J’ai été attiré par cet album avant tout pour son aspect visuel. Fred Vervisch est un artiste dont j’aime le style et son travail sur cet album est tout à fait à mon goût. Le rendu est à la fois très lisible et pourtant personnel et facilement identifiable : c’est du Fred Vervisch et c’est très bien ainsi !
L’histoire en elle-même nous propose de suivre les pas d’une jeune Chinoise, bannie par amour, et à laquelle vont arriver de bien étranges aventures. Les péripéties s’inspirent de contes populaires, et on sent là derrière tout l’apport de Solange Cruveillé, sinologue et maître de conférences. L’ambiance générale est vraiment celle des contes chinois, le fantastique se matérialise au travers de personnages tels que fantômes maudits ou hommes-tigres. C’est dépaysant et le petit dossier en fin d’album permet de revenir sur les origines de tel ou tel personnage.
Christophe Cazenove apporte quant à lui son savoir-faire au niveau de la construction scénaristique. Cela donne un récit fluide porté par des personnages intéressants. Le seul défaut que je relève est que j’ai parfois eu l’impression que ce scénario résultait d’un collage entre différentes légendes.
Au final, ce premier tome n’était certainement pas déplaisant mais il semble qu’il ne connaitra pas de suite. C’est bien dommage car même s’il présente un certain intérêt en étant lu seul, une suite était tout de même nécessaire pour que le lecteur puisse découvrir le destin de Soleil du Soir et le sort réservé à son histoire d’amour impossible.
Pas mal quand même.
Pour qui s’intéresse au sujet, cette série est bien faite. Elle revient sur les faits marquants de la célèbre course d’endurance en regroupant les éditions par thématique. De plus, les auteurs cherchent à dynamiser cette rétrospective en apportant toujours une note originale aux récits.
La série est l’œuvre de multiples intervenants mais elle est principalement portée par deux d’entre eux : Denis Bernard au scénario et Christian Papazoglakis au dessin. Cet état de fait permet une harmonie tant dans le ton que dans la forme. De plus, les deux auteurs semblent particulièrement calés sur leur sujet. Denis Bernard délivre de bons scénarios, solidement documentés et souvent intéressants dans leur approche. Christian Papazoglakis officie dans un style très classique et bien lisible. Les véhicules sont facilement identifiables et les personnages historiques sont globalement assez bien croqués.
A titre personnel, j’avais opté pour une lecture dans l’ordre chronologique des éditions et non dans celle de la parution des albums. Petit problème au final : le fait que certains tomes fassent références à d’autres fait que si vous appliquez la même logique que moi, les auteurs vont faire références à des albums que vous n’aurez pas encore lus. Ce n’est pas dramatique mais ennuyant aux entournures.
Pour moi, dans le genre, c’est plutôt bien fait… mais à consommer avec modération car, par la force des choses, certaines informations se recoupent et la redondance n’est pas très loin si on enfile les tomes trop rapidement.
Détour par Epsilon est le premier volet d’un récit post-apocalyptique intimiste. Dans celui-ci nous allons suivre Tom, une jeune femme enceinte qui, à la suite d’une faute commise dont on ignore tout, a été rejetée hors des murs d’une cité. Munie d’une carte et accompagnée par une jeune enfant, elle va devoir traverser une vaste étendue abandonnée à la sauvagerie (nature empoisonnée, hordes d’humains dégénérés) dans l’espoir d’être acceptée dans une autre cité, la fameuse Epsilon. Son parcours sera marqué par diverses rencontres, souvent plus négatives que positives.
Ce premier tome se lit très vite. Les textes sont peu présents et la mise en page est très aérée. Le dessin a un aspect faussement naïf et est mis en valeur par une colorisation très lumineuse.
Si beaucoup d’éléments sont très classiques, deux points ont réussi à éveiller mon attention. Le premier est le lien qui unit Tom à cette petite fille dont on ne comprend l’origine qu’au fil du récit. Je trouve en tous les cas que ce lien est une très belle idée. Le deuxième point d’accroche est le personnage de Vlad que Tom va croiser et qui va l’accompagner durant une bonne part de son voyage. C’est là un personnage plus profond que ce qu’il laissait entrevoir au début et l’évolution de la relation entre Tom et lui, même si très prévisible, est agréable à suivre.
Enfin, je parlais d’un récit intimiste et c’est un fait que pour un livre de 154 pages, il ne se passe finalement pas grand-chose. L’autrice se focalise principalement sur ses personnages, leurs ressentis et leurs souffrances psychologiques autant que physiques. Si vous cherchez un livre où l’action est reine, vous allez en être pour vos frais. Pareil si vous espérez trouver une œuvre philosophique. Mais si vous aimez les récits portés par des êtres fragiles et marqués par la vie, ce premier opus pourrait bien vous plaire.
Pour ma part, j’en reste à un simple « pas mal », en attendant la suite annoncée pour le printemps 2024.
Raaaahhhhh, j’aurais tant aimé encenser cet album. J’adore le trait de François Ravard et Pascal Rabaté m’a déjà proposé des scénarios fantastiques. Les deux réunis m’avaient offert un pur moment de bonheur avec « Didier, la 5e roue du tracteur » et j’espérais retrouver cette magie ici.
Mes attentes étaient donc élevées… Sans doute trop, malheureusement. Car si cet album n’est pas mauvais, si les auteurs se font plaisir en multipliant les références (Hergé et Tati, principalement), si le ton général doux et tendre me plait, si certaines scènes m’auront fait sourire… et clair, si c’est quand même bien fait, ben j’en espérais plus !
Au niveau visuel, François Ravard opte ici pour une colorisation toute en teintes bleutées. Le résultat est très esthétique mais au fil des planches, cela devient quelque peu monotone. Il m’a manqué cette luminosité incomparable que l’artiste est capable d’apporter lorsqu’il opte pour des couleurs plus franches.
Au niveau du scénario, les personnages sont sympathiques mais je ne m’y suis pas spécialement attaché. Le concept même de ce récit, qui multiplie les heureux ou malheureux hasards, m’est apparu assez monotone. Certes, les rebondissements ne manquent pas mais tout semble se passer dans le calme.
A deux reprises, je viens de parler de monotonie. Et c’est ce qui cloche chez moi. C’est doux, c’est tendre, parfois drôle mais trop souvent sur la même note (tant visuelle que scénaristique). Ça manque de peps, à mon goût.
Pas mal, oui (faut pas déconner, dans l’ensemble, c’est quand même bien fait)… mais j’en espérais plus.
Le Monde des animaux perdus aborde avec talent la thématique de la perte d’un animal de compagnie vécue par un enfant. Dans le cas présent, Elsa va perdre son poisson rouge qui est son plus fidèle confident. N’acceptant pas l’inéluctable, elle va partir à sa poursuite -via la cuvette des wc- dans un voyage onirique qui la verra croiser beaucoup d’autres animaux.
Même si je la trouve par moments un peu trop bavarde, cette histoire m’a plu par les multiples sujets abordés : abandon d’animaux, emprisonnement de certaines espèces, sort des animaux célèbres. Tout cela est raconté sans dramatisation excessive même si le passage consacré à « l’autoroute du soleil » est très touchant.
Du point de vue visuel, Noémie Weber œuvre dans un style naïf et joyeux. Sa mise en page est inventive et variée. Les couleurs sont franches. Les personnages sont faciles à identifier. Ce n’est pas mon style de prédilection mais dans le genre, c’est plutôt bien fait.
Au final, c’est une lecture que je conseillerais, principalement aux jeunes lecteurs bien entendu, à qui cet album est avant tout destiné, et à condition que ceux-ci aimassent (on n’utilise plus trop le subjonctif imparfait de nos jours, c’est bien dommage) lire et adhérassent (oui, d’accord, parfois c’est quand même assez moche) au style graphique.
Vraiment pas mal du tout !
Un album intéressant qui parle d'un sujet très délicat à savoir les viols que subissent des enfants.
Les autrices ont eu la bonne idée de traiter le sujet via un conte, ce qui donne un récit plus 'léger' que si c'était un documentaire ou une fiction qui se passerait dans notre monde, mais il y a tout de même des scènes qui risquent de choquer des lecteurs.
Comme l'indique l'avis d'Alix, les autrices traitent d'à peu près tous les thèmes qui tournent autour du sujet (le silence, la peur de dénoncer, un homme important qui profite de sa position pour agresser, le cercle vicieux de la victime qui devient un bourreau...) et c'est bien traité. Le seul reproche que je puisse faire est qu'à la fin on dirait que tout se règle un peu trop facilement, mais bon c'est typique des contes alors cela ne me dérange moins qui si cela se passait dans le monde réel.
Le dessin est vraiment bon, j'aime particulièrement les couleurs.
J'étais tombé sur les deux premiers tomes en occasions et j'ai été bien content de pouvoir encore me procurer le tome 3 qui n'existe pas dans le commerce ni en circuit traditionnel. En effet, et bien que le style de franga ne soit clairement pas mon préféré, j'ai été assez enthousiaste par l'histoire pour me laisser entrainer dans le troisième et dernier volume. Même si j'avais déjà une certaine appréhension en constatant que l'auteur avait un peu trop développé son scénario pour pouvoir tout conclure de façon satisfaisante dans le dernier volume. Et … globalement c'est ce qui s'est passé !
La série est assez dynamique, autant dans le trait que dans le scénario, et part explorer plusieurs thématiques que j'ai trouvé particulièrement pertinentes. Le récit démarre sur ce monde dévasté par des catastrophes naturelles, la destruction de l'environnement et les gaz toxiques qui s'échappent du sol en permanence, faisant risquer leurs vies à n'importe quel humain qui passe dans le mauvais secteur. Dans ce monde de danger, Poko se promène allègrement et se baigne dans les nappes toxiques, comme un drogué en manque. Très vite, nous découvrons les autres personnages qui vont proposer plusieurs arcs narratifs.
C'est une histoire qui va parler assez clairement et de façon plutôt sympathique de pollution et de destruction de l'environnement, mais aussi de façon assez évident de l'armée, de pouvoir et de politique, d'exclusion également et d'autres telles que la guerre ou l'humanité. En comptant combien de thèmes sont traités, on se rend compte que les tomes sont franchement denses malgré un rythme globalement soutenu et dans lequel nous retrouvons souvent des passages humoristiques ou des pages sur les paysages que traversent nos protagonistes. Le récit accélère progressivement et l'auteur a estimé que le rythme ne devait pas retomber, condensant finalement les deux derniers tomes en un seul. Ce qui est dommage, car je trouve que la fin manque de quelques pages supplémentaires pour se conclure complètement, et d'autre part je trouve que l'intrigue posée autour de cette guerre en préparation aurait mérité quelques développement supplémentaire, sur le rôle qu'a joué (et joue encore) l'ARN, sur des questions laissées en suspens (sans que ce ne soit particulièrement frustrant) sur les toxines et l'avenir du monde, etc … Bref, un peu plus m'aurait bien convenu. Surtout pour éviter cette dernière planche que je trouve particulièrement abrupte, et ces deux dernières pages en épilogue qui ne me conviennent pas vraiment plus.
Mais pour le reste, je trouve que tout se tient plutôt bien. Il y a une véritable question sur la solitude de chaque être et l'amitié, ou plutôt le lien social, comme réponse à une situation catastrophique. Dans un monde en ruine, l'amour et l'amitié redonnent du sens aux vies de ces humains qui commencent à cesser de lutter contre leurs survies.
Je le répète, mais j'ai franchement bien aimé le déroulé des tomes et les questions mises en avant. Le personnage de Poko fait très adolescent immature et drogué en manque, mais son énergie et son sourire sont communicatifs, et cette légèreté insouciante contrebalance parfaitement le reste qui est dur et violent. En somme, un mélange agréable que je ne regrette pas d'avoir lu. La série a vraiment un bon potentiel, pas totalement exploité à mon goût, mais elle fait rire et réfléchir comme il faut.
Je terminerais juste avec un petit mot sur le dessin, qui cherche ses marques tout au long de la série avec un travail à la plume et au pinceau, posant des cases très dynamiques et assez typées manga mais qui joue aussi progressivement avec les ombrages et les cadrages. L'auteur pose plus d'ambiances dans le récit au fur et à mesure, et ça se sent.
En somme, je recommande la lecture et encourage ce genre de récit, qui ose utiliser des codes très typés manga pour développer des histoires assez touffues et en même temps sombres. Une belle découverte en ce qui me concerne !
Je suis partagé entre le trait toujours magnifique, surtout en ce qui concerne les animaux que Frank Pé continue de sublimer, l'histoire assez convenue, l'audace de mettre le Marsupilami dans la position d'un animal sauvage et les personnages qui restent dans la lignée de ce que Zidrou a déjà créé. Bref, c'est un beau mélange de bonnes choses et de moins bonnes. Je suis assez mitigé au sortir de ce premier tome (en attendant le second qui ne devrait plus tarder).
Frank Pé semble à l'aise dans certains genres d'histoire, et je dois dire qu'il s'y entend pour représenter les animaux qu'il case dans toutes les cases. Cependant, je dois bien dire que j'ai l'impression de voir une certaine redite de leur Le Spirou de Frank Pé et Zidrou - La Lumière de Bornéo pour pas mal de détails. Il y a également la question de la violence sociétale et de l'amour envers les animaux que peut ressentir un enfant. C'est toujours une question d'opposition entre un monde adulte intolérant et violent, opposé à un monde plus tolérant et humain. Quelques personnages tempèrent le côté "méchants adultes" et j'ai l'impression que Zidrou nous parle encore de la gentillesse, de cette idée de protection de la nature et des animaux qu'il défend tout au long de ses histoires. C'est sympathique et je ne blâme pas la volonté.
C'est plus que dans l'histoire, je trouve qu'on a des choses quelque peu convenues dans le déroulé. C'est l'idée d'origine, de montrer le Marsupilami avant tout comme un animal, sauvage et puissant, qui fait vraiment mouche. J'aurais presque aimé que le récit insiste encore sur cet aspect, qui le sera peut-être d'ailleurs dans la deuxième partie.
En somme, c'est assez proche des autres œuvres de Frank Pé, et je trouve que parfois on est un peu trop dans la redite. Mais en même temps il y a quelques idées originales qui suffisent à éveiller mon intérêt pour l'histoire. Je pense lire la suite qui sort bientôt, mais sans être enthousiaste. Si c'est du même tonneau, je pense que ça ne me convaincra pas.
2.5
Un album qui fait la part belle aux histoires.
Notre héroïne se retrouve dans un petit village pour découvrir la vérité sur ses origines et au fil des pages elle va rencontrer des personnages hauts-en-couleurs qui ont tous une histoire à raconter sur leur passé. Le résultat est inégal pour moi. C'est vraiment le genre de bande dessinée où mon intérêt variait selon les scènes. Il y a des passages entiers qui m'ont laissé indifférent, notamment celui chez les Inuits. Et puis c'est un peu lent, vers la fin je me suis un peu lassé et je me foutais un peu lorsque l'héroïne a enfin les révélations sur qui sont ses parents ou peut-être que j'en attendais un peu trop sur la clé de ce mystère. Heureusement, l'album est sauvé par un bon final.
Le dessin est pas mal.
Un album intéressant car il présente des artistes hors-normes et je ne connaissais aucun d'entre eux !
Chaque histoire est une courte biographie sur un artiste marginal qui a fait de l'art sans jamais avoir fait d'études et qui sort du moule 'homme blanc bourgeois' qui a dominé les arts du 19ème et d'une bonne partie du 20ème siècle. Il y a aussi un côté fantastique car la plupart des artistes présentés dans ce livre semblent avoir été victimes d'une force surnaturelle et le résultat n'est pas d'eux, quoiqu'on laisse planer le doute sur si c'est vrai ou si les artistes ont exagéré leur histoire. Il faut dire aussi qu’un mineur qui peint ce que lui dit une voix cela attire plus l'attention qu'un simple mineur qui peint et la manière dont est racontée l'histoire d'Aloïse montre clairement qu'elle a sans doute exagéré sa folie pour échapper à un monde qu'elle n'aimait pas.
Le point fort est le dessin que j'ai trouvé sublime. La mise en page est excellente, ambitieuse et si...artistique ! Un album sympathique sur l'art brut qui me donne envie d'en apprendre plus sur cette forme d'art.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Soleil du soir
J’ai été attiré par cet album avant tout pour son aspect visuel. Fred Vervisch est un artiste dont j’aime le style et son travail sur cet album est tout à fait à mon goût. Le rendu est à la fois très lisible et pourtant personnel et facilement identifiable : c’est du Fred Vervisch et c’est très bien ainsi ! L’histoire en elle-même nous propose de suivre les pas d’une jeune Chinoise, bannie par amour, et à laquelle vont arriver de bien étranges aventures. Les péripéties s’inspirent de contes populaires, et on sent là derrière tout l’apport de Solange Cruveillé, sinologue et maître de conférences. L’ambiance générale est vraiment celle des contes chinois, le fantastique se matérialise au travers de personnages tels que fantômes maudits ou hommes-tigres. C’est dépaysant et le petit dossier en fin d’album permet de revenir sur les origines de tel ou tel personnage. Christophe Cazenove apporte quant à lui son savoir-faire au niveau de la construction scénaristique. Cela donne un récit fluide porté par des personnages intéressants. Le seul défaut que je relève est que j’ai parfois eu l’impression que ce scénario résultait d’un collage entre différentes légendes. Au final, ce premier tome n’était certainement pas déplaisant mais il semble qu’il ne connaitra pas de suite. C’est bien dommage car même s’il présente un certain intérêt en étant lu seul, une suite était tout de même nécessaire pour que le lecteur puisse découvrir le destin de Soleil du Soir et le sort réservé à son histoire d’amour impossible. Pas mal quand même.
24 Heures du Mans
Pour qui s’intéresse au sujet, cette série est bien faite. Elle revient sur les faits marquants de la célèbre course d’endurance en regroupant les éditions par thématique. De plus, les auteurs cherchent à dynamiser cette rétrospective en apportant toujours une note originale aux récits. La série est l’œuvre de multiples intervenants mais elle est principalement portée par deux d’entre eux : Denis Bernard au scénario et Christian Papazoglakis au dessin. Cet état de fait permet une harmonie tant dans le ton que dans la forme. De plus, les deux auteurs semblent particulièrement calés sur leur sujet. Denis Bernard délivre de bons scénarios, solidement documentés et souvent intéressants dans leur approche. Christian Papazoglakis officie dans un style très classique et bien lisible. Les véhicules sont facilement identifiables et les personnages historiques sont globalement assez bien croqués. A titre personnel, j’avais opté pour une lecture dans l’ordre chronologique des éditions et non dans celle de la parution des albums. Petit problème au final : le fait que certains tomes fassent références à d’autres fait que si vous appliquez la même logique que moi, les auteurs vont faire références à des albums que vous n’aurez pas encore lus. Ce n’est pas dramatique mais ennuyant aux entournures. Pour moi, dans le genre, c’est plutôt bien fait… mais à consommer avec modération car, par la force des choses, certaines informations se recoupent et la redondance n’est pas très loin si on enfile les tomes trop rapidement.
Détour par Epsilon
Détour par Epsilon est le premier volet d’un récit post-apocalyptique intimiste. Dans celui-ci nous allons suivre Tom, une jeune femme enceinte qui, à la suite d’une faute commise dont on ignore tout, a été rejetée hors des murs d’une cité. Munie d’une carte et accompagnée par une jeune enfant, elle va devoir traverser une vaste étendue abandonnée à la sauvagerie (nature empoisonnée, hordes d’humains dégénérés) dans l’espoir d’être acceptée dans une autre cité, la fameuse Epsilon. Son parcours sera marqué par diverses rencontres, souvent plus négatives que positives. Ce premier tome se lit très vite. Les textes sont peu présents et la mise en page est très aérée. Le dessin a un aspect faussement naïf et est mis en valeur par une colorisation très lumineuse. Si beaucoup d’éléments sont très classiques, deux points ont réussi à éveiller mon attention. Le premier est le lien qui unit Tom à cette petite fille dont on ne comprend l’origine qu’au fil du récit. Je trouve en tous les cas que ce lien est une très belle idée. Le deuxième point d’accroche est le personnage de Vlad que Tom va croiser et qui va l’accompagner durant une bonne part de son voyage. C’est là un personnage plus profond que ce qu’il laissait entrevoir au début et l’évolution de la relation entre Tom et lui, même si très prévisible, est agréable à suivre. Enfin, je parlais d’un récit intimiste et c’est un fait que pour un livre de 154 pages, il ne se passe finalement pas grand-chose. L’autrice se focalise principalement sur ses personnages, leurs ressentis et leurs souffrances psychologiques autant que physiques. Si vous cherchez un livre où l’action est reine, vous allez en être pour vos frais. Pareil si vous espérez trouver une œuvre philosophique. Mais si vous aimez les récits portés par des êtres fragiles et marqués par la vie, ce premier opus pourrait bien vous plaire. Pour ma part, j’en reste à un simple « pas mal », en attendant la suite annoncée pour le printemps 2024.
La Loi des Probabilités
Raaaahhhhh, j’aurais tant aimé encenser cet album. J’adore le trait de François Ravard et Pascal Rabaté m’a déjà proposé des scénarios fantastiques. Les deux réunis m’avaient offert un pur moment de bonheur avec « Didier, la 5e roue du tracteur » et j’espérais retrouver cette magie ici. Mes attentes étaient donc élevées… Sans doute trop, malheureusement. Car si cet album n’est pas mauvais, si les auteurs se font plaisir en multipliant les références (Hergé et Tati, principalement), si le ton général doux et tendre me plait, si certaines scènes m’auront fait sourire… et clair, si c’est quand même bien fait, ben j’en espérais plus ! Au niveau visuel, François Ravard opte ici pour une colorisation toute en teintes bleutées. Le résultat est très esthétique mais au fil des planches, cela devient quelque peu monotone. Il m’a manqué cette luminosité incomparable que l’artiste est capable d’apporter lorsqu’il opte pour des couleurs plus franches. Au niveau du scénario, les personnages sont sympathiques mais je ne m’y suis pas spécialement attaché. Le concept même de ce récit, qui multiplie les heureux ou malheureux hasards, m’est apparu assez monotone. Certes, les rebondissements ne manquent pas mais tout semble se passer dans le calme. A deux reprises, je viens de parler de monotonie. Et c’est ce qui cloche chez moi. C’est doux, c’est tendre, parfois drôle mais trop souvent sur la même note (tant visuelle que scénaristique). Ça manque de peps, à mon goût. Pas mal, oui (faut pas déconner, dans l’ensemble, c’est quand même bien fait)… mais j’en espérais plus.
Le Monde des animaux perdus
Le Monde des animaux perdus aborde avec talent la thématique de la perte d’un animal de compagnie vécue par un enfant. Dans le cas présent, Elsa va perdre son poisson rouge qui est son plus fidèle confident. N’acceptant pas l’inéluctable, elle va partir à sa poursuite -via la cuvette des wc- dans un voyage onirique qui la verra croiser beaucoup d’autres animaux. Même si je la trouve par moments un peu trop bavarde, cette histoire m’a plu par les multiples sujets abordés : abandon d’animaux, emprisonnement de certaines espèces, sort des animaux célèbres. Tout cela est raconté sans dramatisation excessive même si le passage consacré à « l’autoroute du soleil » est très touchant. Du point de vue visuel, Noémie Weber œuvre dans un style naïf et joyeux. Sa mise en page est inventive et variée. Les couleurs sont franches. Les personnages sont faciles à identifier. Ce n’est pas mon style de prédilection mais dans le genre, c’est plutôt bien fait. Au final, c’est une lecture que je conseillerais, principalement aux jeunes lecteurs bien entendu, à qui cet album est avant tout destiné, et à condition que ceux-ci aimassent (on n’utilise plus trop le subjonctif imparfait de nos jours, c’est bien dommage) lire et adhérassent (oui, d’accord, parfois c’est quand même assez moche) au style graphique. Vraiment pas mal du tout !
Grand Silence
Un album intéressant qui parle d'un sujet très délicat à savoir les viols que subissent des enfants. Les autrices ont eu la bonne idée de traiter le sujet via un conte, ce qui donne un récit plus 'léger' que si c'était un documentaire ou une fiction qui se passerait dans notre monde, mais il y a tout de même des scènes qui risquent de choquer des lecteurs. Comme l'indique l'avis d'Alix, les autrices traitent d'à peu près tous les thèmes qui tournent autour du sujet (le silence, la peur de dénoncer, un homme important qui profite de sa position pour agresser, le cercle vicieux de la victime qui devient un bourreau...) et c'est bien traité. Le seul reproche que je puisse faire est qu'à la fin on dirait que tout se règle un peu trop facilement, mais bon c'est typique des contes alors cela ne me dérange moins qui si cela se passait dans le monde réel. Le dessin est vraiment bon, j'aime particulièrement les couleurs.
Toxic Boy
J'étais tombé sur les deux premiers tomes en occasions et j'ai été bien content de pouvoir encore me procurer le tome 3 qui n'existe pas dans le commerce ni en circuit traditionnel. En effet, et bien que le style de franga ne soit clairement pas mon préféré, j'ai été assez enthousiaste par l'histoire pour me laisser entrainer dans le troisième et dernier volume. Même si j'avais déjà une certaine appréhension en constatant que l'auteur avait un peu trop développé son scénario pour pouvoir tout conclure de façon satisfaisante dans le dernier volume. Et … globalement c'est ce qui s'est passé ! La série est assez dynamique, autant dans le trait que dans le scénario, et part explorer plusieurs thématiques que j'ai trouvé particulièrement pertinentes. Le récit démarre sur ce monde dévasté par des catastrophes naturelles, la destruction de l'environnement et les gaz toxiques qui s'échappent du sol en permanence, faisant risquer leurs vies à n'importe quel humain qui passe dans le mauvais secteur. Dans ce monde de danger, Poko se promène allègrement et se baigne dans les nappes toxiques, comme un drogué en manque. Très vite, nous découvrons les autres personnages qui vont proposer plusieurs arcs narratifs. C'est une histoire qui va parler assez clairement et de façon plutôt sympathique de pollution et de destruction de l'environnement, mais aussi de façon assez évident de l'armée, de pouvoir et de politique, d'exclusion également et d'autres telles que la guerre ou l'humanité. En comptant combien de thèmes sont traités, on se rend compte que les tomes sont franchement denses malgré un rythme globalement soutenu et dans lequel nous retrouvons souvent des passages humoristiques ou des pages sur les paysages que traversent nos protagonistes. Le récit accélère progressivement et l'auteur a estimé que le rythme ne devait pas retomber, condensant finalement les deux derniers tomes en un seul. Ce qui est dommage, car je trouve que la fin manque de quelques pages supplémentaires pour se conclure complètement, et d'autre part je trouve que l'intrigue posée autour de cette guerre en préparation aurait mérité quelques développement supplémentaire, sur le rôle qu'a joué (et joue encore) l'ARN, sur des questions laissées en suspens (sans que ce ne soit particulièrement frustrant) sur les toxines et l'avenir du monde, etc … Bref, un peu plus m'aurait bien convenu. Surtout pour éviter cette dernière planche que je trouve particulièrement abrupte, et ces deux dernières pages en épilogue qui ne me conviennent pas vraiment plus. Mais pour le reste, je trouve que tout se tient plutôt bien. Il y a une véritable question sur la solitude de chaque être et l'amitié, ou plutôt le lien social, comme réponse à une situation catastrophique. Dans un monde en ruine, l'amour et l'amitié redonnent du sens aux vies de ces humains qui commencent à cesser de lutter contre leurs survies. Je le répète, mais j'ai franchement bien aimé le déroulé des tomes et les questions mises en avant. Le personnage de Poko fait très adolescent immature et drogué en manque, mais son énergie et son sourire sont communicatifs, et cette légèreté insouciante contrebalance parfaitement le reste qui est dur et violent. En somme, un mélange agréable que je ne regrette pas d'avoir lu. La série a vraiment un bon potentiel, pas totalement exploité à mon goût, mais elle fait rire et réfléchir comme il faut. Je terminerais juste avec un petit mot sur le dessin, qui cherche ses marques tout au long de la série avec un travail à la plume et au pinceau, posant des cases très dynamiques et assez typées manga mais qui joue aussi progressivement avec les ombrages et les cadrages. L'auteur pose plus d'ambiances dans le récit au fur et à mesure, et ça se sent. En somme, je recommande la lecture et encourage ce genre de récit, qui ose utiliser des codes très typés manga pour développer des histoires assez touffues et en même temps sombres. Une belle découverte en ce qui me concerne !
Le Marsupilami de Frank Pé et Zidrou - La Bête
Je suis partagé entre le trait toujours magnifique, surtout en ce qui concerne les animaux que Frank Pé continue de sublimer, l'histoire assez convenue, l'audace de mettre le Marsupilami dans la position d'un animal sauvage et les personnages qui restent dans la lignée de ce que Zidrou a déjà créé. Bref, c'est un beau mélange de bonnes choses et de moins bonnes. Je suis assez mitigé au sortir de ce premier tome (en attendant le second qui ne devrait plus tarder). Frank Pé semble à l'aise dans certains genres d'histoire, et je dois dire qu'il s'y entend pour représenter les animaux qu'il case dans toutes les cases. Cependant, je dois bien dire que j'ai l'impression de voir une certaine redite de leur Le Spirou de Frank Pé et Zidrou - La Lumière de Bornéo pour pas mal de détails. Il y a également la question de la violence sociétale et de l'amour envers les animaux que peut ressentir un enfant. C'est toujours une question d'opposition entre un monde adulte intolérant et violent, opposé à un monde plus tolérant et humain. Quelques personnages tempèrent le côté "méchants adultes" et j'ai l'impression que Zidrou nous parle encore de la gentillesse, de cette idée de protection de la nature et des animaux qu'il défend tout au long de ses histoires. C'est sympathique et je ne blâme pas la volonté. C'est plus que dans l'histoire, je trouve qu'on a des choses quelque peu convenues dans le déroulé. C'est l'idée d'origine, de montrer le Marsupilami avant tout comme un animal, sauvage et puissant, qui fait vraiment mouche. J'aurais presque aimé que le récit insiste encore sur cet aspect, qui le sera peut-être d'ailleurs dans la deuxième partie. En somme, c'est assez proche des autres œuvres de Frank Pé, et je trouve que parfois on est un peu trop dans la redite. Mais en même temps il y a quelques idées originales qui suffisent à éveiller mon intérêt pour l'histoire. Je pense lire la suite qui sort bientôt, mais sans être enthousiaste. Si c'est du même tonneau, je pense que ça ne me convaincra pas.
Sousbrouillard
2.5 Un album qui fait la part belle aux histoires. Notre héroïne se retrouve dans un petit village pour découvrir la vérité sur ses origines et au fil des pages elle va rencontrer des personnages hauts-en-couleurs qui ont tous une histoire à raconter sur leur passé. Le résultat est inégal pour moi. C'est vraiment le genre de bande dessinée où mon intérêt variait selon les scènes. Il y a des passages entiers qui m'ont laissé indifférent, notamment celui chez les Inuits. Et puis c'est un peu lent, vers la fin je me suis un peu lassé et je me foutais un peu lorsque l'héroïne a enfin les révélations sur qui sont ses parents ou peut-être que j'en attendais un peu trop sur la clé de ce mystère. Heureusement, l'album est sauvé par un bon final. Le dessin est pas mal.
Enferme-moi si tu peux
Un album intéressant car il présente des artistes hors-normes et je ne connaissais aucun d'entre eux ! Chaque histoire est une courte biographie sur un artiste marginal qui a fait de l'art sans jamais avoir fait d'études et qui sort du moule 'homme blanc bourgeois' qui a dominé les arts du 19ème et d'une bonne partie du 20ème siècle. Il y a aussi un côté fantastique car la plupart des artistes présentés dans ce livre semblent avoir été victimes d'une force surnaturelle et le résultat n'est pas d'eux, quoiqu'on laisse planer le doute sur si c'est vrai ou si les artistes ont exagéré leur histoire. Il faut dire aussi qu’un mineur qui peint ce que lui dit une voix cela attire plus l'attention qu'un simple mineur qui peint et la manière dont est racontée l'histoire d'Aloïse montre clairement qu'elle a sans doute exagéré sa folie pour échapper à un monde qu'elle n'aimait pas. Le point fort est le dessin que j'ai trouvé sublime. La mise en page est excellente, ambitieuse et si...artistique ! Un album sympathique sur l'art brut qui me donne envie d'en apprendre plus sur cette forme d'art.