Les derniers avis (48360 avis)

Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série Le Clan des Poe
Le Clan des Poe

2.5 Le Clan des Poe est une des œuvres les plus importantes de la carrière de Moto Hagio et qui fait aussi partie des séries qui ont révolutionné le shojo dans les années 70. Comme souvent avec les shojos de l'époque, l'action se passe en Europe. Les histoires mettent en avant Edgar, un vampanella (c'est comme un vampire, mais avec un autre mot). Ce sont des histoires courtes qui forment une saga. L'action n'est pas linéaire, une histoire peut très bien se passer après le récit suivant. On se déplace du 18 au 20 -ème siècle, mais sans trop perdre le fil. Le dessin d'Hagio est vraiment bon pour créer des atmosphères mélancoliques, mais par moment les transitions sont un peu trop abruptes et ses personnages de petites filles ont tendance à se ressembler un peu trop. Quant au scénario, je l'ai trouvé inégal selon les récits, certains m'ayant davantage plu que d'autres. Les principaux problèmes sont que le côté très dramatique typique des shojos de l'époque devient souvent irritant et que le personnage d'Edgar n'est pas franchement sympathique et c'est le personnage qu'on suit le plus dans ce premier tome. Sa petite sœur n'est pas trop charismatique non plus, à part être un bel objet elle ne fait pas grand chose. Au final, le personnage le plus intéressant est Alan et d'ailleurs mon histoire préférée jusqu'à présent est celle où il a le premier rôle sans Edgar pour une fois. Je note d'ailleurs qu'il y a une amélioration, j'ai d'avantage aimé les histoires de la seconde moitié de l'album aux premières. Cela montre l'amélioration d'Hagio au scénario (c'était publié mensuellement entre 1972 et 1976) ou alors c'est moi qui ai fini par m'habituer à cet univers et ses tics. Un manga pour ceux qui n'ont pas peur des vieilleries. En tout cas, j'ai trouvé que même si cela avait un peu mal vieilli, c'était plus intéressant que les romances niaises qu'on retrouve dans plein de shojos modernes.

09/06/2023 (modifier)
Couverture de la série Waluk
Waluk

J’ai emprunté l’album au hasard et, s’il est avant tout destiné à un public jeune, il se laisse lire par un adulte comme moi. Surtout, je craignais quelque chose de trop simple et gentillet comme les albums pour enfants « Plume », mais il y a quelques côtés plus « matures » et plus profonds (pas trop quand même !) dans cette histoire. Histoire qui se lit comme un one-shot – j’ai vu en l’avisant qu’en fait l’album lu (dans l’édition à l’italienne de Delcourt) avait depuis eu une suite et une réédition). Personnellement cet album me suffit (mais si vous avez des enfants avec lesquels partager la lecture, pourquoi pas regarder l'autre album ?). Waluk est un jeune ours blanc, tout juste abandonné par sa mère, qui fait la rencontre d’un vieil ours avec lequel il va nouer une relation fusionnelle. Autour d’eux des questionnements actuels (influence de l’homme sur le milieu naturel, conséquences du réchauffement climatique, cohabitation humains/animaux, etc.). Le dessin est simple et « mignon », la narration est elle-aussi simple et fluide, globalement agréable, même si le lectorat visé appréciera sans doute davantage que moi cette histoire. Rien de révolutionnaire, mais dans le genre, c’est quand même une lecture sympathique, que vous pouvez partager avec vos enfants.

08/06/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
Couverture de la série Deviens quelqu'un !
Deviens quelqu'un !

Daniel Blancou est un auteur extrêmement attachant par son sens très poussé de l’autodérision, on le sait depuis Un auteur de BD en trop. Le fait d’avoir opté de nouveau pour l'autofiction lui permet d’explorer librement ses côtés obscurs, ceux dont on aime généralement guère se vanter... « Daniel Blanquette », son double et personnage central du récit, va être mis à rude épreuve, en proie à son démon intérieur qui n’aura de cesse de le parasiter dans son désir de succès en tant que bédéaste et le poussera à commettre des actes peu glorieux qui l’enfonceront chaque fois un peu plus. Symbolisé comme dans Tintin par une tête de diable à queue fourchue, parfois contredit par l’ange, le binôme bienveillant et réconfortant, on le verra virevolter presque constamment au fil des pages autour de Blanquette, le harcelant sans pitié, telle la mouche du coche, de ses moqueries destinées à lui faire perdre toute confiance en lui. On peut dire que c’est souvent drôle, encore faut-il être réceptif à ce type d’humour à la fois cérébral et plutôt subtil (on sourit plus qu’on ne rit), que ne facilitera peut-être pas la forme narrative un rien foutraque, intégrant nombre de récits dans le récit. Outre ses anciennes planches, dont un polar foireux, des illustrations de documentaires ou des strips, on y trouve les dessins d’une dizaine de confrères qui ont participé au projet, rebaptisés pour l’occasion par des « pseudos d’acteurs ». Ainsi, Mathieu Sapin devient « Mathieu Malin », Lisa Mandel est « Lisa Modèle » ou encore Blutch qui ici se fait appeler « Crush ». Blancou a conservé le graphisme assez stylé qu’on avait apprécié dans Un auteur de BD en trop, un trait humoristique minimaliste assorti à une colorisation vintage tramée. Très souvent, il se contente de ne dessiner qu’un seul œil à ses personnages, en particulier en ce qui concerne son personnage central, « Blanquette », ce qui contribue à singulariser sa marque de fabrique. Sans avoir l’air d’y toucher, l’auteur de « BD rigolotes », écartelé entre son envie d’être reconnu et sa (fausse ?) modestie, parle aussi de l’égo propre au milieu de la bande dessinée, inhérent à tout domaine artistique, des petites jalousies et autres hypocrisies, ou encore de l’échec qui fera de vous un loser patenté. Le monde est une jungle, et le 9e art n’y échappe pas, même s’il n’atteint pas le sommet souvent boursouflé des mondanités cannoises et autres. On peut supposer que « Deviens quelqu’un ! » aura permis – et c’est tant mieux - à « Daniel Blanquette » de laisser définitivement derrière lui son démon dans l’incendie final ô combien symbolique même si la conclusion en demi-teinte nous laisse avec ce constat tragique du pauvre gorille livré à lui-même parce que trop faible pour vivre avec le clan. Cet ouvrage à l’humour doux-amer constitue une lecture plaisante, même si par son côté disparate on peut la considérer un poil en dessous d « Un auteur de BD en trop », dont le scénario semblait mieux maîtrisé.

07/06/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Grand Voyage d'Alice
Le Grand Voyage d'Alice

Le Rwanda est un sujet sensible et on ne peut pas faire l'impasse sur les 800 000 morts de 1994 dans une inertie voire une complicité internationale sidérante. Je pense que je ne connaitrai jamais les différents dessous de l'affaire tellement les informations en France ou dans d'autres pays sont encore dans le secret défense pour longtemps. J'ai donc lu la série de Gaspard Talmasse avec en mémoire le si poignant "L'inavouable" de Patrick de Saint Exupéry, un peu comme une suite logique des événements enclenchés le 6 avril 1994. Évidemment la mise en scène d'enfants de cinq ans provoque une lecture émotionnelle forte que l'enfant soit Hutu, Tutsi ou d'une autre origine. Mais j'ai eu du mal à de nombreux endroits avec cette mise en scène proposée par l'auteur. J'ai trouvé le début vraiment très soft, presque complaisant, pour la communauté Hutu de Gitarama lieu de vie d'Alice. Le génocide est à peine montré et uniquement sur deux planches avec une seule victime alors que les rares témoins ont vu des morts tués à la machette partout dans le pays. Ensuite tout au long du récit les soldats du FPR ou de l'APR sont diabolisés alors que les FAR sont presque glorifiés comme couvrant la fuite des réfugiés. On ne peut pas nier la réalité des massacres et des chasses à l'homme organisées par les troupes de l'APR dans les camps du Congo. Mais c'est un peu vite oublier que beaucoup de génocidaires avaient fui souvent avec leurs armes au mépris de toute justice pour les victimes Tutsis. La pauvre Alice a subi cette situation insensée. Beaucoup de petits copains et copines d'Alice sont morts sans comprendre pourquoi. Évidemment certains épisodes sont invérifiables (comme le séjour seules dans la forêt). J'ai même trouvé certains épisodes trop dramatisés pour être crédibles (comme celui de la boue). Par contre j'ai beaucoup aimé le graphisme de Talmasse. Son trait fin travail beaucoup sur ces petits visages qui subissent la cruauté de leurs parents. C'est très tendre et expressif et l'auteur arrive très bien à faire passer la détresse qui règne au fond de leurs yeux. De même j'ai beaucoup apprécié la mise en couleur qui travaille sur l'humidité verte de la forêt et les ocres et rouges de la terre africaine. Cela reste une série intéressante car on peut la recevoir d'une manière plus émotionnelle ou plus historique (on peut faire les deux). Perso je ne me suis pas trop investi dans l'émotion mais plus dans l'historique. Il est juste de ne pas oublier le calvaire de ces victimes de l'après génocide et c'est un atout de la série de rappeler leur mémoire.

07/06/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 3/5
Couverture de la série P.T.S.D.
P.T.S.D.

Je souscris à 100% l'avis de Ro, j'aurais voulu faire du copier-coller mais ça se verrait :) Les +: - une patte graphique reconnaissable - de beaux décours, de belles couleurs pastelles, des scènes d'action lisibles - un sujet pas si souvent abordé Les -: - beaucoup trop de clichés - la cuisto un peu trop sainte pour être réaliste Bref Singelin est un dessinateur vraiment intéressant mais c'est encore mieux lorsqu'il travaille avec un scénariste comme pour l'excellent The Grocery.

07/06/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
Couverture de la série Vincent - Un saint au temps des mousquetaires
Vincent - Un saint au temps des mousquetaires

Jean Dufaux signe là une enquête policière fictive dirigée par un personnage historique bien réel. Exercice périlleux s'il en est, et qui, d'ailleurs, n'aboutit pas complètement. De fait, la découverte de Vincent de Paul et de sa spiritualité est plutôt bien faite, discrète et efficace, sans qu'on ait jamais l'impression d'être dans de la propagande catholique. L'idée de le placer au cœur d'une enquête policière est bonne mais pas toujours bien exécutée. En effet, le récit est trop rapide pour se permettre de développer les circonvolutions habituelles du genre. Ce qui fait qu'on se retrouve dans une sorte d'entre-deux peu satisfaisant où l'aspect biographique n'est pas assez développé pour découvrir le personnage en profondeur et l'enquête policière pas assez bien ficelée pour être convaincante. On se demande alors un peu pourquoi avoir choisi Vincent de Paul comme personnage historique au lieu d'inventer un détective de toutes pièces. Malgré tout, ne boudons pas trop notre plaisir. Le récit, sans surprendre, fonctionne correctement et le dessin assure bien sa part du travail, assurant une immersion complète dans l'époque. L'ensemble satisfait donc mais une once d'originalité ou de développement en plus n'aurait pas nui.

07/06/2023 (modifier)
Couverture de la série La Meute (Futuropolis)
La Meute (Futuropolis)

L’album se laisse lire aisément, possède de réelles qualités, mais il m’a néanmoins laissé sur ma faim. Le dessin tout d’abord. Présentés comme des peintures, les dessins d’Aude Samama en ont effectivement l’aspect. Pas mon truc esthétiquement, mais c’est original et beau. Un peu statique aussi du coup. L’histoire tourne autour de deux ados qui ont fugué ensemble, dans un coin perdu en France. Flic, habitants les recherchent. Mais en parallèle (c’est sans doute la partie la plus intéressante et avec le plus de potentiel d’ailleurs), nous découvrons l’avancée de plusieurs rumeurs, la parole des habitants se libérant, chacun ayant son idée. Quelques moments pathétiques ou savoureux, mais hélas terriblement crédibles. Je pense qu’il aurait fallu davantage exploiter cet aspect du récit. Surtout que se greffe sur ce terreau déjà riche d’autres rumeurs, autour de la présence (et d’attaques) de loups. Les deux « histoires » se rejoignent dans les dernières cases, la chute étant quand même des plus brutales. Il faut aussi accepter quelques facilités (la façon dont les deux jeunes gens déjouent les recherches par exemple). Une petite lecture d’emprunt je pense.

07/06/2023 (modifier)
Couverture de la série Start-up generation
Start-up generation

Dubuisson publie beaucoup – surtout chez Lapin -, des séries un peu toutes sur le même modèle (strips gags au dessin minimaliste – et à plusieurs reprises déjà dans le cadre de l’entreprise), sans que jamais je ne retrouve complètement la très belle réussite de La Nostalgie de Dieu. Le minimalisme du dessin ne me gêne pas du tout, ça passe même très bien pour ce genre d’humour, et Dubuisson arrive à rendre suffisamment expressifs ses personnages. Quant aux gags justement, ici centrés sur les nouvelles technologies, et les start-ups qui s’en nourrissent, ils sont très inégaux. Il y en a suffisamment d’amusants pour que la lecture soit agréable, mais il ne faut pas non plus s’attendre à se poiler à chaque page, loin s’en faut. Note réelle 2,5/5.

07/06/2023 (modifier)
Couverture de la série Falkland - La Guerre des Malouines
Falkland - La Guerre des Malouines

C’est la plus récente des batailles traitées dans cette collection, et du coup c’est la première fois que je peux faire appel à mes souvenir pour les confronter à ce récit. En effet, j’étais en Troisième, et je me rappelle très bien de discussions avec certains camarades à ce propos. La « bataille » elle-même est globalement bien retranscrite, à quelques détails près. D’abord, si les attaques de navires (et en particulier la destruction d’un destroyer anglais par un missile exocet) et le transport des troupes anglaises à travers l’Atlantique font de la mer un enjeu véritable, c’est avant tout une bataille – ou plutôt une guerre – terrestre. Delitte lui-même le reconnait implicitement, puisque presque tout l’album se déroule à terre (et du coup manquent certains détails de cette guerre entre Anglais et Argentins). Mais les navires, les avions sont très bien représentés, le dessin de Bianchini est classique, mais efficace. Mon autre remarque concerne la présentation du contexte. Si Delitte rappelle à juste titre l’accélération brutale du conflit autour des Malouines (le nom français de cet archipel), et l’instrumentalisation de celui-ci par la dictature militaire argentine (qui cherche à détourner l’attention de sa population du marasme économique et de la répression), il minimise, voire oublie qu’en face Margaret Thatcher en a fait de même (une popularité catastrophiquement basse, et une guerre – même si elle ne l’a évidemment pas voulue – qui va lui permettre de façon inespéré de détourner l’attention, puis de reprendre la main et de d’obtenir un nouveau mandat de premier ministre). Le mérite de cet album est de rappeler à ceux qui n’ont pas connu cette époque un conflit à la fois récent et oublié, dont l’enjeu a priori ridicule, a été démultiplié par les dirigeants des deux bords. Concernant l’album lui-même, il est d’une honnête facture, et l’habituel dossier final le complète plutôt bien.

07/06/2023 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Hypericon
Hypericon

C'est ma deuxième incursion sur les terres de Manuele Fior après Celestia. J'aime son dessin. C'est lui qui m'a fait du gringue. Fior a une touche très personnelle et immédiatement identifiable. J'aime particulièrement bien ses personnages féminins, et pour cause... Ses histoires se lisent bien. On sent qu'il y a un sens narratif développé, même si ses histoires manquent un peu d'intérêt. Peut-être pas d'intérêt, mais d'un petit quelque chose d'indéfinissable. En fait, l'auteur affiche certaines ambitions mais s'étend peut-être un peu trop sur des scènes inutiles (les scènes de boule par exemple qui ne sont que prétextes à illustrer ses obsessions, mais j'y reviens...). Ici, on a droit à un classique de "vies parallèles", des destins croisés à travers deux époques différentes, chacun dans son style graphique. Classique quoi ! D'un côté, on suit le destin de Toutankhamon, ou plutôt celui de Howard Carter au moment où l'archéologue découvre la tombe du pharaon, et celui de Teresa de l'autre, jeune étudiante italienne fraichement diplômée qui bosse sur l'organisation d'une exposition consacrée au même pharaon. Teresa est charmante, un brin gironde, et permet à l'auteur de laisser deviner son fantasme des collants noirs. Allez Manuele ! Faut pas nous la faire. Déjà dans Celestia tu nous l'a fait le coup des collants, petit malinou va !... C'est pas grave hein ? Ca arrive à tout le monde ! On pourra donc regretter ces scènes de pur fantasme qui n'apportent rien à l'histoire, au point même qu'on pourrait presque croire que l'essentiel n'est finalement qu'un prétexte à montrer des zones érogènes en gros plan et du nylon... Bon, je tire un peu fort parce que j'ai trouvé cette histoire fluide et bien foutue quand même. Et puis les dernières pages sont tout à fait charmantes, très sensibles avec cette histoire de collier de fleurs de millepertuis qui en outre donne son titre à cette BD. En somme : 3,5 ! Et ce sera mon dernier mot !

07/06/2023 (modifier)