Cyril Bonin nous présente là un énième triangle amoureux. Une jeune violoniste rencontre par hasard deux jeunes étudiants colocataires (un chercheur en biomédical, et un étudiant en lettre). La suite est assez classique, trop dans ce domaine, Bonin ne renouvèle rien.
Par contre, ce récit qui sent le déjà vu en sort pour deux raisons.
D’abord le dessin et la colorisation, qui sont – comme la plupart du temps avec cet auteur – très beaux. En tout cas j’aime bien ce travail.
Ensuite, parce que Bonin double son intrigue avec un autre sujet, qui prend peu à peu le pas sur les relations entre les trois jeunes gens. Notre étudiant en médecine a développé des nano pilules, qui permettent de mieux surveiller sa santé, de mieux maîtriser ses « données », voire de mieux gérer son « espérance de vie ». Il va peu à peu devenir maniaque, ne pensant plus qu’à ça, ne vivant plus en voulant vivre plus vieux et mieux. Cela va envenimer ses relations avec sa femme…
Du coup l’histoire est un peu déséquilibrée, et je pense que Bonin aurait pu centrer l’intrigue uniquement sur ce second aspect, en le développant, le reste étant finalement inutile.
Plusieurs trucs m’ont aussi chiffonné. L’insolente et facile réussite des trois jeunes gens dans leurs domaines respectifs. Et la rapidité de la conclusion – une sorte de happy end un peu bancal.
Mais ça reste quand même une lecture agréable.
Les auteurs brossent le portrait d’une région, en même temps qu’ils expliquent le développement d’une grande surface, dans le Nord de la France, en en présentant les causes, mais aussi les conséquences, économiques, sociales et politiques (cette région est devenue un des fiefs du FN/RN). C'est aussi l'occasion de petites leçons d’économie pas trop rébarbatives.
Si l’album prend parfois des airs de réquisitoires – on sent bien les opinions des auteurs, et l’enquête pourrait paraitre à charge – j’ai bien aimé cette lecture. Qui ne m’apprend pas grand-chose sur les grandes lignes, mais qui est intéressante pour la sociologie locale.
Les auteurs connaissent leur sujet, on sent le travail de préparation, de recherche (travail confirmé par le dossier final. On devine aussi pas mal de choses vécues, autobiographique (Loyer est originaire de la région, peut-être Bétaucourt, je ne sais pas).
Les auteurs ont pas mal publié – ensemble ou séparément – des albums engagés, plein d’empathie pour les ouvriers, et très critiques contre ceux qui les exploitent. On n’est donc pas étonné du sujet et du ton employés ici.
La lecture de ce documentaire est fluidifiée par une narration agréable, autour de quelques personnages récurrents, de scènes dialoguées. Et le dessin de Loyer, très simple, est aussi très efficace.
Bref, un documentaire bien fichu, une lecture recommandée si le sujet vous intéresse.
Note réelle 3,5/5.
2.5
Sattouf retourne à l'école pour faire du docu-BD. Il se demande comment c'est dans un collège pour riches et évidemment la plupart des ados sont des petits cons qu'on a envie de frapper.
J'ai trouvé que pour un documentaire, c'était un peu léger. Il y a des passages qui font sourire et ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas très palpitant à lire. Le gros problème selon moi est que le récit est trop centré sur les angoisses de Sattouf : ses mauvais souvenirs de l'école, ses rêves récurrents où il y retourne (tiens moi aussi j'ai ce genre de rêve !), le malaise qu'il ressent parce qu’il trouve certaines adolescentes jolies… Au final on connait pas trop les élèves et la plupart ont pratiquement juste une caractéristique (les gros lourdauds obsédés du sexe, les filles allumeuses, celui qui a un papa qui vit aux États-Unis et qui est raciste, la seule arabe de la classe…). Les meilleurs moments c'est les discussions qu'il a avec eux et je pense qu'il aurait dû plus se concentrer sur ce genre de scènes même si au final j'ai pas appris grand chose sur la psychologie des ados vu que n'importe qui ayant été adolescent sait à quel point à cet âge on peut être con.
Je regrette de n’accorder qu’une note moyenne à cet album car je trouve son sujet (historique) très intéressant. Malheureusement, mon ressenti en fin de lecture est que « ça aurait pu être bien mieux » si l’analyse des personnages avaient été plus poussée, si les ressentis diamétralement opposés des deux sœurs avaient fait l’objet d’une plus longue étude, si le dessin (de qualité) n’avait pas eu tendance à faire surjouer les personnages (influences manga ?), si les auteurs s’étaient moins attardés sur l’évasion en elle-même pour nous parler en priorité des actrices, de leurs passés, de leurs souffrances, de leurs attentes, de leurs espoirs déçus.
J’ai aimé découvrir le destin de Zennour et Nouryé, filles d’un sultan de l'Empire ottoman, fines lettrées ne supportant plus la vie feutrée et cloîtrée du harem. J’ai aimé cette réflexion sur la condition féminine et les désirs d’émancipation favorisés par l’accès au savoir, à la culture, à la lecture. J’ai aimé découvrir les personnages à l’origine du roman de Pierre Loti (Les Désenchantées). J’ai aimé le moment où l’une des deux sœurs s’émancipe dans les milieux littéraires et artistiques occidentaux tandis que l’autre perd progressivement ses illusions devant le statut de la femme occidentale (en Angleterre, notamment).
J’aurais tant aimé que cela soit plus creusé car le terreau est d’une grande richesse. Ici, je sors vraiment avec un sentiment de trop peu… mais c’est une histoire édifiante et révélatrice par bien des aspects et je remercie les auteurs de me l’avoir fait découvrir.
Voici ce qu'il est convenu d'appeler une BD foisonnante, tant au niveau du dessin que du scénario. En ce qui concerne celui-ci je suis bien d'accord avec l'avis précédent pour dire que si Druillet fait preuve d'imagination c'est sur un mode assez débridé avec des choses déjà vu par ailleurs. L'histoire n'en reste pas moins plaisante,, mais il manque un je-ne-sais-quoi qui aurait pu la faire basculer sur un versant plus trash. Quoi qu'il en soit l'on sent bien l'époque et son cortège d'idées un peu délirantes induites par des substances en vogue en ce temps-là.
Concernant le dessin de Picotto je le qualifierai de foisonnant, il n'est pas mauvais mais certaines planches sont un peu confuses; à vouloir copier le maitre il charge un peu la mule et s'égare. La colorisation ne m'a pas posé problème, elle est dans le style de l'époque, une fois que l'on sait cela il faut savoir l'accepter.
Tout n'est pas à jeter donc dans ce récit, témoignage d'un style et d'une époque, je sais que je relirai un jour aussi je n'ai pas envie de m'en séparer.
Pas d'achat conseillé car l'objet est difficilement trouvable.
Et bien voilà une énième série signée Leo (ici aidé de Rodolphe au scénario) qui ne déroge pas à ses principes.
Malgré une lassitude éprouvée à la suite du cycle des mondes d'Aldébaran, Centaurus m'attirait étrangement toujours autant. En effet, la promesse d'un voyage interstellaire (page de couverture tome 1) ne pouvait qu'attiser la curiosité du passionné de SF que je suis !
Le tome 1 commence pourtant très mal pour ma part.
Les dessins m'ont rebuté à tel point que je croyais à une erreur d'impression de mes livres et que je suis venu sur le site pour examiner les premières planches de la fiche descriptive de la série. En effet, les personnages, hommes et femmes confondus, sont des minis chewbaccas en devenir ! Il faudra que quelqu'un m'explique l'idée des plis du visage forcés à outrance (ou des poils, je ne sais même pas d'ailleurs) qu'a représenté Janjetov ?
Outre le dessin, l'intrigue met un certain temps à se mettre en place et je n'étais plus si impatient d'entamer le tome 2 à la fin de ce premier volet...
Toutefois, à partir du tome 2 et ce jusqu'au tome 4, l'histoire gagne de plus en plus en épaisseur et le suspense est à son comble (j'ai dévoré les quatre derniers tomes de la série en une soirée). Le dessin est également plus fluide (bye bye chewbaccas) et l'aspect numérisation/lissage des couleurs, délibérément affiché, rend plutôt bien.
Fait appréciable : les personnages ont (un peu) moins tendance à se retrouver en Adam et Eve... et sont moins clichés que ce qu'ils ont pu être auparavant avec Léo (sans doute du fait de Rodolphe ?). Ici, un des protagonistes masculins, au visage lourd, a encore du mal à connecter les neurones et les femmes, en dehors d'une poitrine toujours aussi irréprochable, présentent des traits de caractère plus cohérents avec ce que nous sommes en tant qu'humain. Ce ne sont pas forcément des héroïnes parfaites à la limite du divin.
Je reste admiratif de l'ambiance visuelle créée avec cette exoplanète. Les ruines sont très belles, les références architecturales osées et la faune surprenante et diversifiée. Seul bémol, l'antagoniste qui n'est pas assez travaillé, autant dans son design que dans son histoire.
Note réelle : 3.5
Une série que je n’ai jamais possédée, cependant elle a bien bercé ma prime jeunesse. J’empruntais souvent les albums parus avant 90.
Je me retrouve dans le ressenti de Jul, un peu étonné des notes et du nombre d’avis pour une telle série au long cours et qui a du passer dans les mains de pas mal de générations différentes, pour moi Cubitus fait partie intégrante du paysage franco belge.
Sans en être moi même fou, je l’imaginais bien comme un petit classique du genre (comme un Léonard ou beaucoup d’autres de chez Dupuis) mais force et de constater que malgré sa longévité, Cubitus ne fait pas l’humanité.
Pour les bons points, j’aime bien le graphisme de Dupa et le petit monde mis en place avec notre trio de tête mené par Cubitus, Sénéchal et Sémaphore. Et j’ai souvenir de bons moments de lecture même si je ne serais vraiment plus dire sur quel album.
Mais c’est là où le bas blesse, les histoires ou gags sont bien trop éparses dans leurs qualités, l’humour est assez verbeux et ne fait pas systématiquement mouche, surtout pour les plus jeunes pour lesquels la série s’adresse en priorité, les grands passeront rapidement leur chemin.
En fait (et comme relevé par certains posteurs) Cubitus me fait penser à une version alternative d’Achille Talon (dont je n’ai été jamais bien fan), les 2 séries partagent quelques similitudes.
Pourquoi pas un petit album de temps en temps mais sur la longueur grosse overdose en perspective.
Celle qu'il n'attendait pas est un récit initiatique qu'on suit à travers le prisme de Camille, la jeune héroïne. Elle semble fascinée par une étrange maison devant laquelle elle passe du temps à attendre... jusqu'au jour où elle va faire connaissance avec son occupant. Roland Mars, un vieil écrivain, qui a eu une liaison avec sa mère bien longtemps avant sa naissance. Leur rencontre sera l'occasion pour l'homme de mettre la jeune fille à l'épreuve. Des tests étranges comme s'occuper de plantes vertes ou rester assise sur une chaise entourée de scalps d'animaux. Tout ceci est assez mystérieux.
Ces séquences sont alternées avec des scènes de la vie de Camille. Ce quotidien alimentera les réflexions de la jeune fille. Car le fond de cet album est bien là. Une introspection sur elle, son passé et même avant. Tout ceci est assez onirique dans les thématiques. Souvent avec ce genre de récit, le lecteur est amené à se questionner lui même. Ce n'est pas le cas ici, le mystère autour des sujets de réflexions n'étant pas clairement expliqué pendant un bon moment. Et comme il sera question entre autre de vies antérieures, ce n'est pas un sujet qui renvoi à des questions personnelles.
L'histoire est plutôt plaisante à suivre, notamment parce qu'on a envie d'en savoir plus sur le lien entre les 2 personnages. On a envie de savoir pourquoi il lui fait passer ces épreuves d'initiation et ce qui se cache derrière tout ça. Les explications finales se tiennent globalement mais la dimension introspective ne rentre pas dans la catégorie des albums marquants qui font se poser des questions personnelles. Ce n'était peut être pas le but recherché de toute façon.
Est ce que quand vous étiez enfant vous êtes demandés où re sortirait de l'autre coté de la terre un tunnel qu'on percerait en partant de chez vous ? Liu Cixin, auteur du scénario original, s'est surement posé la question et cela lui inspiré cette histoire. Après avoir découvert de nouveaux métaux ultra résistants une équipe de physicien se lance dans le projet de relier la Chine à l'Antarctique. Une idée folle rendue possible par ce matériau qui permettra de construire une structure résistante aux forces et températures au niveau du noyau de la terre. Bien sur, tout ne se passe pas comme prévu et cela va offrir les quelques péripéties qui rythme le récit.
L'idée de base est quand même amusante. Dans l'ensemble, le déroulement de l'intrigue dégage juste ce qu'il faut pour donner envie de la lire jusqu'au bout, histoire de voir ou tout cela va nous mener. Mais l'histoire n'est pas très rythmée, il y a parfois des longueurs.
Petite remarque sur le dessin : tout ce qui se passe dans le tunnel n'est globalement pas très détaillé. Peu ou pas de décors, souvent des halos de couleurs ou des fond unis. Ce choix est un peu dommage, le propos aurait gagné en lisibilité si il avait été mieux illustré.
L'histoire se déroule sur plusieurs décennies, nécessaire à la réalisation d'un tel projet. Les aller retours dans le temps entre les époques, s'accompagnent également d'alternance entre le père et le fils. C'est pas toujours d'une limpidité parfaite, mais cela ne nuit pas à la compréhension de l'histoire. Enfin, la conclusion est plutôt bien vue. La petite pirouette finale sur le détournement de l'utilisation du tunnel est amusante et conclue agréablement cet album.
Le manoir a accroché mon œil tout de suite. En feuilletant cette BD muette, c'est l'exploitation du noir et blanc qui m'a semblé tout à fait convaincante. Et de fait, Le Manoir est un chouette exercice de style. Josh Simmons utilise toute la surface de la page disponible. Il n'y a donc aucun marge. Si le scénario est ultra basique (trois fana d'urbex s'enfoncent dans un vieux manoir abandonné), il permet de lier au fond la forme. En effet, la fin sans espoir est accompagnée par le fait que le noir (l'obscurité) mange progressivement décors et personnages à mesure que ces derniers se perdent et que les piles de leur frontale tombent en carafe. Le dessin est sympatouille, et quelques chouettes effets sont particulièrement bien rendus.
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Cyril Bonin nous présente là un énième triangle amoureux. Une jeune violoniste rencontre par hasard deux jeunes étudiants colocataires (un chercheur en biomédical, et un étudiant en lettre). La suite est assez classique, trop dans ce domaine, Bonin ne renouvèle rien. Par contre, ce récit qui sent le déjà vu en sort pour deux raisons. D’abord le dessin et la colorisation, qui sont – comme la plupart du temps avec cet auteur – très beaux. En tout cas j’aime bien ce travail. Ensuite, parce que Bonin double son intrigue avec un autre sujet, qui prend peu à peu le pas sur les relations entre les trois jeunes gens. Notre étudiant en médecine a développé des nano pilules, qui permettent de mieux surveiller sa santé, de mieux maîtriser ses « données », voire de mieux gérer son « espérance de vie ». Il va peu à peu devenir maniaque, ne pensant plus qu’à ça, ne vivant plus en voulant vivre plus vieux et mieux. Cela va envenimer ses relations avec sa femme… Du coup l’histoire est un peu déséquilibrée, et je pense que Bonin aurait pu centrer l’intrigue uniquement sur ce second aspect, en le développant, le reste étant finalement inutile. Plusieurs trucs m’ont aussi chiffonné. L’insolente et facile réussite des trois jeunes gens dans leurs domaines respectifs. Et la rapidité de la conclusion – une sorte de happy end un peu bancal. Mais ça reste quand même une lecture agréable.
Le grand A
Les auteurs brossent le portrait d’une région, en même temps qu’ils expliquent le développement d’une grande surface, dans le Nord de la France, en en présentant les causes, mais aussi les conséquences, économiques, sociales et politiques (cette région est devenue un des fiefs du FN/RN). C'est aussi l'occasion de petites leçons d’économie pas trop rébarbatives. Si l’album prend parfois des airs de réquisitoires – on sent bien les opinions des auteurs, et l’enquête pourrait paraitre à charge – j’ai bien aimé cette lecture. Qui ne m’apprend pas grand-chose sur les grandes lignes, mais qui est intéressante pour la sociologie locale. Les auteurs connaissent leur sujet, on sent le travail de préparation, de recherche (travail confirmé par le dossier final. On devine aussi pas mal de choses vécues, autobiographique (Loyer est originaire de la région, peut-être Bétaucourt, je ne sais pas). Les auteurs ont pas mal publié – ensemble ou séparément – des albums engagés, plein d’empathie pour les ouvriers, et très critiques contre ceux qui les exploitent. On n’est donc pas étonné du sujet et du ton employés ici. La lecture de ce documentaire est fluidifiée par une narration agréable, autour de quelques personnages récurrents, de scènes dialoguées. Et le dessin de Loyer, très simple, est aussi très efficace. Bref, un documentaire bien fichu, une lecture recommandée si le sujet vous intéresse. Note réelle 3,5/5.
Retour au collège
2.5 Sattouf retourne à l'école pour faire du docu-BD. Il se demande comment c'est dans un collège pour riches et évidemment la plupart des ados sont des petits cons qu'on a envie de frapper. J'ai trouvé que pour un documentaire, c'était un peu léger. Il y a des passages qui font sourire et ça se laisse lire, mais au final ce n'est pas très palpitant à lire. Le gros problème selon moi est que le récit est trop centré sur les angoisses de Sattouf : ses mauvais souvenirs de l'école, ses rêves récurrents où il y retourne (tiens moi aussi j'ai ce genre de rêve !), le malaise qu'il ressent parce qu’il trouve certaines adolescentes jolies… Au final on connait pas trop les élèves et la plupart ont pratiquement juste une caractéristique (les gros lourdauds obsédés du sexe, les filles allumeuses, celui qui a un papa qui vit aux États-Unis et qui est raciste, la seule arabe de la classe…). Les meilleurs moments c'est les discussions qu'il a avec eux et je pense qu'il aurait dû plus se concentrer sur ce genre de scènes même si au final j'ai pas appris grand chose sur la psychologie des ados vu que n'importe qui ayant été adolescent sait à quel point à cet âge on peut être con.
Évadées du Harem
Je regrette de n’accorder qu’une note moyenne à cet album car je trouve son sujet (historique) très intéressant. Malheureusement, mon ressenti en fin de lecture est que « ça aurait pu être bien mieux » si l’analyse des personnages avaient été plus poussée, si les ressentis diamétralement opposés des deux sœurs avaient fait l’objet d’une plus longue étude, si le dessin (de qualité) n’avait pas eu tendance à faire surjouer les personnages (influences manga ?), si les auteurs s’étaient moins attardés sur l’évasion en elle-même pour nous parler en priorité des actrices, de leurs passés, de leurs souffrances, de leurs attentes, de leurs espoirs déçus. J’ai aimé découvrir le destin de Zennour et Nouryé, filles d’un sultan de l'Empire ottoman, fines lettrées ne supportant plus la vie feutrée et cloîtrée du harem. J’ai aimé cette réflexion sur la condition féminine et les désirs d’émancipation favorisés par l’accès au savoir, à la culture, à la lecture. J’ai aimé découvrir les personnages à l’origine du roman de Pierre Loti (Les Désenchantées). J’ai aimé le moment où l’une des deux sœurs s’émancipe dans les milieux littéraires et artistiques occidentaux tandis que l’autre perd progressivement ses illusions devant le statut de la femme occidentale (en Angleterre, notamment). J’aurais tant aimé que cela soit plus creusé car le terreau est d’une grande richesse. Ici, je sors vraiment avec un sentiment de trop peu… mais c’est une histoire édifiante et révélatrice par bien des aspects et je remercie les auteurs de me l’avoir fait découvrir.
Firaz et la ville fleur
Voici ce qu'il est convenu d'appeler une BD foisonnante, tant au niveau du dessin que du scénario. En ce qui concerne celui-ci je suis bien d'accord avec l'avis précédent pour dire que si Druillet fait preuve d'imagination c'est sur un mode assez débridé avec des choses déjà vu par ailleurs. L'histoire n'en reste pas moins plaisante,, mais il manque un je-ne-sais-quoi qui aurait pu la faire basculer sur un versant plus trash. Quoi qu'il en soit l'on sent bien l'époque et son cortège d'idées un peu délirantes induites par des substances en vogue en ce temps-là. Concernant le dessin de Picotto je le qualifierai de foisonnant, il n'est pas mauvais mais certaines planches sont un peu confuses; à vouloir copier le maitre il charge un peu la mule et s'égare. La colorisation ne m'a pas posé problème, elle est dans le style de l'époque, une fois que l'on sait cela il faut savoir l'accepter. Tout n'est pas à jeter donc dans ce récit, témoignage d'un style et d'une époque, je sais que je relirai un jour aussi je n'ai pas envie de m'en séparer. Pas d'achat conseillé car l'objet est difficilement trouvable.
Centaurus
Et bien voilà une énième série signée Leo (ici aidé de Rodolphe au scénario) qui ne déroge pas à ses principes. Malgré une lassitude éprouvée à la suite du cycle des mondes d'Aldébaran, Centaurus m'attirait étrangement toujours autant. En effet, la promesse d'un voyage interstellaire (page de couverture tome 1) ne pouvait qu'attiser la curiosité du passionné de SF que je suis ! Le tome 1 commence pourtant très mal pour ma part. Les dessins m'ont rebuté à tel point que je croyais à une erreur d'impression de mes livres et que je suis venu sur le site pour examiner les premières planches de la fiche descriptive de la série. En effet, les personnages, hommes et femmes confondus, sont des minis chewbaccas en devenir ! Il faudra que quelqu'un m'explique l'idée des plis du visage forcés à outrance (ou des poils, je ne sais même pas d'ailleurs) qu'a représenté Janjetov ? Outre le dessin, l'intrigue met un certain temps à se mettre en place et je n'étais plus si impatient d'entamer le tome 2 à la fin de ce premier volet... Toutefois, à partir du tome 2 et ce jusqu'au tome 4, l'histoire gagne de plus en plus en épaisseur et le suspense est à son comble (j'ai dévoré les quatre derniers tomes de la série en une soirée). Le dessin est également plus fluide (bye bye chewbaccas) et l'aspect numérisation/lissage des couleurs, délibérément affiché, rend plutôt bien. Fait appréciable : les personnages ont (un peu) moins tendance à se retrouver en Adam et Eve... et sont moins clichés que ce qu'ils ont pu être auparavant avec Léo (sans doute du fait de Rodolphe ?). Ici, un des protagonistes masculins, au visage lourd, a encore du mal à connecter les neurones et les femmes, en dehors d'une poitrine toujours aussi irréprochable, présentent des traits de caractère plus cohérents avec ce que nous sommes en tant qu'humain. Ce ne sont pas forcément des héroïnes parfaites à la limite du divin. Je reste admiratif de l'ambiance visuelle créée avec cette exoplanète. Les ruines sont très belles, les références architecturales osées et la faune surprenante et diversifiée. Seul bémol, l'antagoniste qui n'est pas assez travaillé, autant dans son design que dans son histoire. Note réelle : 3.5
Cubitus
Une série que je n’ai jamais possédée, cependant elle a bien bercé ma prime jeunesse. J’empruntais souvent les albums parus avant 90. Je me retrouve dans le ressenti de Jul, un peu étonné des notes et du nombre d’avis pour une telle série au long cours et qui a du passer dans les mains de pas mal de générations différentes, pour moi Cubitus fait partie intégrante du paysage franco belge. Sans en être moi même fou, je l’imaginais bien comme un petit classique du genre (comme un Léonard ou beaucoup d’autres de chez Dupuis) mais force et de constater que malgré sa longévité, Cubitus ne fait pas l’humanité. Pour les bons points, j’aime bien le graphisme de Dupa et le petit monde mis en place avec notre trio de tête mené par Cubitus, Sénéchal et Sémaphore. Et j’ai souvenir de bons moments de lecture même si je ne serais vraiment plus dire sur quel album. Mais c’est là où le bas blesse, les histoires ou gags sont bien trop éparses dans leurs qualités, l’humour est assez verbeux et ne fait pas systématiquement mouche, surtout pour les plus jeunes pour lesquels la série s’adresse en priorité, les grands passeront rapidement leur chemin. En fait (et comme relevé par certains posteurs) Cubitus me fait penser à une version alternative d’Achille Talon (dont je n’ai été jamais bien fan), les 2 séries partagent quelques similitudes. Pourquoi pas un petit album de temps en temps mais sur la longueur grosse overdose en perspective.
Celle qu'il n'attendait pas
Celle qu'il n'attendait pas est un récit initiatique qu'on suit à travers le prisme de Camille, la jeune héroïne. Elle semble fascinée par une étrange maison devant laquelle elle passe du temps à attendre... jusqu'au jour où elle va faire connaissance avec son occupant. Roland Mars, un vieil écrivain, qui a eu une liaison avec sa mère bien longtemps avant sa naissance. Leur rencontre sera l'occasion pour l'homme de mettre la jeune fille à l'épreuve. Des tests étranges comme s'occuper de plantes vertes ou rester assise sur une chaise entourée de scalps d'animaux. Tout ceci est assez mystérieux. Ces séquences sont alternées avec des scènes de la vie de Camille. Ce quotidien alimentera les réflexions de la jeune fille. Car le fond de cet album est bien là. Une introspection sur elle, son passé et même avant. Tout ceci est assez onirique dans les thématiques. Souvent avec ce genre de récit, le lecteur est amené à se questionner lui même. Ce n'est pas le cas ici, le mystère autour des sujets de réflexions n'étant pas clairement expliqué pendant un bon moment. Et comme il sera question entre autre de vies antérieures, ce n'est pas un sujet qui renvoi à des questions personnelles. L'histoire est plutôt plaisante à suivre, notamment parce qu'on a envie d'en savoir plus sur le lien entre les 2 personnages. On a envie de savoir pourquoi il lui fait passer ces épreuves d'initiation et ce qui se cache derrière tout ça. Les explications finales se tiennent globalement mais la dimension introspective ne rentre pas dans la catégorie des albums marquants qui font se poser des questions personnelles. Ce n'était peut être pas le but recherché de toute façon.
La Terre Transpercée
Est ce que quand vous étiez enfant vous êtes demandés où re sortirait de l'autre coté de la terre un tunnel qu'on percerait en partant de chez vous ? Liu Cixin, auteur du scénario original, s'est surement posé la question et cela lui inspiré cette histoire. Après avoir découvert de nouveaux métaux ultra résistants une équipe de physicien se lance dans le projet de relier la Chine à l'Antarctique. Une idée folle rendue possible par ce matériau qui permettra de construire une structure résistante aux forces et températures au niveau du noyau de la terre. Bien sur, tout ne se passe pas comme prévu et cela va offrir les quelques péripéties qui rythme le récit. L'idée de base est quand même amusante. Dans l'ensemble, le déroulement de l'intrigue dégage juste ce qu'il faut pour donner envie de la lire jusqu'au bout, histoire de voir ou tout cela va nous mener. Mais l'histoire n'est pas très rythmée, il y a parfois des longueurs. Petite remarque sur le dessin : tout ce qui se passe dans le tunnel n'est globalement pas très détaillé. Peu ou pas de décors, souvent des halos de couleurs ou des fond unis. Ce choix est un peu dommage, le propos aurait gagné en lisibilité si il avait été mieux illustré. L'histoire se déroule sur plusieurs décennies, nécessaire à la réalisation d'un tel projet. Les aller retours dans le temps entre les époques, s'accompagnent également d'alternance entre le père et le fils. C'est pas toujours d'une limpidité parfaite, mais cela ne nuit pas à la compréhension de l'histoire. Enfin, la conclusion est plutôt bien vue. La petite pirouette finale sur le détournement de l'utilisation du tunnel est amusante et conclue agréablement cet album.
Le Manoir
Le manoir a accroché mon œil tout de suite. En feuilletant cette BD muette, c'est l'exploitation du noir et blanc qui m'a semblé tout à fait convaincante. Et de fait, Le Manoir est un chouette exercice de style. Josh Simmons utilise toute la surface de la page disponible. Il n'y a donc aucun marge. Si le scénario est ultra basique (trois fana d'urbex s'enfoncent dans un vieux manoir abandonné), il permet de lier au fond la forme. En effet, la fin sans espoir est accompagnée par le fait que le noir (l'obscurité) mange progressivement décors et personnages à mesure que ces derniers se perdent et que les piles de leur frontale tombent en carafe. Le dessin est sympatouille, et quelques chouettes effets sont particulièrement bien rendus. Sinon, c'est un peu court ou un peu cheap (la couverture rigide bon sang !).