J'aime bien ce que fait Kokor, même si mes notes ne reflètent pas toujours l'intérêt que je lui porte. Mais il a souvent des idées poétiques que j'apprécie de lire. Dans ce volume, nous suivons une histoire que l'on découvre ensuite être un feuilleton radiophonique que des gens écoutent, gens dont nous suivrons également l'histoire.
C'est donc un joli mélange des genres, avec deux histoires parallèles que l'on attends de voir se croiser enfin. Cela dit, j'ai un léger souci avec le final, qui laisse planer une certaine incertitude que j'aime bien mais qui a laissé un léger gout de brouillon. Ces dernières pages enchainent les révélations que je ne trouve pas toujours très claires, autour de la création de la série. Bref, c'est un final en demi-teinte en ce qui me concerne.
C'est d'autant plus dommage que je trouve le reste franchement bon ! L'intrigue m'a intéressée d'un bout à l'autre, avec ce mélange d'histoires qui a un côté décalé et poétique à la fois, qui n'a d'ailleurs pas été sans me rappeler Supplément d'âme avec cette idée de terre entière confrontée à une nouveauté, ici les extra-terrestres. La balade de nos protagonistes à un charme amusant, surtout avec le dialogue assez saugrenue, mélange de boniment de vendeur et d'humanité bienveillante. Une très bonne idée.
Le dessin de Kokor correspond vraiment bien à ce type d'histoire, avec des personnages dont on comprends très vite les émotions. C'est aussi un détail dans les décors qui ne vient jamais troubler la fluidité de la lecture. Je trouve qu'il a quelque chose dans la manière de dessiner qui me charme.
Bref, une BD qui a des atouts pour elle mais une fin que je trouve assez bancal. C'est dommage, j'aime vraiment beaucoup les deux tiers de celle-ci, et c'est pour cela que ma note reste à ce niveau. J'aurais voulu aimer plus !
Dernière adaptation de Lovecraft par Gou Tanabe, "Le molosse" rassemble trois nouvelles parues entre 1921 et 1925.
Bien que plutôt désuètes, on y retrouve tout le folklore que Lovecraft a inventé. Ces nouvelles s'éloignent cependant un peu des habituelles Cthulhu, Dagon et autres Nyarlathotep pour se focaliser sur des événements plutôt anecdotiques dans ces grands mythes. Dans chacune de ces histoires, un personnage principal est confronté à la présence de créatures anciennes. Et maléfiques bien sûr, ce ne sont pas les bisounours que Lovecraft a créés !
J'ai largement préféré la première, aux forts relents de Sanctuaire, qui se déroule dans un sous-marin et qu'une espèce de malédiction vient frapper. La folie est palpable, et on pourrait se laisser emporter par l'angoisse. Le lecteur un peu maniaque pourra tout de même tiquer sur l'anachronisme des uniformes nazi et du sous-marin de la seconde guerre mondiale pour une histoire écrite en 1920. Le climat pesant s'installe bien, et le nombre de pages finalement limité du récit ne vient pas gâcher cela.
Les deux autres histoires par contre m'ont un peu moins émoustillé. Elles sont en effet plus rapides dans leur récit, et, allant à l'essentiel, perdent assez largement en ambiance et en intensité, ce qui est malheureusement assez dommageable.
Au final une lecture qui reste sympathique, mais à mon avis moins intense que les autres adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe parues jusqu'à présent.
C'est avec Ma voisine est indonésienne que j'avais découvert le travail d'Emmanuel Lemaire et sa singulière voisine indonésienne. Ce petit bout de femme pas ordinaire avait su me séduire par sa truculence et son regard singulier sur notre beau pays qu'est la France tout en nous faisant découvrir le sien et ses singularités culturelles.
C'est donc avec appétit que je me voyais replonger dans ces anecdotes et réflexions du quotidien de cette chère Madame Hibou, mais malheureusement je n'y ai pas retrouvé le même plaisir. Déjà, nous ne sommes plus dans un récit "complet", mais dans l'enchaînement de scènes tenant entre 1 ou 4 planches. Ce format nous propose donc un rythme narratif complètement différent qui n'a à mes yeux pas la même saveur. Alors oui, on retrouve ce regard vif et acéré qui croise ces deux cultures très différentes, oui certaines sont très drôles et oui Madame Hibou reste un personnage des plus attachant. Mais au fil des 160 pages de l'album certaines restent quand même assez anecdotiques et moins percutantes.
Côté dessin on retrouve le trait minimaliste mais pointu d'Emmanuel Lemaire qui sait saisir l'essence d'un lieu et son ambiance. Il s'amuse même avec la couleur en parsemant ses planches de quelques touches colorées sommaires (un peu de rouge ici, une touche de bleu par là...) qui rehaussent quelques détails ou quelques personnages pour mettre intelligemment en valeur son propos.
Alors, oui, retrouvé Madame Hibou fût un réel plaisir, mais ce nouveau format enchainant ses péripéties ou réflexions quotidiennes m'a moins envouté.
De manière brève, j'ai beaucoup aimé le tome 1 et 2 puis la déception a été grandissante. Mais là où je ne me remets pas, c'est la disparition subite et sans explication d'Elbanim dans le tome 4 entre la page 45 et 48. Sérieux !!! Comment est-ce possible de perdre un des 8 frères. A quel moment le scénariste et/ou le dessinateur ont réussi à oublier un personnage ???
Bref si qqun a retrouvé la page manquante, merci de me dire ce qui est arrivé à Elbanim.
Après l’uchronie avec pour toile de fond la 2nde Guerre Mondiale, puis le Moyen Âge parisien, ou encore l’épopée sicilienne des normands au XIème siècle, le duo Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat s’attaque au crépuscule de la piraterie au XVIIIème siècle.
Un one shot avec un récit pour le moins ambitieux qui cherche à marier la fiction tout en collant au plus près de la véracité historique. Moi le premier, j’ai beau en avoir bouffé de l’histoire de pirates, en bd aussi bien qu’en roman ou même des films, j’en ai souvent gardé que le côté aventureux et la chasse au butin. Le pari des auteurs est de remettre les pendules à l’heure en disant qu’en gros tout ça c’est un peu surtout de gros cliché et que l’aspect social de la piraterie était le point essentiel de leur société. On évoque souvent la liberté quand il s’agit de pirates, mais quid de la fraternité, de l’égalité entre marins, de l’assistance mutuelle, de la question de l’esclavage, de la non-violence, et même de la démocratie direct, etc ? Le tout emballé dans un jolie récit qui n’oublie pas de faire de la place à l’action et l’aventure. Bon, si le récit a le mérite de réussir son pari de tordre le coup aux clichés du genre, je dois avouer que parfois j’avais l’impression d’assister à une réunion de gilets jaunes (comme dans le dernier tiers se déroulant en Afrique), dans le sens où les protagonistes sont parfois un peu trop idéalistes et j’aurai préféré qu’ils se taisent un peu pour laisser place à la castagne (j’aurai voté pour Scylla et rejoindre la côte Est et venger Barbe Noir ^^ ). Ça reste néanmoins très bien écrit et jamais soporifique. J’ai bien aimé par exemple l’idée qu’il n’y avait pas vraiment de personnage principal et qu’aussi bien Maryam, Scylla et Olivier partagent l’affiche. Cela va dans le sens que j’évoquais de la démocratie directe où il n’y a pas un pirate plus important qu’un autre et que les chefs ne le sont que parce qu’ils tirent leur légitimités des marins qui ont confiance en eux.
Bon après, le dessin ! Du Toulhoat tout craché ! Quoique, alors je ne saurai dire comment ni pourquoi mais je le trouve moins bon que sur Ira Dei ou Conan. C’est pourtant le même trait un peu « gras » que j’apprécie, les mêmes faciès très expressifs… Les cases sont peut être un poil plus grande, donc moins de cases par pages ?… Cependant faut être capable de les cracher 200 pages comme celle-ci ! C’est du bon boulot, le mec a mis ses tripes sur le pont, y a pas à redire. Le code couleur de l’artiste, pareil, c’est un truc que j’apprécie toujours, très chaleureux ou en phase avec le ton du récit.
Un roman graphique bien documenté !
Cet album s’inscrit dans la tendance actuelle du retour à la terre. Il a des accents bobo et son ton est très conciliant (le gamin adore travailler au potager avec sa grand-mère et ne discute pas le fait de ne pas avoir accès à sa tablette ou à son portable).
Les illustrations de Simon Hureau (L'Oasis) sont très belles, bien adaptées à un jeune public car très lisibles, joliment colorisées. La mise en page est aérée et l’album peut donc se lire assez vite mais notre regard est constamment attiré par de petits détails. Je suis particulièrement charmé par ses dessins naturalistes qui permettent à tout un chacun de reconnaître tel insecte ou telle fleur au détour d'une page. Au fil des planches on fait donc le tour d’un jardin d’une simplicité idyllique. On découvre quelques légumes, on observe les insectes, on hume les fleurs. On caresse le chat. Là on repère un nichoir, ici l’abri de jardin ressemble à la caverne d’Ali Baba, ailleurs on découvre un lapin. Il fait beau, aucun travail ne semble pénible. C’est très édulcoré, vraiment destiné à donner à un jeune enfant l’envie de jardiner et ma foi charmant à feuilleter.
Une invitation à la contemplation, au retour à la terre, un peu trop édulcorée à mon goût mais vraiment bien mise en image. Pas mal du tout.
3.5
Un univers post-apo à la fois classique (le retour au féodal et la débrouille) et original (une mystérieuse contagion, la lutte contre les mutations). Et des personnages bien marqués avançant masqués, aux traits de caractères forts mais laissant pourtant place à beaucoup d'interrogations.
Le premier tome est moyen bien que l'ambiance soit pesante. Dans le 2, les enjeux prennent et le 3 amènent beaucoup de révélations, de questions supplémentaires et de séquences mémorables. Bref, ça s'améliore de volume en volume. Et je pense sincèrement que la note grimpera à la parution du tome 4.
Petit bémol contre le rythme des réponses qui ralentie au fur et à mesure des pages, espérons que ce ne soit pas une manière de tirer sur la longueur.
James ne supporte plus les sempiternelles disputes de ses parents et décide de fuguer en se réfugiant dans la forêt. Il espère retrouver un groupe de jeunes, Les Orphelins, qui d'après les 'on-dit" y survivrait en autonomie...
James fini par trouver ce petit groupe d'apaches modernes qui survit tant bien mal hors de cette société qu'ils ont rejeté pour diverses raisons. Que ce soit des situations familiales difficiles, rompues ou inexistantes, ou encore le rejet du monde, pollué et du modèle de société qu'on leur propose, chacun des membres à son explication. Chacun a également un rôle dans cette petite bande (chasseur, cueilleur, etc.) et James va devoir trouver sa place...
Kapik qui signe le scénario et Kim Consigny au dessin ne cachent pas leur inspiration du "Peter Pan'' de James M. Barrie. Le rejet du monde des adultes transpire effectivement de ces planches et de tout ce que rejettent nos jeunes survivalistes. Car passé l'excitation des premières journées de liberté, la prise de conscience est assez rapide quant aux difficultés qu'implique de se nourrir en autonomie, des conditions météo pas toujours favorables, et des relations pas toujours simples entre les membres du groupe. James va l'apprendre à ses dépends...
L'album est intéressant, pas des plus captivant pour l'adulte que je suis, mais je pense que les questionnements trouveront un échos plus attentif chez un public ados qui s'identifiera plus facilement dans les problématiques que soulève cet album et qui semblent à la fois universelles et contemporaines. Le dessin tout en douceur et en simplicité de Kim Konsigny assure le job et quelques trouvailles graphiques sont bien vues pour illustrer l'imagination débordante des gamins de cet âge (je pense aux tenues vestimentaires qui illustre ce qu'imagine James par exemple).
Comme tous les albums de cette collection que j’ai lus, il s’agit d’un conte des frères Grimm relativement inconnu (totalement de moi en tout cas !), très bien mis en images, avec une belle maquette de collection de la part de cet éditeur intéressant, qui porte souvent bien son nom.
Ici, je retrouve Nuria Tamarit, auteure découverte avec « Géante », et dont le dessin, atypique, convient bien à ce genre de récit. Le trait est simple, sans fioriture, mais original et efficace. En tout cas les jeunes lecteurs visés par cet album apprécieront certainement ce style un peu naïf et gras.
Si la première moitié du récit est grave, assez noire, jusqu’à la « mort » de Wilhelm, la suite est plus classique, avec quelques côtés édifiants, mais qui passent, jusqu’au happy end final.
Ce n’est sans doute pas le conte le plus original des frères Grimm, mais il est ici bien mis en images.
Note réelle 2,5/5.
2.5
C'est un webcomic, donc ça été publié de manière indépendante sur le web avant qu'un éditeur ne récupère l'œuvre et qu'Hachette la traduise.
J'ai trouvé que la série avait du potentiel, mais qu'il y avait trop de défauts. Déjà au début on n'explique pas trop l'univers et on reçoit des informations au compte-gouttes, alors par moment j'étais un peu confus à cause d'actions des personnages ou par leurs motivations. En plus, le scénario est un peu poussif par moment et la plupart des personnages me laissent indifférent. Disons que ça se sent que l'auteur (autrice ?) était tout seul durant la production des planches. Dommage, parce que le début était pas mal et j'aime bien le dessin.
Sinon, il y a eu deux tomes parus en 2018 et puis plus rien ! Après une courte recherche, il semblerait qu'il y a pas eu d'update de l'histoire depuis août 2019, alors en plus il y a de bonnes chances que la série ne soit jamais terminée....
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Balade Balade
J'aime bien ce que fait Kokor, même si mes notes ne reflètent pas toujours l'intérêt que je lui porte. Mais il a souvent des idées poétiques que j'apprécie de lire. Dans ce volume, nous suivons une histoire que l'on découvre ensuite être un feuilleton radiophonique que des gens écoutent, gens dont nous suivrons également l'histoire. C'est donc un joli mélange des genres, avec deux histoires parallèles que l'on attends de voir se croiser enfin. Cela dit, j'ai un léger souci avec le final, qui laisse planer une certaine incertitude que j'aime bien mais qui a laissé un léger gout de brouillon. Ces dernières pages enchainent les révélations que je ne trouve pas toujours très claires, autour de la création de la série. Bref, c'est un final en demi-teinte en ce qui me concerne. C'est d'autant plus dommage que je trouve le reste franchement bon ! L'intrigue m'a intéressée d'un bout à l'autre, avec ce mélange d'histoires qui a un côté décalé et poétique à la fois, qui n'a d'ailleurs pas été sans me rappeler Supplément d'âme avec cette idée de terre entière confrontée à une nouveauté, ici les extra-terrestres. La balade de nos protagonistes à un charme amusant, surtout avec le dialogue assez saugrenue, mélange de boniment de vendeur et d'humanité bienveillante. Une très bonne idée. Le dessin de Kokor correspond vraiment bien à ce type d'histoire, avec des personnages dont on comprends très vite les émotions. C'est aussi un détail dans les décors qui ne vient jamais troubler la fluidité de la lecture. Je trouve qu'il a quelque chose dans la manière de dessiner qui me charme. Bref, une BD qui a des atouts pour elle mais une fin que je trouve assez bancal. C'est dommage, j'aime vraiment beaucoup les deux tiers de celle-ci, et c'est pour cela que ma note reste à ce niveau. J'aurais voulu aimer plus !
Le Molosse
Dernière adaptation de Lovecraft par Gou Tanabe, "Le molosse" rassemble trois nouvelles parues entre 1921 et 1925. Bien que plutôt désuètes, on y retrouve tout le folklore que Lovecraft a inventé. Ces nouvelles s'éloignent cependant un peu des habituelles Cthulhu, Dagon et autres Nyarlathotep pour se focaliser sur des événements plutôt anecdotiques dans ces grands mythes. Dans chacune de ces histoires, un personnage principal est confronté à la présence de créatures anciennes. Et maléfiques bien sûr, ce ne sont pas les bisounours que Lovecraft a créés ! J'ai largement préféré la première, aux forts relents de Sanctuaire, qui se déroule dans un sous-marin et qu'une espèce de malédiction vient frapper. La folie est palpable, et on pourrait se laisser emporter par l'angoisse. Le lecteur un peu maniaque pourra tout de même tiquer sur l'anachronisme des uniformes nazi et du sous-marin de la seconde guerre mondiale pour une histoire écrite en 1920. Le climat pesant s'installe bien, et le nombre de pages finalement limité du récit ne vient pas gâcher cela. Les deux autres histoires par contre m'ont un peu moins émoustillé. Elles sont en effet plus rapides dans leur récit, et, allant à l'essentiel, perdent assez largement en ambiance et en intensité, ce qui est malheureusement assez dommageable. Au final une lecture qui reste sympathique, mais à mon avis moins intense que les autres adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe parues jusqu'à présent.
La France vue par Madame Hibou
C'est avec Ma voisine est indonésienne que j'avais découvert le travail d'Emmanuel Lemaire et sa singulière voisine indonésienne. Ce petit bout de femme pas ordinaire avait su me séduire par sa truculence et son regard singulier sur notre beau pays qu'est la France tout en nous faisant découvrir le sien et ses singularités culturelles. C'est donc avec appétit que je me voyais replonger dans ces anecdotes et réflexions du quotidien de cette chère Madame Hibou, mais malheureusement je n'y ai pas retrouvé le même plaisir. Déjà, nous ne sommes plus dans un récit "complet", mais dans l'enchaînement de scènes tenant entre 1 ou 4 planches. Ce format nous propose donc un rythme narratif complètement différent qui n'a à mes yeux pas la même saveur. Alors oui, on retrouve ce regard vif et acéré qui croise ces deux cultures très différentes, oui certaines sont très drôles et oui Madame Hibou reste un personnage des plus attachant. Mais au fil des 160 pages de l'album certaines restent quand même assez anecdotiques et moins percutantes. Côté dessin on retrouve le trait minimaliste mais pointu d'Emmanuel Lemaire qui sait saisir l'essence d'un lieu et son ambiance. Il s'amuse même avec la couleur en parsemant ses planches de quelques touches colorées sommaires (un peu de rouge ici, une touche de bleu par là...) qui rehaussent quelques détails ou quelques personnages pour mettre intelligemment en valeur son propos. Alors, oui, retrouvé Madame Hibou fût un réel plaisir, mais ce nouveau format enchainant ses péripéties ou réflexions quotidiennes m'a moins envouté.
Le Serment de l'Ambre
De manière brève, j'ai beaucoup aimé le tome 1 et 2 puis la déception a été grandissante. Mais là où je ne me remets pas, c'est la disparition subite et sans explication d'Elbanim dans le tome 4 entre la page 45 et 48. Sérieux !!! Comment est-ce possible de perdre un des 8 frères. A quel moment le scénariste et/ou le dessinateur ont réussi à oublier un personnage ??? Bref si qqun a retrouvé la page manquante, merci de me dire ce qui est arrivé à Elbanim.
La République du Crâne
Après l’uchronie avec pour toile de fond la 2nde Guerre Mondiale, puis le Moyen Âge parisien, ou encore l’épopée sicilienne des normands au XIème siècle, le duo Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat s’attaque au crépuscule de la piraterie au XVIIIème siècle. Un one shot avec un récit pour le moins ambitieux qui cherche à marier la fiction tout en collant au plus près de la véracité historique. Moi le premier, j’ai beau en avoir bouffé de l’histoire de pirates, en bd aussi bien qu’en roman ou même des films, j’en ai souvent gardé que le côté aventureux et la chasse au butin. Le pari des auteurs est de remettre les pendules à l’heure en disant qu’en gros tout ça c’est un peu surtout de gros cliché et que l’aspect social de la piraterie était le point essentiel de leur société. On évoque souvent la liberté quand il s’agit de pirates, mais quid de la fraternité, de l’égalité entre marins, de l’assistance mutuelle, de la question de l’esclavage, de la non-violence, et même de la démocratie direct, etc ? Le tout emballé dans un jolie récit qui n’oublie pas de faire de la place à l’action et l’aventure. Bon, si le récit a le mérite de réussir son pari de tordre le coup aux clichés du genre, je dois avouer que parfois j’avais l’impression d’assister à une réunion de gilets jaunes (comme dans le dernier tiers se déroulant en Afrique), dans le sens où les protagonistes sont parfois un peu trop idéalistes et j’aurai préféré qu’ils se taisent un peu pour laisser place à la castagne (j’aurai voté pour Scylla et rejoindre la côte Est et venger Barbe Noir ^^ ). Ça reste néanmoins très bien écrit et jamais soporifique. J’ai bien aimé par exemple l’idée qu’il n’y avait pas vraiment de personnage principal et qu’aussi bien Maryam, Scylla et Olivier partagent l’affiche. Cela va dans le sens que j’évoquais de la démocratie directe où il n’y a pas un pirate plus important qu’un autre et que les chefs ne le sont que parce qu’ils tirent leur légitimités des marins qui ont confiance en eux. Bon après, le dessin ! Du Toulhoat tout craché ! Quoique, alors je ne saurai dire comment ni pourquoi mais je le trouve moins bon que sur Ira Dei ou Conan. C’est pourtant le même trait un peu « gras » que j’apprécie, les mêmes faciès très expressifs… Les cases sont peut être un poil plus grande, donc moins de cases par pages ?… Cependant faut être capable de les cracher 200 pages comme celle-ci ! C’est du bon boulot, le mec a mis ses tripes sur le pont, y a pas à redire. Le code couleur de l’artiste, pareil, c’est un truc que j’apprécie toujours, très chaleureux ou en phase avec le ton du récit. Un roman graphique bien documenté !
Un Jardin extraordinaire
Cet album s’inscrit dans la tendance actuelle du retour à la terre. Il a des accents bobo et son ton est très conciliant (le gamin adore travailler au potager avec sa grand-mère et ne discute pas le fait de ne pas avoir accès à sa tablette ou à son portable). Les illustrations de Simon Hureau (L'Oasis) sont très belles, bien adaptées à un jeune public car très lisibles, joliment colorisées. La mise en page est aérée et l’album peut donc se lire assez vite mais notre regard est constamment attiré par de petits détails. Je suis particulièrement charmé par ses dessins naturalistes qui permettent à tout un chacun de reconnaître tel insecte ou telle fleur au détour d'une page. Au fil des planches on fait donc le tour d’un jardin d’une simplicité idyllique. On découvre quelques légumes, on observe les insectes, on hume les fleurs. On caresse le chat. Là on repère un nichoir, ici l’abri de jardin ressemble à la caverne d’Ali Baba, ailleurs on découvre un lapin. Il fait beau, aucun travail ne semble pénible. C’est très édulcoré, vraiment destiné à donner à un jeune enfant l’envie de jardiner et ma foi charmant à feuilleter. Une invitation à la contemplation, au retour à la terre, un peu trop édulcorée à mon goût mais vraiment bien mise en image. Pas mal du tout.
Le Convoyeur
3.5 Un univers post-apo à la fois classique (le retour au féodal et la débrouille) et original (une mystérieuse contagion, la lutte contre les mutations). Et des personnages bien marqués avançant masqués, aux traits de caractères forts mais laissant pourtant place à beaucoup d'interrogations. Le premier tome est moyen bien que l'ambiance soit pesante. Dans le 2, les enjeux prennent et le 3 amènent beaucoup de révélations, de questions supplémentaires et de séquences mémorables. Bref, ça s'améliore de volume en volume. Et je pense sincèrement que la note grimpera à la parution du tome 4. Petit bémol contre le rythme des réponses qui ralentie au fur et à mesure des pages, espérons que ce ne soit pas une manière de tirer sur la longueur.
A l'orée du monde
James ne supporte plus les sempiternelles disputes de ses parents et décide de fuguer en se réfugiant dans la forêt. Il espère retrouver un groupe de jeunes, Les Orphelins, qui d'après les 'on-dit" y survivrait en autonomie... James fini par trouver ce petit groupe d'apaches modernes qui survit tant bien mal hors de cette société qu'ils ont rejeté pour diverses raisons. Que ce soit des situations familiales difficiles, rompues ou inexistantes, ou encore le rejet du monde, pollué et du modèle de société qu'on leur propose, chacun des membres à son explication. Chacun a également un rôle dans cette petite bande (chasseur, cueilleur, etc.) et James va devoir trouver sa place... Kapik qui signe le scénario et Kim Consigny au dessin ne cachent pas leur inspiration du "Peter Pan'' de James M. Barrie. Le rejet du monde des adultes transpire effectivement de ces planches et de tout ce que rejettent nos jeunes survivalistes. Car passé l'excitation des premières journées de liberté, la prise de conscience est assez rapide quant aux difficultés qu'implique de se nourrir en autonomie, des conditions météo pas toujours favorables, et des relations pas toujours simples entre les membres du groupe. James va l'apprendre à ses dépends... L'album est intéressant, pas des plus captivant pour l'adulte que je suis, mais je pense que les questionnements trouveront un échos plus attentif chez un public ados qui s'identifiera plus facilement dans les problématiques que soulève cet album et qui semblent à la fois universelles et contemporaines. Le dessin tout en douceur et en simplicité de Kim Konsigny assure le job et quelques trouvailles graphiques sont bien vues pour illustrer l'imagination débordante des gamins de cet âge (je pense aux tenues vestimentaires qui illustre ce qu'imagine James par exemple).
Le Conte du genévrier
Comme tous les albums de cette collection que j’ai lus, il s’agit d’un conte des frères Grimm relativement inconnu (totalement de moi en tout cas !), très bien mis en images, avec une belle maquette de collection de la part de cet éditeur intéressant, qui porte souvent bien son nom. Ici, je retrouve Nuria Tamarit, auteure découverte avec « Géante », et dont le dessin, atypique, convient bien à ce genre de récit. Le trait est simple, sans fioriture, mais original et efficace. En tout cas les jeunes lecteurs visés par cet album apprécieront certainement ce style un peu naïf et gras. Si la première moitié du récit est grave, assez noire, jusqu’à la « mort » de Wilhelm, la suite est plus classique, avec quelques côtés édifiants, mais qui passent, jusqu’au happy end final. Ce n’est sans doute pas le conte le plus original des frères Grimm, mais il est ici bien mis en images. Note réelle 2,5/5.
Blindsprings
2.5 C'est un webcomic, donc ça été publié de manière indépendante sur le web avant qu'un éditeur ne récupère l'œuvre et qu'Hachette la traduise. J'ai trouvé que la série avait du potentiel, mais qu'il y avait trop de défauts. Déjà au début on n'explique pas trop l'univers et on reçoit des informations au compte-gouttes, alors par moment j'étais un peu confus à cause d'actions des personnages ou par leurs motivations. En plus, le scénario est un peu poussif par moment et la plupart des personnages me laissent indifférent. Disons que ça se sent que l'auteur (autrice ?) était tout seul durant la production des planches. Dommage, parce que le début était pas mal et j'aime bien le dessin. Sinon, il y a eu deux tomes parus en 2018 et puis plus rien ! Après une courte recherche, il semblerait qu'il y a pas eu d'update de l'histoire depuis août 2019, alors en plus il y a de bonnes chances que la série ne soit jamais terminée....