La maison la nuit est un récit qui vaut plus par sa mise en place que par son histoire. Ici la plupart des planches présentent simultanément les six endroits (un endroit par case) dans lesquels l’action va se dérouler. Une case est consacrée à la chambre du gamin, une case est consacrée au toit adjacent, une case est consacrée à la salle de bain, une case est consacrée à la chambre des parents, une case est consacrée au hall d’entrée et une case est consacrée à la cuisine. Nous pouvons ainsi suivre tous les personnages où qu’ils se déplacent et voir ce qu’ils ne voient pas. Le procédé (déjà vu notamment dans la série 13 Devil Street) a ses qualités mais aussi ses défauts. Il est très ludique mais il est difficile de suivre toutes les péripéties dans un même temps. Du coup, on loupe des trucs et des retours en arrière sont inévitables… mais ça fait partie du caractère ludique de l’objet.
Je pense que les jeunes lecteurs, à qui cet album est prioritairement destiné, vont être amusés par le procédé. Il y a suffisamment de fils narratifs à suivre (le chat et les souris, le chat et les oiseaux, le monstre dans la chambre de l’enfant, le monstre dans la cuisine, les galipettes des parents) pour les occuper tout en les poussant à se demander mais comment tout ce petit monde (et surtout les parents) ne se rend compte de rien de ce qui se passe dans son dos.
Côté dessin, je suis un petit peu déçu. J’aime le trait de Nicoby, d’ordinaire, mais ici je le trouve plus grossier, moins abouti. Il est suffisant pour illustrer cette histoire mais je l’aurais préféré avec un peu plus de rondeur et de précision.
Dans l’ensemble, je vais dire que c’est pas mal. Mais heureusement que les deux monstres sont là pour apporter un peu de fantaisie car autrement les histoires demeurent bien sages et fondamentalement peu passionnantes. Avec ce type de concept, j’eus espéré un peu plus de folie. Pour l'adulte que je suis, c'est en tous les cas trop pauvre pour pleinement me convaincre mais ma note tient compte de l'âge du lecteur visé.
Je pense que l’idée de l’autrice est de créer une série de tomes indépendants traitant tous d’un même lieu : la bibliothèque d’Alexandrie. C'est la raison pour laquelle je l’ai enregistrée sous le nom de « Mémoires d’Alexandrie », considérant « Hérophile » comme son premier tome. Sur le site même d’Ankama, l’album est présenté comme un one-shot mais j’y vois surtout une stratégie commerciale qui leur permettrait d’abandonner la série après un seul tome en cas d’insuccès sans donner cette impression d’abandon.
Quoiqu’il en soit, cet album consacré à Hérophile s’est avéré bien agréable à lire. Il est très instructif tout en restant assez léger. Le lecteur inculte dans mon genre comprend l’importance d’Hérophile, saisit partiellement le mode de fonctionnement de la bibliothèque d’Alexandrie, s’étonne de cette rivalité entre bibliothèques de l’époque et s’enthousiasme devant le fait que ces bibliothèques étaient de vrais laboratoires dédiés à l’innovation et à l’apprentissage.
Le dessin de Chiara Raimondi n’est pas toujours des plus précis mais il dégage un certain charme. La colorisation, surtout, apporte une vraie identité à l’album.
J’ai vraiment apprécié le fait que ce récit soit court. J’ai beaucoup appris sans avoir à me farcir un cours magistral, l’autrice parvenant à saisir des moments clés sans casser le rythme de la lecture. C’est donc bien plus un court récit synthétique et vivant qu’une biographie exhaustive. L’idéal pour des lecteurs curieux mais peu désireux de creuser un sujet.
Vraiment pas mal, et si d’aventure, un nouveau tome devait paraître dans ce concept/série/collection, je le lirai avec plaisir.
En matière de science-fiction, j’ai tendance à dire que les principes les plus efficaces sont ceux que l’on comprend aisément. Et à ce titre, ce premier tome des Murailles invisibles s’est avéré diantrement efficace ! Alex Chauvel parvient à créer un univers post-apocalyptique original grâce à un concept qui lui permettra de jouer avec les voyages dans le temps tout en nous faisant visiter des univers variés… et tout cela sans quitter la planète Terre ! Si ça, c’est pas une bonne idée ?!? Et comme en plus, ce concept est facile à comprendre, et bien moi, je dis chapeau !
Ceci dit, ce premier tome constitue avant tout une mise en place. On fait connaissance avec les différents personnages, quelques péripéties nous permettent de saisir les enjeux mais aussi tout le potentiel du concept, et les auteurs nous livrent déjà l’une ou l’autre révélation bien aguichante.
Côté dessin, j’avais déjà été séduit par la précédente production de Ludovic Rio (Aiôn) et j’ai retrouvé ici les mêmes qualités. Un dessin très lisible d’une froideur qui convient bien au genre sf. Une mise en page soignée même si peu inventive. Des personnages bien typés (c’est toujours plus agréable de suivre un récit quand on identifie directement les différents acteurs).
Pour le concept comme pour le dessin, on est clairement sur du « franchement bien ». L’histoire en elle-même demeure sur un simple « pas mal » jusqu’à présent mais je vais continuer à suivre cette série avec délectation.
Exercice de style parfaitement maîtrisé par un vieux briscard, Cherchez Charlie ne trompe pas sur la marchandise. Vous regardez la couverture, vous lisez le titre, vous savez à quoi vous attendre.
Emmanuel Moynot joue et jubile avec ce concept de ‘course à la valise’ dans lequel un attaché-case des plus compromettants va passer d’une main à une autre alors que le nombre de personnes désireuses de le récupérer ne fait que s’accroître. Le récit est rondement mené et s’enrichit encore de l’univers choisi. En effet, nous nous retrouvons en plein New-York durant l’année 69. Un choix d’autant plus judicieux que l’artiste peut s’éclater avec sa colorisation, résolument tranchée.
Je ne vais pas bouder mon plaisir : je me suis bien amusé. Ce n’est pas l’œuvre du siècle, c’est un concept qui a déjà été souvent exploré, mais quand c’est bien tourné (comme c’est le cas présentement), quand il y a osmose entre l’univers et le dessin, quand les personnages accrochent (même s’ils sont assez classiques dans le genre), et bien je passe un agréable moment de lecture.
Franchement pas mal du tout !
Glaise est l’adaptation d’un roman de Franck Bouysse et à la lecture de cette bande dessinée, je pense que l’aspect émotionnel du récit a souffert du passage d’un média à un autre.
Un exemple flagrant parmi d’autres est une scène durant laquelle un des personnages les plus importants est foudroyé. Dans le roman, on imagine facilement une fin de chapitre, avec les inquiétudes à la clé (non, pas lui, pas maintenant !!) et l’envie de commencer immédiatement à lire le chapitre suivant. Dans la bande dessinée, on voit directement sur la case suivante (sans même devoir tourner une page) qu’il s’en sort sans la moindre égratignure. La scène ne fonctionne pas, la péripétie ne sert à rien, l’émotion est inexistante.
C’est l’exemple le plus flagrant mais il y a d’autres passages où je n’ai pu m’empêcher de penser que ‘ça devait mieux fonctionner dans le roman’. Et si je sors déçu de ma lecture, c’est principalement dû à ce manque d’empathie ressentie pour les personnages… un manque résultant de profils psychologiques trop peu fouillés et d’une progression dramatique trop brutale (par paliers, aurais-je envie de dire, on saute ainsi d’un état à un autre sans fluidité).
Ceci dit, certains aspects de ce récit m’ont bien plu. Le principal étant la manière dont il aborde la première guerre mondiale. Non pas en suivant des combattants mais en s’attardant sur le sort de ceux et celles qui restent sur place, culpabilisent et s’angoissent.
Autre point positif : le dessin. J’ai aimé le trait fouillé de Loïc Godart et sa colorisation dans des teintes brunâtres qui cadre bien avec les décors et l’ambiance générale. Seuls certains regard m’ont moins plu (on a l’impression à certains moments que les personnages louchent furieusement).
Le déroulement de l’intrigue est un peu plat, sans grosses surprises, avec des événements dont on se fout un peu (la mort de la grand-mère, par exemple, n’apporte rien au récit… du moins dans la bande dessinée, et je pourrait faire la même remarque au sujet des talents de sculpteur de Joseph) mais j’avais quand même envie de connaître la fin de l’histoire (ou des histoires puisque plusieurs destins sont évoqués). Si j’avais ressenti plus d’empathie pour les personnages, j’aurais très certainement bien plus apprécié ma lecture. Là, j’en reste à un petit ‘pas mal’ sans plus… avec cette désagréable conviction que le roman devait être mieux.
J’attendais de ce récit deux choses. La première était un thriller financier dans la ligne d’un « Hedge Fund » puisque je retrouvais un des deux scénaristes. La seconde était d’avoir des explications claires quant à ces fameuses crypto-monnaie auxquelles j’avoue ne pas comprendre grand-chose.
Ce récit a répondu à cinquante pourcents de mes attentes. L’aspect thriller financier fonctionne plutôt bien… mais je ne comprends toujours rien aux crypto-monnaies malgré les explications délivrées.
Au niveau du dessin, du découpage et de l’ambiance, ce récit fait très ‘comics’ (il a d’ailleurs été conjointement publié en Europe et aux USA). La localisation de l’intrigue accentue encore cette impression puisque nous nous retrouvons au Canada. C’est visuellement agréable à lire même si souvent brut de coffrage au niveau du trait. L’encrage très présent rappelle là encore les productions made in USA.
L’aspect thriller fonctionne bien avec une arnaque utilisant la fameuse pyramide de Ponzi. C’est classique mais bien mené et assez crédible. J’ai aimé le personnage principal, un ex-banquier dont les arnaqueurs vont profiter de la naïveté et de l’état psychologique (il sort d’une grosse dépression) pour le manipuler à loisir. Je trouve ce personnage touchant.
Au final, c’est plutôt pas mal, mais je regrette quand même le fait que la bande dessinée, malgré les explications qui nous sont livrées, ne soit pas parvenue à me faire comprendre clairement comment fonctionne une crypto-monnaie.
New normal est un récit d’anticipation en lien direct avec la crise sanitaire due à la COVID. L’auteur imagine en effet un monde dans lequel le port du masque est devenu la norme, et par voie de conséquence la simple vue d’une bouche ou d’un nez devient grandement érotique. C’est tordu (normal, c’est un manga) mais plutôt bien vu (malgré d’évidents problèmes de plausibilité) puisque cette approche permet d’aborder le classique thème de la découverte de l’amour et de la sexualité sous un angle décalé. Car il faut bien l’admettre, pour le reste nous sommes dans un récit des plus classiques dans les mangas, l’histoire d’un étudiant un peu nigaud qu’un concours de circonstance va pousser dans les bras d’une très jolie collègue. S‘ensuivent premières approches, premiers émois et premiers rivaux. S’il n’y avait cet univers de crise sanitaire permanente, la série n’aurait aucun intérêt à mes yeux mais là, c’est plutôt pas mal.
Au niveau du dessin, le style de l’auteur est assez classique mais plutôt bien maîtrisé. Pas trop de visages déformés, ce qui est un bon point pour moi.
Je ne suis pas sûr que ça le fera sur la durée, mais ce premier tome est tout à fait correct. Pas mal, quoi.
*** Mise à jour après lecture des quatre premiers tomes***
Si la série a parfois un peu tendance à tourner en rond, l'auteur parvient à intégrer de nouveaux éléments à son intrigue, de telle sorte que mon intérêt est, jusqu'à présent, constamment relancé. Le tome 4, en particulier, ouvre de nouveaux horizons. Le plus délicat va, je pense, être de garder cet équilibre entre l'aspect "anticipation/thriller" et le côté "roman graphique/amours de collège" qui fait toute la singularité de la série. Quoiqu'il en soit, après 4 tomes, je trouve toujours l'ensemble plutôt pas mal et continue de suivre la série.
Rien d’exceptionnel mais j’ai trouvé ce récit plaisant à lire. On y suit une jeune femme marquée par le meurtre de son père et lancée dans une impitoyable quête de vengeance. Une quête qui va la transformer,… jusqu’à un point de non-retour ? A ce sujet, la dernière partie de l’album nous délivre un message moins formaté que d’ordinaire pour ce type de récit, et c’est plutôt bien vu.
Le dessin est assez brut de coffrage, avec un gros travail sur le découpage pour le rendre le plus dynamique possible. Les différents chapitres jouent allègrement du flash-back sans jamais perdre le lecteur. Dans un cas comme dans l’autre, c’est bien fait et tout à fait opportun.
Les personnages marquent, qu’il s’agisse des premiers rôles ou des rôles secondaires (mention spéciales aux tueuses mexicaines, au look comme au style déjantés).
Au final, je peux dire que cet album m’a offert ce que j’espérais tout en parvenant à me donner un petit truc en plus (même si on reste dans les habituels clichés du genre pendant la majeure partie du récit). Vraiment pas mal.
Je reconnais deux grandes qualités à cet album.
La première est de nous montrer une relation sexuelle sans artifices. Pas de jouets, pas de contexte scabreux, pas de cordes, de menottes, de tenue affriolante, de sex-shop. Ici, la peau est clairement le vecteur de sensualité. Les personnages se touchent, se désirent, se caressent, se lèchent avec le naturel d’une envie conjointe.
La deuxième est son caractère égalitaire. Les personnages sont portés par une envie commune. Il n’y a pas de rapport de force, pas de dominant(e)s ni de soumis(e)s, pas de viol, pas de contrainte. Juste trois personnages qui suite à une première expérimentation réalisée dans un flux d’adrénaline, sont partagés entre l’envie de remettre le couvert et la crainte de casser quelque chose.
Le scénario se résume d’ailleurs à cette seule inquiétude. On découvre ainsi trois personnages enfermés dans leurs pensées. Chacun semble avoir apprécié cette première expérience mais a peur que son envie de recommencer ne soit pas partagée par ses deux partenaires. L’histoire se scinde ainsi en trois chapitres dans lesquels les trois personnages vont vivre cette relation à trois et enfin découvrir que ça leur plait à tous les trois et qu’ils ont envie de continuer l’aventure.
Ceci dit, tout n’est pas parfait. Le scénario reste très basique, la majeure partie de l’espace est occupée par des planches à caractère pornographique (fellations, sodomies, cunnilingus, caresses plus ou moins ciblées, plus ou moins profondes) ne nous laissant que peu entrevoir les pensées des personnages. Les dialogues et la profusion de hah hah hah hah hah hah est une autre source de déception. Sans vouloir du Desforges, je suis quand même dans l’attente de dialogues plus ciselés que ceux offerts ici. Enfin, je ne suis pas fan du dessin. Je le trouve trop statique. J’ai souvent eu cette désagréable impression que les personnages étaient simplement assis sur une bite et attendaient l’éjaculation sans esquisser le moindre mouvement.
Enfin, je ne suis pas spécialement attiré par les relations homosexuelles. Si l’album avait plus exploré les pensées des personnages, j’aurais encore pu y trouver un intérêt autre que la simple représentation de fantasmes, mais ce n’est pas le cas et le type de relations décrites par l’autrice ne coïncide pas avec mes propres envies (à titre personnel, je prends le whisky et pas juste un doigt).
Donc voilà, parce que cet album offre autre chose que la pornographie habituelle axée sur le regard et les fantasmes masculins, j’opte pour le ‘pas mal’ mais je sors quand même un peu déçu de cette lecture, espérant plus de profondeur (au niveau psychologie des personnages, s’entend) et m’attendant à un dessin de meilleure qualité.
Après la reprise de Donjon Parade, c’est le 2eme album que je lis d’Alexis Nesme.
Son trait et couleurs m’ont ici moins rebuté, ils conviennent plutôt bien à l’univers Mickey donnant un rendu ultra chiadé et agréable à l’œil.
Il assure également le scénario, il livre une aventure plaisante de notre héros remplie de références : King Kong, Indiana Jones …, ainsi que de quelques traits d’humour ou gags visuels bienvenus.
Mais comme relevé par mes prédécesseurs, je trouve qu’il manque un petit truc pour emballer pleinement.
Sympathique mais peu mémorable.
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La Maison la nuit
La maison la nuit est un récit qui vaut plus par sa mise en place que par son histoire. Ici la plupart des planches présentent simultanément les six endroits (un endroit par case) dans lesquels l’action va se dérouler. Une case est consacrée à la chambre du gamin, une case est consacrée au toit adjacent, une case est consacrée à la salle de bain, une case est consacrée à la chambre des parents, une case est consacrée au hall d’entrée et une case est consacrée à la cuisine. Nous pouvons ainsi suivre tous les personnages où qu’ils se déplacent et voir ce qu’ils ne voient pas. Le procédé (déjà vu notamment dans la série 13 Devil Street) a ses qualités mais aussi ses défauts. Il est très ludique mais il est difficile de suivre toutes les péripéties dans un même temps. Du coup, on loupe des trucs et des retours en arrière sont inévitables… mais ça fait partie du caractère ludique de l’objet. Je pense que les jeunes lecteurs, à qui cet album est prioritairement destiné, vont être amusés par le procédé. Il y a suffisamment de fils narratifs à suivre (le chat et les souris, le chat et les oiseaux, le monstre dans la chambre de l’enfant, le monstre dans la cuisine, les galipettes des parents) pour les occuper tout en les poussant à se demander mais comment tout ce petit monde (et surtout les parents) ne se rend compte de rien de ce qui se passe dans son dos. Côté dessin, je suis un petit peu déçu. J’aime le trait de Nicoby, d’ordinaire, mais ici je le trouve plus grossier, moins abouti. Il est suffisant pour illustrer cette histoire mais je l’aurais préféré avec un peu plus de rondeur et de précision. Dans l’ensemble, je vais dire que c’est pas mal. Mais heureusement que les deux monstres sont là pour apporter un peu de fantaisie car autrement les histoires demeurent bien sages et fondamentalement peu passionnantes. Avec ce type de concept, j’eus espéré un peu plus de folie. Pour l'adulte que je suis, c'est en tous les cas trop pauvre pour pleinement me convaincre mais ma note tient compte de l'âge du lecteur visé.
Mémoires d'Alexandrie
Je pense que l’idée de l’autrice est de créer une série de tomes indépendants traitant tous d’un même lieu : la bibliothèque d’Alexandrie. C'est la raison pour laquelle je l’ai enregistrée sous le nom de « Mémoires d’Alexandrie », considérant « Hérophile » comme son premier tome. Sur le site même d’Ankama, l’album est présenté comme un one-shot mais j’y vois surtout une stratégie commerciale qui leur permettrait d’abandonner la série après un seul tome en cas d’insuccès sans donner cette impression d’abandon. Quoiqu’il en soit, cet album consacré à Hérophile s’est avéré bien agréable à lire. Il est très instructif tout en restant assez léger. Le lecteur inculte dans mon genre comprend l’importance d’Hérophile, saisit partiellement le mode de fonctionnement de la bibliothèque d’Alexandrie, s’étonne de cette rivalité entre bibliothèques de l’époque et s’enthousiasme devant le fait que ces bibliothèques étaient de vrais laboratoires dédiés à l’innovation et à l’apprentissage. Le dessin de Chiara Raimondi n’est pas toujours des plus précis mais il dégage un certain charme. La colorisation, surtout, apporte une vraie identité à l’album. J’ai vraiment apprécié le fait que ce récit soit court. J’ai beaucoup appris sans avoir à me farcir un cours magistral, l’autrice parvenant à saisir des moments clés sans casser le rythme de la lecture. C’est donc bien plus un court récit synthétique et vivant qu’une biographie exhaustive. L’idéal pour des lecteurs curieux mais peu désireux de creuser un sujet. Vraiment pas mal, et si d’aventure, un nouveau tome devait paraître dans ce concept/série/collection, je le lirai avec plaisir.
Les Murailles invisibles
En matière de science-fiction, j’ai tendance à dire que les principes les plus efficaces sont ceux que l’on comprend aisément. Et à ce titre, ce premier tome des Murailles invisibles s’est avéré diantrement efficace ! Alex Chauvel parvient à créer un univers post-apocalyptique original grâce à un concept qui lui permettra de jouer avec les voyages dans le temps tout en nous faisant visiter des univers variés… et tout cela sans quitter la planète Terre ! Si ça, c’est pas une bonne idée ?!? Et comme en plus, ce concept est facile à comprendre, et bien moi, je dis chapeau ! Ceci dit, ce premier tome constitue avant tout une mise en place. On fait connaissance avec les différents personnages, quelques péripéties nous permettent de saisir les enjeux mais aussi tout le potentiel du concept, et les auteurs nous livrent déjà l’une ou l’autre révélation bien aguichante. Côté dessin, j’avais déjà été séduit par la précédente production de Ludovic Rio (Aiôn) et j’ai retrouvé ici les mêmes qualités. Un dessin très lisible d’une froideur qui convient bien au genre sf. Une mise en page soignée même si peu inventive. Des personnages bien typés (c’est toujours plus agréable de suivre un récit quand on identifie directement les différents acteurs). Pour le concept comme pour le dessin, on est clairement sur du « franchement bien ». L’histoire en elle-même demeure sur un simple « pas mal » jusqu’à présent mais je vais continuer à suivre cette série avec délectation.
Cherchez Charlie
Exercice de style parfaitement maîtrisé par un vieux briscard, Cherchez Charlie ne trompe pas sur la marchandise. Vous regardez la couverture, vous lisez le titre, vous savez à quoi vous attendre. Emmanuel Moynot joue et jubile avec ce concept de ‘course à la valise’ dans lequel un attaché-case des plus compromettants va passer d’une main à une autre alors que le nombre de personnes désireuses de le récupérer ne fait que s’accroître. Le récit est rondement mené et s’enrichit encore de l’univers choisi. En effet, nous nous retrouvons en plein New-York durant l’année 69. Un choix d’autant plus judicieux que l’artiste peut s’éclater avec sa colorisation, résolument tranchée. Je ne vais pas bouder mon plaisir : je me suis bien amusé. Ce n’est pas l’œuvre du siècle, c’est un concept qui a déjà été souvent exploré, mais quand c’est bien tourné (comme c’est le cas présentement), quand il y a osmose entre l’univers et le dessin, quand les personnages accrochent (même s’ils sont assez classiques dans le genre), et bien je passe un agréable moment de lecture. Franchement pas mal du tout !
Glaise
Glaise est l’adaptation d’un roman de Franck Bouysse et à la lecture de cette bande dessinée, je pense que l’aspect émotionnel du récit a souffert du passage d’un média à un autre. Un exemple flagrant parmi d’autres est une scène durant laquelle un des personnages les plus importants est foudroyé. Dans le roman, on imagine facilement une fin de chapitre, avec les inquiétudes à la clé (non, pas lui, pas maintenant !!) et l’envie de commencer immédiatement à lire le chapitre suivant. Dans la bande dessinée, on voit directement sur la case suivante (sans même devoir tourner une page) qu’il s’en sort sans la moindre égratignure. La scène ne fonctionne pas, la péripétie ne sert à rien, l’émotion est inexistante. C’est l’exemple le plus flagrant mais il y a d’autres passages où je n’ai pu m’empêcher de penser que ‘ça devait mieux fonctionner dans le roman’. Et si je sors déçu de ma lecture, c’est principalement dû à ce manque d’empathie ressentie pour les personnages… un manque résultant de profils psychologiques trop peu fouillés et d’une progression dramatique trop brutale (par paliers, aurais-je envie de dire, on saute ainsi d’un état à un autre sans fluidité). Ceci dit, certains aspects de ce récit m’ont bien plu. Le principal étant la manière dont il aborde la première guerre mondiale. Non pas en suivant des combattants mais en s’attardant sur le sort de ceux et celles qui restent sur place, culpabilisent et s’angoissent. Autre point positif : le dessin. J’ai aimé le trait fouillé de Loïc Godart et sa colorisation dans des teintes brunâtres qui cadre bien avec les décors et l’ambiance générale. Seuls certains regard m’ont moins plu (on a l’impression à certains moments que les personnages louchent furieusement). Le déroulement de l’intrigue est un peu plat, sans grosses surprises, avec des événements dont on se fout un peu (la mort de la grand-mère, par exemple, n’apporte rien au récit… du moins dans la bande dessinée, et je pourrait faire la même remarque au sujet des talents de sculpteur de Joseph) mais j’avais quand même envie de connaître la fin de l’histoire (ou des histoires puisque plusieurs destins sont évoqués). Si j’avais ressenti plus d’empathie pour les personnages, j’aurais très certainement bien plus apprécié ma lecture. Là, j’en reste à un petit ‘pas mal’ sans plus… avec cette désagréable conviction que le roman devait être mieux.
Crypto-monnaie
J’attendais de ce récit deux choses. La première était un thriller financier dans la ligne d’un « Hedge Fund » puisque je retrouvais un des deux scénaristes. La seconde était d’avoir des explications claires quant à ces fameuses crypto-monnaie auxquelles j’avoue ne pas comprendre grand-chose. Ce récit a répondu à cinquante pourcents de mes attentes. L’aspect thriller financier fonctionne plutôt bien… mais je ne comprends toujours rien aux crypto-monnaies malgré les explications délivrées. Au niveau du dessin, du découpage et de l’ambiance, ce récit fait très ‘comics’ (il a d’ailleurs été conjointement publié en Europe et aux USA). La localisation de l’intrigue accentue encore cette impression puisque nous nous retrouvons au Canada. C’est visuellement agréable à lire même si souvent brut de coffrage au niveau du trait. L’encrage très présent rappelle là encore les productions made in USA. L’aspect thriller fonctionne bien avec une arnaque utilisant la fameuse pyramide de Ponzi. C’est classique mais bien mené et assez crédible. J’ai aimé le personnage principal, un ex-banquier dont les arnaqueurs vont profiter de la naïveté et de l’état psychologique (il sort d’une grosse dépression) pour le manipuler à loisir. Je trouve ce personnage touchant. Au final, c’est plutôt pas mal, mais je regrette quand même le fait que la bande dessinée, malgré les explications qui nous sont livrées, ne soit pas parvenue à me faire comprendre clairement comment fonctionne une crypto-monnaie.
New normal
New normal est un récit d’anticipation en lien direct avec la crise sanitaire due à la COVID. L’auteur imagine en effet un monde dans lequel le port du masque est devenu la norme, et par voie de conséquence la simple vue d’une bouche ou d’un nez devient grandement érotique. C’est tordu (normal, c’est un manga) mais plutôt bien vu (malgré d’évidents problèmes de plausibilité) puisque cette approche permet d’aborder le classique thème de la découverte de l’amour et de la sexualité sous un angle décalé. Car il faut bien l’admettre, pour le reste nous sommes dans un récit des plus classiques dans les mangas, l’histoire d’un étudiant un peu nigaud qu’un concours de circonstance va pousser dans les bras d’une très jolie collègue. S‘ensuivent premières approches, premiers émois et premiers rivaux. S’il n’y avait cet univers de crise sanitaire permanente, la série n’aurait aucun intérêt à mes yeux mais là, c’est plutôt pas mal. Au niveau du dessin, le style de l’auteur est assez classique mais plutôt bien maîtrisé. Pas trop de visages déformés, ce qui est un bon point pour moi. Je ne suis pas sûr que ça le fera sur la durée, mais ce premier tome est tout à fait correct. Pas mal, quoi. *** Mise à jour après lecture des quatre premiers tomes*** Si la série a parfois un peu tendance à tourner en rond, l'auteur parvient à intégrer de nouveaux éléments à son intrigue, de telle sorte que mon intérêt est, jusqu'à présent, constamment relancé. Le tome 4, en particulier, ouvre de nouveaux horizons. Le plus délicat va, je pense, être de garder cet équilibre entre l'aspect "anticipation/thriller" et le côté "roman graphique/amours de collège" qui fait toute la singularité de la série. Quoiqu'il en soit, après 4 tomes, je trouve toujours l'ensemble plutôt pas mal et continue de suivre la série.
Violent Love
Rien d’exceptionnel mais j’ai trouvé ce récit plaisant à lire. On y suit une jeune femme marquée par le meurtre de son père et lancée dans une impitoyable quête de vengeance. Une quête qui va la transformer,… jusqu’à un point de non-retour ? A ce sujet, la dernière partie de l’album nous délivre un message moins formaté que d’ordinaire pour ce type de récit, et c’est plutôt bien vu. Le dessin est assez brut de coffrage, avec un gros travail sur le découpage pour le rendre le plus dynamique possible. Les différents chapitres jouent allègrement du flash-back sans jamais perdre le lecteur. Dans un cas comme dans l’autre, c’est bien fait et tout à fait opportun. Les personnages marquent, qu’il s’agisse des premiers rôles ou des rôles secondaires (mention spéciales aux tueuses mexicaines, au look comme au style déjantés). Au final, je peux dire que cet album m’a offert ce que j’espérais tout en parvenant à me donner un petit truc en plus (même si on reste dans les habituels clichés du genre pendant la majeure partie du récit). Vraiment pas mal.
Niki Smith's friends
Je reconnais deux grandes qualités à cet album. La première est de nous montrer une relation sexuelle sans artifices. Pas de jouets, pas de contexte scabreux, pas de cordes, de menottes, de tenue affriolante, de sex-shop. Ici, la peau est clairement le vecteur de sensualité. Les personnages se touchent, se désirent, se caressent, se lèchent avec le naturel d’une envie conjointe. La deuxième est son caractère égalitaire. Les personnages sont portés par une envie commune. Il n’y a pas de rapport de force, pas de dominant(e)s ni de soumis(e)s, pas de viol, pas de contrainte. Juste trois personnages qui suite à une première expérimentation réalisée dans un flux d’adrénaline, sont partagés entre l’envie de remettre le couvert et la crainte de casser quelque chose. Le scénario se résume d’ailleurs à cette seule inquiétude. On découvre ainsi trois personnages enfermés dans leurs pensées. Chacun semble avoir apprécié cette première expérience mais a peur que son envie de recommencer ne soit pas partagée par ses deux partenaires. L’histoire se scinde ainsi en trois chapitres dans lesquels les trois personnages vont vivre cette relation à trois et enfin découvrir que ça leur plait à tous les trois et qu’ils ont envie de continuer l’aventure. Ceci dit, tout n’est pas parfait. Le scénario reste très basique, la majeure partie de l’espace est occupée par des planches à caractère pornographique (fellations, sodomies, cunnilingus, caresses plus ou moins ciblées, plus ou moins profondes) ne nous laissant que peu entrevoir les pensées des personnages. Les dialogues et la profusion de hah hah hah hah hah hah est une autre source de déception. Sans vouloir du Desforges, je suis quand même dans l’attente de dialogues plus ciselés que ceux offerts ici. Enfin, je ne suis pas fan du dessin. Je le trouve trop statique. J’ai souvent eu cette désagréable impression que les personnages étaient simplement assis sur une bite et attendaient l’éjaculation sans esquisser le moindre mouvement. Enfin, je ne suis pas spécialement attiré par les relations homosexuelles. Si l’album avait plus exploré les pensées des personnages, j’aurais encore pu y trouver un intérêt autre que la simple représentation de fantasmes, mais ce n’est pas le cas et le type de relations décrites par l’autrice ne coïncide pas avec mes propres envies (à titre personnel, je prends le whisky et pas juste un doigt). Donc voilà, parce que cet album offre autre chose que la pornographie habituelle axée sur le regard et les fantasmes masculins, j’opte pour le ‘pas mal’ mais je sors quand même un peu déçu de cette lecture, espérant plus de profondeur (au niveau psychologie des personnages, s’entend) et m’attendant à un dessin de meilleure qualité.
Terror-Island - Une terrifiante aventure de Mickey Mouse
Après la reprise de Donjon Parade, c’est le 2eme album que je lis d’Alexis Nesme. Son trait et couleurs m’ont ici moins rebuté, ils conviennent plutôt bien à l’univers Mickey donnant un rendu ultra chiadé et agréable à l’œil. Il assure également le scénario, il livre une aventure plaisante de notre héros remplie de références : King Kong, Indiana Jones …, ainsi que de quelques traits d’humour ou gags visuels bienvenus. Mais comme relevé par mes prédécesseurs, je trouve qu’il manque un petit truc pour emballer pleinement. Sympathique mais peu mémorable.