Je n'ai pas totalement été convaincu par cette série primée à Angoulême. Pourtant je lui reconnais un grand nombre de qualités mais je suis resté en dehors de l'ambiance proposée par Alfred.
Le scénario part comme un road movie classique. Deux frères ennemis qui se retrouvent pour effectuer un long chemin de rédemption ou de réconciliation à travers des rencontres, des luttes physiques ou psychologiques et des accidents de route. Tous les codes du genre sont bien là. L'originalité d'Alfred est de nous mener par le bout du nez là où on ne s'attend pas à arriver.
Alfred s'approprie la pensée qui dit que le chemin compte beaucoup plus que le but. Ainsi je trouve que cela est très bien construit avec cette opposition entre un passé ambigu, figé sur des photographies et un présent aléatoire, brutal mais dynamique et porteur de renouveau.
Le graphisme participe à cette narration un peu chaotique mais que l'on suit vaille que vaille à travers les sinuosités du parcours de Fabio et Giovanni. Un dessin économe qui garde son élégance de mouvements tout en nous proposant des épisodes graphiques bien différents.
La mise en couleur qui alterne les tons chauds du Sud et les ambiances bleutées froides participe à ce puzzle qu'Alfred nous demande de reconstituer au delà des apparences.
J'y ai vu une série très bien travaillée avec pas mal d'originalité mais ce rapport familial entre les deux frères m'a laissé assez indifférent au niveau des émotions.
Au travers de la généalogie d'une famille qui s'étale sur plus de deux siècles, ce livre présente un certain nombre de notions d'économie, ainsi que le contexte économique de chaque époque et société montrées.
Entre l'avant révolution française, la révolution, les deux guerres mondiales, 1968 et l'après 2010, entre la France et ses colonies et les Etats-Unis, entre les riches rentiers et le peuple laborieux, le panorama parcouru est vaste.
On y verra donc différents points de vue, ainsi que leurs motivations. Motivations qui sous leurs aspect politique ou moral seront impitoyablement ramenées à une considération économique. Le tout passe facilement grâce à la mise en avant des destins des membres de cette famille, même si parfois la narration "triviale" prend le pas sur les notions plus fondamentales.
Le dernier chapitre sort complètement de l'approche historique et de la présentation des concepts économiques pour faire part de propositions pour un socialisme participatif du XXIème siècle (sic), et il m'a laissé plus que dubitatif. Après il a le mérite de sortir du cadre libéraliste qu'on veut nous faire croire comme étant naturel et incontournable.
Je ne sais pas trop ce que j'en espérais - sans doute un équivalent pour l'économie de Le Monde sans fin - mais je reste allergique au domaine économique, avec l'impression désagréable d'apprentis sorciers qui pensent avoir de bonnes idées et qui en fait sont juste de belles c#nneries qui virent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire à un dogmatisme bête et méchant, avec des conséquences dramatiques sur des populations entières.
Du coup, même si je suis content d'avoir lu ce livre, même s'il présente assez clairement les contexte et leurs motivations économiques sous-jacentes, j'ai quand même du mal à raccrocher tous les wagons.
Dessin et mise en page sont quant à eux très clairs, et aèrent agréablement un sujet qui pourrait facilement être aride.
Cet album demande à être relu, mais en ce qui me concerne ça ne sera pas tout de suite.
Note réelle : 3,5 / 5.
Un space-opéra de plus de chez Sol.. Le Lombard ! Et c'est bien toute l'originalité de cette aventure menée tambour battant par le très expérimenté Crisse. On reconnait vite les codes du genre, à savoir les girls et toute la plastique qui va avec, une course poursuite, des mafieux, un sage, des pouvoirs, des planètes et des vaisseaux hyper design. Un cadrage et une dynamique de l'auteur maîtrise bien, beaucoup de dialogues pour nous en rajouter par ci par là mais que voulez-vous Crisse fait le job de nous accrocher et on se laisse porter par le divertissement. Bref un bon moment, qui ne révolutionne rien, avec une pate graphique agréable. Du travail grand public toujours aussi prenant à lire. Crisse fait le job une nouvelle fois.
Après Si ça sonne, ça saigne !, que j’ai lu récemment, j’enchaîne avec un autre recueil de Violeff, qui en est assez proche sur le fond et sur la forme.
C’est un recueil d’histoires courtes, du polar populaire pure souche, que ce soit dans les personnages, les décors et les dialogues.
Comme souvent Violeff lorgne sur Léo Malet, en tout cas Burma, ses décors urbains, ses dialogues surchargés de langage familier et argotique, sa volonté d’enchainer les « bons mots » (voir déjà les titres des histoires dans la fiche de l’album).
Disons que ça se laisse lire. Mais que si j’aime bien ces polars populaires à la Malet (ou Pécherot, pour prendre un auteur plus « récent »), ça tourne ici parfois au procédé, certains dialogues sont un peu lourdingues, l’humour censé les faire passer n’est pas assez au rendez-vous.
Un recueil inégal, pas désagréable (même si j’ai toujours du mal avec le visage que Violeff donne à son héros), mais que j’ai trouvé un peu moins bon que l’album que j’avais lu précédemment.
Note réelle 2,5/5.
Huber est un éditeur intéressant, qui a le mérite de faire connaitre en France des œuvres américaines singulières, souvent issues (comme c’est le cas ici) du beau catalogue de Fantagraphics.
Je découvre donc avec cet album cet auteur, et c’est encore une fois une bonne pioche.
Entièrement muette, cette histoire est d’une lecture rapide, fluide et agréable.
Trois jeunes gens se lancent à la découverte d’un immense manoir, perdu au milieu d’une forêt, abandonné, délabré, aux recoins multiples (une immensité qui s’étend en hauteur – et en profondeur, les « visiteurs » nous faisant aussi deviner des lieux inondés).
Le début fait penser à une virée urbex puis, peu à peu, au fur et à mesure qu’ils se perdent dans les méandres et le labyrinthe de ce manoir, l’angoisse prend le dessus, les accidents se succèdent, ils se perdent (dans tous les sens du terme d’ailleurs), et l’ambiance est de plus en plus sombre.
Tout ceci est accompagné, accentué par le dessin (en Noir et Blanc), l’obscurité prenant elle aussi peu à peu le pas, jusqu’à ce que le noir ait complètement chassé toute trace de lumière – et d’espoir de s’en sortir.
Aucune explication sur la présence de ce manoir en ce lieu, sur celle de ces jeunes dans ce même lieu, et sur ce qu’il adviendra ensuite de tout ça. On a juste le plaisir (car la lecture est plaisante) de suivre une aventure mystérieuse, bien dessinée et mise en forme. Une lecture très rapide, mais recommandée.
C’est le troisième opus de l’univers des Contes de la Pieuvre que je lis. C’est toujours plein de qualités, mais c’est sans aucun doute celui dont la lecture a été la moins aisée.
L’intrigue est très dense – comme souvent – mais peut-être un peu trop ici, je ne sais pas.
Par contre, je trouve encore une fois que le dessin de Gess est vraiment très bon, comme j’aime beaucoup sa colorisation.
Et, revers cette fois-ci agréable de la médaille, si l’histoire m’est apparu un rien trop touffue, je dois encore reconnaitre à Gess un gros travail de recherche, pour restituer le Paris de la fin du XIXème siècle.
Son récit, mêlant polar, fantastique et reconstitution historique est encore très ambitieux. Peut-être trop ?
Bon, ça reste quand même une lecture intéressante. Mais j’ai été plus accroché par les deux autres albums, par lesquels je vous conseille d’entrer dans cet univers si particulier et riche.
Voila une BD plaisante qui ne m'intéresse pourtant pas plus que ça. Je suis bien en peine d'expliquer exactement pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il manque un petit truc à cette BD, une sorte de creux dans tout le scénario qui permettrait de finir l'histoire de manière satisfaisante. Là, en substance, je suis plutôt sur ma faim.
Je sais que c'est une adaptation de film, que je serais intéressé de voir maintenant, elle-même adaptation d'un roman. Et je me demande si quelque chose n'a pas été enlevé de l'ensemble au cours de l'adaptation, car le tout me semble un brin trop rapide. Il y a quelques moments, notamment au niveau des liens sociaux entre les différents personnages, qui me donne une impression de trop rapide. C'est un sentiment dont je n'ai pas pu me départir tout au long du roman.
Pour le reste, c'est une BD qui retranscrit à merveille l'atmosphère caniculaire d'un été chaud, durant lequel se noue des drames dans la chaleur. C'est prenant dans l'ensemble et j'aime bien la façon dont sont décrits des personnages aussi divers. Les gueules ne sont pas courantes, ça fait du bien de voir des zonards ou des paysans péquenot. L'ensemble pue la réalité triste.
Donc voila, un album que j'ai apprécié lire mais que je ne pense pas prendre pour moi. Il manque un truc, ou alors je suis passé à côté de quelque chose. C'est plaisant mais pas beaucoup plus, malheureusement.
Je trouve que cette série part sur les chapeaux de roues. L'idée est originale et très bien exploitée grâce à un graphisme haut de gamme, une mise en couleur flamboyante comme l'été des Indiens et surtout une adaptation des dialogues en québécois de Jimmy Beaulieu époustouflante.
Pendant quatre tomes j'ai vraiment jubilé à la découverte de ces vies simples et dures qui se plient au rythme des saisons et des rudes travaux nécessaires à la survie de tous. Les caractères sont bien travaillés avec beaucoup de finesse, de crédibilité et de multiples trouvailles originales (le restaurant, l'accouchement, la division hommes/femmes). Au rythme des petits riens on découvre les replis cachés des âmes de Marie, Serge et Réjean qui vont être les trois catalyseurs du changement.
Gaëtan apporte un effet comique et tendre, la petite tension dramatique est bien présente et puis tout change avec le départ de Marie dans la grande ville.
J’ai eu l'impression que les auteurs ont dû faire face à un tel succès que de 3 albums prévus, il a fallu fournir de la matière pour 9. Evidemment seul le déroulé de l'histoire pouvait apporter de quoi subvenir à l'excellence du graphisme et de la poésie du parler déjà en place
À partir de ce moment j'ai l'impression de changer de lecture. D'une originale chronique villageoise, je me retrouve avec un conte utopique façon village de Schtroumpfs à tendance anar puisque l'on a droit à une version Ni Maître (le maire) Ni Dieu (le simili curé) pour respecter l'ordre du récit. Même Gargamel quitte sa robe/soutane noire pour s'enivrer de ce parfum de bonheur et de volupté.
La réalité des travaux, des saisons ou des conventions sociales tendent à s'effacer au profil d'un bonheur rythmé par une société de plaisir avide de Charleston et de nouvelles robes. Bof bof la lecture des derniers tomes m'a ennuyé au possible et je ne regrette pas de ne pas avoir acheté la série.
Il ne manque que le célébrissime "Ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants" pour clore la dernière planche sans que je sache comment recevoir cette facétie.
Ma note reflète donc mon admiration pour les premiers tomes et l'ennui que j'ai eu à finir cette série.
Pourquoi ne suis-je pas rentré plus dans cette série ? Elle a pourtant un profil assez similaire à l'excellent Jonathan de Cosey que j'ai beaucoup apprécié.
J'ai lu plusieurs épisodes des deux époques et je trouve cela assez fade. Le héros Stéphane Clément est plutôt sympathique, en routard des 70's à travers des contrées d'Asie centrale où plus aucun occidental, même Suisse, ne met les pieds aujourd'hui.
Je fais une petite remarque en aparté pour les plus jeunes, mais cette image des jeunes occidentaux qui ont traversé leurs pays avec des jeunes femmes très dévêtues a participé de façon non négligeable aux discours des mollahs en Iran et Afghanistan.
Par ailleurs je trouve le scénario assez bancal. En effet, notre gentil Stéphane qui se promène avec son complexe du sauveur occidental, son passeport suisse et sa magnifique compagne blonde en terres d'Islam se trouve confronté à des forces bien trop puissantes pour lui.
Les Services intérieurs turcs, les trafiquants Afghans ou Indiens, les mafias Azeri ou Russes l'IS anglaise anti-IRA, n'avaient pas la réputation de prendre des gants avec les personnes embarrassantes qu'ils rencontraient.
Si les scénarii de Ceppi ont le mérite de vouloir proposer des problématiques intéressantes (pollution des sols, armes bactériologiques, trafic d'organes, bavure militaire, proxénétisme à grande échelle) je trouve que Clément n'a pas la stature pour y répondre de façon crédible.
Cela se conclut généralement par une grande mansuétude des services susdits ce qui affaiblit considérablement la tension dramatique des récits.
J'ai trouvé le graphisme et surtout la mise en couleur assez fades (surtout dans les premiers tomes). Alice change même de visage d'une case à l'autre, quant aux personnages secondaires, ils sont trop négligés à mon goût.
La mise en scène est classique et il me manque trop de grandes planches bien détaillées qui mettraient en valeur les paysages grandioses que traverse Clément.
Dans les villages je trouve aussi que les ambiances sont fades avec une faible participation des populations locales. Même l'épisode sur Belfast ne rend pas compte de la singularité de la ville. J'ai trouvé le "Chien de Fusil" de Lax bien plus intéressant dans cette thématique.
En conclusion cette série possède des atouts mais je trouve que le traitement passe à côté de quelque chose de bien meilleur. Cela reste une lecture pas désagréable pour changer d'air. 2.5
Cornette nous propose ici sa version personnelle de la conception du tableau de Velasquez « La Vénus au miroir ».
L’intrigue se passe en 1649, le peintre espagnol, mandaté par le roi d’Espagne, part pour l’Italie collecter des chefs d’œuvre pour les collections royale. Il y retrouve une région inspirante qu’il a connue vingt ans plus tôt, et va infléchir son œuvre vers plus de sensualité, en réalisant le fameux tableau.
Disons que ça se laisse lire, mais sans trop d’enthousiasme.
C’est avant tout le dessin de Matteo qui est intéressant. Classique, presque en retenu, il livre une belle version de cette fin de Renaissance italienne.
Par contre l’histoire de Cornette m’a un peu laissé sur ma faim. Le côté « visite guidée » n’est pas inintéressant, mais le rythme donné à cette histoire est trop lent, pépère – et le personnage de Flaminia (qui va devenir le modèle de la Vénus) peine à entretenir une certaine animation, avec son caractère enjoué et dynamique.
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Come Prima
Je n'ai pas totalement été convaincu par cette série primée à Angoulême. Pourtant je lui reconnais un grand nombre de qualités mais je suis resté en dehors de l'ambiance proposée par Alfred. Le scénario part comme un road movie classique. Deux frères ennemis qui se retrouvent pour effectuer un long chemin de rédemption ou de réconciliation à travers des rencontres, des luttes physiques ou psychologiques et des accidents de route. Tous les codes du genre sont bien là. L'originalité d'Alfred est de nous mener par le bout du nez là où on ne s'attend pas à arriver. Alfred s'approprie la pensée qui dit que le chemin compte beaucoup plus que le but. Ainsi je trouve que cela est très bien construit avec cette opposition entre un passé ambigu, figé sur des photographies et un présent aléatoire, brutal mais dynamique et porteur de renouveau. Le graphisme participe à cette narration un peu chaotique mais que l'on suit vaille que vaille à travers les sinuosités du parcours de Fabio et Giovanni. Un dessin économe qui garde son élégance de mouvements tout en nous proposant des épisodes graphiques bien différents. La mise en couleur qui alterne les tons chauds du Sud et les ambiances bleutées froides participe à ce puzzle qu'Alfred nous demande de reconstituer au delà des apparences. J'y ai vu une série très bien travaillée avec pas mal d'originalité mais ce rapport familial entre les deux frères m'a laissé assez indifférent au niveau des émotions.
Capital & Idéologie
Au travers de la généalogie d'une famille qui s'étale sur plus de deux siècles, ce livre présente un certain nombre de notions d'économie, ainsi que le contexte économique de chaque époque et société montrées. Entre l'avant révolution française, la révolution, les deux guerres mondiales, 1968 et l'après 2010, entre la France et ses colonies et les Etats-Unis, entre les riches rentiers et le peuple laborieux, le panorama parcouru est vaste. On y verra donc différents points de vue, ainsi que leurs motivations. Motivations qui sous leurs aspect politique ou moral seront impitoyablement ramenées à une considération économique. Le tout passe facilement grâce à la mise en avant des destins des membres de cette famille, même si parfois la narration "triviale" prend le pas sur les notions plus fondamentales. Le dernier chapitre sort complètement de l'approche historique et de la présentation des concepts économiques pour faire part de propositions pour un socialisme participatif du XXIème siècle (sic), et il m'a laissé plus que dubitatif. Après il a le mérite de sortir du cadre libéraliste qu'on veut nous faire croire comme étant naturel et incontournable. Je ne sais pas trop ce que j'en espérais - sans doute un équivalent pour l'économie de Le Monde sans fin - mais je reste allergique au domaine économique, avec l'impression désagréable d'apprentis sorciers qui pensent avoir de bonnes idées et qui en fait sont juste de belles c#nneries qui virent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire à un dogmatisme bête et méchant, avec des conséquences dramatiques sur des populations entières. Du coup, même si je suis content d'avoir lu ce livre, même s'il présente assez clairement les contexte et leurs motivations économiques sous-jacentes, j'ai quand même du mal à raccrocher tous les wagons. Dessin et mise en page sont quant à eux très clairs, et aèrent agréablement un sujet qui pourrait facilement être aride. Cet album demande à être relu, mais en ce qui me concerne ça ne sera pas tout de suite. Note réelle : 3,5 / 5.
Gunblast Girls
Un space-opéra de plus de chez Sol.. Le Lombard ! Et c'est bien toute l'originalité de cette aventure menée tambour battant par le très expérimenté Crisse. On reconnait vite les codes du genre, à savoir les girls et toute la plastique qui va avec, une course poursuite, des mafieux, un sage, des pouvoirs, des planètes et des vaisseaux hyper design. Un cadrage et une dynamique de l'auteur maîtrise bien, beaucoup de dialogues pour nous en rajouter par ci par là mais que voulez-vous Crisse fait le job de nous accrocher et on se laisse porter par le divertissement. Bref un bon moment, qui ne révolutionne rien, avec une pate graphique agréable. Du travail grand public toujours aussi prenant à lire. Crisse fait le job une nouvelle fois.
Coup sur coup
Après Si ça sonne, ça saigne !, que j’ai lu récemment, j’enchaîne avec un autre recueil de Violeff, qui en est assez proche sur le fond et sur la forme. C’est un recueil d’histoires courtes, du polar populaire pure souche, que ce soit dans les personnages, les décors et les dialogues. Comme souvent Violeff lorgne sur Léo Malet, en tout cas Burma, ses décors urbains, ses dialogues surchargés de langage familier et argotique, sa volonté d’enchainer les « bons mots » (voir déjà les titres des histoires dans la fiche de l’album). Disons que ça se laisse lire. Mais que si j’aime bien ces polars populaires à la Malet (ou Pécherot, pour prendre un auteur plus « récent »), ça tourne ici parfois au procédé, certains dialogues sont un peu lourdingues, l’humour censé les faire passer n’est pas assez au rendez-vous. Un recueil inégal, pas désagréable (même si j’ai toujours du mal avec le visage que Violeff donne à son héros), mais que j’ai trouvé un peu moins bon que l’album que j’avais lu précédemment. Note réelle 2,5/5.
Le Manoir
Huber est un éditeur intéressant, qui a le mérite de faire connaitre en France des œuvres américaines singulières, souvent issues (comme c’est le cas ici) du beau catalogue de Fantagraphics. Je découvre donc avec cet album cet auteur, et c’est encore une fois une bonne pioche. Entièrement muette, cette histoire est d’une lecture rapide, fluide et agréable. Trois jeunes gens se lancent à la découverte d’un immense manoir, perdu au milieu d’une forêt, abandonné, délabré, aux recoins multiples (une immensité qui s’étend en hauteur – et en profondeur, les « visiteurs » nous faisant aussi deviner des lieux inondés). Le début fait penser à une virée urbex puis, peu à peu, au fur et à mesure qu’ils se perdent dans les méandres et le labyrinthe de ce manoir, l’angoisse prend le dessus, les accidents se succèdent, ils se perdent (dans tous les sens du terme d’ailleurs), et l’ambiance est de plus en plus sombre. Tout ceci est accompagné, accentué par le dessin (en Noir et Blanc), l’obscurité prenant elle aussi peu à peu le pas, jusqu’à ce que le noir ait complètement chassé toute trace de lumière – et d’espoir de s’en sortir. Aucune explication sur la présence de ce manoir en ce lieu, sur celle de ces jeunes dans ce même lieu, et sur ce qu’il adviendra ensuite de tout ça. On a juste le plaisir (car la lecture est plaisante) de suivre une aventure mystérieuse, bien dessinée et mise en forme. Une lecture très rapide, mais recommandée.
Un destin de trouveur
C’est le troisième opus de l’univers des Contes de la Pieuvre que je lis. C’est toujours plein de qualités, mais c’est sans aucun doute celui dont la lecture a été la moins aisée. L’intrigue est très dense – comme souvent – mais peut-être un peu trop ici, je ne sais pas. Par contre, je trouve encore une fois que le dessin de Gess est vraiment très bon, comme j’aime beaucoup sa colorisation. Et, revers cette fois-ci agréable de la médaille, si l’histoire m’est apparu un rien trop touffue, je dois encore reconnaitre à Gess un gros travail de recherche, pour restituer le Paris de la fin du XIXème siècle. Son récit, mêlant polar, fantastique et reconstitution historique est encore très ambitieux. Peut-être trop ? Bon, ça reste quand même une lecture intéressante. Mais j’ai été plus accroché par les deux autres albums, par lesquels je vous conseille d’entrer dans cet univers si particulier et riche.
L'Été en pente douce
Voila une BD plaisante qui ne m'intéresse pourtant pas plus que ça. Je suis bien en peine d'expliquer exactement pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il manque un petit truc à cette BD, une sorte de creux dans tout le scénario qui permettrait de finir l'histoire de manière satisfaisante. Là, en substance, je suis plutôt sur ma faim. Je sais que c'est une adaptation de film, que je serais intéressé de voir maintenant, elle-même adaptation d'un roman. Et je me demande si quelque chose n'a pas été enlevé de l'ensemble au cours de l'adaptation, car le tout me semble un brin trop rapide. Il y a quelques moments, notamment au niveau des liens sociaux entre les différents personnages, qui me donne une impression de trop rapide. C'est un sentiment dont je n'ai pas pu me départir tout au long du roman. Pour le reste, c'est une BD qui retranscrit à merveille l'atmosphère caniculaire d'un été chaud, durant lequel se noue des drames dans la chaleur. C'est prenant dans l'ensemble et j'aime bien la façon dont sont décrits des personnages aussi divers. Les gueules ne sont pas courantes, ça fait du bien de voir des zonards ou des paysans péquenot. L'ensemble pue la réalité triste. Donc voila, un album que j'ai apprécié lire mais que je ne pense pas prendre pour moi. Il manque un truc, ou alors je suis passé à côté de quelque chose. C'est plaisant mais pas beaucoup plus, malheureusement.
Magasin général
Je trouve que cette série part sur les chapeaux de roues. L'idée est originale et très bien exploitée grâce à un graphisme haut de gamme, une mise en couleur flamboyante comme l'été des Indiens et surtout une adaptation des dialogues en québécois de Jimmy Beaulieu époustouflante. Pendant quatre tomes j'ai vraiment jubilé à la découverte de ces vies simples et dures qui se plient au rythme des saisons et des rudes travaux nécessaires à la survie de tous. Les caractères sont bien travaillés avec beaucoup de finesse, de crédibilité et de multiples trouvailles originales (le restaurant, l'accouchement, la division hommes/femmes). Au rythme des petits riens on découvre les replis cachés des âmes de Marie, Serge et Réjean qui vont être les trois catalyseurs du changement. Gaëtan apporte un effet comique et tendre, la petite tension dramatique est bien présente et puis tout change avec le départ de Marie dans la grande ville. J’ai eu l'impression que les auteurs ont dû faire face à un tel succès que de 3 albums prévus, il a fallu fournir de la matière pour 9. Evidemment seul le déroulé de l'histoire pouvait apporter de quoi subvenir à l'excellence du graphisme et de la poésie du parler déjà en place À partir de ce moment j'ai l'impression de changer de lecture. D'une originale chronique villageoise, je me retrouve avec un conte utopique façon village de Schtroumpfs à tendance anar puisque l'on a droit à une version Ni Maître (le maire) Ni Dieu (le simili curé) pour respecter l'ordre du récit. Même Gargamel quitte sa robe/soutane noire pour s'enivrer de ce parfum de bonheur et de volupté. La réalité des travaux, des saisons ou des conventions sociales tendent à s'effacer au profil d'un bonheur rythmé par une société de plaisir avide de Charleston et de nouvelles robes. Bof bof la lecture des derniers tomes m'a ennuyé au possible et je ne regrette pas de ne pas avoir acheté la série. Il ne manque que le célébrissime "Ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants" pour clore la dernière planche sans que je sache comment recevoir cette facétie. Ma note reflète donc mon admiration pour les premiers tomes et l'ennui que j'ai eu à finir cette série.
Stéphane Clément, chroniques d'un voyageur
Pourquoi ne suis-je pas rentré plus dans cette série ? Elle a pourtant un profil assez similaire à l'excellent Jonathan de Cosey que j'ai beaucoup apprécié. J'ai lu plusieurs épisodes des deux époques et je trouve cela assez fade. Le héros Stéphane Clément est plutôt sympathique, en routard des 70's à travers des contrées d'Asie centrale où plus aucun occidental, même Suisse, ne met les pieds aujourd'hui. Je fais une petite remarque en aparté pour les plus jeunes, mais cette image des jeunes occidentaux qui ont traversé leurs pays avec des jeunes femmes très dévêtues a participé de façon non négligeable aux discours des mollahs en Iran et Afghanistan. Par ailleurs je trouve le scénario assez bancal. En effet, notre gentil Stéphane qui se promène avec son complexe du sauveur occidental, son passeport suisse et sa magnifique compagne blonde en terres d'Islam se trouve confronté à des forces bien trop puissantes pour lui. Les Services intérieurs turcs, les trafiquants Afghans ou Indiens, les mafias Azeri ou Russes l'IS anglaise anti-IRA, n'avaient pas la réputation de prendre des gants avec les personnes embarrassantes qu'ils rencontraient. Si les scénarii de Ceppi ont le mérite de vouloir proposer des problématiques intéressantes (pollution des sols, armes bactériologiques, trafic d'organes, bavure militaire, proxénétisme à grande échelle) je trouve que Clément n'a pas la stature pour y répondre de façon crédible. Cela se conclut généralement par une grande mansuétude des services susdits ce qui affaiblit considérablement la tension dramatique des récits. J'ai trouvé le graphisme et surtout la mise en couleur assez fades (surtout dans les premiers tomes). Alice change même de visage d'une case à l'autre, quant aux personnages secondaires, ils sont trop négligés à mon goût. La mise en scène est classique et il me manque trop de grandes planches bien détaillées qui mettraient en valeur les paysages grandioses que traverse Clément. Dans les villages je trouve aussi que les ambiances sont fades avec une faible participation des populations locales. Même l'épisode sur Belfast ne rend pas compte de la singularité de la ville. J'ai trouvé le "Chien de Fusil" de Lax bien plus intéressant dans cette thématique. En conclusion cette série possède des atouts mais je trouve que le traitement passe à côté de quelque chose de bien meilleur. Cela reste une lecture pas désagréable pour changer d'air. 2.5
Vénus à son miroir
Cornette nous propose ici sa version personnelle de la conception du tableau de Velasquez « La Vénus au miroir ». L’intrigue se passe en 1649, le peintre espagnol, mandaté par le roi d’Espagne, part pour l’Italie collecter des chefs d’œuvre pour les collections royale. Il y retrouve une région inspirante qu’il a connue vingt ans plus tôt, et va infléchir son œuvre vers plus de sensualité, en réalisant le fameux tableau. Disons que ça se laisse lire, mais sans trop d’enthousiasme. C’est avant tout le dessin de Matteo qui est intéressant. Classique, presque en retenu, il livre une belle version de cette fin de Renaissance italienne. Par contre l’histoire de Cornette m’a un peu laissé sur ma faim. Le côté « visite guidée » n’est pas inintéressant, mais le rythme donné à cette histoire est trop lent, pépère – et le personnage de Flaminia (qui va devenir le modèle de la Vénus) peine à entretenir une certaine animation, avec son caractère enjoué et dynamique.