Sans être hilarant, cet album est fort plaisant.
On retrouve la même formule que dans Le Retour à la terre ou Dans mon Open Space, des gags en demi planche qui forment une histoire petit à petit. Ici dans l’univers viking, ça ne m’a pas franchement surpris, l’impression d’avoir déjà vu ça ailleurs.
Ça n’est pas pour autant désagréable, les strips sont un peu inégaux mais certains valent leurs pesants de cacahuètes, et quelques runnings gags sympas (le coup du canard ou de l’oie ;)
Lupano crée un petit monde homogène et amusant, même si je le préfère dans d’autres exercices, il s’en tire bien (pour une 1ère il me semble).
Ohazar, que je découvre, possède un trait qui accompagne bien l’humour déployé, et j’aime bien le rendu de ces tempêtes.
Sympathique.
Après avoir énormément apprécié la série sur Jeff Dahmer (Netflix), je me suis penché sur ce comics et je les trouve complémentaires pour tenter d'explorer la psyché de ce serial killer.
Je note des différences d'interprétations sur certains faits (le joggeur, le contrôle de police ....).
Un album sur la jeunesse de Dahmer basé sur les souvenirs de l'auteur avec qui il a partagé ses années lycée.
On ne peut pas dire que Backderf soit un intime de Dahmer, ils ont partagé des cours et quelques loisirs ensembles.
Un récit qui fait froid dans le dos, un gamin qui inexorablement va basculer dans la démence. Un enfant sans amis, des parents qui vont divorcer, mais cela est-il suffisant pour en faire un tueur en série ? Les crimes qu'il commettra plus tard sont d'une incroyable cruauté. Mais cette bd s'arrête après son premier meurtre en 1978.
Une narration qui nous fait partager son mal-être, l'impossibilité de s'intégrer. Un Jeffrey qui dès le début interpelle.
Alors même si j'ai passé un excellent moment de lecture, la comparaison avec la série joue contre elle. Elle manque d'une véritable dimension dramatique.
Graphiquement, un noir et blanc nerveux et esthétique. Des visages rectangulaires expressifs qui donnent un ton décalé.
Un homme qui fera parler de lui en 1991.
Note réelle : 3,5.
Maxe l'hermenier continue son projet d'adapter les meilleurs classiques de la littérature jeunesse. Cette fois-ci il s'attaque à un classique parmi les classiques, dans lequel l'acariâtre Ebenezer Scrooge, prêteur sur gages de son état, gâche la vie de tout le monde à l'approche de Noël : passants, clients, et même son commis et son neveu. Mais survient l'Esprit de Noël, appelé par son défunt associé, qui va donc lui mettre le nez dans son caca, et lui faire changer d'avis.
L'histoire est connue, et peut laisser la lectrice ou le lecteur de 2022 dans la circonspection : comment un personnage aussi confit d'orgueil pourrait-il changer aussi radicalement et aussi facilement d'avis ? Bien sûr, on est dans un conte, et il faut suspendre son incrédulité, comme dirait un auteur connu... C'est là où le talent de l'Hermenier fait des merveilles : on est dedans, ça coule de source, on se laisse porter. D'autant plus avec le dessin d'un Thomas Labourot en pleine forme, au trait disneyien maîtrisé, qu'il complète pas ses propres couleurs, très lumineuses, très pastel. Cela confère une ambiance particulière à l'album, qui est un régal pour les yeux.
Connaissant bien l'histoire, je n'ai pas été charmé outre mesure, mais nul doute que cette nouvelle adaptation plaira à beaucoup.
"Le Turban et la Capote" est l'adaptation éponyme de la pièce de théâtre de l'auteur mahorais Nassur Attoumani. C'est particulièrement intéressant pour découvrir une vision d'un petit département français de l'Océan Indien : Mayotte.
Attoumani a du talent et du courage. Son scénario emprunte au Tartuffe de Molière dans un cadre contemporain de la lutte contre la propagation de M.S.T (et surtout du Sida). Il y inclut aussi une réflexion sur le développement démographique de l'île où "Les enfants sont la richesse de la famille !".
La confrontation entre le droit républicain laïc et le droit coutumier musulman est un autre axe fort de la série.
Comme souvent le passage de la scène à la planche fait perdre du comique dans les situations, les rythmes ou la mise en scène. De plus le dessinateur Luke Razaka ne profite pas assez de sa possibilité de sortir de l'espace clos de la scène pour nous présenter l'ambiance de l'île. C'est dommage.
Pour un "métro" c'est un point qui aurait pu donner de la valeur au récit à l'image de ce qu'a fait Franco Clerc dans Les Mystères de Tana.
Comme cela vient du théâtre, les dialogues sont importants. Ils peuvent être déroutants mais sont vifs et souvent drôles. L'image de Tartuffe est omniprésente chez le Cadi où l'on retrouve quelques scènes cultes.
Le graphisme est assez simple et manque un peu de précision et d'expressivité à mon goût. La mise en couleur travaille surtout sur les costumes, laissant les arrières plans en fonds unis sans originalité. Les extérieurs sont assez pauvres.
Quoiqu'il en soit c'est une lecture découverte intéressante pour ne pas oublier un petit coin de France sous le soleil mais qui vit des us et coutumes bien différentes des nôtres.
Un one-shot que j'ai lu parce qu'il y avait plein de bonnes notes. Je fais partie du clan des déçus.
La préface donne l'eau à la bouche. Je m'attendais à un grand récit qui chamboulerait le mythe des pirates et rapidement j'ai eu l'impression de juste lire une autre histoire mettant en vedette des pirates dans le rôle des héros. Cela reste un bon récit d'aventure et les planches d'action sont superbes. C'est juste que je m'attendais à autre chose. En plus, le déroulement du récit me semble un peu prévisible, il y a peu de surprise.
Le seul point vraiment intéressant selon moi est l'esclavage que je trouve ici traité de manière intelligente et qui casse certains clichés sur le sujet. La reine noire est d'ailleurs un personnage beaucoup plus charismatique et intéressant que le capitaine pirate idéaliste. Pour moi c'est à lire pour les amateurs d'histoires de pirates, mais c'est pas un indispensable.
Fred Bertocchini est courageux de raconter ce fait divers qui a défrayé la chronique il y a 50 ans. Beaucoup en ont entendu parler, mais peu savent ce qu'il s'est réellement passé... Après plusieurs livres, des téléfilms, c'est donc au tour de la BD nous raconter, par le menu, ce qu'il s'est passé sur la Cordillère des Andes après le crash d'un avion transportant une équipe de rugby uruguayenne...
Se basant sur les récits des survivants, le scénariste prend le temps de nous raconter son histoire, nous montrant un peu les personnages avant la catastrophe, puis le cheminement de leurs pensées après celle-ci. Je trouve étonnant que le capitaine de l'équipe soit monté au créneau aussi vite, même si par la suite d'autre leaders, notamment le narrateur, se sont dévoilés. Ce qui m'a plu le plus est l'absence de jugement sur le comportement des uns et des autres. Oh, bien sûr, les choix de certains sont décriés par d'autres, mais cela ne va pas plus loin, car ils sont tellement désemparés, leur situation est tellement désespérée que l'on peut se demander ce que l'on ferait à leur place. Et puis vient l'évènement qui a emmené ce fait divers dans une autre dimension, celle de la morale, puisque les survivants vont être amenés à manger des morceaux de leurs morts. Et c'est ce qui les a sauvés, il faut bien le dire, même si à la fin du premier volet leur situation reste très critique. Bertocchini en fait presque une péripétie comme les autres, mais il montre toutefois que cette décision n'a pas été facile à prendre. Le récit comprend bien sûr, en creux, la question de la nature humaine, de la frontière entre la raison et la barbarie, du respect dû aux morts, etc.
Et puis le calvaire continue, le froid provoque des avalanches qui recouvrent le fuselage, les morts s'accumulent, et les expéditions pour retrouver la queue de l'appareil et d'éventuelles ressources reviennent bredouilles.
Graphiquement il y a également beaucoup à dire. Thierry Diette est, à ma connaissance, un débutant. C'est son style qui l'a élu à cette adaptation, lui qui a un style très typé "comics". Ses personnages ont des traits anguleux, un peu trop pour des rugbymen, même s'ils vont être amenés à fondre (sans mauvais jeux de mots) par la suite. Curieusement ils ne comportent aucune ombre, comme la ligne claire franco-belge. Et autre point qui peut faire débat, les couleurs... Ce sont uniquement des aplats, et là, je ne suis pas fan. Aucune nuance, aucun dégradé. Seules deux couleurs sont présentes : du bleu et du brun. Alors bien sûr, on est dans les montagnes, la nature est cruelle, brute, mais je trouve dommage que les teints des personnages soient aussi peu contrastés...
Du point de vue graphique, on se sent bien en Argentine, avec ce style nerveux, sans nuance, sans contraste. Par contre l'histoire est vraiment bien retransposée, on a envie de savoir ce qu'il va se passer par la suite pour ces naufragés de l'air...
Le Mossad, ces services secrets israéliens exercent encore de nos jours une étrange fascination parce que justement ils sont très secrets. On sait que leur fond de commerce a longtemps été la chasse aux anciens nazis réfugiés en Amérique du Sud ; pour les survivants juifs de la shoah, c'était un besoin vital de justice. Aujourd'hui, le Mossad est toujours un service secret puissant et organisé, pratiquant des méthodes expéditives en contournant la voie de la diplomatie internationale. Avec cette Bd, on pénètre dans les arcanes du Mossad, les auteurs tentant d'en expliquer certains rouages.
Les auteurs se servent de cette puissance secrète pour tisser un thriller d'espionnage bien en phase avec la géopolitique du monde d'aujourd'hui en se nourrissant de la mouvance islamiste radicale qui menace Israël. C'est une fiction accrocheuse mais qui s'appuie sur des réalités et sur l'épisode authentique d'exfiltration d'Argentine du nazi Eichmann. Le récit principal qui voit le jeune héros devenir un fugitif injustement accusé après une mission qui a mal tourné, et qui est le prétexte à un complot d'envergure, est mêlé en parallèle à celui en flashback qui a vu le Mossad organiser la chasse en Argentine d'Adolf Eichmann en 1960, criminel de guerre nazi qui a pratiqué l'extermination des juifs. Ces 2 intrigues entremêlées fonctionnent étrangement bien et donnent un côté captivant qui à ma grande surprise, n'embrouille pas le lecteur ; bon faut un minimum aimer les récits d'espionnage. C'est un espionnage crédible en tout cas, et réaliste, à l'image de ce qu'on voit dans certains polars hollywoodiens modernes des années 90, de même que ce genre de scénario me fait aussi penser à Stephen Desberg, c'est tout à fait dans son style et je l'aurais bien vu écrire ce genre d'intrigue.
Le dessin de Siro n'est pas trop mal, c'est pas trop dans mes préférences, mais c'est un dessin correct qui semble informatisé, comme dans Speedway, excellent sur les décors, un peu plus raide sur les personnages, et qui au final colle bien à ce type de bande nourrie de trahisons, complot, double-jeu et rebondissements. Une pure Bd d'espionnage, très actuelle géopolitiquement, et bien menée qui forme une solide trilogie.
Dans Proies et prédateurs on va parler fin du monde. Un gigantesque vaisseau s'apprête à entourer la terre, aspirer toutes les ressources de la planète et recracher vulgairement les restes indigestes. Les calculs annoncent laisse une centaine d'années avant que la catastrophe arrive. C'est donc le temps qu'il reste à l'humanité pour tenter de sauver son avenir.
Il y a dans cette histoire une idée excellente : celle d'avoir donner l'apparence de dinosaure aux envahisseurs. Et cette ressemblance n'est pas que physique puis qu'il semble bien que ces créatures soit complètement liées à ceux disparus de la terre il y a des millions d'année. Du coup tout au long de l'album il y a une tension croissante autour de l'origine réelle de ces ennemis. Seraient ils simplement en train de revendiquer la propriété de la planète dont leurs ancêtres auraient été chassés ? C'est très bon.
Mais à coté de cela il y a des hauts et des bas dans le récits. Lorsque l'émissaire extra terrestre vient tranquillement discuter avec nos militaires, repart et revient, ça manque un peu de crédibilité et de tension. On s'attendrait à ce que les terriens le combatte plutôt que de le recevoir sur son trone, limite en lui offrant une tasse de thé, pendant qu'il taille le bout de gras sur l'avenir de l'humanité. Le look manga qui a été choisi pour Crystal, une autre entité extra terrestre qui vient aider les hommes, est assez discutable et pas spécialement amusant ou pertinent.
Enfin petit regret sur le dessin. Dans les autres adaptations de la collection il y a toujours des planches à couper le souffle. Ce n'est pas le cas ici. Pas de splendides vues de l'espace, pas d'effet waow sur les cases mettant en scène le vaisseau extra terrestre s'approchant de la terre.
Dans la lignée des adaptations précédentes, il ya donc de bonnes choses dans ce récit, même si au final il ne fait pas parti des meilleurs pour le moment.
Je suis ennuyé avec ce one-shot, il me ravit mais la fin me laisse toujours un petit goût amer.
Les dessins et couleurs de Sorel sont magnifiques de bout en bout, l’auteur prend son temps dans sa narration et il sait poser des ambiances. Du chouette boulot, j’adore les scènes avec les écureuils ou les renards, et le cahier graphique est un beau plus.
Tout ça me plaît bien.
L’histoire aussi jusqu’à ce final qui me frustre un peu. En gros, j’ai beaucoup aimé toute la « romance », puis arrive un gros côté fantastique Lovecraft avec redistribution de cartes qui me perturbe, l’impression de n’avoir pas eu toutes les clés de compréhension ou c’est un peu facile. Des fois ça passe mais ça coince un peu ici, ce qui modère mon enthousiasme.
Ça loupe le 4* à cause de ça, sinon c’est plus que recommandable.
3,5
J’avoue n’avoir pas tout saisi, du déroulement de « l’histoire » à la conclusion, en passant par le titre (même si ce dernier peut trouver des résonances dans l’histoire).
Mais la lecture s’avère suffisamment désopilante, surprenante, pour me contenter un minimum. Les guillemets à « histoire » s’expliquent parce que d’histoire il n’y a pas vraiment. Ou alors un truc totalement inclassable, où le loufoque, une certaine poésie absurde, submergent le récit, « bâti » autour d’un adolescent naïf – pour ne pas dire niais, « pris en main » par un homme assez délirant, faisant son éducation de façon improbable, le récit se déroulant sans réel scénario, les personnages ayant des réactions décalées, du moins loin des canons habituels.
Il y a du surréalisme dans ce récit, même si on n’y trouve pas la violence des mots et des images qui le caractérise d’habitude.
C’est en tout cas une lecture qui déstabilisera les lecteurs cartésiens, et/ou ceux qui ne jurent que par un scénario construit et réaliste. Mais j’y ai trouvé un vent de fraicheur absurde pas si déplaisant.
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Vikings dans la brume
Sans être hilarant, cet album est fort plaisant. On retrouve la même formule que dans Le Retour à la terre ou Dans mon Open Space, des gags en demi planche qui forment une histoire petit à petit. Ici dans l’univers viking, ça ne m’a pas franchement surpris, l’impression d’avoir déjà vu ça ailleurs. Ça n’est pas pour autant désagréable, les strips sont un peu inégaux mais certains valent leurs pesants de cacahuètes, et quelques runnings gags sympas (le coup du canard ou de l’oie ;) Lupano crée un petit monde homogène et amusant, même si je le préfère dans d’autres exercices, il s’en tire bien (pour une 1ère il me semble). Ohazar, que je découvre, possède un trait qui accompagne bien l’humour déployé, et j’aime bien le rendu de ces tempêtes. Sympathique.
Mon ami Dahmer
Après avoir énormément apprécié la série sur Jeff Dahmer (Netflix), je me suis penché sur ce comics et je les trouve complémentaires pour tenter d'explorer la psyché de ce serial killer. Je note des différences d'interprétations sur certains faits (le joggeur, le contrôle de police ....). Un album sur la jeunesse de Dahmer basé sur les souvenirs de l'auteur avec qui il a partagé ses années lycée. On ne peut pas dire que Backderf soit un intime de Dahmer, ils ont partagé des cours et quelques loisirs ensembles. Un récit qui fait froid dans le dos, un gamin qui inexorablement va basculer dans la démence. Un enfant sans amis, des parents qui vont divorcer, mais cela est-il suffisant pour en faire un tueur en série ? Les crimes qu'il commettra plus tard sont d'une incroyable cruauté. Mais cette bd s'arrête après son premier meurtre en 1978. Une narration qui nous fait partager son mal-être, l'impossibilité de s'intégrer. Un Jeffrey qui dès le début interpelle. Alors même si j'ai passé un excellent moment de lecture, la comparaison avec la série joue contre elle. Elle manque d'une véritable dimension dramatique. Graphiquement, un noir et blanc nerveux et esthétique. Des visages rectangulaires expressifs qui donnent un ton décalé. Un homme qui fera parler de lui en 1991. Note réelle : 3,5.
Un Chant de Noël
Maxe l'hermenier continue son projet d'adapter les meilleurs classiques de la littérature jeunesse. Cette fois-ci il s'attaque à un classique parmi les classiques, dans lequel l'acariâtre Ebenezer Scrooge, prêteur sur gages de son état, gâche la vie de tout le monde à l'approche de Noël : passants, clients, et même son commis et son neveu. Mais survient l'Esprit de Noël, appelé par son défunt associé, qui va donc lui mettre le nez dans son caca, et lui faire changer d'avis. L'histoire est connue, et peut laisser la lectrice ou le lecteur de 2022 dans la circonspection : comment un personnage aussi confit d'orgueil pourrait-il changer aussi radicalement et aussi facilement d'avis ? Bien sûr, on est dans un conte, et il faut suspendre son incrédulité, comme dirait un auteur connu... C'est là où le talent de l'Hermenier fait des merveilles : on est dedans, ça coule de source, on se laisse porter. D'autant plus avec le dessin d'un Thomas Labourot en pleine forme, au trait disneyien maîtrisé, qu'il complète pas ses propres couleurs, très lumineuses, très pastel. Cela confère une ambiance particulière à l'album, qui est un régal pour les yeux. Connaissant bien l'histoire, je n'ai pas été charmé outre mesure, mais nul doute que cette nouvelle adaptation plaira à beaucoup.
Le Turban et la Capote
"Le Turban et la Capote" est l'adaptation éponyme de la pièce de théâtre de l'auteur mahorais Nassur Attoumani. C'est particulièrement intéressant pour découvrir une vision d'un petit département français de l'Océan Indien : Mayotte. Attoumani a du talent et du courage. Son scénario emprunte au Tartuffe de Molière dans un cadre contemporain de la lutte contre la propagation de M.S.T (et surtout du Sida). Il y inclut aussi une réflexion sur le développement démographique de l'île où "Les enfants sont la richesse de la famille !". La confrontation entre le droit républicain laïc et le droit coutumier musulman est un autre axe fort de la série. Comme souvent le passage de la scène à la planche fait perdre du comique dans les situations, les rythmes ou la mise en scène. De plus le dessinateur Luke Razaka ne profite pas assez de sa possibilité de sortir de l'espace clos de la scène pour nous présenter l'ambiance de l'île. C'est dommage. Pour un "métro" c'est un point qui aurait pu donner de la valeur au récit à l'image de ce qu'a fait Franco Clerc dans Les Mystères de Tana. Comme cela vient du théâtre, les dialogues sont importants. Ils peuvent être déroutants mais sont vifs et souvent drôles. L'image de Tartuffe est omniprésente chez le Cadi où l'on retrouve quelques scènes cultes. Le graphisme est assez simple et manque un peu de précision et d'expressivité à mon goût. La mise en couleur travaille surtout sur les costumes, laissant les arrières plans en fonds unis sans originalité. Les extérieurs sont assez pauvres. Quoiqu'il en soit c'est une lecture découverte intéressante pour ne pas oublier un petit coin de France sous le soleil mais qui vit des us et coutumes bien différentes des nôtres.
La République du Crâne
Un one-shot que j'ai lu parce qu'il y avait plein de bonnes notes. Je fais partie du clan des déçus. La préface donne l'eau à la bouche. Je m'attendais à un grand récit qui chamboulerait le mythe des pirates et rapidement j'ai eu l'impression de juste lire une autre histoire mettant en vedette des pirates dans le rôle des héros. Cela reste un bon récit d'aventure et les planches d'action sont superbes. C'est juste que je m'attendais à autre chose. En plus, le déroulement du récit me semble un peu prévisible, il y a peu de surprise. Le seul point vraiment intéressant selon moi est l'esclavage que je trouve ici traité de manière intelligente et qui casse certains clichés sur le sujet. La reine noire est d'ailleurs un personnage beaucoup plus charismatique et intéressant que le capitaine pirate idéaliste. Pour moi c'est à lire pour les amateurs d'histoires de pirates, mais c'est pas un indispensable.
1972 - Des Ombres sur la glace (La Cordillère des Âmes)
Fred Bertocchini est courageux de raconter ce fait divers qui a défrayé la chronique il y a 50 ans. Beaucoup en ont entendu parler, mais peu savent ce qu'il s'est réellement passé... Après plusieurs livres, des téléfilms, c'est donc au tour de la BD nous raconter, par le menu, ce qu'il s'est passé sur la Cordillère des Andes après le crash d'un avion transportant une équipe de rugby uruguayenne... Se basant sur les récits des survivants, le scénariste prend le temps de nous raconter son histoire, nous montrant un peu les personnages avant la catastrophe, puis le cheminement de leurs pensées après celle-ci. Je trouve étonnant que le capitaine de l'équipe soit monté au créneau aussi vite, même si par la suite d'autre leaders, notamment le narrateur, se sont dévoilés. Ce qui m'a plu le plus est l'absence de jugement sur le comportement des uns et des autres. Oh, bien sûr, les choix de certains sont décriés par d'autres, mais cela ne va pas plus loin, car ils sont tellement désemparés, leur situation est tellement désespérée que l'on peut se demander ce que l'on ferait à leur place. Et puis vient l'évènement qui a emmené ce fait divers dans une autre dimension, celle de la morale, puisque les survivants vont être amenés à manger des morceaux de leurs morts. Et c'est ce qui les a sauvés, il faut bien le dire, même si à la fin du premier volet leur situation reste très critique. Bertocchini en fait presque une péripétie comme les autres, mais il montre toutefois que cette décision n'a pas été facile à prendre. Le récit comprend bien sûr, en creux, la question de la nature humaine, de la frontière entre la raison et la barbarie, du respect dû aux morts, etc. Et puis le calvaire continue, le froid provoque des avalanches qui recouvrent le fuselage, les morts s'accumulent, et les expéditions pour retrouver la queue de l'appareil et d'éventuelles ressources reviennent bredouilles. Graphiquement il y a également beaucoup à dire. Thierry Diette est, à ma connaissance, un débutant. C'est son style qui l'a élu à cette adaptation, lui qui a un style très typé "comics". Ses personnages ont des traits anguleux, un peu trop pour des rugbymen, même s'ils vont être amenés à fondre (sans mauvais jeux de mots) par la suite. Curieusement ils ne comportent aucune ombre, comme la ligne claire franco-belge. Et autre point qui peut faire débat, les couleurs... Ce sont uniquement des aplats, et là, je ne suis pas fan. Aucune nuance, aucun dégradé. Seules deux couleurs sont présentes : du bleu et du brun. Alors bien sûr, on est dans les montagnes, la nature est cruelle, brute, mais je trouve dommage que les teints des personnages soient aussi peu contrastés... Du point de vue graphique, on se sent bien en Argentine, avec ce style nerveux, sans nuance, sans contraste. Par contre l'histoire est vraiment bien retransposée, on a envie de savoir ce qu'il va se passer par la suite pour ces naufragés de l'air...
Agents du Mossad
Le Mossad, ces services secrets israéliens exercent encore de nos jours une étrange fascination parce que justement ils sont très secrets. On sait que leur fond de commerce a longtemps été la chasse aux anciens nazis réfugiés en Amérique du Sud ; pour les survivants juifs de la shoah, c'était un besoin vital de justice. Aujourd'hui, le Mossad est toujours un service secret puissant et organisé, pratiquant des méthodes expéditives en contournant la voie de la diplomatie internationale. Avec cette Bd, on pénètre dans les arcanes du Mossad, les auteurs tentant d'en expliquer certains rouages. Les auteurs se servent de cette puissance secrète pour tisser un thriller d'espionnage bien en phase avec la géopolitique du monde d'aujourd'hui en se nourrissant de la mouvance islamiste radicale qui menace Israël. C'est une fiction accrocheuse mais qui s'appuie sur des réalités et sur l'épisode authentique d'exfiltration d'Argentine du nazi Eichmann. Le récit principal qui voit le jeune héros devenir un fugitif injustement accusé après une mission qui a mal tourné, et qui est le prétexte à un complot d'envergure, est mêlé en parallèle à celui en flashback qui a vu le Mossad organiser la chasse en Argentine d'Adolf Eichmann en 1960, criminel de guerre nazi qui a pratiqué l'extermination des juifs. Ces 2 intrigues entremêlées fonctionnent étrangement bien et donnent un côté captivant qui à ma grande surprise, n'embrouille pas le lecteur ; bon faut un minimum aimer les récits d'espionnage. C'est un espionnage crédible en tout cas, et réaliste, à l'image de ce qu'on voit dans certains polars hollywoodiens modernes des années 90, de même que ce genre de scénario me fait aussi penser à Stephen Desberg, c'est tout à fait dans son style et je l'aurais bien vu écrire ce genre d'intrigue. Le dessin de Siro n'est pas trop mal, c'est pas trop dans mes préférences, mais c'est un dessin correct qui semble informatisé, comme dans Speedway, excellent sur les décors, un peu plus raide sur les personnages, et qui au final colle bien à ce type de bande nourrie de trahisons, complot, double-jeu et rebondissements. Une pure Bd d'espionnage, très actuelle géopolitiquement, et bien menée qui forme une solide trilogie.
Proies et prédateurs
Dans Proies et prédateurs on va parler fin du monde. Un gigantesque vaisseau s'apprête à entourer la terre, aspirer toutes les ressources de la planète et recracher vulgairement les restes indigestes. Les calculs annoncent laisse une centaine d'années avant que la catastrophe arrive. C'est donc le temps qu'il reste à l'humanité pour tenter de sauver son avenir. Il y a dans cette histoire une idée excellente : celle d'avoir donner l'apparence de dinosaure aux envahisseurs. Et cette ressemblance n'est pas que physique puis qu'il semble bien que ces créatures soit complètement liées à ceux disparus de la terre il y a des millions d'année. Du coup tout au long de l'album il y a une tension croissante autour de l'origine réelle de ces ennemis. Seraient ils simplement en train de revendiquer la propriété de la planète dont leurs ancêtres auraient été chassés ? C'est très bon. Mais à coté de cela il y a des hauts et des bas dans le récits. Lorsque l'émissaire extra terrestre vient tranquillement discuter avec nos militaires, repart et revient, ça manque un peu de crédibilité et de tension. On s'attendrait à ce que les terriens le combatte plutôt que de le recevoir sur son trone, limite en lui offrant une tasse de thé, pendant qu'il taille le bout de gras sur l'avenir de l'humanité. Le look manga qui a été choisi pour Crystal, une autre entité extra terrestre qui vient aider les hommes, est assez discutable et pas spécialement amusant ou pertinent. Enfin petit regret sur le dessin. Dans les autres adaptations de la collection il y a toujours des planches à couper le souffle. Ce n'est pas le cas ici. Pas de splendides vues de l'espace, pas d'effet waow sur les cases mettant en scène le vaisseau extra terrestre s'approchant de la terre. Dans la lignée des adaptations précédentes, il ya donc de bonnes choses dans ce récit, même si au final il ne fait pas parti des meilleurs pour le moment.
Bluebells wood
Je suis ennuyé avec ce one-shot, il me ravit mais la fin me laisse toujours un petit goût amer. Les dessins et couleurs de Sorel sont magnifiques de bout en bout, l’auteur prend son temps dans sa narration et il sait poser des ambiances. Du chouette boulot, j’adore les scènes avec les écureuils ou les renards, et le cahier graphique est un beau plus. Tout ça me plaît bien. L’histoire aussi jusqu’à ce final qui me frustre un peu. En gros, j’ai beaucoup aimé toute la « romance », puis arrive un gros côté fantastique Lovecraft avec redistribution de cartes qui me perturbe, l’impression de n’avoir pas eu toutes les clés de compréhension ou c’est un peu facile. Des fois ça passe mais ça coince un peu ici, ce qui modère mon enthousiasme. Ça loupe le 4* à cause de ça, sinon c’est plus que recommandable. 3,5
Le Jeu des Dames
J’avoue n’avoir pas tout saisi, du déroulement de « l’histoire » à la conclusion, en passant par le titre (même si ce dernier peut trouver des résonances dans l’histoire). Mais la lecture s’avère suffisamment désopilante, surprenante, pour me contenter un minimum. Les guillemets à « histoire » s’expliquent parce que d’histoire il n’y a pas vraiment. Ou alors un truc totalement inclassable, où le loufoque, une certaine poésie absurde, submergent le récit, « bâti » autour d’un adolescent naïf – pour ne pas dire niais, « pris en main » par un homme assez délirant, faisant son éducation de façon improbable, le récit se déroulant sans réel scénario, les personnages ayant des réactions décalées, du moins loin des canons habituels. Il y a du surréalisme dans ce récit, même si on n’y trouve pas la violence des mots et des images qui le caractérise d’habitude. C’est en tout cas une lecture qui déstabilisera les lecteurs cartésiens, et/ou ceux qui ne jurent que par un scénario construit et réaliste. Mais j’y ai trouvé un vent de fraicheur absurde pas si déplaisant.