvantes ne m'ont pas trop touché. Cette partie se laisse lire, mais elle fait en sorte que je ne mets pas cet album parmi les meilleurs de Tronchet alors que j'aime bien la première partie.
Carnets intimes
Un album qui s'adresse avant tout aux fans de Tronchet, les autres vont voir un intérêt limité dans cet album. La partie rédactionnelle est vraiment bien faite avec Tronchet qui raconte sa vie et balance des anecdotes savoureuses. La partie BD est un peu moins bien, en partie parce que l'auteur va jusqu'à montrer des œuvres qu'il a fait enfant ! Ça a tout de même prit une bonne vingtaine de pages avant de trouver du contenu BD intéressant, une grande partie étant des illustrations de Raymond Calbuth ou de Jean-Claude Tergal, les deux personnages cultes de l'auteur. En dehors de ça, il y a l'histoire avec un auteur qui va à Fluide Glacial avec sa maman que je trouve un peu touchante et les gags en bonus avec un patron et un ouvrier qui m'ont fait sourire et qui possèdent l'humour un peu con qu'on retrouve dans certaines séries de Tronchet. Donc voilà un album dont une bonne partie des bds m'ont tout de même paru au mieux moyenne. Un autre truc que je n'ai pas trop aimé c'est qu’on n’a pas de dates de publications. C'est clair qu'une bonne partie du matériel est paru dans Fluide Glacial, mais on ne sait pas quand !
Fileuses de soie
Un album sur les usines-couvents au début du XXe siècle, on va y découvrir l'industrie de la soie dans la Drôme provençale. Le contexte historique est bien retranscrit, même si j'aurais aimé en savoir beaucoup plus sur cette activité qui a depuis périclité en France. Un récit très classique avec d'un côté les patrons et de l'autre le monde ouvrier, avec en toile de fond une romance entre le fils cadet du patron qui revient de prison (pour couvrir l'aîné), et Henriette une de ces jeunes filles exploitées par la famille Bouscaret. Des personnages stéréotypés mais sympathiques. Une bonne critique de la société de ce début de XXe siècle, malgré son côté un peu caricatural. Une lecture instructive. Le dessin et les couleurs sont agréables à regarder. J'ai particulièrement apprécié les décors, un peu moins les personnages. Une scénographie très basique. Une lecture recommandable.
La Course du rat
C'est avec plaisir et délice que je me suis replongé dans ce classique de Lauzier plusieurs décennies après mes premières lectures dans les allées de la Fnac. Bien sûr l'ambiance des années 70/80 a évolué mais je trouve que les réflexions au scalpel de l'auteur sur la médiocrité du microcosme parisien et ceux qui aspirent à en faire partie sont toujours d'actualité. Bien sûr la lecture est parfois aride avec des scènes un peu redondantes et un texte envahissant le cadre. Mais le personnage de Jérôme en petit bourge coincé aspirant faucon pour finir comme un vrai con reste un must de l'observation drôle et acide de la bêtise humaine de notre société moderne. La couverture résume très bien le graphisme de Lauzier. Une foule de visages aux expressions forcées qui s'agglutinent au milieu de nulle part. Pas d'extérieur, pas d'action, des couleurs vives et sans nuances ce qui nous colle à la lecture. Le monde de Lauzier reste délicieusement détestable avec ces beaufs et ces vamps qui s'amusent du naïf ridicule. Une lecture qui développe une belle intelligence de l'observation et qui n'a pas tant vieilli.
Morpheus
Un récit post-apocalyptique dans un monde ravagé par une étrange maladie qui force les humains à dormir beaucoup plus que la normale, bouleversant toute l'organisation de la civilisation. Les anciennes capitales sont devenues des cités-états repliées sur elles-mêmes, protégées par des murailles. Juliette y officie comme mercenaire au service des autorités, chargée de défendre la ville contre les trolls, un groupe religieux radical opposé aux avancées scientifiques et à toute tentative de traitement. Mais lors d'une mission, elle croise un scientifique qui pourrait bien avoir trouvé un remède... et peut-être sauver sa fille. Ce récit d'anticipation et d'action fonctionne plutôt bien. Le cadre reste classique, mais certaines idées sortent du lot, comme cette épidémie nommée Morpheus et ses conséquences sur l'humanité. L'univers est aussi peuplé de nombreux robots, bien intégrés au récit et parfois développés comme de vrais personnages. Le dessin est propre et professionnel. L'intrigue suit les codes habituels du genre : une fuite, un enfant à protéger, un scientifique porteur d'espoir, des poursuivants violents, et la menace constante que tout échoue à cause de la stupidité humaine. La fin, heureusement, évite le drame attendu, même si elle manque de relief. Au final, une BD divertissante, bien construite, relativement bien rythmée et avec deux ou trois bonnes idées, mais qui ne laisse pas un souvenir impérissable.
Entre Neige et Loup
Dans une petite chaumière vivent un père et sa fille, isolés sur une île plongée dans un hiver sans fin. Une malédiction empêche la fillette de quitter les lieux sans provoquer de violentes tempêtes. Mais quand le père, parti en mer, tarde à revenir, elle s'inquiète et part à sa recherche dans la forêt enneigée. En chemin, elle croise un loup blanc, bien moins effrayant qu'elle ne l'imaginait, et dont la présence la mènera jusqu'au coeur de l'île. L'ensemble prend la forme d'un conte accessible à tous, avec une ambiance et des visuels légèrement inspirés du Japon. Le dessin est charmant, et le travail sur les couleurs particulièrement soigné. Malgré cela, l'histoire donne une impression de déjà-vu. En plus de rappeler D'Ambre et de Feu, des mêmes autrices et dans le même univers, elle évoque aussi La Princesse d'Hazelwood et d'autres récits du même genre où une jeune héroïne doit s'éloigner d'un parent protecteur pour mieux se découvrir. J'ai aussi été gêné par un certain excès de lyrisme : les dialogues, un peu trop travaillés, manquent parfois de naturel. Les échanges entre la fillette et les animaux bienveillants qui l'accompagnent sonnent faux. Il y a quelque chose dans leurs comportements qui semble forcé, comme si seuls les auteurs savaient vraiment ce qu'ils voulaient exprimer, au détriment de la spontanéité. Je n'ai donc pas été particulièrement emballé par l'ensemble. Heureusement, la fin relève un peu le niveau : la révélation sur la véritable nature des personnages m'a paru bien trouvée. Note : 2,5/5
Le Dernier Costume n'a pas de poche
Un documentaire qui présente Chamesddine Marzoug, bénévole au croissant rouge. Un pêcheur d'une cinquantaine d'années, il vit à Zarzis une ville au sud de la Tunisie, il offre de son temps et de son argent pour offrir une tombe aux migrants anonymes qui ont péri lors de la traversée de la mer méditerranée. Laurent Galandon a vécu quinze jours auprès de Chamesddine pour découvrir la réalité de son quotidien "d'ange gardien des migrants". Je vais commencer par le titre de l'album, une phrase/expression que je ne connaissais pas et dont je ne comprenais pas la signification, jusqu'à ce qu'elle prenne tout son sens en refermant la BD. Et je ne peux qu'être en admiration devant autant d'altruisme et d'humanité. La vie en Tunisie n'est pas facile, et la révolution du jasmin n'a pas amélioré les choses. De nombreux tunisiens ne rêvent que d'Europe, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir immigrer, de nombreux migrants venus d'autres pays africains veulent faire de même. Laurent Galandon fait un parallèle tout en finesse avec l'Ukraine et le choix européen du "deux poids deux mesures". Un album qui ne peut laisser insensible, il est facile de pouvoir s'identifier aux nombreux personnages au travers leurs vies personnelles, en particulier à Abdoulaye, un petit garçon échoué sur la plage, à la recherche de sa maman. Un constat brutal et émouvant sur une triste réalité. J'ai eu du mal à apprivoiser la partie graphique en début de lecture, un style qui ne me convient pas. Mais j'ai fini par l'adopter et la jolie mise en couleur y est pour beaucoup. Un album qui se termine par une galerie de photos prises à Zarzis par Laurent Galandon. Lecture recommandée. Note réelle : 3,5. "La misère de la France est un paradis pour nous".
Jusqu'ici tout va bien (Pitz)
J’ai le même ressenti que gruizzli après lecture de cet album (une lecture sympathique, et un travail graphique qui m’a parfois paru hésitant et en tout cas assez fluide). C’est une histoire qui use de plusieurs thématiques, que ce soit en gros plan (le mal être d’un adolescent) et dans les plans plus éloignés (une famille problématique – avec surtout un père gros connard et lâche – les conséquences de la guerre du Vietnam et l’euphorie autour de la première mission habitée sur la lune comme arrière-plan général). Il y a une bonne alternance entre épisodes où le mal-être domine (le héros mal dans sa peau, se cherchant, le frère rentrant mutilé du Vietnam, les relations familiales tendues, la maladie de la copine du héros, etc.) et ceux plus positifs (le héros trouvant des amis/alliés, se cultivant, exprimant son talent et cherchant à reconstituer le livre illustré d’Audubon, et le final en forme d’happy-end généralisé). Mais, si l’histoire se laisse lire (le personnage de Doug, le héros, est bien « construit », la façon dont il se transforme et prend son destin en main est intéressante), je l’aurais sans doute davantage appréciée avec un dessin plus à mon goût. Je n’ai pas été séduit par le trait fragile, presque maladroit (très lisible quand même !).