Le Grand Voyage d'Alice

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

À travers ses yeux d’enfant, l’histoire de l’odyssée d’Alice Cyuzuzo sur les routes du Zaïre, fuyant la guerre civile qui frappe son Rwanda natal…


Afrique Noire Enfance(s) La Boite à Bulles Le Génocide rwandais Témoignages

Gitarama, 1994, dans la province du Sud au Rwanda. Alice, 5 ans, vit une enfance paisible auprès de ses parents et ses petites soeurs. Sa vie va basculer lorsque le génocide des Tutsis éclate et qu’elle se retrouve ensuite contrainte de quitter son village avec les siens. Avec sa famille de Hutus, il lui faudra fuir devant l’avancée des troupes du FPR sur les routes brûlantes de la République démocratique du Congo – le Zaïre, à l’époque. C’est dans ce climat qu’elle grandira, au milieu de camps de réfugiés, retrouvant parfois une vie presque normale avant de nouvelles attaques, une nouvelle fuite et la mort qui rôde, toujours... Si au début de son exil, la jeune enfant part avec toute sa famille, c’est accompagnée de sa seule soeur Adeline qu’elle terminera son périple, à l’ouest du Zaïre, ignorant si ses parents sont encore en vie. Elle finira par se retrouver isolée et par être rapatriée au Rwanda en novembre 1997... Gaspard Talmasse livre ici un témoignage singulier, empreint d’émotion et d’une grande justesse, celui de son épouse. Pour raconter cette odyssée de plusieurs milliers de kilomètres, l’auteur choisit d’adopter le regard d’enfant d’Alice, afin de retranscrire au mieux sa vérité. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Novembre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Grand Voyage d'Alice © La Boîte à Bulles 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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19/11/2021 | Alix
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L'avatar du posteur bamiléké

Le Rwanda est un sujet sensible et on ne peut pas faire l'impasse sur les 800 000 morts de 1994 dans une inertie voire une complicité internationale sidérante. Je pense que je ne connaitrai jamais les différents dessous de l'affaire tellement les informations en France ou dans d'autres pays sont encore dans le secret défense pour longtemps. J'ai donc lu la série de Gaspard Talmasse avec en mémoire le si poignant "L'inavouable" de Patrick de Saint Exupéry, un peu comme une suite logique des événements enclenchés le 6 avril 1994. Évidemment la mise en scène d'enfants de cinq ans provoque une lecture émotionnelle forte que l'enfant soit Hutu, Tutsi ou d'une autre origine. Mais j'ai eu du mal à de nombreux endroits avec cette mise en scène proposée par l'auteur. J'ai trouvé le début vraiment très soft, presque complaisant, pour la communauté Hutu de Gitarama lieu de vie d'Alice. Le génocide est à peine montré et uniquement sur deux planches avec une seule victime alors que les rares témoins ont vu des morts tués à la machette partout dans le pays. Ensuite tout au long du récit les soldats du FPR ou de l'APR sont diabolisés alors que les FAR sont presque glorifiés comme couvrant la fuite des réfugiés. On ne peut pas nier la réalité des massacres et des chasses à l'homme organisées par les troupes de l'APR dans les camps du Congo. Mais c'est un peu vite oublier que beaucoup de génocidaires avaient fui souvent avec leurs armes au mépris de toute justice pour les victimes Tutsis. La pauvre Alice a subi cette situation insensée. Beaucoup de petits copains et copines d'Alice sont morts sans comprendre pourquoi. Évidemment certains épisodes sont invérifiables (comme le séjour seules dans la forêt). J'ai même trouvé certains épisodes trop dramatisés pour être crédibles (comme celui de la boue). Par contre j'ai beaucoup aimé le graphisme de Talmasse. Son trait fin travail beaucoup sur ces petits visages qui subissent la cruauté de leurs parents. C'est très tendre et expressif et l'auteur arrive très bien à faire passer la détresse qui règne au fond de leurs yeux. De même j'ai beaucoup apprécié la mise en couleur qui travaille sur l'humidité verte de la forêt et les ocres et rouges de la terre africaine. Cela reste une série intéressante car on peut la recevoir d'une manière plus émotionnelle ou plus historique (on peut faire les deux). Perso je ne me suis pas trop investi dans l'émotion mais plus dans l'historique. Il est juste de ne pas oublier le calvaire de ces victimes de l'après génocide et c'est un atout de la série de rappeler leur mémoire.

07/06/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Quelle horreur. Je ressors secoué de ma lecture. L’histoire d’Alice Cyuzuzo est poignante. Agée d’à peine 5 ans, elle fuit avec sa maman et ses sœurs les horreurs du génocide rwandais, et ne rentrera chez elle que 3 ans plus tard. Seule. Sa famille entière est portée disparue (même si elle finira par les retrouver des années plus tard). Les horreurs dont elle a été témoin, difficile à appréhender pour l’adulte que je suis, ont dû être incompréhensibles à son âge. La narration se concentre sur son point de vue d’enfant, ses interprétations, ses peurs. L’album n’explique pas le conflit, ni même les atrocités qui secouent la vie d’Alice. Un choix judicieux, qui donne une force inouïe à son histoire, qui m’a souvent mis les larmes aux yeux. C’est terrible, de devoir vivre tout ça si jeune. Notez qu’une interview avec la maman d’Alice (en fin d’album) apporte une vision plus adulte sur les évènements, et fournit des éléments supplémentaires (ce qu’Alice n’avait pas vu ou pas compris). Il paraît dérisoire de parler du dessin. Il est pourtant superbe, avec notamment des couleurs aquarelles du plus bel effet. Un album coup de poing, qui m’a beaucoup touché. Un témoignage essentiel.

19/11/2021 (modifier)