La Tragédie Brune

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Un reportage de société mené par Xavier de Hauteclocque en Allemagne, à l’époque ou le nazisme montait fiévreusement en puissance.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Allemagne École européenne supérieure de l'image Journalistes Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands Nazisme et Shoah

En octobre 1933, le reporter Xavier de Hauteclocque se rend dans le bureau du rédac chef de Gringoire, un hebdomadaire politique et littéraire parisien. Ce dernier lui soumet de repartir en Allemagne, un pays que le journaliste connait bien, afin d’y faire une nouvelle enquête de société. L’arrivée d’Hitler au poste de chancelier s’est en effet accompagnée d’une direction sociale inquiétante. Notamment le pays se réarme, comme preuve d’un puissant parfum de revanche. Lors de ses précédents voyages, de Hauteclocque a pris la mesure du réveil du colosse germanique. Il a déjà souligné l’abnégation de ce peuple, sa capacité à être rigoureux dans le patriotisme, quitte à accepter le racisme, la traque de la pensée. Quelques jours plus tard, le reporter est dans le train, à destination de la Friedrichstrasse berlinoise. Dès le quai de la gare, il assiste à un discours de propagande enflammée de la part d’un Schar (chef de cellule nazie). Il se fait conduire en taxi à son hôtel puis part faire un tour en ville, pour prendre la « température ». Il s’étonne de ne plus voir ni prostituées, ni mendiants. Il s’étonne que les troquets soient désormais si vides la nuit…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Mai 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Tragédie Brune © Les Arènes 2018
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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17/10/2018 | Erik
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L'avatar du posteur Noirdésir

Thomas Cadène a souhaité rester fidèle au récit de Xavier de Hautecloque. C’est la force et la faiblesse de cet album. La faiblesse, car cela manque un peu de rythme, on suit notre bonhomme dans son reportage dans l’Allemagne de 1933, et peut-être aurait-il fallu ajouter quelques petits aspects « romancés » ? En fait je ne sais pas. Car la force vient aussi justement de ce reportage froid, quasi clinique de ce reporter écrivain français, qui porte sur la première année du régime d’Hitler un regard des plus lucides, et conclut son étude par un appel à la réaction qui restera on le sait inaudible – alors qu’il était alors temps de réagir et de stopper cette « tragédie brune ». Hautecloque avait l’année précédente visité l’Allemagne, c’est un germanophile qui y avait beaucoup d’amis. Le voir errer à Berlin sans que ceux-ci ne lui adressent la parole, bâillonnés ou déjà éliminés montre bien la rapide évolution du pays vers une dictature belliqueuse. Sa présentation des camps est des plus précises aussi. Hautecloque (personnage que je ne connaissais pas, n’associant son patronyme qu’à son futur illustre cousin) est mort peu après, empoisonné par les Nazis après un ultime voyage en Allemagne. Ce « lanceur d’alerte » a payé de sa vie sa volonté d’informer, alors même que ceux à qui il adressait ses informations se bouchaient les oreilles. Un album intéressant en tout cas, mis en images avec un dessin au trait gras, efficace – même si pas forcément mon truc. Note réelle 3,5/5.

06/02/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je ne connaissais pas Xavier de Hauteclocque et l'adaptation en bande dessinée de son reportage sur les débuts de l'Allemagne nazie me donne envie de mieux le connaitre. Il s'est vite rendu compte des dangers du nazisme. Le livre est intéressant parce qu'on voit comment tout a changé en quelques mois seulement alors que je pensais que les nazis avaient graduellement pris le contrôle de la pensée au fil des années. Ça fait peur de voir comment la violence et la répression peut changer les hommes. Malgré cela, je ne suis pas certain de la note à donner à cet album parce que même si le propos est intéressant, je mentirais si j'écrivais que c'était une lecture passionnante. En effet, cela manque un peu d'émotions. Même lorsqu'on montrait une situation horrible, je n'ai pas été particulièrement touché. Je pense que c'est dû au fait que c'est une adaptation et non une BD-reportage du genre que fait Joe Sacco. Comme le dit Ro, le traitement est un peu trop académique. Ça me fait penser à quelques adaptations de roman en BD que j'ai lues où les adaptateurs n'avaient pas réussi à retranscrire les émotions que j'ai eu en lisant l'œuvre originale. Peut-être que je devrais lire le livre de Xavier de Hauteclocque. En tout cas, les extraits présents à la fin de l'album donnent envie !

16/01/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

La Tragédie Brune est l'adaptation du livre-reportage du même nom écrit par le journaliste Xavier de Hautecloque suite à son investigation en Allemagne en 1933. Ce dernier est germanophile, disposant de beaucoup d'amis sur place, mais après s'être un peu inquiété des dérives du mouvement hitlérien à peine un an plus tôt, il ne reconnait plus du tout le pays quand il y revient et il en dresse en portrait glaçant. Commençant par simplement essayer de retrouver et parler avec ses anciens amis à Berlin, il découvre un pays qui vit dans une atmosphère irréelle, entre une majorité de la population qui semble complètement fanatisée et poussée par la haine, et une autre partie qui semble terrifiée et impuissante. Il pousse son enquête au-delà, se rendant dans d'autres villes, à proximité des premiers camps de concentration, et en recueillant des témoignages de sources diverses. Et ça fait vraiment peur. J'ai été effaré de découvrir ce qu'était déjà devenue l'Allemagne en 1933. Je réalisé que j'avais une idée trop vague de la montée du nazisme, pensant qu'à cette époque là, il y avait certes de la haine et une montée progressive de la dictature et de l'embrigadement militaire et moral, mais je n'imaginais pas qu'en quelques mois à peine tout s'était déjà mis en place, et notamment le système aussi organisé de déportation et d'élimination des opposants politiques mais aussi des simples miséreux, prostituées et évidemment des juifs. Ce qui choque surtout, c'est l'état d'esprit des allemands tel que ce journaliste qui pensait si bien les connaitre nous le montre. De penser qu'en quelques mois, les habitants d'un pays entier puisse être ainsi transformés. Il y a ces fanatiques haineux et en même temps si fiers et propres sur eux qu'ils en seraient presque attirants quand ils ne font pas preuve parfois d'une bêtise crasse quand il s'agit de conspuer différentes parties de la population et les étrangers. Il y a ceux qui sont tellement effrayés qu'ils n'osent plus se rebeller ni même parler et occultent la vérité. Et le pire surtout, c'est de découvrir avec le journaliste le parcours d'allemands qui étaient initialement ouverts au monde et opposants à l'idéologie hitlérienne subir comme une sorte de lavage de cerveau et devenir soudain de vrais partisans du nazisme, notamment par le biais du système visiblement incroyablement efficace des jeunesse hitlériennes. C'est édifiant et fortement instructif. D'autant que le graphisme de l'album est agréable, avec une sorte de ligne claire au trait épais, légèrement charbonneux, et aux couleurs sobres. J'ai apprécié la clarté de sa narration graphique et la beauté de plusieurs de ses décors. J'ai toutefois un peu hésité avant de donner une opinion aussi positive envers cet album car je n'ai pas été parfaitement emporté par son récit. J'en suis ressorti une ou deux fois en cours de lecture, la faute à une mise en scène légèrement ennuyeuse, un personnage principal un peu creux et pas très attachant, et un récit journalistique parfois trop académique. Il manque quelque chose dans la manière de raconter pour rendre les choses plus prenantes et ne pas faire décrocher l'intérêt du lecteur. On découvre à la lecture des extraits du livre en fin d'album que la BD en est l'adaptation quasiment directe : peut-être aurait-il fallu que les auteurs y ajoutent un peu de touche personnelle pour mieux capter un lectorat moderne.

19/04/2020 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

C'est l'histoire vraie du premier reporter français assassiné par les nazis en 1935 après avoir mené une enquête en Allemagne en 1934. En effet, depuis 1933, les nazis se sont emparés du pouvoir et la société a bien changé pour ce germanophile qui va décrire la situation politique de ce pays. J'ai bien aimé ce reportage qui décrit le regard de ce journaliste au regard des scènes auxquels il assiste dans ce pays où la haine a prit le dessus dans des rêves de revanche. Son récit peut frapper par sa modernité car la tragédie brune a bien été écrit puis oublié dans cette période de l'avant-guerre. Tout ce qu'il avait senti est malheureusement arrivé par la suite avec cette guerre mondiale hautement destructrice. Oui, un regard vraiment lucide qui nous fait découvrir que le journalisme a toujours été un métier à risque lorsqu'on dénonce des régimes autoritaires.

17/10/2018 (MAJ le 18/10/2018) (modifier)