Les derniers avis (48356 avis)

Couverture de la série Le Prédicateur
Le Prédicateur

On a là un bon polar, carré, bien mené, avec une intrigue que j’ai trouvée plutôt classique, même si elle s’est révélée plus complexe que je ne le pensais au départ. L’entrée en matière est assez originale, puisque sur plusieurs pages tous les personnages se présentent, à la première personne, donnent les liens, d’amitié, de travail ou de famille, qui les unissent. Ça m’a un peu perdu pendant un temps (on doit tout assimiler d’un coup), mais au fur et à mesure que l’histoire et l’enquête prennent forme, ce procédé a pris sa valeur, les pièces du puzzle s’imbriquent plus facilement – même si, sur la fin, j’ai eu un peu de mal à les remettre en place, avec quelques rebondissements qui m’ont forcé à quelques retours en arrière pour bien avoir en tête certains liens familiaux. Une histoire bien construite donc, sans temps faibles (je ne connais pas le roman d’origine), mais aussi bien accompagnée au dessin par Léonie Bischoff – dans un style simple, efficace. Note réelle 3,5/5.

06/02/2023 (modifier)
Couverture de la série La Tragédie Brune
La Tragédie Brune

Thomas Cadène a souhaité rester fidèle au récit de Xavier de Hautecloque. C’est la force et la faiblesse de cet album. La faiblesse, car cela manque un peu de rythme, on suit notre bonhomme dans son reportage dans l’Allemagne de 1933, et peut-être aurait-il fallu ajouter quelques petits aspects « romancés » ? En fait je ne sais pas. Car la force vient aussi justement de ce reportage froid, quasi clinique de ce reporter écrivain français, qui porte sur la première année du régime d’Hitler un regard des plus lucides, et conclut son étude par un appel à la réaction qui restera on le sait inaudible – alors qu’il était alors temps de réagir et de stopper cette « tragédie brune ». Hautecloque avait l’année précédente visité l’Allemagne, c’est un germanophile qui y avait beaucoup d’amis. Le voir errer à Berlin sans que ceux-ci ne lui adressent la parole, bâillonnés ou déjà éliminés montre bien la rapide évolution du pays vers une dictature belliqueuse. Sa présentation des camps est des plus précises aussi. Hautecloque (personnage que je ne connaissais pas, n’associant son patronyme qu’à son futur illustre cousin) est mort peu après, empoisonné par les Nazis après un ultime voyage en Allemagne. Ce « lanceur d’alerte » a payé de sa vie sa volonté d’informer, alors même que ceux à qui il adressait ses informations se bouchaient les oreilles. Un album intéressant en tout cas, mis en images avec un dessin au trait gras, efficace – même si pas forcément mon truc. Note réelle 3,5/5.

06/02/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série Le Ventre de la Hyène
Le Ventre de la Hyène

Je suis beaucoup moins enthousiaste que les autres critiques face à ce volume, qui a d'indéniable qualités mais qui me semble aussi avoir quelques petits défauts que j'impute plus à ma propre expérience de lecture qu'a la BD en elle-même. Il s'agit d'une histoire de deux frères, africains mais sans que l'on sache de quel pays, et qui vont poursuivre tout au long du récit une haine qui les tiendra debout. Haine envers l'un, haine envers le monde, le récit parle de ce que ça peut être que de vivre et naitre dans une telle contrée. Le hic que j'ai, avec cette BD, c'est que le récit reste volontairement flou même si on peut situer vaguement le passage des protagonistes : Afrique sub-saharienne, Maghreb et ensuite Marseille. Seulement, l'Afrique sub-saharienne est immense, la diversité des pays et des paysages ainsi que des langues et des cultures me conduisent à penser ce récit comme un peu trop simple. J'aurais aimé que l'ancrage soit plus clair et précis, montrant que le récit est certes construit sur des personnages inventés mais dans des réalités concrètes. Là, je m'interroge sur la part de fantasme du récit et de cette Afrique de village très refermés qui se font envahir de mercenaires. Je n'ai aucun doute que ça existe, actuellement en Centrafrique, mais j'aurais aimé cet ancrage concret qu'il manque ici. Pour le reste, le récit est bon et permets de montrer plusieurs choses à la fois, dans le parcours de ces deux jeunes gens. Il y a de longs trajets tâchés de sang jusqu'à la ville Phocéenne, qui n'est pas le paradis promis. Le récit est violent mais pour une bonne cause. C'est avant tout un récit de vie, dans un endroit du monde où la guerre est malheureusement beaucoup trop présente. Le dessin renforce pas mal cet aspect, même si je l'ai parfois trouvé un poil inconsistant dans les visages. Mais c'est une représentation efficace qui arrive à ne jamais esthétiser la violence et aussi à rendre concret la folie que les hommes peuvent subir. En fin de compte, ma lecture m'a plu mais je suis moins friand de ce genre de récit qui ne s'ancre pas assez dans la réalité (pour moi) par rapport à des récits qui permettent de saisir la réalité d'une Afrique complexe, bien plus que le pense l'Europe qui le range sous le terme simplifié de "Afrique", ne distinguant ni langue, ni culture, ni ethnie, ni pays dans ce grand ensemble. Bref, ça me semble intéressant mais pas assez précis.

06/02/2023 (modifier)
Couverture de la série La Dernière Reine (Rochette)
La Dernière Reine (Rochette)

Cet album combine deux thématiques d’une manière assez étrange. D’une part, nous avons l’histoire d’une destinée ancestrale qui lie une famille humaine aux ours. Ceci nous est présenté via de nombreux flashbacks remontant à l’aube de l’humanité et nous allons ainsi retrouver à différentes époques une lignée d’humains aux cheveux roux dont le rôle semble être de protéger les ours. D’autre part, nous allons suivre l’histoire d’amour qui va naitre entre une « gueule cassée » et une artiste suite à la confection par cette dernière d’un masque qui permet au premier de cacher son visage atrocement mutilé dans les tranchées. Ce volet du récit nous ouvre les portes des milieux artistiques de l’après-guerre. On traine alors du côté du Lapin agile (célèbre café d’artistes et d’anarchistes de Montmartre) et on croise quelques personnages célèbres. Le trait d’union entre ces deux volets est personnifié par Edouard Roux, dernier représentant de la lignée de ces humains défenseurs des ours, et gueule cassée de 14-18 qui va découvrir le monde des arts grâce à Jeanne, son amour. Si j’ai lu cette histoire avec plaisir, si les deux volets m’ont plu, j’avoue avoir beaucoup de mal à trouver une thématique commune (sinon celle assez simpliste de l’homme qui saccage tout au seul nom de son profit personnel). Du coup, j’ai le sentiment d’être un peu passé à côté de l’album. Mais par ailleurs, j’ai dévoré ce récit, j’ai été touché par les personnages (à commencer par Edouard Roux), j’ai aimé cette évocation des milieux artistiques de l’immédiat entre-deux-guerres, j’ai aimé la mise en page, le dessin à l’encrage très marqué. Oui, j’ai vraiment bien aimé ma lecture mais j’ai le sentiment d’être peut-être passé à côté du message que voulait délivrer son auteur. Du coup, je reste sur un simple pas mal mais c’est un bel album qui mérite d’être lu.

06/02/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
Couverture de la série La Douceur de l'Enfer
La Douceur de l'Enfer

J'ai enfin pu finir de lire cette série dont le premier tome trainait chez moi depuis très longtemps. Au final, c'est une série que je trouve bonne mais qui n'a pas su totalement me convaincre, faute à une combinaison un peu étrange à mes yeux dans le récit. C'est une histoire qui parle de la guerre de Corée, mais dont le personnage principal est aussi un orphelin qui a subit la perte de ses parents dans des conditions qui furent assez peu développées mais qui s'éclairciront dans le deuxième volume, tandis que le tout est aussi englobé dans une histoire d'engagement. J'avoue que j'ai eu un peu de mal à comprendre pourquoi la BD propose un tel mélange, sachant que finalement c'est surtout l'histoire du grand-père qui importe dans le récit. Je pense que le récit prend trop de directions d'un coup, mais sans les creuser suffisamment. Ce qui au final m'intéresse moins, puisque notamment ce personnage principal ne m'a jamais véritablement passionné. Pour le reste, j'ai bien aimé la façon dont la guerre de Corée est racontée et ce qui est dit à son propos. C'est un rappel de cette guerre sanglante, absurde et inutile. Rien de bon n'en est ressorti et encore aujourd'hui elle sert de prétexte à la Corée du nord pour asseoir son régime autoritaire. Bref, le ton est intéressant et cette histoire d'américain "passé de l'autre côté" nous permets de rappeler que cette guerre s'est aussi joué à hauteur d'homme. La façon dont le récit dévoile petit à petit ses différentes phases de l'intrigue nous plonge aussi bien dans le contemporain que le passé. La révélation n'en sera que meilleure. Pour le dessin, j'avoue avoir eu du mal à rentrer dedans. On est dans une esthétique très figée, presque trop à mon gout, avec une façon de représenter les visages qui fait plus réaliste mais qui me donne une impression de personnages n'ouvrant jamais la bouche lors des dialogues. Ça manque d'un dynamisme, à mon gout. Je ne suis pas fan. Dans l'ensemble, c'est un très bon diptyque mais qui pêche un peu à mon gout pour mériter plus. Un dessin qui m'a peu plu et une histoire avec quelques petites failles à mes yeux, qui ne gâche pas cependant la qualité de l'ensemble. C'est plutôt bon, à lire par intérêt !

06/02/2023 (modifier)
Couverture de la série 1984 (Nesti)
1984 (Nesti)

Voilà une adaptation très poussée, très complète du roman de George Orwell. Fido Nesti opte pour un narratif omniprésent qu’il illustre au travers d’un gaufrier au canevas quasi immuable. Ainsi, 9 cases de taille identique se succèdent sur chaque planches (parfois des cases sont réunies pour en former une plus grande mais le canevas reste le même), donnant à l’album une esthétique –d’une rigidité conférant à l’ennui- en parfaite adéquation avec le roman illustré. C’est, je trouve, la grande bonne idée de cette adaptation. Nesti ne s’écarte d’ailleurs de ce gaufrier qu’au moment où Winston Smith se retrouve lui-même totalement désorienté par le terrible conditionnement auquel il est soumis. A nouveau, c’est bien vu et totalement en accord avec l’esprit du roman. Pour le reste, comme je le disais, l’adaptation est poussée. Je n’ai ressenti aucunes coupures dans le texte, les moments clés que je gardais en mémoire sont bien développés, le dessin est suffisamment clair pour que l’on reconnaisse chaque personnage. C’est long à lire mais c’est bien fait. A titre personnel, c’est surtout la vision politique de George Orwell qui m’avait fasciné dans 1984, bien plus que les péripéties prévisibles vécues par Winston Smith et Julia. Cette vision, je l’ai bien retrouvée durant ma lecture, tout comme le côté désespéré et désespérant de sa conclusion. Vraiment pas mal mais comme je connaissais le roman je n’ai pas pu bénéficier du même effet de surprise que celui ressenti lors de ma lecture initiale. Mais si, par hasard, vous n’avez jamais lu 1984, si les récits politiques dérangeants vous attirent, si vous préférez lire une bande dessinée qu’un roman, et si un récit dense et long à lire ne vous effraie pas, cet album vaut le coup d’œil. Les idées développées par Orwell demeurent d’une incroyable actualité.

06/02/2023 (modifier)
Par iannick
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Un Gasy à Paris
Un Gasy à Paris

C’est en passant devant le stand des « Bulles dans l’océan » au festival d’Angoulême que j’ai rencontré Dwa… Il me présenta ce qu’il faisait et j’ai eu un gros coup de cœur sur ses réalisations. Dwa est à la fois un auteur de bandes dessinées et un carnettiste. C’est ce dernier aspect qui m’a tout de suite tapé dans l’œil car je fais également des sketches. Et il a un sacré talent ce malgache ! Il m’a montré son carnet de voyages actuel et ce fut une vraie claque de voir ses magnifiques croquis faits avec grand soin, sans crayonnés, directement au stylo plume rehaussé par une mise en couleurs extra ! Sans compter qu’il conçoit lui-même ses carnets (reliure, choix du papier…) qu’il revend à des passionnés… Trop fort ce mec ! Du coup, j’ai acheté ses deux bandes dessinées « Back to Al Bak » et « Un Gasy à Paris » qu’il me dédicaça. « Un Gasy à Paris » est donc un mixte entre la bande dessinée et le carnet de voyages. Dwa y raconte sa première venue en Europe suite à sa réussite à un concours d’art contemporain en 2018. Il restera 3 mois à Paris à la Cité des Arts où il découvrira des nouvelles techniques de dessin, exposera ses œuvres sur place et rencontrera de nombreux artistes (surtout des urban sketchers). C’est cette expérience à Paris que l’auteur nous fera partager à travers ses anecdotes, son regard de malgache découvrant le quotidien des européens… J’ai trouvé son regard intéressant et j’ai été touché par la reconnaissance de Dwa envers tous ceux qui lui ont permis de vivre ce périple. Son album se lit très bien malgré la présence de longs textes, on est vraiment dans un mixte carnet de voyages/ romans/ bande dessinée… Cela peut rebuter certains lecteurs mais personnellement, j’ai eu énormément de plaisir à lire ce récit d’autant plus que, je le répète encore, Dwa a un sacré coup de patte ! C’est exactement le genre de livre que je refeuilletterai à maintes reprises rien que pour admirer les dessins ! Je ressors donc de ce feuilletage admiratif devant l’excellente qualité graphique de l’album, c’est comme si Dwa m’avait pris la main pour m’emmener calmement à travers ses péripéties quotidiennes. Une lecture reposante dotée de magnifiques croquis, voilà ce que je retiens de « Un Gasy à Paris ».

06/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Les Aventuriers du Cubisme
Les Aventuriers du Cubisme

J’en attendais plus mais cette petite balade dans le milieu du cubisme ne m’a pas déplu pour autant. Les auteur.e.s nous invitent à rencontrer différents acteurs du mouvement, qu’il s’agisse de peintres qui l’ont inspiré (comme Cézanne), de galeristes ou de collectionneurs qui l’ont soutenu ou d’artistes qui lui ont donné ses lettres de noblesse (Picasso, Braque, Derain, …) On découvre ainsi certains liens comme ceux unissant Paul Cézanne à Emile Zola, certaines anecdotes, certaines disputes. Ce n’est pas déplaisant mais cela reste un rapide survol du mouvement. Je regrette que les tableaux ne fassent pas l’objet d’une analyse plus poussée. Reproduits à très petite échelle, ils ne permettent souvent même pas au lecteur inculte dans mon genre de comprendre en quoi ils peuvent être rattachés au mouvement cubiste. C’est le gros point noir du livre à mes yeux. Un petit dossier en fin d’album aurait pu gommer cette lacune mais il n’en est rien puisque le seul ajout en fin d’album se compose de courtes biographies d’acteurs célèbres du mouvement cubiste (et donc à nouveau, on s’intéresse plus aux personnes qu’à leurs œuvres). Au niveau du dessin, le trait est vif et dégage une insouciance bienvenue. Il s’accorde ainsi parfaitement avec le ton badin de la narration. Un album un peu frustrant donc, au niveau de l’analyse de la peinture, mais plaisant par sa manière de nous faire rencontrer quelques grands noms du mouvement cubiste. Pas mal quoi…

06/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Waterlose
Waterlose

Un peu à la manière d’un Fabcaro, Karibou s’est fait une spécialité d’un humour absurde et décalé sur un dessin statique et relativement réaliste, sur ce point on est loin du style gros nez (pas pour me déplaire). J’ai bien apprécié ses précédentes œuvres, ici il use de la même verve mais autour de Napoléon et de son exil sur Ste Hélène. Le dessin de Josselin Duparcmeur est sobre et colle bien à l’exercice, j’aime bien sa bichromie. Je dois dire que ça fonctionne toujours mais je l’ai trouvé un cran en dessous. La surprise ne joue plus vraiment, on sait sur quoi on va tomber maintenant. Plaisant mais avec un goût de redite pour qui connaît dorénavant bien l’univers de l’auteur. Reste que j’ai quand même bien rigolé sur certains gags. Lecture sympathique et recommandable mais le moins bien des auteurs.

05/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Come Prima
Come Prima

Je n'ai pas totalement été convaincu par cette série primée à Angoulême. Pourtant je lui reconnais un grand nombre de qualités mais je suis resté en dehors de l'ambiance proposée par Alfred. Le scénario part comme un road movie classique. Deux frères ennemis qui se retrouvent pour effectuer un long chemin de rédemption ou de réconciliation à travers des rencontres, des luttes physiques ou psychologiques et des accidents de route. Tous les codes du genre sont bien là. L'originalité d'Alfred est de nous mener par le bout du nez là où on ne s'attend pas à arriver. Alfred s'approprie la pensée qui dit que le chemin compte beaucoup plus que le but. Ainsi je trouve que cela est très bien construit avec cette opposition entre un passé ambigu, figé sur des photographies et un présent aléatoire, brutal mais dynamique et porteur de renouveau. Le graphisme participe à cette narration un peu chaotique mais que l'on suit vaille que vaille à travers les sinuosités du parcours de Fabio et Giovanni. Un dessin économe qui garde son élégance de mouvements tout en nous proposant des épisodes graphiques bien différents. La mise en couleur qui alterne les tons chauds du Sud et les ambiances bleutées froides participe à ce puzzle qu'Alfred nous demande de reconstituer au delà des apparences. J'y ai vu une série très bien travaillée avec pas mal d'originalité mais ce rapport familial entre les deux frères m'a laissé assez indifférent au niveau des émotions.

05/02/2023 (modifier)