Malgré une hésitation pour lire cette fresque historique, j'ai finalement apprécié, mais sans fougue. Il s'agit d'une Bd soignée, bien documentée et foisonnante qui aborde une période très méconnue de l'Empire romain, à travers le règne de Julien l'Apostat au IVème siècle. Empereur pendant presque 2 ans seulement, il a cependant laissé une marque importante, surtout dans la tradition chrétienne puisqu'il doit son surnom d'apostat au fait qu'il a tout fait pour réduire le christianisme dans l'Empire et rétablir le polythéisme. Son règne fit l'objet de nombreuses critiques qui ne retiennent que ses méfaits.
Je n'avais qu'une très vague idée de ce personnage d'une part parce que je suis un peu moins connaisseur de l'Histoire de Rome sur cette époque, et d'autre part parce qu'il ne fait pas partie des empereurs connus comme Tibère, Caligula ou Néron qui ont régné au Ier siècle de notre ère. Le seul souvenir que j'en avais, c'est ses dernières paroles, un mot de la fin assez célèbre que j'ai souvent lu dans des bouquins ; il survient lors de sa mort après la bataille de Ctésiphon en 363, alors qu'il vient d'être mortellement blessé par une lance et qu'il prononce ces mots : "Tu as vaincu, Galiléen !", reconnaissant ainsi la victoire du christianisme qui survivait dans l'Empire et qu'il avait combattu.
La Bd est une saga à la Murena, assez dense, presque aussi passionnante, elle ne fait pas pâle figure et soutient la comparaison, surtout dans sa narration et sa documentation. La période de ce règne est une époque charnière où le christianisme est encore minoritaire car les anciennes religions païennes subsistent. Le récit est prenant, les scènes intimistes alternent avec des scènes de batailles, les personnages sont nombreux, il faut se concentrer et lire les 7 albums à la suite pour bien s'immerger dedans.
Je sais pas comment travaille cet auteur, Ken Broeders, mais sortir 7 albums dans un laps de temps aussi rapproché relève d'une sorte d'exploit pour fournir à la fois une telle qualité graphique et une densité de scénario très pointu. Le dessin est robuste, dans un style un peu aquarelle mais pas que, il y a de vraies prouesses graphiques.
En bref, c'est un enchaînement d'intrigues, de complots, de combats et de politique, tout est bien dosé pour ne pas ennuyer le lecteur, mais la lecture est quand même fastidieuse, je préviens de suite qu'il faut s'intéresser à ce type d'histoire et à cette période de l'Empire romain pour vraiment rentrer dedans. De mon côté, c'est sans doute pour cette raison que n'étant pas assez passionné par cette période, j'ai apprécié le travail fourni, mais sans pour autant grimper aux rideaux.
Un petit défaut à signaler : un vocabulaire anachronique et malvenu qui parfois détone totalement par des formules trop de notre époque ; certains auteurs se laissent aller à ces fantaisies dans les Bd "romaines", Marini a fait la même erreur dans quelques passages sur Les Aigles de Rome...
Je n’ai pas encore lu Mezkal qui a eu les honneurs du site en 2022, mais la même année les auteurs récidivaient avec Convoi.
Je dois dire que je ne sais trop quoi penser de cette œuvre, les avis seront partagés. J’en suis sorti mitigé positivement alors que c’était pas gagné durant tout le long.
De la série B avec de bonnes choses mais parasitée par trop d’éléments horripilants, les auteurs y vont à fond niveaux références pour un résultat pas toujours adéquat à mes yeux.
Ma lecture a été fluide mais en dents de scie niveau plaisir, cependant et bizarrement j’en suis sorti relativement satisfait avec cette fin (et le cahier graphique est un bonus sympathique).
Un récit qui lorgne ouvertement vers Mad Max 2 avec cette histoire de convoi, cette partie est linéaire mais plutôt plaisante en péripéties. Malheureusement l’univers mis en place m’a paru lourd ou maladroit, surtout le côté Jodo autour de la sexualité et religion, du coup les personnages sont bien campés mais trop perchés pour un quelconque attachement de ma part.
Après on trouve beaucoup d’autres clins d’œil bd, animés, aux années 80 plus ou moins heureux dans leurs mises en scène. Et quelques autres éléments encore qui m’ont gentiment fait tiquer, comme les animaux qui pensent ou fument, ou un soucis de compréhension dans les dialogues niveau temporalité quand le convoi arrive dans le village dévasté et retrouve la gamine rescapée.
Aucune surprise pour le dessin de Jef que je connaissais déjà, j’en raffole pas mais ça passe bien, sauf quelques looks et couleurs.
Classique dans son action mais original et particulier sur la forme, à voir selon vos goûts.
Étrange, cette histoire, dans laquelle les États-Unis sont en guerre avec leur voisin canadien, qu’ils envahissent et dont ils pillent les ressources hydriques.
Une histoire SF d’anticipation qui, une fois la surprise de départ passée, se révèle agréable à lire. Le dessin comme la narration sont fluides, globalement à mon goût. Histoire qui est traitée sur un bon rythme, il n’y a pas de temps morts ou de longueurs inutiles.
Je dirais presque que cette concision est regrettable et source de frustrations. En effet, j’aurais aimé en savoir plus sur « l’avant » (comment en est-on arrivé à cette situation de guerre) et « l’après », mais aussi connaitre un peu mieux l’époque, le contexte, et les personnages (il y a avait matière à développer ces points – en particulier autour de la femme américaine qui mène les interrogatoires).
Bref, une lecture plutôt agréable, mais qui laisse un goût de trop peu. Pour le reste, les amateurs d’action et de combats SF y trouveront de l’intérêt.
Au gré du hasard de mes lectures, j'aime bien découvrir ces vieilles séries oubliées au fond du bac de ma bibliothèque.
C'est le cas pour ces "Petit Renard" aux couvertures vieillottes. La série fut proposée par Astrapi pour un lectorat assez jeune. Les deux héros, fille et garçon ont une dizaine d'années ce qui correspond au public cible.
L'univers est réaliste avec un côté presque historique dans les thèmes choisis : chemin de fer, télégraphe, relations Indiens/Blancs ou Indiens/Indiens. Les scénarii s'articulent sur une désobéissance coupable de Petit Renard qui le met dans une position inconfortable.
Heureusement une aide providentielle permet une fin heureuse. C'est vraiment du très classique. À mon goût, il manque le côté poétique et merveilleux que l'on peut trouver chez Yakari.
À vouloir coller au réalisme, les imprévus rencontrés par les jeunes héros en deviennent improbables.
Je n'ai pas été trop séduit par le graphisme de Nadine Brass. Non qu'il soit très daté 80's, j'aime bien. Mais je trouve que les visages manquent de détails et de finitions, ce qui nuit à l'expressivité des personnages. De plus Brass nous propose des paysages a-minima. Cela n'a rien à voir avec les magnifiques planches de Derib pour prendre un univers similaire.
Par contre le lettrage est attractif et le niveau de dialogue est bon, ce que je trouve important pour des jeunes lectrices/eurs.
La mise en couleur est assez terne sauf pour les vêtements indiens.
Une série que je trouve sympa mais sans plus. 2.5
Un one-shot qui se laisse lire sans plus.
Il y a des qualités. Le dessin est bien fait et donne une bonne ambiance au récit. Il y a des bonnes idées dans le scénario....c'est juste que c'est développé de façon maladroite. Je veux bien croire que plusieurs détestent le héros pour être un planqué et donc qu’il subit naturellement leur haine lorsqu’il revient, mais là c'est trop exagéré. On dirait que 99% des gens sont des gros cons qui ont rien d'autre à faire que de faire chier le héros qui reste tellement stoïque face à cette haine que cela rend le récit peu crédible. C'est trop caricatural pour un roman graphique qui se veut sérieux. Il y a aussi le fait que le héros finit par être agaçant et je ne comprends pas certains choix qu'il fait.
Dommage parce que l'idée de départ était bonne, mais au final c'est juste un autre one-shot de plus comme il en sort des centaines par année.
2.5
Je rejoins l'avis de Ro.
Le début est intriguant, je pensais lire une satire sociale se passant dans une dystopie, un peu comme dans Houppeland et je dois dire qu'au début cela fonctionne bien même s'il y a des défauts. La narration est un peu lourde et le dessin manque trop de dynamisme lorsqu'il y a de l'action. Puis au fil des pages je trouvais que cela mettait un peu trop de temps pour mettre les personnages en place et lorsque ça démarre vraiment dans la seconde partie, là le rythme devient trop rapide et c'est parfois confus par moment. Bref, j'allais mettre 2 étoiles....et puis il y a l'épilogue.
C'est un très bon épilogue qui jette un nouveau regard sur le récit. C'est très bien pensé et j'ai l'impression que certains défauts (comme la confusion) étaient voulus. Cela dit, cela reste au final une bande dessinée qui m'a ennuyé pendant au moins un tiers de l'album. Je mets donc la note moyenne et je préconise un emprunt parce que si l'épilogue est génial, ce n'est pas assez pour en faire un indispensable.
Pour rentrer dans cet album, il ne faut pas avoir peur des récits à l'action lente parce que c'est très lent.
Personnellement, j'ai pris un certain plaisir à lire le quotidien de ces vieux campagnards, mais sans plus. Le scénario est sympathique et la fin m'a surpris, mais en même temps j'ai pas été très captivé. Il faut dire que par moment on dirait presque une suite de sketches mis ensemble au lieu d'un vrai récit. Il y a des personnages et des situations savoureux, mais globalement l'histoire n'est pas exceptionnelle. Le dessin est correct.
En gros, le genre de one-shot que je lis une fois et qui m'a donné un bon moment de détente, mais il y a rien qui me donnerait envie de le relire un jour. À emprunter.
Je n'avais jamais entendu parler de cette BD avant que Paco m'en fasse l'article. J'ai donc réservé la bête à la médiathèque illico presto.
D'emblée, les dessins m'ont séduit, surtout les trognes des animaux, très expressives. Mention spéciale au vieux hibou !
L'histoire est sympa comme tout. Elle se présente comme une allégorie des sociétés humaines et de ces petites querelles qui prennent une importance démesurée, engendrant diverses interprétations et quiproquos, donc conflits. Se pose également la question de notre rapport à Dieu, mais surtout à ses serviteurs… L'unité de lieu maintient le récit à une échelle intime qui rajoute encore au plaisir de lecture.
Ce qui me retient de mettre un bon 4, c'est ce début que j'ai trouvé un poil long à se mettre en place, ainsi que la sous-exploitation de certains animaux. Je parlais plus avant du hibou. Il aurait selon moi mérité d'acquérir davantage de présence, tout comme le bouc "sataniste" (quelle belle gueule il a lui aussi). Enfin, il y a un personnage, humain cette fois, dont les positions me semblent un peu incohérentes sur la fin de l'histoire. Ce dernier aurait pu être mieux travaillé. Mais à part ça, c'est du tout bon. Une excellente BD qui détend et donne la banane, et bien ficelée.
Bajka est une série un peu particulière dans le monde de la littérature Jeunesse. En effet l'auteur polonais Marcin Podolec nous propose une balade dans un monde dystopique.
Victoria et sa chienne Bajka se retrouvent seules à la recherche des parents perdus de la jeune fille. L'auteur promène ses deux attachantes héroïnes à travers un monde post apocalyptique aux teintes orangées.
Le scénario propose classiquement une suite de rencontres bénéfiques qui aident la progression du duo. La thématique choisie de fin du monde est forcément angoissante, surtout pour des enfants qui appréhendent mal le concept de finitude.
C'est donc adouci par une ambiance assez poétique, des rencontres rassurantes et des flash backs colorés. L'auteur nous livre un graphisme simple mais expressif. Les dynamiques de Victoria et sa chienne sont bonnes.
L'ambiance du monde qui les entoure est crédible sans être trop glauque.
Une lecture aux dialogues simples qui se lit facilement pour les enfants. Cela reste une curiosité due à cette ambiance inattendue pour un récit Jeunesse.
Pour le coup j'ai dû rater quelque chose. J'ai trouvé la saveur de ce "retour vers le futur" nippon bien fade. Il faut avouer qu'avec moins de 1% de mes lectures en mangas je ne suis probablement pas l'aviseur le plus approprié pour cette œuvre.
Taniguchi nous propose sa version stylée Confusius "On n'a que deux vies..."de la crise de la cinquantaine du mâle dominant qui se veut encore séducteur et créatif. C'est un thème très classique au moins depuis que les hommes arrivent à 50 ans en forme correcte.
J'ai deux lectures du scénario de l'aventure d'Hiroshi. La première est assez poétique. Son aventure est du domaine du rêve provoqué par un semi-coma éthylique qui conduit son subconscient à cicatriser les deux blessures de son adolescence : son amour manqué avec Tomoko et surtout le départ du père.
Cette version a l'avantage de la rationalité des transformations d'Hiroshi mais se heurte à de nombreux obstacles. L'ambiance n'est pas onirique, tout est trop précis comme ces lignes architecturales tracées à la règle et au compas ou ces repas dont on décompose presque les menus.
De plus les dernières planches contredisent cette lecture.
J'en reviens à une lecture mâtinée de fantastique (peu prononcé). Mais là encore le scénario reste banal. On imagine que les aspirations sexuelles d'un esprit de 48 ans dans un corps de 14 ans ne se contentent pas d'un petit tour en moto ou à la plage avec la reine de beauté du collège tout émoustillée et soumise.
De même, utiliser sa nouvelle puissance adulte pour simplement impressionner ses copains, Tomoko ou une serveuse de bar me semble bien en retrait de ce que je ferais en pareilles circonstances. Car si son but premier est de changer la décision de son père que fait-il pour y arriver ? Rien ou si peu. Un mauvais travail de flic ? Deux petites discussions perdues dans des mois de présence.
Tout cela pour se retrouver au point de départ et s'apercevoir que son bonheur est sous ses yeux sans l'avoir vu depuis 20 ans ? Honnêtement le récit se laisse lire facilement et agréablement tellement les dialogues et les pensées sont simplistes. Mais je n'ai senti ni émotion, ni tension dramatique ni surprise. Quelques sourires de temps à autres.
Graphiquement je ne suis pas fan du style manga. Le trait est fin, élégant et d'une précision chirurgicale. Mais à privilégier l'esthétisme on en oublie l'émotion. Le seul visage que j'ai trouvé intéressant est celui de la grand-mère. Toutes les femmes se ressemblent avec leur look 25/30 ans même si elles approchent de la quarantaine ou cinquantaine. Les bâtiments sont aussi beaux que sur des plans d'architectes.
De plus à peine 18 ans après Hiroshima, Taniguchi nous propose une ambiance pimpante et printanière, sans trace du passé mais avec des concepts qui me semblent bien modernes.
Je me trompe car le passé est évoqué une fois pour la mort de Shin'ichi. Ces quelques planches nous donnent une vision empathique de l'armée japonaise. L'épisode est même conclu par une remarque à la Jacques Prévert "La guerre c'est vraiment une belle saloperie". Mouais ! Un peu facile cet épisode et coupé de la réalité historique où l'armée impériale a commis d'innombrables exactions dans tout le Pacifique.
En conclusion je ne partage pas du tout l'engouement pour cette série classée 8 dans les immanquables. La lecture est rapide et parfois plaisante mais ne m'a pas apporté beaucoup (un peu d'exotisme ?) plus qu'une multitude de romans intimistes bien moins cotés. J'ai hésité entre ma raison (3) et mon cœur (2).
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Malgré une hésitation pour lire cette fresque historique, j'ai finalement apprécié, mais sans fougue. Il s'agit d'une Bd soignée, bien documentée et foisonnante qui aborde une période très méconnue de l'Empire romain, à travers le règne de Julien l'Apostat au IVème siècle. Empereur pendant presque 2 ans seulement, il a cependant laissé une marque importante, surtout dans la tradition chrétienne puisqu'il doit son surnom d'apostat au fait qu'il a tout fait pour réduire le christianisme dans l'Empire et rétablir le polythéisme. Son règne fit l'objet de nombreuses critiques qui ne retiennent que ses méfaits. Je n'avais qu'une très vague idée de ce personnage d'une part parce que je suis un peu moins connaisseur de l'Histoire de Rome sur cette époque, et d'autre part parce qu'il ne fait pas partie des empereurs connus comme Tibère, Caligula ou Néron qui ont régné au Ier siècle de notre ère. Le seul souvenir que j'en avais, c'est ses dernières paroles, un mot de la fin assez célèbre que j'ai souvent lu dans des bouquins ; il survient lors de sa mort après la bataille de Ctésiphon en 363, alors qu'il vient d'être mortellement blessé par une lance et qu'il prononce ces mots : "Tu as vaincu, Galiléen !", reconnaissant ainsi la victoire du christianisme qui survivait dans l'Empire et qu'il avait combattu. La Bd est une saga à la Murena, assez dense, presque aussi passionnante, elle ne fait pas pâle figure et soutient la comparaison, surtout dans sa narration et sa documentation. La période de ce règne est une époque charnière où le christianisme est encore minoritaire car les anciennes religions païennes subsistent. Le récit est prenant, les scènes intimistes alternent avec des scènes de batailles, les personnages sont nombreux, il faut se concentrer et lire les 7 albums à la suite pour bien s'immerger dedans. Je sais pas comment travaille cet auteur, Ken Broeders, mais sortir 7 albums dans un laps de temps aussi rapproché relève d'une sorte d'exploit pour fournir à la fois une telle qualité graphique et une densité de scénario très pointu. Le dessin est robuste, dans un style un peu aquarelle mais pas que, il y a de vraies prouesses graphiques. En bref, c'est un enchaînement d'intrigues, de complots, de combats et de politique, tout est bien dosé pour ne pas ennuyer le lecteur, mais la lecture est quand même fastidieuse, je préviens de suite qu'il faut s'intéresser à ce type d'histoire et à cette période de l'Empire romain pour vraiment rentrer dedans. De mon côté, c'est sans doute pour cette raison que n'étant pas assez passionné par cette période, j'ai apprécié le travail fourni, mais sans pour autant grimper aux rideaux. Un petit défaut à signaler : un vocabulaire anachronique et malvenu qui parfois détone totalement par des formules trop de notre époque ; certains auteurs se laissent aller à ces fantaisies dans les Bd "romaines", Marini a fait la même erreur dans quelques passages sur Les Aigles de Rome...
Convoi
Je n’ai pas encore lu Mezkal qui a eu les honneurs du site en 2022, mais la même année les auteurs récidivaient avec Convoi. Je dois dire que je ne sais trop quoi penser de cette œuvre, les avis seront partagés. J’en suis sorti mitigé positivement alors que c’était pas gagné durant tout le long. De la série B avec de bonnes choses mais parasitée par trop d’éléments horripilants, les auteurs y vont à fond niveaux références pour un résultat pas toujours adéquat à mes yeux. Ma lecture a été fluide mais en dents de scie niveau plaisir, cependant et bizarrement j’en suis sorti relativement satisfait avec cette fin (et le cahier graphique est un bonus sympathique). Un récit qui lorgne ouvertement vers Mad Max 2 avec cette histoire de convoi, cette partie est linéaire mais plutôt plaisante en péripéties. Malheureusement l’univers mis en place m’a paru lourd ou maladroit, surtout le côté Jodo autour de la sexualité et religion, du coup les personnages sont bien campés mais trop perchés pour un quelconque attachement de ma part. Après on trouve beaucoup d’autres clins d’œil bd, animés, aux années 80 plus ou moins heureux dans leurs mises en scène. Et quelques autres éléments encore qui m’ont gentiment fait tiquer, comme les animaux qui pensent ou fument, ou un soucis de compréhension dans les dialogues niveau temporalité quand le convoi arrive dans le village dévasté et retrouve la gamine rescapée. Aucune surprise pour le dessin de Jef que je connaissais déjà, j’en raffole pas mais ça passe bien, sauf quelques looks et couleurs. Classique dans son action mais original et particulier sur la forme, à voir selon vos goûts.
We stand on guard
Étrange, cette histoire, dans laquelle les États-Unis sont en guerre avec leur voisin canadien, qu’ils envahissent et dont ils pillent les ressources hydriques. Une histoire SF d’anticipation qui, une fois la surprise de départ passée, se révèle agréable à lire. Le dessin comme la narration sont fluides, globalement à mon goût. Histoire qui est traitée sur un bon rythme, il n’y a pas de temps morts ou de longueurs inutiles. Je dirais presque que cette concision est regrettable et source de frustrations. En effet, j’aurais aimé en savoir plus sur « l’avant » (comment en est-on arrivé à cette situation de guerre) et « l’après », mais aussi connaitre un peu mieux l’époque, le contexte, et les personnages (il y a avait matière à développer ces points – en particulier autour de la femme américaine qui mène les interrogatoires). Bref, une lecture plutôt agréable, mais qui laisse un goût de trop peu. Pour le reste, les amateurs d’action et de combats SF y trouveront de l’intérêt.
Petit-Renard
Au gré du hasard de mes lectures, j'aime bien découvrir ces vieilles séries oubliées au fond du bac de ma bibliothèque. C'est le cas pour ces "Petit Renard" aux couvertures vieillottes. La série fut proposée par Astrapi pour un lectorat assez jeune. Les deux héros, fille et garçon ont une dizaine d'années ce qui correspond au public cible. L'univers est réaliste avec un côté presque historique dans les thèmes choisis : chemin de fer, télégraphe, relations Indiens/Blancs ou Indiens/Indiens. Les scénarii s'articulent sur une désobéissance coupable de Petit Renard qui le met dans une position inconfortable. Heureusement une aide providentielle permet une fin heureuse. C'est vraiment du très classique. À mon goût, il manque le côté poétique et merveilleux que l'on peut trouver chez Yakari. À vouloir coller au réalisme, les imprévus rencontrés par les jeunes héros en deviennent improbables. Je n'ai pas été trop séduit par le graphisme de Nadine Brass. Non qu'il soit très daté 80's, j'aime bien. Mais je trouve que les visages manquent de détails et de finitions, ce qui nuit à l'expressivité des personnages. De plus Brass nous propose des paysages a-minima. Cela n'a rien à voir avec les magnifiques planches de Derib pour prendre un univers similaire. Par contre le lettrage est attractif et le niveau de dialogue est bon, ce que je trouve important pour des jeunes lectrices/eurs. La mise en couleur est assez terne sauf pour les vêtements indiens. Une série que je trouve sympa mais sans plus. 2.5
Puisqu'il faut des hommes
Un one-shot qui se laisse lire sans plus. Il y a des qualités. Le dessin est bien fait et donne une bonne ambiance au récit. Il y a des bonnes idées dans le scénario....c'est juste que c'est développé de façon maladroite. Je veux bien croire que plusieurs détestent le héros pour être un planqué et donc qu’il subit naturellement leur haine lorsqu’il revient, mais là c'est trop exagéré. On dirait que 99% des gens sont des gros cons qui ont rien d'autre à faire que de faire chier le héros qui reste tellement stoïque face à cette haine que cela rend le récit peu crédible. C'est trop caricatural pour un roman graphique qui se veut sérieux. Il y a aussi le fait que le héros finit par être agaçant et je ne comprends pas certains choix qu'il fait. Dommage parce que l'idée de départ était bonne, mais au final c'est juste un autre one-shot de plus comme il en sort des centaines par année.
L'Homme sans sourire
2.5 Je rejoins l'avis de Ro. Le début est intriguant, je pensais lire une satire sociale se passant dans une dystopie, un peu comme dans Houppeland et je dois dire qu'au début cela fonctionne bien même s'il y a des défauts. La narration est un peu lourde et le dessin manque trop de dynamisme lorsqu'il y a de l'action. Puis au fil des pages je trouvais que cela mettait un peu trop de temps pour mettre les personnages en place et lorsque ça démarre vraiment dans la seconde partie, là le rythme devient trop rapide et c'est parfois confus par moment. Bref, j'allais mettre 2 étoiles....et puis il y a l'épilogue. C'est un très bon épilogue qui jette un nouveau regard sur le récit. C'est très bien pensé et j'ai l'impression que certains défauts (comme la confusion) étaient voulus. Cela dit, cela reste au final une bande dessinée qui m'a ennuyé pendant au moins un tiers de l'album. Je mets donc la note moyenne et je préconise un emprunt parce que si l'épilogue est génial, ce n'est pas assez pour en faire un indispensable.
Lucienne ou les Millionnaires de la Rondière
Pour rentrer dans cet album, il ne faut pas avoir peur des récits à l'action lente parce que c'est très lent. Personnellement, j'ai pris un certain plaisir à lire le quotidien de ces vieux campagnards, mais sans plus. Le scénario est sympathique et la fin m'a surpris, mais en même temps j'ai pas été très captivé. Il faut dire que par moment on dirait presque une suite de sketches mis ensemble au lieu d'un vrai récit. Il y a des personnages et des situations savoureux, mais globalement l'histoire n'est pas exceptionnelle. Le dessin est correct. En gros, le genre de one-shot que je lis une fois et qui m'a donné un bon moment de détente, mais il y a rien qui me donnerait envie de le relire un jour. À emprunter.
Le Pré derrière l'église
Je n'avais jamais entendu parler de cette BD avant que Paco m'en fasse l'article. J'ai donc réservé la bête à la médiathèque illico presto. D'emblée, les dessins m'ont séduit, surtout les trognes des animaux, très expressives. Mention spéciale au vieux hibou ! L'histoire est sympa comme tout. Elle se présente comme une allégorie des sociétés humaines et de ces petites querelles qui prennent une importance démesurée, engendrant diverses interprétations et quiproquos, donc conflits. Se pose également la question de notre rapport à Dieu, mais surtout à ses serviteurs… L'unité de lieu maintient le récit à une échelle intime qui rajoute encore au plaisir de lecture. Ce qui me retient de mettre un bon 4, c'est ce début que j'ai trouvé un poil long à se mettre en place, ainsi que la sous-exploitation de certains animaux. Je parlais plus avant du hibou. Il aurait selon moi mérité d'acquérir davantage de présence, tout comme le bouc "sataniste" (quelle belle gueule il a lui aussi). Enfin, il y a un personnage, humain cette fois, dont les positions me semblent un peu incohérentes sur la fin de l'histoire. Ce dernier aurait pu être mieux travaillé. Mais à part ça, c'est du tout bon. Une excellente BD qui détend et donne la banane, et bien ficelée.
Bajka
Bajka est une série un peu particulière dans le monde de la littérature Jeunesse. En effet l'auteur polonais Marcin Podolec nous propose une balade dans un monde dystopique. Victoria et sa chienne Bajka se retrouvent seules à la recherche des parents perdus de la jeune fille. L'auteur promène ses deux attachantes héroïnes à travers un monde post apocalyptique aux teintes orangées. Le scénario propose classiquement une suite de rencontres bénéfiques qui aident la progression du duo. La thématique choisie de fin du monde est forcément angoissante, surtout pour des enfants qui appréhendent mal le concept de finitude. C'est donc adouci par une ambiance assez poétique, des rencontres rassurantes et des flash backs colorés. L'auteur nous livre un graphisme simple mais expressif. Les dynamiques de Victoria et sa chienne sont bonnes. L'ambiance du monde qui les entoure est crédible sans être trop glauque. Une lecture aux dialogues simples qui se lit facilement pour les enfants. Cela reste une curiosité due à cette ambiance inattendue pour un récit Jeunesse.
Quartier lointain
Pour le coup j'ai dû rater quelque chose. J'ai trouvé la saveur de ce "retour vers le futur" nippon bien fade. Il faut avouer qu'avec moins de 1% de mes lectures en mangas je ne suis probablement pas l'aviseur le plus approprié pour cette œuvre. Taniguchi nous propose sa version stylée Confusius "On n'a que deux vies..."de la crise de la cinquantaine du mâle dominant qui se veut encore séducteur et créatif. C'est un thème très classique au moins depuis que les hommes arrivent à 50 ans en forme correcte. J'ai deux lectures du scénario de l'aventure d'Hiroshi. La première est assez poétique. Son aventure est du domaine du rêve provoqué par un semi-coma éthylique qui conduit son subconscient à cicatriser les deux blessures de son adolescence : son amour manqué avec Tomoko et surtout le départ du père. Cette version a l'avantage de la rationalité des transformations d'Hiroshi mais se heurte à de nombreux obstacles. L'ambiance n'est pas onirique, tout est trop précis comme ces lignes architecturales tracées à la règle et au compas ou ces repas dont on décompose presque les menus. De plus les dernières planches contredisent cette lecture. J'en reviens à une lecture mâtinée de fantastique (peu prononcé). Mais là encore le scénario reste banal. On imagine que les aspirations sexuelles d'un esprit de 48 ans dans un corps de 14 ans ne se contentent pas d'un petit tour en moto ou à la plage avec la reine de beauté du collège tout émoustillée et soumise. De même, utiliser sa nouvelle puissance adulte pour simplement impressionner ses copains, Tomoko ou une serveuse de bar me semble bien en retrait de ce que je ferais en pareilles circonstances. Car si son but premier est de changer la décision de son père que fait-il pour y arriver ? Rien ou si peu. Un mauvais travail de flic ? Deux petites discussions perdues dans des mois de présence. Tout cela pour se retrouver au point de départ et s'apercevoir que son bonheur est sous ses yeux sans l'avoir vu depuis 20 ans ? Honnêtement le récit se laisse lire facilement et agréablement tellement les dialogues et les pensées sont simplistes. Mais je n'ai senti ni émotion, ni tension dramatique ni surprise. Quelques sourires de temps à autres. Graphiquement je ne suis pas fan du style manga. Le trait est fin, élégant et d'une précision chirurgicale. Mais à privilégier l'esthétisme on en oublie l'émotion. Le seul visage que j'ai trouvé intéressant est celui de la grand-mère. Toutes les femmes se ressemblent avec leur look 25/30 ans même si elles approchent de la quarantaine ou cinquantaine. Les bâtiments sont aussi beaux que sur des plans d'architectes. De plus à peine 18 ans après Hiroshima, Taniguchi nous propose une ambiance pimpante et printanière, sans trace du passé mais avec des concepts qui me semblent bien modernes. Je me trompe car le passé est évoqué une fois pour la mort de Shin'ichi. Ces quelques planches nous donnent une vision empathique de l'armée japonaise. L'épisode est même conclu par une remarque à la Jacques Prévert "La guerre c'est vraiment une belle saloperie". Mouais ! Un peu facile cet épisode et coupé de la réalité historique où l'armée impériale a commis d'innombrables exactions dans tout le Pacifique. En conclusion je ne partage pas du tout l'engouement pour cette série classée 8 dans les immanquables. La lecture est rapide et parfois plaisante mais ne m'a pas apporté beaucoup (un peu d'exotisme ?) plus qu'une multitude de romans intimistes bien moins cotés. J'ai hésité entre ma raison (3) et mon cœur (2).