Pourquoi l’auteur commence-t-il son histoire par un flashforward d’une demi-douzaine de pages ? C’est peut-être pour donner plus de vivacité à son récit mais, pour moi, c’est plutôt raté : cela apporte de la confusion et, de plus, déflore grandement l’intrigue.
Mais soyons positifs et voyons les bons côtés de cette série. Tout d’abord, des voiliers superbement dessinés – normal pour l’auteur qui est peintre officiel de la Marine belge. Ensuite, le scénario rend bien une certaine ambiance qui devait régner à l’époque à bord des bateaux ainsi que dans de nombreux comptoirs bordant l’océan Indien. Les rapports humains tant chez les pirates qu’auprès des autorités sont assez bien rendus. Il n’y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre, c’est plus subtil que cela. On en viendrait presqu’à trouver certains pirates plus sympathiques que des représentants du roi.
L’intrigue est assez simple et ne mérite sans doute pas deux volumes, sauf si l’on aime admirer les superbes vaisseaux dessinés par Delitte.
Globalement, ce diptyque est agréable à lire mais l’histoire ne casse pas trois pattes à un canard.
J’ai tant critiqué – à juste titre je pense ! – les scénarios d’Hermann fils, souvent emberlificotés et creux, que je ne peux qu’être indulgent avec celui-ci. Qui n’a rien de très original pourtant. Mais qui est bien mené, avec des personnages et des situations réalistes. Un polar simple, plein de déjà-vu, mais qui se laisse lire facilement et plutôt agréablement.
Alors, c’est sûr, dans le genre polar un peu poisseux se déroulant à Hollywood, on est très loin des très bons romans d’Ellroy (que ce soit pour la noirceur ou pour la profondeur de l’intrigue), références qu’Yves H. avait clairement en tête, mais les amateurs du genre peuvent y trouver une petite lecture d’emprunt.
Il faut passer outre un texte un peu trop abondant (les présentations des personnages par exemple alourdissent la lecture, comme certains commentaires en off entre les cases). Yves H aurait gagné à élaguer pas mal de passages – ou alors il fallait publier un roman…
Le dessin d’Hermann est lui très bon. Avec toujours ce défaut récurrent concernant les visages, féminins en particulier.
Du moyen lisible, pas original et trop verbeux, mais c’est ce qu’Yves H. m’a montré de plus lisible depuis pas mal de lectures. D’où mon indulgence.
Note réelle 2,5/5.
C’est une série passe-partout, dans l’honnête moyenne de la collection Troisième vague. Elle conviendra aux amateurs de polar/thriller ne cherchant pas l’originalité. Collusion entre mafieux (ici trafiquants de drogue sud-américains en partie émigrés en Floride) et politiques véreux (avec un lien fait avec certains dirigeants américains et certaines affaires bien connues des années 1980), rivalité meurtrière entre CIA et DEA. Et, bien sûr, deux héros (issus de services différents, dont les « intrigues » vont peu à peu se rejoindre) qui luttent contre tout ça, avec des pépés forcément très jolies (même si ici le scénario n’en abuse pas). On est dans la lignée des I.R.$. et consorts (ou Largo Winch pour nommer la tête de ce type de gondole).
Des facilités scénaristiques (pour embrouiller l’intrigue, ou « sauver » nos héros – dont Deadrick, infiltré et adepte des miracles pour être encore en vie), comme sur la fin le rôle joué par Flor – et sa personnalité en général, cela manque un peu de crédibilité.
Mais bon, si on fait abstraction de ça, c’est un triptyque divertissant, une lecture d’emprunt qui joue son rôle, sans plus.
Sur le premier tome, le dessin est vraiment très moyen, et la colorisation impersonnelle et sans doute informatique, lisse tout et n’est vraiment pas mon truc. Le dessin s’améliore par la suite, et surtout, les préposés à la colorisation ayant changé, le rendu est bien plus fin et agréable sur le deuxième, et surtout dans le troisième tome.
Note réelle 2,5/5.
Cartels mexicains, drogue, ville sous la coupe des gangsters, un orphelinat miraculeusement tenu en dehors de leur influence, un ancien tueur repenti, et surtout beaucoup, beaucoup de violence. Et la violence, je n'en suis clairement pas fan. D'autant qu'ici, les auteurs insistent sur la capacité de l'un des méchants à imaginer les pires tortures pour terroriser et faire régner sa loi. C'est très cru, fort et choquant, mais ces scènes là me rebutent d'autant plus que j'y ressens un côté gratuit et artificiel, car quand des gens n'ont plus rien à perdre, ce n'est pas la peur de la torture qui va les empêcher de tout faire pour tuer ceux qui les terrorisent.
Mais ce n'est pas vraiment le sujet. Car ici c'est bien d'un polar très noir et sanguinolent auquel on est conviés. Magouilles de trafiquants de drogue, luttes d'influence, et donc au milieu cet orphelinat et son prêtre qui joue sur la corde raide face aux dangers qui planent autour et menacent tant sa vie que celles des enfants. Ajoutez-y un agent de la DEA infiltré, un ancien orphelin devenu membre de gang et qui se déteste pour cela, et donc ce fameux ancien tueur, Lono, personnification de la masse géante et invincible, du vétéran qui a vu et faire le pire, et qu'il ne faut surtout plus chercher. Et bien sûr, les gangsters viendront le chercher, avec les conséquences que l'on imagine... et le défoulement de violence vengeresse que cela implique.
J'aime beaucoup le dessin de Risso. Il est très chouette ici, et la colorisation aussi, même si c'est pour représenter des scènes aussi gore.
L'intrigue parait parfois un peu embrouillée, les différents représentants de gangs mexicains et US se succédant, avec chacun leurs combines. Mais ça tient la route. La conclusion de l'histoire est un peu convenue et attendue toutefois, ce qui rompt avec l'originalité de pas mal d'autres idées du scénario. Sans parler du côté un peu facile et pas réaliste de ce qu'il s'y déroule. Mais bon, ça passe... même si à nouveau l'abus de violence et de torture que contient cet album m'empêche de me satisfaire pleinement de son histoire.
Occitanie, aux alentours de l'An Mil, la campagne médiévale oscille entre misère, obscurantisme et violence. Un colpoteur fait la rencontre d'une meneuse de loups et ils parcourent ensemble les routes. Par meneuse de loups, ou meneux, il faut comprendre une personne capable de faire le lien entre la nature et les hommes, de comprendre et amadouer les animaux, et aussi d'apporter divers soins sous la forme de potions et de soutien psychologique. Cette dernière vit seule avec son ami chien-loup et elle apporte son aide aux gens qu'elle croise en échange du souper et d'un abri. Mais dans une ambiance de fin du monde, avec tous les signes avant-coureur de l'Apocalypse selon Saint-Jean, cette pérégrination est risquée. D'autant plus qu'il sévit dans la région un tueur d'enfants, un monstre qui écrase leur visage sans qu'on comprenne ses motivations, et la population locale est persuadée qu'il s'agit d'attaques de loups ou d'un autre animal à éradiquer.
J'ai beaucoup aimé la première moitié de l'album.
Le dessin est d'une belle qualité : soigné, avec une vraie personnalité, j'aime les courbes de son trait et la façon dont il représente les humains, les bêtes et les décors de la nature médiévale. Cela joue aussi beaucoup sur une mise en scène réussie et des couleurs très bien choisies.
L'histoire et les personnages sont très originaux. Même si l'on est placé d'emblée aux côtés des deux voyageurs, l'intrigue lève doucement seulement le voile de mystère autour de la meneuse. Et en parallèle, on est très intrigué par cette histoire de meurtres d'enfants et par le parcours en parallèle de ce moine sujet à des visions bibliques d'anges et de Dieu qui le désigne comme son élu pour préparer l'Apocalypse. C'est un récit dur mais envoutant, qui plonge le lecteur dans l'ambiance du moyen-âge et de ses superstitions.
Cependant, malgré un retournement de situation abrupt concernant l'un des personnages vers le milieu de l'album, j'ai trouvé peu à peu que le rythme se tassait, s'ankylosait, et mon esprit en est doucement venu à sortir de ma lecture avec un soupçon d'ennui à un moment donné. La grande scène conclusive, qui amène plus d'action, ne m'a pas davantage convaincu : outre la folie de l'un des protagonistes, j'ai eu du mal à apprécier ceux qui l'entouraient soudainement. Cette scène là m'est apparu moins réaliste que les précédentes, plus théatrale, et cela m'a amené à être un peu déçu par la fin de cette histoire.
C'est forcément une histoire de goût, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'avec tous ces bons ingrédients, ce chouette cadre historique et ce beau graphisme, il y avait matière à produire une oeuvre plus solide et marquante de bout en bout.
Une sorte de « Bob l’éponge » pour très jeunes lecteurs (avec là aussi des personnages animaliers anthropomorphes vivant au fond de l’océan), avec des personnages un peu moins crétins, et une héroïne en leader – héroïne dynamique, qui ne recule pas devant les menaces et les risques de coup, les autres, ses copains, doivent la suivre !
C’est de l’aventure pour de rire, assez rythmé, avec un langage juste ce qu’il faut de familier pour accrocher les bambins des cours de récré.
Je ne suis clairement pas le cœur de cible. Mais je pense que les jeunes lecteurs (niveau école primaire) y trouveront leur bonheur.
D’autant plus que le dessin de Long, dans son style minimaliste mais efficace habituel (voir la série des Sardines par exemple) est lui aussi très lisible et adapté au lectorat visé.
Réalisées avant l’envol de Corto Maltese, ces récits s’en approchent par leur thématique, leur localisation (dans les mers et îles du Pacifique), c’est ainsi par beaucoup de côtés une ébauche de la Grande œuvre ultérieure, même s’il n’y a pas ici la poésie, une sorte de magie narrative qui irriguera « Corto » par la suite.
Ce sont des récits d’aventure pure, au rythme un peu saccadé (des « relances » arrivant toutes les 2 ou 3 pages, les dangers arrivant et refluant comme les vagues du Pacifique). Mais les personnages ne sont pas très charismatiques, que ce soit Cormorant, ou Rand, le jeune Anglais qui se « déniaise » progressivement. Disons que ça se laisse lire (j’ai lu les deux épisodes parus dans l’édition Glénat).
La liaison entre les deux chapitres est d'ailleurs un peu brutale. A la fin du premier, Pratt annonce que ses personnages se séparent, Rand retourne en Angleterre (il aurait épousé Phoebe, la sœur de Cormorant) tandis que Cormorant part pour les Amériques et aurait participé à la guerre d’Indépendance. Du coup ça aurait pu faire la liaison avec les œuvres de Pratt se déroulant à cette époque dans les forêts du Nord-Est des futurs États-Unis. Mais en fait non, nous retrouvons tous nos héros là où nous les avions laissés, dans les îles du Pacifique. Pratt a changé d’avis ? A voulu poursuivre une histoire qui n’avait au départ pas prétention à se développer davantage ? Toujours est-il qu’il abandonne en chemin son bébé, pour laisser Fenzo seul à la barre – dans un style proche.
Un Pratt mineur, sans aucun doute, pas désagréable, pas inoubliable non plus.
Un petit aïe !
J’ai abordé l’aventure avec de bons échos en tête et en pensant que j’allais succomber. Ça a été le cas durant les deux premiers tiers … et puis d’un coup plus du tout dedans ?!
Déjà (vous allez rire), je dois avouer que connement je n’ai pas cru à la post face, je me suis dit qu’on nous faisait un coup à la Mickey's Craziest Adventures. Un moyen pour le scénariste de proposer une version fantasmée autour du Graal … et bin non !! C’est vraiment ce que ça prétend être, une quête moyenâgeuse oubliée, et en fait ça se ressent méchamment dans les péripéties. Hyper classique à tendances plates, ça m’a sauté aux yeux en milieu de lecture, la fin est complètement soporifique, pas de double sens ou de leçon à tirer juste le côté chevaleresque (et chrétien ^^).
Du coup je n’en tire rien, finalement un air de déjà vu et ça se révèle peu captivant. En fait, c’est du Disney avant l’heure, malgré des « tragédies » durant l’aventure, les sides kicks rigolos, on a droit à une belle happy end. Ça part adulte pour terminer petit enfant, le ton change gentiment accentué par cette dernière planche qui entérine mon ressenti.
J’en suis sorti plutôt amer. Par contre total respect pour le travail de recherche, un taf impressionnant.
Tout n’est pas non plus à jeter, les quelques traces d’humour bien que maladroites sont intéressantes pour l’époque et surtout le graphisme. Je découvre l’auteur, son travail est agréable à suivre, de chouettes couleurs, niveau trait c’est plutôt bon dans l’ensemble, il n’y a que cette planche sur la mort de Nimue qui m’a paru ridicule et amateur.
Donc voilà un récit qui ne m’a pas conquis néanmoins il possède les qualités graphique et culturelle. Affaire de goût.
2,5
Je suis sorti avec un avis mitigé de cette lecture et si j’ai traversé l’album plutôt avec plaisir, c’est avec moins d’enthousiasme que mon prédécesseur que je l’avise.
L’Association a fait un très beau travail éditorial, avec un album au format quasi carré, couverture épaisse, mise en pages très aérée. Le dessin, faussement simpliste, avec des airs de dessin de presse ou d’esquisse parfois, est très bien mis en valeur.
La simplicité du trait (relative, car il y a en fait un vrai travail) est parfaitement adaptée au récit et au ton employé pour le narrer. Car nous suivons, comme l’indique le titre, une bande « d’oisifs », quelques vieux bonhommes, chômeurs ou retraités, qui enchaînent les discussions, les élans velléitaires, autour d’un canon, d’une tournée partagée au bistrot ou chez l’un d’eux. Ce ne sont pas des propos de comptoir à proprement parler, des discussions de pochetrons comme dans Chez Francisque par exemple. David Prudhomme ne décrit pas de vieux beauf, il observe des êtres qui se ménagent un temps et un espace libre, une sorte de Libertalia de banlieue, tout juste perturbée sur la fin par l’arrivée d’un gamin.
La lecture est rapide, globalement agréable, mais j’ai trouvé quelques longueurs – qui ressortent d’autant plus que tout est lent et que l’action est quasi inexistante. On s’attache au groupe, à leur collectif hédoniste plus qu’aux individus. A part ce personnage qui a une conception particulière du jardinage…
Une lecture sympathique, mais les amateurs d’action peuvent passer leur chemin !
Je me range complètement à l’avis de Cacal69.
Un 1er tome enchanteur, un album dense en péripéties (si on fait fi de certaines facilités) et solidement charpenté en terme de mise en page, franchement un régal, pour une 1ère œuvre bravo.
De la bonne aventure, la confrontation entre nos 2 héros littéraires est une chouette idée et fonctionne très bien (Némo n’apparaissant que dans la derniere partie).
Par contre, le 2ème n’est pas du même acabit, honnête mais je suis sorti moins scotché (alors que le Nautilus fait son apparition), une demi déception.
Ce qui explique le 3* (pour l’instant), j’espère que les auteurs prendront leurs temps sur le prochain, pour une conclusion à la hauteur.
En attendant, ça reste très bien fait et recommandable pour les amateurs.
MàJ après lecture dernier tome :
Rien d’honteux, les auteurs tiennent leur trilogie et leurs personnages, du divertissement honnête malgré de grosses ficelles et un léger abus de retournement de situation. Pas vraiment marquant mais sympathique à lire, par contre je déplore toujours des petits soucis d’échelle avec le Nautilus (la scène où il sort du fleuve m’a paru loupé à cause de ça)
Je reste sur le 3*.
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La Buse
Pourquoi l’auteur commence-t-il son histoire par un flashforward d’une demi-douzaine de pages ? C’est peut-être pour donner plus de vivacité à son récit mais, pour moi, c’est plutôt raté : cela apporte de la confusion et, de plus, déflore grandement l’intrigue. Mais soyons positifs et voyons les bons côtés de cette série. Tout d’abord, des voiliers superbement dessinés – normal pour l’auteur qui est peintre officiel de la Marine belge. Ensuite, le scénario rend bien une certaine ambiance qui devait régner à l’époque à bord des bateaux ainsi que dans de nombreux comptoirs bordant l’océan Indien. Les rapports humains tant chez les pirates qu’auprès des autorités sont assez bien rendus. Il n’y a pas les bons d’un côté et les mauvais de l’autre, c’est plus subtil que cela. On en viendrait presqu’à trouver certains pirates plus sympathiques que des représentants du roi. L’intrigue est assez simple et ne mérite sans doute pas deux volumes, sauf si l’on aime admirer les superbes vaisseaux dessinés par Delitte. Globalement, ce diptyque est agréable à lire mais l’histoire ne casse pas trois pattes à un canard.
The Girl from Ipanema
J’ai tant critiqué – à juste titre je pense ! – les scénarios d’Hermann fils, souvent emberlificotés et creux, que je ne peux qu’être indulgent avec celui-ci. Qui n’a rien de très original pourtant. Mais qui est bien mené, avec des personnages et des situations réalistes. Un polar simple, plein de déjà-vu, mais qui se laisse lire facilement et plutôt agréablement. Alors, c’est sûr, dans le genre polar un peu poisseux se déroulant à Hollywood, on est très loin des très bons romans d’Ellroy (que ce soit pour la noirceur ou pour la profondeur de l’intrigue), références qu’Yves H. avait clairement en tête, mais les amateurs du genre peuvent y trouver une petite lecture d’emprunt. Il faut passer outre un texte un peu trop abondant (les présentations des personnages par exemple alourdissent la lecture, comme certains commentaires en off entre les cases). Yves H aurait gagné à élaguer pas mal de passages – ou alors il fallait publier un roman… Le dessin d’Hermann est lui très bon. Avec toujours ce défaut récurrent concernant les visages, féminins en particulier. Du moyen lisible, pas original et trop verbeux, mais c’est ce qu’Yves H. m’a montré de plus lisible depuis pas mal de lectures. D’où mon indulgence. Note réelle 2,5/5.
Narcos
C’est une série passe-partout, dans l’honnête moyenne de la collection Troisième vague. Elle conviendra aux amateurs de polar/thriller ne cherchant pas l’originalité. Collusion entre mafieux (ici trafiquants de drogue sud-américains en partie émigrés en Floride) et politiques véreux (avec un lien fait avec certains dirigeants américains et certaines affaires bien connues des années 1980), rivalité meurtrière entre CIA et DEA. Et, bien sûr, deux héros (issus de services différents, dont les « intrigues » vont peu à peu se rejoindre) qui luttent contre tout ça, avec des pépés forcément très jolies (même si ici le scénario n’en abuse pas). On est dans la lignée des I.R.$. et consorts (ou Largo Winch pour nommer la tête de ce type de gondole). Des facilités scénaristiques (pour embrouiller l’intrigue, ou « sauver » nos héros – dont Deadrick, infiltré et adepte des miracles pour être encore en vie), comme sur la fin le rôle joué par Flor – et sa personnalité en général, cela manque un peu de crédibilité. Mais bon, si on fait abstraction de ça, c’est un triptyque divertissant, une lecture d’emprunt qui joue son rôle, sans plus. Sur le premier tome, le dessin est vraiment très moyen, et la colorisation impersonnelle et sans doute informatique, lisse tout et n’est vraiment pas mon truc. Le dessin s’améliore par la suite, et surtout, les préposés à la colorisation ayant changé, le rendu est bien plus fin et agréable sur le deuxième, et surtout dans le troisième tome. Note réelle 2,5/5.
100 bullets - Brother Lono
Cartels mexicains, drogue, ville sous la coupe des gangsters, un orphelinat miraculeusement tenu en dehors de leur influence, un ancien tueur repenti, et surtout beaucoup, beaucoup de violence. Et la violence, je n'en suis clairement pas fan. D'autant qu'ici, les auteurs insistent sur la capacité de l'un des méchants à imaginer les pires tortures pour terroriser et faire régner sa loi. C'est très cru, fort et choquant, mais ces scènes là me rebutent d'autant plus que j'y ressens un côté gratuit et artificiel, car quand des gens n'ont plus rien à perdre, ce n'est pas la peur de la torture qui va les empêcher de tout faire pour tuer ceux qui les terrorisent. Mais ce n'est pas vraiment le sujet. Car ici c'est bien d'un polar très noir et sanguinolent auquel on est conviés. Magouilles de trafiquants de drogue, luttes d'influence, et donc au milieu cet orphelinat et son prêtre qui joue sur la corde raide face aux dangers qui planent autour et menacent tant sa vie que celles des enfants. Ajoutez-y un agent de la DEA infiltré, un ancien orphelin devenu membre de gang et qui se déteste pour cela, et donc ce fameux ancien tueur, Lono, personnification de la masse géante et invincible, du vétéran qui a vu et faire le pire, et qu'il ne faut surtout plus chercher. Et bien sûr, les gangsters viendront le chercher, avec les conséquences que l'on imagine... et le défoulement de violence vengeresse que cela implique. J'aime beaucoup le dessin de Risso. Il est très chouette ici, et la colorisation aussi, même si c'est pour représenter des scènes aussi gore. L'intrigue parait parfois un peu embrouillée, les différents représentants de gangs mexicains et US se succédant, avec chacun leurs combines. Mais ça tient la route. La conclusion de l'histoire est un peu convenue et attendue toutefois, ce qui rompt avec l'originalité de pas mal d'autres idées du scénario. Sans parler du côté un peu facile et pas réaliste de ce qu'il s'y déroule. Mais bon, ça passe... même si à nouveau l'abus de violence et de torture que contient cet album m'empêche de me satisfaire pleinement de son histoire.
La Voix des bêtes, la faim des hommes
Occitanie, aux alentours de l'An Mil, la campagne médiévale oscille entre misère, obscurantisme et violence. Un colpoteur fait la rencontre d'une meneuse de loups et ils parcourent ensemble les routes. Par meneuse de loups, ou meneux, il faut comprendre une personne capable de faire le lien entre la nature et les hommes, de comprendre et amadouer les animaux, et aussi d'apporter divers soins sous la forme de potions et de soutien psychologique. Cette dernière vit seule avec son ami chien-loup et elle apporte son aide aux gens qu'elle croise en échange du souper et d'un abri. Mais dans une ambiance de fin du monde, avec tous les signes avant-coureur de l'Apocalypse selon Saint-Jean, cette pérégrination est risquée. D'autant plus qu'il sévit dans la région un tueur d'enfants, un monstre qui écrase leur visage sans qu'on comprenne ses motivations, et la population locale est persuadée qu'il s'agit d'attaques de loups ou d'un autre animal à éradiquer. J'ai beaucoup aimé la première moitié de l'album. Le dessin est d'une belle qualité : soigné, avec une vraie personnalité, j'aime les courbes de son trait et la façon dont il représente les humains, les bêtes et les décors de la nature médiévale. Cela joue aussi beaucoup sur une mise en scène réussie et des couleurs très bien choisies. L'histoire et les personnages sont très originaux. Même si l'on est placé d'emblée aux côtés des deux voyageurs, l'intrigue lève doucement seulement le voile de mystère autour de la meneuse. Et en parallèle, on est très intrigué par cette histoire de meurtres d'enfants et par le parcours en parallèle de ce moine sujet à des visions bibliques d'anges et de Dieu qui le désigne comme son élu pour préparer l'Apocalypse. C'est un récit dur mais envoutant, qui plonge le lecteur dans l'ambiance du moyen-âge et de ses superstitions. Cependant, malgré un retournement de situation abrupt concernant l'un des personnages vers le milieu de l'album, j'ai trouvé peu à peu que le rythme se tassait, s'ankylosait, et mon esprit en est doucement venu à sortir de ma lecture avec un soupçon d'ennui à un moment donné. La grande scène conclusive, qui amène plus d'action, ne m'a pas davantage convaincu : outre la folie de l'un des protagonistes, j'ai eu du mal à apprécier ceux qui l'entouraient soudainement. Cette scène là m'est apparu moins réaliste que les précédentes, plus théatrale, et cela m'a amené à être un peu déçu par la fin de cette histoire. C'est forcément une histoire de goût, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'avec tous ces bons ingrédients, ce chouette cadre historique et ce beau graphisme, il y avait matière à produire une oeuvre plus solide et marquante de bout en bout.
Simone se bastonne
Une sorte de « Bob l’éponge » pour très jeunes lecteurs (avec là aussi des personnages animaliers anthropomorphes vivant au fond de l’océan), avec des personnages un peu moins crétins, et une héroïne en leader – héroïne dynamique, qui ne recule pas devant les menaces et les risques de coup, les autres, ses copains, doivent la suivre ! C’est de l’aventure pour de rire, assez rythmé, avec un langage juste ce qu’il faut de familier pour accrocher les bambins des cours de récré. Je ne suis clairement pas le cœur de cible. Mais je pense que les jeunes lecteurs (niveau école primaire) y trouveront leur bonheur. D’autant plus que le dessin de Long, dans son style minimaliste mais efficace habituel (voir la série des Sardines par exemple) est lui aussi très lisible et adapté au lectorat visé.
Capitaine Cormorant
Réalisées avant l’envol de Corto Maltese, ces récits s’en approchent par leur thématique, leur localisation (dans les mers et îles du Pacifique), c’est ainsi par beaucoup de côtés une ébauche de la Grande œuvre ultérieure, même s’il n’y a pas ici la poésie, une sorte de magie narrative qui irriguera « Corto » par la suite. Ce sont des récits d’aventure pure, au rythme un peu saccadé (des « relances » arrivant toutes les 2 ou 3 pages, les dangers arrivant et refluant comme les vagues du Pacifique). Mais les personnages ne sont pas très charismatiques, que ce soit Cormorant, ou Rand, le jeune Anglais qui se « déniaise » progressivement. Disons que ça se laisse lire (j’ai lu les deux épisodes parus dans l’édition Glénat). La liaison entre les deux chapitres est d'ailleurs un peu brutale. A la fin du premier, Pratt annonce que ses personnages se séparent, Rand retourne en Angleterre (il aurait épousé Phoebe, la sœur de Cormorant) tandis que Cormorant part pour les Amériques et aurait participé à la guerre d’Indépendance. Du coup ça aurait pu faire la liaison avec les œuvres de Pratt se déroulant à cette époque dans les forêts du Nord-Est des futurs États-Unis. Mais en fait non, nous retrouvons tous nos héros là où nous les avions laissés, dans les îles du Pacifique. Pratt a changé d’avis ? A voulu poursuivre une histoire qui n’avait au départ pas prétention à se développer davantage ? Toujours est-il qu’il abandonne en chemin son bébé, pour laisser Fenzo seul à la barre – dans un style proche. Un Pratt mineur, sans aucun doute, pas désagréable, pas inoubliable non plus.
Le Chevalier au Dragon
Un petit aïe ! J’ai abordé l’aventure avec de bons échos en tête et en pensant que j’allais succomber. Ça a été le cas durant les deux premiers tiers … et puis d’un coup plus du tout dedans ?! Déjà (vous allez rire), je dois avouer que connement je n’ai pas cru à la post face, je me suis dit qu’on nous faisait un coup à la Mickey's Craziest Adventures. Un moyen pour le scénariste de proposer une version fantasmée autour du Graal … et bin non !! C’est vraiment ce que ça prétend être, une quête moyenâgeuse oubliée, et en fait ça se ressent méchamment dans les péripéties. Hyper classique à tendances plates, ça m’a sauté aux yeux en milieu de lecture, la fin est complètement soporifique, pas de double sens ou de leçon à tirer juste le côté chevaleresque (et chrétien ^^). Du coup je n’en tire rien, finalement un air de déjà vu et ça se révèle peu captivant. En fait, c’est du Disney avant l’heure, malgré des « tragédies » durant l’aventure, les sides kicks rigolos, on a droit à une belle happy end. Ça part adulte pour terminer petit enfant, le ton change gentiment accentué par cette dernière planche qui entérine mon ressenti. J’en suis sorti plutôt amer. Par contre total respect pour le travail de recherche, un taf impressionnant. Tout n’est pas non plus à jeter, les quelques traces d’humour bien que maladroites sont intéressantes pour l’époque et surtout le graphisme. Je découvre l’auteur, son travail est agréable à suivre, de chouettes couleurs, niveau trait c’est plutôt bon dans l’ensemble, il n’y a que cette planche sur la mort de Nimue qui m’a paru ridicule et amateur. Donc voilà un récit qui ne m’a pas conquis néanmoins il possède les qualités graphique et culturelle. Affaire de goût. 2,5
L'Oisiveraie
Je suis sorti avec un avis mitigé de cette lecture et si j’ai traversé l’album plutôt avec plaisir, c’est avec moins d’enthousiasme que mon prédécesseur que je l’avise. L’Association a fait un très beau travail éditorial, avec un album au format quasi carré, couverture épaisse, mise en pages très aérée. Le dessin, faussement simpliste, avec des airs de dessin de presse ou d’esquisse parfois, est très bien mis en valeur. La simplicité du trait (relative, car il y a en fait un vrai travail) est parfaitement adaptée au récit et au ton employé pour le narrer. Car nous suivons, comme l’indique le titre, une bande « d’oisifs », quelques vieux bonhommes, chômeurs ou retraités, qui enchaînent les discussions, les élans velléitaires, autour d’un canon, d’une tournée partagée au bistrot ou chez l’un d’eux. Ce ne sont pas des propos de comptoir à proprement parler, des discussions de pochetrons comme dans Chez Francisque par exemple. David Prudhomme ne décrit pas de vieux beauf, il observe des êtres qui se ménagent un temps et un espace libre, une sorte de Libertalia de banlieue, tout juste perturbée sur la fin par l’arrivée d’un gamin. La lecture est rapide, globalement agréable, mais j’ai trouvé quelques longueurs – qui ressortent d’autant plus que tout est lent et que l’action est quasi inexistante. On s’attache au groupe, à leur collectif hédoniste plus qu’aux individus. A part ce personnage qui a une conception particulière du jardinage… Une lecture sympathique, mais les amateurs d’action peuvent passer leur chemin !
Nautilus
Je me range complètement à l’avis de Cacal69. Un 1er tome enchanteur, un album dense en péripéties (si on fait fi de certaines facilités) et solidement charpenté en terme de mise en page, franchement un régal, pour une 1ère œuvre bravo. De la bonne aventure, la confrontation entre nos 2 héros littéraires est une chouette idée et fonctionne très bien (Némo n’apparaissant que dans la derniere partie). Par contre, le 2ème n’est pas du même acabit, honnête mais je suis sorti moins scotché (alors que le Nautilus fait son apparition), une demi déception. Ce qui explique le 3* (pour l’instant), j’espère que les auteurs prendront leurs temps sur le prochain, pour une conclusion à la hauteur. En attendant, ça reste très bien fait et recommandable pour les amateurs. MàJ après lecture dernier tome : Rien d’honteux, les auteurs tiennent leur trilogie et leurs personnages, du divertissement honnête malgré de grosses ficelles et un léger abus de retournement de situation. Pas vraiment marquant mais sympathique à lire, par contre je déplore toujours des petits soucis d’échelle avec le Nautilus (la scène où il sort du fleuve m’a paru loupé à cause de ça) Je reste sur le 3*.