Un polar efficace et sympathique à lire, mais sans plus.
Il faut dire que le scénario est rempli de clichés qu'on a déjà vus des dizaines de fois dans ce type de récit. Cela ne m'a pas trop dérangé sauf pour le fait que notre ancien policier alcoolique va coucher plusieurs fois avec une belle femme gentille et qui ne sert pas à grand chose dans le récit. Le dessin est un peu trop propre et réaliste à mon goût. C'est trop froid, je ne ressens pas beaucoup d'émotions.
Malgré tout, ça se laisse lire sans problème. La narration est fluide et le récit efficace. Le point fort est le retournement de situation qui est bien pensé, même si c'est un peu gros. Seulement maintenant que j'ai lu l'album, je ne pense pas que j'ai envie de le relire un jour. C'est un polar à emprunter si on est fan du genre, mais je ne pense pas que ça soit un incontournable.
Voilà un album qui se lit plutôt assez vite. C’est dynamique et fluide, il n’y a pas beaucoup de texte, et « l’intrigue » elle-même n’est pas d’une grande complexité. Mais c’est le genre d’histoire sur laquelle on peut souhaiter revenir.
Alternant passages du temps de l’enfance et passages plus contemporains, lorsque les deux hommes sont devenus des adultes au « milieu » de leur vie, l’histoire nous permet de suivre l’amitié, les retrouvailles entre deux enfants/hommes, qui se retrouvent à un moment charnière de leur vie.
On a l’impression que l’un brûle dès le départ sa vie par les deux bouts, dans un nihilisme destructeur qui s’explique par un contexte familial assez lourd, tandis que l’autre, bien plus « rangé », prend conscience d’une certaine inanité de sa vie, qu’il n’en voie plus le sens, qu’il la perd.
C’est souvent très noir, mais toujours entrecoupé de moments d’amitié forte, des poussées de fièvre pleines de vie, comme si les deux hommes avaient fini par comprendre que tout devait se jouer, se prendre à l’instant, sans penser au passé ou aux lendemains. Le « no futur » martelé par ces jeunes gens dans leur période punk (dont l’un n’est jamais sorti) n’est pas forcément aussi nihiliste que pressenti, il peut aussi parfois s’entendre comme un appel à l’hédonisme immédiat, quand bien même celui-ci manquerait d’une maturité raisonnante.
Une lecture que j’ai vraiment appréciée.
Note réelle 3,5/5.
Cet ouvrage possède un caractère académique très fort. Les autrices proposent un exposé complet de de l'évolution des procédés industriels qui touchent à la fabrication des étoffes. Le scénario est chronologique depuis la préhistoire jusqu'à nos jours avec deux zones géographiques majeures l'Europe et l'Asie.
Avec un tel champ d'étude les informations sont nombreuses et le livre extrêmement touffu. Nous sommes dans le domaine de la vulgarisation poussée. C'est un excellent ouvrage pour un collégien qui voudrait faire un exposé sur ce thème.
Les auteures intercalent avec bonheur des passages historiques, techniques mais aussi sociaux, politiques et économiques voire sociétaux tellement la vêture a une influence majeure sur le comportement humain (demandez à vos ados !!!!... ou à votre épouse).
Depuis des siècles l'industrie textile est un miroir saisissant des inégalités sociales à travers le monde quelques soient les régimes politiques, les religions ou les latitudes. Ce fut une grande source de richesses mais aussi de misère extrême, les autrices en appellent à notre sens des responsabilités pour ne pas faire durer ces injustices.
Le graphisme de Nicola Gobbi apporte une touche d'humour et de couleur dans un ensemble souvent touffu et technique. Je me suis retrouvé dans un modèle d'ouvrage du type Le Monde sans fin où la BD s'invite dans des exposés assez académiques jusque là réservés à Power Point.
La mise en scène graphique de Gobbi est suffisamment bonne pour aérer le propos des autrices et nous permettre de ne pas trop butter sur la lecture.
Toutefois cela reste une lecture peu récréative et qui demande du suivi même si la thématique est passionnante. Un bon 3
Si la BD franco-belge est souvent associée à un genre destiné principalement à la jeunesse, elle peut parfois nous surprendre en abordant des thèmes plus adultes comme c’est le cas ici. Dans « Le Dernier Quai », c’est la question de la mort qui est traitée, une thématique qui a tendance à rebuter dans notre monde actuel qui a érigé la « jeunesse éternelle » en valeur suprême. Mais ici, rien de glauque ni de pesant, on n’a pas affaire à un roman graphique. L’auteur a repris les codes franco-belges pour rester dans le format « aventure », caractérisé par un rythme bondissant et un trait caricatural. Un emballage divertissant pour un sujet plus austère.
Il n’empêche que l’histoire est porteuse de malaise. L’hôtel en question n’est rien de moins qu’une parabole du purgatoire, où les résidents viennent séjourner pour le salut de leur âme, juste avant l’ « ultime voyage ». Dans cette quête irréelle, c’est Émile le gérant de l’hôtel, sorte de majordome prévenant à l’extrême, qui va les guider pour les aider à affronter leurs regrets, faute de quoi ils risqueraient de passer l’éternité dans les limbes, symbolisées par la sombre forêt avoisinante peuplée de fantômes en souffrance. Pour donner vie à cet univers insolite, Nicolas Delestret confrontera Émile avec trois hôtes bien campés qui lui donneront pas mal de fil à retordre…
On ne sait pas trop si le livre s’adresse aux lecteurs plus âgés qui souhaitent aborder la question de façon régressive (ce terme tellement à la mode !) ou aux plus jeunes qui se posent beaucoup de questions sur l’au-delà… Quelques passages, heureusement restreints, ne sont pas exempts de bons sentiments, mais indiscutablement la proposition de Delestret a le mérite de l’originalité, avec quelques références bienvenues à l’univers de Miyazaki, notamment avec « Le Voyage de Chihiro ». Le style graphique vif et grandiloquent se déploie avec force au fil des pages, sur un tempo pour le moins étourdissant.
Si ladite parabole, un rien biblique, pourra décourager les plus athées d’entre nous, elle n’est pas envahissante et ne sert que de prétexte au récit, qui parfois tend à se disperser mais reste de bonne tenue. Sous la façade de l’aventure, cette fable palpitante dispense en filigrane un conseil salutaire sur le lâcher prise, nous invitant à dialoguer avec les démons abusifs de nos culpabilités.
J'ai eu du mal à adhérer au récit de Valentine. Les histoires de couples qui se déchirent ne sont pas spécialement ma tasse de thé.
Pourtant je reconnais une belle crédibilité et une sincérité à l'histoire de Valentine. Il est probable que beaucoup de jeunes femmes se reconnaitront dans l'analyse de cette relation toxique.
La mise en scène est réussie ce qui augmente l'intensité traumatique au fil des pages et l'envie de crier à Valentine de se sortir de cette situation.
Je trouve que l'ouvrage peut être d'une grande utilité pour des jeunes femmes qui s'engagent dans une relation un peu déséquilibrée et d'une façon un peu trop naïve et fusionnelle.
Evidemment comme "le coeur a ses raisons que la raison ignore" l'expérience de Valentine n'empêchera pas d'autres rencontres (et heureusement) mais pourrait servir à accompagner un quotidien devenu difficile.
D'un point de vue masculin il y a aussi matière à intérêt pour approfondir avec sincérité sa connaissance des mécanismes de pensées amoureuses et fusionnelles agréables au début mais éphémères et potentiellement destructrices du couple.
Le graphisme est très minimaliste et privilégie l'expression à l'esthétique. Il supporte un texte assez succinct mais qui va à l'essentiel.
Pas spécialement ma tasse de thé mais j'y ai trouvé pas mal de qualités.
Étonnant ce chassé-croisé entre une jeune maghrébine fuyant famille et Europe vers l’Afrique, et un très jeune noir-africain qui tente le chemin inverse. Tous les deux suivent des trajectoires loin d’être rectilignes, mais font preuve d’une force mentale, d’une volonté et d’une soif de vie impressionnantes.
C’est par l’intermédiaire d’un vieux Français échoué dans un coin paumé du Sahel, à qui ils écrivent des lettres racontant leur vie, que nous est narrée leur histoire, qui semble ne jamais en finir.
Le dessin est joli, agréable et fluide – même si esthétiquement il n’est pas forcément mon truc. Mais il accompagne très bien la narration de cette histoire. Il y a quelques côtés romantiques, presque épiques. Ceci ajouté à une narration « extérieure », j’ai parfois ressenti – en bien plus léger – le souffle qui un tend traverse des films comme « Le docteur Jivago » ou « Out of Africa » (même si ces parallèles n’engagent probablement que moi).
Une lecture sympathique en tout cas.
Rares ont été les batailles navales au cœur du moyen-âge, tant l’armement, les stratégies, et même les valeurs chevaleresques ne poussaient pas militaires et dirigeants à porter trop leur attention sur ce qui n’était le plus souvent qu’un moyen de transport, mais pas un lieu de combats.
De fait, je n’avais pas trop entendu parler de cette bataille des cinq îles (au passage, à moins que j’aie raté quelque chose, ni l’album ni le dossier final ne m’ont appris le pourquoi de cette dénomination), qui s’est déroulée dans l’ombre de celle de Bouvines (trois ans les séparent).
Comme d’habitude, Delitte prend le temps de développer une intrigue, mêlant personnages ordinaires inventés et figures historiques : l’Histoire s’incarne dans ces personnages, et la lecture est fluide et agréable.
Comme souvent aussi, la partie traitant de la bataille proprement dite est réduite à une portion congrue. Surtout, j’ai trouvé qu’elle se contentait ici d’illustrer platement le texte du dossier final (l’un ou l’autre étant du coup redondant). Sans doute la rareté des sources fiables rend-elle difficile le travail de restitution sous forme de BD.
Quant au dessin de Pezzi, je l’ai beaucoup aimé pour tout ce qui concerne les personnages (les visages en particulier). Pour ce qui des décors et des navires, ça m’est apparu un peu moins développé et précis. Mais le côté graphique est plutôt réussi.
Au final, un album dans une honnête moyenne. Une fois n’est pas coutume, le dossier final m’est apparu un chouia plus faible que d’habitude. Delitte s’en est chargé, et sans doute un historien réellement spécialiste de cette époque aurait été un meilleur choix (voir ma remarque précédente sur le fait que certains aspects du dossier n’apportent rien de neuf à la BD).
Voilà un récit historique plutôt bien fait sur un sujet religieux bien connu. Le point fort est très certainement le dessin de Dominique Bar. Pour un récit de ce type, en effet, on a souvent droit à un rendu qui donne la désagréable impression d'avoir été réalisé sur commande et sans engagement profond du dessinateur. Ici, j'ai vraiment le sentiment que l'auteur s'est pleinement investi dans son album. Le trait est très académique mais il y a une profondeur dans les planches que l'on retrouve rarement dans ce genre de production.
Au niveau du scénario, les auteurs ont opté pour une retranscription rigoureuse des faits présentée par un représentant de l'ordre. Le scénariste cherche à faire passer un maximum d'informations au travers de ses dialogues, ce qui a pour conséquence que certains échanges manquent de naturel. Le parti-pris initial est clairement pro-chrétien, par conséquent les faits qui nous sont exposés ont pour but de nous convaincre que la petite Bernadette a bel et bien vu la Vierge Marie mais il y a une réelle volonté de nuancer certains événements et on ne tombe pas sur un récit de croyance béate.
A titre personnel, je ne suis pas du tout dans ce genre de trip religieux mais avec 69 guérisons miraculeuses en 150 ans (et semblerait-il reconnues comme telles par un panel de médecins pas toujours croyants), il y a matière à interrogation (ne fusse que pour se pencher sur la puissance de guérison d'un effet placebo). Découvrir l'histoire à l'origine de ce haut centre de la guérison miraculeuse m'a donc semblé intéressant, et le découvrir au travers d'une bande dessinée certes orientée mais soignée et nuancée ne m'a pas déplu. Pas mal, donc (mais sans plus).
3/5 parce que je suis liégeois. Sans ça, je pense que ma note serait descendue d'un cran. Oui mais voilà, cet album nous propose une balade lovecraftienne dans un Liège 'miroir' peuplé de créatures effrayantes n'ayant pour but que d'envahir notre belle planète via une passerelle située en cité ardente.
Le récit est bien allumé. L'auteur exploite parfaitement la ville de Liège, nous en faisant découvrir (ou redécouvrir) certains quartiers en parfaite adéquation avec cette vision lovecraftienne déjà énoncée. Il apporte également un second degré bienvenu avec quelques dialogues très liégeois, que ce soit dans leur tournure de phrase ou grâce à l'emploi du wallon. Le ton oscille ainsi constamment entre la farce et l'horreur et de ce point de vue, c'est quand même assez bien maîtrisé.
Au niveau des choix graphiques, c'est assez particulier. Dish maitrise assez mal la morphologie de ses personnages mais parvient à créer un récit d'ambiance doté d'une esthétique très personnelle. Son style est plus proche de celui d'un graffeur que d'un dessinateur de bandes dessinées. Par contre, son découpage est très classique, très sage (malgré l'emploi régulier de grandes illustrations pleine page) et favorise donc une lecture aisée de l'ensemble.
Au final, si on est prêt à accepter certaines maladresses, à s'amuser du régionalisme de l'œuvre, et à faire montre d'indulgence vis-à-vis d'un scénario somme toute assez prévisible, bah on dira que c'est pas mal. Un vrai objet de curiosité en tous les cas pour les Liégeois (et pour tous ceux qui connaissent un peu la ville).
Ce récit nous relate les événements qui précipiteront la fin du château de Logne.
Les auteurs optent pour un récit hybride, qui mêle la réalité historique à une romance fictive de peu d'intérêt. les faits historiques nous sont relatés avec clarté même si cela manque parfois de naturel. Au fil du récit on voit ainsi les manœuvres terroristes de François 1er (qui soutient Robert II de la Mark dans sa tentative de prise de Liège et de déstabilisation de Charles-Quint) se heurter à la puissance de feu de son ennemi. Une puissance de feu qui scellera le destin du château-fort. Le contexte historique est bien retranscrit, les 'Lognards' (occupants du château de Logne) nous sont présentés comme des pillards sans honneur (ce qui a d'ailleurs valu à ce terme de 'Lognard' de devenir un synonyme de pillard ou de brigand dans la région) et François 1er ne sort certainement pas grandi de cet exposé.
Le volet romanesque est malheureusement très fade. La romance qui va lier un Lognard à une jeune paysanne est trop prévisible et trop improbable pour me passionner. Son seul intérêt est d'offrir aux auteurs des opportunités soit pour aborder tel ou tel événement soit pour illustrer tel ou tel bâtiment historique.
Au niveau du dessin, Michel Pierret nous propose un travail tout à fait correct avec quelques belles illustrations d'architectures d'époque, mais il faut sans doute être un régional pour en savourer toutes les subtilités. On voit ainsi partiellement le système de défense de la porte principale du château mais je crains qu'il ne faille être un habitué des lieux pour visualiser certaines de ses composantes au travers de dessins trop généralistes.
Parce que j'aime ce château et son histoire (intimement liée à celle de l'abbaye de Stavelot), j'ai lu ce récit sans déplaisir... mais ça reste quand même très léger et trop régionaliste pour intéresser d'autres lecteurs que ceux férus d'histoire médiévale et de patrimoine (belge dans le cas présent).
Objectivement, entre le 'bof' et le 'pas mal' mais j'opte par affection pour le 'pas mal'.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Blacking out
Un polar efficace et sympathique à lire, mais sans plus. Il faut dire que le scénario est rempli de clichés qu'on a déjà vus des dizaines de fois dans ce type de récit. Cela ne m'a pas trop dérangé sauf pour le fait que notre ancien policier alcoolique va coucher plusieurs fois avec une belle femme gentille et qui ne sert pas à grand chose dans le récit. Le dessin est un peu trop propre et réaliste à mon goût. C'est trop froid, je ne ressens pas beaucoup d'émotions. Malgré tout, ça se laisse lire sans problème. La narration est fluide et le récit efficace. Le point fort est le retournement de situation qui est bien pensé, même si c'est un peu gros. Seulement maintenant que j'ai lu l'album, je ne pense pas que j'ai envie de le relire un jour. C'est un polar à emprunter si on est fan du genre, mais je ne pense pas que ça soit un incontournable.
Les Pieds dans le Béton
Voilà un album qui se lit plutôt assez vite. C’est dynamique et fluide, il n’y a pas beaucoup de texte, et « l’intrigue » elle-même n’est pas d’une grande complexité. Mais c’est le genre d’histoire sur laquelle on peut souhaiter revenir. Alternant passages du temps de l’enfance et passages plus contemporains, lorsque les deux hommes sont devenus des adultes au « milieu » de leur vie, l’histoire nous permet de suivre l’amitié, les retrouvailles entre deux enfants/hommes, qui se retrouvent à un moment charnière de leur vie. On a l’impression que l’un brûle dès le départ sa vie par les deux bouts, dans un nihilisme destructeur qui s’explique par un contexte familial assez lourd, tandis que l’autre, bien plus « rangé », prend conscience d’une certaine inanité de sa vie, qu’il n’en voie plus le sens, qu’il la perd. C’est souvent très noir, mais toujours entrecoupé de moments d’amitié forte, des poussées de fièvre pleines de vie, comme si les deux hommes avaient fini par comprendre que tout devait se jouer, se prendre à l’instant, sans penser au passé ou aux lendemains. Le « no futur » martelé par ces jeunes gens dans leur période punk (dont l’un n’est jamais sorti) n’est pas forcément aussi nihiliste que pressenti, il peut aussi parfois s’entendre comme un appel à l’hédonisme immédiat, quand bien même celui-ci manquerait d’une maturité raisonnante. Une lecture que j’ai vraiment appréciée. Note réelle 3,5/5.
Les héros de l'étoffe - La fabuleuse histoire du textile
Cet ouvrage possède un caractère académique très fort. Les autrices proposent un exposé complet de de l'évolution des procédés industriels qui touchent à la fabrication des étoffes. Le scénario est chronologique depuis la préhistoire jusqu'à nos jours avec deux zones géographiques majeures l'Europe et l'Asie. Avec un tel champ d'étude les informations sont nombreuses et le livre extrêmement touffu. Nous sommes dans le domaine de la vulgarisation poussée. C'est un excellent ouvrage pour un collégien qui voudrait faire un exposé sur ce thème. Les auteures intercalent avec bonheur des passages historiques, techniques mais aussi sociaux, politiques et économiques voire sociétaux tellement la vêture a une influence majeure sur le comportement humain (demandez à vos ados !!!!... ou à votre épouse). Depuis des siècles l'industrie textile est un miroir saisissant des inégalités sociales à travers le monde quelques soient les régimes politiques, les religions ou les latitudes. Ce fut une grande source de richesses mais aussi de misère extrême, les autrices en appellent à notre sens des responsabilités pour ne pas faire durer ces injustices. Le graphisme de Nicola Gobbi apporte une touche d'humour et de couleur dans un ensemble souvent touffu et technique. Je me suis retrouvé dans un modèle d'ouvrage du type Le Monde sans fin où la BD s'invite dans des exposés assez académiques jusque là réservés à Power Point. La mise en scène graphique de Gobbi est suffisamment bonne pour aérer le propos des autrices et nous permettre de ne pas trop butter sur la lecture. Toutefois cela reste une lecture peu récréative et qui demande du suivi même si la thématique est passionnante. Un bon 3
Le Dernier Quai
Si la BD franco-belge est souvent associée à un genre destiné principalement à la jeunesse, elle peut parfois nous surprendre en abordant des thèmes plus adultes comme c’est le cas ici. Dans « Le Dernier Quai », c’est la question de la mort qui est traitée, une thématique qui a tendance à rebuter dans notre monde actuel qui a érigé la « jeunesse éternelle » en valeur suprême. Mais ici, rien de glauque ni de pesant, on n’a pas affaire à un roman graphique. L’auteur a repris les codes franco-belges pour rester dans le format « aventure », caractérisé par un rythme bondissant et un trait caricatural. Un emballage divertissant pour un sujet plus austère. Il n’empêche que l’histoire est porteuse de malaise. L’hôtel en question n’est rien de moins qu’une parabole du purgatoire, où les résidents viennent séjourner pour le salut de leur âme, juste avant l’ « ultime voyage ». Dans cette quête irréelle, c’est Émile le gérant de l’hôtel, sorte de majordome prévenant à l’extrême, qui va les guider pour les aider à affronter leurs regrets, faute de quoi ils risqueraient de passer l’éternité dans les limbes, symbolisées par la sombre forêt avoisinante peuplée de fantômes en souffrance. Pour donner vie à cet univers insolite, Nicolas Delestret confrontera Émile avec trois hôtes bien campés qui lui donneront pas mal de fil à retordre… On ne sait pas trop si le livre s’adresse aux lecteurs plus âgés qui souhaitent aborder la question de façon régressive (ce terme tellement à la mode !) ou aux plus jeunes qui se posent beaucoup de questions sur l’au-delà… Quelques passages, heureusement restreints, ne sont pas exempts de bons sentiments, mais indiscutablement la proposition de Delestret a le mérite de l’originalité, avec quelques références bienvenues à l’univers de Miyazaki, notamment avec « Le Voyage de Chihiro ». Le style graphique vif et grandiloquent se déploie avec force au fil des pages, sur un tempo pour le moins étourdissant. Si ladite parabole, un rien biblique, pourra décourager les plus athées d’entre nous, elle n’est pas envahissante et ne sert que de prétexte au récit, qui parfois tend à se disperser mais reste de bonne tenue. Sous la façade de l’aventure, cette fable palpitante dispense en filigrane un conseil salutaire sur le lâcher prise, nous invitant à dialoguer avec les démons abusifs de nos culpabilités.
Cet Amour
J'ai eu du mal à adhérer au récit de Valentine. Les histoires de couples qui se déchirent ne sont pas spécialement ma tasse de thé. Pourtant je reconnais une belle crédibilité et une sincérité à l'histoire de Valentine. Il est probable que beaucoup de jeunes femmes se reconnaitront dans l'analyse de cette relation toxique. La mise en scène est réussie ce qui augmente l'intensité traumatique au fil des pages et l'envie de crier à Valentine de se sortir de cette situation. Je trouve que l'ouvrage peut être d'une grande utilité pour des jeunes femmes qui s'engagent dans une relation un peu déséquilibrée et d'une façon un peu trop naïve et fusionnelle. Evidemment comme "le coeur a ses raisons que la raison ignore" l'expérience de Valentine n'empêchera pas d'autres rencontres (et heureusement) mais pourrait servir à accompagner un quotidien devenu difficile. D'un point de vue masculin il y a aussi matière à intérêt pour approfondir avec sincérité sa connaissance des mécanismes de pensées amoureuses et fusionnelles agréables au début mais éphémères et potentiellement destructrices du couple. Le graphisme est très minimaliste et privilégie l'expression à l'esthétique. Il supporte un texte assez succinct mais qui va à l'essentiel. Pas spécialement ma tasse de thé mais j'y ai trouvé pas mal de qualités.
Le Bar du vieux Français
Étonnant ce chassé-croisé entre une jeune maghrébine fuyant famille et Europe vers l’Afrique, et un très jeune noir-africain qui tente le chemin inverse. Tous les deux suivent des trajectoires loin d’être rectilignes, mais font preuve d’une force mentale, d’une volonté et d’une soif de vie impressionnantes. C’est par l’intermédiaire d’un vieux Français échoué dans un coin paumé du Sahel, à qui ils écrivent des lettres racontant leur vie, que nous est narrée leur histoire, qui semble ne jamais en finir. Le dessin est joli, agréable et fluide – même si esthétiquement il n’est pas forcément mon truc. Mais il accompagne très bien la narration de cette histoire. Il y a quelques côtés romantiques, presque épiques. Ceci ajouté à une narration « extérieure », j’ai parfois ressenti – en bien plus léger – le souffle qui un tend traverse des films comme « Le docteur Jivago » ou « Out of Africa » (même si ces parallèles n’engagent probablement que moi). Une lecture sympathique en tout cas.
Les Cinq Îles
Rares ont été les batailles navales au cœur du moyen-âge, tant l’armement, les stratégies, et même les valeurs chevaleresques ne poussaient pas militaires et dirigeants à porter trop leur attention sur ce qui n’était le plus souvent qu’un moyen de transport, mais pas un lieu de combats. De fait, je n’avais pas trop entendu parler de cette bataille des cinq îles (au passage, à moins que j’aie raté quelque chose, ni l’album ni le dossier final ne m’ont appris le pourquoi de cette dénomination), qui s’est déroulée dans l’ombre de celle de Bouvines (trois ans les séparent). Comme d’habitude, Delitte prend le temps de développer une intrigue, mêlant personnages ordinaires inventés et figures historiques : l’Histoire s’incarne dans ces personnages, et la lecture est fluide et agréable. Comme souvent aussi, la partie traitant de la bataille proprement dite est réduite à une portion congrue. Surtout, j’ai trouvé qu’elle se contentait ici d’illustrer platement le texte du dossier final (l’un ou l’autre étant du coup redondant). Sans doute la rareté des sources fiables rend-elle difficile le travail de restitution sous forme de BD. Quant au dessin de Pezzi, je l’ai beaucoup aimé pour tout ce qui concerne les personnages (les visages en particulier). Pour ce qui des décors et des navires, ça m’est apparu un peu moins développé et précis. Mais le côté graphique est plutôt réussi. Au final, un album dans une honnête moyenne. Une fois n’est pas coutume, le dossier final m’est apparu un chouia plus faible que d’habitude. Delitte s’en est chargé, et sans doute un historien réellement spécialiste de cette époque aurait été un meilleur choix (voir ma remarque précédente sur le fait que certains aspects du dossier n’apportent rien de neuf à la BD).
Bernadette - Affaire non classée
Voilà un récit historique plutôt bien fait sur un sujet religieux bien connu. Le point fort est très certainement le dessin de Dominique Bar. Pour un récit de ce type, en effet, on a souvent droit à un rendu qui donne la désagréable impression d'avoir été réalisé sur commande et sans engagement profond du dessinateur. Ici, j'ai vraiment le sentiment que l'auteur s'est pleinement investi dans son album. Le trait est très académique mais il y a une profondeur dans les planches que l'on retrouve rarement dans ce genre de production. Au niveau du scénario, les auteurs ont opté pour une retranscription rigoureuse des faits présentée par un représentant de l'ordre. Le scénariste cherche à faire passer un maximum d'informations au travers de ses dialogues, ce qui a pour conséquence que certains échanges manquent de naturel. Le parti-pris initial est clairement pro-chrétien, par conséquent les faits qui nous sont exposés ont pour but de nous convaincre que la petite Bernadette a bel et bien vu la Vierge Marie mais il y a une réelle volonté de nuancer certains événements et on ne tombe pas sur un récit de croyance béate. A titre personnel, je ne suis pas du tout dans ce genre de trip religieux mais avec 69 guérisons miraculeuses en 150 ans (et semblerait-il reconnues comme telles par un panel de médecins pas toujours croyants), il y a matière à interrogation (ne fusse que pour se pencher sur la puissance de guérison d'un effet placebo). Découvrir l'histoire à l'origine de ce haut centre de la guérison miraculeuse m'a donc semblé intéressant, et le découvrir au travers d'une bande dessinée certes orientée mais soignée et nuancée ne m'a pas déplu. Pas mal, donc (mais sans plus).
L'Abîme
3/5 parce que je suis liégeois. Sans ça, je pense que ma note serait descendue d'un cran. Oui mais voilà, cet album nous propose une balade lovecraftienne dans un Liège 'miroir' peuplé de créatures effrayantes n'ayant pour but que d'envahir notre belle planète via une passerelle située en cité ardente. Le récit est bien allumé. L'auteur exploite parfaitement la ville de Liège, nous en faisant découvrir (ou redécouvrir) certains quartiers en parfaite adéquation avec cette vision lovecraftienne déjà énoncée. Il apporte également un second degré bienvenu avec quelques dialogues très liégeois, que ce soit dans leur tournure de phrase ou grâce à l'emploi du wallon. Le ton oscille ainsi constamment entre la farce et l'horreur et de ce point de vue, c'est quand même assez bien maîtrisé. Au niveau des choix graphiques, c'est assez particulier. Dish maitrise assez mal la morphologie de ses personnages mais parvient à créer un récit d'ambiance doté d'une esthétique très personnelle. Son style est plus proche de celui d'un graffeur que d'un dessinateur de bandes dessinées. Par contre, son découpage est très classique, très sage (malgré l'emploi régulier de grandes illustrations pleine page) et favorise donc une lecture aisée de l'ensemble. Au final, si on est prêt à accepter certaines maladresses, à s'amuser du régionalisme de l'œuvre, et à faire montre d'indulgence vis-à-vis d'un scénario somme toute assez prévisible, bah on dira que c'est pas mal. Un vrai objet de curiosité en tous les cas pour les Liégeois (et pour tous ceux qui connaissent un peu la ville).
Les Cendres de Logne
Ce récit nous relate les événements qui précipiteront la fin du château de Logne. Les auteurs optent pour un récit hybride, qui mêle la réalité historique à une romance fictive de peu d'intérêt. les faits historiques nous sont relatés avec clarté même si cela manque parfois de naturel. Au fil du récit on voit ainsi les manœuvres terroristes de François 1er (qui soutient Robert II de la Mark dans sa tentative de prise de Liège et de déstabilisation de Charles-Quint) se heurter à la puissance de feu de son ennemi. Une puissance de feu qui scellera le destin du château-fort. Le contexte historique est bien retranscrit, les 'Lognards' (occupants du château de Logne) nous sont présentés comme des pillards sans honneur (ce qui a d'ailleurs valu à ce terme de 'Lognard' de devenir un synonyme de pillard ou de brigand dans la région) et François 1er ne sort certainement pas grandi de cet exposé. Le volet romanesque est malheureusement très fade. La romance qui va lier un Lognard à une jeune paysanne est trop prévisible et trop improbable pour me passionner. Son seul intérêt est d'offrir aux auteurs des opportunités soit pour aborder tel ou tel événement soit pour illustrer tel ou tel bâtiment historique. Au niveau du dessin, Michel Pierret nous propose un travail tout à fait correct avec quelques belles illustrations d'architectures d'époque, mais il faut sans doute être un régional pour en savourer toutes les subtilités. On voit ainsi partiellement le système de défense de la porte principale du château mais je crains qu'il ne faille être un habitué des lieux pour visualiser certaines de ses composantes au travers de dessins trop généralistes. Parce que j'aime ce château et son histoire (intimement liée à celle de l'abbaye de Stavelot), j'ai lu ce récit sans déplaisir... mais ça reste quand même très léger et trop régionaliste pour intéresser d'autres lecteurs que ceux férus d'histoire médiévale et de patrimoine (belge dans le cas présent). Objectivement, entre le 'bof' et le 'pas mal' mais j'opte par affection pour le 'pas mal'.