Un autre titre de la collection Sociorama et cette fois-ci on va découvrir le milieu de l'aviation.
L'enquête est bien faite. On fait un bon tour d'horizon: les différents métiers à bords d'un avion et les tensions entres les collègues (les pilotes gagnent beaucoup plus que les autres), le travail quotidien d'un steward et d'une hôtesse de l'air, comment faire pour gérer des passagers nerveux, comment les grosses compagnies font des petits économies pour faire le plus de profit possible, etc et etc.
Comme souvent avec cette collection, c'est intéressant à lire, mais le dessin est moyen même si c'est pas le pire que j'ai vu. J'ai bien aimé mon voyage dans cet avion, mais vers la fin je commençais à trouver cela un peu long.
Je fais partie de ceux qui sont un peu déçus par le traitement du sujet. Il faut dire que je travaille dans une épicerie et je voulais voir les différences entre le Québec et la France.
Bon, là on parle juste des caissières, on va donc peu voir les autres métiers qu'on retrouve dans ce milieu de travail. Au début, je trouvais ça intéressant de découvrir comment fonctionne ce milieu dans un autre pays. Puis, j'ai trouvé que cela déviait un peu trop vers une critique du capitalisme sauvage moderne. Je comprends que des trucs comme les coupures de postes cela affecte les caissières, mais au final les critiques contre les entreprises et les actionnaires qui ne pensent qu'au profit, on peut le faire avec n'importe quelle grosse entreprise, pas juste ceux de la distribution. Le pire est qu'on va finir avec une grève qui prend beaucoup de pages. Ce n’est pas mauvais, mais au final j'ai pas vu grand chose du milieu de travail d'un supermarché français et la plupart des critiques, on pourrait les mettre dans d'autres métiers sans trop de problèmes.
Dommage je m'attendais à un truc comme ''Chantier interdit au public'' où on voyait vraiment l'ensemble d'un travail dans un chantier. En plus, le dessin est vraiment très bon.
Un bon moment de lecture.
Un mystérieux train débarque des voyageurs sur le quai, ils sont pris en main par Émile, le majordome d'un hôtel bien mystérieux qui leur apprend qu'ils sont morts. Cet hôtel est une sorte de purgatoire qui doit les mener vers leur dernier voyage, pour cela ils doivent affronter leurs souvenirs et ainsi faire face à leurs derniers regrets. Émile est là pour les accompagner, les aider à trouver la cause de leur présence.
Ce fameux Émile est réglé comme du papier à musique, un psychorigide de première, le métronome de cet établissement, mais sa partition va commencer à jouer des fausses notes avec l'apparition de trois personnages sortis de nulle part.
Une idée originale pour parler de la mort. Le récit commence sur un ton léger pour bifurquer sur les démons intérieurs des protagonistes. Je ne me suis jamais ennuyé lors de ma lecture, les personnages sont adorables, le rythme est soutenu et les surprises nombreuses, le seul défaut : j'ai vu arriver la conclusion comme le nez sur le visage.
Un dessin au trait rond, expressif et dynamique, très agréable à regarder avec des couleurs légèrement délavées.
Un plus indéniable.
Un album recommandable.
Note réelle : 3,5.
Une incursion de Keanu Reeves dans la bande dessinée, cela a de quoi surprendre et en même temps, les connaisseurs de l'acteur savent que ça correspond bien à son image passionnée et éclectique.
Les connaisseurs ne seront pas non plus étonnés par l'ultra-violence, qui ferait passer n'importe quel John Wick pour une agréable promenade de santé. De fait, les scénaristes s'amusent ici à multiplier les poussées de violence franchement sanglante, utilisant à merveille le format BD pour amplifier ce qu'on hésiterait à montrer tel quel à l'écran (ce qui se comprend). J'ai toujours eu un rapport ambivalent à cette ultra-violence, n'appréciant pas son côté gratuit. Et pourtant, sous la plume de Kindt et Reeves, il faut bien avouer que l'usage de la violence a ici un côté presque cartoonesque, qui le ferait lorgner plus du côté d'un Kingsman que d'un Tarantino, conférant un côté étonnamment cool à l'ensemble, suffisamment en tous cas pour me la faire apprécier.
Si je ne monte pas à 4 étoiles, malgré le côté spectaculaire indéniablement jouissif et la mise en scène cinématographique, c'est la faute à un dessin qui accomplit le taff mais se révèle tout de même un peu grossier, et surtout à un scénario qui manque encore trop d'originalité . En revanche, en fonction de son évolution dans les tomes suivants, il est très possible que je monte à 4 étoiles, car le potentiel du récit peut annoncer beaucoup d'excellentes choses.
On attend de voir, donc, et pour mieux patienter, on se régale de ce que le très généreux Keanu Reeves nous offre ici en espérant que le second tome passera à la vitesse supérieure.
Agréable BD, sur un périple en Norvège entre frères. L'occasion pour cette famille disloquée de retisser un lien, tout autant que de fuir pour l'aîné un drame familial.
Beaucoup de tendresse, le charme de l'aventure, d'intéressantes thématiques conviées (mythologie nordique, nature sauvage, solitude, sens de la vie...) et une réelle capacité à faire naître pudiquement de l'émotion : ce roman graphique de Cremers impose sa bonhomie jusque dans la tragédie.
On regrettera un trait moins à l'aise avec les personnages qu'avec les paysages, même si l'expressivité est très correctement rendue, et un lettrage / une typographie fastidieuse que l'éditeur aurait été inspiré de modifier.
J'ai été assez déçu par la lecture de cette série. Je trouve le titre un peu trompeur. Si le scénario se centre sur la rencontre de Berthe Morisot et de Manet, le court espace biographique choisi par Jaffredo nous plonge dans une relation sentimentale assez sage et loin d'une passion irréfléchie.
Ensuite je trouve le traitement des deux personnages très déséquilibré. Berthe Morisot est l'une des rares femmes qui est exposée et considérée à l'égal des grands maîtres de cette époque. Or Jaffredo ne rend pas du tout hommage à sa peinture. Je n'ai absolument pas compris qu'est ce que Morisot avait pu apporter à Manet dans sa peinture.
C'est pourtant l'un des axes forts qui fait agir Morisot dans le récit. Ici je l'ai vu comme un simple modèle un peu potiche et une conquête de plus dans le carnet d'adresses de Manet.
De plus je trouve que Jaffredo choisit une période un peu vide dans l'influence de Manet : "Le déjeuner sur l'herbe" et Olympia sont déjà créés et son influence sur les jeunes peintres impressionnistes pas encore d'actualité. Il en résulte des anecdotes intimistes plus ou moins intéressantes au regard de l'importance de son impact sur l'histoire de la peinture.
L'idée d'un axe directeur à partir d'une relation épistolaire entre les deux soeurs a aussi le défaut de privilégier le côté anecdotique. Par contre j'ai bien aimé le rendu de cette ambiance bourgeoise du second Empire dans laquelle se trouvait le couple Manet-Morisot.
Le graphisme est très académique et quelque peu figé à mon goût.
La surabondance des tons ocres, roux et bruns rend la mise en couleur assez uniforme et manquant de relief.
Une lecture un peu décevante pour deux artistes qui méritaient plus. 2.5
L’œuvre de Timothée Boucher (je crois qu’on peut commencer à parler d’œuvre) se révèle de plus en plus originale, tout en brassant souvent les mêmes thèmes (quête d’identité, estime/connaissance de soi, sexualité, genre). Mais il sait se renouveler.
Et cette nouvelle série (entamée par un opus de près de 380 pages !) confirme son talent. Graphique d’abord. Sa ligne claire et sa colorisation tranchée donne un rendu à la fois froid et sensuel. Deux choses qui accompagnent très bien l’ambiance développée dans cette histoire.
Le fantastique est très présent, mais passe très bien, on l’accepte facilement, avec cette métamorphe qui cherche par tous les moyens à séduire un jeune homme, qui, lui, est des plus rétifs (il en est même énervant à force d’être aussi asocial, mou et indécis). Il faut juste accepter quelques facilités (elle n’a pas beaucoup de temps à consacrer à son travail cette personne, qui surveille ou vit 24 heures sur 24 avec sa cible Ambroise, et en plus d’être métamorphe, elle a un sacré don d’ubiquité quand même !).
Mais bon, la lecture est agréable et le cliffhanger des dernières planches nous donne envie de connaître la réaction d’Amboise !
Deux éléments ont été décisifs dans mon envie de lire cet album. Le premier vient de son cadre, l’île de Skye en Ecosse, dont je garde encore aujourd’hui un souvenir émerveillé. Des décors à couper le souffle mêlent la beauté et la rudesse d’une nature encore préservée. Le second vient du nom de son autrice, Cécile Becq, que j’avais découverte sur « Ama - Le Souffle des femmes » et qui revient ici comme autrice complète.
Quant à l’histoire, je m’attendais à un mélo aux accents féminins, je l’espérais fin et sensible mais au vu du pitch je craignais quand même que ce soit trop sucré à mon goût.
La lecture a répondu à la plupart de mes attentes. L’ile de Skye est bien mise en valeur même si Cécile Becq n’a pas le trait le plus précis du monde. On retrouve cependant des décors qui allient rudesse et beauté et qui viennent intensifier notre perception du lien qui unit ces trois sœurs, car là aussi on retrouve rudesse et beauté.
L’histoire se centre principalement sur une des trois sœurs dont on va assister à la lente reconstruction après le décès de son époux. Comme je le craignais un peu, cet aspect du récit tombe parfois dans la comédie romantique facile (il n’est pas trop compliqué de deviner qu’une romance va naître entre elle et un habitant de l’île) mais le portrait demeure sensible et les personnages touchent par leur simplicité. Autre aspect essentiel dans ce scénario : les liens de sororité qui unissent ces trois sœurs, entre complicité et rancunes. Ce lien est bien rendu, l’autrice fait montre à ce niveau d’une belle maîtrise, profilant de prime abord chacune des sœurs d’une manière certes peu subtile (l’ainée la plus sérieuse et la plus sombre, la cadette la plus frivole et légère, et l’héroïne la plus sensible et romantique) mais profitant de l’avancement du scénario et de l’évolution des personnages pour nous en proposer des portraits finalement moins manichéens. Mais surtout les liens qui les unissent sont bien mis en avant et rythment le récit.
Au final, j’ai trouvé ce récit plaisant sans être exceptionnel. Pas mal, quoi, mais un peu trop sucré à mon goût pour que je monte ma note jusqu’à un 4/5.
Encore une fois, je trouve qu'une série de Dorison est juste sympathique à lire.
C'est bien fait, le scénario se laisse lire sans problème et j'ai bien aimé découvrir le début d'un naufrage qui va mal tourner. Je connaissais pas du tout ce fait historique. Le problème est que jusqu'à présent cela ressemble à n'importe quelle histoire maritime se passant au temps où le capitaine pouvait être cruel envers son équipage. Les personnages jouent leurs rôles et aucun ne m'a paru particulièrement attachant ce qui est pour moi un défaut parce que du coup je ne ressens aucune tension parce que je me fiche un peu s'ils meurent tous dans d'atroces souffrances.
Le dessin est du bon style réaliste même si personnellement ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement. Le premier tome a un rythme un peu lent pour bien planter le décor et les personnages. On devine dans les dernières pages que cela va barder dans la seconde partie, que je vais tout de même lire parce que je suis un peu curieux de savoir comment tout cela va finir.
En gros, je comprends que d'autres accrochent mieux que moi parce qu'il y a beaucoup de qualités, c'est juste que le traitement du récit ne me captive pas.
Un album étrange, qui m’a laissé quelque peu perplexe, n’ayant pas forcément tout saisi de ce que l’auteur voulait montrer.
Un tueur en série frappe au sein de la jeunesse absorbée par les fêtes de fin d’année scolaire, dans un coin paumé d’Amérique semble-t-il. On est dans un décor très classique (combien de films américains ont joué sur ce registre ?). Un peu de fantastique s’invite parfois, et on n’a pas à la fin de réponse totalement rationnelle aux questions posées par cette histoire.
Ce relatif brouillard est accentué par le dessin, au rendu terne jouant sur des dégradés de gris. C’est froid, comme l’est l’intrigue, assez minimaliste (peu de texte et de dialogues).
L’album vaut avant tout par l’ambiance développée, le malaise s’instillant, le lecteur restant aussi perdu, éperdu, que la plupart des adolescents de l’histoire.
A voir ce que fera ensuite cet auteur, qui débute avec cet album. Il y a de l’originalité dans le traitement d’un sujet assez rebattu.
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Un autre titre de la collection Sociorama et cette fois-ci on va découvrir le milieu de l'aviation. L'enquête est bien faite. On fait un bon tour d'horizon: les différents métiers à bords d'un avion et les tensions entres les collègues (les pilotes gagnent beaucoup plus que les autres), le travail quotidien d'un steward et d'une hôtesse de l'air, comment faire pour gérer des passagers nerveux, comment les grosses compagnies font des petits économies pour faire le plus de profit possible, etc et etc. Comme souvent avec cette collection, c'est intéressant à lire, mais le dessin est moyen même si c'est pas le pire que j'ai vu. J'ai bien aimé mon voyage dans cet avion, mais vers la fin je commençais à trouver cela un peu long.
Encaisser !
Je fais partie de ceux qui sont un peu déçus par le traitement du sujet. Il faut dire que je travaille dans une épicerie et je voulais voir les différences entre le Québec et la France. Bon, là on parle juste des caissières, on va donc peu voir les autres métiers qu'on retrouve dans ce milieu de travail. Au début, je trouvais ça intéressant de découvrir comment fonctionne ce milieu dans un autre pays. Puis, j'ai trouvé que cela déviait un peu trop vers une critique du capitalisme sauvage moderne. Je comprends que des trucs comme les coupures de postes cela affecte les caissières, mais au final les critiques contre les entreprises et les actionnaires qui ne pensent qu'au profit, on peut le faire avec n'importe quelle grosse entreprise, pas juste ceux de la distribution. Le pire est qu'on va finir avec une grève qui prend beaucoup de pages. Ce n’est pas mauvais, mais au final j'ai pas vu grand chose du milieu de travail d'un supermarché français et la plupart des critiques, on pourrait les mettre dans d'autres métiers sans trop de problèmes. Dommage je m'attendais à un truc comme ''Chantier interdit au public'' où on voyait vraiment l'ensemble d'un travail dans un chantier. En plus, le dessin est vraiment très bon.
Le Dernier Quai
Un bon moment de lecture. Un mystérieux train débarque des voyageurs sur le quai, ils sont pris en main par Émile, le majordome d'un hôtel bien mystérieux qui leur apprend qu'ils sont morts. Cet hôtel est une sorte de purgatoire qui doit les mener vers leur dernier voyage, pour cela ils doivent affronter leurs souvenirs et ainsi faire face à leurs derniers regrets. Émile est là pour les accompagner, les aider à trouver la cause de leur présence. Ce fameux Émile est réglé comme du papier à musique, un psychorigide de première, le métronome de cet établissement, mais sa partition va commencer à jouer des fausses notes avec l'apparition de trois personnages sortis de nulle part. Une idée originale pour parler de la mort. Le récit commence sur un ton léger pour bifurquer sur les démons intérieurs des protagonistes. Je ne me suis jamais ennuyé lors de ma lecture, les personnages sont adorables, le rythme est soutenu et les surprises nombreuses, le seul défaut : j'ai vu arriver la conclusion comme le nez sur le visage. Un dessin au trait rond, expressif et dynamique, très agréable à regarder avec des couleurs légèrement délavées. Un plus indéniable. Un album recommandable. Note réelle : 3,5.
BRZRKR
Une incursion de Keanu Reeves dans la bande dessinée, cela a de quoi surprendre et en même temps, les connaisseurs de l'acteur savent que ça correspond bien à son image passionnée et éclectique. Les connaisseurs ne seront pas non plus étonnés par l'ultra-violence, qui ferait passer n'importe quel John Wick pour une agréable promenade de santé. De fait, les scénaristes s'amusent ici à multiplier les poussées de violence franchement sanglante, utilisant à merveille le format BD pour amplifier ce qu'on hésiterait à montrer tel quel à l'écran (ce qui se comprend). J'ai toujours eu un rapport ambivalent à cette ultra-violence, n'appréciant pas son côté gratuit. Et pourtant, sous la plume de Kindt et Reeves, il faut bien avouer que l'usage de la violence a ici un côté presque cartoonesque, qui le ferait lorgner plus du côté d'un Kingsman que d'un Tarantino, conférant un côté étonnamment cool à l'ensemble, suffisamment en tous cas pour me la faire apprécier. Si je ne monte pas à 4 étoiles, malgré le côté spectaculaire indéniablement jouissif et la mise en scène cinématographique, c'est la faute à un dessin qui accomplit le taff mais se révèle tout de même un peu grossier, et surtout à un scénario qui manque encore trop d'originalité . En revanche, en fonction de son évolution dans les tomes suivants, il est très possible que je monte à 4 étoiles, car le potentiel du récit peut annoncer beaucoup d'excellentes choses. On attend de voir, donc, et pour mieux patienter, on se régale de ce que le très généreux Keanu Reeves nous offre ici en espérant que le second tome passera à la vitesse supérieure.
Vague de froid
Agréable BD, sur un périple en Norvège entre frères. L'occasion pour cette famille disloquée de retisser un lien, tout autant que de fuir pour l'aîné un drame familial. Beaucoup de tendresse, le charme de l'aventure, d'intéressantes thématiques conviées (mythologie nordique, nature sauvage, solitude, sens de la vie...) et une réelle capacité à faire naître pudiquement de l'émotion : ce roman graphique de Cremers impose sa bonhomie jusque dans la tragédie. On regrettera un trait moins à l'aise avec les personnages qu'avec les paysages, même si l'expressivité est très correctement rendue, et un lettrage / une typographie fastidieuse que l'éditeur aurait été inspiré de modifier.
Edouard Manet et Berthe Morisot - Une passion impressionniste
J'ai été assez déçu par la lecture de cette série. Je trouve le titre un peu trompeur. Si le scénario se centre sur la rencontre de Berthe Morisot et de Manet, le court espace biographique choisi par Jaffredo nous plonge dans une relation sentimentale assez sage et loin d'une passion irréfléchie. Ensuite je trouve le traitement des deux personnages très déséquilibré. Berthe Morisot est l'une des rares femmes qui est exposée et considérée à l'égal des grands maîtres de cette époque. Or Jaffredo ne rend pas du tout hommage à sa peinture. Je n'ai absolument pas compris qu'est ce que Morisot avait pu apporter à Manet dans sa peinture. C'est pourtant l'un des axes forts qui fait agir Morisot dans le récit. Ici je l'ai vu comme un simple modèle un peu potiche et une conquête de plus dans le carnet d'adresses de Manet. De plus je trouve que Jaffredo choisit une période un peu vide dans l'influence de Manet : "Le déjeuner sur l'herbe" et Olympia sont déjà créés et son influence sur les jeunes peintres impressionnistes pas encore d'actualité. Il en résulte des anecdotes intimistes plus ou moins intéressantes au regard de l'importance de son impact sur l'histoire de la peinture. L'idée d'un axe directeur à partir d'une relation épistolaire entre les deux soeurs a aussi le défaut de privilégier le côté anecdotique. Par contre j'ai bien aimé le rendu de cette ambiance bourgeoise du second Empire dans laquelle se trouvait le couple Manet-Morisot. Le graphisme est très académique et quelque peu figé à mon goût. La surabondance des tons ocres, roux et bruns rend la mise en couleur assez uniforme et manquant de relief. Une lecture un peu décevante pour deux artistes qui méritaient plus. 2.5
47 Cordes
L’œuvre de Timothée Boucher (je crois qu’on peut commencer à parler d’œuvre) se révèle de plus en plus originale, tout en brassant souvent les mêmes thèmes (quête d’identité, estime/connaissance de soi, sexualité, genre). Mais il sait se renouveler. Et cette nouvelle série (entamée par un opus de près de 380 pages !) confirme son talent. Graphique d’abord. Sa ligne claire et sa colorisation tranchée donne un rendu à la fois froid et sensuel. Deux choses qui accompagnent très bien l’ambiance développée dans cette histoire. Le fantastique est très présent, mais passe très bien, on l’accepte facilement, avec cette métamorphe qui cherche par tous les moyens à séduire un jeune homme, qui, lui, est des plus rétifs (il en est même énervant à force d’être aussi asocial, mou et indécis). Il faut juste accepter quelques facilités (elle n’a pas beaucoup de temps à consacrer à son travail cette personne, qui surveille ou vit 24 heures sur 24 avec sa cible Ambroise, et en plus d’être métamorphe, elle a un sacré don d’ubiquité quand même !). Mais bon, la lecture est agréable et le cliffhanger des dernières planches nous donne envie de connaître la réaction d’Amboise !
Trois chardons
Deux éléments ont été décisifs dans mon envie de lire cet album. Le premier vient de son cadre, l’île de Skye en Ecosse, dont je garde encore aujourd’hui un souvenir émerveillé. Des décors à couper le souffle mêlent la beauté et la rudesse d’une nature encore préservée. Le second vient du nom de son autrice, Cécile Becq, que j’avais découverte sur « Ama - Le Souffle des femmes » et qui revient ici comme autrice complète. Quant à l’histoire, je m’attendais à un mélo aux accents féminins, je l’espérais fin et sensible mais au vu du pitch je craignais quand même que ce soit trop sucré à mon goût. La lecture a répondu à la plupart de mes attentes. L’ile de Skye est bien mise en valeur même si Cécile Becq n’a pas le trait le plus précis du monde. On retrouve cependant des décors qui allient rudesse et beauté et qui viennent intensifier notre perception du lien qui unit ces trois sœurs, car là aussi on retrouve rudesse et beauté. L’histoire se centre principalement sur une des trois sœurs dont on va assister à la lente reconstruction après le décès de son époux. Comme je le craignais un peu, cet aspect du récit tombe parfois dans la comédie romantique facile (il n’est pas trop compliqué de deviner qu’une romance va naître entre elle et un habitant de l’île) mais le portrait demeure sensible et les personnages touchent par leur simplicité. Autre aspect essentiel dans ce scénario : les liens de sororité qui unissent ces trois sœurs, entre complicité et rancunes. Ce lien est bien rendu, l’autrice fait montre à ce niveau d’une belle maîtrise, profilant de prime abord chacune des sœurs d’une manière certes peu subtile (l’ainée la plus sérieuse et la plus sombre, la cadette la plus frivole et légère, et l’héroïne la plus sensible et romantique) mais profitant de l’avancement du scénario et de l’évolution des personnages pour nous en proposer des portraits finalement moins manichéens. Mais surtout les liens qui les unissent sont bien mis en avant et rythment le récit. Au final, j’ai trouvé ce récit plaisant sans être exceptionnel. Pas mal, quoi, mais un peu trop sucré à mon goût pour que je monte ma note jusqu’à un 4/5.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Encore une fois, je trouve qu'une série de Dorison est juste sympathique à lire. C'est bien fait, le scénario se laisse lire sans problème et j'ai bien aimé découvrir le début d'un naufrage qui va mal tourner. Je connaissais pas du tout ce fait historique. Le problème est que jusqu'à présent cela ressemble à n'importe quelle histoire maritime se passant au temps où le capitaine pouvait être cruel envers son équipage. Les personnages jouent leurs rôles et aucun ne m'a paru particulièrement attachant ce qui est pour moi un défaut parce que du coup je ne ressens aucune tension parce que je me fiche un peu s'ils meurent tous dans d'atroces souffrances. Le dessin est du bon style réaliste même si personnellement ce n'est pas un style que j'affectionne particulièrement. Le premier tome a un rythme un peu lent pour bien planter le décor et les personnages. On devine dans les dernières pages que cela va barder dans la seconde partie, que je vais tout de même lire parce que je suis un peu curieux de savoir comment tout cela va finir. En gros, je comprends que d'autres accrochent mieux que moi parce qu'il y a beaucoup de qualités, c'est juste que le traitement du récit ne me captive pas.
L'Entaille
Un album étrange, qui m’a laissé quelque peu perplexe, n’ayant pas forcément tout saisi de ce que l’auteur voulait montrer. Un tueur en série frappe au sein de la jeunesse absorbée par les fêtes de fin d’année scolaire, dans un coin paumé d’Amérique semble-t-il. On est dans un décor très classique (combien de films américains ont joué sur ce registre ?). Un peu de fantastique s’invite parfois, et on n’a pas à la fin de réponse totalement rationnelle aux questions posées par cette histoire. Ce relatif brouillard est accentué par le dessin, au rendu terne jouant sur des dégradés de gris. C’est froid, comme l’est l’intrigue, assez minimaliste (peu de texte et de dialogues). L’album vaut avant tout par l’ambiance développée, le malaise s’instillant, le lecteur restant aussi perdu, éperdu, que la plupart des adolescents de l’histoire. A voir ce que fera ensuite cet auteur, qui débute avec cet album. Il y a de l’originalité dans le traitement d’un sujet assez rebattu.